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  • Algérie – Neuvième vendredi de manifestation à Alger : la mobilisation reste forte, mais les divergences politiques surgissent

    Par Nabil Semyane

    Algérie1, 9 Avril 2019

    Ce vendredi 19 avril 2019 marque le neuvième acte du mouvement de protestation qui dure mais surtout qui tient bon depuis le 21 février. A Alger, vitrine et épicentre de la protesta, la foule est encore au rendez-vous. Les inquiétudes de la matinée s’estompaient à mesure que les heures passaient et les manifestants affluaient.

    De Kabylie surtout, malgré les barrages filtrants et de longues files de véhicules et de bus sur l’autoroute est- Ouest, selon des témoignages. Des manifestants venus aussi de Blida Tipasa, de Ain Defla. Même du Sud du pays. « C’est Alger le cœur du Hirak », résume un habitant d’El Mgheyer, Wilaya de Oued Souf, qui a passé la nuit de jeudi à vendredi dans un hôtel, avenue Ben Boulaid, pas loin de la Grande Poste « pour être au rendez-vous».

    A Midi l’esplanade de la grande poste est noire de monde, tel un serpent qui sur le boulevard Didouche, jusqu’ à la place Maurice Audin, du nom de ce jeune mathématicien français mort sous la torture des soldats du Général Massu, pour la Révolution algérienne.

    Après la sortie des fidèles des mosquées, c’est le raz de marée humain. De tous les boulevards, ça se déverse par escouades successives, direction la Poste. La foule est bien au rendez-vous et les craintes de voir certains rester à la maison ne se sont pas avérées, notamment les familles, après les incidents de vendredi passé.

    Toujours la même joie, la même convivialité des manifestants, surtout des jeunes avec des couleurs à profusion, avec dominante vert, Blanc, rouge, le drapeau national. Mais aussi l’emblème Amazigh. Un pied de nez à Gaid Salah, après ses propos à Ouargla sur « le respect du drapeau national ».

    Question slogan, c’est quasiment les mêmes qui reviennent depuis quelques semaines. « Vous avez bouffé le pays, bande de voleurs », « Quand l’arbitraire est loi, la résistance devient devoir », « ils partiront tous, on a dit tous » , sont autant de slogans entonnés ou inscrits sur les banderoles.

    En fin de matinée, un groupe de « Patriotes » en tenue de paras, venus de Khenchela ont ravi l’attention des manifestants. Sous la conduite d’un « chef d’orchestre » ils répètent des slogans bien appris. « Zeroual, le devoir t’appelle », « Ya Toufik y a Khaine (Toufik traitre), répètent-ils dans un chœur ponctué de « Kassaman ».

    Gaid Salah n’est pas épargné en image et en son. Sur une pancarte, on le voit affalé sur un canapé et Ben Salah assis sur son biceps. « Gare aux manœuvres », lit-on en bas du dessein. « Les fils du complot commencent à se démêler », clame une autre pancarte sur laquelle on voit encore le chef de l’Armée.

    Tout au long de la rue Didouche, des groupes de manifestants pour échanger sur la crise, son dénouement. Avec des termes parfois vifs qui montrant que chacun voit midi à sa porte et que le consensus, ce n’est pas pour demain la veille.

    Mustapha Bouchachi, entouré de ses amis a fait une incursion à la rue Didouche. « Le Hirak doit se poursuivre et la pression ne doit pas être lâchée, jusqu’à ce qu’ils partent tous », assène t-il sous les acclamations de la foule qui crie « Bouchachi, président ! Bouchachi président ! »

    Si le Mouvement n’a pas perdu de sa vigueur, ni de ses couleurs et de ses sonorités, ni de convivialité joyeuse, reste qu’il y a comme un sentiment de déjà vu, de déjà entendu. Comme sur ce plan , le Hirak a épuisé tous ses charmes. Peut-être est-il déjà temps de passer au coup d’après.

    Tags : Algérie, manifestation, vendredi, transition, article 102, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Un message brouillé

    par Kharroubi Habib

    En déclarant lors de sa très attendue allocution de mardi que «toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les plus brefs délais », le commandant en chef de l’armée à voulu faire comprendre que si l’institution militaire à initialement privilégié l’option de la transition dans le cadre constitutionnel, elle ne fait plus de cette démarche un dogme sur lequel elle ne transigerait pas.

    Le message de Gaid Salah aurait pu atteindre son objectif d’autant qu’il a été précédé par l’annonce de la démission du controversé président du Conseil constitutionnel qui était appelé à jouer un rôle clef durant cette transition. Il a été toutefois incontestablement brouillé par l’autre annonce faite que le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah avait procédé à la nomination du remplaçant de Tayeb Belaiz.

    La célérité avec laquelle il a été procédé au remplacement de ce dernier et au-delà de la pertinence ou non du choix de la personnalité désignée, a été perçue comme le signe que le pouvoir maintiendrait en réalité le cap dans la mise en œuvre de la transition constitutionnelle.

    Il parait en effet évident qu’en s’empressant de nommer un nouveau président du Conseil constitutionnel, ceux qui en ont pris la décision se sont préoccupés d’assurer la poursuite des opérations ayant été enclenchées dans le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle censée avoir lieu le 4 juillet prochain.

    Du moment que Gaid Salah a soutenu que toutes les perspectives possibles restent ouvertes dont il peut en résulter une démarche pour une transition faisant consensus entre l’armée et le mouvement citoyen, il aurait pu « suggérer » au président de l’Etat de surseoir à la nomination du nouveau président du Conseil constitutionnel.

    Dans le même allocution au cours de laquelle il a tenu des propos qu’ils voulait rassurants sur l’engagement de l’armée à rester au côté du peuple afin que se réalisent ses revendications et aspirations légitimes, le chef de l’état-major de l’ANP s’en est pris à des milieux qui selon lui seraient encore à la manœuvre et gardent une capacité de nuisance.

    Il peut être déduit de cette affirmation que la guerre des clans qui a ponctué le règne de Bouteflika n’a pas pris fin avec la démission de celui-ci et que le pouvoir de fait qui s’est substitué à lui en vit lui aussi une dont l’enjeu est le pilotage de la période de transition et l’élection présidentielle qui va en être l’ultime séquence.

    C’est la raison pour laquelle la mobilisation populaire ne doit pas fléchir et que le mouvement citoyen doit rester vigilant à ne pas s’en tenir aux proclamations d’adhésion à ses revendications et aspirations qui lui promettent qu’elles seront réalisées et à ne pas succomber aux manœuvres visant à lui faire prendre parti dans la guerre entre clans du pouvoir visant leur recyclage dans l’ère post-Bouteflika.

    Le quotidien d’Oran, 19 avr 2019

    Tags : Algérie, Transition, Gaid Salah, armée, article 102,

  • Algérie: La dernière tentation des retardataires

    La révolution continue sa marche, gaiement dans son expression, sale et haineuse dans ses coulisses. De plus en plus, les positions se radicalisent et les hypocrisies se cristallisent. Il faut dire que la nouvelle mode en ces temps de Révolution, ce sont ces selfies pris par les uns et les autres dans les marches pour clamer son positionnement et sa nouvelle légitimité pour aller envahir les réseaux sociaux et se refaire une virginité.

    Mais plus qu’une virginité, ces opportunistes de tout bord, se permettent aujourd’hui de dérouler leurs propositions de sortie de crise. Des propositions qui n’ont rien d’innovants sinon reprendre les différents slogans affichés par les jeunes du «hirak», en clamer la paternité, et se positionner dans cette nouvelle Algérie qui se dessine.

    La nouvelle mode en ces temps de Révolution, c’est de s’en prendre à tout ce qui est Etat, en mélangeant sciemment, ou tout bonnement, par ignorance Etat et pouvoir. Des agissements de loubards qui veulent prendre le train en marche. Ainsi, alors que des millions d’Algériens marchent et manifestent pour une nouvelle Algérie, certains, toute honte bue, veulent se positionner pour de basses ambitions personnelles. Et pour ce, ils se veulent plus virulents que ne le sont ces formidables jeunes qui rêvent de lendemains meilleurs. Un opportunisme de bas étage qui renseigne sur ces révolutionnaires du dernier quart d’heure qui infestent les plateaux de télévisions et les pages des réseaux sociaux.

    Le drame de cette Révolution du sourire est bien là. Il est dans ces énergumènes qui ne pensent qu’à eux ou qui ne pensent qu’à mettre en pratique les visées de leurs maîtres qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs. Et le danger est bien là. Voir cette Révolution pacifique prendre les chemins dangereux de l’affrontement et de la violence qui ne menacent pas uniquement ce magnifique élan d’un peuple assoiffé de démocratie et de liberté, mais surtout la paix et l’avenir de tout un pays.

    Ces pyromanes de la dernière minute qui n’ont pas fini de traire l’Algérie jusqu’au sang, et qui sont dans tous les clans et tous les râteliers, doivent être débusqués et neutralisés, car, pour satisfaire leurs démesurées ambitions, ils n’hésiteront pas à manœuvrer pour l’effondrement de l’Etat bien avant le seul pouvoir. Ils n’hésiteront pas à faire de nos jeunes des chairs à canons et à marcher sur leurs corps pour atteindre leurs objectifs et épancher leur soif du pouvoir. Mais il ne fait aucun doute que le «hirak» vaincra et sûrement sans ces opportunistes.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 17 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Gaïd Salah insiste sur la préservation de l’indépendance de l’Algérie

    Au 4e jour de sa visite dans la 4e Région militaire, le général de Corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah a insisté sur la nécessité de relever plusieurs défis, essentiellement ceux ayant trait à la “sauvegarde de l’indépendance de l’Algérie, la consolidation des fondements de sa souveraineté nationale, son intégrité territoriale et la préservation de la force et la solidité des liens de son unité populaire… “.

    Le chef d’état major de l’Armée a réitéré les missions nobles dont l’Armée nationale populaire s’honore toujours de les exécuter de la manière la plus appropriée et la plus judicieuse, entre autres au “peuple algérien le droit de vivre dans la sécurité et la paix”.

    Des grandes puissances veulent refaire la carte du monde suivant leurs intérêts

    Le vice-ministre de la Défense nationale a, par ailleurs, accusé “des parties et des grandes puissances qui œuvrent à refaire la carte du monde suivant leurs intérêts, même si cela devait se faire au dépens de la liberté, de la sécurité, de l’indépendance et de la souveraineté nationale des peuples”.

    Mise à l’échec de toutes les tentatives visant la sécurité du pays
    Gaïd Salah a déclaré également que “Toutes les tentatives désespérées ciblant la sécurité et la stabilité de notre pays ont échoué, et vont encore échouer dans l’avenir grâce à l’aide d’Allah Le Tout-Puissant, puis grâce aux efforts laborieux et fructueux, que l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, ne cesse de consentir, en s’inspirant de son dévouement aux valeurs de novembre et son message éternel afin que l’Algérie demeure unie et indivisible conformément au serment prêté au service de la patrie”.

    Echoroukonline, 18 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Sale temps pour les fraudeurs en transfert de devises vers l’étranger

    Depuis le début du mouvement populaire contre le système politique, des soupçons ont pesé sur des hommes d’affaires quant à des opérations de transfert illicite de devises vers l’étranger.

    Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – A la fin du mois de mars, alors que la polémique faisait rage sur cette question, la Banque d’Algérie, dirigée par Mohamed Loukal, a affirmé que les informations relatives aux transferts de capitaux, par le canal bancaire, « sont dénuées de tout fondement ». Mais avant-hier, dans la soirée, le ministère des Finances, dirigé par le même Mohamed Loukal, entre-temps promu ministre dans le gouvernement de Bedoui, a annoncé la mise en place d’un comité de veille et de suivi, chargé de suivre l’évolution des transferts en devises vers l’étranger.

    Son objectif ? Renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde et débusquer les fraudeurs. Ce comité est composé de hauts fonctionnaires du ministère des Finances, de représentants de la Banque d’Algérie (BA) et de représentants de la communauté bancaire (Abef).

    Le comité a pour mission de s’assurer que les opérations de transferts en devises par les banques, en tant qu’intermédiaires agréés, sont exécutées dans le strict respect de la réglementation des changes édictée par la Banque d’Algérie, a expliqué le ministère des Finances.

    Que s’est-il alors passé entre-temps pour que M. Loukal passe d’un homme qui « dément des rumeurs » à un homme qui « donne du crédit aux mêmes rumeurs » ?

    Il y a d’abord sa promotion au poste de ministre. Mais il y a surtout ce communiqué du chef d’état-major de l’APN qui a parlé ouvertement de tentatives de faire fuir des capitaux volés et s’enfuir vers l’étranger.

    Le 2 avril, jour de la démission de Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah a parlé de « vastes opérations de pillage et de dilapidation qu’a connues notre pays, ciblant ses potentiels et ressources économiques et financières ». Il s’est interrogé sur « les moyens qui ont permis à cette poignée de personnes d’amasser des richesses immenses par des voies illégales et dans un court laps de temps, en toute impunité, profitant de leur accointance avec certains centres de décision douteux, et qui tentent ces derniers jours de faire fuir ces capitaux volés et s’enfuir vers l’étranger ».

    Dans son communiqué, le ministère des Finances a expliqué que les opérations de transferts en devises par les banques sont classées en trois catégories. Il s’agit du règlement des opérations d’importation de biens et services, conformément à la législation et à la réglementation régissant le commerce extérieur et des changes en vigueur, des transferts dans le cadre d’investissements à l’étranger effectués par un opérateur résident en Algérie et les transferts des dividendes liés à des investissements directs en Algérie.

    En tout cas, l’annonce du ministère des Finances confirme les soupçons sur des opérations de transferts illicites de devises à l’étranger.

    Mais la décision semble avoir des objectifs politiques destinés, au même titre que la décision relative à l’interdiction de sortie de territoire national pour plusieurs hommes d’affaires, à calmer la rue qui demande des comptes aux « voleurs ». C’est une réponse au slogan « Vous avez dévoré le pays, espèce de voleurs ». « C’est destiné à calmer le peuple en lui disant qu’on est en train de surveiller le mouvement des capitaux », soutient l’expert économique Ferhat Aït Ali, contacté par Le Soir d’Algérie.

    Il affirme que le ministère des Finances n’a pas le droit d’installer un tel comité qui relève des prérogatives de la Banque centrale.

    « C’est une compétence de la Banque d’Algérie de contrôler a posteriori la régularité des opérations de transfert de devises. Il s’agit donc d’un empiétement des prérogatives de la Banque centrale », souligne notre interlocuteur.

    K. A.

    Le Soir d’Algérie, 15 avr 2019

    Tags : Algérie, Transition, Article 102, armée, Bensalah, Bedoui, Gaid Salah,

  • Algérie: Bensalah, le rejet!

    Nouvelle mobilisation à valeur référendaire contre le président par intérim et son plan de sortie de crise : Bensalah, le rejet !

    Huitième vendredi de mobilisation des citoyens à Alger et à travers le territoire national depuis le déclenchement du mouvement populaire le 22 février dernier. Rejetant de fond en comble les propositions de sortie de crise du gouvernement, y compris l’annonce faite par le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, sur l’organisation de l’élection présidentielle le 4 juillet prochain, les manifestants restent catégoriques en exigeant le départ de tous les symboles du système.

    Hier encore, ils étaient des centaines de milliers à envahir les rues de la capitale face à un dispositif sécuritaire renforcé. Bien que l’ensemble des accès menant à la capitale ait été bloqué la veille par des barrages de la Gendarmerie nationale, la mobilisation a été très forte dès la matinée.

    D’ailleurs, la densité de la foule a contraint les forces de l’ordre à plus d’une reprise de faire marche arrière et céder. Hommes, femmes et même enfants ont été de la partie scandant en chœur « Bensalah dégage», «Gaïd dégage», «Dégagez tous» et «Vive l’Algérie».

    Sur les pancartes arborées par les manifestants, on pouvait lire des messages accusant Gaïd Salah d’avoir lâché le mouvement populaire. «Nous sommes arrivés à la mi-temps mais Gaïd a vendu le match », tandis que d’autres appellent Bensalah à présenter sa démission. Lassé par ce qu’il qualifie de «manœuvres du gouvernement», le peuple n’a jamais été aussi clair qu’hier.

    Au tunnel des facultés, ils étaient des milliers à scander en boucle «partez tous». Les manifestants, déterminés à aller jusqu’au bout, ont appelé hier à la mise en place d’une période de transition avec de «nouvelles têtes» rejetant ainsi toute solution constitutionnelle. Sur certaines pancartes, des manifestants ont appelé à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution mais aussi la dissolution du Parlement « de la honte».

    Même si l’humour est toujours de mise, la colère et le ras-bol des citoyens étaient hier bien palpables surtout que le gouvernement «s’obstine», selon les protestataires, à exécuter sa feuille de route en dépit de la contestation populaire.

    Les forces de l’ordre, visiblement dépassées et ne pouvant contenir la marée humaine qui déferlait sur Alger-Centre, n’ont pas hésité à user des canons à eau pour disperser les marcheurs.

    Les manifestants, qui ont préservé le caractère pacifique de la marche, se sont montrés très résistants et ont refusé de céder. Cependant, des informations relatives à des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, faisant même état de blessés, n’ont cessé de circuler sur les réseaux sociaux et sites d’information.

    Plus tard, dans la journée, la police, qui s’est défendue d’avoir réprimé les manifestants, a annoncé l’arrestation d’un groupe de criminels qui s’apprêtait à attaquer les marcheurs. Dans un communiqué divulgué hier, le Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a indiqué que des étrangers venus pour attiser les tensions et pousser les jeunes Algériens à recourir à des formes d’expression radicale durant les marches populaires, que connaît le pays depuis le 22 février dernier, ont été interpellés.

    Cependant, aux alentours de 17H, c’est un groupe de casseurs qui s’en est pris aux forces de l’ordre sur les hauteurs d’Alger. Cette fois, ce sont les jeunes du quartier qui se sont interposés pour maintenir l’ordre.

    « Vive l’Algérie »

    A Tizi Ouzou, ni le ciel gris ni le discours ferme de la veille de Gaid Salah n’ont dissuadé le peuple à investir la rue. Une véritable marée humaine de femmes et d’hommes, était plus que jamais déterminée à ne céder aucune de ses exigences. Une détermination perceptible à travers des slogans « Nous marcherons jusqu’à la victoire », « Nous refusons de plier ! ». « Nous (le peuple) sommes unis, vous êtes finis ! », lit-on sur des cartons brandis au-dessus des têtes.

    Et puis, il y a ces slogans qui constituent une réponse aux déclarations du chef de l’Etat, A. Bensalah et du général-major Gaid Salah, chef des armées, deux personnages qui semblent cristalliser la colère de la rue qui tient toujours au « dégagisme » brandi contre tous les hommes qui représentent le système : « Yatnahaw ga3 », « Non au clonage du système ! » tranchent de nombreux marcheurs. «Ulac lvot (pas de vote)», ont scandé d’autres qui ont également exprimé leur rejet la présidentielle annoncée pour le 4 juillet prochain par Bensalah.

    Certains manifestants ont tenu à rappeler à Gaïd Salah que les exigences du peuple ne sont pas contraignantes (allusion à la formule puisée dans son discours de mardi dernier, à Oran). « Aucune Constitution ne peut s’élever au-dessus de la volonté du peuple !», a-t-on lu encore sur des affiches.

    A Bouira, ils étaient des milliers à battre le pavé. Venus de toutes les localités de la wilaya, les manifestants, ont à l’unanimité, rejeté la « nouvelle offre » des tenants du pouvoir quant à l’organisation d’une élection présidentielle prévue pour le 4 juillet prochain. Le rejet du peuple a été exprimé à travers des slogans portés sur des pancartes et banderoles brandies par la foule tout comme les marcheurs ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place : «FLN dégage !»,

    «Y en a marre de ce pouvoir. Libérez l’Algérie. Le peuple veut la chute du régime » ou encore les traditionnels « Pouvoir assassin » et «Ulac Smac Ulac». Néanmoins, des manifestants ont déployé des pancartes et slogans hostiles au général de corps d’armée, Gaïd Salah : « No to military Rule ». La procession s’est déroulée dans le calme et aucun incident n’a été constaté. Par ailleurs, et contrairement aux vendredis passés, la circulation automobile a été fortement perturbée sur le tronçon autoroutier allant vers Alger. Plusieurs barrages filtrants de la Gendarmerie nationale ont été mis en place, près de Lakhdaria et à la sortie des tunnels de Bouzegza, ont fait savoir des citoyens.

    « Transition sans Bensalah »

    A Boumerdès, des milliers de citoyens sont sortis en masse pour exiger un changement radical du système. Tout en dénonçant les manœuvres du pouvoir pour faire perdurer le système en place, les citoyens rejettent les hommes du système qui sont toujours aux commandes du pays. « C’est le peuple qui doit mener la transition et non les hommes du système et encore moins Bensalah, Bedoui et Belaïz », criaient les manifestants.

    A Annaba, malgré les pluies torrentielles qui se sont abattues, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé sous leurs parapluies pour faire entendre leur voix. Ils ont refusé en bloc les «solutions constitutionnelles» proposées par un chef d’Etat jugé « illégitime» et approuvées par le général du corps de l’armée et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. «Bensalah, dégage», «Gaïd Salah dégage», «système, dégage», ont-ils scandé. Sur les banderoles et pancartes on pouvait lire des slogans hostiles à Bensalah et Gaïd Salah ainsi que d’autres qui exigeaient au chef d’état-major de tenir parole et d’exécuter la volonté populaire.

    «Nous disons au chef d’état-major : soit le peuple ou le clan, il faut faire un choix», pouvait-on lire sur une énorme banderole. Le peuple fait tout de même la différence entre l’institution militaire et celui qui la dirige : «Ni peur, ni terreur ; l’armée appartient au peuple», pouvait-on lire sur une autre banderole. Pour la huitième semaine consécutive, les manifestations ont gardé leur caractère pacifique.

    A Constantine, la pluie n’a pas dissuadé également les centaines de milliers des « habitués » des sorties de s’abstenir de manifester. Les revendications ont été bien sûr actualisées en fonction des annonces de Gaïd Salah, celles des autres, étant d’ores déjà rejetées. Les Constantinois ont donc mis en avant les revendications de tous les Algériens en exigeant, comme vendredi dernier, le « dégagement » des trois « B », et le refus d’aller à des élections organisées par les mêmes acteurs « faussaires » d’hier. De leur côté, les femmes ont fait démentir les actes d’agression verbales à leur encontre, en formant des carrés 100% féminin, où elles ont pu exprimer leurs courroux envers « ceux qui ne veulent pas comprendre ».

    A Bordj Bou Arréridj, l’acte VIII du mouvement de protestation a encore drainé des centaines de milliers de manifestants. Toujours dans la même ambiance festive, les marcheurs ont sillonné des kilomètres en scandant des slogans à la gloire de « fakhamatouhou le peuple » et hostiles à « la bande». Des fresques aux couleurs vives ont été érigées, mais aussi des graffitis et des portraits en caricature, tirés à l’effigie des « 3 B» n’ont laissé personne indifférent. Et en fin de marche, les manifestants se sont dispersés en se donnant rendez-vous à vendredi prochain ou dès que de besoin.

    Et de huit à Mila aussi ! Les habitants ont encore marché brandissant des banderoles hostiles à Bedoui, Belaïz, Bensalah et au FLN et clamant haut et fort leur animosité au pouvoir « illégitime » en place. « Nous avons marché, nous marchons et nous marcherons encore » est la devise de tous les marcheurs. Jeunes et vieux, hommes et femmes jurent par Allah de ne s’arrêter de marcher que le jour où les hommes du système disparaîtront des sphères d’El Mouradia. « Yatnahaw gâa », «Ils partiront » et « nous vaincrons » sont les mots d’ordre des marcheurs.

    « C’est le peuple qui doit mener la transition »

    Même topo à Oum El Bouaghi. «Transition sans Bensalah», «Souveraineté par le peuple», «Système dégage» et «transition sans les 4 B» sont entre autres les slogans entonnés par les milliers de manifestants venus de plusieurs coins de la wilaya pour signifier le rejet de la nomination de Abdelkader Bensalah comme chef de l’état pour une période de 90 jours.

    A El Tarf, les manifestants plus nombreux que les autres vendredi criaient haut des slogans hostiles au régime et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Pas d’élection avant le départ des trois B», «L’application des articles 7 et 8», «Jich Chaâb, Khawa khawa. «Vingt millions d’Algériens vous demandent de partir. Partez avec dignité. Vous vous accrochez à la Constitution. Vous ne l’avez jamais respectez », a-t-on entendu. «On ne peut organiser des élections propres et honnêtes avec les mêmes figures de l’ancien système», ont ajouté d’autres manifestants.

    Pour ce huitième vendredi consécutif, les manifestants ont aussi dénoncé la répression des jeunes étudiants à Alger à Tlemcen, c’est un véritable tsunami. « Dégage Bensalah ! » et autres slogans hostiles étaient scandés haut et fort par les milliers de manifestants lors de l’imposante marche de ce 8e vendredi décisif. « Gaïd Salah a tourné le dos au peuple » est la sentence populaire exprimée par la foule à cette occasion, à la suite du dernier discours du chef d’Etat-major prononcé à Oran. «B+B+B= élections truquées », assorti de « 4 Juillet= deuil national », étaient brandis sur des pancartes. « Bled bledna, wa dirou raïna » était également le slogan favori des marcheurs qui réclamaient le départ de la « içaba » pour une vie meilleure en Algérie.

    A Sidi Bel Abbès, les Bélabessiens sortis dans la rue ont également manifesté contre le pouvoir actuel et exigé le départ du chef d’Etat par intérim Bensalah, ainsi que celui du Premier ministre Bedoui. Même cas de figure à Ouargla où les manifestations contre le « système » se poursuivent et s’intensifient. Les habitants descendus dans la rue ont rejeté la feuille de route du gouvernement et appelé Bensalah et Bedoui à partir. Ils ont appelé à l’application des articles 7 et 8 de la Constitution qui donnent le pouvoir au peuple. A Ghardaïa, ils étaient des milliers de personnes pour rejeter toutes les figures du système, particulièrement Bensalah, le nouveau chef d’Etat par intérim.

    Reporters.dz, 13 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, artile 102, régime, Gaid Salah, Bensalah,

  • Algérie : Et maintenant, après le huitième vendredi de mobilisation?

    Oui et maintenant que le peuple algérien est sorti massivement dans toutes les willayas du pays pour dire bruyamment son rejet de Bensalah comme Président, Bedoui comme Premier ministre et naturellement l’élection présidentielle qu’ils prévoient pour le 4 juillet prochain ?

    Le verdict rendu hier par des millions de citoyens sur un ton ferme mais dans une ambiance pacifique, ne fait pas l’ombre d’un doute. Plus que jamais, les algériens ne s’inscrivent plus dans l’agenda du pouvoir fut-il soutenu par l’état-major de l’armée.

    Pour la huitième fois de suite, la mobilisation citoyenne ne faiblit pas malgré la fermeture des «frontières» de la capitale aux manifestants en provenance d’autres régions du pays.

    La répression policière à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau, le quadrillage de tous les accès à Alger ainsi que le filtrage de tous les axes routiers et autoroutiers n’ont pu entamer la volonté des centaines de milliers de personnes à forcer le barrage.

    Et comme il fallait s’y attendre, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaid Salah qui a soutenu l’option Bensalah en tournant le dos aux revendications du peuple, a été copieusement arrosé de slogans hostiles. «Les généraux ne représentent pas l’armée ! » proclame notamment une banderole, avec la photo de Gaid Salah barrée du rouge, et bien en vue devant la Grande Poste.

    Mais c’est le nouveau chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah qui a ravi la «vedette» en termes de noms d’oiseaux et autres quolibets. Il était aisé de saisir politiquement le message du peuple algérien au-delà des foules qui étaient au rendez-vous.

    La feuille de route déclinée autour des trois «B» Bensalah, Bedoui et Belaiz soutenu par Gaid Salah pour mener la transition politique est perçue par les manifestants comme un recyclage du Bouteflikisme sans Bouteflika.

    L’immense mobilisation constitue déjà une réponse claire que le peuple est déterminé à ne rien lâcher tant que les trois «B» trônent à la tête des institutions.

    De fait, la seule voie constitutionnelle choisie par le chef de l’armée pour régler la crise politique est catégoriquement rejetée par le peuple. Ce dernier a crié haut et fort qu’il ne quitterait pas la rue tant que sa principale revendication à savoir la restauration de sa souveraineté en vertu de l’article 7 de la Constitution n’est pas satisfaite.

    Encore une fois, il renvoie la balle dans le camp du commandement de l’armée pour lui signifier que les solutions proposées ne sont que des diversions destinées à réinstaller le système avec de nouvelles têtes.

    La démonstration de force populaire d’hier dans les quatre coins du pays constitue une piqure de rappel à l’état-major que les algériens qui ont usé leurs chaussures depuis le 22 février, ne se suffiront pas de demi mesures et encore moins de fausses mesures. Leur message sera-t-il reçu cinq sur cinq? Réponse dans quelques jours.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 13 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, article 103, Gaid Salah, armée,

  • Algérie : Que va sortir de sa manche étoilée Gaïd Salah ?

    par Kharroubi Habib

    Apparemment, Gaïd Salah devenu l’homme fort du pays s’en tient à son choix d’une transition dans le cadre constitutionnel même après le rejet de cette option exprimé de façon catégorique par les millions d’Algériens lors des marches de vendredi dernier.

    Le silence qu’il a observé après le refus de cette démarche que la rue lui a signifié et les préparatifs qui ont commencé au Parlement pour l’inauguration de cette transition dans le cadre constitutionnel, il peut en effet paraître que le chef de l’état-major de l’armée n’a nullement l’intention de changer son fusil d’épaule et va laisser aller à son terme la procédure constitutionnelle afférente à l’investiture de l’intérimaire de la présidence de la République.

    D’autres indices montrent toutefois que tout en persistant à ne pas vouloir sortir du cadre constitutionnel il ne soutiendrait plus l’application stricto sensu de ses dispositions qui ferait du très controversé président du Sénat le pilote de la période de transition. Ils sont dans le fait que les réunions parlementaires destinées à donner une suite à la démission de Bouteflika se sont déroulées sous le sceau de la confidentialité et d’un embargo médiatique total. Ce qui peut être le signe que les parlementaires auraient reçu consigne d’explorer la piste d’une autre solution que celle de l’investiture du controversé Abdelkader Bensalah.

    Des confrères ont fait état de rumeurs qui bruissent dans les travées des deux chambres agitant le spectre d’un bon nombre de députés et sénateurs qui a décidé de boycotter le congrès de ce mardi.

    Si cela se confirme et sachant que nos parlementaires incapables de défier l’autorité détentrice du pouvoir, il y aurait à déduire que leur supposée fronde n’a rien de spontané et de dicté par leur conviction que l’investiture de Bensalah engagerait le pays sur une voie à haut risque.

    Une fronde parlementaire ayant pour cause cette investiture pourrait être le prétexte sur lequel Gaïd Salah s’appuierait pour sortir la transition du « tout constitutionnel » qui mobilise le peuple contre elle et lui vaut défiance de sa part. Il se peut alors que l’option Bensalah sera abandonnée en raison de ce prétexte de la fronde parlementaire qui permettrait au chef de l’état-major de ne pas apparaître avoir cédé à l’injonction de la rue.

    Il n’est pas sûr pourtant que ce scénario contribuera à apaiser la contestation populaire nourrie et entretenue par l’exigence d’une transition en dehors du cadre constitutionnel excluant la prise part à sa mise en œuvre des figures vomies du régime de Bouteflika.

    Le Quotidien d’Oran, 9 avr 2019

    Tags : Algérie, Gaid Salah, armée, transition, intérim,

  • Algérie : Jusqu’où ira Gaïd Salah ?

    Les messages politiques fondamentaux exprimés ce vendredi par la rue s’adressaient en substance à un seul homme : Gaïd Salah. Par la force des événements, le chef d’état-major focalise l’attention de tout un peuple à la recherche d’une rupture réelle.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Gaïd Salah n’est ni adulé, ni acclamé, ni foncièrement rejeté ou décrié. Son nom ne figure ni parmi la liste des personnes appelées à être «jugées» pour avoir conduit le pays à l’impasse ni parmi ceux des héros dont les portraits sont portés par les manifestants. Dans les quatre coins du territoire national, les Algériens observent, attendent, et savent surtout ce qu’ils veulent.

    Unis autour d’un mot d’ordre principal «dégagez tous», ils n’ont pas laissé l’impatience des jeunes entraver un processus dans lequel le chef d’état-major a été amené à jouer le rôle central. Il affirme avoir su capter les messages de fraternité lancés par des millions de citoyens à l’ANP lorsque ces derniers sont descendus dans les rues réclamer l’annulation du cinquième mandat, la démission immédiate de Abdelaziz Bouteflika, et désigner les responsables du «pillage du pays».

    Alors que la tension atteignait son paroxysme, en raison de la résistance du président de la République et de sa détermination à conduire l’étape de transition à venir, Gaïd Salah entre en jeu de manière inattendue et se propose de répondre aux aspirations populaires en appliquant l’article 102. La première annonce qu’il en fait n’engendre pas de liesse au sein des foules. Les avis sont partagés : «ANP et peuple sont frères» et «Article 102, mais sans eux», scandent les manifestants le vendredi qui suit le premier discours fait à partir de Ouargla. Un grand scepticisme règne.

    Les Algériens sont surtout conscients qu’arracher Bouteflika de son siège présidentiel et chasser son clan n’est pas chose facile. Au cours des deux vendredis suivants, ils exigent «l’application de l’article 102, 7 et 8». La «souveraineté populaire» est un élément central, indiscutable. Le mouvement qui s’est mis en place le 22 février dernier s’est fixé le «changement» radical, fondamental comme objectif et entend mener la transition selon les règles qu’il s’est fixées.

    Dans le contexte actuel, sa soudaine arrivée sur la scène politique a poussé plusieurs acteurs politiques figurant dans l’opposition à émettre de sérieuses réserves essentiellement basées sur la crainte de voir le processus en cours se transformer en scénario à l’égyptienne. Comme tous, ils attendent aujourd’hui d’être fixés, puis, en quelque sorte, rassurés sur les intentions de Gaïd Salah.

    Chaque fait, ou terme prononcé est analysé, décortiqué. Pour l’heure, celui-ci répond par des engagements, qui se veulent aussi être des assurances, basés sur le strict respect des textes et laisse entendre que le scénario à l’égyptienne ne fait pas partie de ses intentions. Mais Gaïd Salah n’attire pas que des critiques. Au sein des sphères ayant gravité de longues années autour du clan présidentiel, des voix s’élèvent déjà pour chanter la gloire du nouvel homme du moment. Se laissera-t-il griser par les anciens soutiens de Bouteflika ?

    Dans ses engagements, le chef d’état-major affirme être entré en scène en réponse aux aspirations des Algériens. Sachant que l’application de l’article 102 n’en est qu’à sa première étape, il lui faudra, de ce fait, aller encore plus loin dans sa démarche.

    Vendredi, les manifestants ont rejeté par avance l’arrivée de Bensalah à la tête de l’État pour une période déterminée. Ils n’ont laissé aucune chance non plus à Belaïz, Bedoui et tous les membres du nouveau gouvernement car étant impossibles à associer à une véritable transition. Mais une transition menée par le chef d’état-major est-elle aussi possible ? Jusqu’où ira la réponse de Gaïd Salah à la rue ?

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 7 avr 2019

    Tags : Algérie, transition, armée, Gaid Salah, article 102,

  • Un changement radical sans les figures et les symboles du système : Le peuple algérien maintient la pression

    Des millions d’Algériennes et d’Algériens ont marché à nouveau, hier vendredi, à travers le pays, pour une 7e manifestation grandiose de suite et en date depuis le 22 Février historique.

    À Alger, la manifestation était encore beaucoup plus mobilisatrice, déterminante et tranchante surtout avec un mot d’ordre appelant à la restitution de la souveraineté au peuple algérien, changer le système avec une feuille de route qui passerait sans les symboles et figures du système en place.

    Dans la capitale, la marche a tenu toute ses promesses par la mobilisation, la manière pacifique et le niveau des revendications qui fait de plus en plus mouche et suivi assez souvent par un effet immédiat sur le terrain. Ainsi, les manifestants ont battu le pavé, simultanément, à travers tout le pays, munis de pancartes, drapeaux frappés des couleurs nationales, pour revendiquer la mise en place d’une nouvelle République.

    Après six vendredis consécutifs depuis le 22 février dernier, la 7e grande marche était celle de la victoire et projetant sur l’espoir d’en arracher encore à d’autres succès populaires et citoyens après la démission du président Bouteflika. La révolte nationale pacifique était d’ailleurs hier à son premier vendredi post-Bouteflika, l’ex-président sortant après 20 ans de règne à la tête du pouvoir.

    L’affluence des marcheurs était à son comble vers 11h à la Grande-Poste d’Alger, comme aussi au niveau des places Maurice Audin, le 1er Mai ou encore la place des Martyrs.

    Sur place, a-t-on constaté, une mobilisation plus importante que le précédent vendredi, où des centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens ont affiché leur détermination à faire évincer «tous les partisans et les anciens fidèles de l’ex-Président», maintenant que lui-même ait quitté le pouvoir.

    «Bouteflika c’est fini ! À qui le tour ?»

    Place Maurice Audin, des manifestants portent une grande banderole entre les mains et sur laquelle on pouvait lire : «les 3 B, dégagez ! C’est la décision du peuple le seul et l’unique souverain.» «Le peuple exige le changement politique profond du système en place. Le peuple va maintenir la pression sur le pouvoir en place. Nous exigeons le départ des symboles du système Bouteflika, comme le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz », comme nous l’a lancé un étudiant, rencontré parmi ses compères, non loin de l’esplanade de la Grande-Poste.

    «Le peuple veut une République civile»

    Au fur et à mesure que les marcheurs avancent, la foule ne faisant que s’élargir. À la Place Audin, Hayet, une mère de trois enfants, nous dira que « le peuple réclame l’activation de l’article 7. Le peuple veut choisir son gouvernement de transition». Hamid, son mari, lui emboîte le pas : «Il est temps de prendre en compte le pouvoir légitime, l’incontournable, celui du peuple», et de préciser que « le peuple veut aller sur la voie de l’élaboration d’une législation garantissant l’État de droit, les libertés individuelles et collectives».

    Sur place, des discussions et des chuchotements sont engagés entre manifestants, portant notamment sur la période de transition. Les youyous fusaient de partout et exprimant la victoire contre l’ex-président de la République. Tarek, un jeune qui suivait de près nos échanges, a affirmé que « ce vendredi est le premier après le départ de Bouteflika. C’est donc une journée qui se veut être pleine d’espoir après cette victoire partielle, (la démission du chef de l’État).» Ou encore de juger que « le peuple veut aller vers une vraie transition démocratique», avant de poursuivre sa marche, en tenant à immortaliser une scène avec son Smartphone en tenant le drapeau national à bras-le-corps.

    Gaid Salah ? Chacun y va de son propre avis !

    Contrairement aux cas de Bensalah, Belaïz et Bedoui, dont la démission est exigée par des manifestants, les avis des marcheurs divergent sur Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’ANP.

    Croisé devant le tunnel des Facultés, Hakim nous à indiqué que « je pense que le peuple ne cessera de manifester ses revendications soulevées depuis le 22 février dernier, tant que celles-ci ne sont pas encore satisfaites. L’application de l’article 102 risque de privilégier des changements de forme et non pas de fond», estime notre interlocuteur comme pour renvoyer à l’article 7 surtout qui confère le pouvoir et la souveraineté au peuple algérien. «C’est vrai qu’El Djeïch (Armée nationale) est le nôtre. Mais Gaïd fait, lui aussi, partie du système en place, on réclame son départ. “Goulna Ga3, c’est ga3” (Nous avons dit tous, c’est tous), point barre ! », a conclu Hakim.

    Un autre jeune, par contre, scande, «Djeïch, Chaâb khawa khawa !» (Armée et peuple sont des frères), avant de répondre à Hakim que «Gaïd Salah s’est rangé du côté du peuple et il s’est engagé à satisfaire toutes ses revendications parmi lesquelles figurent le départ du système et une transition démocratique, pour construire une Algérie nouvelle et un État de droit. »

    Mohamed Amrouni

    Le Courrier d’Algérie

    Tags : Algérie, Article 102, Bouteflika, Gaid Salah, armée, transition,