Étiquette : gilets jaunes

  • Amateurisme

    François Hollande, à deux ans des prochaines élections présidentielles françaises, continue sa bataille médiatique contre son ancien ministre de l’Économie, devenu depuis président de la République française, Emmanuel Macron.

    Le succès totalement imprévisible du jeune novice en politique a en effet pris de court celui qui malgré des sondages très pessimistes sur ses chances de réélection, envisageait de se présenter une fois encore au suffrage universel en 2017. Depuis une année, après avoir resurgi dans les médias à la faveur de la mobilisation des «gilets jaunes», l’ancien président ne manque jamais une occasion de critiquer l’action du gouvernement et implicitement son ex-ministre.

    Cette semaine, Hollande a profité d’une déclaration de Macron sur l’«ancien monde» et le renouvellement historique de l’échiquier politique français pour appuyer avec insistance sur l’inexpérience du gouvernement en place ainsi que des différents élus de La République En Marche.

    Si François Hollande «ne sait pas» si c’était sa «personne qui était visée», l’ancien président socialiste a tenu à répondre à Emmanuel Macron. «L’amateurisme, cela peut-être une qualité : le sport, le fait de se donner aux autres, de faire en sorte que nous puissions tous être unis…

    D’une certaine façon, c’est bien, a d’abord souligné François Hollande. Mais il y a quand même un certain nombre de domaines où on veut des professionnels, où c’est quand même mieux de savoir qu’il y a des garanties».

    François Hollande a poursuivi, rappelant les fondamentaux : «C’est quand même préférable de savoir de quoi on parle, de savoir ce que représentent les Français et savoir qui ils sont». Avant de conclure, lapidaire : «Ça s’appelle le respect».

    Il a aussi estimé que le régime actuel pouvait «quelques fois être loin des Français» avec des décisions prises «sans les avoir consultés, sans les avoir écoutés». «On ne peut pas non plus accepter que notre démocratie se réduise à des images qu’on a vues depuis deux ans : des violences dans la rue, contre les personnes, contre les biens, a-t-il déploré. Ça, c’est un échec grave de la démocratie quand la colère ne peut pas trouver son expression autrement que par la violence».

    Ainsi, François Hollande intensifie sa campagne contre le président en fonction et semble se positionner pour une possible candidature en 2022. Néanmoins, pour qu’une candidature de sa part fasse sens, il devra non seulement se munir d’un programme attractif pour les Français mais surtout réussir à les convaincre qu’un éventuel nouveau mandat à l’Élysée serait effectivement dans leur intérêt.

    Or, aujourd’hui, comme durant la majorité de son quinquennat, Hollande ne brille pas par sa popularité et seulement 3 % des Français le considèrent comme un présidentiable crédible. Un chiffre qui ne semble toutefois pas atteindre le moral de l’ex-chef d’État qui continue tranquillement sa guéguerre avec le clan Macron, en attendant le moment, s’il se présente, de se lancer dans la course à la présidentielle.

    Le Jour d’Algérie, 16 fév 2020

    Tags : France, Emmanuel Macron, François Hollande, gilets jaunes,

  • Philippe avancera samedi des « propositions concrètes » sur la réforme des retraites

    PARIS (Reuters) – Au terme d’une journée d’échanges avec les partenaires sociaux, Edouard Philippe a salué vendredi des progrès vers un compromis sur la réforme des retraites et annoncé des “propositions concrètes” pour samedi.

    Les discussions, jugées “très constructives” par le Premier ministre, butent toujours sur les modalités financières du système et l’”âge d’équilibre” que l’exécutif maintient dans l’avant-projet de loi contre l’avis des syndicats réformistes.

    Si les syndicats opposés à un système de retraites par points – CGT et FO au premier chef – restent inflexibles, le chef du gouvernement ne déroge pas non plus à sa ligne de fermeté et a réaffirmé sa détermination à présenter un texte en conseil des ministres le 24 janvier pour une adoption avant l’été.

    “Je dirais que ce soir nous avons bien avancé dans la recherche du compromis que nous souhaitons obtenir, c’est donc une journée utile, mais il nous reste du travail”, a dit Edouard Philippe lors d’une brève déclaration à Matignon.

    Il a précisé qu’il rencontrerait vendredi soir Emmanuel Macron et prendrait contact “avec un certain nombre de responsables de la majorité pour évoquer les avancées possibles”.

    “Demain, par écrit, j’adresserai aux organisations syndicales et patronales des propositions concrètes qui pourraient être la base de ce compromis”, a-t-il annoncé.

    Au siège du Conseil économique, social et environnemental (CESE), où il rencontrait les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat, Emmanuel Macron a redit vendredi soir que la philosophie du projet de réforme visait à “consolider” un système par répartition “où c’est les travailleurs qui vont continuer de financer ceux qui sont à la retraite”.

    “Comment on fait alors que de moins en moins d’actifs financent des gens, et c’est très bien, qui vivent de plus en plus vieux ? Soit en disant on doit cotiser davantage, soit on doit travailler un peu plus longtemps, mais moi, je n’assume pas de baisser les retraites”, a-t-il ajouté.

    DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE L’”ÂGE D’ÉQUILIBRE”

    Les consultations bilatérales organisées au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation contre le projet gouvernemental visaient à discuter de la méthode et du calendrier d’une “conférence de financement”, idée avancée par la CFDT de Laurent Berger et reprise par le gouvernement.

    Le gouvernement souhaite que la conférence soit organisée en parallèle de l’examen parlementaire du projet de loi et complète ou modifie le texte via des amendements. Le texte sera soumis à partir du 17 février à l’Assemblée nationale.

    L”‘âge d’équilibre” – l’option gouvernementale pour l’équilibre financier du système – figure dans l’avant-projet de loi qui a été communiqué au Conseil d’Etat : il entrera progressivement en vigueur à partir de 2022 pour atteindre 64 ans en 2027, sauf si les partenaires sociaux trouvent une solution alternative d’ici le 1er septembre 2021.

    Un document gouvernemental a été remis vendredi aux partenaires sociaux pour attester de l’efficacité d’un “âge d’équilibre”.

    Cette note chiffre le déficit du régime à 10 milliards d’euros en 2025 et 12 milliards en 2027. Mais l’introduction d’un âge pivot à 64 ans permettrait à l’Etat, selon ces estimations, de réaliser 3 milliards d’euros d’économies en 2022, 5 milliards en 2023, 6,5 milliards en 2024, 9 milliards en 2025, 11 milliards en 2026 et jusqu’à 12 milliards d’euros en 2027.

    Dans le détail, 37% des assurés (“inaptes, invalides, handicapés”) ne seraient pas concernés par l’âge pivot ou seraient concernés par un âge pivot plus bas que le droit commun (carrières longues, pénibilité, métiers régaliens).

    L’âge pivot décalerait l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans pour 32% et jouerait “positivement” pour 31% en leur permettant de partir plus tôt que dans le régime actuel.

    Laurent Berger, pour qui cette mesure paramétrique est un casus belli, est resté sourd à ces arguments et a de nouveau exigé vendredi son retrait.

    MARTINEZ PROPOSE DES PISTES FINANCIÈRES

    “On a essayé de dire que la CFDT n’avait jamais été désintéressée sur la question de l’équilibre mais qu’une mesure aveugle et injuste comme celle-ci n’avait pas lieu d’être dans le projet de loi”, a-t-il dit à l’issue de son entretien.

    “On a senti une volonté d’ouverture dans la parole mais encore une fois, tout ça se mesure in fine aux actes”, a-t-il ajouté.

    L’Unsa, autre syndicat réformiste, avait demandé vendredi matin que l’âge pivot soit retiré “dans les prochaines heures”. “Un compromis ne peut se faire qu’à partir du moment où on n’a pas l’épée de Damoclès de l’âge pivot”, a fait valoir son secrétaire général, Laurent Escure.

    Force ouvrière et la CGT ont réaffirmé leur désaccord avec le projet de système universel par points.

    L’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU a appelé à une manifestation massive samedi avant une nouvelle journée interprofessionnelle le 14 janvier.

    Philippe Martinez, dont le ton trahissait à la sortie de Matignon une forme de désabusement, s’est dit d’accord avec le principe d’une conférence de financement “qui ne soit pas déconnectée de l’examen du projet de loi”.

    Le secrétaire général de la CGT a avancé des pistes : réintégration pour “plusieurs milliards d’euros” de cotisations sociales patronales après un “bilan des exonérations”, “taxation d’un certain nombre de transactions financières”.

    “L’âge pivot c’est un faux problème, une fausse polémique. Il existe déjà!”, a-t-il lancé.

    L’Unsa a proposé pour sa part une taxation des revenus supérieurs à 10.000 euros mensuels et un recours partiel au Fonds de réserve des retraites (FRR), doté fin 2017 de quelque 36 milliards d’euros.

    Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, tout comme François Asselin (CGPME), a jugé “absolument indispensable” une mesure d’âge. Les représentants patronaux refusent une hausse des cotisations.

    Reuters, 10 jan 2020

    Tags : France, Enseignement, réforme des retraites, gilets jaunes, Edouard Philippe,

  • La réforme des retraites, point d’orgue du profond malaise enseignant

    DIRECTEMENT CONCERNÉ PAR LA SUPPRESSION DES RÉGIMES SPÉCIAUX, LE CORPS ENSEIGNANT A ÉTÉ L’UN DES PREMIERS À EMBRASSER LE MOUVEMENT CONTRE LA RÉFORME DES RETRAITES. MAIS POUR LES JEUNES PROFS EN DÉBUT DE CARRIÈRE, CETTE MOBILISATION CACHE UNE COLÈRE PLUS PROFONDE. ENTRE LARMES, COLÈRE ET COMBATIVITÉ, RENCONTRE AVEC DEUX JEUNES PROFESSEURES DE BANLIEUE PARISIENNE.

    Elles exercent depuis deux et trois ans dans des lycées de banlieue parisienne. Mobilisées comme des milliers d’enseignants contre la réforme des retraites, elles incarnent cette nouvelle génération de profs, habituée des baisses de budget et des réformes contestées. Pour elles, la réforme portée par le gouvernement est un symbole de la rupture de confiance entre les enseignants et l’État. « Je la vois comme le symptôme du mépris avec lequel on est traité », explique Justine, 27 ans, prof depuis plus de deux ans dans un lycée de Seine Saint-Denis.

    « Peut-être que je ne me battrais pas autant si je faisais ce métier dans de bonnes conditions. Ce qui me pousse à me mobiliser encore plus, c’est le manque de compréhension total de notre ministre envers notre travail et nos conditions », ajoute-t-elle.

    « Cette mobilisation, on la vit comme un moment décisif. Je vais ressentir un très grand désespoir si la réforme passe », renchérit Agathe, professeure dans un lycée d’Aulnay-Sous-Bois depuis trois ans. En grève les 5, 10, 12 et 17 décembre, cette prof de 34 ans embrasse la lutte actuelle comme la continuité logique des précédentes mobilisations contre les réformes du ministre de l’Éducation, Jean Michel Blanquer : celle de Parcoursup, du baccalauréat et de « l’école de la confiance ».

    LES JEUNES PROFS EN PREMIÈRE LIGNE FACE À LA RÉFORME DES RETRAITES

    Aujourd’hui, la retraite d’un professeur est calculée sur les six derniers mois de sa carrière, soit, pour des revenus basés sur le plus haut échelon, entre 3000 et 3800 euros bruts par mois. Lorsqu’ils commencent leurs carrières, les profs touchent entre 1500 et 2000 euros par mois. Si la réforme passe, leurs retraites seront calculées sur la base des revenus d’une période bien plus large. Seront donc pris en compte des revenus bien plus faibles qu’avant, sans compter les arrêts de travail ou les congés parentaux.

    Malgré les garanties avancées par Jean-Michel Blanquer, qui promet une « sanctuarisation » des pensions de retraite des professeurs, les syndicats – qui s’inquiètent du « flou » des propositions du ministre – assurent que la réforme viendra diminuer les pensions des enseignants.

    Jean-Michel Blanquer n’a d’ailleurs rien arrangé en déclarant que les profs seraient en grève « parce qu’ils ne comprennent pas tout » à la réforme. Une sortie méprisante qui n’a fait que renforcer la colère des enseignants.

    Mais s’ils sont si mobilisés (42 % de grévistes selon le ministère de l’Éducation, 75 % selon les syndicats pour la journée du 5 décembre), c’est aussi pour dire stop à leurs conditions de travail qui se dégradent d’année en année.

    AU-DELÀ DE LA RÉFORME, DES PROFS BROYÉS PAR UN SYSTÈME DÉFAILLANT

    Pour Justine, après deux ans d’enseignement dans un lycée de Sarcelles, en banlieue parisienne, le constat est sans appel. « Nos jeunes sont abandonnés par l’Éducation nationale », lâche-t-elle d’emblée.

    « On est dans un lycée où il n’y a rien pour les élèves : pas de foyer, pas de médiateurs, pas de projets. On entend tout le temps la même chose de la part des élèves : « C’est normal, on est à Sarcelles ». Comme si c’était une fatalité. Ici, il pleut dans l’établissement, les élèves font sport en doudoune, la salle de sport est un genre de hangar sans fenêtres. C’est normal, on est à Sarcelles », répète-t-elle.

    Lorsqu’elle entre en poste dans un lycée d’Aulnay-Sous-Bois il y a trois ans, Agathe découvre des élèves pauvres ghettoïsés dans un établissement où la mixité sociale n’existe pas. Et forcément, les moyens ne suivent pas.

    Petit à petit, elle réalise que l’école, sensée offrir les mêmes chances à tous, faillit à sa mission dans ce lycée juché entre les cités des 3000 et des 1000-1000, dans une commune où un jeune sur trois vit sous le seuil de pauvreté.

    « Quand on demande d’acheter un livre et qu’un élève me dit qu’il n’a pas d’argent, ma première réaction était de me dire que 5 euros, c’est la prix d’un kebab. Plus tard, j’ai vu la mère de cet élève mendier dans le RER, et j’ai vu différemment ce que c’était pour lui, cinq euros », confie-t-elle.

    Agathe s’inquiète des conséquences pratiques des décisions du ministre, comme la suppression de la moitié des fonds sociaux prévus en 2020, qui passeront de 59 à 30,6 millions d’euros l’an prochain. Ces fonds permettent aux élèves les plus précaires d’obtenir une aide, en plus des bourses, pour acquérir du matériel scolaire ou acheter des livres. Argument du ministère : ces fonds ne sont pas bien alloués, ou pas alloués du tout. Ce sont les assistantes sociales d’établissement qui les accordent normalement sur demande des parents. Mais à Aulnay, dans le lycée d’Agathe, il n’y a qu’une assistante sociale pour 1200 élèves.

    « Je vois une assistante sociale dépassée par les événements. Si elle n’alloue pas ces fonds, c’est par manque de temps. Nos élèves ont besoin de cet argent : ça a un impact concret sur notre quotidien et celui de nos élèves. Ce qui me met en colère, ce n’est pas les problèmes de discipline ou de violence, c’est d’être confronté dans notre travail quotidien à des politiques comme celle-ci. Et cette colère s’est décuplée en trois ans », déplore la jeune professeure.

    Confrontée quotidiennement aux inégalités et à la précarité de ses élèves, elle considère que « la réforme des retraites va encore plus impacter les travailleurs pauvres, dont nos élèves vont grossir les rangs ».

    DU MANQUE DE CONSIDÉRATION AU MÉPRIS

    Justine a vécu les pires années de sa jeune carrière à la rentrée 2019. « Le soir, lorsque je rentrais chez moi, je ne pouvais pas parler de ce qu’il se passait dans mon travail, alors je pleurais. Le matin, j’allais au lycée la boule au ventre », confie-t-elle, deux mois après les événements.

    En octobre 2019, des violences ont lieu dans son lycée après l’agression d’un prof par un élève, pour une histoire de casquette. Suivent plusieurs jours de révoltes. Les élèves se montent contre le lycée et son personnel, bloquent les entrées et l’envahissent à plusieurs reprises, causant d’importants dégâts dans l’établissement. Les profs reçoivent la consigne de se cloîtrer dans leur salle, pendant que des pétards explosent dans les couloirs, que des vitres sont brisées, que des extincteurs sont vidés.

    L’équipe pédagogique tente d’alerter la direction et le rectorat en posant un droit de retrait et en faisant des demandes concrètes pour apaiser la situation : embauche de surveillant, d’un deuxième CPE, réparation des bâtiments décrépis. Le rectorat est au courant des problèmes du lycée, qui s’accumulent depuis des années.

    Mais le droit de retrait n’a pas été reconnu par la direction, et le rectorat a refusé toutes les autres demandes, faute de moyens, dit-on.

    À bout, le personnel du lycée à lancé un ultime appel à l’aide, dans un courrier adressé à la médecine du travail, demandant une consultation d’urgence pour tout le personnel, « traumatisé » par les événements et abasourdi par le manque de considération de leurs supérieurs. Le courrier se termine par ces mots lapidaires : « AU SECOURS ! ».

    Toujours aucune nouvelle du rectorat.

    Justine garde un sentiment d’abandon. « J’ai perdu la foi après ça. Je fais mon boulot pour les élèves, mais il y a quelque chose de rompu. Je sais qu’au-dessus, on n’en a rien à foutre de nous. On se sent complètement abandonnés. C’est pour ça que je n’y crois plus », lâche-t-elle. Sa colère n’est pas dirigée vers les élèves, mais vers ses supérieurs qui ont estimé qu’il valait mieux fermer les yeux sur des problèmes qui vont bien au-delà du comportement des élèves.

    « Quand tu mets 1200 gamins dans un lycée prévu pour 800 personnes, des élèves qui vivent dans des conditions de vie difficiles, et qu’il n’y a rien pour les gérer, à un moment ça explose », analyse-t-elle.

    Ces événements ne sont d’ailleurs pas des cas isolés, et tous les profs le savent. Il y a eu le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Patin, en septembre 2019, la mort de plusieurs lycéens, tués lors de règlements de compte. Des appels à l’aide, des droits de retrait, partout en France. « La violence à l’extérieur des lycées se répercute directement à l’intérieur. C’est un problème global est rien n’est fait pour le résoudre », s’indigne Justine.

    Combatives, Justine et Agathe comptent faire « bloc » avec leur collègues contre ce qu’elles perçoivent comme un « tournant historique ».

    Le Média, 3 jan 2020

    Tags : France, enseignement, gilets jaunes, réforme des retraites,

  • France : Exception

    Annoncée il y a quelques semaines par le gouvernement français comme la réforme de retraite la plus équitable et universelle en date, la réforme des retraites présentée par le Premier ministre fait de plus en plus la part belle aux exceptions.

    Des exceptions qui justement devaient être gommées mais qui aujourd’hui apparaissent comme autant des défaites du gouvernement d’Emmanuel Macron, incapable de rester ferme sur les changements décidés.

    En effet, face à la contestation, et conformément au cap fixé par Édouard Philippe, le gouvernement a accepté de réaliser plusieurs aménagements de sa réforme des retraites. «On a toujours dit qu’un système universel, ce n’est pas un système uniforme», avait notamment déclaré le Premier ministre.

    Des concessions ont déjà été faites par l’exécutif à différents corps de métier.

    Du côté de la SNCF, le gouvernement a repoussé l’entrée des cheminots dans le nouveau système, qui concernera les personnes nées à partir de 1985 pour les conducteurs au statut, contre 1975, pour une bonne partie de la population, et celles nées à partir de 1980 pour les sédentaires au statut.

    L’âge de départ sera par ailleurs «remonté très progressivement en tenant compte de la durée passée au statut», selon Jean-Pierre Farandou, patron de la SNCF.

    Pour les salariés de la RATP, un calcul des droits acquis fin 2024 sur les six derniers mois avec un coefficient avantageux est proposé et des discussions sur la pénibilité doivent avoir lieu. Pour autant, ces propositions n’ont pas suffi à amadouer la majorité des syndicats, privant Macron de la trêve de Noël appelée de ses vœux.

    Les gendarmes, pompiers, surveillants pénitentiaires ou contrôleurs aériens ont rapidement vu confirmer leur droit à des départs anticipés à 57, voire 52 ans, au titre de leurs «fonctions dangereuses», les policiers se sont mobilisés de leur côté pour obtenir des garanties de l’exécutif.

    «Dès lors qu’ils occupent des fonctions régaliennes de protection de la population et compte tenu des dangers auxquels ils sont exposés, les policiers continueront à bénéficier des dérogations à l’âge de départ à la retraite», a assuré le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Soit la possibilité d’ouverture des droits à 52 ans et un départ à la retraite à 57 ans.

    Face à une mobilisation d’ampleur dans l’éducation, le gouvernement a promis de revaloriser les salaires des enseignants, opposés au calcul de leur retraite sur l’ensemble de leur carrière, contre les six derniers mois actuellement. Le niveau des pensions doit être «sanctuarisé» et les revalorisations nécessaires mises en place progressivement à partir de 2021.

    Les syndicats, qui manquent d’éléments concrets, seront reçus par le ministre de l’Éducation nationale la semaine du 13 janvier. Du côté du personnel soignant, en étendant aux fonctionnaires le «compte pénibilité»,
    réservé aux salariés du privé, et en prenant mieux en compte le travail de nuit, 20 à 30 % des infirmières et aides-soignantes pourront partir avant 62 ans, et, au mieux, à 60 ans, assure l’exécutif.

    Ainsi, plus les jours passent et plus la liste des «concessions» et des «exceptions» s’allonge, ôtant à cette réforme sa prétention première d’universalité devant mettre tous les travailleurs français sous le même régime. C’est ainsi un nouveau coup manqué pour Macron qui voit durant son mandat se dérouler la grève la plus longue de l’histoire en France, une grève dont on ne voit par ailleurs toujours pas le bout et qui finit par émailler la fermeté présentée d’abord par le gouvernement.

    Le jour d’Algérie, 31 déc 2019

    Tags : France, Gilets Jaunes, réforme des retraites, SNCF, RATP, transports publics,

  • Macron hué lors des célébrations du 14 juillet

    Le président français reçoit une réception glaciale à son arrivée lors du défilé de la fête nationale.

    Par JOSHUA POSANER ET RYM MOMTAZ 14/07/19, 00h41 CET Mis à jour le 15/07/19 à 09h42

    Le président français Emmanuel Macron a eu une réception glaciale à son arrivée au défilé annuel du 14 juillet à Paris.

    Tandis que Macron descendait les Champs-Élysées à Paris pour ouvrir le traditionnel défilé militaire annuel, les manifestants qui se tenaient sur les trottoirs l’ont hué de manière audible et soutenue.

    Il est rare que des manifestations politiques aient lieu pendant le défilé, le point central des célébrations à travers le pays pour marquer la fête nationale française. Les cotes d’approbation de Macron se sont améliorées au cours des dernières semaines, parallèlement à une baisse de la participation au mouvement anti-gouvernemental Gilets Jaunes.

    Le défilé lui-même s’est déroulé comme prévu, alors que Macron cherchait à illustrer l’unité européenne, y compris les forces de l’Initiative européenne d’intervention basée à Paris, composée de troupes de divers pays de l’UE.

    Macron a également accueilli d’autres dirigeants européens au déjeuner, dont l’Allemande Angela Merkel, les Néerlandais Mark Rutte, le Belge Charles Michel et le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Le Royaume-Uni était représenté par David Lidington, véritable suppléant du Premier ministre Theresa May.

    Mais selon la presse française, les manifestations se sont intensifiées après le défilé, au cours des pires affrontements opposant manifestants à la police depuis le mois de mars. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule alors que les manifestants criaient des slogans anti-gouvernementaux, allumaient des poubelles et faisaient tomber les barrières de sécurité. Les manifestants ne portaient pas de gilet jaune, même si certains portaient des ballons jaunes, après que la police eut empêché les personnes portant le vêtement de passer les barrières.

    La police avait arrêté 152 personnes plus tôt dans la journée avant les plus grands affrontements, selon l’AFP.

    Politico.eu, 15 jui 2019

    Tags : France, 14 juillet, Gilets Jaunes,

  • Mouvement des Gilets jaunes: savoir reconnaître ses leaders, ses héros

    Si le mouvement des Gilets jaunes veut perdurer, s’il veut garder le soutien de la population et ne pas s’enfermer dans des discussions en interne sans lendemains, il va devoir reconnaître ses leaders, célébrer ses héros.

    « Le mouvement des Gilets Jaunes a été sublime, comme celui de Mai 68, mais il a aussi marqué les mêmes déficiences bien françaises du genre pas de chef, le pouvoir à tous, moins on sera capables de décider, mieux on se portera » (Emmanuel Todd lors d’un débat « Gilets jaunes » organisé par Le Vent se lève et Le Média le 28 juin 2019).

    En réalité, aucun mouvement de l’histoire ne s’est jamais imposé sans leaders qui galvanisent et fédèrent les troupes, sans héros qui cimentent et rassemblent les populations. Pas de Révolution française sans Robespierre, Danton ou Saint-Just, pas de Résistance française sans De Gaulle et Jean Moulin, pas de mouvement de libération des noirs américains sans Martin Luther King et Malcom X, pas de lutte victorieuse contre l’apartheid sud-africain sans Nelson Mandela.

    « L’anarchisme français central, traditionnel » (Emmanuel Todd), cette croyance aveugle en la toute puissance du peuple et rien que du peuple est une posture stérile, marginalisante, au bout du compte asphyxiante, le syndrome improductif du militant politique déconnecté. C’est tout le problème de l’Assemblée des assemblées des Gilets jaunes qui se réunit périodiquement – sans jamais qu’aucune des « figures » du mouvement n’y soit convié – pour discuter dans l’entre soi de choses qui n’intéressent au final que les participants de ces réunions et restent ignorées du grand nombre faute de relais après de l’opinion et pour n’y avoir pas priorisé les préoccupations urgentes de la population. Emmanuel Todd :

    « Débattre sur des questions de procédures, c’est-à-dire, on se réunit, on discute, on fait tellement mieux que les autres, on n’a pas de chef, on réclame le RIC, ce n’est pas un programme politique dans une période de difficultés économiques. Ce dont les gens ont besoin, ce n’est pas d’une meilleure démocratie dans l’abstrait, c’est de solutions économiques à des problèmes économiques. »

    Après plus de sept mois de soulèvement Gilets jaunes, des leaders se sont naturellement imposés comme tels, même s’ils s’en défendent

    Ne crachons pas dans la soupe, l’Assemblée des assemblées fait un travail remarquable de fondation politique du mouvement des Gilets jaunes. Mais un travail en interne qui ne débouchera sur une révolution nationale que si ce travail est écrémé dans le sens des priorités, relayé et amplifié auprès de la population par les leaders, magnifier par les héros. Un leader, un héros, ne se décrète pas, n’est pas élu, ni même tiré au sort. Son autorité, sa stature, s’impose naturellement à ceux qui finissent par la reconnaître. C’est ainsi que fonctionnent tous les groupes humains, fussent-ils anarchistes français.

    Après plus de sept mois de soulèvement Gilets jaunes, des leaders se sont naturellement imposés comme tels, même s’ils s’en défendent : François Boulo, Éric Drouet, Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle, Juan Branco, Jérôme Rodrigues. Des héros populaires sont nés : Christophe Dettinger, Geneviève Legay ou encore Jérôme Rodrigues, toujours lui, pour sa poursuite courageuse du combat malgré son œil perdu.

    Ces personnes doivent assumer clairement leurs statures, être reconnues comme telles par leurs congénères. Soyez sûr que le camp d’en face sait déjà distinguer la grille hiérarchique naturelle du soulèvement qui lui fait tant peur. Mais ce qui affole le plus un ordre corrompu, c’est que certains de ceux qui le combattent soient reconnus comme les nouveaux leaders et héros populaires par la population.

    Source : Chroniques de Yéti

    Tags: Gilets Jaunes, Macron, soulèvement, Emmanuel Macron,

  • Lettre ouverte de plusieurs associations, dont la LDH, au ministre de l’Intérieur, M. Castaner

    Paris, le 26 juin 2019

    Monsieur le ministre,

    Des hommes et des femmes s’automutilent ou tentent de se suicider dans les centres de rétention administrative (CRA). Au cours de ces quinze derniers mois, deux hommes se sont donné la mort dans ces lieux où l’administration enferme des personnes pour les expulser du territoire français. D’autres se révoltent ou expriment leur désespoir à travers des lettres publiques, des grèves de la faim, des émeutes ou des tentatives d’incendie. Ces actes qui se multiplient à une fréquence inédite sont le résultat d’une politique inacceptable qui a conduit à une situation extrêmement alarmante.

    Le gouvernement fait le choix d’utiliser l’enfermement en rétention comme outil d’une politique d’expulsion, banalisant la privation de liberté des personnes étrangères à travers des instructions aux préfet·e·s qui viennent aggraver celles de vos prédécesseurs. La disproportion des moyens utilisés au service de cette politique de plus en plus carcérale est inédite.

    Le nombre de places en rétention a ainsi augmenté de 25 % depuis début 2018 (+ 480 places) et vous prévoyez la construction de nouveaux CRA. Un tel développement de l’enfermement administratif ne s’était pas produit depuis la politique sécuritaire mise en œuvre par Nicolas Sarkozy il y a plus d’une décennie.

    La dernière loi Asile et Immigration de septembre 2018 a doublé la durée maximale de rétention et permet désormais d’enfermer toutes les personnes visées durant trois mois, ce qu’aucun gouvernement français n’avait jamais jusqu’à lors proposé. Or, les statistiques sont formelles : enfermer plus longtemps ne permet pas d’expulser plus. En revanche, être privé·e de liberté derrière des barbelés pendant 90 jours, c’est subir une machine à enfermer qui brise des vies, dans un environnement carcéral oppressant. Des enfants sont traumatisés par cette expérience, des personnes perdent leur emploi ou leur logement, des familles sont séparées, des malades voient leur prise en charge sanitaire interrompue ou amoindrie.

    Cette orientation conduit l’administration à maintenir fréquemment des personnes enfermées alors qu’il n’existe aucune perspective d’exécuter la mesure d’éloignement qui les frappe. Cela relève dès lors d’une politique punitive.

    Les taux d’occupation des centres de rétention administrative ont explosé, générant une promiscuité et des tensions insupportables, notamment pour les personnes les plus vulnérables. Ces dernières sont de plus en plus nombreuses derrière les grillages de ces lieux de privation de liberté : des jeunes majeur·e·s, des personnes victimes de la traite des êtres humains, ou plus largement marquées par un parcours migratoire de plus en plus dangereux, en raison notamment des barrières érigées par la France et l’Union européenne. Également des personnes fragilisées par une grande précarité vécue en France parfois durant de longues années, directement liée aux restrictions des politiques publiques apportées au droit d’asile et au droit au séjour, ainsi qu’aux insuffisances du dispositif d’accueil.

    Dans ces lieux de privation de liberté, le nombre de familles avec enfants a fortement augmenté. En 2018, 1 221 enfants ont subi ce traumatisme à Mayotte. En métropole, 208 enfants ont été enfermés, soit 8 fois plus qu’en 2013 (24 % avaient moins de 2 ans, 36 % de 2 à 6 ans et 26 % de 7 à 12 ans). Ce nombre a déjà été dépassé sur les 4 premiers mois de 2019.

    Quel que soit leur âge, tous et toutes subissent la violence de l’enfermement et de la rupture soudaine avec leur quotidien, leur école et leurs proches, et sont durablement traumatisé·e·s Rien ne peut justifier une telle pratique largement condamnée par le Défenseur des droits, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies et la Cour européenne des droits de l’homme, à travers six décisions sanctionnant, ces dernières années, les pratiques des autorités françaises.

    Les préfectures assument désormais de prononcer massivement des décisions d’enfermement et d’expulsion illégales. Au-delà de la situation des enfants, la possibilité pour les personnes enfermées de saisir la justice et de défendre leurs droits est limitée par l’urgence et par des garanties amoindries, plus encore en outre-mer en raison d’un régime dérogatoire. Malgré ce droit au rabais, les juridictions métropolitaines annulent plus de 40 % des procédures judiciaires ou des décisions administratives, ce qui traduit l’ampleur des violations des droits perpétrées et le caractère abusif de nombre de ces enfermements.

    A tout ceci s’ajoutent des atteintes graves au droit à la santé dénoncées par la Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté dans son avis du 17 décembre 2018 et par le Défenseur des droits dans son rapport du 13 mai 2019. Le financement et le pilotage des unités médicales dans les CRA sont insuffisants pour garantir l’accès aux soins et leur continuité. La protection légale contre l’expulsion des personnes les plus gravement malades n’est pas garantie.

    La prise en charge des troubles psychiques ne peut être assurée dans ces lieux qui, au contraire, les aggravent. Des personnes malades ou qui ont tenté de se suicider sont ainsi enfermées dans des « chambres de mise à l’écart » qui constituent un traitement inhumain et dégradant.

    Dans ce contexte alarmant, l’ensemble des acteurs intervenant dans les CRA y rencontre désormais des personnes bipolaires, schizophrènes, paranoïaques, dépressives, mutiques, prises de crises de délire, d’angoisse, de jour comme de nuit. Des personnes aux facultés très altérées sont enfermées alors que leurs pathologies sont parfaitement identifiées en amont par le secteur de la psychiatrie qui les avait prises en charge.

    La politique menée à l’égard des personnes étrangères est ainsi marquée par des discriminations de plus en plus violentes. Contrôles au faciès, accès dégradé à la justice, privation de liberté disproportionnée voire systématisée, accès aux soins défaillant, protection des plus vulnérables reléguée au second plan. Cette politique marque le renoncement au respect de droits fondamentaux et porte atteinte à la dignité des personnes. Ces personnes enfermées que les associations accompagnent dans les CRA se trouvent dans une situation de détresse et face à une violence institutionnelle démesurée qui nie leur humanité.

    Monsieur le ministre, nous vous demandons solennellement de :

    Faire cesser cette politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance de personnes étrangères ;

    Proscrire tout enfermement d’enfants en rétention ;

    Assurer la protection des personnes les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes malades ;

    Mettre un terme aux pratiques illégales de l’administration.

    Nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, en l’assurance de nos respectueuses salutations.

    Christophe Deltombe, Président La Cimade, Philippe de Botton, Président, Médecins du Monde, Louis Gallois, Président, Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Cécile Coudriou, Présidente, Amnesty International France, Vanina Rochiccioli, Présidente, GISTI, Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente, CCFD-Terre Solidaire, Hubert Trapet, Président, Emmaüs France, Laurence Roques, Présidente, Syndicat des avocats de France (SAF), Malik Salemkour, Président, Ligue des droits de l’Homme, Didier Fassin, Président, Comède, Rachid Lahlou, Président, Secours islamique, Flor Tercero, Présidente, ADDE, Jean-François Quantin, Co-président, MRAP, Bernadette Forhan, Présidente, ACAT, Katia Dubreuil, Présidente, Syndicat de la magistrature, Véronique Fayet, Présidente, Secours Catholique – Caritas France, Patrick Doutreligne, Président, Uniopss, Prudence RIFF, Co-présidente, Fasti, Géraldine Franck, Présidente, Le Collectif des morts de la rue, Bruno Morel, Directeur, Emmaüs Solidarité, Alexandre Moreau, Président, Anafé, Antoine Ermakoff, Président, Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau.

    Source : Solidarité Maroc

    Tags : France, Gilets Jaunes, Macron,

  • Rapport de situation sur le mouvement Gilets Jaunes. Acte XXIX

    Par le Saker Francophone − Le 4 juin 2019

    Comme nous le pressentions depuis début mai, le tournant que prend le mouvement Gilets Jaunes se confirme. Le nombre de manifestants diminue progressivement, de samedi en samedi, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un noyau dur de quelques milliers de Gjs pour continuer à sporadiquement jouer la mouche du coche du gouvernement Macron. Nombre insuffisant pour vraiment menacer le gouvernement mais encore suffisant pour que Macron n’oublie pas leur slogan : « on est là, Macron ne nous veut pas mais on est là ».

    Parallèlement est en train de prendre forme une formidable et toute nouvelle expérience politique en France, que les Gjs nomment eux-mêmes une « démocratie participative ». Les Français désireux de se réapproprier l’initiative politico-sociale sont en train de le faire sans attendre l’aide ni l’autorisation de quiconque et encore moins du gouvernement. Des initiatives au niveau des villages et communes, des campagnes de promotion auprès du public, des groupes de discussion sur le thème du Grand débat et la mise au point du RIC, des assemblées constituantes et autres initiatives sociales telles que les Jardins du Nous fleurissent partout en France en ce printemps 2019. De même au niveau médiatique, avec Gj magazine, des sites de convergence comme la Ligne Jaune et mêmes des télés comme TVGJ. Toutes ces initiatives permettent aux Français de reprendre espoir en un avenir qu’ils pourront forger eux-mêmes. Un véritable Printemps français est en train de se dérouler loin des micros et des caméras grand public qui préfèrent ne pas montrer de telles initiatives aux moutons qui dorment encore, car cela pourraient les réveiller. Bien sûr, dans de telles conditions, ces fleurs printanières mettront plusieurs années à se transformer en fruits. Mais je ne doute pas qu’elles y parviennent, la motivation est trop forte. Donnons leur juste le temps de mûrir dans l’ombre.

    Nous estimons donc que nos Rapport de situation du mouvement des Gilets jaunes n’ont plus beaucoup d’intérêt car nous n’en sommes plus à une phase d’observation passive maintenant mais de participation active à l’une ou plusieurs de ces initiatives de renouveau politique. Pour les infos spécifiques au mouvement je vous renvoie aux différents médias et autre comptes Facebook/twitter/telegram Gjs.

    Voici donc le dernier Rapport de situation Gj du Saker Francophone.

    La vie des Gjs

    Brigitte Sebbah, chercheuse en sciences sociales à l’université Paul Sabatier de Toulouse le confirme « le mouvement ne s’essouffle pas, il se transforme».

    Le compte Twitter de Gilets Jaunes Magazine est suspendu. Ils ne savent pas pourquoi.

    Nouvelle initiative de style Gj, Les Jardins du Nous. « Un Jardinier du Nous est une personne qui cultive la coopération dans un ou plusieurs collectifs (ex : association, habitat partagé, entreprise, collectivité, etc.) auxquels il ou elle participe. Il ou elle partage le fruit de ses expériences avec ses pairs pour apprendre ensemble, créer des communs pédagogiques et soutenir la transition démocratique. ». Une des dernières initiatives de l’Université du Nous qui « existe pour m’apprendre à coopérer et contribuer avec tous les acteurs volontaires à une transition sociétale. ». Voici leur site internet.

    Vidéo de l’Appel du citoyen pour une Sortie démocratique du Grand débat, un nouveau collectif comme il en fleurit tant en ce printemps jaune.

    Pour vous donner un avant goût de ce qu’est une assemblée constituante en voici une vue de l’intérieur.

    L’acte XXIX

    9 500 manifestants dans toute la France selon le gouvernement, 23 600 pour le Nombre Jaune et 40 000 selon le syndicat France-Police en colère.

    Le nombre de manifestants baisse encore pour cet acte, un bon 20 à 30% de baisse par rapport à l’acte XXVIII, et entérine la fin proche des grands « rassemblements du samedi ». Comme le constate Eric Drouet « ce genre de mobilisation ne dérange plus personne et donc n’aboutira plus à rien ». Pour autant, « les Gilets jaunes vont faire d’autres types d’actions. Que je trouve très bien en plus », poursuit-il, évoquant notamment des blocages de raffineries ou des péages gratuits.

    Face à cette baisse, les intellectuels du mouvement, comme Francois Boulo, se demandent « que faire maintenant ? »

    Les Gilets jaunes ont organisé ce dimanche 2 juin une « marche des mutilés » à Paris qui a rassemblé les manifestants blessés par les forces de l’ordre.

    Pas une victoire pour autant pour Macron
    Après Castaner et son « attaque de la Salpêtrière », C’est Schiappa qui est prise en flagrant délit de fausses accusations. Devant les télés du pays elle raconte qu’une quarantaine de Gjs ont fait preuve « d’une extrême violence et ont proféré des menaces de mort » devant son domicile en pleine nuit. Un moment plus tard, une vidéo de la scène, tournée par un des manifestants, est publiée sur les réseaux. Elle montre un groupe de manifestants chantant et criant des slogans. Pas de menaces de mort ni de violences. Cette vidéo faisant un buzz sur les réseaux, elle sera vite censurée. De plus Schiappa menace de porter plainte pour atteinte à la vie privée si quelqu’un la diffuse. Bref, encore une bavure vite couverte. Pourtant, même le rapport de police dément sa version des faits.

    « Beaucoup de choses ont été réalisées depuis le début du mouvement. Aujourd’hui, je considère que ces manifestations n’ont plus lieu d’être », a déclaré dans ce contexte Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, invitée du Grand rendez-vous d’Europe 1. « Il n’y a plus de débouché politique » au mouvement, a-t-elle souligné. Au moment où les initiatives politiques Gjs fleurissent, on ne peut que constater l’éternel aveuglement de ce gouvernement.

    Et pour ceux qui doutent encore de l’état d’esprit régnant au sein de LREM, voici la déclaration d’un nouvel eurodéputé de ce parti : « Un maire qui sera réélu sans l’apport de La République en marche et du Modem sera un ennemi du président », a déclaré de manière radicale le nouvel eurodéputé de La République en marche, Gilles Boyer, le 30 mai sur Europe 1.

    La température monte entre le gouvernement et la police depuis que le procureur de Paris a annoncé que « des policiers seront envoyés en correctionnelle ». Du coup le 1er ministre cherche à calmer le jeu en déclarant : « J’ai toute confiance dans les policiers et gendarmes de ce pays […]. Nous savons qu’ils ont employé la force de manière proportionnée dans la plupart des cas ».

    Il semble qu’une « culture du bradage des biens collectifs » se soit installée en France. « L’ancien procureur général de la Cour des comptes Gilles Johanet a envoyé le 14 mai 2019 une lettre aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères dans laquelle il signalait des irrégularités et le caractère financièrement préjudiciable de l’accord de 2018, a annoncé Le Canard Enchaîné, en possession de ce texte intitulé « Contrat de licence entre le Louvre et le gouvernement des Émirats arabes unis … Ce contrat, qui lèse manifestement les intérêts financiers du Louvre, n’a pas été soumis à l’approbation préalable du conseil d’administration ce qui constitue une irrégularité au regard des règles internes de l’établissement, cite le média. »

    Une justice accélérée pour les Gjs et au ralenti pour la police
    Les défauts d’une procédure expéditive. Les groupe de Gjs ayant défoncé le portail d’un ministère ont vu leur procès annulé pour faute de procédure, les plaignants n’ayant pas pu avoir accès à leur avocat suffisamment tôt.

    « Condamné à 4 mois de prison ferme aménageable pour être l’organisateur de la manifestation de Strasbourg le 27 avril 2019. Preuve : avoir relayé l’annonce de l’évènement sur mon Facebook. Le procureur de la république m’ayant considéré comme une personne dangereuse je suis aussi condamné à 6 mois d’interdiction de manifester !! ». Pourtant, je me souviens que le Conseil constitutionnel avait censuré l’interdiction administrative de manifester.

    « David B. qui habite à Vaas (72) a déposé plainte contre des violences policières commises lors d’une manifestation au Mans, il a été placé en garde à vue ce mardi 28 mai. Son épouse Vanina explique qu’ils ont été molestés et gazés par les policiers et qu’ils ont déposé une plainte chacun sans avoir eu de nouvelles ! Le mari qui devait être auditionné a été placé en garde à vue hier. Nos confrères d’Actu.fr qui ont contacté le procureur pour en savoir plus sur cette affaire ont essuyé un refus de communication de la part du parquet ! ».

    Bon tComme nous le pressentions depuis début mai, le tournant que prend le mouvement Gilets Jaunes se confirme. Le nombre de manifestants diminue progressivement, de samedi en samedi, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un noyau dur de quelques milliers de Gjs pour continuer à sporadiquement jouer la mouche du coche du gouvernement Macron. Nombre insuffisant pour vraiment menacer le gouvernement mais encore suffisant pour que Macron n’oublie pas leur slogan : « on est là, Macron ne nous veut pas mais on est là ».

    Parallèlement est en train de prendre forme une formidable et toute nouvelle expérience politique en France, que les Gjs nomment eux-mêmes une « démocratie participative ». Les Français désireux de se réapproprier l’initiative politico-sociale sont en train de le faire sans attendre l’aide ni l’autorisation de quiconque et encore moins du gouvernement. Des initiatives au niveau des villages et communes, des campagnes de promotion auprès du public, des groupes de discussion sur le thème du Grand débat et la mise au point du RIC, des assemblées constituantes et autres initiatives sociales telles que les Jardins du Nous fleurissent partout en France en ce printemps 2019. De même au niveau médiatique, avec Gj magazine, des sites de convergence comme la Ligne Jaune et mêmes des télés comme TVGJ. Toutes ces initiatives permettent aux Français de reprendre espoir en un avenir qu’ils pourront forger eux-mêmes. Un véritable Printemps français est en train de se dérouler loin des micros et des caméras grand public qui préfèrent ne pas montrer de telles initiatives aux moutons qui dorment encore, car cela pourraient les réveiller. Bien sûr, dans de telles conditions, ces fleurs printanières mettront plusieurs années à se transformer en fruits. Mais je ne doute pas qu’elles y parviennent, la motivation est trop forte. Donnons leur juste le temps de mûrir dans l’ombre.

    Nous estimons donc que nos Rapport de situation du mouvement des Gilets jaunes n’ont plus beaucoup d’intérêt car nous n’en sommes plus à une phase d’observation passive maintenant mais de participation active à l’une ou plusieurs de ces initiatives de renouveau politique. Pour les infos spécifiques au mouvement je vous renvoie aux différents médias et autre comptes Facebook/twitter/telegram Gjs.

    Voici donc le dernier Rapport de situation Gj du Saker Francophone.

    La vie des Gjs
    Brigitte Sebbah, chercheuse en sciences sociales à l’université Paul Sabatier de Toulouse le confirme « le mouvement ne s’essouffle pas, il se transforme ».

    Le compte Twitter de Gilets Jaunes Magazine est suspendu. Ils ne savent pas pourquoi.

    Nouvelle initiative de style Gj, Les Jardins du Nous. « Un Jardinier du Nous est une personne qui cultive la coopération dans un ou plusieurs collectifs (ex : association, habitat partagé, entreprise, collectivité, etc.) auxquels il ou elle participe. Il ou elle partage le fruit de ses expériences avec ses pairs pour apprendre ensemble, créer des communs pédagogiques et soutenir la transition démocratique. ». Une des dernières initiatives de l’Université du Nous qui « existe pour m’apprendre à coopérer et contribuer avec tous les acteurs volontaires à une transition sociétale. ». Voici leur site internet.

    Vidéo de l’Appel du citoyen pour une Sortie démocratique du Grand débat, un nouveau collectif comme il en fleurit tant en ce printemps jaune.

    Pour vous donner un avant goût de ce qu’est une assemblée constituante en voici une vue de l’intérieur.

    L’acte XXIX
    9 500 manifestants dans toute la France selon le gouvernement, 23 600 pour le Nombre Jaune et 40 000 selon le syndicat France-Police en colère.

    Le nombre de manifestants baisse encore pour cet acte, un bon 20 à 30% de baisse par rapport à l’acte XXVIII, et entérine la fin proche des grands « rassemblements du samedi ». Comme le constate Eric Drouet « ce genre de mobilisation ne dérange plus personne et donc n’aboutira plus à rien ». Pour autant, « les Gilets jaunes vont faire d’autres types d’actions. Que je trouve très bien en plus », poursuit-il, évoquant notamment des blocages de raffineries ou des péages gratuits.

    Face à cette baisse, les intellectuels du mouvement, comme Francois Boulo, se demandent « que faire maintenant ? »

    Les Gilets jaunes ont organisé ce dimanche 2 juin une « marche des mutilés » à Paris qui a rassemblé les manifestants blessés par les forces de l’ordre.

    Pas une victoire pour autant pour Macron
    Après Castaner et son « attaque de la Salpêtrière », C’est Schiappa qui est prise en flagrant délit de fausses accusations. Devant les télés du pays elle raconte qu’une quarantaine de Gjs ont fait preuve « d’une extrême violence et ont proféré des menaces de mort » devant son domicile en pleine nuit. Un moment plus tard, une vidéo de la scène, tournée par un des manifestants, est publiée sur les réseaux. Elle montre un groupe de manifestants chantant et criant des slogans. Pas de menaces de mort ni de violences. Cette vidéo faisant un buzz sur les réseaux, elle sera vite censurée. De plus Schiappa menace de porter plainte pour atteinte à la vie privée si quelqu’un la diffuse. Bref, encore une bavure vite couverte. Pourtant, même le rapport de police dément sa version des faits.

    « Beaucoup de choses ont été réalisées depuis le début du mouvement. Aujourd’hui, je considère que ces manifestations n’ont plus lieu d’être », a déclaré dans ce contexte Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, invitée du Grand rendez-vous d’Europe 1. « Il n’y a plus de débouché politique » au mouvement, a-t-elle souligné. Au moment où les initiatives politiques Gjs fleurissent, on ne peut que constater l’éternel aveuglement de ce gouvernement.

    Et pour ceux qui doutent encore de l’état d’esprit régnant au sein de LREM, voici la déclaration d’un nouvel eurodéputé de ce parti : « Un maire qui sera réélu sans l’apport de La République en marche et du Modem sera un ennemi du président », a déclaré de manière radicale le nouvel eurodéputé de La République en marche, Gilles Boyer, le 30 mai sur Europe 1.

    La température monte entre le gouvernement et la police depuis que le procureur de Paris a annoncé que « des policiers seront envoyés en correctionnelle ». Du coup le 1er ministre cherche à calmer le jeu en déclarant : « J’ai toute confiance dans les policiers et gendarmes de ce pays […]. Nous savons qu’ils ont employé la force de manière proportionnée dans la plupart des cas ».

    Il semble qu’une « culture du bradage des biens collectifs » se soit installée en France. « L’ancien procureur général de la Cour des comptes Gilles Johanet a envoyé le 14 mai 2019 une lettre aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères dans laquelle il signalait des irrégularités et le caractère financièrement préjudiciable de l’accord de 2018, a annoncé Le Canard Enchaîné, en possession de ce texte intitulé « Contrat de licence entre le Louvre et le gouvernement des Émirats arabes unis … Ce contrat, qui lèse manifestement les intérêts financiers du Louvre, n’a pas été soumis à l’approbation préalable du conseil d’administration ce qui constitue une irrégularité au regard des règles internes de l’établissement, cite le média. »

    Une justice accélérée pour les Gjs et au ralenti pour la police
    Les défauts d’une procédure expéditive. Les groupe de Gjs ayant défoncé le portail d’un ministère ont vu leur procès annulé pour faute de procédure, les plaignants n’ayant pas pu avoir accès à leur avocat suffisamment tôt.

    « Condamné à 4 mois de prison ferme aménageable pour être l’organisateur de la manifestation de Strasbourg le 27 avril 2019. Preuve : avoir relayé l’annonce de l’évènement sur mon Facebook. Le procureur de la république m’ayant considéré comme une personne dangereuse je suis aussi condamné à 6 mois d’interdiction de manifester !! ». Pourtant, je me souviens que le Conseil constitutionnel avait censuré l’interdiction administrative de manifester.

    « David B. qui habite à Vaas (72) a déposé plainte contre des violences policières commises lors d’une manifestation au Mans, il a été placé en garde à vue ce mardi 28 mai. Son épouse Vanina explique qu’ils ont été molestés et gazés par les policiers et qu’ils ont déposé une plainte chacun sans avoir eu de nouvelles ! Le mari qui devait être auditionné a été placé en garde à vue hier. Nos confrères d’Actu.fr qui ont contacté le procureur pour en savoir plus sur cette affaire ont essuyé un refus de communication de la part du parquet ! ».

    Bon travail politique à tous.

    Le Saker Francophone

    ravail politique à tous.

    Le Saker Francophone

    Tags : France, Macron, Emmanuel Macron, Brigitte Macron, gilets jaunes,

  • Rapport de Situation sur le mouvement Gilet Jaune. Acte XXVII

    Par la Saker Francophone − Le 21 mai 2019

    Depuis le 1er mai, le mouvement des Gjs a passé un cap. Autant le nombre de manifestants a baissé de moitié d’un coup pour se stabiliser à environ 50 000 courageux qui ne lassent pas ni ne sont rebutés par le danger, physique, légal et même financier qu’ils courent en exerçant leur droit à manifester, autant, et c’est là le point positif du cap, le mouvement est en train de prendre la forme d’une plus grande participation citoyenne au politique à travers les multiples actions citoyennes, groupe de débats, assemblées citoyennes ou délibératives, Vrai débat et autres médias pro Gj qui fleurissent comme des champignons dans une forêt d’automne. La bataille est maintenant moins dans la rue que dans l’arène socio/politique. Et le prochain vote pour le parlement européen en est un bon exemple car il rallie les Gjs de droite comme de gauche, autrefois abstentionnistes impénitents car dégoûtés du politique, derrière les slogans « il faut aller voter » et « Tout sauf Macron ».

    Pour symboliquement représenter ce point de bascule, nous ne commencerons donc plus nos rapport de situation par le chapitre « Acte x » mais par le chapitre « Actions de Gj », montrant ainsi que les actions politiques engagées par les Gjs commencent à devenir plus porteuses d’espoir que le fait de manifester tous les samedis, même si, pour garder une pression nécessaire sur le gouvernement, les manifestations conservent toute leur importance.

    Actions politiques des Gjs
    Apres leur site web nommé la Ligne jaune, les Gjs ont maintenant leur webzine, Gj-magazine.com ou Gj-mag. Vous y trouverez toutes les informations les concernant. Ils ont aussi un journal papier :

    Les Gilets jaunes n’ont pas fini de secouer la maison CGT. S’ils n’étaient pas présents physiquement au 52ème congrès du syndicat qui se tient jusqu’à vendredi à Dijon, ils occupaient pourtant tous les esprits à la tribune. Et leurs slogans ont même animé plusieurs fois les rangs du millier de militants.

    Maitre Sophia Albert Salmeron va déposer une plainte à la Cour pénale internationale au nom des Gjs mutilés par la violence policière. Elle leur demande de préparer un dossier complet sur leur cas.

    La 3ème assemblée des assemblées des Gilets jaunes, se déroulera le 29 et 30 juin au stade du Pouloux, Bois du Verne de Montceau-les-mines.

    Dans une note éclairante intitulée « L’adieu à la grande classe moyenne : la crise des gilets jaunes, symptôme de la ‘démoyennisation’ », Jérôme Fourquet analyse en profondeur les lignes fractures qui opposent la France des ronds-points à celle des grandes métropoles hyper-connectées. Cette même France qui constitue, depuis les Trente glorieuses, le « bas » de la classe moyenne, qui travaille et qui consomme, s’éloigne chaque année un peu plus du grand corps central de la société. Jusqu’à la scission ? « On peut considérer la crise des Gilets jaunes comme le premier symptôme politique de la fin de cette moyennisation, phénomène qui va s’amplifier à l’avenir », affirme le directeur Opinions de l’Ifop.

    Tandis que le gouvernement a fini par se persuader que le mouvement des gilets jaunes est mort ou mourant, l’essor de leurs médias sur les réseaux sociaux – en premier lieu Telegram – indique une tendance contraire. Et même, depuis début mars, un net regain d’activité tant sur les réseaux sociaux que sur le terrain.

    Les Gilets jaunes sont-ils en train de faire émerger une nouvelle génération de journalistes, photographes et vidéastes ? Arrêt sur Images se pose la question.

    Pour remettre de la cohérence dans les idées politique du citoyen. Un « best of » des conférences de Chouard qui nous explique la cause racine de tous les problèmes actuels.

    Entraide entre Gjs. Dylan, 18 ans, éborgné pendant l’acte XXIV à Montpellier a besoin d’aide car il ne peut plus travailler. Pour l’aider, c’est ici.

    Le groupe Gilets Citoyens propose 5 Fondamentaux méthodologiques posés par le collectif pour une assemblée citoyenne digne de ce nom :

    Un engagement de la part du Président de la République, avant le lancement du tirage au sort de l’Assemblée/Convention, à suivre les recommandations et décisions issues des travaux de celle-ci, y compris le fait de devoir soumettre une ou plusieurs propositions de l’assemblée à l’ensemble des Français par la voie d’un référendum

    Un temps suffisant pour le tirage au sort et la délibération : au moins 2 mois pour le tirage au sort et 3 week-ends de délibération par sous thème.

    Pas d’interférence gouvernementale dans le choix : des garants et la définition de leur mandat ; de la composition de l’assemblée et de son mode d’animation ; des sujets et « objets précis d’action publique » sur lesquels la convention citoyenne délibérera ; des experts aux avis contradictoires auditionnés par les citoyens.

    Des citoyens tirés au sort représentatifs de la diversité des Français : un tirage au sort de 100 à 1 000 personnes fait en référence aux meilleurs pratiques pour garantir la représentativité de l’assemblée citoyenne. Si le choix est fait d’intégrer des élus et/ou corps intermédiaires, leur nombre ne devra pas excéder un tiers du nombre de citoyens tirés au sort.

    Des délibérations ouvertes et transparentes régulièrement relayées par les médias.

    Le Vrai débat, celui mené par les citoyens eux-mêmes et non plus par des élites illégitimes, est lancé. Pour ceux qui souhaitent avoir une action politique, participer au renouveau démocratique et donc participer aux assemblées délibératives de leur région, il faut s’inscrire sur le site internet adéquat. Voici une courte vidéo vous expliquant le principe de ces assemblées délibératives.

    Une plate-forme participative est créée pour préparer les élections de 2020. Le but : rassembler des propositions et former des citoyens pour les municipales de 2020 afin de faire face aux urgences.

    …Un rapport de force que Didier Bonneaud verrait bien passer par les urnes, aux municipales de l’année prochaine : « je vous invite à intégrer les conseils municipaux de vos communes, si vous prenez les communes, vous prenez les territoires. » Une position partagée par le référent Bagnolais des Gilets jaunes Jérôme Jackel, qui précisera que « la structuration du mouvement est en cours dans le Gard. » De quoi devenir une force politique?

    Sous la poussée populaire des Gjs, le gouvernement prévoit « la création de deux innovations politiques, dont le ministre de la Transition Écologique, François de Rugy, nous dévoile le fonctionnement. La première, c’est un Conseil de défense écologique (CDE), destiné à mobiliser les grands ministères et les services de l’État autour de la question du climat et de la protection de la biodiversité. Le CDE tiendra sa première réunion jeudi à l’Élysée. La seconde est une assemblée composée de 150 Français tirés au sort, qui commenceront à plancher dès le mois prochain sur nos émissions de gaz à effets de serre. Cette ‘Convention citoyenne pour le climat’ constituera le premier exercice de démocratie participative à l’échelle du pays ! » Les Gjs comptent bien surveiller cette initiative gouvernementale de très près.

    D’après les chiffres de l’Intérieur, ce samedi la mobilisation est de nouveau à la baisse avec 15 500 manifestants dans toute la France. Pour leur part, les Gilets jaunes annoncent près de 40 500 mobilisés.

    D’après la préfecture de Meurthe-et-Moselle, cinq personnes ont été interpellées ce samedi 18 mai à Nancy et un blessé léger est à déplorer.

    Une équipe de street médic s’est faite interpeller et verbaliser (135€ d’amende par personne).

    Marche en musique et dans la bonne humeur à Paris. Situation plus tendue à Reims. C’est dans cette ville qu’en plein direct sur BFMTV une femme se fait renverser par une charge de CRS. Le direct sera bien sûr immédiatement arrêté. « Il m’a heurtée délibérément avec son bouclier. Il m’a carrément foncé dedans sans s’arrêter », a-t-elle expliqué à un journaliste de BFM TV. « Je suis tombée, et il m’a enjambée », a-t-elle poursuivi, ajoutant que les policiers ne se sont ni retournés « ni arrêtés pour voir si j’avais besoin d’aide, si j’étais consciente ou pas ».

    Violences policières

    Interview choc d’Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat de police Vigi. « La preuve est que nous avons un ministre de l’Intérieur qui est toujours là, malgré toutes ses casseroles, malgré ses ‘fake news’, alors que c’est son propre gouvernement qui a fait une loi pour lutter contre. Et cela n’empêche pas le Premier ministre Édouard Philippe de renouveler sa confiance à Castaner. Tout ceci est aberrant et pas vraiment républicain à notre sens. »

    Un street Medic se retrouve à l’hôpital après avoir été tabassé deux fois par la police. « Nous étions en train de palabrer calmement avec eux, quand soudain, sans sommation, ils nous ont chargés avec leur bouclier en nous lançant des grenades lacrymogènes. Ils m’ont littéralement matraqué de la tête aux pieds, m’ont fait tomber puis m’ont piétiné au sol », affirme le medic. « D’autres street medics m’ont mis sur le brancard dans l’ambulance pour m’expliquer que ça allé être compliqué de se déplacer jusqu’à l’hôpital, car il y avait la préfète de Lyon sur les lieux de la manif, et qu’elle n’était pas d’humeur à ce que les pompiers déplacent des blessés GJs (ce qui est inadmissible) », indique le message.

    Récit d’une convocation au commissariat de Bordeaux. Ou comment un policier bien virulent au téléphone est devenu doux comme un agneau…

    Verdict du journal Le Monde, parti en guerre contre les violences policières depuis quelques semaines : « bon nombre des actions documentées constituent bien des abus voire des bavures et que, loin d’être des cas isolés, elles témoignent de la nécessité d’une remise en cause profonde de la manière dont est conçu le maintien de l’ordre en France. » Vidéo à l’appui expliquant ces abus.

    Des gendarmes débarquent pendant une conférence donnée par Étienne Chouard et notent toutes les plaques d’immatriculation des voitures stationnées sur le parking.

    Fichage de photographes en vue d’envoyer une amende pour participation à une manif interdite … Acte 27 – Bordeaux alors que je couvrais la manifestation sauvage de 50 personnes partant de la place Saint-Projet, nous nous sommes retrouvés dans une nasse avec Maya Huasca, impossible d’en sortir sans être fichées pour une amende de 135 euros qu’on va recevoir dans notre boite postale apparemment, puis en sortant, confiscation de mes lunettes balistiques et de mon masque à gaz 3M, le tout pour une valeur neuf d’une centaine d’euros … la même pour Maya et ses lunettes, apparemment on va pouvoir les récupérer mais j’ai des doutes …

    En honneur aux Gjs blessés sur le front des manifs voici une vidéo, puis un article portant le témoignage de quelques-uns d’entre eux.

    Une justice en désordre

    « Castaner, le Goebbels de Macron. Médias collabos » : voilà la pancarte qui a valu à Isabelle P. (toutes les personnes interrogées ont requis l’anonymat), enseignante à Paris « et » gilet jaune, tient-elle à préciser, d’être placée en garde à vue samedi 11 mai après-midi, au commissariat du 12e arrondissement (d’où elle est ressortie le soir même), et d’être reconvoquée dans ces mêmes locaux lundi 13 mai au matin. Elle en est sortie peu après 11 heures, sous les applaudissements d’une cinquantaine d’enseignants venus de toute l’Ile-de-France lui apporter leur soutien.

    Un manifestant en live-cam arrêté en direct et mis en garde à vue sous un faux motif. Tout cela enregistré par son portable, à l’insu de la police. Une intéressante vue de l’intérieur.

    En quelques mois, 39 portraits présidentiels ont été réquisitionnés, et 43 gardes à vue ont été prononcées.

    Ce mardi 14 mai dans la soirée, à Montpellier, plusieurs corps de police ont interpellé au moins cinq gilets jaunes devant la Maison du peuple des gilets jaunes (anciennement Royal Occupé), à l’occasion de la diffusion de « J’veux du Soleil » de François Ruffin. Au moins quatre personnes ont été placées en garde à vue. Selon la presse, deux personnes ont été interpellées et accusées d’avoir dégradé un mur de la Maison du peuple, alors qu’il y avait en réalité des travaux de réhabilitation sur ce mur pour sécuriser l’accès au lieu…Ces interpellés sont la cible depuis plusieurs semaines d’un harcèlement policier : lors de contrôles d’identité, l’un d’entre eux a déjà subi des pressions ( « on sait où tu habites »).

    « Il commence sérieusement à me casser les couilles ce préfet de merde ». Cette phrase postée sur Facebook vaudra garde à vue et comparution immédiate à son auteur. Puis quatre mois de prison avec sursis.

    Il faut quand même rappeler que la garde à vue est : « Une mesure de contrainte décidée par un officier de police judiciaire, sous le contrôle de l’autorité judiciaire, par laquelle une personne à l’encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement est maintenue à la disposition des enquêteurs. » Il semble donc que, depuis quelques mois, il y ait une utilisation abusive de la garde à vue, sûrement dans le but de dissuader les manifestants.

    Les biens d’un manifestant mis en examen pour avoir détruit des équipements le long de l’autoroute A8 dans le Var ont été saisis alors qu’il n’a pas encore été jugé, a révélé Le Point le 18 mai. Selon un avocat interrogé par LCI, il peut s’agir d’un « signe politique ».

    L’utilisation de la justice, certes moins visible que le recours « disproportionné » à la force des effectifs de police et de gendarmerie (lire le récent rapport de l’Observatoire toulousain des pratiques policières), est tout aussi préoccupante. À Toulouse, le CaMé (Collectif automédia étudiant) a recensé entre le 17 novembre 2018 et le 17 avril 2019 « 637 interpellations, 403 gardes à vue, 124 déferrements, une trentaine de personnes incarcérées, 253 mois de prison avec sursis, 192 mois de prison ferme », dans le cadre de la répression du mouvement.

    Un gouvernement et son parti déconnecté

    Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. « On a créé des comptes anonymes pendant la présidentielle », confirme à 20 Minutes un ancien cadre de LREM. Alors même que Macron a toujours prétendu vouloir lutter contre la manipulation des réseaux sociaux. On colle les affiches LREM sur les panneaux réservés aux autres candidats.

    Au passage on remarquera que 20 Minutes titre « Les comptes anonymes militants, une communication à risque pour les partis », laissant penser que tous les partis pratiquent cette manipulation. Hors, en lisant bien l’article on voit que seul LREM l’utilise. Le nom et la façon dont les autres partis utilisent les médias sociaux dont parle le reste de l’article ne sont là que pour noyer le poisson et justifier le titre.

    L’information selon laquelle le gouvernement a chiffré à 10 milliards le coût des mesures en faveur des gilets jaunes est fausse. Naturellement, ce chiffre bidon a été repris par tous les médias. Le terme de coût nous incite à penser qu’il s’agit de dépenses supplémentaires, or c’est un savant mélange de concepts pour noyer le poisson….

    La cérémonie d’hommage national aux deux officiers mariniers tués au Burkina a été marquée par un moment très inhabituel, qui a surpris de nombreux militaires présents. En ouverture de la cérémonie et comme le veut l’usage, le chef de l’État a passé en revue les troupes qui rendaient les honneurs. Mais, à la demande de l’Élysée, il l’a fait à sa manière, c’est-à-dire seul. Or, le protocole militaire veut que, dans ce cas, le commandant des troupes présentes sur place ouvre la marche et que le chef de l’État (ou la plus haute autorité présente) le suive quelques pas derrière…Cette attitude « jupitérienne » a été diversement appréciée par les militaires présents aux Invalides.

    La pilule du « RIP » ne passe pas pour le gouvernement. Une semaine après la validation par le Conseil constitutionnel de la procédure de référendum d’initiative partagée contre la privatisation de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), le 9 mai, l’exécutif est, à plusieurs reprises, revenu à la charge contre cette décision. En vain.

    Facebook étant la plate-forme de partage numéro 1 des Gjs, la censure commence et le message suivant apparaît de plus en plus sur les murs des Groupes Gjs :

    Ils commencent donc à déménager vers des réseaux plus accueillant comme Telegram et Vkontakt. [Vous pouvez y retrouver nos articles via les liens, NdSF]

    Macron, qui n’a toujours pas compris la profondeur politique du mouvement Gj estime « qu’il n’y a plus de débouché politique » pour ce mouvement. « Je considère pour ma part que j’ai apporté des réponses aux Françaises et aux Français sur ce qui avait conduit à ce mouvement, à la fois le 10 décembre et dans la conférence de presse que j’ai donnée. » Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.

    D’ailleurs plus grand monde ne vient plus écouter son gouvernement car « en mission [de sauvetage] pour soutenir la liste LREM aux élections européennes, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont participé à un meeting ce jeudi 16 mai à Angers, marqué par un nombre presque égal de participants et de forces de l’ordre. »

    Un Gj a calculé les dépenses et les manques à gagner dus à la politique de Macron pour ses deux premières années de mandat. Résultat des comptes : 436 031 514 000 €, soit 436 milliards d’euros répartis ainsi :

    • Coût de la modification de l’ISF : 3 700 000 000 €

    • Prolongation Concessions autoroutes/Cour des Comptes : 15 000 000 000 €

    • Coût du grand débat : 12 000 000 €

    • Instauration vitesse à 80 km/h sur les routes nationales : 12 000 000 €

    • Itinérance et commémoration du 11 novembre 2018 : 3 000 000 €

    • Coût de l’entretien de Brigitte Macron : 440 000€ par an (info Europe 1) : 880 000 €

    • Piscine du Fort de Brégançon (Résidence d’été du Président) : 34 000 €

    • Nouveau service de table de l’Élysée : 500 000 €

    • Nouvelle moquette de la salle de fêtes de l’Élysée : 300 000 €

    • Réfection de l’Élysée (sans la moquette) : 300 000 €

    • Passage à l’impôt retenu à la source (année blanche) : 74 000 000 000 €

    • Coût des dégâts de la contestation depuis 17/11/2018 : 500 000 €

    • Impact contestation Pib (0,2%) depuis le 17/11/2018 : 4 000 000 000 €

    • Impact des grèves Air France-Sncf sur le Pib (0,1%) : 2 000 000 000 €

    • Niches fiscales 2017 (proportionnelle de 2017 du 14 mai au 31 décembre) sur base chiffres de la Cour des comptes : 50 000 000 000 €

    • Niches fiscales de toute l’année 2018 sur base des chiffres de la Cour des comptes, soit 4,4% du PIB !!! dont 15 milliards rien que pour le CICE : 100 400 000 000 €

    • Niches fiscales 2019 (proportionnelle de 2017 du 1er janvier au 13 mai) sur base simulation Cour des Comptes : 45 100 000 000 €

    • Estimation fraude Tva : 20,9 milliards d’euros par an : 41 800 000 000 €

    •Fraude fiscale impôt sur le revenu : 50 milliards par an : 100 000 000 000 €

    Source : Le Saker Francophone

    Tags : France, Macron, Gilets Jaunes, repression,

  • Le point de bascule : les Gilets jaunes sont en train de gagner, et ensuite ?

    Le week-end dernier [samedi 27 avril, NdT], l’Acte XXIII a marqué un tournant décisif dans la bataille que se livrent les Gilets jaunes et l’État français depuis cinq mois. L’incendie de Notre-Dame a mis en lumière un changement stratégique de l’opinion publique qui s’est produit au cours de l’hiver, et toutes les évolutions sont à l’avantage des Gilets jaunes. Tandis que les glaciaux mois d’hiver et leur grisaille menaçante nous ont seulement permis d’apercevoir deux parties égales s’affrontant dans la semi-obscurité, l’avènement du printemps et sa lumière claire révèle comment les Gilets rassemblent des forces de réserves dans toute la France, et comment, maintenant, ils progressent lentement à Paris aussi. Le spectacle de la police française cernant Notre-Dame et refusant son accès à sa propre population illustre d’ailleurs de façon frappante ce que l’État cherche à nier. Après tout, ce genre de monuments est l’incarnation par laquelle les États démontrent leur lien avec la population, leur légitimité et leur puissance.

    L’État néo-libéral est en cours d’effondrement et Macron sera son agneau sacrificiel. À ce rythme, il pourra s’estimer chanceux de tenir encore deux mois. Son traitement maladroit de l’incendie de Notre-Dame a scandalisé et enragé de nouvelles parties de la population française. En effet, tout au long des cinq mois de protestation, et malgré la muraille permanente de propagande médiatique, les sondages d’opinion ne cessent de montrer une sympathie et un soutien indéfectibles envers les Gilets jaunes.

    Dans la vive lumière du printemps, il est clair que la stratégie hivernale de Macron, constituée par le Grand débat national, n’a montré aucun accomplissement de la part du gouvernement et, ce qui est peut-être encore plus révélateur, a révélé l’incapacité de Macron d’évoluer ou de changer de cap. Un fonctionnaire anonyme aurait déclaré : « Mitterrand leur a accordé une semaine de congé supplémentaire, mais Macron n’arrive à rien ». À ce qu’il semble, il est tout simplement incapable, sous quelque forme que ce soit, de communiquer avec les GJs et le peuple français. Ses discours répétés, ses insultes décontractées et son manque d’empathie, en font l’un des meilleurs outils de recrutement des GJs.

    Ses récentes prises de parole poursuivent cette tendance. Sa promesse de reconstruire la cathédrale en cinq ans a été accueillie avec mépris (« Ce n’est pas une ligne de chemin de fer », a fait remarquer un commentateur), tandis que son appel aux dons à l’échelle planétaire, un geste typique de cabotin, a irrité et agacé les traditionalistes. En effet, comme on l’a largement rapporté, son soutien aux dons de plusieurs milliardaires, a simplement fourni davantage de bâtons pour que les GJs le battent, lui et l’État.

    Même son discours à grand spectacle a été annulé au moment où la cathédrale a brûlé. Et quel a alors été le point central de son discours ? Un gel des fermetures d’hôpitaux et d’écoles, l’indexation des retraites sur l’inflation et la fermeture de l’ENA, cette école qui produit l’élite politique et civile du pays. Tous ces points, et en particulier le dernier, ont été considérés comme tardifs et totalement hors de propos. Car aucun n’apporte quelque chose à mettre sur la table de repas ou n’aide les gens à tenir jusqu’à la fin du mois sans argent. Comme je l’ai noté dans des articles précédents, c’est du Macron typique, et cela révèle simplement comment son autorité personnelle est en train de s’évanouir, et assez étrangement, à quel point ses mots ne pèsent plus sur le débat.

    Et surtout, Macron est coupable d’être l’un de ces gens intelligents – stupides de la classe moyenne 1, le genre dont le néo-libéralisme adore nous pourvoir sous toutes sortes de formes : administrateurs ; rédacteurs en chef pantouflant dans des médias officiels ; chefs d’administrations ; conseillers ; politiciens, etc. Il est brillant, il présente bien, il a de l’ambition, il peut parler sans s’arrêter sur des sujets pendant des heures mais en fait, pour toutes ces raisons, chacun de ses discours ne fait que jeter de l’huile sur les flammes. S’ajoute son incapacité à transmettre la moindre empathie et son manque apparent de compréhension pour ce qui concerne à la fois la politique et l’histoire nationale : l’ensemble révèle qu’il n’est qu’un messager des riches et des puissants. Encore une fois, aucun de ces points n’échappe à la population française.

    De toute évidence, Macron préfère de loin les sommets internationaux aux rencontres avec son propre peuple et, en vérité, ses rêves d’avenir, qui sont tout ce qu’il a, sont aussi banals que ceux de Marinetti.

    Tout cela est devenu une évidence au cours du Grand débat national. Il était présenté comme un moment d’écoute mais les photos montrent que Macron n’était pas venu pour écouter : il était venu pour faire la leçon, et les manches retroussées de sa chemise le faisaient ressembler à un galopin inexpérimenté et sans profondeur. Comme chef de l’État, ça ne fonctionne pas, et personne ne peut croire que le peuple français s’est fait embobiner par une telle absurdité.

    Donc, Macron est fini et il sera bientôt parti, mais une question reste : où se dirige cette révolte à partir de maintenant ? Car la manière dont le départ de Macron aura lieu, combien de temps il prendra et qui le remplacera, déterminera l’étape suivante. Malheureusement, dans le contexte de l’État français néo-libéral, la destitution de Macron n’apportera aucune solution. D’abord parce que, dans l’immédiat, il n’existe aucun candidat alternatif acceptable aux yeux des GJs au sein des cercles dirigeants. Deuxièmement, parce qu’il est de plus en plus évident que le néo-libéralisme, en tant que forme de gouvernance, ne peut réussir que dans un contexte de crédit abondant. Avec la hausse des prix immobiliers (non comptés dans l’inflation…), c’est sa seule méthode pour générer de la richesse parmi toutes les classes sociales. Tout simplement, les dirigeants ne veulent pas ou ne peuvent rien donner au peuple.

    La destitution du Préfet de police de Paris ainsi que les appels du gouvernement à une plus grande violence policière et à la multiplication des armes de répression ne font que confirmer l’impasse dans laquelle l’État néo-libéral et sa classe bureaucratique sont empêtrés. Cette impasse nous déprime et nous réprime tous, mais aussi, dans le contexte dogmatique actuel, elle est impossible à dépasser. Car violence et exclusion sont tout ce que l’État contemporain laisse derrière lui.

    Et les Gilets jaunes dans tout ça ? Eh bien, ils sont partout présents. Chaque semaine, Facebook regorge de soirées en ligne, où les films, les discussions et l’apprentissage sont abondants. Quand ils ne manifestent pas, ils discutent. 2. Et, malgré le travail quotidien, il n’y a aucun signe que le peuple de France abandonne le mouvement. Il y a encore des gens sur le rond-point près de chez moi, chaque week-end, comme ils sont venus chaque week-end de ce qui a été un hiver froid et désolé, et ils sont une petite partie de ce qui se passe sur vingt autres ronds-points occupés dans le Gers et à travers toute la France. Récemment, les gens du groupe qui occupe mon rond-point ont distribué un dépliant expliquant qu’il leur était difficile de continuer chaque week-end et que d’autres devaient venir les aider. Selon les sections locales, cela a provoqué un afflux de nouvelles recrues. « Nous le faisons pour vous » est leur slogan quand ils tendent leurs tracts aux automobilistes qui semblent presque tous amicaux et attentifs. C’est tout à fait normal : tous sont riverains.

    Certains commentateurs libéraux persistent à présenter les GJs comme des Oliver Twist mendiants, réclamant une place à la table de leurs maîtres. Ces mêmes commentateurs aiment évoquer une révolte de la périphérie contre le centre. J’ai déjà éclairci ce point dans mes articles précédents : c’est l’inverse qui est la vérité. En effet les GJs démontrent de hauts niveaux de conscience politique. Visiblement, leur enthousiasme pour les débats sur la violence, sur le socialisme et sur leurs revendications est sans fin. Même après cinq mois, ces débats sont encore gérés en ligne avec tolérance et en respectant la diversité des opinions.

    De plus, d’un point de vue stratégique, les Gilets ont déjà montré leur capacité à stopper les activités dans toutes les grandes villes françaises. À Toulouse, Marseille, Bordeaux, Lyon, on a vu de grandes manifestations persistantes combinées à des vagues d’arrestations massives.

    Parallèlement, des centres régionaux plus modestes comme Tarbes, dans le Sud-ouest, continuent d’accueillir leurs propres manifestations hebdomadaires, et cela se reproduit dans des villes semblables partout en France. Ajoutez une rage contre les forces de l’ordre, en particulier la Police nationale, et un sentiment d’unité et de détermination parmi les GJs. Évidemment, la plupart de ces traits échappent à l’élite urbaine et aux médias officiels, préoccupés par les dénombrements de manifestants et les forces de l’ordre déployées. Pourtant, même à Paris, il y a des preuves indiscutables d’un soutien croissant au mouvement, les gens étant de plus en plus prêts à sortir pour manifester, et à exprimer leur sympathie dans les interviews des médias.

    Cela rétrécit considérablement la marge de manœuvre de l’État. Car pour résumer, sa main invisible est devenue visible. Et on l’a clairement vue quand le gouvernement, dans une tentative brève et brutale, a cherché à accuser les GJs de l’incendie de Notre-Dame. Ces accusations hystériques se sont rapidement tues.

    Lentement, doucement, cette bataille se transforme pour l’État néo-libéral en une lutte à mort. Nous pouvons donc, au cours des prochains mois, nous attendre à ce que le gouvernement aggrave sa violence de sa réponse aux manifestations, se lance dans des arrestations à domicile, filtre davantage d’itinéraires ferroviaires et de monuments parisiens et finalement mène diverses opérations sous faux drapeau, de manière à diviser le mouvement et à faire germer un conflit inter-communautaire.

    Du côté des GJs, le sentiment qu’ils sont en train de vaincre ne fera qu’accroître leur détermination. Si je peux me permettre une prédiction, cela finira par davantage de manifestations, peut-être en décidant de sortir du cadre du week-end, ainsi qu’à des blocages, plus vastes et plus longs, des chemins de fer et des autoroutes. Le mot français pour « demonstration » est manifestation. C’est un mot adéquat dans ce cas, parce que dans tous les sens et dans toutes leurs actions les GJs manifestent leur unité, leur vision pour la France et leur implication dans cette vision.

    La dernière semaine a été une semaine propice pour ceux qui croient que le néo-libéralisme est un piège, incapable de fournir la partie la plus importante d’une vie sensée, ou tout simplement de prendre en compte la sophistication croissante de la sphère sociale et la prise de conscience des citoyens. La panacée simpliste du néolibéralisme est incapable de faire face aux énormes problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu’espèce : cette vérité simple devient progressivement évidente.

    En fin de compte, cette semaine, les Gilets jaunes et l’Extinction Rebellion à Londres, 3 ont montré que, malgré la surveillance massive, la violence d’une police militarisée et l’appareil de propagande d’État, les populations développent en ce moment de nouvelles méthodes et de nouvelles visions capables de surmonter ces obstacles et qu’enfin, après cette interminable décennie de stagnation, elles nous feront progresser de manière positive, ouverte et efficace.

    David Studdert

    Par David Studdert − Le 29 avril 2019 − Source Off-Guardian.org

    Source: Le Saker Francophone

    Tags : France, Macron, gilets jaunes,