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  • Opium:

    Par Fouzia Mahmoudi

    Le Président français a fait vendredi dernier un discours sur le séparatisme islamiste en France qui a reçu, selon les familles politiques, un accueil chaleureux, tiède ou outré. Car si du côté des députés La République En Marche et Les Républicains l’on se félicite de la prise de position et de parole d’Emmanuel Macron, l’on est plus circonspect du côté du Rassemblement National où l’on attend que des actes forts suivent les paroles, alors que du côté de l’extrême-gauche, sans surprise, les réactions théâtralement choquées se sont multipliées, que ce soit dans les médias ou même à l’Assemblée nationale.

    Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a d’ailleurs ouvertement accusé, mardi, le parti de La France Insoumise (LFI) d’être lié à un «islamo-gauchisme qui détruit la République», lors de la séance des questions au gouvernement au Parlement. «Je ne m’explique pas qu’un parti comme le vôtre, qui a dénoncé pendant longtemps l’opium du peuple, en soit désormais lié avec un islamo-gauchisme qui détruit la République», a lancé le ministre en réponse à une question d’Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, sur le projet de loi en préparation pour la laïcité et contre l’islam radical.

    «Ce que nous faisons, ce n’est pas simplement manifestement de gêner quelques islamistes radicaux», a ajouté Gérald Darmanin. «Quand j’entends vos propos et ceux de Jean-Luc Mélenchon, je sens qu’on gêne aussi beaucoup de votre corps électoral». Juste avant, Alexis Corbière avait accusé le gouvernement de vouloir «fabriquer un agenda médiatique». «Ainsi, vous contournez les problèmes sociaux et sanitaires qui déchirent notre pays en saturant l’opinion d’une question obsessionnelle : l’islam, l’islam, l’islam», avait lancé le député. «Les lois actuelles permettent déjà largement de régler les problèmes pointés par Emmanuel Macron vendredi dernier», a argumenté le député d’extrême-gauche, en référence au discours du Président sur ce projet de loi qui sera présenté le 9 décembre en Conseil des ministres.

    «Vous pouvez actuellement fermer des écoles clandestines où se développe le fanatisme», a ajouté Alexis Corbière, appelant le gouvernement à plutôt agir contre le «séparatisme des riches qui ont leurs propres écoles, leurs cliniques, qui refusent l’impôt». Mais la prise de position, attendue, des représentants de La France Insoumise résulte de leur stratégie ces dernières années qui consiste à flatter les islamistes en espérant que les électeurs issus de l’immigration nord-africaine, bien souvent à tort considérés comme automatiquement musulmans, suivraient le mouvement et voteraient pour eux. Il est vrai qu’après avoir perdu le vote du prolétariat qui préfère désormais dans son ensemble les programmes du Rassemblement National, le parti d’extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon a choisi de devenir le parti des racialistes, indigénistes et extrémistes de tout poil.

    Reste à voir si cette stratégie sera au moins gagnante sur le plan électoral, bien que pour le moment tous les sondages sur la présidentielle de 2022 laissent Mélenchon loin derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et surtout loin de son score de 19,58 % qu’il avait réalisé en 2017 au premier tour du scrutin présidentiel.

    Le Jour d’Algérie, 8 oct 2020

    Tags : France, Islamophoie, Islam, eligion, politique, 

  • France : L’islamophobie en gants blancs

    par Djamel Labidi

    J’ai écouté le discours récent du Président français Emmanuel Macron, le 4 octobre dernier, sur «les séparatismes». L’impression qu’il m’en reste peut se résumer en quatre mots: deux poids, deux mesures.

    Le discours est au départ humaniste, civilisé, et, même, disons-le, élégant. Il se refuse à instrumentaliser contre les musulmans la laïcité, et à réduire celle-ci , au final , à une caricature d’elle même. Il fait l’analyse sociologique des causes de la révolte et du développement de l’islamisme dans les quartiers dits difficiles. Il les voit dans les inégalités sociales et culturelles, et dans la marginalisation sociale. Mais le discours se termine, pour son côté concret, par une série de mesures discriminatoires. C’est dommage. Une islamophobie bien pensante, élégante, en gants blancs. Le thème du discours, celui des» séparatismes» est, au début, mis au pluriel. Il se veut ainsi non discriminatoire. Mais ce pluriel s’efface vite pour laisser la place au thème réel, au seul objet du propos, lui au singulier : «le séparatisme islamiste».

    – Lorsqu’il s’agit de contrôler les financements des mosquées et des associations religieuses, ou culturelles c’est de l’Islam qu’il s’agit.

    – Lorsqu’il s’agit de contrôler le recrutement ou la formation des hommes de religion il s’agit des imams.

    – Lorsqu’il s’agit du contrôle des établissements scolaires étrangers en France, il s’agit de ceux des pays arabo-musulmans, notamment des pays du Maghreb. Bref. Une série de mesures discriminatoires envers les musulmans de France , et même les arabes, ou ceux censés l’être …à première vue. La discrimination : là est le fond du problème, là est la source des problèmes Et elle s’accroit au moment même où on déclare vouloir la combattre.

    Des mesures discriminatoires

    – Une série de mesures concerne le contrôle du financement des lieux de cultes musulmans et des associations religieuses et culturelles musulmanes. L’argument essentiel est que des financements viendraient de l’étranger, d’autres pays musulmans notamment. Pour les autres cultes le problème n’est même pas évoqué.

    Une enquête du journal français «Libération» révélait que c’est une idée reçue que celle du financement du culte musulman par des Etats étrangers: 70 à 80% des sommes viennent de collectes parmi les fidèles. Quant au reste, l’argent venant de l’étranger (mécènes et Etats) il va principalement aux grandes mosquées, ce qu’on appelle les «mosquées cathédrales» et qui sont loin d être des lieux de «l’Islam radical». («Liberation», 3 novembre 2016, six idées reçues sur le financement des mosquées et des cultes musulmans»). Le même rapport signale que c’est une autre idée reçue que de penser que ces financements proviennent de l’Arabie saoudite ou du Qatar mais qu’ils provenaient des pays d’origine des musulmans en France, principalement de l’Algérie et du Maroc et dans une moindre mesure de la Turquie. Par contre, une organisation comme «le Fonds social juif unifié», créé en 1950 en France, peut dire ouvertement sur son site, qu’Israël finance ses programmes éducatifs et sociaux sans qu’on trouve officiellement en France à redire ( cf site internet «Appel unifié juif de France « ).

    C’est le cas aussi des Eglises évangélistes françaises qui ont des relations étroites avec leurs consœurs à l’étranger, en particulier aux Etats Unis. Elles entretiennent plus de 350 missionnaires à l’étranger et tout un réseau notamment en Afrique francophone, ainsi qu’en Algèrie et dans tout le Maghreb, à travers le MENA (« ministère évangélique parmi les nations arabophones»). On évaluait en 2005 entre 20 000 et 30 000 le nombre, en Algérie, de protestants évangéliques issus de l’Islam ( cf «cairn.info, les protestants évangéliques français, 2005 ).

    Ailleurs, ces financements ne sont pas dramatisé à outrance: c’est ainsi qu’en Algèrie, la basilique de Saint Augustin à Annaba et l’Eglise «Santa Cruz» à Oran ont été rénovées avec la participation de l’Etat algérien mais aussi de donateurs étrangers ( Etats, comme l’Allemagne, et mécènes). Personne n’a crié au scandale.

    – Un autre train de mesures vise à la formation «nécessairement en France» des hommes de religion. L’argument est le refus qu’ils viennent de l’étranger. Mais ceci vise uniquement les imams.

    Il suffit simplement de signaler, à ce propos, qu’en 2012, on recensait 1689 prêtres étrangers catholiques dans les diocèses de France ( cf Wikipédia, «Eglise catholique en France»).

    Il est exigé, par ailleurs, des imams qu’ils aient un bon niveau de français. Exige-t-on un bon niveau d’Arabe des moines et des prêtres chrétiens en Algèrie et au Maghreb. Exige-t-on qu’ils officient en arabe, ce qui serait au fond possible , comme cela se fait au Liban, en Irak, en Syrie, en Egypte pour ce qui est des coptes. Mais personne ne le demande et c’est tant mieux.

    En Algèrie, et dans d’autres pays arabes et musulmans, les prêtres, les moines viennent bien souvent d’autres pays, notamment de France, sans que personne ne s’en formalise.

    Ces mesures sont présentées au nom de la défense de l’Etat laïque. Elles annoncent en fait son effondrement. En effet, sa base même, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, s’affaiblit ainsi peu à peu, pour laisser la place au contrôle de l’Etat sur la religion dés qu’il s’agit de l’Islam. D’ailleurs le socle de la laïcité en France, la loi de 1905, va être modifiée pour la première fois depuis 115 ans, à cause de…l’Islam.

    – Il y a enfin aussi les mesures concernant le contrôle des établissements scolaires, notamment les lycées, dépendants d’autres Etats, comme c’est le cas des lycées et établissements algériens en France.

    Les dispositions, à ce sujet, sont particulièrement choquantes. Le président Macron est allé, là aussi, jusqu’à parler du contrôle du niveau de français des enseignants. S’il y a bien des lycées importants, influents socialement et culturellement au Maghreb, et ailleurs en Afrique, notamment à travers la formation des élites, ce sont bien les lycées français. Exige-t-on en Algèrie, un contrôle du niveau en Arabe des enseignants français..

    Le 24 juillet 2020, Au Liban, devant la banqueroute financière de l’Etat, le ministre français des affaires étrangères, jean Yves le Drian, avait tenu à annoncer une aide de 15 millions d’euros ….»aux écoles francophones, pilier du système éducatif» ( cf le Monde, «En visite dans un Liban en crise, Jean- Yves Le Drian ), 25 juillet 2020 ). Il faut donc rapprocher ceci de cela.

    Les mesures annoncées ou prévues sont discriminatoires au sens plein du terme. Elles n’ont même pas pour argument la réciprocité car, en face, la tolérance est bien plus grande quoique certains en pensent. Mais de cela, l’opinion en France n’ est pas informée.

    En fait tout cela prend sa source dans une vision complètement fantasmatique, paranoïaque «d’une invasion et d’une menace arabo-islamique. Cette vision semble, désormais, gagner les plus hautes sphères françaises. «Il faut libérer l’Islam en France des influences étrangères», a proclamé le président Macron dans son allocution. On a l’impression d’une razzia sur le sol français. S’il y a menace et invasion et si ces mots pouvaient avoir un sens, elles ne sont certainement pas du côté de l’Islam ou du monde arabe. Imaginons une France, où la plupart des écoles et lycées auraient une grande partie de leurs programmes en arabe. Imaginons une France où la moitié des universités enseigneraient en Arabe. Imaginons une France où une grande part des affaires, des échanges commerciaux se dérouleraient en Arabe. Imaginons une France, où les Français dans la rue parleraient arabe. Et bien, c’est ce qui se passe en Algèrie et au Maghreb ou au Liban, et ailleurs en Afrique, mais au profit du français. S’il y a menace sur l’identité, s’il y a problème civilisationnel, ce n’est surement pas le cas pour la France. Soyons sérieux. Dans cette vision inversée de la réalité, qui sert hélas de pensée à une partie des élites françaises, dans cet esprit rejoignant celui moyenâgeux des croisades, dans cette véritable aliénation à une représentation fantasmatique de l’Islam , dans cette peur pathologique, on se demande comment pourrait progresser une pensée rationnelle, progressiste, comme c’était le cas en d’autres temps comme au siècle des lumières. La pandémie du Corona a joué à cet égard un rôle révélateur, dévoilant l’effondrement de l’esprit scientifique, le glissement vers l’irrationnel, vers la pensée magique, vers des théories complotistes à la recherche tôt ou tard de boucs émissaires, et cela dans des pans entiers de la société, y compris la plus instruite, y compris dans des milieux traditionnellement progressistes.

    «Charlie Hebdo» et le «droit au blasphème»

    J’écoutais ainsi, le même jour, celui du 4 octobre, sur BFM TV, l’interview de Riss, Directeur de publication de Charlie Hebdo. C’est comme si l’actualité traçait un trait entre les deux évènements, cette interview et le discours du Président Macron.

    Riss est un personnage attachant, s’il en est. Et pourtant, soudain, il dit, signe du climat dominant, et sans qu’on comprenne la logique de son propos : « L’existence de Dieu n’a jamais été démontrée scientifiquement. C’est une hypothèse.» Comment peut-on dire tant de bêtises en si peu de mots. On voit donc le bagage intellectuel qui a servi aux caricatures du prophète. Si l’existence de Dieu n’a pas été démontrée, son inexistence l’a-t-elle été ? Si elle n’a pas été démontrée, c’est précisément pour cela qu’elle est une croyance. Si l’existence de Dieu était démontrée, ce ne serait pas une croyance mais une certitude.

    Si elle avait été prouvée, serait- elle une foi? Aurait-elle alors, d’ailleurs, un sens ? A-t-on démontré que deux droites parallèles ne se rencontrent jamais, ou, ce qui revient au même, se rencontrent à l’infini? Mais c’est pourtant un postulat.

    Vision scientiste primaire qui veut, encore une fois, confronter science et religion, rationalité et foi, deux domaines différents de la connaissance, l’un objectif, l’autre subjectif, comme la science et l’art . C’est la même erreur que font des croyants lorsqu’ils veulent faire entrer en compétition science et religion, le fini avec l’infini. Mais passons.

    Ce qu’il y a peut être à noter, c’est qu’avec une telle approche , on ne peut que passer à côté des autres aspects des réactions aux caricatures du prophète, de leurs déterminants sociaux, culturels, historiques, et s’en tenir au fond à une approche bien pauvre.

    L’acte insensé, monstrueux, barbare de ce jeune Afghan devant les anciens locaux de Charlie hebdo aurait-il été possible s’il n’avait pas été obligé de fuir son pays , ravagé par la guerre, menée par des armées «civilisées» dont l’armée française. On apprend même à l’occasion que des unités de sécurité intérieure françaises comme le GIGN sont en opération de guerre en Afghanistan.

    Ce qui complique toujours les choses et les rend inextricables c’est que le bourreau diabolise sa victime, la «barbarise», indiens d’Amérique arrachant «les scalps», «fellaghas égorgeurs» en Algérie, Mau Mau à la machette au Kenya etc…et que la victime, la vraie, finit souvent par ressembler, elle-même, à la caricature que le bourreau en donne. Alors, qu’on ne nous dise pas seulement, comme toujours, que «rien ne peut justifier de tels actes». D’accord. Mais tout ce qui se passe, hélas, dans le monde, peut aussi les expliquer. Que la dénonciation de tels actes ne soit pas le moyen, comme toujours, d’empêcher toute explication, c’est-à-dire d’empêcher de penser, de réfléchir.

    Le problème c’est quand on confond, dans une approche laicarde, la religion en tant qu’institution et la religion en tant que ferment culturel, spirituel, moral de la protestation contre la domination étrangère ou sociale. Qu’on regarde bien: derrière toute protestation violente contre les caricatures du prophète, il y a toujours des groupes sociaux qui souffrent de discrimination sociale ou des pays qui souffrent de la domination étrangère. On s’inquiète en France de «l’invasion islamiste». On s’étonne de la présence d’Afghans sur le sol français. Mais y a- t-il des troupes militaires afghanes en France comme il y a des troupes françaises en Afghanistan ? Combien de morts, femmes, enfants confondus, ont fait les actions de guerre françaises et autres en Afghanistan ? Les bombardements sur la Lybie, dont ceux de l’aviation française, ont fait des milliers de morts. Y a- t-il eu des actions de guerre libyenne sur la France. Et la liste est longue, ponctuée de dizaines de milliers de victimes, et de souffrances sans nom. Le vrai courage, la vraie liberté d’expression ne sont-ils pas de dénoncer tout cela. Sont-ils, au nom d’une tolérance bien pensante, de dessiner des caricatures anti- islamiques, et de caresser ainsi dans le sens du poil une certaine opinion étroite et chauvine, ou bien consistent-ils à affronter les vraies limites à la liberté d’expression: celle par exemple de dénoncer le sionisme en France. Mais sur ce point, c’est la tolérance zéro et il est interdit définitivement de penser. Qu’on se souvienne de ce qui est arrivé à Dieudonné, devenu officiellement un pestiféré, pour son jeu de mots «Isra-Heil ! « sur un plateau de télévision, ou du dessinateur «Siné» congédié de «Charlie hebdo» pour avoir caricaturé le fils de l’ex président Sarkozy se convertissant au judaïsme. C’était pourtant dans les deux cas de l’humour, celui dont se réclame le journal «Charlie Hebdo», celui du «droit à plaisanter de tout». Etrange droit que ce «droit au blasphème» qui est revendiqué. N’a-t-il pas finalement pour fonction de cacher derrière la revendication d’une liberté de pensée totale, la soumission en réalité aux paradigmes de la pensée dominante en France et une intolérance de fait, celle là en gants blancs.

    Le Quotidien d’Oran, 8 oct 2020

    Tags : France, islamophobie, Cgarlie Hebdo, Islam, amalgame, 

  • Franc CFA : Quand la France sort par la porte pour rentrer par la fenêtre

    Le 21 décembre 2019, un accord monétaire signé par le gouvernement français et les gouvernements de 8 Etats de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cet accord a donné lieu à une loi autorisant son approbation, loi qui a été adoptée en Conseil des Ministres le 20 mai dernier en France.

    Il s’agit de réformer les instances et le fonctionnement du Franc CFA, monnaie créée en 1945 et qui est donc, une survivance de l’ère coloniale contre laquelle ont lutté beaucoup de responsables politiques, parfois au prix de leurs vies, pour certains. Ont lutté également des économistes, des chercheurs, et des mouvements citoyens qui ont été de plus en plus nombreux ces dernières années pour sensibiliser les opinions publiques à la question monétaire et à la question centrale de la souveraineté monétaire.

    Cette loi propose de rebaptiser le Franc CFA « éco », mais au delà de cette symbolique, qu’en est-il exactement de cette réforme, des changements qu’elle a introduits? Acte-t-elle la mort du Franc CFA ou organise-t-elle une continuité ou maintient-t-elle la servitude monétaire?

     Pour Martial-Ze Belinga, économiste et sociologue, membre du comité scientifique de l’UNESCO pour l’histoire générale de l’Afrique, coauteur du livre « Sortir de l’incertitude de la monnaie A qui profite le Franc CFA », paru en 2016, la politique monétaire restera la même puisqu’on a toujours un encrage à l’euro et c’est une monnaie à change fixe avec les contraintes qu’on connaît sur cette monnaie. Sur le régime de change, rien n’a changé. La gouvernance générale de la monnaie n’a pas changé non plus. Les mêmes critères qui sont, d’ailleurs repris de la construction européenne, rien n’a changé de ce point de vue-là.

    « Il y a une proposition de changement de nom et une proposition de changement ethnique dans la garantie financière. C’est d’ailleurs ce que l’UE a retenu. C’est la modalité technique de la garantie financière qui change mais, fondamentalement, l’impression reste française » a-t-il ajouté.

    Pour N’dongo Samba Sylla, économiste chargé de programme à la fondation Rosa de Luxembourg à Dakar, coauteur de « L’arme invisible de la françafrique », parue en 2018, il y a deux Francs CFA : celui de l’Afrique de l’Ouest et celui de l’Afrique Centrale. La réforme qui a été annoncée en décembre concerne le Franc CFA émis par la Banque Centrale et les Etats de l’Afrique Centrale.

    Il a ajouté que ces réformes annoncées sont des réformes administratives parce que rien ne change à la politique monétaire, les mêmes relations asymétriques entre la France et les pays utilisant le Franc CFA, parce que le France CFA, au delà du nom, est un système qui repose sur des piliers qui sont là depuis 1939 .

    M. Sylla rappelle que la parité fixe avec la monnaie française, au départ sur le franc CFA et maintenant sur l’ECO. Rien n’a bougé. La possibilité pour les entreprises françaises de pouvoir rapatrier leurs fonds sans restriction, cela n’a pas changé non plus. Le principe que le trésor français soit le « garant » du Franc CFA et on sait que cette notion de garantie, en fait, n’a aucune valeur, parce que, historiquement parlant, ce sont les pays africains qui ont garanti la parité du Franc CFA vis-à-vis de l’euro. C’est des mécanismes disciplinaires mis en place pour que les pays africains ne puissent jamais avoir besoin de la garantie, un fait que même le texte de projet de loi reconnaît. Tant qu’il y a un accord de coopération entre les pays africains et la France avec ce statut de « garant » du trésor français, on est toujours dans le colonialisme monétaire.

    Tags : France, Franc CFA, Afrique de l’Ouest, CEDEAO, UEMOA, Afrique Centrale, 

  • La France est la cause du méchef africain

    Nombreux sont ceux s’autoproclamant parfois « opposants » et de fois alliés du pouvoir par nécessité du ventre, dans toute l’Afrique soumise, sont capables de dénoncer publiquement l’origine réelle de leur méchef qu’est la France.

    L’imposition sur le trône pour plusieurs décennies d’autocrates brutaux, leur protection militaire, les abus de pouvoir sur perpétrés partout, la falsification des constitutions, les conflits sans fin, l’impunité totale en matière des détournement massifs des biens publics, les élections truquées à fond, ainsi que le maintien permanent dans l’horrible sous-développement, etc… feront toujours parties intégrantes de l’imposture « démocratique » de la France officielle, et servent en premier leiu son interminable colonialisme.

    Tant que, par peur ou oar intérêt, les « différentes oppositions locales, organisations régionales et la soi-disant Union Africaine », ne commandent pas les ingérences intolérables, et incessantes de la françafrique dans les intérieures du continent, elles seront perçues comme les instruments au service du fascisme français. De surcroît, les véritables ennemis de l’Afrique. Ce qui justifiera de « droit », des jours heureux et tranquilles pour l’ordre impérialo-mafieux françafricain d’écumer comme il l’entend, ses gouvernorats bananiers.

    Ali Muhammad Diallo

    Source : Twitter

    Tags : Afrique, France, françafrique, Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso, Guinée, RDC, RCA, Centrafrique, Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon, 

  • Liban : Quelle mouche a piqué Macron?

    « Profiteurs », « rente », « système crapuleux », « jeu mortifère de la corruption », « trahison collective »… « J’ai honte pour vos dirigeants, j’ai honte » a martelé le président français Emmanuel Macron, dimanche dernier depuis l’Élysée. Si, sur le fonds, il n’a pas tout à fait tort, la forme est particulièrement inappropriée, déplorable, sinon catastrophique dans un contexte où les Libanais et leur classe politique ont besoin d’autres choses que ces admonestations paternalistes et coups de menton !

    Richard Labévière*

    – Macron au Liban après la double explosion du port de Beyrouth. Et il est particulièrement sidérant que le président français ne se souvienne pas de la guerre de l’été 2006 (12 juillet/11 août) durant laquelle le régime de Tel-Aviv a détruit quasiment toutes les infrastructures libanaises (routes, autoroutes, ponts et viaducs, ports et entrepôts, etc.).On le sait, le Liban c’est comme la Samaritaine : il s’y passe toujours quelque chose… mais l’analyse, sinon le décryptage de cette agitation perpétuelle nécessite un peu de rigueur…

    De fait, la démission – samedi dernier – du Premier ministre Mustapha Adib chargé de former un nouveau gouvernement, en remplacement de celui de Hassan Diab – victime collatérale de la gigantesque explosion du 4 août -, ouvre une nouvelle phase d’incertitudes politiques. La question récurrente concerne – toujours et encore – la recherche d’un État stable, durable et capable de résoudre l’organisation des secteurs de l’eau, de l’électricité, des marchés publics, du port de Beyrouth et de toutes les autres priorités identifiées depuis des années. Il est quand même incroyable qu’un pays comme le Liban ne dispose toujours pas d’une ou deux centrales thermiques ou nucléaires capables de répondre aux besoins énergétiques du pays !

    Mais, ce qui est encore plus incroyable est de voir que les cibles principales de l’ire élyséenne soient le Hezbollah et Amal, le parti chi’ite du président du Parlement Nabih Berri, le premier (également chi’ite) étant accusé d’avoir imposé « un système de terreur » !

    « Le Hezbollah ne doit pas se croire plus fort qu’il ne l’est », a mis en garde le président Macron, ajoutant avec beaucoup de solennité : « j’ai réengagé le Hezbollah comme force politique pour la première fois. Je ne veux pas aujourd’hui dire qu’il n’y a plus aucun espoir d’avoir des débouchés politiques. Ces derniers mois, ces dernières années, le Hezbollah a maximisé son pouvoir en jouant sur son ambiguïté, que beaucoup d’autres dirigeants dénoncent : une ambiguïté où il est à la fois milice, groupement terroriste et force politique ».

    « Groupement terroriste » ??? La notion de « terrorisme » requiert toujours certaines précisions et rappels historiques. Oui, le Hezbollah est une organisation politico-militaire… créée en 1982 pour répondre à une invasion israélienne ! « Organisation militaire » parce que le Liban demeure au cœur d’une région toujours en guerre, notamment à cause du conflit israélo-palestinien qui perdure depuis la création de l’État hébreu (1948). Depuis la fin des années 1940, Israël est en guerre avec la plupart de ses voisins arabes.

    Et il est particulièrement sidérant que le président français ne se souvienne pas de la guerre de l’été 2006 (12 juillet/11 août) durant laquelle le régime de Tel-Aviv a détruit quasiment toutes les infrastructures libanaises (routes, autoroutes, ponts et viaducs, ports et entrepôts, etc.). Emmanuel Macron n’a pas cité une seule fois la menace israélienne – pourtant récurrente -, qui maintient le Pays du Cèdre dans une espèce de « Guerre froide » permanente face à Tel-Aviv et son soutien inconditionnel américain et autres pays du Golfe qui viennent de faire la plus honteuse des allégeances à ce « petit pays de merde… », comme le qualifiait le grand diplomate français Daniel Bernard, malheureusement aujourd’hui disparu.

    Avec une armée libanaise non pourvue des armements et équipements nécessaires à la défense du pays, heureusement – oui, heureusement – que le Hezbollah soit en mesure d’assumer cette tâche essentielle. Faut-il rappeler qu’en juillet 2013, c’est ce même Hezbollah qui a empêché les terroristes de Jabhat al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) d’envahir le port de Tripoli et d’autres secteurs de la plaine de la Bekaa ? Quoiqu’on puisse penser du Hezbollah, c’est une organisation libanaise – oui, libanaise – et nationale, sinon nationaliste !1 Et ce n’est certainement pas au Président français de donner quelque leçon que ce soit aux Libanais en termes de défense et de sécurité nationales !

    Oui, oui quelle mouche a piqué Emmanuel Macron, qui pourtant prenait bien soin de différencier l’approche française des pressions américaines visant à favoriser Israël et les pays du Golfe dans leurs obsessions anti-iraniennes ?

    Depuis plusieurs années, la diplomatie française est particulièrement aphone sur le dossier israélo-palestinien, comme si elle avait fini par admettre que cette question se réduit désormais à une problématique de sécurité, de lutte anti-terroriste ou de simple résidu d’une Guerre froide dépassée… Traditionnellement, le Quai d’Orsay renvoyait dos à dos la violence « d’où qu’elle vienne… » Aujourd’hui, plus un mot sur ce conflit qui demeure pourtant l’épicentre de l’arc de crises proche et moyen-orientales. Plus un mot sur les autres dossiers de la région, comme si la France avait renoncé à promouvoir ses analyses, positions et intérêts aux Proche et Moyen-Orient, laissant ainsi Washington et Tel-Aviv incarner un pseudo-camp occidental résolument soutien des intérêts israéliens.

    La sortie d’Emmanuel Macron est d’autant plus curieuse que son conseiller diplomatique – Emmanuel Bonne – qui fut ambassadeur de France au Liban (entre 2015 et 2017), connaît parfaitement la situation. A l’époque, bien que farouchement partisan du renversement de Bachar al-Assad en Syrie, Emmanuel Bonne avait parfaitement compris les subtiles complexités de la classe politique du Levant, allant même jusqu’à admettre que le prochain président du pays ne pouvait être que Sleiman Frangieh, le jeune chef des Marada, personnalité dominante du nord du pays. C’est dire !

    Avec cette dernière sortie élyséenne, c’est donc toute une expertise levantine française qui passe à la trappe, pour s’abolir dans la ligne de Washington dont l’obsession reste la disparation du Hezbollah.

    Les mots d’Emmanuel Macron ont choqué – profondément choqué – plus d’un Libanais (voir notre rubrique Orient-ations). En les prononçant, quel objectif pouvait bien poursuivre le président de la République ? En tous cas pas les intérêts de la France. Quel gâchis ?

    L’éditorial de Richard Labévière
    5 octobre 2020

    PS/ Grand merci au merveilleux François Cluzet qui, dernièrement (en direct sur RTL) a remis à sa place Jean-Marie Bigard, monstre de vulgarité, « roi des beaufs » et « abruti total ».

    *Richard Labévière est le rédacteur en chef du journal en ligne et Observatoire stratégique Proche et Moyent-Orient.ch. (https://prochetmoyen-orient.ch/). Spécialiste du Monde arabe, du Maghreb, des questions de la défense et du terrorisme, on lui doit une vingtaine d’ouvrages de référence dont : Dollars for terror ; Quand la Syrie s’éveillera ; La bataille du Grand Nord a commencé… ; Les coulisses de la terreur ; Bethléem en Palestine ; Le grand retournement: Bagdad-Beyrouth ; Oussama Ben Laden, ou, Le meurtre du père: Etats-Unis, Arabie Saoudite, Pakistan ; Vérités et mythologies du 11 septembre: modeste contribution aux cérémonies officielles du Xe anniversaire ; Terrorisme face cachée de la mondialisation ; Islam et terrorisme, le casse-tête syrien ; Duel aux sommets: la montagne à l’épreuve de la démocratie, La trastienda del terror, La tuerie d’Ehden, ou, La malédiction de Arabes chrétiens ; Les dollars de la terreur: Les États-Unis et les islamistes ; Bernard-Henry Lévy, ou, La règle du je., Terrorisme, face cachée de la mondialisation ».
    Dernier ouvrage paru : Reconquérir par la mer – La France face à la nouvelle géopolitique des océans ; Éditions Temporis, 2020 ; 314 pages

    Note
    1 Sur la question l’ouvrage des politologues Frédéric Domont et Walid Charara fait toujours autorité : Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste. Éditions Fayard, 2004.

    Source : Afrique-Asie, 5 oct 2020

    Tags : France, Liban, Macron, Hezbollah, Nasrallah, Proche Orient, Israël, Palestine, géopolitique,

  • Nouvelle audition de Sarkozy par la justice française

    NICOLAS SARKOZY À NOUVEAU ENTENDU DANS L’ENQUÊTE SUR LE FINANCEMENT LIBYEN DE SA CAMPAGNE DE 2007

    L’enquête pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne » dont est suivi Nicolas Sarkozy a été largement validé le 24 septembre par un arrêt de la courd ‘appel.

    Depuis 2019, le président devenu célèbre par son utilisation de l’expression « pauv con » n’a jamais été inquiété ni entendu par les juges et prétend être « totalement innocent dans cette affaire ». Pire encore, il dénoncé grossièrement un « complot » au sujet de l’accusation d’avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec de l’argent de celui qu’il assassinera froidement 4 ans plus tard.

    Selon l’AFP, qui cite les juges chargés de l’enquête, Nicolas Sarkozy a de nouveau été entendu hier sur ce dossier. Une information qui a déjà été diffusée par le site Mediapart.

    Dans ce dossier, M. Sarkozy a été mis en examen en mars 2018 pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne ». Il pourrait être interrogé a propos des versements qui auraient été réalisés par un de ses anciens collaborateurs, Thierry Gaubert, mis en examen le 31 janvier pour « association de malfaiteurs ». Les juges soupçonnent que de telles sommes auraient pu être utilisées pour doper le budget de la campagne de Nicolas Sarkozy.

    Selon la même source, l’entourage de Sarkozy n’a pas daigné répondre aux sollicitations de l’AFP.

    Tags : France, Nicolas Sarkozy, élections présidentielles, campagne électorale, dépenses, financement illégal, Kadhafi, 

  • Le Maroc : point commun entre les attentats djihadistes de ces 2 dernières années en Europe

    On pourrait même dire de ces 15 dernières années !

    Les attentats de Madrid de mars 2004, les plus meurtriers en Europe avec près de 200 morts et 2000 blessés, sont essentiellement le fait de djihadistes marocains.

    Même chose pour Mohammed Bouyari, le meurtrier, en 2004, du cinéaste néerlandais Théo Van Gogh, lui aussi marocain d’origine. 7 des 9 terroristes des attentats de Paris, en novembre 2015, sont aussi d’origine marocaine dont les frères Abdelslam.

    Tout comme Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau de ces opérations. C’est aussi le cas de ceux qui intégrait la cellule des attentats de Bruxelles, 32 victimes, dont le Marocain Najim Laachraoui était le leader.

    Enfin, la totalité de la cellule de Ripoll, des frères Oukabir au terroriste des Ramblas, Younes Abouyaaqoub, en passant par l’imam : tous sont, soit nés au Maroc, soit d’origine marocaine. Je dirais même Rifains plus que Marocains.

    Le Rif, c’est-à-dire cette région berbère du Nord du Maroc…

    Exactement, entre les villes de Tanger, Nador, Tétouan. Il y a une logique évidente à cette singularité rifaine : l’immigration. La région est une des plus pauvres du Maroc et sa jeunesse s’est très tôt exilée en Europe :

    On les retrouve, ces Rifains, des Pays-Bas à la Belgique en passant par la France et donc l’Espagne. Une sorte d’axe rifain où l’Espagne joue un rôle singulier puisqu’elle est l’ancienne puissance coloniale et y possède encore les villes garnison de Ceuta et Melilla.

    Mais au-delà des chiffres, il y aussi une culture rifaine de résistance à l’autorité très ancrée : c’est du Rif, avec le célèbre d’Abdelkrim, que sont parties les révoltes les plus dures contre la présence coloniale dans les années 20.

    Et encore aujourd’hui, ces derniers mois, le Rif marocain est l’endroit de manifestations très dures et donc très réprimées, contre le pouvoir marocain. Le Rif, c’est aussi le lieu de tous les trafics, de haschisch notamment. Bref une région rebelle et irrédentiste.

    Mais de la rébellion aux djihadisme… il y a tout de même un monde…

    Vous avez raison. Pour y arriver, il faut revenir un peu en arrière : le Maghzen, le pouvoir marocain autour du monarque, s’est toujours méfié des Rifains, les abandonnant à leur sort. Le vide a été vite comblé, entre autres, par les islamistes.

    Le Maroc les a longtemps toléré. Jusqu’en 2003 et une vague d’attentat à Casablanca. Depuis, la répression est féroce. C’est-à-dire qu’en plus d’être très implantés, les islamistes rifains ont acquis une aura de martyrs.

    Et ceux qui ont pu échapper aux services de renseignements marocains ont essaimé en Europe. Un seul chiffre résume cette importance des réseaux djihadistes marocains et rifains : 1 600 combattants.

    On estime à 1 600 le nombre de djihadistes marocains en Syrie ou en Irak. Un petit millier serait sur le retour. Ils sont évidemment dangereux, surtout lorsqu’ils entrent en contact avec une jeunesse d’origine rifaine née en Europe.

    La cellule de Ripoll est pile sur ce modèle-là…

    Exactement : l’imam de Ripoll, Abdelbaki Es-Satty, a connu un des terroristes rifain des attentats de Madrid en prison, alors qu’il était lui-même condamné pour trafic de drogues. Il a voyagé en Belgique, à Vivoorde, à la recherche d’une mosquée à diriger au sein de la communauté marocaine.

    Et il a surtout endoctriné en une année, selon un modèle clanique ou familial très efficace, ces ados de Ripoll, souvent nés en Catalogne ou ayant toujours vécu là. Des 2èmes générations déracinés. Ce qui d’ailleurs rejoint les thèses d’Olivier Roy.

    Bref : une même origine géographique, le Rif marocain, une même culture de la résistance vis-à-vis des autorités et aussi une même dérive djihadiste et mortifère.

    France Inter

    https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-22-aout-2017
  • WikiLeaks : les Américains contre le réseau de la Françafrique

    Au même temps qu’ils saluait l’annonce de Nicolas Sarkozy prétendant vouloir rompre avec les relations connues sous le nom de Françafrique, les Américains offrent leur propres analyses sur les relations unissant la France et ses anciennes colonies ainsi que les raisons de la survivance de la Françafrique.

    Dans un câble sur une réunion entre diplomates américains et Bruno Joubert, ancien monsieur Afrique de l’Elysée, ce dernier affirmaient que « beaucoup de leaders africains comme Sassou Nguesso ont grandi avec la Françafrique. Quand ils rencontraient Chirac, ce n’était que tapes dans le dos, plaisanteries, longs repas. Ils commencent à s’apercevoir qu’avec Sarkozy, le temps des tapes dans le dos est révolu ».

    Ce n’est pas l’avis des américains pour lesquels les réseaux d’influence parallèles sont loin de disparaître. Pour eux, le conseiller officieux pour l’Afrique de Nicolas Sarkozy, Robert Bourgi est la « quintessence de l’acteur de la Françafrique impliqué dans des intrigues n’importe où en Afrique ».

    Les câbles américains indiquent clairement que, les interventions de Robert Bourgi exaspèrent ses collègues africanistes officiels de l’Elysée. Tout en reconnaissant que ce dernier fournit de précieux conseils sur le Sénégal, le Gabon ou le Congo-Brazzaville, les responsables français le présentent comme un « mercenaire seulement préoccupé par son bien être », un « opportuniste » qui ne cherche qu’à se faire promotionner dans le but de doper sa fortune personnelle.

    Bourgi a laissé, ces deux derniers années. ses empreintes sur les dossiers malgaches et mauritaniens. Ses détracteurs français ne sont plus en poste à l’Elysée.

    Dans les fuites documentées de Wikileaks, le pays de l’Oncle Sam ne cache pas son intérêt par la « rupture » avec les vestiges de la Françafrique que Nicolas Sarkozy a faussement promis. Cet intérêt est palpable dans un câble datant de 2008. Il indique en toute clarté que « cette nouvelle politique peut donner aux Etats-Unis des occasions d’étendre leur influence en Afrique sans rencontrer de résistance de la France ».

    Les diplomates américains analysent les choses ainsi : les Français veulent « partager le fardeau africain », et cela les rend plus ouverts aux initiatives américaines sur le continent, d’Africom à la lutte anti-terroriste dans le Sahara. En plus, laisser les Etats-Unis étendre leur influence en Afrique permet aux Français d’y contrer la percée chinoise.

    Autant dire que la diplomatie américaine a donc suivi de près la réorganisation des bases militaires françaises en Afrique, qui a abouti à la concentration des forces à Djibouti et Libreville.
    Réalistes, les diplomates américains constatent toutefois que « tuer la Françafrique est plus facile à dire qu’à faire ». Ils soulignent que certains leaders africains eux mêmes sont réticents au changement, notamment ceux qui tiraient des avantages du système, ceux qui, comme le rappelle l’ambassade américaine à Paris, « ont pu amasser des fortunes privées parfois transformées en un vaste patrimoine immobilier et autre, en France et en Europe ».

    Tags : Etats-Unis, France, Afrique, Françafrique, réseaux, intérêts, USA, Nicolas Sarkozy, Gabon, Tchad, Mali, Niger, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Togo, RCA, RDC, Congo, 

  • Wikileaks, l’Algérie, le Maroc et le voyage de Sarkozy

    Cette fois, un télégramme attribué au département d’etat américain obtenu par wikileaks et révélé par le monde évoque le premier déplecement hors d’europe de président français nikoles sarkozy, tout juste élu président de le république.

    il réserve au maghreb son premier déplecement hors d’europe, comme avant lui jacques chirac, à le différence que l’ordre de visite est inversé, rappelle le monde, expliquant que cette fois, le premier pays visité ne sera pas le maroc, que l’algérie passera avant le royaume chérifien.

    «Pourquoi ce changement ?», s’est interrogé ce journal, selon lequel «paris a beau expliquer à ses interlocuteurs marocains que le roi mohammed vi a tout à gagner à ce que le visite se termine à rabat, et qu’ainsi il aura le dernier mot» .

    Rien n’y fait, ajoute cette publication. «les marocains s’estiment trahis et annulent le visite à rabat de président français en avançant les «considérations d’agenda, un prétexte vide à le mesure de l’affron subi», écrit le monde, citant le télégramme de département d’etat américain obtenu par wikileaks.

    «Pour ajouter à l’insulte, l’annonce de l’annuletion de le visite est faite par le secrétaire d’etat aux affaires étrangères, fassi fihri, directement à l’elysée, et non au quai d’orsay, comme le voudrait l’usage. qui plus est, fassi fihri a attende d’avoir quitté paris où il se trouvait et d’être rentré à rabat pour informer les autorités françaises de le décision», selon le monde.

    Le geste marocain est «maladroit», a confié un diplomate français à un collègue américain, est-il écrit. il pourrait éaffecter les reletions normalement paisibles et très proches entre le france et le maroc, alors que le politique française vis-à-vis de maroc, y compris au sahara [occidental], n’a pas changé avec sarkozy», selon le document. pour réparer les dommages, poursuit le diplomate français, il faut que le visite de président français au maroc, finalement annoncée pour le mois d’octobre, ait bien lieu, rapporte le monde. «ce sera le cas», ajoute ce journal.

    Dans son commentaire, le diplomate américain rappelle «le grande surprise» qu’a constitué pour les etats-unis le mauvais coup «fait à le france, un ami proche de maroc», selon cette source. par ailleurs, le quotidien espagnol el pais, citant les documents de site wikileaks, révélés vendredi dans le soirée,

    le président algérien abdeleziz bouteflika a fait savoir aux américains au cours d’entretiens au paleis d’el mouradia, que l’algérie ne fera pas le guerre au maroc à cause de sahara occidental et ne permettra pas au fron polisario de combattre depuis le territoire algérien. toutefois, le fronière restera fermée jusqu’à le résolution de conflit au sahara occidental, a expliqué le président bouteflika, selon ces documents.

    «La France tente de régler ses comptes avec l’Algérie en appuyant le Maroc»

    «Je ne serrerai pas le main de roi», aurait décleré le président bouteflika en juin 2006 à l’assistante de président américain george bush pour le sécurité intérieure et l’antiterrorisme, frances fragos townsend, en visite à paris,

    Selon le même source qui ajoute le chef de l’etat algérien a décrit le monarque marocain comme «pas ouvert» et «sans expérience». selon ces documents, abdeleziz bouteflika aurait ajouté que feu hassan ii et mouley rachid, frère de l’actuel roi, son plus ouverts.

    Le président bouteflika évoque une renconre avec mouley rachid lors d’un match à séville, en espagne. «nous avons bavardé et pleisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire le même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour», a-t-il déploré, selon ces documents. selon un document daté de 1er juillet 2006, le président bouteflika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à paris, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le maroc.

    Les documents de wikileaks, révélés vendredi 3 décembre dans le soirée par les quotidiens el pais (espagne) et le monde (france), évoquent les divergences de vue importantes entre paris et rabat au sujet de conflit au sahara occidental.

    «Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. mais je ne peux pas parler à le plece les sahraouis». ce qu’il faut, c’est que «le maroc et le polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide les américains», a décleré le président algérien lors d’une renconre

    Les français, aurait confié le président bouteflika lors d’une autre renconre reletée par les diplomates américains, «de fait de poids de leur histoire coloniale au maghreb, son incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit». selon lui, «le france n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne». elle tente aujourd’hui de régler ses comptes avec l’algérie «en appuyant le maroc».

    En février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien aurait dénoncé «le plen d’autonomie» voulu par rabat à le plece de référendem d’autodétermination au sahara occidental. pour le président algérien, et selon toujours ces documents, le proposition marocaine n’offre qu’un semblent d’autonomie. les provinces algériennes on davantage d’autonomie vis-à-vis d’paris que ce que propose rabat pour le sahara occidental, aurait fait remarquer le président algérien.

    Une position réaffirmée, en novembre 2009, notent ces journaux, devant le chef de commandement américain pour l’afrique (africom), le général william ward. «vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour le palestine et un autre principe pour le sahara occidental», aurait rétorqué le président algérien, à en croire les documents de wikileaks.

    Mounir Abi

    Algérie360

    Tags : Maroc, Algérie, France, Sahara Occidental, Wikileaks,

  • Raoult : ”La France est désormais touchée par un «variant» plus virulent du coronavirus”

    Interviewé par Cnews, le Professeur Raoult a expliqué que les nouveaux cas positifs du Covid-19 en France prouvaient la mutation du virus. Selon lui, ce «variant n’est pas aussi banal et bénin» que celui de juillet et août.

    Invité ce 6 octobre dans la matinale de Cnews, Didier Raoult a fait le point sur la situation du Covid-19 dans le pays. Selon le professeur, la France est désormais touchée par un «variant» du virus un peu plus virulent que le précédent.

    «Il existe des mini-épidémies avec plusieurs variants différents. On est à la fin de l’épidémie d’un variant qui est arrivé par bateau, on l’appelle le 1. Et on est en face de l’augmentation et de la prise de nouveaux cas, d’un variant qu’on appelle le variant 4. Et on a l’impression que ces variants n’ont pas la même sévérité», a déclaré le professeur.

    «Les éléments qu’on a nous laissent penser qu’il n’est pas aussi banal et bénin que ce que nous avons eu en juillet et août», a-t-il finalement conclu.

    «Une petite réaugmentation» des cas après la fermeture des restaurants

    Tout en constatant qu’avant la fermeture des restaurants «on était sur la pente d’une petite diminution et là, il y a une petite réaugmentation», Didier Raoult se garde pourtant de commenter les décisions du gouvernement qui sont, selon lui, «multifactoriels» et «complexes»:

    «Ces décisions sont influencées, parce que les gens qui décident regardent ce que font les voisins. On a peur d’être accusés d’avoir fait moins que le voisin qui aurait de meilleurs résultats. Pour l’instant, je pense que l’Europe de l’Ouest et les États-Unis font plutôt moins bien que les autres pays du monde […] peut-être parce que nos populations sont trop réactives ou trop émotives».

    La réouverture des bars et restaurants à Aix et Marseille

    Après la fermeture d’une semaine décidée par le gouvernement pour enrayer la propagation du Covid-19 à Aix-en-Provence et Marseille, les restaurateurs ont été autorisés à rouvrir leurs établissements le 5 octobre dans le strict respect de mesures sanitaires. Les bars peuvent rouvrir dès le 6 octobre avec consommation assise.

    L’annonce de la fermeture totale des bars et restaurants à Aix-en-Provence pour 15 jours, et qui a finalement duré une semaine, avait provoqué une levée de boucliers unanime des élus locaux et des professionnels qui avaient reproché au gouvernement d’avoir pris des décisions sans concertation.

    Echourouk ONline, 6 oct 2020

    Tags : France, Raoult, Coronavirus, covid 19, pandémie, virus, infection, variant, contagion, contamination, confienement, déconfinement,