Étiquette : Front Polisario

  • Sahara Occidental : Le régime de Bouteflika a rendu la France et le Maroc agressifs

    Dans une déclaration faite à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, Bouteflika a clairement accusé la France de « tenter de régler ses comptes avec l’Algérie  » en   appuyant le « Maroc » parce qu’elle « n’a jamais accepté l’indépendance algérienne ». Mais il y a aussi la question des visées colonialistes qui n’épargnent aucun pays de l’Afrique, notamment l’Afrique centrale et occidentale.

    En dépit de sa méfiance, Bouteflika a voulu donner une chance aux relations bilatérales en mettant de côté la question de la mémoire et les crimes de guerre commis par l’Hexagone contre la population algérienne. C’est ainsi que les dirigeants des deux pays n’ont pas hésité à parler de lune de miel malgré que le président algérien voyait d’un mauvais œil la la « marocanisation de la vie politique française. Selon Mondafrique, Saïd Bouteflika en aurait exprimé sa désapprobation auprès d’un conseiller de François Hollande. Et malgré les ingérences de la France dans le dossier du Sahara Occidental.

    En dépit des voyages de réconciliation, le ce ciel bleu et les prétendues relations exceptionnelles, le pont entre la France et l’Algérie n’a jamais été vraiment construit. La raison ? Paris et le Rabat devenaient de plus en plus arrogants et agressifs au point d’ignorer l’existence de l’Algérie.

    Théoriquement, au Conseil de Sécurité, il appartient aux Etats-Unis de rédiger le brouillon de la résolution sur le Sahara Occidental. Cependant, l’empreinte de la France dans le texte est plus que visible. Sans l’ombre d’un doute, elle pousse les sahraouis à la capitulation, à renoncer à leur droit à l’autodétermination. Même aux droits de l’homme les plus fondamentaux puisque la France empêche la MINURSO d’étendre ses prérogatives à la surveillance de la situation des droits humains au Sahara Occidental. Décomplexée, Paris n’hésite plus à prouver que le Maroc est toujours un protectorat de la France, voire un Département français, ce qui a poussé tous les émissaires onusiens à la démission. Le Maroc, pour sa part, se vante publiquement du soutien inconditionnel de la France à ses mésaventures expansionnistes ainsi que ses pratiques violentes contre la population sahraouie.

    La France et le Maroc ont mal interprété la bonne foi des autorités algériennes quant à leur volonté d’enterrer le passé et ouvrir une nouvelle page. Ensuite, la maladie de Bouteflika a fait le reste.

    L’agression française contre le peuple sahraoui n’est pas limité aux coulisses des Nations Unies. Paris s’est engagé aussi à soutenir l’offensive marocaine en Afrique visant à faire imploser l’Union Africaine à l’aide du soutien de certains pays francophones qui n’arrivent pas à se débarrasser de la tutelle gauloise.

    A cet égard, notre confrère Maamar Farah, du Soir d’Algérie, a écrit l’article suivant :

    La France entre macronisation et marocanisation

    Personne n’ignore qu’entre la France et le Maroc, les liens sont étroits, inaltérables — quelle que soit la couleur politique du régime à Paris — et soudés par les relations personnelles entre le roi et ses amis d’outre-Méditerranée. Les quelques nuages passagers qui traversent le ciel de cette belle entente et qui naissent du courage de quelques hommes politiques français dénonçant le silence de Paris sur les atteintes aux droits de l’Homme ou encore des écrits courageux des rares plumes libres non inféodées à Rabat, ces nuages ne peuvent remettre en cause les énormes intérêts français dans un pays encore colonisé. Un pays qui a une apparence de souveraineté mais qui n’est, en réalité, qu’une succursale de l’impérialisme et un haut lieu du sionisme international.

    Ce protectorat est dirigé par une oligarchie occidentalisée composée de courtisans affairistes dont les intérêts sont intimement liés aux grandes compagnies françaises et américaines notamment qui possèdent pratiquement tout le Maroc ! Au cours de deux visites effectuées en 1988-1989, nous avons parcouru des centaines de kilomètres entre Oujda, Fès, Casa, Rabat, Marrakech, Essouira et Béni Mellal et, partout, nous avons pu constater la mainmise des sociétés occidentales sur les richesses et l’économie marocaines. Nos hôtes ne s’en cachaient pas même s’ils ne disaient pas tout ! Les parts qui revenaient au roi, par exemple, n’étaient pas divulguées alors que le monarque possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises. Des amis bien informés ont évalué cette part à 10%. Sans compter, bien sûr, ses biens personnels car, ici, il s’agit des entreprises semi-publiques de grande importance.

    Qu’ils soient de gauche ou de droite, les pouvoirs successifs français ont toujours évité de critiquer le Maroc. Dans les moments de grande répression intérieure,  comme celui qu’a connu récemment le Rif ou sur le dossier du Sahara Occidental, les Français font preuve d’un étrange alignement sur le régime de Rabat. Même constat pour une presse dont les patrons ont des intérêts énormes au Maroc, à l’instar d’un Drahi, citoyen franco-maroco-israélien, propriétaire de BFM, de la chaîne sioniste i24 et de l’Express, entre autres. Quand ils ne sont pas patrons, beaucoup de journalistes français se laissent séduire par quelques faveurs sous forme d’avantages divers.

    Mais les journalistes ne sont pas les seuls privilégiés du système de lobbying marocain. Beaucoup d’hommes politiques, des membres influents de la société civile, des têtes d’affiche du monde des arts et du spectacle, sont également conviés à goûter aux plaisirs charnels qu’offrent les nuits chaudes de Marrakech. Pour certains, cela va plus loin puisque le «tourisme» local n’est pas très regardant sur les excès lubriques de quelques libertins en mal d’exotisme,  excès qui vont jusqu’à la pédophilie et l’esclavage sexuel d’enfants issus de la classe pauvre. Faut-il, pour ne pas être taxé de «comploteur antimarocain», citer les témoignages de l’amant d’Yves Saint-Laurent sur les soirées agitées de la villa Bleue impliquant des gosses ou les cas des ministres Jacques Lang et Frédéric Mitterand ou encore celui de ce pédophile espagnol condamné par la justice marocaine et gracié par le roi ?

    La permissivité du Makhzen vis-à-vis de ce désordre moral qui donne à Marrakech les allures d’un Sodome moderne est vivement appréciée par les milieux dominants français qui ont le double avantage d’être les vrais patrons de cette «province» et d’utiliser des «sujets» locaux pour jouir de plaisirs tabous et punis par la loi chez eux.

    Je fais encore appel à la mémoire pour citer un lieu que nous avons visité près de Marrakech, un immense camp de débauche collective où nous avons été invités pour un méchoui. Je ne suis pas un islamiste obscurantiste et je n’ai rien contre les cabarets et les boîtes de nuit que je fréquentais assidûment durant ma jeunesse, mais ce que j’ai vu et entendu à «Aliwood», près de Marrakech, m’a confirmé tout le mal que je pensais de ce «paradis sexuel» couru par les dépravés et les pédophiles du monde entier. Je passe sur les détails du «programme» pour ne pas choquer les âmes sensibles, m’arrêtant juste à ce moment fatidique où quelques fillettes en tenue légère furent introduites sous notre tente, pour une danse qui n’avait rien de folklorique.  Nous étions mal à l’aise, gênés par ce spectacle insolite et chacun de nous voyait sa propre fille parmi ces pauvres créatures. Mais l’honneur des Algériens fut sain et sauf. A l’invite d’un accompagnateur marocain qui nous proposait,  ni plus, ni moins, de «profiter» de l’occasion, Rezigui, vieux journaliste émérite de l’hebdomadaire arabophone El Moudjahid, se leva et en fit voir de toutes les couleurs à ces «organisateurs», pour une fois mal tombés : «Vous nous prenez pour qui ? Ces gosses ont l’âge de nos propres filles ! Vous ne connaissez pas l’Algérien ! Ne le confondez pas avec ces affamés sexuels, ces touristes dépravés qui profitent de votre bassesse…» Au moment de quitter notre tente, nous aperçûmes les fillettes agglutinées autour des restes de nos méchouis, s’arrachant les morceaux de viande comme des animaux ! Triste moment qui me fit réfléchir à ce Maghreb de l’impossible que nous voulions bâtir… Je pensais à Boumediène et à ce qu’il disait à propos de la féodalité marocaine…

    Pour revenir aux relations franco-marocaines, il n’y a pas que ce côté apparent des choses. Depuis quelque temps, les «représentants» et autres espions déclarés ou pas du Maroc pullulent en France,  grimpant rapidement les échelons du pouvoir politique. Il y eut Dati, Najet-Vallaud Belkacem, Azoulaï et bien d’autres. Leur rôle est de servir les thèses monarchiques et influer sur les positions françaises. Parfois, il s’agit de jonctions entre les intérêts du royaume et ceux d’Israël qui a certes des défenseurs de plus en plus nombreux en France, mais qui aura toujours besoin d’une forte présence en Afrique du Nord, dans un pays aux relations «intimes» avec l’ancienne Métropole.

    Le nouvel épisode de ce long feuilleton et qui a pour titre «Benalla et les Macron» traduit on ne peut mieux cette omniprésence marocaine dans les hautes sphères parisiennes. Une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets mais qui aura le mérite — nous l’espérons — d’ouvrir les yeux de l’opinion française sur des dérives qui n’ont que trop duré. L’intérêt de la France n’est pas et ne sera jamais dans ces arrangements douteux qui servent une caste éphémère mais pas les deux peuples. Les intérêts des deux oligarchies empêchent la vérité et la justice d’imprégner ces relations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne veulent pas sortir du sordide, depuis ces temps pas très lointains où des barbouzes du Quai des Orfèvres enlevaient Ben Barka,  au cœur de Paris, sur ordre de Hassan II.

    M. F. 

    P. S. : lorsqu’il est conçu sans arrière-pensées, le Partenariat public-privé peut effectivement rendre d’énormes services à l’économie algérienne. Mais la version corrigée et revue par le FCE et… l’UGTA (!) n’était qu’une énième tentative de brader le secteur public au profit de patrons à la soudaine richesse ! Ces pistonnés, de plus en plus nombreux au fil des mandats, lorgnent du côté des entreprises propriétaires de foncier important, bien installées et rentables.

    Un exemple édifiant : celui de GTH, grande société de travaux hydrauliques qui eut ses heures de gloire. Ayant une grande expérience dans le domaine des transferts hydriques et des constructions de stations et de barrages, cette société a, curieusement, de moins en moins de marchés au moment où, paradoxalement, quelques rares sociétés privées croulent sous les commandes ! Les travailleurs de GTH éprouvent des difficultés à percevoir leurs salaires et l’entreprise est en voie de disparition. Mais les «sauveurs» guettent…

    Ce n’est plus du  partenariat mais du «pousse-toi de là que je m’y mette !»

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, France, Union Africaine, françafrique,

  • L’UA avorte les plans du Maroc visant à exclure la RASD de ses conférences bilatérales

    Le Conseil exécutif de l’Union africaine (ministres des affaires étrangères des pays de l’Union) a approuvé une décision affirmant l’engagement de l’organisation continentale à la participation de tous les États membres de l’Union aux sommets du partenariat entre l’Union africaine et toutes les organisations internationales et régionales telles que les Nations Unies, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et toutes les organisations Autre régional.

     Avec cette décision historique claire, l’Union africaine avorte les plans du Maroc qui, soutenu par la France et ses satellites françafricains visent à faire exclure la République Arabe Sahraouie Démocratique des forums bilatéraux entre l’Union Africaine et d’autres partenaires du monde.

    Rabat a tenté à l’aide de ses alliés d’empêcher la participation de la RASD aux réunions de l’UA avec l’Union Européenne, la Turquie, le Japon… Désormais, les africains ont coupé les herbes sous les manœuvres marocaines basées sur l’achat des consciences et la corruption dans le but de faire imploser l’organisation panafricaine en raison de son refus à

    Suite à l’adoption de cette résolution, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a déclaré: «La position de l’Union africaine est un obstacle majeur face aux tentatives de l’occupant marocain de s’infiltrer dans les rangs pour briser l’unité de l’organisation et servir des agendas étrangers qui ne voient d’un bon œil l’existence d’une organisation continentale qui rassemble les peuples d’Afrique et défend leurs intérêts, espoirs et ambitions. Ainsi, les africains prouvent une fois de plus que la stratégie de l’occupation se dirige vers sa fin inévitable, qui ne sera que l’effondrement et la fin.

    Avec SPS

    Photo: Le ministre marocain des affaires Etrangères, Nasser Bourita, lors de son expulsion par la sécurité de la conférence UA-TICAD à Maputo, après avoir tenté, physiquement d’empêcher l’entrée de la délegation sahraouie.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Union Africaine,

  • L’Algérie renouvelle son offre d’accueillir une conférence pour mettre fin au conflit libyen

    Le président Abdel Majid Tebboune a révélé sa correspondance à António Guterres pour l’encourager à accélérer la nomination de son envoyé personnel au Sahara, dans son discours lors du sommet africain

    Mourad Belhaj | 09.02.2020

    AA / Algérie / Abderrazzak Ben Abdallah

    Le président algérien, Abdel Majid Tebboune, a renouvelé, dimanche, l’offre de son pays d’accueillir une conférence de dialogue entre les parties libyennes.

    C’est ce qui ressort du discours qu’il a prononcé lors de sa participation au 33ème Sommet ordinaire de l’Union africaine, tenu à Addis-Abeba sur le thème « faire taire les armes et créer les conditions du développement en Afrique ».

    « Je renouvelle la proposition de l’Algérie d’accueillir le dialogue entre les frères libyens, dans le respect de ses traditions diplomatiques, et comme confirmé à Berlin », a déclaré Tebboune.

    Et de poursuivre : « La situation tragique qui prévaut en Libye sœur, avec laquelle l’Algérie partage de longues frontières et un destin commun, reste une source de préoccupation pour nous ».

    Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait auparavant pris la parole. Il a annoncé dans son discours devant le sommet africain à Addis-Abeba, son soutien « à l’idée d’organiser une réunion en Afrique pour réconcilier les factions belligérantes en Libye ».

    Depuis le 4 avril, les forces de Haftar ont lancé une offensive pour s’emparer de la capitale, contestant la légitimité et l’autorité du gouvernement d’entente.

    Haftar n’a pas adhéré au cessez-le-feu, qui a commencé le 12 janvier de l’année dernière sur une initiative turco-russe. Il n’a pas non plus adhéré aux résultats de la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, tenue le 19 du même mois, notamment quant à la cessation des hostilités et au retour à la voie diplomatique pour régler le conflit.

    Dans un autre contexte, Tebboune a révélé avoir envoyé un message à Guterres, pour l’encourager à accélérer la nomination de son envoyé personnel dans la région du Sahara occidental (succédant à l’Allemand Horst Koehler), et à entamer la relance du règlement du conflit dans cette région.

    L’Algérie est membre observateur des négociations entre le Maroc et le Front Polisario et soutient la demande de ce dernier d’organiser un référendum d’autodétermination, car elle accueille sur son sol, depuis des décennies, des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis fuyant le conflit.

    Anadolou

    Tags : Algérie, Libye, Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, UA, Front Polisario,

  • Le Sahara occidental revient au-devant de la scène à l’UA

    Si elle n’a jamais été évacuée des discussions politiques et diplomatiques, notamment à l’ONU, la question du Sahara occidental revient en force sur la scène internationale grâce au sommet de l’Union Africaine (UA) qui s’achève aujourd’hui avec la promesse de ses chefs d’Etats de « faire taire les armes » et « régler les conflits ». Mais pas seulement !

    Le dossier connait des développements inquiétants depuis plusieurs mois, marqués notamment par deux récentes lois marocaines qui définissent les eaux territoriales du Royaume en violation du droit international, le Sahara occidental étant un territoire à décoloniser selon l’ONU, qui se dit « préoccupée » également par la décision de Rabat d’ouvrir avec le soutien de certains Etats africains des représentations consulaires à Laayoune et l’organisation , toujours à Laayoune, de la Coupe d’Afrique des nations de futsal comme si le Maroc était souverain sur ce territoire.

    Plus récemment, des sources diplomatiques israéliennes et américaines, relayées par des médias au Maroc et dans des capitales occidentales et africaines, laissent entendre que des discussions sont en cours entre Mohammed VI, Donald Trump et Benjamin Netanyahou: le Maroc serait prêt à soutenir le « plan de paix » de Trump pour Israël et les territoires palestiniens, en échange de la reconnaissance par les Etats-Unis, de sa souveraineté sur le Sahara occidental…

    En face, le Polisario, qui gagne lui aussi des points importants sur la scène internationale, s’impatiente et menace de recourir à son droit aux armes si les instances internationales, l’ONU en premier mais l’UA également, échouent à faire valoir la légalité internationale. On imagine alors les répercussions sur la partie nord de l’Afrique et les risques d’une complication d’une donne sécuritaire des plus ardues en raison des connexions entre l’islamo-terrorisme, le trafic en tous genres et l’exacerbation-manipulation des tensions intercommunautaires dans des zones où les Etats n’existent pas ou sont en situation de faillite. Bien entendu, il n’y a rien à comparer entre un mouvement de libération visant l’autodétermination et des groupes radicaux aux agendas sans projets que ceux de la destruction, mais un retour des indépendantistes sahraouis aux armes rendrait le paysage sécuritaire plus critique.

    Et c’est sans doute pour cette raison, davantage que le soutien qu’on connait de son pays à la cause sahraouie, que le président sud-africain et nouveau président de l’UA a réaffirmé hier le soutien de son pays au peuple sahraoui et à son droit à l’autodétermination.

    Appel de Tebboune à désigner un envoyé spécial de l’ONU

    « Nous réaffirmons notre ferme soutien à un Etat indépendant et souverain, ainsi que le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination », a déclaré le président Cyril Ramaphosa dans son discours lors de la 33e session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA. De son côté, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a déclaré à l’ouverture du sommet que la question du Sahara occidental et la crise en Libye « élargissaient les responsabilités » de l’organisation panafricaine dans le règlement de ces deux conflits.

    « Le conflit du Sahara occidental reste le plus ancien conflit non résolu sur le continent et demeure une préoccupation tant pour le fonctionnement de notre organisation que pour les populations », a-t-il rappelé.

    C’est pour cette raison, aussi, que le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune a indiqué, dimanche à Addis-Abeba, avoir exhorté le secrétaire général des Nations Unies à « hâter » la désignation de son envoyé personnel et à relancer le processus de règlement de la question du Sahara Occidental.« Force est de constater, avec regret, que depuis la démission de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Horst Kohler, le processus de paix onusien est sur une voie semée d’embûches. J’ai d’ailleurs adressé, il y a quelques jours, une lettre au SG de l’ONU pour l’exhorter à hâter la désignation de son envoyé personnel et à relancer le processus de règlement de la question du Sahara Occidental », a fait savoir le Président Tebboune, dans son allocution lors du 33e Sommet de l’Union africaine (UA).

    ReportersDZ, 10 fév 2020

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Front Polisario, UA, Union Africaine,

  • Le Maroc et la RASD, côte à côte à Addis Abeba

    Que le régime et sa population le veuillent ou pas, le Maroc se trouve bel et bien sur la voie de la reconnaissance officielle et à haute voix de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). Pour ceux qui cherchent encore des preuves sur cette vérité, elle est là devant leurs yeux : la présence du premier ministre marocain, Saadeddine El Othmani et du président sahraoui, Brahim Ghali, côte à côte à l’intérieur de la salle de conférences du 33e sommet de l’Union africaine (UA) dont les travaux ont débuté ce matin à Addis Abeba.

    Si l’ancien premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane s’est retiré de la cérémonie des obsèques du président algérien Ahmed Ben Bella, son successeur a dû avaler la couleuvre parce que l’ordre vient du roi.

    En plus de la présence du leader sahraoui, El Othmani est aussi condamné à accepter le discours du nouveau président de l’Union Africaine qui n’est autre que le président sudafricain Cyril Ramaphosa qui lors de son intervention n’a pas oublié de réaffirmer le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental et sa solidarité qu’il a qualifié de « État souverain et indépendant ».

    « Faire taire les armes » étant le thème du Sommet, Moussa Faki, président de la Commission Africaine, a souligné la nécessité de résoudre les deux conflits libyen et sahraoui.  « Je voudrais ajouter deux questions spécifiques qui élargissent nos responsabilités à de nouvelles ardentes obligations, il s’agit de la question du Sahara Occidental et celle du sort de la Libye », a-t-il déclaré.

    Parmi ceux qui ont brillé par leur absence, le président togolais Faure Gnassingbé, le président du Gabon, Ali Bongo, le président Talon du Bénin, Paul Biya du Cameroun et le roi du Maroc.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Union Africaine, UA, RASD,

  • Antonio Guterres a promis au Maroc le recensement des réfugiés sahraouis en Algérie

    Dans une lettre envoyée à sa centrale, l’ancien ambassadeur du Maroc à Genève qualifiait Antonio Guterres, commissaire aux réfugiés à l’époque, de « ami du Maroc » et rappelait qu’il avait procédé, à la demande du Maroc, à réduire les aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis.

    Dans ce document confidentiel de la diplomatie marocaine, Guterres va plus loin encore, en promettant de réaliser le recensement de ces réfugiés. Voici le texte intégral de ce document:

    PROJET DE LETTRE DE M LE MINISTRE AU HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES

    Monsieur le Haut Commissaire,

    Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

    Genève

    Depuis le déclenchement de la crise malienne, les défis sécuritaire liés la situation actuelle dans l’espace sahélo-saharien interpelle, plus que jamais, la communauté internationale en termes d’atteinte à la paix et la stabilité , aussi bien à cet espace spécifique directement concerné qu’aux pays méditerranéens, voire européens.

    Ces défis sécuritaires que vous avez vous même relevez, vous vous en souviendrez, lors de la réunion de haut niveau organisé par Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies en septembre 2012, au cours des travaux de l’Assemblée générale de L’ONU, requièrent l’urgence de l’adoption d’une stratégie intégrée et d’une réponse globale permettant de faire face à la montée visible et perceptible de groupements armés et terroristes qui semblent tirer profit de la densité et de la porosité des frontières des pays entourant cet espace.

    La crise actuelle au Mali, les attaques terroristes, comme celle ayant eu lieu en janvier 2013 à In Amesna, sur le territoire algérien, la multiplication de rapts d’étrangers, le flux illicite d’armes, le trafic des êtres humains …..etc., sont autant de symptômes d’une situation frontalière incontrôlée et porteuse de dangers, autant de menaces réelles à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des Etats de la région.

    Ces challenges sécuritaires sont devenus ainsi une source de préoccupation pour la communauté internationales au regard de la perméabilité des frontières des pays de cet espace territorial vaste, qui nécessite la conjugaison des efforts internationaux pour la mise en œuvre du projet de la stratégie onusienne inclusive, holistique et intégrée pour le Sahel qui prend en charge à la fois les exigences sécuritaires et humanitaires, tel que annoncée par Mr le Secrétaire général, lors de cette réunion de haut niveau,.

    Monsieur le Haut Commissaire,

    Vous vous souviendrez de la teneur de ma lettre, du 28 janvier 2011, par laquelle je vous ai sollicité les mesures prises par votre institution pour l’opérationnalisation de l’appel du Secrétaire Général de l’ONU contenu dans son rapport S/2010/175 qui a demandé de « réfléchir sérieusement à l’idée de procéder au recensement des réfugiés, et de mettre en œuvre un programme d’entretiens individuels ». Cet appel au recensement des populations des camps de Tindouf, en tant que mesure fondamentale de protection, est aujourd’hui, plus que jamais, impératif au regard des défis sécuritaires qui guettent toute la région du Sahel.

    Monsieur Antonio Guterres

    Conscient de ces défis, le Royaume du Maroc demeure très préoccupé par le cas atypique des populations des camps de Tindouf, en Algérie, dont la situation risque de devenir de plus en plus précaire et fragile, en raison des derniers événements au Mali, ayant démontré la connexion de certains éléments armés dans ces camps avec la nébuleuse terroriste de l’AQMI opérant dans la région sahélo-saharienne.

    En effet, l’absence d’un recensement fiable, selon les critères internationalement reconnus par votre agence, de cette population contribue inéluctablement, au maintien de l’insécurité et de doutes sur leur statut vis-à-vis du droit international humanitaire. Le manque d’enregistrement de cette population interpelle, l’Algérie, en sa qualité de pays hôte des camps, d’honorer ses engagements en conformité avec les principes et obligations des Etats parties à la Convention de Genève de 1951 relatives aux réfugiés.

    Ainsi, l’obligation du recensement est devenue, plus que jamais, une nécessité impérieuse, non seulement, en tant que moyen de protection internationale de ces populations, mais aussi, en tant que mesure fondamentale de sécurité, visant à les prémunir de toute menace terroriste éventuelle, et d’infiltration d’éléments terroristes aux camps.

    Monsieur le Haut Commissaire,

    La situation d’insécurité et de précarité juridique des camps est aggravée par la participation d’éléments armés du polisario, confirmée récemment par le Ministre des affaires étrangères du Mali, et plusieurs think tank, dans les rangs des groupes terroristes au Nord du Mali, à la guerre contre le Gouvernement malien et les forces internationales visant à la sécurisation du pays de la menace terroriste.

    Cette nouvelle facette de l’activisme de certains éléments armés du polisario dans la région sahélo-saharienne constitue pour la communauté internationale une source majeure de préoccupation, et révèle le glissement des éléments de cette entité, vers des activités terroristes, tirant profit de la formation militaire et de l’opérationnalité dont ils disposent, et dont pourraient bénéficier Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

    La fragilité des camps a été dévoilée, également, lors de l’épisode du rapt, en octobre 2011, de trois étrangers travaillant avec des organisations humanitaires, au sien des camps de Tindouf, ce qui met en évidence l’impératif de protéger les populations qui y vivent, contre tout risque ou menace pouvant porter atteinte à leur intégrité physique et morale.

    Monsieur le Haut Commissaire,

    Nous sommes arrivés à la conclusion, lors de notre rencontre à Genève le 25 février 2013, en marge du haut segment de la 22eme session du Conseil des droits de l’homme, que le recensement des populations des camps de Tindouf, est devenu, en définitive aujourd’hui, une mesure urgente répondant à un double besoin de protection et de sécurité des populations des camps de Tindouf, au regard du climat d’instabilité et d’insécurité qui règne dans l’espace sahélo-saharien.

    Aussi, le Royaume du Maroc demeure-t-il convaincu que seul le HCR est habilité à y répondre par la mise en œuvre pleine et entière de son mandat. Les éléments de réponse à sa démarche, tant attendue, devraient figurer dans le prochain rapport du Secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, en avril prochain.

    Je vous saurais gré de bien vouloir tenir informé, comme convenu à Genève, les actions que vous avez entreprises à cet effet et éventuellement les résultats de vos démarches.

    Je saisis cette occasion pour réitérer l’appui du Royaume du Maroc aux efforts menés et planifiés par le Haut Commissariat, sous votre leadership, en vue de mettre en œuvre les recommandations du Secrétaire Général de l’ONU et des deux résolutions du Conseil de sécurité concernant l’impératif du recensement des populations dites réfugiées dans les camps de Tindouf.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Haut Commissaire, en l’expression de ma considération la plus distinguée.

    Source : Maroc Leaks, 9 fév 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, HCR, Antonio Guterres, réfugiés sahraouis, Tindouf, aide humanitaire,

  • Selon la CIA, le Maroc allait perdre la guerre contre le Polisario

    Par Ferhat Zafane :

    Le Front Polisario a pu faire plier l’occupant marocain dans sa guerre d’indépendance n’était-ce l’intervention de la France et de pays arabes tel que son allié l’Arabie Saoudite. C’est ce que révèle un rapport secret de 10 millions de pages sur le conflit du Sahara occidental rendu public récemment par l’Agence de renseignement US, la CIA.

    L’agence lève le voile, 44 ans après le déclenchement de la lutte armée, sur les dessous des appuis dont a bénéficié le Maroc alors qu’il était en train de perdre la guerre contre le Front Polisario jusqu’à ce que les pays européens et arabes interviennent politiquement et militairement pour soutenir Hassan II.

    La CIA a donné le feu vert pour faciliter l’accès à plus de 10 millions de pages dont 900.000 sont des documents déclassifiés qui permettent de savoir ce qui s’est passé depuis mars 1979, 4 ans après la sortie précipitée de l’Espagne alors que 300.000 Marocains attendaient dans une petite localité au milieu du désert appelée Taj, situé à proximité de la frontière de l’actuelle RASD. »

    L’annexion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975 s’est faite par la force et a conduit à la guerre « , souligne la CIA dans ses rapports. La guerre du Sahara est le plus vieux conflit en Afrique qui butte sur les tergiversations marocaines à appliquer les résolutions de l’ONU prévoyant l’autodétermination pour le peuple sahraoui.

    Les conséquences de la confrontation entre le Front Polisario et le Maroc, et ses conséquences se sont étendues à l’Algérie voisine, indique le document. Les effets collatéraux se sont également étendus à la Mauritanie et aux iles Canaries, qui ont accueilli une bonne partie des Sahraouis qui n’ont pas fui vers les camps algériens de Tindouf.

    Les attaques sahraouies contre les troupes espagnoles se poursuivaient depuis 1969, faisant des dizaines de blessés et de morts. Même la mort de l’architecte du Polisario, Mohamed Basiri, des mains de l’espionnage espagnol, n’a pas suffi à étouffer la flamme indépendantiste. Le président de la RASD est Brahim Ghali était avec Basiri un combattant et co-fondateur du Front. Ghali a également fait partie du premier gouvernement officiel de la RASD en tant que ministre des Affaires étrangères et, plus tard, a été responsable de la Défense.

    Le rapport fait observer que dans le conflit et l’invasion du Sahara par le Maroc, l’aide que les Marocains ont reçue des USA, de la France, de l’Espagne et de l’Arabie Saoudite a été décisive grâce aux relations entre Hassan II et Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale des USA. Le 21 août 1975, le Département d’Etat US donne le feu vert à un projet stratégique secret de la CIA, financé par l’Arabie Saoudite, visant à arracher l’ancienne province du Sahara (une zone de 270 000 kilomètres carrés) à l’Espagne.

    Le document de base, intitulé » Sahara Occidental, le boulet du Maroc » , a été diffusé par tranches en 2017 mais retrouve aujourd’hui sa notoriété en raison de l’arrêt bilatéral des ébauches de négociations qui ont eu lieu depuis janvier 2019 sous l’instigation de l’ONU entre les représentants du Maroc, du Polisario, avec la supervision de l’Algérie et de la Mauritanie pour jeter les bases d’un accord.

    Le conflit a duré jusqu’en 1991, après le cessez-le-feu imposé par les Nations Unies avec la promesse institutionnelle d’organiser un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu du fait du boycott constant des négociations par le Maroc. Le processus de décolonisation du Sahara occidental est le plus ancien au monde. La colonie espagnole est considérée comme sensible d’un point de vue géostratégique.

    La Grande-Bretagne avait été chargée d’effectuer la due diligence (audit préalable) de l’ensemble de la province et avait établi sa richesse en phosphates, en fer, en pétrole et en gaz. Les techniciens britanniques ont identifié et scellé les puits de pétrole susceptibles d’être exploités après plusieurs décennies, afin d’éviter que la guerre du Sahara ne devienne un conflit économique aux yeux de la communauté internationale.

    Dans ce contexte, les USA n’étaient pas disposés à laisser entre les mains de l’Espagne l’avenir politique et commercial de la région qui allait passer sous le contrôle de la RASD, car ils entretenaient aussi des relations étroites avec l’Algérie, perçue alors comme allié de l’Union soviétique.

    F.Z

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, CIA, Etats-Unis, ONU,

  • L’Occident, le Sahara Occidental et le Koweït, Hassan II et Saddam Housseïn

    Larossi Sidemmou

    En lisant les révélations de Wikileaks sur le Sahara Occidental, un déclaration d’Abdelaziz Bouteflika a attiré mon attention : « Les Marocains veulent un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». Ma mémoire est revenu en arrière pour imaginer la réaction de l’ancien président algérien assis sur son fauteuil à El Mouradia en train de maudire l’hypocrisie des prétendues démocraties occidentales dont la politique et la diplomatie est basée sur l’agression, le pilllage et le deux poids deux mesures.

    « En moins de deux, ils se sont ameutés pour défendre le Koweït, alors qu’ils soutiennent l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc au détriment du droit international et malgré la guerre livrée par le peuple sahraoui pour arracher ses droits légitimes », aurait pensé Bouteflika.

    L’invasion du Sahara Occidental par le Maroc était un véritable Anschluss organisé par le Hitler maghrébin, le sanguinaire roi Hassan II. Mais c’était sans compter sur la volonté de son peuple de la défendre coûte que coûte. Un peuple dont le courage restera dans les annales de l’histoire comme le peuple qui a défié un agresseur soutenu par deux puissances mondiales et par les pétrodollars des monarchies arabes.

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario,

  • Le Front Polisario prive le Maroc de la participation au Petit Déjeuner de Prière organisé par le président américain

    Le Front Polisario prend la parole au Petit Déjeuner de Prière Nationale au nom de l’Afrique

    Washington, 7 fév 2020.- Au nom de l’Afrique, le représentant du Front Polisario, Mouloud Saïd a pris la parole à l’occasion du Petit Déjeuner de Prière National organisé jeudi par le président américain Donald Trump.

    Petit Déjeuner de Prière National est un événement annuel organisé à Washington le premier jeudi de février depuis 1953. Il s’agit d’une plateforme qui sert de forum pour les leaders politiques, sociaux et économiques au niveau mondial où de nouvelles relations peuvent être tissées dans tous les domaines.

    Le même jour, Mouloud Saïd a participé à un dîner au Senat en présence de membres du Sénat, de la Chambre de Représentants et des délégations étrangères ayant participé au petit déjeuner présidentiel.

    Dans son discours, le diplomate sahraoui a remercié les membres des deux chambres législatives de leur intérêt pour ce qui se passe sur le continent africain, en particulier il a profité de l’occasion pour informer l’auditoire des détails de la situation au Sahara Occidental.

    À la suite du discours de Molud Said, le sénateur James Einhof, président de la commission de défense du Sénat américain, a pris la parole pour ratifier sa position de soutien au peuple sahraoui et sa lutte pour sa juste cause. Il a également qualifié la présence du Maroc au Sahara occidental comme illégale.

    En dehors de ces activités, Moloud Said a salué le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, en plus de l’ancien premier ministre du Kenya, qui a réitéré son soutien à la lutte du peuple sahraoui pour sa juste cause.

    Par ailleurs, les marocains ont brillé par leur absence en raison de la présence du délégué sahraoui.

    Pour rappel, le Maroc occupe le Sahara Occidental au détriment de la légalité internationale qui impose un référendum d’autodétermination.

    Avec SPS

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Mouloud Saïd, Washington, Petit Déjeuner de la Prière Nationale, Etats-Unis,

  • Sahara Occidental : La malédiction des ressources

    En temps de crise économique et de chômage durable en Afrique du Nord, les ressources naturelles du Sahara Occidental deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement. La nouvelle répartition des pouvoirs engendrée par les processus politiques actuels au sein de la région pourrait conduire à de nouvelles négociations du conflit.

    Susanne Kaiser

    Il s’agissait à peine plus que d’une rumeur : lors de la visite du roi marocain Mohammed VI à Tunis fin mai, une critique exprimée par la jeune démocratie tunisienne concernant les pratiques antidémocratiques du Maroc au Sahara Occidental et les mauvaises relations avec le pays voisin qu’est l’Algérie, a fait l’objet d’une discorde diplomatique entre le roi marocain et le président tunisien Moncef Marzouki. C’est du moins ce que rapporte le journal électronique tunisien businessnews.com.tn en se référant à des « sources diplomatiques », sans préciser les détails. Le démenti est arrivé aussitôt du palais présidentiel.

    Il est bien possible qu’il s’agissait seulement d’une rumeur, cependant, cela est un signe de plus qui montre que les choses bougent au sein de ce conflit qui dure depuis 40 ans et qui était surtout marqué ces dernières 25 années, par la stagnation : la dispute au Sahara Occidental fait partie des crises oubliées de notre époque.

    Pourtant, elle est à l’origine d’histoires semblables, parlant d’expulsion, de séparation de familles, d’oppression et de marginalisation, de nouveaux colons et de générations ayant grandies dans des camps de réfugiés. Ces histoires parlent aussi de discrimination, de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de violations des droits de l’homme, de terrorisme et d’une installation de barrages qui coupent le territoire en plein cœur et empêchent toute liberté de déplacement. Elles parlent également d’élites dirigeantes qui ne semblent pas être intéressées à une solution du conflit, d’une communauté internationale sans pouvoirs et sans moyens qui ne peut que regarder ce qui se passe, sans pouvoir intervenir. Mais, il existe une différence essentielle : le Sahara Occidental est riche en ressources naturelles et c’est pourquoi il s’agit d’un terrain convoité ; ces ressources deviennent une malédiction.

    L’ancien groupe de rebelles du Front Polisario pour une « République Arabe Sahraouie Démocratique » et le Maroc sont les principales parties du conflit. Mais, en réalité, il existe d’autres parties mêlées au conflit et chacune d’entre elles poursuit des intérêts opaques : l’Algérie, la Mauritanie, l’Espagne ou bien les Etats-Unis.

    L’indicateur le plus frappant pour montrer à quel point la situation était bloquée jusqu’à présent, est le mandat des Nations Unies MINURSO (« Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un Référendum au Sahara Occidental »), qui est renouvelé inlassablement chaque année, depuis 1991, alors qu’aucun résultat politique n’a été observé.

    Ressources contre identité et autodétermination

    Au centre du conflit se trouve l’exploitation de ressources précieuses comme le phosphate, le poisson et le pétrole que le Maroc revendique pour lui seul et qui deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement en temps de crise économique et d’augmentation du chômage. Par ailleurs, la situation géo-stratégique de la région joue aussi un rôle. Pour les sahraouis, l’enjeu est beaucoup plus élevé, il s’agit d’identité, d’appartenance, de liberté de circulation et d’autodétermination sur un territoire national.

    Mis à l’écart et oublié : depuis la moitié des années soixante-dix, beaucoup de sahraouis se sont installés dans les camps de réfugiés autour de Tindouf, dans la partie occidentale de l’Algérie. L’organisation de protection des droits de l’homme UNHCR estime à 120.000 le nombre de réfugiés qui vivent à cet endroit, le gouvernement algérien pense quand à lui que ce chiffre est bien plus élevé, estimant qu’il s’agit de plus de 150.000 personne.

    Les efforts de logistique engendrés par l’occupation valent la peine pour le Maroc, car l’exploitation des réserves de poissons et l’attribution de licences de pêche à l’UE, le pillage des plus grands gisements mondiaux de phosphate et l’exportation de tomates ou de sel contribuent à augmenter le PIB du Maroc.

    Par ailleurs,il existerait des réserves considérables de pétrole et de gaz le long de la côte qui s’étend sur 2200 km. Des grands groupes énergétiques, parmi eux l’entreprise française Total ont déjà acheté des licences de forage il y a des années. Sur cette toile de fond, le Maroc est prêt à accepter la mauvaise image qui se dessine. Il est rare que les sahraouis bénéficient d’une partie du chiffre d’affaire ou qu’ils obtiennent des emplois ; ils sont en effet réservés aux colons marocains.

    Un mur en plein désert

    Pour protéger ses bénéfices, le Maroc a construit au début des années 80, un mur de sable (« Berm ») de trois mètres de haut, en plein désert. Il sépare la partie du Sahara Occidental occupée et gérée par le Maroc de la « zone libre » contrôlée par le mouvement de libération Front Polisario. Celle-ci s’étend sur 2500 km, allant au nord, de la région où se trouve les frontières du Maroc avec l’Algérie et avec la Mauritanie, jusqu’au sud du Sahara Occidental. Le mur de sable est surveillé dans sa totalité par des soldats marocains et est souvent couvert de mines.

    Les sahraouis le nomment « Al-jidar », le mur, et c’est pour cela qu’il a souvent été comparé avec l’installation de barrages israélienne ou avec le mur de Berlin. Il empêche aux familles vivant dans les territoires séparés de se rendre visite. Et cela concerne presque tous les sahraouis, puisqu’au temps des combats armés avec le Maroc de 1975 à 1991, presque toutes les familles ont été déchirées. Par ailleurs, dans la mémoire collective des sahraouis, on trouve aussi des histoires parlant de corps ayant perdu un membre ou de personnes tuées par des mines.

    Dans la « zone libre », les expulsés se sont installés depuis la moité des années 70, dans des camps de réfugiés, autour de Tindouf, tout à l’ouest de l’Algérie. L’organisation pour les réfugiés UNHCR estime à 120.000 le nombre de personnes qui vivent à cet endroit. Le gouvernement algérien pense que ce nombre est supérieur à 150.000. Par conséquent, plusieurs générations ne connaissent pas d’autre patrie que ces camps. Au moins, les noms des villes formées de tentes et de cabanes portent les noms des lieux de la côte atlantique dont les parents et grands-parents ont été expulsés à l’époque : El Aaiun, Smara, Aousserd, Dakhla.

    Des jouets pour les puissants

    C’est sur leur dos que les Etats puissants se disputent qu sujet d’argent, d’influence et d’intérêts politiques. Les Etats-Unis, par exemple, se sont longtemps laissés impressionner par la rhétorique du Maroc, selon laquelle l’annexion du Sahara Occidental et la construction d’un mur servaient aux intérêts des Etats-Unis : pendant la guerre froide, contre le communisme (rebelles du Front Polisario) et qujourd’hui, contre le terrorisme (rebelles du Front Polisario).

    C’est pourquoi la demande de résolution de Monsieur Obama auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon laquelle le respect des droits de l’homme devait être surveillé dans le cadre du mandat de la MINURSO, a surpris le Maroc en 2013.

    Cela semble, cependant absolument nécessaire en raison des informations relatant l’existence de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de camps d’internements. Le Maroc a réagi en stoppant les exercices communs des troupes, par la suite, les Etats-Unis ont retiré leur proposition et ainsi la MINURSO reste la seule mission pour la paix des Nations Unies n’ayant pas de clause relative aux droits de l’homme.

    Pas de référendum en vue

    Jusuq’à présent, la référendum permettant aux habitants du Sahara Occidental de voter pour une future forme d’État et en même temps pour le rapatriement des expulsés, ce qui était l’objectif d’origine du mandat, n’a pas encore eu lieu. La mise en place du référendum a échoué à cause de discussions au sujet des frontières territoriales et des critères donnant droit de vote. Qui a le droit de voter ? Seulement les Sahraouis ou bien aussi les colons marocains qui aspirent à une majorité en nombre ?

    L’élite dirigeante du Polisario qui est soutenue par l’Algérie, tente d’imposer ses intérêts personnels en matière de pouvoir et ne représente pas une exception dans ce contexte. Elle est critiquée dans les propres rangs où elle est parfois considérée comme une troupe vieillissante de rebelles qui s’est installée confortablement dans la diaspora et qui n’est plus intéressée à résoudre le conflit.

    C’est surtout au sein de la jeune génération de Sahraouis et de manière la plus connue au sein du « mouvement de la jeunesse pour le changement », que l’on reproche à la vieille garde de trop s’orienter en fonction de l’Algérie et d’être prête à accepter la corruption et le maintien du pouvoir.

    Le Maroc craint perdre son terrain d’influence

    En avril 2014, un signe d’espoir annonçant un changement se dessinait. Peu avant l’adoption de la nouvelle résolution sur la MINURSO, la France a déclaré vouloir s’abstenir concernant la clause relative aux droits de l’homme. Malgré le fait que cela correspondait au comportement traditionnel de la France depuis 1980, le Maroc a considéré cette décision comme étant un affront politique auquel il a réagi avec des conséquences diplomatiques.

    La nervosité marocaine donne l’impression que des changements sont dans l’air. Les processus politiques actuels ont modifié les rapports de force dans la région ; la démocratisation de la Tunisie, la stabilité extrêmement fragile en Algérie, la menace de guerre civile en Libye, le soulèvement des minorités. Cela pourrait conduire à une nouvelle négociation du conflit du Sahara Occidental. Par contre, tant que tous les acteurs influents au sein du conflit s’arrangent avec un statu quo, une république indépendante semble bien lointaine. Et cela retombe á nouveau sur les Sahraouis.

    Susanne Kaiser

    Qantara, 2014

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, ressources naturelles,