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  • Note sur les élections présidentielles françaises de 2012 (cabinet Communication&Institution)

    Note sur les élections présidentielles françaises                               8 mars 2012

    Une situation délicate pour le Président sortant

    Les études et prévisions électorales sont, pour l’heure, assez alarmistes pour Nicolas Sarkozy :

    • malgré quelques différences entre les instituts de sondage sur les écarts entre les candidats au premier tour, François Hollande est toujours en tête des intentions de vote ;

    • au second tour, le candidat socialiste conserve une confortable avance selon tous les instituts avec, en moyenne, 56% des intentions de vote ; même si cet écart devra se resserrer nécessairement en final

    • la proportion des indécis reste relativement importante (25 %) mais touche majoritairement les jeunes, traditionnellement peu portés sur le vote à droite.

    Ces quelques chiffres confirment le sentiment général que la campagne du Président sortant a du mal à « prendre » sur le terrain. Si elle a pu bénéficier d’un souffle médiatique à ses débuts, réaction naturelle après la longue attente de son entrée en compétition, elle semble retomber maintenant, faute d’innovation majeure dans le discours et dans la stratégie. Le discours est à peu près le même qu’en 2007 : valeur travail, immigration, sécurité,… Car la stratégie générale n’a pas changé : miser sur le premier tour, aller chercher les voix du Front National au risque d’entretenir de vaines polémiques, comme le fut celle de la viande hallal et casher…

    Si bien qu’aujourd’hui, les ténors de la majorité n’y croient plus, les ministres s’engagent peu dans la campagne et les députés UMP s’épanchent, en coulisse, sur les difficultés rencontrées au contact de la population.

    Cette situation est d’autant plus dommageable pour Nicolas Sarkozy qu’il n’a, au final, plus beaucoup de proches ni de soutiens de poids. En effet, ni François Fillon, ni Jean-François Copé, ni Alain Juppé, qui pourraient avoir des prétentions pour les présidentielles de 2017, n’ont vraiment intérêt à ce qu’il soit réélu en 2012. Au contraire : après une éventuelle présidence socialiste, où la gauche cumulera tous les pouvoirs (Assemblée, Sénat, collectivités locales1), pour la première fois depuis le début de la Vième République, à l’exception notable du Conseil constitutionnel, un besoin d’alternance pourrait leur être favorable.

    Le Président sortant a encore des cartes en main : son talent de débateur, qui s’est de nouveau illustré face à Laurent Fabius (6.03.12) et d’éventuelles surprises tactiques. Le grand rassemblement qu’il organise à Villepinte le 11 mars prochain pour présenter son programme sera, de ce point de vue, décisif.

    Une élection sans désir

    C’est par rejet de Nicolas Sarkozy que les électeurs envisageraient de porter François Hollande au pouvoir. Un tiers seulement des électeurs de second tour de François Hollande déclarent vouloir voter en sa faveur pour qu’il soit président de la République. Les deux tiers le feraient pour éviter que Nicolas Sarkozy le redevienne. Le point faible du candidat Hollande est le manque d’entrain qu’il draine, ce qui permet au candidat de l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, de frôler la barre des 10% d’intentions de vote, qu’il dépassera probablement au premier tour.

    A ce stade de la campagne, donc, les sondages qui promettent à François Hollande une victoire avec des scores flatteurs ne doivent pas être interprétés comme le reflet d’une envie populaire de le porter au pouvoir, au risque de bien des désillusions. Pour la suite de la campagne et pour la suite tout court.

    François Hollande, un candidat aux intentions intimes difficiles à cerner
    Ce manque d’entrain s’explique d’abord par la situation économique, qui contraint fortement le discours et les engagements de François Hollande.
    Il s’explique également par un trait de caractère propre au candidat socialiste : sa recherche du consensus à tout prix. D’un côté, cette caractéristique rassure ceux qui, après un quinquennat particulièrement clivant, aspirent à une présidence plus sereine. De l’autre, elle insécurise ceux qui attendent des décisions fermes dans une période difficile.

    Sur ce point, on constate effectivement que sur des sujets aussi sensibles que le nucléaire ou la fiscalité, François Hollande mandate des émissaires auprès de certains publics – les industriels ou les grandes fortunes – pour les rassurer et dire le contraire de ce qu’il développe en public. C’est notamment vrai sur sa promesse d’instaurer un nouveau barème de 75% d’impôt sur le revenu pour les revenus de plus d’un million par an.
    Il est donc souvent difficile de bien cerner les intentions réelles du candidat socialiste.

    C’est également vrai en politique étrangère. François Hollande cultive une opinion ambivalente sur des sujets tels que le Sahara, les islamistes, l’immigration, les révolutions arabes, les droits de l’homme… Il est également connu pour entretenir des relations privilégiées avec l’Algérie, ayant effectué un séjour de huit mois en 1978 pour son stage de l’ENA, mais également un voyage en 2006 alors qu’il était Premier secrétaire du PS. Dernièrement, juste avant de se lancer dans les Primaires socialistes, il a effectué un déplacement en Algérie en décembre 2010, à l’invitation du FLN. Il était accompagné par ses conseillers Kader Arif, député européen, et Faouzi Lamdaoui, élu à Argenteuil et natif de Constantine.

    S’il est toujours délicat en la matière de prévoir les résultats 2 mois à l’avance du scrutin présidentiel, (les français ayant horreur qu’on leur confisque leur élection), il n’en reste pas moins que la situation économique est très mauvaise pour un président sortant et le taux de chômage ne diminuant pas, il risque de compter pour beaucoup dans le résultat final.

    Le troisième homme ou femme, pourra influer sur le résultat final : la situation ne sera pas la même si François Bayrou arrive finalement en 3 ième position, plutôt que Marine Le Pen. Dans le premier cas, il aurait intérêt à se rallier à Nicolas Sarkozy en négociant Matignon par exemple, ce qui pourrait changer quelque peu la donne et les résultats.

    Tags : France Nicolas Sarkozy, François Hollande, élections françaises,

  • Amateurisme

    François Hollande, à deux ans des prochaines élections présidentielles françaises, continue sa bataille médiatique contre son ancien ministre de l’Économie, devenu depuis président de la République française, Emmanuel Macron.

    Le succès totalement imprévisible du jeune novice en politique a en effet pris de court celui qui malgré des sondages très pessimistes sur ses chances de réélection, envisageait de se présenter une fois encore au suffrage universel en 2017. Depuis une année, après avoir resurgi dans les médias à la faveur de la mobilisation des «gilets jaunes», l’ancien président ne manque jamais une occasion de critiquer l’action du gouvernement et implicitement son ex-ministre.

    Cette semaine, Hollande a profité d’une déclaration de Macron sur l’«ancien monde» et le renouvellement historique de l’échiquier politique français pour appuyer avec insistance sur l’inexpérience du gouvernement en place ainsi que des différents élus de La République En Marche.

    Si François Hollande «ne sait pas» si c’était sa «personne qui était visée», l’ancien président socialiste a tenu à répondre à Emmanuel Macron. «L’amateurisme, cela peut-être une qualité : le sport, le fait de se donner aux autres, de faire en sorte que nous puissions tous être unis…

    D’une certaine façon, c’est bien, a d’abord souligné François Hollande. Mais il y a quand même un certain nombre de domaines où on veut des professionnels, où c’est quand même mieux de savoir qu’il y a des garanties».

    François Hollande a poursuivi, rappelant les fondamentaux : «C’est quand même préférable de savoir de quoi on parle, de savoir ce que représentent les Français et savoir qui ils sont». Avant de conclure, lapidaire : «Ça s’appelle le respect».

    Il a aussi estimé que le régime actuel pouvait «quelques fois être loin des Français» avec des décisions prises «sans les avoir consultés, sans les avoir écoutés». «On ne peut pas non plus accepter que notre démocratie se réduise à des images qu’on a vues depuis deux ans : des violences dans la rue, contre les personnes, contre les biens, a-t-il déploré. Ça, c’est un échec grave de la démocratie quand la colère ne peut pas trouver son expression autrement que par la violence».

    Ainsi, François Hollande intensifie sa campagne contre le président en fonction et semble se positionner pour une possible candidature en 2022. Néanmoins, pour qu’une candidature de sa part fasse sens, il devra non seulement se munir d’un programme attractif pour les Français mais surtout réussir à les convaincre qu’un éventuel nouveau mandat à l’Élysée serait effectivement dans leur intérêt.

    Or, aujourd’hui, comme durant la majorité de son quinquennat, Hollande ne brille pas par sa popularité et seulement 3 % des Français le considèrent comme un présidentiable crédible. Un chiffre qui ne semble toutefois pas atteindre le moral de l’ex-chef d’État qui continue tranquillement sa guéguerre avec le clan Macron, en attendant le moment, s’il se présente, de se lancer dans la course à la présidentielle.

    Le Jour d’Algérie, 16 fév 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, François Hollande, gilets jaunes,

  • Swissleaks, HSBC, Hollande et Mohamed VI

    Décidément le « chef de guerre » de la Françafrique n’a pas de chance. Au moment où il célébrait la réconciliation de la France avec le Maroc sur fond d’une longue brouille diplomatique de près d’un an – Paris avait eu le malheur d’arrêter un officiel marocain accusé de tortures et d’enregistrer un dépôt de plaintes en France contre de hauts dignitaires marocains pour les mêmes motifs – Le Monde révélait que le roi chérifien, Mohammed VI, avait déposer sur les comptes suisses de la banque britannique HSBC des millions d’euros. En effet, d’après Le Monde, « entre l’automne 2006 et le 31 mars 2007, soit la période couverte par les listings que le quotidien français a pu consulter, « le montant maximal enregistré sur ce compte était de 7,9 millions d’euros ». Or, il est en principe illégal, pour des Marocains résidant au Maroc, de détenir un compte bancaire à l’étranger.

    Sauf si on est le roi, apparemment. Selon Forbes, Mohamed VI dispose d’une fortune de près de 2 milliards d’euros. Et les méthodes d’évasion fiscale ne surprendront pas grand monde au Maroc même si il est de bon ton de ne pas aborder ce genre de sujet pour éviter le passage par la case prison.

    En Françafrique, c’est une méthode usuelle et l’évasion fiscale passe par les pays au largesse fiscale dont la Suisse, le Luxembourg, et…Monaco. Ainsi les Trabelsi sous la dynastie Ben Ali, en fuite au Canada, possédait plus de 26 millions de dollars chez HSBC en Suisse. Par contre concernant le blanchiment d’argent à Monaco, on assiste à une certaine retenue dans le P.A.F. même si le sujet a été traité dans la presse hexagonale (voir plus bas). Allez savoir pourquoi ?

    Souvenons-nous de l’affaire de la « lessiveuse africaine » :

    Le Monde.fr | 16.05.2013

    Par Mathilde Damgé 

    L’ »affaire » ressort jeudi 16 mai dans les médias, avec un article dans Libération. Le quotidien décrit « le vaste système de blanchiment d’argent venu d’Afrique » mis en place par BNP Parisbas Wealth Management Monaco, filiale de la banque dans la Principauté. Auparavant, l’agence Reuters et le Canard enchaîné avaient déjà levé une partie du voile dans cette affaire. En avril dernier, ils relayaient les informations détenues dans un document interne révélant que BNP Paribas n’avait pas exercé suffisamment de contrôles sur les transactions de clients basés en Afrique et sur ses activités de banque privée à Monaco. Jeudi, le procureur de Monaco, Jean-Pierre Dreno, joint par téléphone, reconnaît avoir reçu un signalement concernant des soupçons de réseau de chèques blanchis en Afrique et encaissés à Monaco.

    Concrètement de quoi s’agit-il ? Des touristes français étaient incités à régler leurs achats en chèques, et donc en euros, dans plusieurs pays africains (Madagascar, le Gabon, le Burkina Faso, le Sénégal et la Côte d’Ivoire) sans indiquer l’ordre. Un chèque sans ordre était revendu par le commerçant qui l’avait reçu à quelqu’un désireux de blanchir des revenus peu avouables. Cette personne payait un peu plus cher que la valeur du chèque, indiquée par le touriste en monnaie locale.

    Puis elle confiait ensuite ce chèque, toujours non attribué, à une troisième personne titulaire d’un compte monégasque BNP Paribas, qui inscrivait enfin son nom sur la ligne bénéficiaire. Lui qui était devenu le porteur du chèque versait alors l’équivalent de sa valeur en euros au « blanchisseur », moins, probablement, une petite commission pour ses services.

    COUP DOUBLE POUR LES TRAFIQUANTS

    Coup double pour les trafiquants : sortir de l’argent d’un pays où les réserves de change sont contrôlées, tout en dissimulant des revenus. Libération rapporte les confidences d’un ancien salarié (par ailleurs en procès avec la banque, aux prud’hommes de Monaco, où il conteste son licenciement). « Tous les jours, on recevait des dizaines d’enveloppes Fedex », raconte-t-il.

    « Les assistantes du service Afrique se plaignaient de n’avoir à faire que cela. » Car le système aurait fonctionné à plein régime, un « apporteur d’affaires » malgache ayant ainsi déposé 284 chèques pour un montant de 10,2 millions d’euros, entre 2008 et 2011. L’argent aurait ensuite été transféré sur d’autres comptes en Chine, en Belgique et en Suisse.

    MISSION MALGACHE

    « Pour ouvrir une information, explique Jean-Pierre Dreno, il me faudrait ce fameux rapport interne. Les informations qui nous on été communiquées par l’ancien salarié ont apporté assez peu d’éléments de preuve. Je fonde plus d’espoir sur une enquête de police. »

    Le document en question, un audit interne, transmis à la direction de la banque française en octobre 2011, et qui s’est concentré sur les opérations en lien avec Madagascar, révèle que la filiale monégasque du groupe, BNP Paribas Wealth Management, a accepté d’encaisser plusieurs milliers de chèques en euros émis à Madagascar entre 2008 et 2011, sans vérifier leur origine.

    « Ces opérations irrégulières portaient sur des petits montants unitaires. L’examen des flux effectués par la banque a permis d’identifier une augmentation du nombre de ces opérations, a attiré l’attention du management local de BNP Paribas et a suscité une mission de l’inspection générale de la banque », a déclaré ensuite à Reuters une porte-parole de BNP dans un courrier électronique.

    « Cette mission, qui a pris fin en octobre 2011, a conclu à l’existence d’opérations susceptibles d’être en infraction avec la réglementation du pays de domicile des clients et en conséquence, les quelques dizaines de comptes concernés ont été fermés et les mesures nécessaires ont été prises pour renforcer les contrôles et éviter que ce type d’irrégularités se reproduise », ajoute-t-elle.

    NOUVEAU COUP DUR POUR LA BANQUE

    Certes, l’enquête risque de buter sur le fait que la fraude au contrôle des changes dans les pays africains concernés n’est pas une infraction en Europe. Certes, l’infraction sous-jacente au blanchiment (escroquerie, trafic de stupéfiants…) risque d’être difficile à prouver. Certes, il faudra compter avec les difficultés habituelles des demandes d’entraide judiciaire, en particulier avec des pays qui n’adhèrent pas à la convention contre les drogues et le blanchiment de l’ONU (l’UNODC, Office des Nations unies contre la drogue et le crime)…

    Mais le combat de la principauté n’est pas anodin : « Il y a des prises de guerre qui peuvent être intéressantes, on parle de millions d’euros », confie Jean-Pierre Dreno. Car, quand les sommes gelées sont saisies par la justice, elles sont partagées entre les pays parties prenantes, souvent moitié-moitié.

    Victoire pas seulement financière, mais aussi symbolique, dans un contexte de lutte contre les paradis fiscaux, ce que Monaco se défend d’être depuis que le Rocher a officiellement pris l’engagement de mettre en œuvre les principes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de transparence et d’échange effectif de renseignements en 2009.

    Dans cette affaire, la banque se défend aujourd’hui en expliquant : « Les pratiques identifiées concernaient des comptes de clients de différents pays africains. Ces comptes étaient liés à une activité commerciale réelle (hôteliers, commerçants…) et pouvaient recevoir des remises de chèques pour faciliter les achats sur place de touristes ou d’expatriés français sans compte dans les banques locales. »

    Quant à savoir si de telles pratiques pourraient toucher d’autres branches de gestion de fortune de BNP Paribas Wealth Management, la banque répond : « Nos procédures en la matière ont été renforcées. »

    C’est un nouveau coup dur pour la banque après l’affaire Luxumbrella, qui avait montré une volonté de dissimulation et d’optimisation fiscale, à tout le moins ; le produit de défiscalisation Luxumbrella a depuis cessé d’être commercialisé.

    Début avril, la banque avait ensuite dû ensuite affronter les révélations Offshore Leaks et la mise au jour que BNP Paribas et Crédit agricole avaient supervisé la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux à la fin des années 1990 et dans les années 2000.

    Onde de chèques à BNP Monaco

    Libération – 15 mai 2013

    Par Nicolas Cori

    La filiale monégasque de la première banque de France aurait mis au point un vaste système de blanchiment d’argent venu d’Afrique. L’affaire, révélée par l’ONG Sherpa, embarrasse le groupe.

    L’évasion fiscale, cela ne concerne pas que les pays riches. En Afrique, les fraudeurs font sortir des milliards de devises du continent. Et, pour les aider, il y a les banques. Ainsi, BNP Paribas Wealth Management Monaco, filiale monégasque de la première banque française, est soupçonnée de blanchiment d’évasion fiscale et de fraude au contrôle des changes au détriment d’au moins quatre pays africains : Madagascar, Gabon, Sénégal, Burkina Faso. Selon Jean Merckaert, de l’association Sherpa, qui a révélé l’affaire et saisi la justice monégasque, « cela pourrait concerner des dizaines, voire plus d’une centaine de millions d’euros ». Un ancien salarié, licencié pour avoir alerté sa hiérarchie sur ces pratiques, conteste aujourd’hui son éviction devant les prud’hommes de Monaco. L’affaire gêne la banque, qui se targue d’être irréprochable en matière éthique.

    Grain de sable. « La lessiveuse africaine », c’est ainsi qu’est surnommé par certains salariés le système astucieux mis en place par BNP Paribas Monaco au début des années 2000. Pour fonctionner, il nécessite la collaboration involontaire de touristes français en voyage en Afrique. Au lieu d’avoir à régler en francs CFA leurs nuits d’hôtel, on leur propose de payer en euros avec leur carnet de chèques, en laissant le nom du bénéficiaire en blanc. Un trafic se met en place : les chèques sont revendus à des compatriotes disposant d’un compte en banque à BNP Paribas Monaco, endossés par ces derniers, et envoyés par courrier à leur banque, qui les encaisse. Pour les participants au trafic, l’intérêt est double : sortir illégalement de l’argent d’Afrique, alors que le contrôle des changes impose de passer par des bureaux de change agréés, et cacher au fisc ses véritables bénéfices commerciaux. Les autorités bancaires françaises, qui gèrent les compensations entre la France et Monaco, n’y voient que du feu : de l’extérieur, les chèques ont l’air de traduire des opérations effectuées en Europe, pas en Afrique.

    Jusqu’en 2011, la « lessiveuse » tourne parfaitement. Au centre du dispositif, les commerciaux de la cellule Afrique de BNP Paribas Monaco, qui se partagent le continent. Pour démarcher de nouveaux clients, ils comptent sur les « apporteurs d’affaires », des hommes d’affaires locaux chargés de faire les rabatteurs. Certains se voient confier le soin de centraliser les chèques. Ainsi, selon un document interne de BNP Paribas, un apporteur d’affaires malgache dépose, entre 2008 et 2011, 284 chèques pour un montant de 10,2 millions d’euros. Et ce n’est pas le client le plus prolifique. A Monaco, on s’organise pour traiter l’afflux de chèques. « Tous les jours, on recevait des dizaines d’enveloppes Fedex, raconte un ancien salarié. Les assistantes du service Afrique se plaignaient de n’avoir à faire que cela. »

    Pendant des années, la pratique prospère, avec la bénédiction de la direction locale. Ainsi, en 2009, le responsable de la cellule Afrique et le chargé de Madagascar sont débauchés par KBL Monaco (la filiale d’une banque privée belge) pour monter une structure équivalente. En réaction, Dominique Roy, directeur général de BNP Paribas Monaco, se déplace à Madagascar pour convaincre les clients de ne pas changer de banque. Pas de chance, en 2011, un grain de sable met à bas ce beau système. Un salarié en bisbille avec sa hiérarchie (qui lui reproche de ne pas être assez rentable et l’a mis au placard) alerte la direction sur la conformité du trafic de chèques. Une mission d’inspection est envoyée à Monaco. Son rapport, datant d’octobre 2011, ne peut que constater l’évidence : « La mission a relevé un nombre important de remises de chèques en provenance de pays africains. Il apparaît que la banque ne maîtrise pas totalement l’arrière-plan économique d’opérations susceptibles d’être en infraction avec la réglementation du pays de domicile des clients. » Et d’ajouter que cela « génère des risques élevés pour la banque en raison de l’inadaptation du dispositif de conformité ». Décision est prise de tout arrêter, mais personne n’est sanctionné. A l’exception du lanceur d’alerte, qui se voit licencier pour « insuffisance de résultat » et « indiscipline ».

    Ménage. Interrogée, la banque reconnaît les faits, mais les minimise. Il s’agissait de « faciliter les achats sur place de touristes ou d’expatriés français sans compte dans les banques locales », explique-t-elle, tout en reconnaissant que, suite au rapport, il a été mis fin à cette pratique « en 2011 et 2012 ». Mais cette histoire inquiète. Fin avril, suite aux révélations de Sherpa, le responsable du Wealth Management de la banque, Vincent Lecomte, s’est rendu à Monaco. Sa mission : s’assurer que le ménage a été bien fait dans les comptes Afrique si la justice s’intéresse de près à l’affaire. Pour l’instant, BNP Paribas peut compter sur la légendaire clémence monégasque. Informé des faits par Sherpa il y a un mois, le parquet de la principauté est resté inactif. « Des investigations vont être menées, assurait hier le procureur général Jean-Pierre Dreno. Mais, au stade actuel, il n’est pas question de saisir un juge d’instruction. »

    Sam La Touche, 9 fév 2015

    Tags : Maroc, François Hollande, HSBC, Swissleaks, off shore, paradis fiscaux,

  • Maroc, la maîtresse docile et soumise de la France

    Selon l’ancien ambassadeur de France aux Nations Unies et à Washington, Gérard Araud, le Maroc est une «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre».

    Le diplomate français, aujourd’hui à la retraite, a fait cette déclaration en 2011 lors d’une rencontre avec le célèbre acteur espagnol Javier Bardem qui réalisait à l’époque son documentaire sur le Sahara Occidental titré « Enfants des nuages, la dernière colonie ».

    Le dictionnaire définit le mot maîtresse comme « femme qui s’est donnée à un homme hors mariage ». Cet homme est son amant, un homme généralement marié qui n’entretient pas des sentiments d’amour à l’égard de sa maîtresse.

    Autrefois, le mariage se constituait sur des bases économiques ou politiques, où l’amour était souvent absent. Alors, l’homme cherchait une maîtresse comme un prolongement naturel du mariage et un exutoire de sexualité masculine parfaitement toléré. Mais pas de symétrie pour l’épouse qui était dénigrée et ostracisée, si elle prenait un amant.

    Dans un couple marié, les liens entre l’homme et la femme sont profonds notamment s’ils partagent des enfants. Alors, leur relation devient une relation de dépendance. L’homme ne sait plus se passer de son épouse et viceversa. Mais, dans cette relation, la sexualité perd en intensité, ce qui entraine une situation corrosive, irritante et inconfortable. C’est à ce moment-là qu’il commence à penser qu’une maîtresse est indispensable pour assouvir ses instincts animaux.

    Ces aspects caractérisent les relations entretenues entre la France et le Maroc. Paris étant obligé à défendre ses milliers d’entreprises installées au royaume de Mohammed VI, mais qui ne prend plus son pieds en raison de l’économie moribonde du royaume et le Maroc qui a besoin du soutien de la France au Conseil de Sécurité pour s’épargner toute résolution qui ne lui offre pas le territoire du Sahara Occidental sur un plateau d’argent.

    Leur relation est telle que lorsqu’un président français visite l’Algérie, l’état d’alerte est déclaré au Maroc. Une situation qui a poussé le premier ministre français Jean-Marc Ayrault à rassurer ses alliés marocains en rappellant que toute relation de la France avec le Maroc n’est pas forcément au détriment des relations avec Rabat.

    La dépendance de la France est arrivé au point que le roi du Maroc, après chaque élection française, s’installe dans son cháteau de Betz dans le but d’arracher une rencontre avec le nouveau locataire de l’Elysée. Ce dernier doit rassurer la maîtresse pour éviter des scènes de jalousie.

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Algérie, Macron, François Hollande, maîtresse, Gérard Araud,