Étiquette : Front Polisario

  • Sahara Occidental : « Un pays converti en prison »

    Eugenio García Delgado

    Le Maroc a construit le plus long mur militaire du monde au Sahara occidental.

    Tindouf, Algérie – Avec 2720 kilomètres, la barrière qui sépare au Sahara Occidental les zones occupées par le Maroc et celles libérées par le Front Polisario, représente la plus longue muraille militaire en fonction dans le monde et la deuxième de toutes celles existantes, derrière la muraille de Chine.

    Depuis la distance de sécurité obligatoire de cinq kilomètres imposée par un champ de mines, le mur séparant les zones libérées des zones occupées du Sahara occidental – seul territoire d’Afrique non encore décolonisé et dont la puissance administratrice internationalement reconnue reste l’Espagne – ne ressemble qu’à un grand monticule de sable en plein désert. Cependant, avec des jumelles ou un téléobjectif, vous pouvez voir les soldats marocains et leurs postes de garde.

    Ce mur militaire, inconnu et objet de silence, est le plus long du monde en service, avec 2 720 kilomètres, et le deuxième plus long de la planète, juste derrière la Grande Muraille de Chine (21 196 km).

    À une époque où l’actuel président des USA, Donald Trump, a remis les murs si en vogue avec son désir de continuer celui qui existe déjà entre son pays et le Mexique -avec une longueur de 1.123 km-, il faut signaler, pour comparer et situer à sa juste mesure celui qui divise le Sahara occidental, que la barrière israélienne en Cisjordanie palestinienne mesure 819 kilomètres ; le mur qui se dresse entre le Pakistan et l’Inde est de 750 kilomètres ; celui qui divise les deux Corée mesure 248 kilomètres ; la clôture de Melilla en fait 12 et celle de Ceuta 8 . Le mur historique de Berlin faisait 155 kilomètres.

    Le mur du Sahara occidental n’est pas une construction linéaire, mais une succession de six barrières construites entre 1980 et 1987, en pleine guerre entre le Front Polisario et le Maroc, après l’occupation alaouite – avec la Marche verte, en 1975-, et le retrait définitif de l’Espagne de sa 53ème province, un an plus tard.

    Une idée israélienne

    « Lorsque la Mauritanie a abandonné le conflit en 1979, le Front Polisario avait réussi à récupérer 80% du territoire sahraoui et nous avons dû nous concentrer sur un seul ennemi : le Maroc. En 1980, seul ce qu’Hassan II appelait  » le triangle utile  » était sous son contrôle, formé par El Ayoun, pour la pêche , Bou Crâa, pour les phosphates, et Smara, plus la pointe de Dakhla, au sud, également très riche en poisson. Par ailleurs, l’armée sahraouie effectuait des incursions dans le sud du Maroc. Voyant qu’ils allaient perdre cette guerre d’usure de guérilla, les conseillers militaires israéliens ont conseillé à Hassan II de passer de la tactique offensive à la tactique défensive et de construire le mur. Le régime marocain est le régime arabe le plus proche d’Israël dans l’histoire, et de nombreux Juifs marocains vivent dans ce pays, ce qui explique cette relation étroite. Par exemple, le promoteur des accords de paix entre l’Egypte et Israël après la guerre de 1973 a été Hassan II » – Casablanca a accueilli en mars 1979 la signature de cet accord, qui a mis fin à l’état de guerre dans lequel ils vivaient depuis plus de 30 ans -, assure Mohamed Ouleida, militaire et actuellement directeur du Musée national de la Résistance, situé dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf (Algérie).

    Tiba Chagaf, cofondateur de la plateforme de jeunes Cris contre le mur marocain, ajoute un autre détail : « L’ancienne ministre française de la Culture et actuelle directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, est une juive marocaine, sa famille vient d’Essaouira et son père, André Azoulay, a été conseiller des rois du Maroc Hassan II et Mohammed VI. C’est pourquoi l’UNESCO ne reconnaît pas la culture sahraouie et ne la protège pas de l’extermination dans les territoires occupés. L’idée de construire le mur était, bien sûr, celle d’Israël, mais soutenue par la technologie et l’ingénierie françaises et usaméricaine, et financièrement soutenue par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le reste des monarchies du Golfe. Nous ne savons pas combien sa construction a coûté, mais nous savons que pendant la guerre, le Maroc dépensait près d’un million d’euros par jour rien que pour son entretien ».

    Cette plateforme organise des visites au mur tous les deux mois, plus deux grands rassemblements à Pâques et à Noël. Ils y dressent une gigantesque tente face à sa partie nord, y mènent des activités culturelles et informatives et, en somme, ils sont ceux qui approchent le plus près du « mur de la honte », comme ils l’appellent. Leur objectif est de le rendre visible au niveau international, de sensibiliser les jeunes Sahraouis à son existence, et de « rappeler aux soldats marocains qu’il y a des gens qui possèdent cette terre et qui continuent à la revendiquer, que la flamme de la lutte ne doit pas s’éteindre ».

    Comment est le mur ?

    Chagaf décrit physiquement le mur marocain : « Devant lui s’étend une large bande minée. Puis, une clôture en fil de fer. Ensuite, il y a les tranchées, suivies d’un mur qui, selon l’endroit, est fait de pierre, d’adobe ou de sable, mesurant entre un et trois mètres, où il y a plus de 150 000 soldats marocains. Derrière cette armée, il y a une tranchée de deux mètres, car le Front Polisario possède des chars qui peuvent franchir des obstacles de 1,5 mètre. Au-dessus de la construction se trouvent des radars et des mitrailleuses. Et enfin, à l’arrière, ils ont des unités lourdes : chars, blindés ou mortiers ».

    « Entretenir tout cela aujourd’hui coûte 3,5 millions d’euros par jour, puisque tous les cinq kilomètres il y a une base avec deux postes de surveillance, à droite et à gauche, avec des radars couvrant 60 kilomètres autour, et entre chacune de ces bases, une autre base militaire, ainsi que 240 batteries d’artillerie lourde et 20 000 kilomètres de fil barbelé. L’argent que les Marocains dépensent sur le mur provient de trois sources principales : la première, de l’aide généreuse des Saoudiens et des monarchies du Golfe ; la deuxième, de ce qui est pillé du territoire sahraoui, puisque les revenus générés par le phosphate utilisé par les USA et le poisson mangé par les Européens se retrouvent dans ce mur ; et la troisième, les millions que l’UE donne au Maroc, sous le couvert de combattre l’immigration illégale », souligne le soldat Mohamed Ouleida.

    Ni l’ambassade du Maroc en Espagne, ni le Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes, contactés pour connaître leur avis sur le mur, n’ont donné de réponse sur cette installation.

    Selon la Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres (ICBL), un réseau mondial de 70 pays travaillant à l’interdiction des mines terrestres et des bombes à fragmentation, le Sahara occidental est l’une des dix régions les plus minées du monde.

    L’initiative internationale Together to Remove the Wall (Ensemble pour enlever le Mur) estime qu’il y a plus de 7 millions de mines le long de cette fortification. « Le nombre total de mines ne peut pas être calculé exactement, car il y en a aussi beaucoup dans les zones occupées et le Maroc n’autorise pas les organisations internationales à y pénétrer. On ne peut qu’en estimer le nombre sur le mur, qui se situe entre 7 et 10 millions de mines de différents types : antichars, antipersonnel, restes d’obus non explosés et de bombes à fragmentation, ces dernières résultant de bombardements aériens. Dans le reste du territoire, il n’est pas possible de déterminer avec précision, mais il existe des estimations qui portent ce chiffre à 40 millions », explique Malainin Mohamed Brahim, directeur du Saharawi Mine Action Coordination Office (SMACO). Début 2019, le Front Polisario a détruit 2 500 mines antipersonnel et antichar collectées dans les territoires remis en présence de représentants de l’ONU.

    2 500 victimes

    ICBL estime que plus de 2 500 personnes sont mortes depuis 1975 au Sahara occidental à cause de ces armes. Les victimes ne sont pas limitées à la période du conflit ouvert entre cette année-là et 1991, puisqu’en 2018, par exemple, 22 personnes sont mortes. L’équipe de lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) signale que 80 % des victimes sont des civils.

    « Nous avons fait un recensement, mais il n’inclut que les survivants, et nous avons atteint 1 700 personnes. Nous n’avons pas de chiffres sur les décès, mais nous estimons que le chiffre indiqué par ICBL est exact et qu’il atteint 2 500 morts « , dit Aziz Haidar, président d’ASAVIM, l’Association Sahraouie des Victimes des Mines, qui a lui-même été touché par l’une d’elles en 1979, suite à quoi ses deux jambes ont été amputées. Aziz ajoute : « Dans l’association, nous avons aidé plus de 600 personnes. Qu’il s’agisse de leur fournir des béquilles, des prothèses, des fauteuils roulants, des médicaments, des lits pour personnes paralysées ou de l’aide économique pour créer de petites coopératives ou des entreprises ». Les gens qui souffrent le plus des mines sont les Bédouins, parce qu’ils sont nomades, et leurs troupeaux de chameaux. En outre, les victimes augmentent pendant la saison des pluies parce qu’il y a beaucoup de pâturages à proximité du mur. Il n’y a pas que les Sahraouis qui viennent faire paître leurs troupeaux dans les territoires libérés. Également de la Mauritanie voisine, parce qu’il y a là de bons pâturages qu’ils n’ont pas chez eux », dit Malainin, le directeur du SMACO.

    Aziz souligne également deux autres problèmes : « Quand il pleut, l’eau entraîne les mines déjà localisées vers des zones où il n’y en avait pas ou qui ont été déminées, et il n’est pas possible de savoir où elles sont. Le mur est une machine qui plante des mines partout. Il semble vivre pour tuer. D’autre part, la zone tampon s’étend le long du mur sur cinq kilomètres de large. En conséquence de l’accord de cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Polisario, ni le Polisario ni l’ONU ne peuvent entrer dans cette zone, mais c’est la zone la plus infectée par les mines et les restes de guerre. Les civils y ont accès, il y a donc beaucoup d’explosions et de victimes. Nous demandons à l’ONU d’y remédier et que les associations qui effectuent le déminage puissent y entrer ».

    Plus qu’une séparation physique

    La barrière physique représentée par le mur entraîne également d’autres types de séparations moins visibles. « Elle divise culturellement un peuple. La majorité vit sous occupation marocaine – 40 % de la population d’El Ayoun, et 20 % de Dakhla est sahraouie – et il existe une stratégie étudiée pour faire disparaître l’identité sahraouie. Par exemple, il n’y a pas une seule université dans les territoires occupés et les Sahraouis doivent aller étudier au Maroc. La hassanya est un dialecte qui disparaît, nos vêtements aussi disparaissent et un pillage culturel constant a lieu. Nous sommes les enfants des nuages. Nous avons une culture qui n’est pas écrite, qui est orale et qui va de la tête d’une personne à celle des autres. Si nous sommes physiquement divisés, elle est perdue et détériorée. Chaque grand-père qui nous quitte est une bibliothèque qui disparaît », déplore Tiba Chagaf.

    Malainin Mohamed Brahim, directeur de SMACO, insiste : « Le mur nous prive de nos richesses naturelles et d’un niveau de vie décent car, depuis 43 ans, nous vivons de l’aide internationale dans les camps de réfugiés, alors que notre territoire est parmi les plus riches du monde. Nous demandons l’aumône alors que nous avons tout. Nous sommes en territoire algérien, ce n’est pas chez nous, et nous ne voulons pas vivre éternellement chez le voisin. Nous avons enterré nos parents et nos grands-parents loin de chez nous. Nous et nos enfants voulons retourner vivre dans notre pays ».

    « Le mur sépare des familles entières. La mienne est à El Ayoun occupée. J’ai 14 frères : 11 sont dans les territoires occupés, moi dans les camps et deux autres en Espagne. Il entrave également l’agriculture, car il ne permet pas aux oueds de suivre leur cours naturel. Le mur les bloque et, d’un côté, on trouve des terres fertiles et de l’autre, le seul désert. Il empêche également la libre circulation des personnes. Le Sahara occidental est hermétiquement fermé par ce mur. C’est une grande prison qui enferme tout un pays. Le mur signifie que la guerre continue », conclut Aziz Haidar, le président de l’ASAVIM.

    Fuente : Tlaxcala

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, Front Polisario, mur de la honte, ONU, MINURSO,

  • Le Prince Hicham ignore les atrocités commises par le Maroc au Sahara Occidental

    Celui qui pense qu’un jour les marocains pourraient protester ou condamner les violations que leur pays commet au Sahara Occidental, c’est un rêveur.

    Les responsables sahraouis ne cessent de déclarer que « le peuple marocain est un peuple frère ». Diplomatie oblige, même s’ils savent que rien n’est moins vrai.

    La machine de propagande du Makhzen a configuré les cerveaux des marocains de manière à faire de la question de l’invasion du Sahara Occidental une véritable obsession. Il n’ont rien à cirer de Ceuta, Mélille, Tindouf, Béchar, Mauritanie…

    A l’instar de leur Makhzen, le territoire sahraoui est leur seule obsession quitte à exterminer la population locale. Hassan II croyait qu’il allait éliminer les sahraouis en un lapse de temps de deux semaines à cause de leur petit nombre. Il a fini par se casser les dents.

    Le prince Hicham Alaoui n’est pas une exception. Il prétend être un démocrate et il évolue dans la plus grande ONG des défense des droits de l’homme. Cependant, tout comme ses compatriotes, il se tait sur les graves violations des droits de l’homme perpétrées par le Maroc au Sahara Occidental. La dernière en date, deux voitures des forces auxiliaires ont écrasé un groupe de piétons sahraouis sortis pour fêter le sacre algérien. Une jeune femme de 24 ans a été tuée sur le coup. Ce n’est certainement pas Moulahom Hicham qui va s’en émouvoir.

    Les marocains ont tendance à oublier que s’ils se trouvent encore dans une partie du territoire sahraoui c’est grâce à leur maître et seigneur, la France. Mais, ce n’est qu’une question de temps parce que le Sahara Occidental n’est pas un pays orphelin, il a un peuple qui l’a défendu avec bec et ongles et sa détermination n’a pas bougé d’un iota.

    Pour nous, la victoire de l’Algérie va au-delà d’un simple événement sportif. Il s’agit d’un combat entre la Françafrique représentée par le Sénégal, un pays mercenaire et allié du Maroc et l’Algérie, la Mecque des Révoltionnaires, premier soutien des mouvements de libération africains, bastion contre le colonialisme et l’impérialisme… Celui qui dira que les marocains vont soutenir l’Algérie contre le Sénégal, est un sacré menteur !

    Tags : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario,

  • Maroc : les marocains et l’art de prendre leurs rêves pour des réalités

    A l’occasion du matche entre la Guinée et l’Algérie, un marocain s’est demandé si ses concitoyens soutiennent une victoire algérienne. Il connaît la réponse et il sait que les marocains ne s’ailgnéront jamais avec les algériens quel qu’en soit leurs ennemis.

    Tout marocain sincère et objectif sait que les marocains cuvent une haine noire envers leurs voisins de l’Est à cause de la propagande du Makhzen qui a diabolisé ce pays dans l’imaginaire de chaque citoyen dans le but de maintenir ce qu’il appelle « consensus national autour de la question de l’intégrité territoriale ».

    Malgré qu’ils savent pertinemment que la MAP et l’ensemble de la presse marocaine excellent dans l’art du mensonge, leur seule source d’information dans la question du Sahara Occidental est la presse du Makhzen qui a su faire porter le peuple marocain le délire de grandeur basé sur l’agression et la violence contre les voisins au nom d’un « royaume millénaire » créé de toutes pièces par la France et dont elle a fait son premier serviteur. Au Maroc, le meilleur allié du Makhzen est la culture du « tcharmil », la violence et le crime innés qui domine la société marocaine, une société bâtie sur l’injustice et le mépris de l’autre.

    Le délire est tel que les marocains sont devenus des expert dans l’art de prendre leurs rêves pour des réalités. Concernant l’Algérie et ses alliés, les sahraouis, ile ne veulent rien entendre si ce n’est des mauvaises nouvelles. Si vous voulez faire plaisir aux marocains, tous sans exception, annoncez-leur la fin de l’Algérie et du Polisario. C’est leur obsession.

    Dans cette dépêche d’un site makhzénien, ils ont rêvé que le président sahraoui n’est pas invité à la cérémonie d’invitation d’investiture du président mauritanien élu.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Algérie,

  • Maroc / Sahara occidental : Poursuite du harcèlement judiciaire à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi

    Nouvelles informations

    MAR 003 / 1218 / OBS 143.2

    Harcèlement judiciaire

    Maroc / Sahara occidental

    5 juillet 2019

    L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, un partenariat de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la FIDH, a reçu de nouvelles informations et vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Maroc / Sahara occidental.

    Nouvelles informations :

    L’Observatoire a été informé de sources fiables de la poursuite du harcèlement judiciaire à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi, journaliste et membre du collectif sahraoui Équipe Media [1].

    Selon les informations reçues, le 8 juillet 2019, le Tribunal de première instance de Laâyoune rendra son verdict dans le procès à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi. Mme El Khalidi est accusée de « revendiquer ou usurper un titre associé à une profession réglementée par la loi sans remplir les conditions nécessaires à son utilisation », sur la base de l’article 381 du Code pénal. Mme El Khalidi encourt jusqu’à deux ans de prison et une amende (cf. rappel des faits).

    L’Observatoire condamne fermement le harcèlement judiciaire à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi, qui ne semble viser qu’à sanctionner ses activités de défense des droits humains.

    Par conséquent, l’Observatoire demande aux autorités marocaines de garantir en toutes circonstances le droit de mener des activités pacifiques et légitimes de défense des droits humains et de mettre fin à toute forme de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi et de l’ensemble des défenseurs des droits humains au Sahara occidental.

    Rappel des faits :

    Le 4 décembre 2018, Mme Nazha El Khalidi a été arrêtée par la police à Laâyoune, alors qu’elle filmait des violences policières visant les participants d’une manifestation [2]. Elle a ensuite été conduite au commissariat de la police locale et détenue pendant quatre heures avant d’être libérée sans qu’aucun chef d’inculpation ne soit retenu.

    Mme Nazha El Khalidi aurait été agressée par la police lors de son arrestation et a déclaré avoir subi d’autres violences lors du trajet vers le commissariat.

    Le 4 mars 2019, elle a été convoquée au commissariat de Laâyoune, où elle a été interrogée à propos de son travail de journaliste.

    Le 18 mars 2019, la première audience dans le cadre du procès à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi s’est tenue devant le Tribunal de première instance de Laâyoune. Lors de l’audience, Mme El Khalidi a été accusée de « revendiquer ou usurper un titre associé à une profession réglementée par la loi sans remplir les conditions nécessaires à son utilisation », sur la base de l’article 381 du Code pénal du Maroc. Elle risque entre trois mois et deux ans de prison et une amende de 120 DH (env. 12 EUR) à 5’000 DH (env. 500 EUR).

    L’audience a ensuite été reportée une première fois au 20 mai 2019, puis au 24 juin 2019, date à laquelle le juge a annoncé qu’il rendrait son verdict le 8 juillet prochain.

    L’Observatoire regrette par ailleurs que les autorités marocaines aient empêché la présence d’observateurs internationaux aux audiences qui étaient prévues les 20 mai et 24 juin 2019.

    Actions requises :

    L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités marocaines en leur demandant de :

    i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Mme Nazha El Khalidi et de l’ensemble des défenseurs des droits humains au Sahara occidental ;

    ii. Mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi, de tous les membres du collectif Équipe Media et de l’ensemble des défenseurs des droits humains au Sahara occidental ;

    iii. S’assurer que l’ensemble des procédures engagées à l’encontre de Mme Nazha El Khalidi soient conduites dans le respect du droit à un procès équitable ;

    iv. Mener sans délais une enquête exhaustive, indépendante, effective, rigoureuse, impartiale et transparente quant aux allégations de mauvais traitements décrits ci-dessus, afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal indépendant, compétent et impartial conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi ;

    v. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement aux articles 1 et 12.2 ;

    vi. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Maroc.

    Adresses :

    · M. Saad-Eddine El Othmani, Premier Ministre du Maroc. Fax : +212 37 76 99 95/37 76 86 56

    · M. Nasser Bourita, Ministre des affaires étrangères et de la coopération, Maroc. Fax : +212 – 37-76-55-08 / 37-76-46-79. Email : ministere@maec.gov.ma

    · M. Mohamed Aujjar, Ministre de la justice, Rabat, Maroc. Fax : +212 37 72 68 56. Email : ccdh@ccdh.org.ma

    · M. Mustapha Ramid, Ministre d’état chargé des droits de l’Homme, Maroc. Fax : +212 5 37 67 11 55, Email : contact@didh.gov.ma

    · Mme Amina Bouayach, Présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Email : cndh@cndh.org.ma

    · Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et des autres Organisations Internationales en Suisse – 18a Chemin François Lehmann, 1218 Grand Saconnex, Fax : + 41 022 791 81 80. Email : mission.maroc@ties.itu.int

    · S. E. M. Alem Menouar, Ambassadeur, Mission du Royaume du Maroc auprès de l’Union européenne. Avenue Franklin Roosevelt 2, 1050 Bruxelles, Belgique. Email : mission.maroc@skynet.be

    Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques du Maroc dans vos pays respectifs.

    ***
    Genève-Paris, le 5 juillet 2019

    Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

    L’Observatoire, partenariat de l’OMCT et de la FIDH, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

    Pour contacter l’Observatoire, appeler la ligne d’urgence :

    E-mail : Appeals@fidh-omct.org

    Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

    Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 25 18 / 33 1 43 55 18 80

    [1] Equipe Media a été fondée en 2009 pour documenter et diffuser des informations sur les violations des droits humains au Sahara Occidental.

    [2] Cf. https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2221886211457303&id=100009078379548

    Source : FIDH

    Tags: Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, journalistes, presse,

  • Maroc – Polisario : El Othmani aux côtés du président sahraoui à Panama

    Les responsables marocains s’adaptent graduellement à la présence des dirigeants sahraouis au niveau international.

    Si en 2012, à l’occasion de la cérémonie funèbre du président algérien Ben Bella, le chef du gouvernement marocain s’était retiré lorsqu’il a aperçu la présence du défunt président Mohamed Abdelaziz, ce n’est pas le cas de son successeur Saadeddine El Othmani. Malgré qu’ils appartiennent au même parti, ce dernier n’a pas quitté les lieux à cause de la présence de Brahim Ghali à Panama City à l’occasion de l’investiture du président panaméen Nito Cortizo.

    Dans la photo, on voit le représentant du roi du Maroc un peu à la marge. Il n’arrive pas à intégrer le groupe parce que d’un côté, il ne veut pas être trop près du dirigeant sahraoui et, d’un autre côté, il ne parle pas espagnol, une langue avec laquelle Brahim Ghali s’exprime avec aisance.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Panama, RASD,

  • Maroc : La tempête silencieuse du hacker Chris Coleman

    C’est bientôt Noël chez les zmagris, il fait froid, tout le monde tire la gueule et ça sent le sapin… Jusqu’au Maroc.

    Depuis plusieurs semaines, l’état marocain vit tribulations sur tribulations, suite aux multiples publications de Chris_Coleman24. Ce cyber-activiste distille sur le WEB via Twitter, des documents aspirés dans les limbes cybernétiques, classés top secrets du gouvernement marocain.

    Il ne cache ni sa sympathie pour la cause sahraouie ni son envie de déstabiliser le régime marocain. Les médias officiels du pays restent trop discrets sur ce qui est déjà qualifié par des observateurs comme étant : l’affaire du « Snowden marocain ».

    Et gare à ceux qui tenteront de vexer Chris_Coleman24 en prétextant que les documents présentés ne sont pas authentiques. Il se rebiffe aussitôt, l’amenant à partager, authentifications à l’appui, d’autres documents compromettant.

    Une sorte de boîte de pandore qu’il aurait fallu pour le Makhzen (nom attribué à l’état marocain) qu’elle ne s’ouvre jamais.

    L’un des récents faits d’arme de Chris_Coleman24 rapporté par un journaliste, est le partage de documents révélant, les noms de journalistes français, soudoyés par les services de renseignements marocains.

    Oui Monsieur, de la corruption en d’autres termes !

    Pour nous relayer ces histoires de divulgations, quelques médias occidentaux et des médias électroniques indépendants marocains, à l’instar du célèbre journal électronique du journaliste dissident Ali Lmrabet : « Demainonline ».

    Chris_coleman24 inquiète jusque dans les plus hautes sphères de l’état marocain, il y a peu de doutes là-dessus.

    Faut-il s’en réjouir ou s’indigner ?

    Pour ma part je pense qu’on ne procède pas de manières nobles avec ceux qui usent des pires méthodes. Chris_Coleman24 agit tel un miroir, il mime ceux-là même qu’il tente de déstabiliser.

    Il est fort à parier que Chris_coleman24 deviendra dans les semaines, dans les mois à venir, la voix de la conscience d’une certaine opposition marocaine. Que ce pseudo emprunté au sélectionneur de l’équipe de football galloise acquiert au fil des jours une couleur outre-méditerranée .

    Il est déjà celui que tout le monde attend … Sympathisants comme contradicteurs.

    Est-il protéger par des cieux moins soupçonnables que « l’éternel coupable » algérien constamment avancé par les officiels marocains ?

    Protégé peut-être par ceux qui connaissent le Makhzen, qui mangent à même la table avec lui. Qui tirent les ficelles de ce qui pourrait ressembler à un règlement de compte. Comme celui d’un client déçu par une passe dans une maison close …?

    Sont -ils plusieurs …?

    Seul le temps et un travail journalistique digne de ce nom pourront nous éclairer.

    Pourquoi le dossier du Sahara … ?

    Pour ceux qui l’ignorent encore, l’épineux dossier du Sahara est ce lègue empoisonné du roi Hassan2 à son fils Mohamed 6. Cet immense territoire au sud, revendiqué à la fois par le Maroc et à la fois par le Front Polisario ( indépendantistes sahraouis).

    Ce dossier « Chlingue » à tous les niveaux, tant les montants alloués à la corruption des élites marocaines et internationales, pour plaider la cause de la souveraineté chérifienne ont été (et sont toujours) faramineuses. Tant la crédibilité des uns est souillée par une pastilla jambe en l’air ou une invitation « mamounesque » de trop.

    Ce dossier semble capital pour le sommet du pays et fait l’objet d’un quasi unanimisme non-négociable, qu’il serait inconscient aujourd’hui de vouloir bousculer.

    « Ceux qui feignent croire se coucher du bon côté, finissent toujours par avoir des crampes » disait l’ancien.

    Chris_coleman24 est cette donne imprévisible, sortie de nulle part et qui vous pète à la figure.

    Le journalisme marocain a été tué plusieurs fois, brûlé vif sur l’autel de la corruption ! De ses cendres renaissent ici et là des phœnixs qui tentent d’informer au péril de leur vie parfois, ceux qui se donnent la peine de cliquer sur les bons onglets.

    Chris_Coleman24 a au moins ce mérite là pour l’heure, donner à cette dissidence journalistique la portée qu’elle mérite.

    J’ignore où tout cela va mener… Et ce qui mène vers l’inconnu excite autant qu’il inquiète.

    Mais à cette allure, 2015 s’annonce pourrit pour ceux qui ont œuvrés à tout pourrir autour d’eux.

    Zmagri

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, hacker Chris Coleman, diplomatie,

  • CAN 2019 : RASD-Maroc (1-0)

    Après avoir longtemps menti au peuple marocain sur les acquis diplomatique du Maroc au niveau du continent africain, Le Caire remet Rabat face à la réalité.

    En effet, à la capitale égyptienne , la présence du drapeau de la RASD parmi le reste des pays membres de l’Union Africaine met à nu la propagande véhiculée par le Makhzen en vue de dissimuler la plus grande défaite diplomatique de la monarchie alaouite qui est le fait d’être contraint à retourner à l’organisation panafricaine et de voir le roi du Maroc assis à côté du président sahraoui Brahim Ghali.

    Aujourd’hui vendredi, Mohammed VI doit se rendre à la mosqué pour la prière traditionnelle du jour saint des musulmans, mais sa concentration sera perturbée par un événement parallèle qui se déroule au Caire : l’ouverture du premier match de la Coupe Africaine de Football (CAN) dont les Lions de l’Atlas sont les champions en titre.

    Officiellement, le premier match aura lieu ce soir entre l’Egypte et le Zimbabwe, mais il a été estompé par un autre match qui se joue au niveau médiatique entre le Maroc et l’Egypte au sujet de la présence du drapeau de la RASD dans le clip d’annonce de la CAN. Le match a été remporté par les sahraouis puisque l’Egype n’a pas procédé au retrait du drapeau du Sahara Occidental.

    Ainsi donc, le « fantôme » sahraoui poursuit le Maroc partout où il va. Si au niveau interne, le Makhzen peut compter sur le soutien aveugle des marocains toutes couches confondues, ce n’est pas le cas au niveau international où les autorités marocaines et leurs sujets se heurtent à chaque fois à l’amère réalité : Aucun pays ne reconnaît leur prétendue souveraineté sur le terrritoire du Sahara Occidental. Même avec le soutien de la France et les Etats-Unis à leur plan d’autonomie !

    La fête des Lions de l’Atlas a été ainsi gâchée par la cause sahraouie et son drapeau sacré qui a été conçu par ses braves enfants et non par le Maréchal Lyautey.

    Comme dans d’autres occasions, les sujets de Sa Majesté ont été en effet désagréablement surpris de découvrir que les autorités égyptiennes ont bien pris le soin de mettre en évidence les lignes de démarcation entre le Maroc et la RASD, démarcation remarquablement mise en valeur par les couleurs du drapeau sahraoui.

    Les téléspectateurs ont pu voir dans le clip officiel accompagné d’une chanson interprétée par le chanteur égyptien Hakim, aux côtés des artistes nigérian Femi Anikulapo-Kuti et ivoirienne Dobet Gnahoré,  une vidéo de plus de 4 minutes où la république sahraouie y est bien mise en évidence sur la carte avec ses couleurs.

    Tags : Sahara Occidetal, Maroc, Front Polisario, CAN 2019, Le Caire, football, drapeau sahraoui,

  • Zemla, 17 juin 1970 : le début de la fin pour l’occupation espagnole du Sahara occidental

    Par Fernando Llorente

    Que l’Espagne ait falsifié la réalité en faisant du Sahara la 53ème province de l’État, n’était qu’un symptôme de ce qu’elle n’avait pas l’intention de se conformer au mandat de l’ONU : initier un processus de décolonisation, aboutissant à un référendum d’autodétermination. Dans la conscience de jeunes Saharaouis comme Salama Mami, Sidi Lebsir, Abdelmaj Haid, Salem Lebsir et Brahim Gali (aujourd’hui président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario), la nécessité de  » faire quelque chose  » a pris forme et l’urgence de le faire a accéléré leur rythme cardiaque.

    Le sentiment de nécessité et d’urgence manquait d’une vision claire des actions à entreprendre et des stratégies qui mèneraient à leur succès. Un jour, fin 1968, Mohamed Bassiri est arrivé au Sahara.

    Il avait étudié le journalisme au Caire et à Damas, où il avait également acquis une solide formation juridique, appliquée notamment aux

    mouvements de libération. En 1968, il travaillait à la rédaction d’un journal marocain. En réponse à un article publié dans un autre journal, dans lequel l’auteur défendait la « marocanité » du Sahara, fit valoir, dans un autre article de son journal, que le Sahara appartenait aux Sahraouis. Cette édition du journal a été saisie sur ordre du gouvernement et Bassiri a quitté le Maroc.

    Il arriva à Smara et rencontra bientôt les cinq jeunes hommes prêts à commencer la bataille pour l’indépendance de leur peuple. Les connaissances et le savoir-faire de Bassiri, qui dirigea la formation et les premières actions de ce qu’on appela le Mouvement d’avant-garde pour la libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro, furent reconnus.

    Le 13 février 2007, trois jours après mon arrivée dans les camps de réfugiés, je me suis rendu au verger de la wilaya de Dakhla par un après-midi très chaud avec de nombreuses mouches. À l’intérieur d’une grande benne fermée, comme une immense conteneur, qui abritait le bureau, m’attendait le gouverneur de l’époque de la wilaya de, Salem Lebsir, l’un de ces cinq jeunes qui avaient allumé la flamme de la révolution. Voici un extrait de ce qu’il m’a raconté :

    « Quand Bassiri est arrivé au Sahara, à la fin de 1968, il a trouvé un terrain fertile, nuit après nuit, pour faire pousser l’ arbre de revendication qui porterait le fruit de l’indépendance. Une chose était claire pour nous : sans lutte, les racines allaient pourrir. L’Espagne n’était pas en mesure de remplir les mandats de l’ONU, et l’ONU ne disposait pas non plus des ressources nécessaires pour les faire respecter. Une de ces soirées, nous nous sommes réunis avec 12 ou 13 personnes, avec qui nous jouions parfois aux cartes ou aux dominos. Ils avaient diverses occupations: chauffeurs, maçons, policiers, nomades, etc. Nous avons discuté. La conclusion était qu’il fallait « faire quelque chose ». Bassiri, plus âgé que nous, et plus éduqué, a compris que le moment n’était pas encore venu, et a recommandé la patience.

    Il a fait valoir qu’il existait au Sahara des services de renseignement, qui pouvaient mettre au courant les autorités espagnoles.

    D’autre part, que les Sahraouis ne le comprendraient pas entièrement ni bien, en l’absence de la prise de conscience et de la sensibilisation nécessaires, entreprise par laquelle il fallait commencer. Et que nous n’avions pas nous-mêmes l’organisation ou les moyens d’agir et, le cas échéant, de nous défendre. Nous ne pouvions pas, et nous ne devrions pas, passer à l’action sans plus. Nous risquions une imprudence, avec toutes les conséquences fatales probables.

    Ce fut l’argumentation de Bassiri. Nous étions tous d’accord. Nous n’avions pas de plan d’action, mais nous avions la volonté de mettre en place tous les moyens pour en avoir un. Enfin, face à notre résolution, Bassiri a accepté de prendre la tête de ce qui allait devenir le Mouvement d’avant-garde pour la libération de Saguia El Hamra et de Rio de Oro. Il avait 27 ans.

    Une nuit, après trois heures du matin, nous nous sommes solennellement engagés, par serment, notre main droite sur le Coran : nous défendrions l’intégrité de notre territoire. Nous ne l’abandonnerions jamais. Nous maintiendrions toujours notre unité. Nous donnerions notre vie pour l’indépendance du Sahara…

    Nous avons diffusé notre vision de la situation réelle au plus grand nombre possible de Sahraouis. À cette fin, les militants se sont répartis dans divers points du territoire. Nous avons rencontré les représentants de la communauté, qui la convoquaient en assemblée. Nous avons ainsi apporté l’information à Smara, Daora, Ausserd, Hagounia, Haoussa…. Les Sahraouis étaient très réceptifs aux propositions de lutte et de résistance. En peu de temps, nous étions 4 000 conjurés.

    Afin de gagner du temps et de ne pas perdre du terrain, la Direction a envoyé au gouverneur général espagnol du Sahara la revendication, selon laquelle le gouvernement espagnol devrait s’engager à l’indépendance du Sahara, après une période de 15 à 20 ans d’autonomie supervisée par l’Espagne, pendant laquelle les Sahraouis seraient formés à la prise en charge de leur pays, comme étape préliminaire à la tenue du référendum sur l’autodétermination.

    Quinze jours après la remise du document, le 17 juin 1970, une réunion festive s’est tenue à Zemla, un quartier d’El Ayoun, organisée par les autorités espagnoles, avec l’aide des chioukh (chefs de tribu). Il s’agissait de célébrer l’anniversaire de la proclamation du Sahara comme 53ème province espagnole. Le délégué du gouvernement a demandé à s’entretenir avec un responsable du Mouvement. Nous nous trouvions quelque part dans les environs. On lui a répondu que tout ce que nous avions à dire était consigné dans le document et que nous attendions une réponse écrite avant toute rencontre personnelle. Le délégué du gouvernement est revenu avec un message du Gouverneur général : le gouvernement espagnol consentait à l’existence du Mouvement, et répondrait plus tard à ses demandes, mais à ce moment-là, il serait très heureux de compter ses dirigeants parmi les participants à la célébration. Le représentant du Mouvement dans cette ville a renouvelé le refus, dans les mêmes termes.

    Dans l’après-midi du même jour, ce sont les chioukh qui sont venus nous voir pour nous proposer de nous adresser à la population. Nos représentants s’y sont opposés avec résolution. Ils sont repartis, mis en déroute dans ce qui était très probablement une tentative, induite par les Espagnols, de tromper la base, car ils n’avaient pas réussi avec les dirigeants.

    Les deux voitures dans lesquelles ils étaient arrivés ont repris le chemin du retour. Ils ont été remplacés par quatre véhicules de la Police Territoriale en ordre de bataille. La population s’est précipitée vers les voitures, tout en jetant des pierres. L’une des pierres a frappé le commandant au visage, qui a immédiatement tiré avec son pistolet. Il a tué un Sahraoui et en a blessé un autre. Face à l’impossibilité de contenir la marée humaine, la police a choisi de se retirer. Il fallait plus de forces. Ou d’autres.

    Immédiatement après, des troupes du troisième Tercio (bataillon) Jean d’Autriche de la Légion sont apparues sur les lieux, tuant deux Sahraouis et en blessant beaucoup d’autres dans l’affrontement. Beaucoup d’autres sont tombés pendant qu’ils attaquaient les maisons, les fouillaient, les détruisaient. Ils ont emmené des prisonniers pour les interroger, afin de connaître les noms des principaux dirigeants du Mouvement et de les localiser.

    Certains de nos chefs de poste ont pu s’enfuir, mais nous, les membres de la direction, avons tous été arrêtés. Les prisonniers ont alors été libérés. Ils nous ont emmenés au poste de police d’El Ayoun. Un policier ami nous a informés de notre sort : chacun d’entre nous serait transféré dans un détachement, où nous serions confinés pendant 10 ans.

    Mon lieu d’exil était Ausserd. J’y ai passé presque un an et demi. Chaque matin et chaque après-midi, je me présentais pour signer devant le sous-délégué du gouvernement. Les autres dirigeants du Mouvement ont vécu les mêmes péripéties dans les autres villes. Un an et demi plus tard, la peine a été levée. Sauf pour Bassiri, qui n’a pas été libéré. À ce jour, personne ne sait rien de lui. Aucune information n’a jamais été fournie sur sa mort ou sur l’endroit où il se trouvait.

    Peut-être les autorités espagnoles pensaient-elles qu’une fois la tête disparue, le Mouvement serait démembré. Ils ont fait une erreur. Réunis à nouveau, nous avons renouvelé notre serment de lutter jusqu’à mort pour l’indépendance du Sahara. La disparition de Bassiri a été la force qui a maintenu l’élan. L’émergence d’un autre jeune homme, El Wali Mustafa Sayed, a transformé le Mouvement d’avant-garde pour la libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro en Front de libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro, le Front Polisario ».

    C’était le 10 mai 1973. L’invasion marocaine du Sahara occidental le 30 octobre 1975 et l’abandon immédiat de l’Espagne ont précipité une fin qui a commencé le 17 juin 1970.

    Extrait du livre Heridas y Bálsamos, de Fernando Llorente

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario,  Sidi Mohamed Basiri, Zemla, 17 junio 1970,

  • A l’occasion du 50ème anniversaire du soulèvement de Zemla (Sahara Occidental)

    Aussi loin que porte la mémoire, les tribus du Sahara ont vécu libres sur leur vaste territoire le Sahel, ainsi nommé avant la colonisation.

    Les hommes voilés qui se nourrissaient de laitage et vivent du désert sont alors maîtres des routes de l’at et du sel qui vont du royaume du Fhana, a’Aoudaghost jusqu’à Marrakech. Eux seuls connaissent les secrets du désert et les cachettes de l’eau.

    Redoutables guerriers ? En 1050-1100, ils écrivent l’épopée des Almoravides. Un ensemble de tribus fières de l’identité, structurées entre elles et indépendantes, se différencie nettement et des voisins du nord soumis à l’autorité du sultan, et du sud qui commencent à constituer une autorité supratribale.

    L’arrivée au XIVème siècle de tribus nomades yéménites chassées par l’expansion hilalienne donnera à cet ensemble ses contours définitifs. Une langue commune, le hassaniya, un regroupement culturel s’étendant bien au-delà du territoire qu’elles occupent, une volonté farouche d’indépendance, briseront dès le XV siècle les premières tentatives européennes de pénétrer dans le territoire.

    Et toute l’histoire de la résistance aux invasions européennes dans la région est étroitement celle du combat des tribus sahraouies. En 1995, le Congrès de Berlin partage l’Afrique entre puissances européennes et attribue la zone du Sahara Occidental à l’Espagne qui le revendiquait. Il ne faudra pas moins de 40 à 50 ans pour que la résistance de toute cette région, à laquelle participe activement les sahraouis, soit surmontée.

    En 1912, sous la conduite de Ma El Aïnine, Marrakech est prise, la déchéance du sultan soumis aux français est proclamée. Le Colonel Mangin organise le massacre des troupes mal armées face à son armement moderne, puis la colonne Mouret pénètre en 1913 jusqu’à Smara qui est brûlée. Mais, insoumis toujours, les sahraouis guerroient et conduisent des razzis très meurtriers pour les colonisateurs, la dernière grande bataille eut lieu en 1932 à Oum Tounsi, un groupe nomade fut mis en pièces, 15 officiers et sous-officiers tués ; c’était une étape d’un razzi d’une grande audace, au cours duquel la Mauritanie fut traversée de part en part. Encore faudra-t-il qu’une vaste opération conduite par 3 généraux soit organisée pour que les troupes venues d’Algérie et de Mauritanie puissent opérer leur jonction. Dès lors, les Espagnols entrerprirent une prudente politique de pacification du territoire qui leur était dévolu.

    Le Sahara Occidental, avec ses deux provinces, le Saguia el Hamra et Rio de Oro a une superficie représentant environ la moitié de la France et compte près d’un million d’habitants. Par sa position stratégique, « porte atlantique de l’Afrique », elle suscita la convoitise de plusieurs puissances européennes et africaines. Vers le XVIème siècle, les Hollandais, puis les portugais, furent les premiers à vouloir s’implanter sur notre territoire. Cependant, ils furent très vite repoussés. A cette époque, le peuple sahraoui connaissait déjà une organisation politico-militaire très élaborée : en particulier avec « Ait Arbain », sorte de parlement au sein duquel siégeaient les représentants des différentes tribus.

    Jusque vers la fin du XIXème siècle, les espagnols qui étaient depuis longtemps aux Iles Canaries pratiquaient des échanges avec nos populations. Après le Traité de Berlin, leur présence s’est transformée en une tentative de domination à laquelle notre peuple a riposté par une guerre. Celle-ci ne prit fin qu’en 1936 après que la France se soit installé définitivement dans les pays voisins, notre pays se trouvant ainsi encerclé.

    La lutte du peuple sahraoui a tenu malgré la trahison du gouvernement marocain en 1957 qui est allé jusqu’à participer à la grande opération « Ecouvillon ». Cette opération menée par la France cherchait à anéantir l’armée de résistance sahraouie qui avait déjà libéré presque tout le territoire du Sahara.

    Vingt années plus tard, en même temps que se déroulait les grands combats pour l’indépendance, le peuple sahraoui se soulève. Rapidement, les troupes espagnoles doivent se replier sur les quelques villes cotières. Une importante opération franco-espagnole, bâptisée « Ecouvillon » est déclenchée le 10 janvier 1958 avec 14.000 hommes et 130 avions pour noyer dans le sang le soulèvement.

    Une profonde modification de la société sahraouie : par suite de la répression, de la destruction des troupeaux alliée à la śecheresse, une part croissante de la population fut fixée dans les villes. Une importante maturation avait lieu qui conduisit à la construction du mouvement de libération du Sahara.

    En 1970, l’Espagne prétendait mettre sur pied une union hispano-sahraouie. Le 17 juin, une puissante manifestation conduite par Bassiri marquait le refus du peuple sahraoui ; elle fut brutalement réprimée. Bassiri, lui-même, arrêté, n’a jamais reparu. Des dizaines de morts, des centaines d’arrestations, ont prouvé que la voie pacifique était impratiquable. Seule la lutte armée pourrait permettre de reconquérir l’indépendance.

    A Zemla, dans la banlieue d’El Aaiun, des sahraouis se réunissent ce 17 juin 1970 pour une manifestation pacifique contre l’occupant espagnol. Bassiri est kidnappé par la sécurité espagnole, il disparaît à jamais, devenant l’un des tout premiers chahids (martyrs) de la cause sahraoauie. Cet événement a profondément marqué les jeunes sahraouis. Parmi eux, le premier Secrétaire Général du Front Polisario.

    Nous ne pouvons pas nous référer à notre histoire sans rendre un hommage légitime à Sidi Mohamed Bassiri qui a fait du soulèvement de Zemla, le 17 juin 1970, un moment historique plein de signification. Avec cet événement, les Sahraouis ont acquis la conviction de la nécessité de résister et de lutter.

    Il avait étudié le journalisme au Caire et à Damas, où il avait également acquis une solide formation juridique, appliquée notamment aux mouvements de libération. En 1968, il travaillait à la rédaction d’un journal marocain. En réponse à un article publié dans un autre journal, dans lequel l’auteur défendait la « marocanité » du Sahara, fit valoir, dans un autre article de son journal, que le Sahara appartenait aux Sahraouis. Cette édition du journal a été saisie sur ordre du gouvernement et Bassiri a quitté le Maroc.

    Il arriva à Smara et rencontra les cinq jeunes hommes prêts à commencer la bataille pour l’indépendance de leur peuple. Les connaissances et le savoir-faire de Bassiri, qui dirigea la formation et les premières actions de ce qu’on appela le Mouvement d’avant-garde pour la libération de Saguia El Hamra et Rio de Oro, furent reconnus.

    Le Mouvement de libération créé par Mohamed Bassiri en 1968 fut le premier à demander l’autonomie du Sahara. Malgré la répression, de nouveaux mouvements nationalistes sahraouis virent le jour : le NIDAM, le Mouvement pour la défense du peuple sahraoui, et surtout le Mouvement de résistance des hommes bleus (MOREHOB) fondé en 1971 au Maroc par Edouardo Moha, qui revendiquait l’indépendance immédiate et rejetait toute idée de référendum. Mais ces mouvements indépendantistes manquaient cruellement de perspectives politiques claires et étaient, de fait, systématiquement récupérés par le Maroc.

    En effet, le 17 juin 1970, le gouverneur général espagnol avait convoqué une réunion de notables sahraouis à El Aaiun en vue de ratifier un projet rattachant plus étroitement le Sahara à l’Espagne en le déclarant « province espagnole ». Le MLS décida alors d’organiser une manifestation pour signifier le refus de ce projet. La population d’El Aïoun vint très nombreuse, avec des notables, des membres de la Djemaa, des supplétifs militaires. Pour disperser cette foule immense, la troupe tira et le soir même Bassiri était arrêté et disparaissait. Premier martyr sahraoui de l’indépendance, présent encore aujourd’hui dans chaque mémoire.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Soulèvement de Zemla, 17 juin 1979, Sidi Mohamed Bassiri,

  • Sahara Occidental : L’épopée historique de Seydah Debba

    Le 7 février, le SG de l’ONU, Kurt Waldheim nomme Olof Rydbeck, l’ambassadeur de Suède à l’ONU en tant que médiateur. Rydbeck a été bien accueilli par l’Algérie, mais traité avec réserve par le Maroc. Il arrive au Sahara occidental entre le 7 et le 11 février. A El Aaiun sévit une ambiance de terreur à cause de la répression aveugle perpétrée par les autorités d’occupation marocaines.

    Malgré toutes les mesures de répression, des manifestants sahraouis portant des banderoles et des drapeaux du Front Polisario, criant « Vive le Sahara libre, Sahara indépendant », sortirent pour aller à la rencontre de la voiture de l’émissaire onusien.

    Seydah Debba, un militant sahraoui est arrivé à franchir le cordon de sécurité draconienne imposée par les marocains et se glisser à l’intérieur du Parador d’El aaiun au sein d’une commission de travail qui devait rencontrer l’ambassadeur Olof Rydbeck.

    A la fin de la rencontre, le militant remit une lettre à l’envoyé de l’ONU. Les marocains qui composaient la délégation ont essayé de l’arrêter au moment de la sortie, mais celui-ci réussit à revenie dans la pièce où se trouvait l’envoyé spécial de l’ONU avec qui il a pu s’entretenir de la situation durant desux heures.

    A l’issue de l’entretien, l’envoyé onusien appela les trois gouverneurs coloniaux (Le Sahara Occidental étant à l’époque géré par une adminitsration tripartite provisoire) : Il demanda au mauritanien s’il voulait prendre la responsabilité de le remettre à l’ambassade de Libye qui se chargerait de le faire sortir de Mauritanie. Seul le gouverneur esdpagnol accepta de prendre la responsabilité du militant sahraoui jusqu’à sa remise à l’mabassade d’Algérie à Madrid. Le gouverneur marocain, quant à lui, se livra à une comédie de grande envergure faisant mine de remercier « ce fils venu rejoindre la mère patrie » mais cela fut sans résultat.

    Une autre tentative qui dénote les procédés employés fut encore faite par un cousin du roi Hassan II qui se rendit à l’aéroport d’El Aaiun pour rencontrer le militant sahraoui. Il lui offrit 10 millions de dirhams ainsi que toutes les villas et voitures qu’il pouvait souhaiter.

    Ainsi, le gouverneur espagnol a facilité le déplacement de Seydah Debba jusqu’à Madrid d’où il a pu rejoindre les camps des réfugiés sahraouis en Algérie, où il s’est engagé dans l’armée de libération populaire sahraouie. Le 14 décembre 1977, Seydah est tombé dans le champ de bataille sous les feux des Jaguars françaises dans la région de Ouediane El Kharroub, dans le nord de la Mauritanie.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Seydah Debba, Olof Rydbeck,