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  • L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. Les Accords de Partenariat Économique (APE) : De la Françafrique à l’Eurafrique

    Saïd Bouamama

    Au moment où se « négocient » les indépendances des colonies françaises d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, la France met en place « un système de coopération » c’est-à-dire souligne le juriste Guy Feuer « un ensemble organisé et articulé d’éléments plus ou moins interdépendants[i] ». Le « traité de coopération et de défense » que la France signe formellement avec ses colonies est bâtit selon une architecture et un contenu unique. Il inclut l’ensemble des domaines de coopération (zone Franc, coopération commerciale et douanière, coopération culturelle, coopération militaire, etc.). Ce système s’impose en bloc pour l’ancienne colonie comme le souligne de manière paternaliste le premier ministre Michel Debré le 15 juillet 1960 s’adressant au futur président de l’État gabonais : « On donne l’indépendance à condition que l’État s’engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés antérieurement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre[ii]. »

    La nature néocoloniale de ces accords sera explicitement reconnue par le président Giscard d’Estaing 15 ans plus tard lors d’une interview concernant le sommet Franco-Africain du 10 mai 1976 : « Il faut enlever au concept de coopération la notion d’impérialisme sous toutes ses formes[iii]. » Il est vrai que cet aveu se faisait dans un contexte de combat de nombreux pays du tiers-monde pour un « nouvel ordre économique mondial ». Après avoir traité dans notre livraison précédente la partie consacrée à la zone Franc de ces accords de coopération, penchons-nous sur le volet commercial, économique et douanier.

    La « coopération » est la continuation de la colonisation par d’autres moyens[iv]

    « L’histoire des accords franco-africains et malgaches ne se sépare pas de celles du groupe de Brazzaville, de l’UAM et de l’OCAM[v] » rappelle le juriste Guy Feuer. Le groupe de Brazzaville est constitués par 11 Etats francophones en décembre 1960 « de tendance modérée très favorable à la coopération avec la France[vi] » souligne l’historien burkinabé Yakouba Zerbo. Ces Etats constitueront l’Union Africaine et Malgache (UAM) en septembre 1961 qui se transforme en Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM) en février 1965. Ces regroupements apparaissent en réponse et en contrepoids des États africains dénonçant le néocolonialisme qui se regroupent au sein du groupe de Casablanca en janvier 1961[vii]. L’affrontement est immédiat entre les deux groupes sur la question de l’indépendance de l’Algérie, les membres du groupe de Brazzaville soutenant leur ancien colonisateur dans l’enceinte des Nations Unies alors que ceux du groupe de Casablanca soutiennent les nationalistes algériens. C’est dans ce contexte marqué par la guerre d’Algérie et par l’émergence d’une Afrique progressiste que s’élaborent les accords de coopération. Le leader Ghanéen Kwame Nkrumah décrit comme suit cette période de transition :

    L’impérialisme quand il se trouve en face de peuples militants des anciens territoires coloniaux d’Asie, d’Afrique, des Caraïbes et d’Amérique Latine, change de tactique. Sans hésitation, il se débarrasse de ses drapeaux et même de certains de ses représentants les plus haïs. Ceci veut dire, proclame-t-il, qu’il « donne » l’indépendance à ses anciens sujets, et que cette indépendance sera suivie d’une « aide » accordée à leur développement. Sous le couvert de phrases de ce genre, il met pourtant au point d’innombrables méthodes pour réaliser les objectifs qu’il atteignait naguère grâce au simple colonialisme. C’est l’ensemble de ces tentatives pour perpétuer le colonialisme sous couvert de « liberté » que l’on appelle néo-colonialisme[viii].

    La coopération envisagée n’est donc que la poursuite de la dépendance sous de nouveaux atours. Les responsables politiques de l’époque ne s’en cache d’ailleurs pas à commencer par le premier ministre que nous avons cité plus haut et par le Général De Gaulle. Celui-ci revient sur les objectifs de la « coopération » dans une série d’intervention du début de la décennie 60. Ces allocutions télévisées que l’on peut voir sur le Web en consultant le site de l’INA (conférence de presse du 11 avril 1961[ix], conférence de presse du 31 janvier 1964[x], allocution du 16 avril 1964[xi], etc.) répète une même série d’arguments : fierté de l’œuvre accomplie dans les colonies, nécessité de poursuivre l’œuvre civilisatrice, changement d’époque rendant nécessaire la décolonisation, coopération comme relais pour garder des zones d’influences politiques et économiques face aux concurrents, etc. La coopération gaulliste est bien un projet de maintien de la dépendance dans une forme moins décrédibilisée et moins délégitimée que la colonisation directe.

    Il suffit de jeter un regard sur un de ces accords (copie conforme des autres) pour saisir les mécanismes de cette dépendance maintenue sur les plans économiques, commercial et douanier. En voici quelques exemples :

    L’accès aux minerais stratégiques : les accords signés entre la Centrafrique, le Congo, le Tchad et la France prévoit une annexe aux « matières premières et produits stratégiques » qui sont précisées comme suit : les hydrocarbures liquides ou gazeux, l’uranium, le thorium, le lithium, le béryllium, l’hélium. L’annexe énonce dans son article 4 :
    La République Centrafricaine, la République du Congo et la République du Tchad réserveront à la satisfaction des besoins de leur consommation intérieure les matières premières et produits stratégiques obtenus sur leurs territoires. Elles accordent à la République française une préférence pour l’acquisition du surplus et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle en ces matières et produits. Elles facilitent leurs stockages pour les besoins de la défense commune et lorsque les intérêts de cette défense l’exigent, elles prennent les mesures nécessaires pour limiter ou interdire leur exportation à destination d’autre pays[xii].

    Dans un langage moins euphémisé ces lignes se traduisent comme suit : les matières premières stratégiques de ces pays sont réservées à la France.

    L’accès aux marchés : les mêmes accords prévoient un accès privilégiés aux marchés africains pour la France libellé comme suit dans l’article 12 :
    Les parties contractantes conviennent de maintenir leurs relations économiques dans le cadre d’un régime préférentiel réciproque dont les modalités d’application pourront être précisées par accords spéciaux. Ce régime préférentiel a pour objet d’assurer à chacune des débouchés privilégiés ; notamment dans le domaine commercial et tertiaire ainsi que dans celui des organisations de marchés.

    Dans un langage plus transparent cet énoncé peut se traduire comme suit : Les exportations de produits agricoles et miniers des pays africains sont réservées à la France et l’accès aux marchés africains est prioritairement accordé aux entreprises françaises. En outre l’article 13 du même accord prévoit l’exonération des droits de douane pour les parties contractantes. « Dès le début d’âpres critiques se sont fait entendre en Afrique même mais également en France et ailleurs « rappelle le juriste international Guy Feuer en précisant comme suit ces critiques : « Les milieux contestataires considéraient ces accords comme un pur instrument d’exploitation[xiii]. » Les quelques exemples cités suffisent à illustrer que ces critiques n’étaient pas exagérées. « Les accords bilatéraux de coopération concernent beaucoup moins les États africains que les grands groupes industriels français, ainsi que leurs centaines de filiales travaillant sur place en Afrique » résume l’anthropologue congolais Patrice Yengo[xiv].

    Le temps des sommets de la « famille franco-afrocaine »

    Au moment où De Gaulle prépare activement la transition du colonialisme au néocolonialisme l’économie française comme celles des autres State industrialisés d’Europe est également en pleine transition vers une concentration et une monopolisation sans précédent. Le leader marocain Mehdi Ben Barka (futur organisateur de la Conférence de solidarité des peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine de janvier 1966) y voit même, à côté de la lutte des peuples, une des causes de la décolonisation préparée et du néocolonialisme :

    Cette orientation [néocoloniale] n’est pas un simple choix dans le domaine de la politique extérieure ; elle est l’expression d’un changement profond dans les structures du capitalisme occidental. Du moment qu’après la Seconde Guerre Mondiale, l’Europe occidentale par l’aide Marshall et une interpénétration de plus en plus grande avec l’économie américaine, s’est éloignée de la structure du 19e siècle, pour s’adapter au capitalisme américaine, il était normal qu’elle adopte également les relations des Etats-Unis avec le monde ; en un mot qu’elle ait aussi son « Amérique Latine[xv].

    Autrement dit le néocolonialisme marque le passage définitif à l’économie monopolistique avec sa domination par de grands groupes industriels et financiers et ses multinationales. L’évolution de la « coopération » suivra celle de cette monopolisation activement accompagnée par De Gaulle, Pompidou puis Giscard. L’accompagnement étatique se concrétise dès le Vème plan gaulliste (1966-70) qui se donne explicitement pour but la « constitution ou le renforcement d’un petit nombre d’entreprise ou de groupe de taille internationale capable d’affronter les groupes étrangers[xvi]». Si De Gaulle enclenche le processus de monopolisation, ses successeurs l’accélèrent.

    La période est celle d’une contestation des accords franco-africains qui s’exprime « sous des formes diverses, et quelques fois violentes, en Mauritanie, au Congo, au Cameroun, au Niger, etc.[xvii]. » Une rénovation s’impose. Elle sera l’occasion d’un véritable tournant de la coopération vers l’ultralibéralisme articulé aux politiques de soutien à l’émergence de grands groupes industriels et financiers français. Le VIème plan (1971-1975) dont l’objectif est résumé comme suit par le président de la République Georges Pompidou : « donner à l’économie française sa dimension internationale en réalisant des ententes internationales et des créations d’entreprises de taille mondiale[xviii] ». Giscard poursuivra dans la même direction : « La volonté de promouvoir l’investissement des entreprises françaises à l’étranger s’est cependant renforcée sous Valéry Giscard d’Estaing[xix] » résume le chercheur en sciences politiques Daniel Bach.

    Les conséquences sur la « coopération » avec l’Afrique sont énormes sur le plan de ladite « aide au développement : Il ne s’agit plus officiellement d’aider au développement mais d’aider des projets rentables ; il n’est plus question d’une aide essentiellement publique mais « d’associer les capitaux privés » ; le lien n’est plus pensé de manière bilatérale mais au contraire les pays africains sont incités à recourir à la banque mondiale et au FMI ; du soutien à des États inféodés, on passe à une incitation à la privatisation du secteur public ; le « soutien au développement » est abandonné au profit de « l’économie productive » ; etc. Bref le « libre-échange » avec son lot de privatisations, d’endettements, de développement inégal dans chacun des pays (entre un « secteur rentable » et des régions « inutiles »), de spoliation des terres au profit des grosses entreprises agro-exportatrices, etc., s’installe. Giscard d’Estaing symbolise cette transition vers une coopération visant une rentabilité à court terme. Le projet n’est plus seulement de maintenir une dépendance globale mais de maximiser le profit à court terme rappelle Daniel Bach :

    Durant le septennat de V. Giscard d’Estaing, le grand dessein dans lequel on prétendait inscrire la politique de coopération […] reste souvent marginalisé au profit de préoccupations économiques immédiates. Le projet contenu dans le rapport Abelin[xx] laissait transparaître la vision d’une coopération bilatérale intimement liée au développement des activités de l’industrie française à l’étranger. Cette conception inscrite dans l’un des rapports du VIIème plan sera reprise avec une vigueur nouvelle à partir de 1978 […] En février 1979, lorsque V. Giscard d’Estaing se rend au Cameroun, il est officiellement souligné que la coopération doit être « d’intérêt réciproque » mais « aussi de préférence s’effectuer dans les secteurs où une activation économique est souhaitable pour la France. Le gouvernement français va confier à un groupe d’experts la mission de rechercher « sans que soient remises en cause les autres finalités de la coopération » comment les fonds publics pourraient concourir plus efficacement au succès de la politique d’exportation[xxi].

    Non seulement la dépendance antérieure n’a pas disparue mais elle s’est accrue au cours de cette ère de « libre-échange ». Le poids accru des multinationales françaises et européennes a approfondi la scission entre une Afrique « utile » vers laquelle se dirige « l’aide » et une Afrique « inutile » qui sombre dans l’implosion et la déstructuration sociale. A l’intérieur même de chaque pays la fragmentation entre des zones « utiles » recevant les investissements et les zones « inutiles » s’est accélérée et a renforcée les sources de conflits liées aux mécontentements des régions délaissées. La destruction des capacités d’intervention des États africains est porteuse d’un chaos qui ne gêne pas les affaires pourvu que les zones « utiles » soient protégées au besoin par l’armée française. Il faut avoir en tête ce processus de mise en dépendance néocoloniale puis son approfondissement dans la décennie 70 pour éclairer la question des migrations contemporaines. Il en est de même pour les multiples conflits et guerres qui secouent l’ancien empire colonial français.

    Une telle aggravation de la situation n’est possible qu’avec un accompagnement politique. Ce rôle sera dévolu aux fameux sommets franco-africains (du premier à Paris en 1973 au dernier en 2017 à Bamako) qui ont été des espaces d’impositions des décisions et orientations de Paris et Bruxelles. Ces espaces sont également des lieux de gestion des insatisfactions, contestations et revendications inévitables du fait de la régression massive imposée. La sociologue sénégalaise Sow Fatou résume comme suit la représentation qu’ont les peuples africains de ces sommets : « De ces sommets on retiendra que les tête-à-tête de la France avec ses anciennes colonies furent longtemps perçus, par les populations africaines et de nombreux analystes de la politique africaine, comme des réunions de syndicats de chefs d’États africains, sous son égide[xxii]. » Certes les contestations africaines n’ont pas manquées mais globalement les décisions stratégiques de Paris s’imposent du fait de la dépendance économique, politique et militaire d’une part et du fait des menaces françaises d’autre part. Donnons quelques exemples : approbation de la décision française de se débarrasser de Bokassa devenu trop encombrant après 13 ans de soutien ininterrompus au sommet de Kigali de 1979 ; Consécration de la légitimité d’Hissène Habré après son coup d’État contre Goukouni Wede au sommet de Kinshasa de 1982; aval donné à la nouvelle stratégie militaire française c’est-à-dire à la création du RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix) par le sommet de Biarritz en 1994, etc.

    L’écrivain camerounais Mongo Beti fustige ces sommets comme outils du néocolonialisme à l’occasion de celui de Yaoundé en 2001 :

    Quel avantage nos populations tirent-elles d’un sommet franco-africain comme celui-ci ? Absolument aucun, bien au contraire. […] Toute l’affaire a pour but de célébrer Paul Biya, grand ami de Jacques Chirac, plus que jamais en mal de reconnaissance. […] La France a imposée depuis plus de 40 ans aux innocentes populations africaines des dictateurs féroces qui, en servant ses intérêts, ont été l’instrument d’une révoltante exploitation des ressources humaines et matérielles de notre continent[xxiii].

    Les sommets ne se contentent pas de ce rôle. Ils constituent également un contrepoids à l’OUA et une pression sur elle. Pour ce faire, ils ont été ouverts aux autres pays africains que ceux de l’ancien empire colonial français. On passe en effet de 7 chefs d’États au sommet de Paris en 1973 à 53 au sommet de Bamako en 2017. Le soupçon et la critique de vouloir se substituer à l’organisation africaine est tellement fréquente que Mitterrand est contraint de préciser au sommet de Kinshasa de 1982 que le sommet franco-africain « n’est ni une institution, ni une organisation. Elle n’entend se substituer à personne, notamment à l’Oua. Nous n’en avons ni le mandat ni l’intention… C’est aux Africains qu’il appartient de se déterminer eux-mêmes, au niveau privilégié de l’OUA[xxiv]. »

    De la Françafrique à l’Eurafrique

    Le tournant giscardien en matière de coopération se réalise dans le contexte de construction de la communauté européenne et de la montée en puissance du FMI et de la Banque mondiale comme instrument des États-Unis. Le modèle gaulliste d’un face à face entre chaque pays et la France cède le pas au multilatéralisme. Paris compte gagner ainsi pour ses multinationales l’accès aux pays anglophones et lusophones en échange d’une fonction de gendarme pour l’ensemble des pays européens d’une part et plus largement encore pour l’ensemble des puissances occidentales. Bien sûr ce compromis n’est pas exempt de contradictions d’intérêts mais il forme la texture de la coopération avec l’Afrique de Giscard à aujourd’hui. « Le néocolonialisme certes a mis fin partiellement à la politique de « chasse-gardée » du colonialisme traditionnel […] Cette ouverture ne met pas en cause la prépondérance au moins relative de la France en matière d’investissements et de commerces extérieurs ; elle a pour contrepartie le « redéploiement » français dans des pays qui n’appartenaient pas à sa zone d’influence[xxv] » résume l’historien et géographe Jean Suret-Canale.

    Le projet de constituer de grands groupes industriels et financiers de De Gaulle à Giscard s’inscrit dans la logique de la construction européenne. Dès sa gestation, avant même toute concrétisation, ce projet était en lien avec les colonies. Aimé Césaire dénoncait déjà en 1954 « l’Eurafrique » :

    Le colonialisme n’est point mort. Il excelle pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelques masques que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant[xxvi].

    L’analyse de Césaire a un caractère visionnaire impressionnant car elle est datée d’avant le traité de Rome de 1957. La seule erreur est que le soldat n’est pas allemand mais français même s’il défend désormais également les intérêts des multinationales allemandes. Le traité de Rome créant la Communauté Économique Européenne (CEE) comporte explicitement une dimension africaine. Son article 131 précise : « Les États membres conviennent d’associer à la Communauté les pays et territoires non européens entretenant avec la Belgique, la France, l’Italie, et les Pays-Bas des relations particulières. » Son article 132 révèle le véritable but : « Les États membres appliquent à leurs échanges commerciaux avec les pays et territoires le régime qu’ils s’accordent entre eux en vertu du présent traité[xxvii]. » Il s’agit bien comme le disait Césaire d’un projet de néocolonialisme européen.

    Les indépendances néocoloniales confirmeront cette « association » entre la CEE et 18 anciennes colonies africaines sous la forme des « accords de Yaoundé » de juillet 1963 renouvelés en 1969. Le contexte et le rapport de force de la période expliquent le contenu de ces accords qui, sur plusieurs aspects prennent en compte les intérêts des pays africains. Le contexte est celui d’une montée des luttes contre le néocolonialisme se traduisant par le groupe de Casablanca, par les conférences panafricaines et afro-asiatiques, par le groupe des non-alignés, par la conférence tricontinentale en 1966, etc. L’intervention militaire et l’ingérence suffisent de moins en moins à cantonner cette poussée. S’attacher structurellement les pays restés dans le giron des anciennes puissances coloniales devient une nécessité. Le second élément est le projet européen en pleine guerre froide avec l’ambition de constituer un troisième pôle, face aux USA et à l’URSS, roulant pour son propre compte.

    Pour ce faire, il faut « garantir l’approvisionnement de l’Europe en certaines matières premières tout en sécurisant les débouchés des anciennes colonies […] et pérenniser le rôle central exercé par quelques firmes européennes dans le commerce avec ces pays [xxviii]» résume l’économiste congolais Gildas Walter Gnanga. L’Europe n’est d’ailleurs pas la seule à tenter d’utiliser l’aide et la coopération dans le cadre de la guerre froide. A la même période l’URSS offre des prêts à long terme et à bas taux d’intérêts à ses alliés. Les USA créent pour leur part sous le couvert de la Banque mondiale l’International Development Association (IDA) en janvier 1960 dont l’objectif est également de proposer des prêts à taux faibles avec une échéance de 25 à 40 ans. La coopération est devenue un « instrument de propagande dans le cadre de la guerre froide » résume l’historien Guia Migani[xxix] ».

    En raison de ce contexte, les conventions de Yaoundé 1 (1963- 1969) et 2 (1969- 1974) prennent en compte les intérêts des pays africain : Les droits et taxes de douanes frappant les produits africains sur les marchés européens sont supprimés alors qu’ils sont maintenus pour les autres pays; en sens inverses les États africains s’engagent à ouvrir leur marché avec exemption des droits de douanes mais seulement « progressivement » et compte tenu « des impératifs de leurs économies » ; un fond européen de 730 millions de dollars est créé (le Fond Européen de Développement- FED) consacré aux infrastructure de transports, sociales et culturelles ou à la diversification des cultures afin de contrecarrer la monoproduction ; il est complété par un fond de 170 millions de dollars pour des prêts à « conditions spéciales » ou avec « bonifications d’intérêts » ; des prix garantis pour certains produits ; etc.

    Malgré leur caractère positif pour les États africain, les conventions de Yaoundé ne signifient pas la rupture avec la dépendance et encore moins la mise en place de rapports égalitaires. Bruxelles oriente en effet son aide vers les secteurs agricoles et miniers correspondant à ses besoins avec comme effet ce que le journaliste Tibor Mende appelle dès la fin de la décennie une « recolonisation[xxx] ». A l’issue de la décennie 60 les économies des pays africains signataires sont encore plus dépendantes, plus extraverties, plus mono-productrice. Même le très europhile et très peu contestataire ministre de l’économie ivoirienne est contraint de le constater en ces termes en 1969 :

    L’aide globale dont ont bénéficié les dix-huit est inférieure à la perte subie par ces pays, par suite de la dégradation des cours mondiaux. D’autre part, l’essentiel de l’aide reçue est destinée au développement agricole et plus précisément à l’agriculture d’exportation. Ainsi tant que durera la détérioration des termes de l’échange[xxxi], les économies africaines continueront à se perpétuer sur des bases contradictoires. D’un côté les économies bénéficient d’une aide, de l’autre elles sont pénalisées pour avoir tiré le fruit de cette aide[xxxii].

    L’adhésion du Royaume Uni à la Communauté Européenne met à l’ordre du jour l’extension du partenariat européen aux anciennes colonies anglaises. Un nouveau cycle de négociation s’ouvre sur fond d’un bilan négatif de la part des pays africains. La convention de Lomé 1 signé en 1975 avec 46 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) est comme les conventions précédentes riches d’avancées sur le papier qui seront rapidement démenties dans la mise en pratique. La logique reste la même que pour les accords de Yaoundé dans un processus à trois temps désormais rodé : reconnaissance verbale des revendications des pays africains, traduction en mesures prometteuses dans les accords, dévitalisation de ces mesures par la maitrise des orientations des aides d’une part et de l’écoulement des surplus agricole européen à des prix subventionnés sur le marché africain d’autre part. La mise en place d’un fond de stabilisation des recettes d’exportation (le STABEX) visant à compenser les pertes du prix des matières agricoles est la grande avancée sur le papier de Lomé 1 concernant 48 produits de base. Un fond similaire pour les produits miniers est institué par les accords dits « Lomé 2 » (signé avec 57 États la convention couvre la période 1979- 1984) le Sysmin (le Système de Développement du potentiel minier) pour huit produits miniers.

    La convention Lomé 3 concerne désormais dix États européens et 65 États ACP dont tous les États d’Afrique subsaharienne à l’exception de l’Afrique du Sud et de la Namibie toujours occupée par l’Afrique du Sud. La logique est identique à celle de Lomé deux mais avec une modification de taille : Au prétexte de se concentrer sur la « sécurité alimentaire », cette convention initie le système dit de « concentration » contraignant chaque État à choisir un secteur prioritaire sur lequel est concentré l’aide. La conséquence en est le renforcement encore plus fort sur l’agriculture d’exportation et l’abandon des perspectives de développement industriel. La convention de Lomé 4 (elle touche 70 pays ACP pour la période 1989- 1999) met l’action sur la « promotion des droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance » initiant ainsi des conditionnalités politiques pour accéder à l’aide. En outre elle impose le concept « d’ajustement structurel » défendu par le FMI et la banque mondiale en stipulant explicitement que les pays qui s’y soumettent auront « automatiquement droit à ces nouveaux fond d’appuis[xxxiii] »

    Indéniablement le principe d’une compensation de la baisse des prix agricole sur le marché mondial (STABEX) (et à une moindre mesure des prix de matières minières – SYSMIN) est celui qui explique l’augmentation du nombre de pays ACP signataires. Les multinationales disposent, en effet, de nombreux moyens pour pousser à la baisse les prix des produits agricoles et les minerais. Ce principe apparaît en conséquence comme la reconnaissance et la prise en compte de l’inégalité structurelle du marché mondial et en particulier de la dégradation continue des termes de l’échange. Cependant par de multiples biais ce principe équitable a été mis au service d’un accroissement de la dépendance :

    Encouragement de la monoculture d’exportation : La garantie STABEX n’est possible que pour les produits agricoles constituant au moins 6 % des recettes d’exportations. Alors que les économies africaines ont besoin d’une diversification pour être moins dépendantes du marché mondial, la concentration sur un ou quelques secteurs est encouragée. Logiquement se sont les pays les plus riches et les plus exportateurs qui ont le plus bénéficié de l’aide : Côte d’Ivoire, Sénégal, Niger.
    Entrave à l’industrialisation de transformation : Le système ne fonctionne pas pour les produits transformés alors que les pays africains ont besoin de ces industrie de transformation parce qu’elles sont créatrices d’emplois mais aussi parce que les variations des prix des produits transformées sont considérablement moindre que celles des produits bruts ;
    Le mensonge sur la « sécurité alimentaire » : Par définition l’agriculture vivrière est éliminée du STABEX pensé uniquement pour les variations de prix des produits exportés. Il s’agit objectivement d’une incitation à privilégier l’agriculture d’exportation au détriment d’une agriculture centrée sur l’autosuffisance alimentaire ;
    Des moyens contradictoires avec l’objectif de compensation : Les montants affectés au STABEX comme au SYSMIN sont sans commune mesure avec les pertes subies par la baisse des prix sur le marché mondial. Ainsi par exemple le montant du STABEX est de 180 millions d’écus en 1981 alors que la baisse des prix sur le marché mondial s’est traduite par une perte de 450 millions. Seule 52 % des demandes de cette année ont pu être satisfaites et l’année 81 est encore pire avec seulement 40 % des demandes satisfaites.
    L’ensemble de ces facteurs et mécanismes conduisent le juriste luxembourgeois Marc Elvinger à poser le bilan suivant :

    Bien que constituant un peu le fleuron de la politique de coopération de la CEE en ce qu’il peut sembler réaliser un pas en direction de la mise en place d’un nouvel ordre économique international, le Stabex est susceptible d’encourir de graves critiques pouvant aller jusqu’à l’accuser de n’être au contraire qu’un instrument au service de la pérennisation du pacte colonial. […] Dans ces conditions, la question se pose bien sûr de savoir si le Stabex ne constitue pas un piège en faisant miroiter la possibilité de ne pas avoir à modifier radicalement la division du travail Nord-Sud en en aménageant quelque peu les modalités, alors que, au bout du compte, il s’ avère même impuissant a ce faire en temps de crise importante. […] Bien que le Sysmin et le Stabex diffèrent de façon importante dans leur mode de fonctionnement, l’essentiel des critiques adressées au Stabex pourrait être repris à propos du Sysmin, en ajoutant que le principal moteur de la mise en place du Sysmin semble bel et bien avoir été le souci de la préservation de l’outil de production minier ACP au profit de la sécurité d’approvisionnement minier de la Communauté[xxxiv].

    Le « baiser de la mort » de l’Europe à l’Afrique

    Les négociations qui s’ouvrent à l’issue de la convention Lomé IV se déroulent dans un monde considérablement modifié. La guerre froide à définitivement pris fin avec la disparition de l’URSS en 1991 et avec elle le besoin de « préserver » les alliés africains. De l’intérieur comme de l’extérieur de l’Union Européenne, les critiques se multiplient sur la « violation » de la concurrence que constituerait les accords de Lomé. A l’interne les critiques proviennent essentiellement de l’Allemagne qui a gagné en poids au sein de l’Union Européenne depuis sa réunification. De l’extérieur se sont plusieurs pays d’Amérique Latine et les multinationales états-uniennes qui y sont installées qui dénoncent dès 1993 une « concurrence déloyale » et une « discrimination » dans ce qui est appelé « la crise de la banane ». L’enjeu en termes de profit est immense puisque l’Union Européenne est devenue depuis 1995 le premier importateur de bananes au monde. « Contesté à l’intérieur même de la Communauté par l’Allemagne (grand importateur de bananes latino-américaines) ce règlement [Règlement de l’UE adopté en 1993[xxxv]] fut surtout attaqué au sein du GATT par des pays d’Amérique latine » résument la juriste Catherine Hagueneau-Moizard et l’économiste Thierry Montalieu[xxxvi].

    L’ensemble des pays européens étant signataire de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tariffs and Trade ou GATT[xxxvii]) c’est celui-ci qui sera invoqué pour contraindre l’Union Européenne à modifier les règles de ses échanges avec les pays ACP :

    Dès 1993, un panel (organe du GATT chargé d’arbitrer les conflits commerciaux) avait constaté que les exemptions de droit de douane résultant des Accords de Lomé étaient contraires aux règles selon lesquelles, d’une part, les opérateurs nationaux ne doivent pas être favorisés (règle du traitement national, article III du GATT) et, d’autre part, l’ensemble des opérateurs doivent bénéficier du traitement le plus favorable (clause de la nation la plus favorisée, article 1er du GATT). La Communauté négocia alors une dérogation lui permettant de maintenir ses exemptions jusqu’en février 2000, date à laquelle le dernier Accord de Lomé devait prendre fin[xxxviii].

    La transformation du GATT en une Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995 renforce encore les critiques. Les États-Unis saisissent l’Organe de Règlement des Conflits (ORD) qui condamne à deux reprises l’UE en 1997 et 1998 pour « discrimination au détriment des pays tiers ». C’est dans ce contexte que s’ouvrent les négociations à l’issue de la convention de Lomé en 2000. Les accords de Cotonou (signés avec 77 pays ACP) qui en découlent sont à bien des égards une rupture, une régression lourde de conséquences pour les peuples africains et une atteinte supplémentaire aux souverainetés nationales. L’article premier de ces accords souligne ainsi que l’objectif n’est plus seulement le « développement » mais « l’intégration progressive dans l’économie mondiale ». Les exemptions douanières sont maintenues jusqu’en 2007 en raison d’une dérogation de l’OMC, la période transitoire devant se traduire par la signature « d’Accords de Partenariats Economiques […] compatible avec les règles de l’OMC » (article 36 et 37). L’article 96 pose en outre des conditionnalités politiques libellées comme suit : « les droits de l’homme, les principes démocratiques et l’État de droit[xxxix]. »

    Le ton de l’accord et les termes utilisés réintroduisent explicitement une relation de tutorat qui n’est pas sans rappeler la fameuse « mission civilisatrice » de la colonisation. D’une part l’Europe se dédouane entièrement de la situation catastrophique de nombreux pays africains et se pose d’autre part en tuteur de ces pays. « L’accord de Cotonou véhicule une image à la fois négative et restrictive de l’Afrique : gaspillage, incompétence, corruption, absence d’État de droit, pauvreté et retard à rattraper. Cela sert à justifier la perte d’automaticité de l’aide européenne, le renforcement des conditionnalités économiques et politiques, et les procédures de sanctions prévues comme la suspension des fonds[xl] » explique le sociologue Raphaël Ntambue Tshimbulu.

    Les accords de Cotonou prévoient la mise en place d’Accords de Partenariat Économique avec 6 régions du groupe ACP (les Caraïbes, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe, l’Afrique Centrale et le Pacifique). Au passage le découpage régional de l’Union Africaine est jeté à la poubelle au profit d’un autre décidé par les seuls européens. Progressivement on ne parlera plus que des APE et de moins en moins du dispositif de Cotonou dans lequel ils sont censés s’insérer. Ce constat signifie que les objectifs de libéralisation du commerce ont pris explicitement le pas sur ceux concernant le « développement » ou l’amélioration des conditions d’existence des populations.

    Quant au contenu des APE, il s’agit tout simplement d’ouvrir entièrement le marché africain à terme en supprimant l’ensemble des droits de douane. Le petit producteur d’oignons local est ainsi mis en concurrence directe avec la multinationale exportant des oignons. « Les APE prévoient en effet la suppression des droits de douane sur trois quarts des exportations de l’Union, tandis que celle-ci continuera à importer d’Afrique de l’Ouest la totalité de ses produits qui sont déjà en franchise de droits. Un marché de dupes[xli] » résume l’économiste Jacques Berthelot. Ce dernier caractérise ces accords comme un « baiser de la mort de l’Europe à l’Afrique ». Un autre économiste, Jean Christophe Defraigne, complète : « Il s’agit donc de créer plusieurs zones de libre-échange au sein du groupe ACP, ce qui devrait permettre aux multinationales européennes d’opérer plus efficacement au niveau régional[xlii]. »

    Les conséquences à terme de ces accords ultra-libéraux sont catastrophiques. L’ONG belge, « Centre National de Coopération au Développement (CNCD) », les évaluent comme suit :

    Une ouverture des économies entraînera une perte estimée entre 26 et 38 % des recettes douanières à l’horizon 2022. Ouverture à sens unique, d’ailleurs: l’Afrique n’a rien, ou presque, à exporter, sinon des matières premières (agricoles, pétrolières, métallurgiques), dont elle dépossède ses propres générations futures pour un bénéfice quasi nul. L’inverse n’est pas vrai. Les investissements étrangers connaissent, en Afrique, un « retour sur investissement » record (40 %), ce qui fait de la région « une manne féconde pour les prédateurs[xliii].

    Les futurs drames africains et les futures traversées meurtrières de la méditerranée qui en découleront inéluctablement sont en gestation dans ces accords ultralibéraux prétendant mettre en concurrence « libre et non faussée » des producteurs locaux et des multinationales.

    Résistances africaines

    Malgré leur dépendance étroite, la plupart des pays africains ont d’abord refusé le marché de dupe et ce d’autant plus qu’un mouvement militant s’organisait contre les APE. A échéance de la période transitoire des accords de Cotonou (2008), quasiment aucun pays africains n’avait signé les accords. Le sommet Europe-Afrique de Lisbonne de décembre 2007 voit même se constituer une fronde des Etats africains. Le sociologue Malgache Jean-Claude Rabeherifara résume comme suit les raisons de cette unité inédite depuis longtemps :

    La majorité des 53 États africains, à l’exception de quelques pays à revenus intermédiaires, ont en fait refusé de signer les APE car la conscience des pièges de pillage et de mise sous tutelle (« de recolonisation » disent certains analystes plus clairement !) qu’ils déploient est de plus en plus largement partagée dans les populations. Les États et gouvernements – fussent-ils des chantres du libéralisme – ne sont pas prêt de se mettre à dos des frondes populaires attendues, autrement dit à scier la branche sur laquelle ils sont assis[xliv].

    La riposte européenne ne tarda pas et pris une double forme. La première est celle de la menace à la baisse de l’aide au développement pour les pays refusant de signer les accords et le chantage à la réintroduction de droits de douanes pour leurs exportations vers l’Europe. La seconde fut celle de la division en ouvrant à des accords bilatéraux alors que les APE étaient censés être de dimension régionale. Les pressions européennes feront céder la plupart des États africains. Ainsi en juillet 2014 étaient signé coup sur coup un APE avec les États de l’Afrique de l’Ouest, un autre avec les États d’Afrique australe et un dernier avec le Cameroun seul. De manière significative Alassane Ouattara a joué un rôle de premier plan pour emporter la décision des États de l’Afrique de l’Ouest. Rappelons qu’il vint au pouvoir en 2011 dans la dynamique d’une intervention militaire française aboutissant à la destitution scandaleuse de Laurent Gbagbo. En 2016 c’est au tour de l’Afrique de l’Est de signer l’accord. Pressions, menaces, divisions, chantage à l’isolement et si nécessaire l’épée de Damoclès d’une intervention militaire, ont conduit à faire céder les États récalcitrants.

    Heureusement la résistance est également portée par des mouvements populaires : le réseau « Third World Network Africa » et le congrès des Syndicats du Ghana ; la Plate-forme des organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest sur l’accord de Cotonou (Poscao), le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), la Coalition nationale « Non aux APE » et la plate-forme « France Dégage » pour l’Afrique de l’Ouest ; le Forum des Petits Exploitants Agricoles au Kenya ; etc.

    Les premiers effets se sont fait sentir au Sénégal avec l’arrivée du groupe Auchan en 2015 qui a comme conséquence la mise en danger du petit commerce sénégalais. La plate-forme « France Dégage » et l’Union nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal (UNACOIS) appellent à la mobilisation en soulignant le lien entre le développement de la grande distribution et les APE : « Ils veulent ainsi, que le gouvernement leur dise quel étude d’impact il a fait en signant les Accords de partenariat économique (Ape). Ils prônent la protection du commerce sénégalais d’abord avant la promotion de l’économie étrangère et française précisément[xlv]. »

    Ces mouvements sont encore largement insuffisants pour faire basculer le rapport des forces. Cependant l’audience de ces luttes ne peut que grandir au fur et à mesure que les APE déploieront leurs effets désastreux. Les progressistes d’Europe sont aussi interpellés par la situation crée par la violence économique des APE. Le rapport des forces dépend aussi de leur capacité à se mobiliser en soutien aux luttes que développeront inéluctablement les peuples africains.

    [i] Guy Feuer, La révision des accords de coopération franco-africains et franco-malgaches, Annuaire Français de Droit International, n° 19, 1973, p. 720.

    [ii] Michel Debré, Lettre adressée à Léon Mba datée du 15 juillet 1960, cité in Alfred Grosser, La politique extérieure de la Vème République, Fondation Nationale des Science Politiques, Paris, 1965, p. 74.

    [iii]Philippe Decraene, interview de Valérie Giscard d’Estaing, Le Monde du 4 mai 1976, http://discours.vie-publique.fr/notices/767033608.html, consulté le 14 juillet 2018 à 16 h 15.

    [iv] Nous paraphrasons le théoricien de la guerre Carl Von Clausewitz qui donne à celle-ci la définition suivante encore d’actualité : « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».

    [v] Ibid, p. 720.

    [vi] Yakouba Zerbo, La problématique de l’unité africaine (1958-1963), Guerres mondiales et conflits contemporains, n° 212, 2003/4, p. 120.

    [vii] Ce groupe réunit le Ghana, la Guinée, l’Algérie, le Mali, le Maroc et la République Arabe Unie.

    [viii] Kwame Nkrumah, Le Néo-colonialisme. Dernier stade de l’impérialisme, Présence Africaine, Paris, 2009 (1965), p. 245.

    [ix] Conférence de presse du 11 avril 1961, https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00218/conference-de-presse-du-11-avril-1961.html, consulté le 14 juillet 2018 à 16 h30.

    [x] Conférence de presse du 31 janvier 1964, http://www.gaullisme.fr/2014/08/08/conference-de-presse-du-31-janvier-1964/, consulté le 14 juillet 2018 à 18. 30.

    [xi] Conférence de presse du 16 avril 1964, https://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche-media/Gaulle00232/allocution-du-16-avril-1964.html, consulté le 14 juillet 2018 à 20 h 00.

    [xii] Accord particuliers conclus les 11, 13 et 15 août 1960 entre le gouvernement de la république française, de la république centrafricaine, de la république du Congo, et du Tchad, Annexe concernant les matières premières et produits stratégiques, http://wabeafrikaezingocentrafrique2009.over-blog.com/2016/09/les-accords-de-cooperation-rca-france-de-1960-signes-par-dacko-enfin-retrouves-et-exposes-par-des-patriotes-centrafricains.html, consulté le 15 juillet 2018 à 10. 02.

    [xiii] Guy Feuer, La révision des accords de coopération franco-africains et franco-malgaches, op. cit., p. 721.

    [xiv] Patrice Yengo, Au cœur de la domination : Etat franco-africain, système de réseaux et criminalisation du politique, in Collectif, Résistances et dissidences. L’Afrique (centrale) des droits de l’homme, Rupture-Solidarité, n° 4, tome 2, 2002, p. 200.

    [xv] Mehdi Ben Barka, Option révolutionnaire au Maroc, in Ecrits politiques 1957-1965, Paris, Syllepse, 1999, pp. 229-230.

    [xvi] Cinquième plan de développement économique et social (1966-1970), Volume 1, Imprimerie des journaux officiels, Paris, novembre 1965, p. 68.

    [xvii] Yves Goussault, L’évolution de la coopération franco-africaine, Aujourd’hui l’Afrique, n° 8, 1977, p. 4.

    [xviii] Cité in Martin Verlet, redéploiement, intégration et politique de crise de l’impérialisme français, in L’impérialisme français aujourd’hui, Editions sociales, Paris, 1977, p. 15.

    [xix] Daniel Bach, La politique extérieure de Valéry Giscard d’Estaing, Presses de la Fondation Nationale de Sciences Politiques, Paris, 1985, p. 416.

    [xx] Ce rapport daté de 1975 prend pour prétexte la crise mondiale pour justifier une réforme importante de la coopération en faveur des multinationales françaises et européennes.

    [xxi] Daniel Bach, La politique africaine de V. Giscard d’Estaing : contraintes historiques et nouveaux espaces économiques, Travaux et documents n° 6, Centre d’Etude d’Afrique Noire de Bordeaux, 1984, pp. 22-23.

    [xxii] Fatou Sow, Langues, identités et enjeux de la recherche féministe, in Fatou Sow (dir.), La recherche féministe francophone. Langue, identités et enjeux, Karthala, Paris, 2009, p. 13.

    [xxiii] Mongo Betti, Billets d’Afrique, octobre 2000.

    [xxiv] Les 22 premières conférences des chefs d’Etats de France et d’Afrique, https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/B0100_-fiche22sommets.pdf, consulté le 16 juillet 2018 à 17 h 55.

    [xxv] Jean Suret-Canale, Dix ans de politique française en Afrique (1974-1984), Aujourd’hui l’Afrique, n° 30, 1985, p. 6.

    [xxvi] Aimé Césaire, Le colonialisme n’est pas mort, La Nouvelle Critique, n° 51, janvier 1954, p. 28.

    [xxvii] James D. Thwaites, La mondialisation, Presses de l’Université de Laval, 2004, p. 280.

    [xxviii] Gildas Walter Gnanga, Les Accords de Partenariat Economiques (APE) et les enjeux pour la CEMAC, Institut sous régional de statistique et d’économie appliquée, Yaoundé, 2008, p. 5.

    [xxix] Guia Migani, La France et l’Afrique subsaharienne, 1957-1963 : histoire d’une décolonisation entre idéaux eurafricains et politique de puissance, Bruxelles, Peter Lang, 2008, p. 207.

    [xxx] Tibor Mende, De l’aide à la recolonisation, Seuil, Paris, 1972.

    [xxxi] Pour une explication de ce que signifie l’expression « termes de l’échange » voir notre article précédent consacré au Franc CFA.

    [xxxii] Konan Bédié, La dégradation des cours des produits tropicaux et l’action de la Communauté, Revue du marché Commun, n° 123, mai 1969, p. 225.

    [xxxiii] Daniel Bach, Un ancrage à la dérive : la convention de Lomé, Revue Tiers-Monde, n° 136, 1993, p. 750.

    [xxxiv] Marc Elvinger, De Yaoundé à Lomé IV, Forum für Politik, Gesellschaft und Kultur, n° 106, novembre 1988, pp. 10-11.

    [xxxv] Ce règlement exonère les bananes ACP de droits de douane et fixe ceux-ci à 100 écus la tonne pour les autres provenances.

    [xxxvi] Catherine Hagueneau-Moizard et Thierry Montalieu, L’évolution du partenariat UE-ACP de Lomé à Cotonou : de l’exception à la normalisation, Mondes en développement, n° 128, 2004/4, p. 70

    [xxxvii] L’accord signé par 23 pays en 1947 vise à libéraliser les échanges en ayant comme objectif de diminuer puis de supprimer les tarifs douaniers. Ainsi par exemple les tarifs douaniers moyens sur les produits industriels passent de 40 % en 1947 à 5 % en 1993. Ce qui sera appelé cinquante ans plus tard « mondialisation » trouve son origine dans cet accord enlevant aux Etats un des outils de la souveraineté économique.

    [xxxviii] Catherine Hagueneau-Moizard et Thierry Montalieu, L’évolution du partenariat UE-ACP de Lomé à Cotonou : de l’exception à la normalisation, op. cit., p. 70.

    [xxxix] Accord de partenariat entre les membres du groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses Etats membres, d’autre part, 23 juin 2000, JO n° L317 du 15 décembre 2000, https://wallex.wallonie.be/PdfLoader.php?type=doc&linkpdf=8369-7516-45, consulté le 19 juillet 2018 à 10 h 15.

    [xl] Raphaël Ntambue Tshimbulu, L’Union Européenne sous le feu de la critique, Le Monde Diplomatique, Juin 2002, p. 18.

    [xli] Jacques Berthelot, Le baiser de la mort, de l’Europe à l’Afrique, Le Monde Diplomatique, Septembre 2014, p. 12.

    [xlii] Jean-Christophe Defraigne, Introduction à l’économie européenne, De Boeck, Louvain-la-Neuve, 2013, p. 364.

    [xliii] Erik Rydberg, Les APE : visées commerciales de l’Union européenne, Les Cahiers de la Coopération Internationale, n° 11, mai 2009, p. 11.

    [xliv] Jean-Claude Rabeherifara, APE : Sursaut africain au sommet de Lisbonne, Aujourd’hui l’Afrique, n° 107, mars 2008, p. 3.

    [xlv] Rama Gueye, L’économie sénégalaise en danger avec Auchan et les APE : la Plateforme « France Dégage » lance l’alerte, Dakar midi, https://www.dakarmidi.net/actualite/leconomie-senegalaise-danger-auchan-ape-plateforme-france-degage-lance-lalerte/, consulté le 20 juillet 2018 à 17 h 30.

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    Tags : Françafrique, France, Afrique, colonialisme, néo-colonialisme,

  • Mali: des manifestants veulent le départ des militaires étrangers du pays

    Mali – Niger : IBK et Issoufou acculés par les manifestations contre la France
    Ça devait arriver, ce n’était qu’une question de temps. Les africains se sont révoltés contre le pillage de la France et ses pions africains. Leur révolte est d’autant plus justifiée du fait que les populations du Sahel ne voient aucun progrès dans la situation sécuritaire et la force Barkhane n’a prouvé aucune efficacité dans la lutte contre la menace terroriste. Pire encore, la situation va de mal en pire, notamment depuis que le débat sur le France CFA et la présence de l’armée française en Afrique est devenu quotidien.

    Vendredi dernier, la population de Bamako est de nouveau sortie pour revendiquer le départdes troupes militaires étrangères du territoire malien. À l’appel d’associations et de partis politiques notamment, les manifestants se sont regroupés devant le monument de l’Indépendance de Bamako. De nombreux drapeaux maliens étaient visibles. Des responsables de la société civile et de la classe politique malienne étaient également présents.

    Banderoles, drapeaux et des slogans à gogo la Place de l’Indépendance de Bamako. Des citoyens décidés à chasser les derniers vestiges de la colonisation française. Une colonisation maintenue par des dirigeants sans aucune dignité et qui ne pensent qu’à remplir leurs poches au détriment de la misère d’une population meurtrie par les souffrances.

    Macky Sall, IBK, Alassane Ouattara doivent comprendre qu’il est temps de réagir en défense des intérêts des peuples et non des métropoles.

    Tags : Mali, Niger, France, Barkhane, Françafrique, Sahel, terrorisme,

  • Notre présence au Sahel est moins souhaitée que par le passé (Florence Parly)

    Présence de la France au Sahel : « Nous avons besoin de clarifications » de la part des pays du Sahel, estime Florence Parly

    La ministre des Armées était l’invitée de France Inter samedi matin.

    Un sommet international du G5 Sahel se tiendra lundi 13 janvier à Pau, en présence d’Emmanuel Macron et de ses homologues du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. « Il s’est développée au cours des dernières semaines une sorte de narrative qui peut laisser penser que la présence de la France [au Sahel] n’est plus autant souhaitée que par le passé, et c’est cela qu’il nous faut clarifier », a affirmé sur France Inter samedi 11 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly. Elle a ainsi appelé à une « clarification » de la part des gouvernements des pays du Sahel.

    « La France souhaite pouvoir poursuivre la lutte contre le terrorisme au Sahel mais à la condition bien sûr que cela soit souhaité et demandé par les pays concernés », a précisé Florence Parly. L’opération Serval, rebaptisée Barkhane a débuté en 2014 et aujourd’hui 4 500 militaires français sont déployés contre le jihadisme dans ces pays. « Ce sont des pays souverains : lorsque nous sommes intervenus en 2013, c’était à la demande du Mali. Si nous sommes présents aujourd’hui, c’est à la demande des gouvernements. Si la mission de l’ONU, la Minusma, est présente, c’est évidemment à la demande des gouvernements », a expliqué la ministre des Armées.

    Je n’ai absolument pas l’intention de porter au pilori tel ou tel, mais force est de constater que dans l’environnement politique, dans le milieu politique de ces pays, il y a des voix qui s’expriment et parfois ces voix ne sont pas contredites par les dirigeants.
    Florence Parly

    Florence Parly a regretté sur France Inter qu’il existe « un certain nombre de déclarations qui sont sans ambiguïté sur le fait que la France pourrait se satisfaire d’une situation sécuritaire qui ne progresse pas ». Sans donner d’exemples concrets, la ministre a dénoncé ces déclarations : « C’est tout à fait mensonger et en tant que ministre des Armées je ne peux évidemment pas accepter que de tels propos puissent être tenus dans la mesure où 41 de nos soldats ont donné leur vie. »

    France TV Info, 11 jan 2020

    Tags : France, Barkhane, Sahel, Mali, Niger, Burkina Faso, terrorisme,

  • Philippe avancera samedi des « propositions concrètes » sur la réforme des retraites

    PARIS (Reuters) – Au terme d’une journée d’échanges avec les partenaires sociaux, Edouard Philippe a salué vendredi des progrès vers un compromis sur la réforme des retraites et annoncé des “propositions concrètes” pour samedi.

    Les discussions, jugées “très constructives” par le Premier ministre, butent toujours sur les modalités financières du système et l’”âge d’équilibre” que l’exécutif maintient dans l’avant-projet de loi contre l’avis des syndicats réformistes.

    Si les syndicats opposés à un système de retraites par points – CGT et FO au premier chef – restent inflexibles, le chef du gouvernement ne déroge pas non plus à sa ligne de fermeté et a réaffirmé sa détermination à présenter un texte en conseil des ministres le 24 janvier pour une adoption avant l’été.

    “Je dirais que ce soir nous avons bien avancé dans la recherche du compromis que nous souhaitons obtenir, c’est donc une journée utile, mais il nous reste du travail”, a dit Edouard Philippe lors d’une brève déclaration à Matignon.

    Il a précisé qu’il rencontrerait vendredi soir Emmanuel Macron et prendrait contact “avec un certain nombre de responsables de la majorité pour évoquer les avancées possibles”.

    “Demain, par écrit, j’adresserai aux organisations syndicales et patronales des propositions concrètes qui pourraient être la base de ce compromis”, a-t-il annoncé.

    Au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE), où il rencontrait les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat, Emmanuel Macron a redit vendredi soir que la philosophie du projet de réforme visait à “consolider” un système par répartition “où c’est les travailleurs qui vont continuer de financer ceux qui sont à la retraite”.

    “Comment on fait alors que de moins en moins d’actifs financent des gens, et c’est très bien, qui vivent de plus en plus vieux ? Soit en disant on doit cotiser davantage, soit on doit travailler un peu plus longtemps, mais moi, je n’assume pas de baisser les retraites”, a-t-il ajouté.

    DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE L’”ÂGE D’ÉQUILIBRE”

    Les consultations bilatérales organisées au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation contre le projet gouvernemental visaient à discuter de la méthode et du calendrier d’une “conférence de financement”, idée avancée par la CFDT de Laurent Berger et reprise par le gouvernement.

    Le gouvernement souhaite que la conférence soit organisée en parallèle de l’examen parlementaire du projet de loi et complète ou modifie le texte via des amendements. Le texte sera soumis à partir du 17 février à l’Assemblée nationale.

    L”‘âge d’équilibre” – l’option gouvernementale pour l’équilibre financier du système – figure dans l’avant-projet de loi qui a été communiqué au Conseil d’Etat : il entrera progressivement en vigueur à partir de 2022 pour atteindre 64 ans en 2027, sauf si les partenaires sociaux trouvent une solution alternative d’ici le 1er septembre 2021.

    Un document gouvernemental a été remis vendredi aux partenaires sociaux pour attester de l’efficacité d’un “âge d’équilibre”.

    Cette note chiffre le déficit du régime à 10 milliards d’euros en 2025 et 12 milliards en 2027. Mais l’introduction d’un âge pivot à 64 ans permettrait à l’Etat, selon ces estimations, de réaliser 3 milliards d’euros d’économies en 2022, 5 milliards en 2023, 6,5 milliards en 2024, 9 milliards en 2025, 11 milliards en 2026 et jusqu’à 12 milliards d’euros en 2027.

    Dans le détail, 37% des assurés (“inaptes, invalides, handicapés”) ne seraient pas concernés par l’âge pivot ou seraient concernés par un âge pivot plus bas que le droit commun (carrières longues, pénibilité, métiers régaliens).

    L’âge pivot décalerait l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans pour 32% et jouerait “positivement” pour 31% en leur permettant de partir plus tôt que dans le régime actuel.

    Laurent Berger, pour qui cette mesure paramétrique est un casus belli, est resté sourd à ces arguments et a de nouveau exigé vendredi son retrait.

    MARTINEZ PROPOSE DES PISTES FINANCIÈRES

    “On a essayé de dire que la CFDT n’avait jamais été désintéressée sur la question de l’équilibre mais qu’une mesure aveugle et injuste comme celle-ci n’avait pas lieu d’être dans le projet de loi”, a-t-il dit à l’issue de son entretien.

    “On a senti une volonté d’ouverture dans la parole mais encore une fois, tout ça se mesure in fine aux actes”, a-t-il ajouté.

    L’Unsa, autre syndicat réformiste, avait demandé vendredi matin que l’âge pivot soit retiré “dans les prochaines heures”. “Un compromis ne peut se faire qu’à partir du moment où on n’a pas l’épée de Damoclès de l’âge pivot”, a fait valoir son secrétaire général, Laurent Escure.

    Force ouvrière et la CGT ont réaffirmé leur désaccord avec le projet de système universel par points.

    L’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU a appelé à une manifestation massive samedi avant une nouvelle journée interprofessionnelle le 14 janvier.

    Philippe Martinez, dont le ton trahissait à la sortie de Matignon une forme de désabusement, s’est dit d’accord avec le principe d’une conférence de financement “qui ne soit pas déconnectée de l’examen du projet de loi”.

    Le secrétaire général de la CGT a avancé des pistes : réintégration pour “plusieurs milliards d’euros” de cotisations sociales patronales après un “bilan des exonérations”, “taxation d’un certain nombre de transactions financières”.

    “L’âge pivot c’est un faux problème, une fausse polémique. Il existe déjà!”, a-t-il lancé.

    L’Unsa a proposé pour sa part une taxation des revenus supérieurs à 10.000 euros mensuels et un recours partiel au Fonds de réserve des retraites (FRR), doté fin 2017 de quelque 36 milliards d’euros.

    Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, tout comme François Asselin (CGPME), a jugé “absolument indispensable” une mesure d’âge. Les représentants patronaux refusent une hausse des cotisations.

    Reuters, 10 jan 2020

    Tags : France, Enseignement, réforme des retraites, gilets jaunes, Edouard Philippe,

  • La réforme des retraites, point d’orgue du profond malaise enseignant

    DIRECTEMENT CONCERNÉ PAR LA SUPPRESSION DES RÉGIMES SPÉCIAUX, LE CORPS ENSEIGNANT A ÉTÉ L’UN DES PREMIERS À EMBRASSER LE MOUVEMENT CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES. MAIS POUR LES JEUNES PROFS EN DÉBUT DE CARRIÈRE, CETTE MOBILISATION CACHE UNE COLÈRE PLUS PROFONDE. ENTRE LARMES, COLÈRE ET COMBATIVITÉ, RENCONTRE AVEC DEUX JEUNES PROFESSEURES DE BANLIEUE PARISIENNE.

    Elles exercent depuis deux et trois ans dans des lycées de banlieue parisienne. Mobilisées comme des milliers d’enseignants contre la réforme des retraites, elles incarnent cette nouvelle génération de profs, habituée des baisses de budget et des réformes contestées. Pour elles, la réforme portée par le gouvernement est un symbole de la rupture de confiance entre les enseignants et l’État. « Je la vois comme le symptôme du mépris avec lequel on est traité », explique Justine, 27 ans, prof depuis plus de deux ans dans un lycée de Seine Saint-Denis.

    « Peut-être que je ne me battrais pas autant si je faisais ce métier dans de bonnes conditions. Ce qui me pousse à me mobiliser encore plus, c’est le manque de compréhension total de notre ministre envers notre travail et nos conditions », ajoute-t-elle.

    « Cette mobilisation, on la vit comme un moment décisif. Je vais ressentir un très grand désespoir si la réforme passe », renchérit Agathe, professeure dans un lycée d’Aulnay-Sous-Bois depuis trois ans. En grève les 5, 10, 12 et 17 décembre, cette prof de 34 ans embrasse la lutte actuelle comme la continuité logique des précédentes mobilisations contre les réformes du ministre de l’Éducation, Jean Michel Blanquer : celle de Parcoursup, du baccalauréat et de « l’école de la confiance ».

    LES JEUNES PROFS EN PREMIÈRE LIGNE FACE À LA RÉFORME DES RETRAITES

    Aujourd’hui, la retraite d’un professeur est calculée sur les six derniers mois de sa carrière, soit, pour des revenus basés sur le plus haut échelon, entre 3000 et 3800 euros bruts par mois. Lorsqu’ils commencent leurs carrières, les profs touchent entre 1500 et 2000 euros par mois. Si la réforme passe, leurs retraites seront calculées sur la base des revenus d’une période bien plus large. Seront donc pris en compte des revenus bien plus faibles qu’avant, sans compter les arrêts de travail ou les congés parentaux.

    Malgré les garanties avancées par Jean-Michel Blanquer, qui promet une « sanctuarisation » des pensions de retraite des professeurs, les syndicats – qui s’inquiètent du « flou » des propositions du ministre – assurent que la réforme viendra diminuer les pensions des enseignants.

    Jean-Michel Blanquer n’a d’ailleurs rien arrangé en déclarant que les profs seraient en grève « parce qu’ils ne comprennent pas tout » à la réforme. Une sortie méprisante qui n’a fait que renforcer la colère des enseignants.

    Mais s’ils sont si mobilisés (42 % de grévistes selon le ministère de l’Éducation, 75 % selon les syndicats pour la journée du 5 décembre), c’est aussi pour dire stop à leurs conditions de travail qui se dégradent d’année en année.

    AU-DELÀ DE LA RÉFORME, DES PROFS BROYÉS PAR UN SYSTÈME DÉFAILLANT

    Pour Justine, après deux ans d’enseignement dans un lycée de Sarcelles, en banlieue parisienne, le constat est sans appel. « Nos jeunes sont abandonnés par l’Éducation nationale », lâche-t-elle d’emblée.

    « On est dans un lycée où il n’y a rien pour les élèves : pas de foyer, pas de médiateurs, pas de projets. On entend tout le temps la même chose de la part des élèves : « C’est normal, on est à Sarcelles ». Comme si c’était une fatalité. Ici, il pleut dans l’établissement, les élèves font sport en doudoune, la salle de sport est un genre de hangar sans fenêtres. C’est normal, on est à Sarcelles », répète-t-elle.

    Lorsqu’elle entre en poste dans un lycée d’Aulnay-Sous-Bois il y a trois ans, Agathe découvre des élèves pauvres ghettoïsés dans un établissement où la mixité sociale n’existe pas. Et forcément, les moyens ne suivent pas.

    Petit à petit, elle réalise que l’école, sensée offrir les mêmes chances à tous, faillit à sa mission dans ce lycée juché entre les cités des 3000 et des 1000-1000, dans une commune où un jeune sur trois vit sous le seuil de pauvreté.

    « Quand on demande d’acheter un livre et qu’un élève me dit qu’il n’a pas d’argent, ma première réaction était de me dire que 5 euros, c’est la prix d’un kebab. Plus tard, j’ai vu la mère de cet élève mendier dans le RER, et j’ai vu différemment ce que c’était pour lui, cinq euros », confie-t-elle.

    Agathe s’inquiète des conséquences pratiques des décisions du ministre, comme la suppression de la moitié des fonds sociaux prévus en 2020, qui passeront de 59 à 30,6 millions d’euros l’an prochain. Ces fonds permettent aux élèves les plus précaires d’obtenir une aide, en plus des bourses, pour acquérir du matériel scolaire ou acheter des livres. Argument du ministère : ces fonds ne sont pas bien alloués, ou pas alloués du tout. Ce sont les assistantes sociales d’établissement qui les accordent normalement sur demande des parents. Mais à Aulnay, dans le lycée d’Agathe, il n’y a qu’une assistante sociale pour 1200 élèves.

    « Je vois une assistante sociale dépassée par les événements. Si elle n’alloue pas ces fonds, c’est par manque de temps. Nos élèves ont besoin de cet argent : ça a un impact concret sur notre quotidien et celui de nos élèves. Ce qui me met en colère, ce n’est pas les problèmes de discipline ou de violence, c’est d’être confronté dans notre travail quotidien à des politiques comme celle-ci. Et cette colère s’est décuplée en trois ans », déplore la jeune professeure.

    Confrontée quotidiennement aux inégalités et à la précarité de ses élèves, elle considère que « la réforme des retraites va encore plus impacter les travailleurs pauvres, dont nos élèves vont grossir les rangs ».

    DU MANQUE DE CONSIDÉRATION AU MÉPRIS

    Justine a vécu les pires années de sa jeune carrière à la rentrée 2019. « Le soir, lorsque je rentrais chez moi, je ne pouvais pas parler de ce qu’il se passait dans mon travail, alors je pleurais. Le matin, j’allais au lycée la boule au ventre », confie-t-elle, deux mois après les événements.

    En octobre 2019, des violences ont lieu dans son lycée après l’agression d’un prof par un élève, pour une histoire de casquette. Suivent plusieurs jours de révoltes. Les élèves se montent contre le lycée et son personnel, bloquent les entrées et l’envahissent à plusieurs reprises, causant d’importants dégâts dans l’établissement. Les profs reçoivent la consigne de se cloîtrer dans leur salle, pendant que des pétards explosent dans les couloirs, que des vitres sont brisées, que des extincteurs sont vidés.

    L’équipe pédagogique tente d’alerter la direction et le rectorat en posant un droit de retrait et en faisant des demandes concrètes pour apaiser la situation : embauche de surveillant, d’un deuxième CPE, réparation des bâtiments décrépis. Le rectorat est au courant des problèmes du lycée, qui s’accumulent depuis des années.

    Mais le droit de retrait n’a pas été reconnu par la direction, et le rectorat a refusé toutes les autres demandes, faute de moyens, dit-on.

    À bout, le personnel du lycée à lancé un ultime appel à l’aide, dans un courrier adressé à la médecine du travail, demandant une consultation d’urgence pour tout le personnel, « traumatisé » par les événements et abasourdi par le manque de considération de leurs supérieurs. Le courrier se termine par ces mots lapidaires : « AU SECOURS ! ».

    Toujours aucune nouvelle du rectorat.

    Justine garde un sentiment d’abandon. « J’ai perdu la foi après ça. Je fais mon boulot pour les élèves, mais il y a quelque chose de rompu. Je sais qu’au-dessus, on n’en a rien à foutre de nous. On se sent complètement abandonnés. C’est pour ça que je n’y crois plus », lâche-t-elle. Sa colère n’est pas dirigée vers les élèves, mais vers ses supérieurs qui ont estimé qu’il valait mieux fermer les yeux sur des problèmes qui vont bien au-delà du comportement des élèves.

    « Quand tu mets 1200 gamins dans un lycée prévu pour 800 personnes, des élèves qui vivent dans des conditions de vie difficiles, et qu’il n’y a rien pour les gérer, à un moment ça explose », analyse-t-elle.

    Ces événements ne sont d’ailleurs pas des cas isolés, et tous les profs le savent. Il y a eu le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Patin, en septembre 2019, la mort de plusieurs lycéens, tués lors de règlements de compte. Des appels à l’aide, des droits de retrait, partout en France. « La violence à l’extérieur des lycées se répercute directement à l’intérieur. C’est un problème global est rien n’est fait pour le résoudre », s’indigne Justine.

    Combatives, Justine et Agathe comptent faire « bloc » avec leur collègues contre ce qu’elles perçoivent comme un « tournant historique ».

    Le Média, 3 jan 2020

    Tags : France, enseignement, gilets jaunes, réforme des retraites,

  • Réforme du franc CFA : optimisme prudent des experts

     La réforme donnera aux pays plus de contrôle sur leurs monnaies et leurs économies, selon les experts

    Mourad Belhaj | 10.01.2020

    AA – Kigali – James Tasamba

    La réforme du franc CFA, une monnaie soutenue par la France et utilisée par ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest, pourrait donner aux pays d’Afrique francophone plus de contrôle sur leurs monnaies et leurs économies, selon les experts, même si le scepticisme persiste.

    En décembre dernier, l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) est convenue, avec la France, de renommer le franc CFA, Eco, et de couper certains liens financiers avec Paris qui sous-tendent la monnaie commune de la région depuis sa création en 1945.

    S’exprimant lors d’une conférence de presse conjointe avec le Président français, Emmanuel Macron, à Abidjan, le Président ivoirien, Alassane Ouattara a salué cette décision comme historique pour l’Afrique de l’Ouest.

    Cette annonce fait suite à des entretiens entre des dirigeants ouest-africains, tenus à Abuja, la capitale du Nigéria.

    Dans le cadre de la réforme, ces pays africains n’auront plus à conserver 50% de leurs réserves au Trésor français, mais l’Eco restera ancré à l’euro.

    De plus, il n’y aura plus de représentant français au conseil d’administration de l’union monétaire.

    Davantage de contrôle économique

    Les experts estiment que ce changement privera la France d’épargne et de réserves vitales conservées à Paris, ainsi que de sa capacité à influencer la valeur des devises pour ses avantages commerciaux.

    « Cela donnera à l’Afrique francophone la liberté de fixer la valeur de sa monnaie et de l’ajuster avec les nouveaux développements du commerce mondial, avec des partenaires comme la Chine et l’Asie qui n’étaient pas significatifs en 1945 », a déclaré à Anadolu Fred Muhumuza, analyste basé en Ouganda.

    « De plus, la monnaie française a depuis longtemps été remplacée par l’euro, qui est entraîné par des dynamiques différentes qui ne peuvent plus être déterminées par Paris », a-t-il noté.

    Muhumuza, professeur d’économie à l’Université de Makerere, l’une des universités les plus anciennes et les plus prestigieuses d’Afrique, a déclaré qu’avec la réforme, la France pourrait également perdre la capacité de gérer la monnaie pour promouvoir son commerce avec l’ancienne zone CFA, dans une situation où l’influence de la Chine dans la région se développe.

    « Cela permet aux pays francophones de mieux contrôler leur économie et leur monnaie mais refuse à la France des réserves vitales qui étaient disponibles presque gratuitement », a-t-il déclaré.

    Le CFA est utilisé dans 14 pays africains, dont la population totale est d’environ 150 millions d’habitants, avec 235 milliards de dollars de produit intérieur brut.

    Mais les changements n’affecteront que la forme ouest-africaine de la monnaie utilisée par la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Togo dans l’UMOA.

    Hormis la Guinée Bissau, ancienne colonie portugaise, les autres sont d’anciennes colonies françaises.

    Récupérer des décisions souveraines

    Macron a déclaré que c’était la fin de certaines reliques du passé, car il ne voulait pas d’influence par »tutelle ou intrusion ».

    « L’Eco verra le jour en 2020, et je m’en réjouis », a-t-il déclaré.

    Selon Lonzen Rugira, chercheur et commentateur basé au Rwanda, la réforme signifie que les pays auront davantage accès à leurs ressources car »ils empruntaient leur propre argent avec intérêts ».

    « Les pays ouest-africains pourront prendre des décisions souveraines sur la manière de mobiliser des ressources sans nécessairement lier ces décisions à la France. Tout cet argent qu’ils utilisaient pour emprunter leur propre argent peut être affecté à leurs priorités », a déclaré Rugira à l’Agence Anadolu.

    La valeur du CFA par rapport au franc français est restée la même de 1948 à 1994, date à laquelle elle a été dévaluée de 50% dans le but de stimuler les exportations agricoles de la région.

    Suite à la dévaluation, un franc français valait 100 francs CFA et lorsque la monnaie française a rejoint la zone euro, le taux fixe est devenu un euro à 656 francs CFA.

    Balayer le symbole du colonialisme?

    Les analystes soutiennent que le CFA représentait un symbole du colonialisme, de l’ingérence française passée et d’un affront à la souveraineté économique, même si ses partisans disent qu’il a fourni la stabilité financière en période de turbulence dans la région.

    En 2017, Macron a souligné les avantages stabilisateurs du CFA, mais a indiqué qu’il appartenait aux gouvernements africains de déterminer l’avenir de la monnaie.

    La France, sous Macron, essaie de reformuler sa façon de s’engager avec l’Afrique, en parlant d’égalité de traitement, de nouvelles relations et de respect mutuel.

    Rugira pense que la France aurait finalement réalisé que sa survie ne dépendait pas de l’exploitation de ses anciennes colonies.

    « Vous ne pouvez pas parler de relations d’intérêt mutuel lorsque vous avez en place des outils d’oppression. Vous devez supprimer les outils qui ont été identifiés comme étant exploiteurs. Le CFA n’était plus tenable au regard des nouveaux termes suivant lesquels la France souhaite s’engager en Afrique. L’environnement politique nécessite leur requalification », a déclaré Rugira.

    « Les Français ne pouvaient plus continuer à se comporter comme si rien ne se passait, alors qu’il y avait beaucoup de pression contre le CFA », a-t-il insisté.

    Pour Muhumuza, la décision française peut certainement être considérée comme un moyen pour la France de renoncer à son influence en Afrique, »mais seulement dans une faible mesure ».

    « Elle (la France) conserve une influence militaire importante et aura également son mot à dire dans la structure économique de ces pays, qui resteront toujours dépendants de la France, pour de nombreux appuis et aides techniques. La France fait également du lobbying international pour ces pays, dans les domaines de la politique, de l’économie et des flux d’aide », a-t-il déclaré.

    La France a promis de fournir un soutien, sous la forme d’une ligne de crédit, si les pays de l’UMOA connaissent une crise monétaire.

    « Pérennité » contre »optimisme prudent »

    Rugira a souligné la nécessité pour les nations africaines d’avoir leur argent dans leurs propres banques, affirmant que contrôler leur propre trésorerie est »un aspect très important de la souveraineté d’un pays ».

    Sur le succès de l’Eco, Muhumuza a déclaré que les choses peuvent être plus faciles à dire qu’à faire.

    « La gestion de la liberté monétaire exigera un engagement politique fort et une indépendance des technocrates pour prendre les décisions nécessaires, que les politiciens doivent soutenir ; par exemple, au cas où il serait nécessaire de dévaluer ou de demander à un pays membre de gérer son déficit pour éviter d’affecter la valeur totale de la monnaie », a-t-il déclaré.

    Selon Rugira, si le mouvement n’est pas exploiteur, il obtiendra le soutien dont il a besoin pour réussir. Mais s’il est abusif, les Africains auront la même attitude qu’ils avaient envers le CFA.

    Il a exhorté les pays à faire preuve de prudence pour comprendre les moindres détails de la réforme, notant qu’il est nécessaire de renforcer la transparence du régime monétaire.

    « L’histoire de la France en Afrique rend ses motivations douteuses, a-t-il conclu. L’économie de la France a beaucoup bénéficié du contrôle des ressources ouest-africaines. Il se pourrait qu’il y ait quelque chose qui se trame. »

    Anadolou

    Tags : Afrique, France, françafrique, Franc CFA, FCFA, colonialisme,

  • Assassinats, coups d’Etat. Tout sur le passé trouble qui lie la France au Maroc

    Le Maroc et la France partagent une histoire occulte écrite par des truands et des mercenaires utilisés par les services secrets des deux pays pour exécuter leurs coups tordus et leurs basses œuvres. Plongée dans le monde des barbouzes.

    Nous sommes à la fin des années 1950. Le gouvernement français a constitué une “war room”, conseil de guerre ultrasecret et restreint, chargé de dresser “une liste de personnalités acquises au F.L.N” et “d’hommes publics particulièrement ennemis de la France” à neutraliser ou à liquider. Allal El Fassi est le premier homme à abattre.

    Dans ses mémoires, le colonel Le Roy-Finville, chef du service 7, spécialisé dans l’obtention de renseignements pour le compte du S.D.E.C.E (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), le décrit comme “un Marocain vigoureusement anti-français et allié virulent au F.L.N”. “L’idée, écrit Le Roy-Finville, est de faire sauter El Fassi et les autres chefs de l’Istiqlal à l’occasion d’une de leurs rencontres à Tétouan, en zone espagnole”, prévue à l’hôtel Dersa. Le service 7 se charge de fournir au service Action toutes les indications techniques : poids d’explosif nécessaire, épaisseur des murs, systèmes de sécurité, etc. “Du travail tout mâché”, rapporte le colonel. Sauf que “les militaires ne veulent pas se salir les mains” et constituent “un petit groupe de repris de justice qui se disent prêts, eux, à faire la sale besogne. Contre une bonne récompense (…) et des protections pour leurs petites affaires”.

    Ces spécialistes des coups tordus, connus sous le terme de barbouzes, sont dans leur grande majorité des truands employés par les services secrets français pour les basses œuvres. Ils sont notamment utilisés dans les “contrat homo”, expression désignant l’élimination physique de personnes gênantes pour les intérêts de la France. A la tête des truands engagés par les services spéciaux pour assassiner Allal El Fassi, Jo Attia et Georges Boucheseiche, deux barbouzes connus des renseignements de police en France et proxénètes chevronnés au Maroc. Ceux-là mêmes qui seront impliqués, quelques années plus tard, dans l’affaire Ben Barka. Massacreurs professionnels sur le papier, ces “types du milieu” sont loin d’être des enfants de chœur et ont un CV de malfrat long comme un jour sans pain.

    Le fiasco Attia

    Pourtant, ils s’avèrent être des dilettantes du crime dans la tentative d’assassinat de Allal El Fassi. Comme dans un San-Antonio loufoque, Leroy-Finville surnomme la tentative avortée d’éliminer le chef de l’Istiqlal le “fiasco Attia”. C’est que Jo Attia et Georges Boucheseiche, “le grand Malabar” et “le petit gros”, sont à la discrétion ce que l’hippopotame est à la grâce. A l’aéroport d’Orly où ils embarquent pour Tanger, les deux rossards se font remarquer par des effusions grandiloquentes, sous les yeux ébahis des voyageurs. Attia embrasse goulûment sa petite amie, “une petite brune piquante, très jolie”. Il faudra attendre que l’hôtesse de l’air lance un appel pour embarquement immédiat pour que les deux acolytes détalent “en direction de la salle de départ, en se retournant encore dix fois pour faire des signes à la fille”.

    Dans l’avion Air Atlas qui les mène vers Tanger, Boucheseiche et Attia retrouvent “deux hommes à eux, Nottini, dit la Béquille, et Palisse, autre future ‘célébrité’ de l’affaire Ben Barka”. Durant le vol, “Attia et les trois autres branquignols, sablant le champagne aux frais de la princesse, laissent tomber par inadvertance un sac de grenades qui roulent sous les sièges des passagers”. à quatre pattes, les malfrats, que les passagers prennent pour des plaisantins ivres, récupèrent les bombes, “qui ricochent comme des billes, au gré du balancement de l’appareil”. Les négligences perdurent à leur arrivée au Maroc : la première valise piégée installée à l’hôtel Dersa explose dans la mauvaise direction. La seconde, installée par les soins d’Attia dans la villa de Allal El Fassi, est retrouvée et désamorcée par la police espagnole. Le premier “contrat homo” est un échec.

    Des truands très show-off

    Après cette tentative d’assassinat avortée, la presse ne parle que d’eux. La police locale se lance aux trousses de la bande. Les barbouzes, en arrivant au Maroc, se font remarquer en faisant “la tournée des grands ducs dans les boîtes”, “en menant grand tapage”. Le gang se sépare : Palisse et Boucheseiche cavalent en zone française, tandis qu’Attia et Nottini la Béquille rebroussent chemin pour Tanger. Là-bas, Attia se fait passer pour un agent du S.D.E.C.E auprès d’un gérant de bar français. Ce dernier leur présente Antoine Lopez, chef d’escale de l’aéroport de Tanger. Ce futur agent secret, bientôt impliqué dans le kidnapping de Ben Barka, peut les rapatrier en France en leur évitant police et douane.

    “Empotés comme il n’est pas permis”, décrit Le Roy-Finville, Attia et Nottini brillent encore une fois par leur amateurisme. En voyant le déploiement de policiers à l’aéroport, Attia panique et se souvient qu’il a encore un revolver sur lui. Il s’engouffre dans les toilettes de l’aérogare et décide de cacher l’arme dans la cuvette. Sauf que le poissard a encore des balles dans sa poche. Il garde les munitions dans sa paume droite et décide, en feignant une poignée de main, de les tendre à Lopez. Sauf que le chef d’escale ne comprend pas. “Les balles tombent, rebondissent sur l’asphalte dans un crépitement métallique”, devant une flopée de policiers, qui se jettent sur le gang et mettent les brigands étourdis sous les verrous…

    L’affaire Ben Barka

    Malgré ce plantage, on refait appel quelques années plus tard à la bande de Boucheseiche. Elle est chargée d’organiser, le 29 octobre 1965, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp avec l’aide de policiers français. Maurice Buttin, avocat de la famille de l’opposant marocain, rapporte que c’est d’abord Jo Attia qui reçoit “une demande des Marocains d’éliminer physiquement Ben Barka”. La consigne : procéder à l’assassinat à “Genève, avec un fusil à lunettes”. Un “contre-ordre” lui fait savoir que le pouvoir préfère “ramener Ben Barka vivant au Maroc”. On l’informe qu’à Paris, un certain Georges Figon doit se charger de la question. Attia n’accorde aucune confiance à ce personnage naviguant entre milieux intellectuels parisiens et malfrats de la capitale. Il préfère donc “refiler l’affaire à son lieutenant, Boucheseiche”.

    Georges Boucheseiche est à la tête de plusieurs maisons closes, au Maroc et en France, qu’il gère avec son épouse. La barbouze est introduite dans les hautes sphères du pouvoir marocain, organise des soirées pour le beau monde et rêve d’ouvrir, sous les cieux du royaume, le plus grand bordel sur terre. “Un établissement fabuleux installé à Aïn Diab, au bord de l’océan, pas trop loin du centre des affaires, tout près de l’aérodrome”, rapporte un article de presse de l’époque. Pour le convaincre de participer au kidnapping de l’opposant à Hassan II, on lui aurait fait miroiter l’espoir qu’il obtiendrait, une fois sa mission accomplie, son lupanar…

    Boucheseiche mouillé jusqu’au cou

    C’est Antoine Lopez, le chef d’escale qui devait, quelques années plus tôt, faciliter la fuite d’Attia après l’attentat contre Allal El Fassi, qui est chargé d’accueillir le leader du mouvement tiers-mondiste à l’aéroport et de prévenir ses ravisseurs de son arrivée. Une fois le rapt effectué, Ben Barka est amené, ce vendredi 29 octobre, dans la villa de Boucheseiche, à Fontenay-le-Vicomte, dans l’Essonne. Y est réunie sa bande, constituée de Jean Palisse, Pierre Dubail et André Le Ny. Avant l’arrivée du général Oufkir et du colonel Dlimi, Ben Barka aurait été enfermé au premier étage de la demeure. Parmi les innombrables versions dédiées au décès de l’opposant marocain, des éléments rapportés aux gendarmes par le fils de Le Ny, retranscrits par Maître Maurice Buttin dans Ben Barka, Hassan II, De Gaulle : “ce que je sais d’eux : Ben Barka aurait été transporté dans la villa de Boucheseiche, puis transféré à Ormoy, chez Lopez. Dlimi et Oufkir l’avaient torturé dans la cave (…) C’est Boucheseiche qui l’avait frappé en premier, car Ben Barka ne se laissait pas faire. D’un coup de poing, il lui avait cassé les cervicales. Ils l’avaient ensuite attaché (…) et Oufkir et Dlimi l’avaient un peu ‘bousculé’. C’est là que Ben Barka est décédé”.

    Dans le même ouvrage, Maurice Buttin cite un commissaire de police français retraité : “J’ai rencontré Palisse (…) Il m’a dit avoir assisté à la mort de Ben Barka, par accident, sur un mauvais coup que lui avait porté Boucheseiche”. à l’annonce de la disparition de Mehdi Ben Barka, c’est le royaume tout entier et l’Elysée qui se mettent en branle. Le 4 novembre 1965, Georges Boucheseiche prend la fuite pour le Maroc. Quatre jours plus tard, un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Sa bande ne tarde pas à le rejoindre. Le 7 juin de la même année, la barbouze est condamnée, par contumace, à la perpétuité. Malgré les mandats d’extradition qui pèsent sur leurs têtes, Boucheseiche et ses complices coulent des jours heureux au royaume. Les truands prospèrent, sous la surveillance, ou plutôt la protection de la police marocaine. Boucheseiche reprend les affaires dans ses bordels. Son paradis artificiel, sous les cieux marocains, prend fin quelques années plus tard.

    Des hommes qui en savaient trop

    Boucheseiche, Le Ny, Palisse et Dubail sont arrêtés, au lendemain de la tentative de coup d’Etat de Skhirat, en 1971. La bande, dans sa quasi-totalité, est enfermée au Point Fixe 3 (centre secret de torture et de détention installé à Rabat). Pierre Dubail y entame, de novembre 1973 à avril 1974, un dialogue avec son voisin de cellule. Il s’agit de Ali Bourequat, l’un des trois frères que Hassan II fait prisonnier dans les geôles de Rabat puis de Tazmamart. Dans son livre Dix-huit ans de solitude (Ed. Michel Lafon), il recoupe les informations que lui distille Dubail : “Nous savons trop de choses. (…) Nous avons travaillé sous les ordres d’Oufkir, pour le compte du roi”. Les barbouzes connaissent personnellement Hassan II. “Il nous tapait sur le ventre. Il nous invitait à dîner, nous emmenait en balade. Notre façon de parler l’amusait…”

    Dubail voudrait que Ali Bourequat, à sa sortie, se rende au Henry’s Bar à Rabat, sur le boulevard Mohammed V. “Tu verras un homme qui, le dimanche, à l’heure du tiercé, boit un perroquet (…) Il est des nôtres”. Dubail voudrait que Bourequat prenne un billet de tiercé et y inscrive les chiffres 2 9 1 0 6 5, correspondant à la date de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. “Il te fournira tout ce dont tu as besoin, assure Dubail à Bourequat. En échange, donne-lui de nos nouvelles. Dis-lui que nous sommes ici, au PF3. Dis-lui que nous avons peu de chances de nous en sortir”. Dans les épanchements de Dubail, une révélation reste à ce jour invérifiée. Au centre du niveau 2, devant la cellule 14 du PF3, se trouverait une tombe “un peu spéciale”. Ce qu’elle contiendrait ? “La tête de Ben Barka”, affirme Dubail. “On la lui a tranchée après sa mort. (…) Hassan II voulait la voir”.

    Selon le récit de Bourequat, “Dubail, Boucheseiche et Le Ny quittent le PF3” en avril 1974. “Boucheseiche reviendra le premier, le 29 octobre”, date anniversaire de la disparition de Ben Barka. “Le Ny le suivra le 14 novembre. Dubail, lui, reviendra le 16 novembre 1974. Ni lui ni les autres ne seront alors en mesure de communiquer avec qui que ce soit”. La phrase est interprétée comme une métaphore macabre. Des enquêtes publiées sur l’affaire supposent que ce retour est posthume, et que ce sont les dépouilles des barbouzes qui sont reconduites au PF3. Une seule chose est sûre : le sort de Boucheseiche et de ses compères est presque aussi nébuleux que l’affaire Ben Barka…

    Bob Denard entre en ligne

    Intimement imbriquée à la politique française dans ses anciennes colonies, la barbouzerie prend un tournant nouveau durant les années 1970. Le caractère occulte des relations franco-africaines est désormais définit par le néologisme “Françafrique”, expression qui dénonce les coups d’Etat et interventions sur le continent noir menés par des mercenaires à la solde de l’Etat français, relayés parfois par les Marocains. C’est que dans le contexte de guerre froide des années 1970, Hassan II a choisi son camp : ce sera l’Ouest. Le Maroc apporte notamment son soutien au dictateur Mobutu, l’assassin du leader de gauche Patrice Lumumba. Le royaume va jusqu’à accueillir des mercenaires en route pour déstabiliser des régimes de gauche africains. “Le marché des missions secrètes est si prospère en Afrique que je ne tarde pas à être de nouveau sollicité. Le contact vient cette fois d’un agent marocain”, raconte dans ses mémoires le célèbre mercenaire Bob Denard. Courant 1977, à Paris, où Denard a établi sa base arrière, l’agent des services secrets marocains lui aurait fait rencontrer le docteur Emile Derlin Zinzou, l’ancien président du Dahomey, destitué en juillet 1969 suite à un coup d’Etat. Le Dahomey, devenu la république populaire du Bénin, est désormais gouverné par le général Mathieu Kérékou qui a instauré un régime d’inspiration marxiste-léniniste. Bob Denard raconte avoir été contacté par le Maroc car Kérékou embarrasse le royaume depuis qu’il a pris parti pour le Front Polisario en reconnaissant la république sahraouie. L’homme gêne aussi la France qui désire le renverser pour “le remplacer par quelqu’un de plus proche des vues françaises”, raconte Jacques Foccart, l’éminence grise de l’Hexagone pour les affaires africaines. Ce dernier connaît très bien Bob Denard pour avoir déjà fait appel à ses services afin d’organiser des opérations militaires et des coups d’Etat sur le continent noir.

    La France marchant main dans la main avec le Maroc, Bob Denard estime qu’il peut s’engager dans cette affaire car il bénéficiera “d’appuis sérieux et de fonds conséquents”. “Mister Bob”, comme on le surnomme, dépêche un jeune officier en reconnaissance dans la capitale béninoise, Cotonou. Se faisant passer pour un touriste, ce dernier séjourne une semaine sur place pour évaluer les forces armées de Kérékou. Fort du rapport de son espion, Bob Denard juge qu’une opération militaire menée par des mercenaires serait le moyen le plus efficace de blackbouler Kérékou du pouvoir. Il en fait part aux parties prenantes dans l’opération, et notamment à Hassan II qui lui aurait fait “un premier versement de cent quarante cinq mille dollars” pour amorcer l’opération.

    Benguerir, base de chiens de guerre

    Bob Denard lance une campagne de recrutement de mercenaires, employant des Béninois exilés, qui seront épaulés par des Européens enrôlés grâce à des petites annonces publiées dans des quotidiens français. Bob Denard se fait appeler “colonel Maurin” pour les besoins de l’opération. Il n’informe aucune de ses recrues de la nature de la mission. Tous ignorent leur destination. Ce n’est qu’à l’aéroport, en recevant leurs billets d’avion, qu’ils découvrent leur port d’arrivée : le Maroc. Les chiens de guerre arrivent par petits groupes au royaume où, toujours selon Bob Denard, ils sont accueillis par des membres de la Gendarmerie royale. Ils sont ensuite conduits sur la base militaire de Benguerir qui, à l’époque, est considérée comme la base d’intervention du 13ème régiment de parachutistes français, une unité qui fournit le service action du SDECE en hommes de main.
    Bob Denard et son armée privée, composée de quatre-vingt-dix soldats de fortune, s’entraînent un mois complet sur la base de Benguerir. Ils sont équipés de fusils d’assaut, de mitrailleuses, de mortiers et de lance-roquettes. Bob Denard affirme avoir rencontré deux fois Hassan II pendant les préparatifs de l’opération. Le souverain lui aurait garanti, pendant l’un de leurs entretiens, son soutien plein et entier. “Après avoir versé son obole, le roi du Maroc nous garantit par contrat que le docteur Zinzou (ancien président du Bénin) nous allouera, pour sa part, quatre cent mille dollars”, raconte-t-il dans ses mémoires. Le 15 janvier 1977, Bob Denard et ses mercenaires sont passés en revue par le colonel Dlimi. Ils s’apprêtent à embarquer pour le Gabon, avant de débarquer au Bénin. Nom de code du coup d’Etat en cours : opération Crevette.

    Denard, barbouze de Sa Majesté

    A leur arrivée à Cotonou, “Mister Bob” et son armée privée rencontrent une opposition farouche. Denard n’arrive pas à prendre le contrôle de Cotonou et doit réembarquer l’après-midi même avec ses troupes. L’opération est un fiasco total, le commando de Denard en déroute est rapatrié au Gabon, avant de rejoindre le sud du royaume, “en accord avec les autorités marocaines”, écrit le mercenaire. L’opération Crevette aurait pu rejoindre la longue liste des coups d’Etat foireux d’après-indépendance en Afrique, restés auréolés de mystère. Sauf que là, Bob Denard abandonne derrière lui une caisse de munitions contenant les documents de l’expédition. La “Crevette” est décortiquée par Kérékou qui met en cause le Maroc et ses alliés français et gabonais. Pour ne rien arranger, les documents oubliés par Bob Denard sont intégralement publiés par la revue Afrique-Asie et établissent l’implication du Maroc dans le complot contre Kérékou. (…)

    telquel-online.com, 20 août 2013

    Photo : Bob Denard aux Comores

    Tags : Maroc, France, services secrets, Bob Denard, Algérie, Sahara Occidental, Mathieu Kérékou, Bénin, Dahomey, mercenaires, Mehdi ben Barka,

  • Quand le couple Sarkozy se ressourçait au Maroc

    Le couple Sarkozy se ressource à Marrakech

    Maroc.- L’ex-président Nicolas Sarkozy et sa femme Carla séjournent dans la célèbre ville ocre. Ils occuperaient une villa qui, selon la presse marocaine, leur aurait été offerte par un riche homme d’affaires.

    L’ancien président avait laissé entendre qu’il partirait en vacances dans les jours qui suivaient la passation de pouvoirs à l’Elysée. Dès le lendemain de l’investiture de son successeur François Hollande, Nicolas Sarkozy s’est envolé pour le Maroc en compagnie de son épouse Carla Bruni-Sarkozy.

    Le couple est arrivé mercredi soir à Marrakech pour une visite privée, selon des autorités locales. Tous deux ont ensuite quitté l’aéroport vers une destination qui n’a pas été officiellement précisée. Ils devraient y séjourner jusqu’au 31 mai.

    «Je vais m’occuper de ma fille», aurait confié l’ex-président à des proches. Selon une autre source, Nicolas Sarkozy envisagerait de prendre «trois mois de vacances». L’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand a, par ailleurs, laissé entendre dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles que Nicolas Sarkozy a «besoin de se reposer et de profiter des siens et qu’il fera part de ses projets [professionnels] à la rentée».

    Selon le site internet Slate.fr, Nicolas Sarkozy pourrait s’installer quelques mois dans une villa de près de 700 m2 que le couple posséderait depuis fin 2011.

    A l’époque, ainsi que le relate le site internet marocain i-Biladi.com, l’hebdomadaire Al Ousboue avait indiqué qu’un riche homme d’affaires des Emirats arabes unis avait offert cette luxueuse demeure à un «chef d’Etat européen à l’occasion de la naissance récente de son bébé».

    La presse marocaine rapporte également que la villa ferait partie d’un projet immobilier du groupe Emaar. Les demeures de ce standing seraient vendues à partir de 700’000 euros (840’000 francs).

    Comme beaucoup de politiciens ou membres du show business, l’ancien président français et son épouse sont des habitués de Marrakech.

    En 2007, pour son premier déplacement sur sol marocain en tant que chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy s’était vu mettre à disposition par le roi du Maroc Mohammed VI l’une de ses propriétés, le Jnan Kebir (en français: Le Grand Jardin) , et avait été reçu au Royal Mansour, célèbre Palace en passe de détrôner la fameuse Mamounia.

    La Tribune de Genève, 18.05.2012

    Tags : Maroc, Nicolas Sarkozy, France, Mohammed VI,

  • Trahis par la France, les USA et l’Allemagne se retirent du G5 Sahel

    Malijet – En fin 2010, La France sarkoziste avait convaincu ses alliés de l’OTAN sur son projet de recolonisation du Sahel qui devait passer obligatoirement par l’assassinat du colonel KADHAFI et par l’affaiblissement de l’Union Africaine.

    Après l’atteinte des objectifs en 2011 par l’assassinat du Guide Libyen et la déstabilisation du Mali en 2012, arriva le partage du butin.

    C’est ainsi que le 15 février 2014 à Londres, les 5 puissances impérialistes que sont, les USA, l’Allemagne , la Chine, l’Angleterre et bien sûr la France se sont retrouvées pour se partager les richesses du basin de Taoudéni et environnant. La monnaie d’échange était, comme vous l’aurez pressenti, la lutte contre le terrorisme qu’ils ont créé à partir de la Libye.

    Mais quelque chose d’inattendu va se produire. En effet au lendemain de cette rencontre de deal occidental, à Nouakchott en Mauritanie, la France va créer un autre G5 Sahel dont les pays concernés sont : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.

    Désormais, la France se positionne en intermédiaire commerciale et tutrice militaire des pays du G5 Sahel, dépourvue d’armées selon Paris, dans la lutte contre le terrorisme. La France s’auto proclame aussi trésorière du G5 Sahel sans en être membre théoriquement.

    En outre, elle a le monopole du marché d’armement et commande toutes les forces présentes au Nord Mali. Elle occupe tous les postes de responsabilité de la MINUSMA. Elle en fait son deal. Ses entreprises peuvent alors prospérer en terrain conquis sans nullement être inquiétées.

    Alors, de Total – qui exploite le pétrole de la Mauritanie et qui fournit la totalité du carburant aux troupes présentes sur le terrain,- à Bouygues, Vinci et Areva qui exploite l’uranium, en passant par Arquus, la France a de quoi desserrer la ceinture.

    Jouant ainsi sur ses liens colonialistes avec les pays du G5 Sahel, la France a fini par faire de l’ombre à ses principaux alliés qui se sentent aujourd’hui trahis. Le président Macron en conditionnant l’aide internationale à la volonté de la France, a administré une piqure de rappel à la Communauté Internationale, sur sa propriété, le G5 Sahel.

    Celui qui voudrait donc aider les pays dans ce pré carré, doit avoir l’aval de la France. Loin de considérer les Dirigeants des Etats africains souverains comme ses pairs, le président Français n’a trouvé mieux qui sied que de les infantiliser.

    Pour paraphraser cette sagesse des dirigeants du G5 Sahel, l’esprit des peuples des pays Africains souverains traduit ceci : « tous ceux qui infantilisent nos dirigeants et ridiculisent nos FDS, fussent-ils des alliés, des partenaires ou autres coopérants dans cette lutte contre le terrorisme sont pires que les terroristes ».

    Nous pensons donc qu’il n’y aura pas grand chose à dire à Pau, ce 13 Janvier. Les dirigeants du G5 sahel voudraient certainement « observer de près » le premier responsable du terrorisme au sahel, la France, par qui la gangrène a pris racine après la déstabilisation de la Libye, en la mettant à l’épreuve de sa responsabilité. Les Dirigeants ouest africains l’ont d’ailleurs signifié dans leur déclaration à Niamey.

    Mais l’Afrique n’a pas besoin de la présence physique de l’armée française. La France en plus du CFA qu’elle fabrique à Chamalières, doit arrêter de fournir des armes aux terroristes en soutenant l’intenable alibi qu’elles ont été détournées de leur destination.

    A quel gouvernement légitime Africain la France a-t-elle livré des commandes d’armes et qui ont été ensuite détournées au profit des groupes terroristes? Seule la France, championne des réprimandes, connait la réponse et pourra nous en dire plus sur les sanctions internationales prévues à cet effet.

    Enfin le terrorisme au Sahel peut prendre fin si la France décide de se désolidariser des groupes terroristes qu’elle blanchit à Kidal.

    L’intégrité totale du Mali peut être retrouvée. Primo en coupant la fourniture du FCFA et en remettant Kidal au pouvoir de Bamako. Secundo, Barkhane doit aménager en Libye pour aider à reconstruire ce qu’elle a détruit.

    C’est-à-dire restaurer à titre posthume la dignité du Guide qu’elle a littéralement bafouée dans un complot savamment orchestré au sein de l’OTAN et aussi remettre à la Libye son intégrité et sa cohésion qui faisaient d’elle un eldorado africain. Ainsi prendra fin ce néo-esclavagisme instauré contre des africains et entretenu depuis la Lybie.

    Le Président
    Larba Israël LOMPO

    Œil D’Afrik

    Source : Malijet, 7 jan 2020

    Tags : Mali, France, Barkhane, Libye, France, Kadhafi, terrorisme, armes,

  • Printemps arabe et commerce d’armement

    Ce hors-série de Renseignor est consacré à l’armement des groupes impliqués dans ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le printemps arabe. Deux exemples ont été choisis : La Syrie et la Libye.

    Les différentes forces en présence ont chacune leurs filières d’approvisionnement. Ainsi c’est principalement la Russie qui arme Damas, alors que l’Armée syrienne libre et ses alliés du moment reçoivent leur armement par des voies un rien moins officielles. Mais posséder des armes
    ne suffit pas à renverser un gouvernement solidement établi. Il est donc nécessaire d’instruire les insurgés. Cela se ferait dans des camps hébergés par certains des voisins de Damas, mais également par des forces spéciales étrangères déployées plus ou moins secrètement en Syrie.

    C’était déjà le cas en Libye, l’année dernière, où de nombreux membres des forces spéciales qataries se trouvaient aux côtés de l’insurrection orchestrée par le CNT.

    L’exemple libyen devrait peut-être faire réfléchir les pays qui soutiennent les insurgés syriens. Bien que libérée de son dictateur et de ses proches, la Libye n’a pas vraiment retrouvé sa sérénité et encore moins son unité. Des affrontements armés y sont encore fréquents, notamment dans le sud, entre tribus rivales. Les plus pessimistes évoquent même une partition de la Syrie en trois États fédéraux.

    De plus n’oublions pas que les armes fournies, notamment par la France, ne sont pas toutes restées en Libye, loin s’en faut. Certaines sont allées directement dans les mains de groupes affiliées à Al-Qaïda au Maghreb islamique, alors que d’autres, conservées par des mercenaires africains ayant soutenu Kadhafi, ont servi la rébellion touareg. Cela a été lourd de conséquences. Il suffit pour s’en persuader d’observer la situation qui prévaut dans le nord du Mali.

                                                                                                                   Alain Charret.

    Des négociations secrètes entre des Libyens et des émissaires de l’opposition syrienne se seraient tenues à Istanbul…

    Selon Al-Watan Libya, pro CNT, une source fiable confirme qu’il y a eu des négociations, sous le  parrainage de la Turquie, entre des rebelles syriens et les Libyens dirigés par Abdelhakim Belhadj, pour la livraison d’armes aux rebelles de la Syrie et pour les aider à renverser le régime de Bachar Al-Assad.

    Par ailleurs, le journal Telegraph annonce que les rebelles de la Syrie ont tenu des pourparlers secrets avec les nouvelles autorités libyennes pour sécuriser l’envoi d’armes et d’argent, afin de contrer le régime du président Bachar Al-Assad. Le journal ajoute : « Lors de la réunion tenue à Istanbul, les Syriens ont demandé de l’aide aux représentants libyens qui vont leur offrir des armes et des volontaires ». Le journal cite d’une source libyenne : « Il est prévu d’envoyer des armes et peut-être des combattants libyens en Syrie. Il y a une intervention militaire en route. Dans quelques semaines, nous allons voir cela ».

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 29-11-2011)

    Selon Ria Novosti, le Qatar serait impliqué dans la fourniture d’armes et de munitions à la rébellion syrienne…

    L’agence officielle russe Novosti a rapporté, citant des sources diplomatiques, que certains services de renseignement tentent de fournir des armes aux formations armées illégales qui opèrent à l’intérieur de la Syrie et de les entraîner, signalant que le Qatar est l’un des plus actifs pays dans ce domaine. « Les Qataris, en particulier, jouent le rôle principal dans la planification du transfert d’armes et de munitions de la Libye à la Turquie, pour les fournir aux membres de la soi-disant Armée syrienne libre. Ils œuvrent également pour lui accorder un soutien financier par le biais du Conseil national de transition libyen » ajoutent ces sources.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 03-12-2011)

    Le Qatar et l’Arabie saoudite financeraient clandestinement l’achat d’armes destinées aux opposants syriens…

    Le quotidien britannique The Times a dévoilé que le Qatar et l’Arabie saoudite ont clandestinement accepté de financer l’opposition syrienne, afin d’acheter des armes. Citant ce qu’il a appelé « un dissident syrien », The Times a fait savoir que l’accord secret entre le Qatar, l’Arabie saoudite et des
    personnalités de l’opposition syrienne, avait eu lieu au terme de la dernière réunion, au Caire, des ministres arabes des Affaires étrangères. Le quotidien britannique a poursuivi que ledit dissident avait dit que l’Arabie saoudite n’épargne aucune aide et que la Turquie est aussi impliquée dans les événements en Syrie. Notons que The Times n’est pas le seul à avoir parlé de la conspiration des pays du golfe Persique contre la Syrie. Des rapports de renseignement cités par le quotidien Al-Manar paraissant à Al-Qods, ont révélé que les États-Unis, Israël et la France avaient transformé des parties des territoires turcs et libanais en camps pour regrouper, recruter et entraîner des mercenaires et des terroristes, sous la supervision des équipes sécuritaires et de renseignement du Qatar, de l’Arabie saoudite, d’Israël, de la France et de la Turquie. Les rapports ont aussi dévoilé que les parties participant à la conspiration contre la Syrie avaient cherché à attiser le terrorisme sur la scène syrienne, précisant que la réussite de la Syrie à faire face à la conspiration signifie l’effondrement des plans américano-sionistes dans la région. Ils ont affirmé que les plans conduits par le Qatar ne visent pas seulement la Syrie. Nombre de pays de la région sont visés par la conspiration qatarie qui entraîne des cellules terroristes pour exécuter des assassinats dans des pays arabes, précisent les rapports.

    (La voix de la république islamique d’Iran, le 28-01-2012)

    Des armes destinées à l’insurrection syrienne transiteraient par le nord du Liban…

    Le représentant permanent de la Syrie auprès des Nations-Unies, Bachar Al-Jaafari, a annoncé que certains groupes politiques libanais avaient fourni des armes aux groupes terroristes syriens. « Selon les experts et les observateurs, les armes et les munitions sont acheminées vers la Syrie via les pays frontaliers, dont les frontières du nord du Liban, par le mouvement du 14 mars, a fait état Reuters citant le représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU, Bachar Al-Jaafari, avant d’ajouter que jusqu’à présent plusieurs cargaisons chargées d’armes et d’explosifs avaient été découvertes par les forces syriennes. Bachar Al-Jaafari a envoyé une lettre à Ban Ki-moon pour exprimer la vive protestation de son pays contre le trafic d’armes à destination des groupes terroristes opérant en Syrie.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 28-03-2012)

    Au Liban, arrestation de deux individus soupçonnés de trafic d’armes à destination de la Syrie…

    La justice libanaise a ordonné l’arrestation de deux personnes accusées de trafic d’armes. Ces deux personnes trafiquaient des armes, via la région d’Ersal, à destination de la Syrie. L’armée libanaise a mené, ces derniers jours, une vaste opération pour dénicher des trafiquants à l’origine d’un vaste trafic à destination de la Syrie.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 08-02-2012)

    Un trafic d’armes destinées aux insurgés syriens démantelé par les services de renseignement libanais…

    La Direction des renseignements de l’armée libanaise vient de déjouer un trafic d’armes de Beyrouth vers la Syrie. La transaction aurait concerné un millier d’armes, M-16 et Kalachnikov notamment, qui devaient être convoyés par bateau de Beyrouth vers la Syrie. Les agents militaires ont également découvert une cache d’armes et de la cocaïne. Une source sécuritaire a rapporté au quotidien As-Safir que trois Libanais, impliqués dans un trafic d’armes vers la Syrie, ont été récemment arrêtés et une enquête est actuellement en cours sur les accusés qui appartiennent au courant du 14 mars. Il a ajouté qu’il ne s’agit pas de leur première tentative, tout en soulignant que le cerveau de cette opération de trafic d’armes court toujours.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 10-08-2011)

    L’Arabie saoudite et le Qatar abriteraient des bases d’entraînement pour des mercenaires agissant en Syrie…

    Des bases militaires ont été édifiées depuis un an en Arabie saoudite, au Qatar et en Turquie, pour entraîner des mercenaires arabes et musulmans et les envoyer en Syrie. C’est l’agence arabophone irakienne Nakheel News qui a publié cette information, sur la foi d’un rapport du département du
    Proche-Orient affilié à un service de renseignement d’un pays européen, dont elle n’a pas précisé la nationalité. Ces mercenaires sont entraînés par des militaires israéliens, américains et turcs, et perçoivent des salaires astronomiques. Le rapport cite qu’il existe aussi des stations conçues pour
    transférer des armes en Syrie, via des trafiquants d’armes travaillant, entre autres, pour la société de sécurité américaine Blackwater et dont le siège se trouve à Abou Dhabi, et dont les dirigeants jouissent d’immunité judiciaire. L’une de ces stations se trouve au Liban, et en particulier dans les régions qui sont sous le contrôle du chef du Courant du futur, Saad Hariri, et des forces libanaises de Samir Geagea.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 17-11-2011)

    Les rebelles syriens utiliseraient des roquettes antichars de fabrication israélienne…

    Selon Yediot Aharonot, Israël équipe les rebelles syriens de roquettes antichars. C’est Burhan Ghalyoun, le chef du CNS qui aurait demandé à Israël de fournir aux rebelles ces roquettes qui sont utilisées à Homs et à Idleb face aux troupes syriennes.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 09-02-2012)

    Des armes américaines et israéliennes saisies par les forces de sécurité syriennes…

    Des armes Made in USA et israéliennes ont été découvertes dans différentes régions syriennes, a fait état le ministère syrien de l’Intérieur. « Les forces syriennes ont découvert et saisi, lors d’opérations dans différentes régions du pays dont à Douma, Harsta et Saqba, des armes fabriquées aux États-Unis et en Israël » a annoncé le ministère syrien de l’Intérieur dans un communiqué cité par la chaîne Al-Manar. Lors de ces opérations, des terroristes ont également été tués ou arrêtés, toujours d’après le communiqué du ministère syrien.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 31-01-2012)

    Du matériel militaire saoudien destiné à l’Armée syrienne libre…

    Selon un diplomate arabe du matériel militaire saoudien serait en route pour la Jordanie afin d’équiper l’Armée syrienne libre. Une information qui est démentie par Amman.
    (Médi-1, le 18-03-2012)

    L’ambassade de France à Damas soupçonnée d’être impliquée dans l’importation de mini-bombes magnétiques…

    Selon des sources bien informées, quelques 700 kilogrammes de mini-bombes magnétiques destinées à tuer des personnalités politiques et religieuses syriennes ont été importées via l’ambassade française à Damas.
    (La voix de la République islamique d’Iran, le 09-03-2012)

    Moscou n’entend pas cesser ses livraisons d’armes à la Syrie…

    La Russie poursuivra ses livraisons d’armes à la Syrie en conformité avec les normes internationales et les engagements bilatéraux a annoncé, jeudi, aux journalistes, à Moscou, le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov. « À l’heure actuelle, il n’existe aucune restriction concernant nos livraisons, nous devons remplir nos obligations et nous le ferons. Nous ne violons aucun de nos engagements internationaux » a déclaré M. Antonov. Face à la contestation populaire meurtrière qui se poursuit en Syrie depuis mars dernier, plusieurs pays occidentaux proposent de décréter un embargo international sur les livraisons d’armes à Damas, mais la Russie s’oppose à cette mesure. La Syrie est le principal importateur d’armes russes dans la région. Actuellement la Russie exécute le contrat portant sur la livraison à Damas de systèmes de défense côtière Bastion dotés de missiles antinavires Yakhont. Le quotidien russe Kommersant a en outre rapporté que Moscou et Damas avaient signé un contrat sur la livraison de 36 avions d’entraînement et de combat Yakovlev Yak-130. Selon le journal, le montant du contrat s’élève à environ 550 millions de dollars.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 02-02-2012)

    Damas serait en passe d’acheter 36 avions de combat à la Russie…

    La Syrie pourrait acheter à la Russie 36 avions militaires. C’est ce que croit savoir ce matin la presse russe et ce alors que le régime de Damas fait l’objet de sanctions internationales.
    (Médi-1, le 23-01-2012)

    La Syrie va acheter à la Russie 36 avions militaires d’entraînement Yak-130 alors que le régime syrien fait l’objet de sanctions internationales en raison de la répression d’un mouvement de contestation sans précédent, écrit lundi le quotidien russe Kommersant. « Moscou et Damas ont signé un nouveau contrat sur la livraison de 36 avions d’entraînement Yak-130 qui prendra effet dès que la Syrie aura versé une avance » a indiqué le journal citant une source proche de l’agence publique russe d’exportation d’armements Rosoboronexport. Le montant du contrat s’élève à environ 550 millions de dollars, a précisé cette source. Rosoboronexport s’est refusé à tout commentaire.
    (La voix de la République islamique d’Iran, le 23-01-2012)

    Moscou compte fournir à la Syrie 36 avions militaires d’entraînement, une transaction évaluée à 550 millions de dollars. C’est ce qu’indique le quotidien russe Kommersant qui précise que le contrat a été signé le mois dernier et que le transfert de ces avions commencera dès qu’aura été effectuée une première avance de fonds.

    (Kol Israël, le 23-01-2012)

    Des containers destinés à la Syrie contiendraient des composants utilisés pour la fabrication de missiles…

    L’Agence internationale de l’énergie atomique a demandé à la Turquie de lui remettre toutes les informations sur les matériaux découverts dans quatre containers envoyés par l’Iran en Syrie. Selon certaines informations en provenance de Turquie, les containers avaient été retenus à un poste
    frontalier turc et étaient chargés de produits destinés à la fabrication de missiles balistiques pouvant porter des ogives chimiques.

    (Kol Israël, le 20-01-2012)

    Selon l’ONU, Téhéran aurait exporté illégalement des armes conventionnelles en Syrie…

    Selon un rapport des Nations unies, l’Iran a illégalement expédié en Syrie des armes conventionnelles en violation d’un embargo onusien. Mais les sanctions internationales sont parvenues en grande partie à ralentir les programmes nucléaire et de missiles balistiques de Téhéran.

    (La voix de l’Amérique, le 12-05-2011)

    Un navire russe transportant des armes ferait route vers la Syrie…

    Washington s’inquiète du soutien apporté par des puissances étrangères au régime syrien. Un navire russe chargé d’armes est en route vers la Syrie alors qu’un haut gradé iranien était ce mois-ci à Damas.

    (Radio Vatican, le 14-01-2012)

    Les États-Unis sont préoccupés par l’arrivée, jeudi, d’un navire russe qui transporterait des munitions en Syrie, a déclaré vendredi la porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland, citée par Ria Novosti. « Nous avons exprimé notre inquiétude à la Russie et à Chypre, qui a été le dernier à accueillir le navire. Nous cherchons à obtenir plus d’informations sur la cargaison du navire. Nous avons contacté le ministère russe des Affaires étrangères. Ces questions ne relèvent pas du ministère des Affaires étrangères, ils doivent mener une enquête, avant de nous répondre. Nous attendons une réponse » a indiqué Mme Nuland lors d’un point presse. Selon les autorités chypriotes, le navire Chariot battant pavillon de Saint-Vincent-et-les-Grenadines et appartenant à la société maritime russe Westberg Ltd de Saint-Pétersbourg, transporte des armes et des munitions. Il a été arraisonné, puis relâché, lors d’une escale de réapprovisionnement à Limassol.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 14-01-2012)

    Moscou poursuit ses livraisons d’armes à la Syrie…

    « La Russie ne suspend pas ses livraisons d’armes en Syrie prévues par des contrats conclus auparavant » a déclaré dimanche Viatcheslav Dzirkaln, directeur adjoint du Service fédéral russe pour la coopération militaire et technique. « Du moment qu’il n’y a pas d’embargo sur les livraisons d’armes en Syrie, la Russie s’acquitte de tous ses engagements découlant des contrats qui avaient été conclus précédemment » a indiqué à l’agence RIA Novosti le responsable russe, lors d’une conférence de presse dans le cadre du 12e salon aérospatial de Dubaï.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 14-11-2011)

    Téhéran rejette formellement les allégations l’accusant de fournir des armes à la Syrie…

    Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, a estimé mardi que les accusations de la France sur l’envoi d’armes en Syrie étaient sans preuve et sans fondement. Les déclarations des responsables français sont inexactes. Malheureusement, régulièrement on assiste à des prises de positions politiques sans preuve et sans fondement de la part de responsables de certains pays européens et cette fois de responsables français, a déclaré M. Mehmanparast, lors de son point de presse hebdomadaire.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 17-01-2012)

    Les autorités américaines seraient en possession d’informations faisant état d’un transfert d’armes syriennes au Hezbollah…

    L’ambassadeur des États-Unis à Damas, Robert Ford, a déclaré que Washington est toujours préoccupé des relations entre la Syrie et le Hezbollah. Le gouvernement américain est en possession d’informations faisant état d’un transfert d’armes et de matériels militaires syriens au Hezbollah, a-t-il indiqué.

    (Kol Israël, le 09-05-2011)

    L’exemple libyen

    Selon Washington, un navire transportant des armes pour les forces de Kadhafi aurait accosté dans un port algérien…

    Le département d’État américain demande aux autorités algériennes d’enquêter au sujet de l’accostage récemment dans le port de Jijel d’un navire transportant des armes destinées aux forces du colonel Kadhafi. Des armes qui auraient ensuite transité par voie terrestre jusqu’en Libye. Depuis le début du conflit, ce n’est pas la première fois qu’Alger est ainsi pointé du doigt. Mais l’Algérie dément avec fermeté. Hier, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé des manœuvres destinées à mettre la pression sur son pays.

    (Médi-1, le 24-07-2011)

    L’armement destiné aux insurgés libyens transite par la Tunisie…

    « Les insurgés libyens reçoivent via la Tunisie des armements de contrebande pour lutter contre le régime Kadhafi », a annoncé la BBC. Selon des données, les livraisons de mitraillettes et de lance-grenades sont effectuées régulièrement via la frontière avec la Tunisie. Plus tôt, les représentants de l’opposition libyenne avaient demandé à l’OTAN d’effectuer les livraisons officielles de l’équipement militaire via le territoire de la Tunisie. Cependant la fourniture d’armes aux insurgés est illégale parce qu’elle contredit la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

    (La voix de la Russie, le 13-06-2011)

    Des armes belges auraient été livrées aux rebelles libyens après le début de l’intervention de l’OTAN…

    Au terme d’une enquête menée notamment en Libye, Le Vif et L’Express révèlent, dans leur édition de cette semaine, que les rebelles de Benghazi ont reçu des armes belges après le début de l’intervention militaire de l’OTAN, le 19 mars, en violation d’une interprétation stricte de l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par la résolution 1970 du Conseil de sécurité du 26 février 2011. D’après les témoignages recueillis par l’envoyé spécial du Vif, l’armement provenait du Qatar. Mais ces livraisons posent aussi question sur le rôle de la Belgique dans le commerce d’armes à destination des pays du golfe Persique. Première hypothèse : le Qatar a pu décider de réexporter les FN FAL livrés aux rebelles sans en informer la Belgique, ce qu’il a déjà fait avec du matériel suisse, par exemple.

    Seconde hypothèse : le Qatar a pu demander et obtenir l’autorisation de la Belgique. Les autorités belges compétentes rejettent cette dernière possibilité, sans toutefois pouvoir définitivement se dédouaner, problème de confidentialité.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 08-03-2012)

    Des armes turques auraient été livrées à la Libye à bord d’avions des forces aériennes qataries…

    Les avions C-17 des forces aériennes qataries ont transporté les armements offerts par la Turquie au ministère libyen de l’Intérieur, au cours de deux vols, de la Turquie à Misrata. Ce transfert a été effectué sur demande du comité international des amis de la Libye, qui avait tenu, en octobre dernier, une réunion à Doha, au cours de laquelle il avait mis l’accent sur le soutien au nouveau gouvernement libyen et aux efforts sécuritaires déployés par l’OTAN, un rôle décisif dans le renversement du régime Kadhafi.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 11-01-2012)

    Deux navires, transportant des armes destinées aux insurgés, interceptés au large de la capitale libyenne…

    Les rebelles libyens bénéficient toujours de l’aide internationale. Le régime annonce avoir intercepté, hier, à une trentaine de kilomètres de la capitale, Tripoli, deux bateaux transportant des armes venues du Qatar et destinées à la rébellion.

    (Médi-1, le 05-07-2011)

    Des interrogations après qu’un avion libyen ait décollé de Moldavie avec une cargaison d’armes…

    Le parlement moldave a tenu, mercredi, une audience à huis clos sur le cas d’un avion libyen arrivé à Chisinau de Benghazi, le 12 septembre, et reparti avec un chargement d’armes, dans une direction inconnue. « Le ministre moldave de la Défense, Vitali Marinutsa, a reconnu que les munitions et le
    matériel militaire des arsenaux moldaves étaient vendus à l’Arménie », écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Viorel Cibotaru, expert du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées de Genève, a confirmé cette information, en soulignant que la transaction scandaleuse n’avait pas eu lieu sans intermédiaires.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 24-09-2011)

    Selon un quotidien canadien, la Chine aurait offert de grandes quantités d’armes à Kadhafi…

    L’information est révélée par le Globe and Mail canadien. Selon le quotidien, la Chine aurait offert de grosses quantités d’armes au colonel Kadhafi, malgré l’embargo de l’ONU. Ces contrats auraient été passés notamment entre l’Algérie et la Libye voisine. Le journal cite des documents retrouvés sur le terrain. Il l’assure, les compagnies d’armement chinoises contrôlées par l’État étaient prêtes à vendre des armes au régime, en toute discrétion. De hauts responsables libyens auraient aussi fait le voyage pour Pékin et le document recommande aussi que les contrats soient établis avec l’Algérie ou l’Afrique du Sud avec lesquels la Chine a déjà travaillé. Reste toutefois à savoir si ces équipements ont effectivement été livrés. Mais selon un dirigeant du CNT, le document divulgué explique la présence de nouvelles armes sur le terrain.

    (Médi-1, le 05-09-2011)

    La Chine a confirmé que des entreprises appartenant à l’État ont offert de vendre des armes au gouvernement libyen dans les dernières semaines du régime de Moammar Kadhafi, mais Pékin affirme qu’aucune vente n’a été effectuée. Dimanche, le New York Times et d’autres médias ont mentionné que 3 compagnies chinoises d’armement avaient proposé de vendre pour 200 millions de dollars d’armes à des responsables de la sécurité du gouvernement Kadhafi. Les termes de cette offre ont été découverts dans des documents trouvés à Tripoli, la capitale libyenne, précisent les médias. Selon les documents, les firmes chinoises ont tenté de vendre des armes, notamment des lance-roquettes et des missiles portables sol-air. Il y serait apparemment mentionné que la livraison pourrait s’effectuer via des pays tiers en Afrique. Une réunion de ventes s’est tenue à Pékin à la mi-juillet, alors que le régime du colonel Kadhafi était au bord de l’effondrement. Cette rencontre a donc eu lieu après l’adoption en février d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, comportant un embargo sur les ventes d’armements à la Libye. Jiang Yu, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a admis que des entreprises chinoises avaient contacté des officiels du gouvernement Kadhafi. Cependant, le gouvernement chinois n’était pas conscient de ces tentatives et aucun contrat n’a été conclu, a-t-elle affirmé.

    (Radio Japon international, le 06-09-2011)

    Une société allemande soupçonnée d’avoir fourni des armes aux forces libyennes en violation de l’embargo…

    La justice allemande enquête sur de possibles ventes d’armes illégales au défunt dictateur Moammar Kadhafi, qu’aurait effectué la firme allemande Heckler & Koch, selon deux journaux allemands, dimanche. Le parquet de Stuttgart enquête sur une éventuelle livraison illégale à la Libye de plusieurs centaines de modèles du fusil d’assaut G36, celui dont l’armée allemande est équipée. Lors de la conquête de Tripoli, les rebelles libyens ont retrouvé de nombreux fusils d’assaut de ce type dans la résidence du dictateur tué jeudi à Syrte. Or, en raison d’un embargo sur les ventes d’armes, les troupes fidèles à Kadhafi n’auraient pas dû se trouver en possession de ces fusils.

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 24-10-2011)

    Les armes destinées aux insurgés libyens détournées au profit de groupes terroristes

    Des organisations terroristes auraient commandé des missiles sol-air à des trafiquants d’armes libyens…

    Des responsables des services de sécurité égyptiens mettent en garde contre l’augmentation du trafic d’armes, en provenance de la Libye, à destination du Sinaï et de la bande de Gaza. Un trafic qui s’est considérablement renforcé depuis la chute du régime de Moammar Kadhafi. Le Washington Post rapporte que des missiles de type sol-air ont été saisis par les services de sécurité égyptiens alors qu’ils étaient en route pour le Sinaï. Un ancien officier supérieur des services de renseignement égyptiens estime que les organisations terroristes palestiniennes de Gaza ont commandé ces missiles
    à des trafiquants d’armes libyens.

    (Kol Israël, le 14-10-2011)

    Selon Claude Guéant, l’armement destiné aux insurgés libyens à déjà transité en partie jusqu’au Sahel…

    Le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, met en garde contre le renforcement de l’arsenal des groupes terroristes qui sévissent au Sahel se réclamant d’Al-Qaïda. Selon lui, l’armement destiné aux combattants libyens a déjà transité en partie jusqu’au Sahel.

    (Médi-1, le 04-05-2011)

    Selon le New York Times, les armes parachutées par la France aux insurgés libyens auraient été détournées…

    La rumeur courait depuis quelques jours : les armes que la France dit avoir parachutées début juin aux rebelles libyens du Djebel Nefoussa n’apparaîtraient nulle part sur le champ de bataille. Elles auraient disparu. Or voilà que le New York Times publie une enquête qui accrédite cette rumeur. L’envoyé spécial du quotidien américain écrit ceci : « Au cours des deux semaines d’interviews avec des combattants, aucun n’a dit qu’il avait vu les fusils et les mitraillettes que la France dit avoir livrés aux rebelles au printemps. Chaque homme dit que son fusil a été pris sur le champ de bataille. Beaucoup se demandent qui, parmi leurs leaders, a gardé ou détourné ces armes ».

    (La voix de la République islamique d’Iran, le 23-07-2011)

    Les organisations terroristes pourraient profiter du chaos libyen pour se procurer des lance-missiles…

    Selon les déclarations faites à la presse jeudi par la porte-parole du département d’État des États-Unis, Victoria Nuland, les réserves de matériel chimique et nucléaire libyen seraient en sécurité, mais la possibilité existe de voir des lance-missiles portatifs antiaériens transportés hors du pays.
    L’administration du colonel Kadhafi aurait mené un programme nucléaire jusqu’en 2003. Elle s’est également constituée une réserve d’armes chimiques. D’après Mme Nuland, les États-Unis ont localisé les lieux de stockage du matériel d’armement chimique et du Yellowcake, une forme d’uranium concentré, dont disposait le régime et ce matériel serait en sécurité. Toutefois elle a fait part des inquiétudes de son administration concernant les lance-missiles portatifs. La porte-parole a affirmé que les États-Unis travaillaient avec le Conseil national de transition et les pays voisins de la Libye, afin de s’assurer que les armes en question ne tombent pas entre de mauvaises mains. De nombreux pays ont renforcé leurs contrôles relatifs au commerce de lance-missiles, craignant que les organisations terroristes profitent du chaos actuel en Libye pour acquérir des armements avec lesquels elles pourraient s’en prendre à des avions civils. (Radio Japon international, le 26-08-2011)

    Renseignor N° 718, 22 avril 2012

    Tags : Libye, Sahel, terrorisme, Syrie, France, armes,