Étiquette : Hirak

  • Algérie : Pourquoi le mouvement populaire ne s’essouffle pas

    Les raisons d’une longévité

    Ils étaient nombreux à avoir fait un pari perdant, celui de l’essoufflement du mouvement populaire. Les millions de personnes sorties pour le treizième vendredi de suite apportent un cinglant démenti aux plus sceptiques. Le mouvement de contestation ne s’essouffle pas. Il se nourrit selon politologues et politiciens de l’effondrement du mur de la peur, du goût de la liberté et d’un rapport de force favorable à la rue.

    Nawal Imès – Alger (Le Soir)

    Ce deuxième vendredi de mobilisation en plein mois de Ramadhan avait, une fois de plus, valeur de test. Les millions de personnes qui sont sorties dans la rue l’ont réussi avec brio.

    Pourtant, il y a quelques semaines, la question était sur toutes les lèvres : le mouvement résistera-t-il aux contraintes imposées par le jeûne ? La mobilisation sera-t-elle toujours aussi forte ? Le doute n’aura survécu que très peu puisque la preuve de la bonne santé du mouvement a, une fois de plus, été donnée.

    Pour Abdelaziz Djerad, politologue, le maintien de la mobilisation, son ampleur et sa durée trouvent leur explication dans ce qu’il qualifie de « toile de fond » qui est la résultante de l’accumulation de crises et de problèmes n’ayant pas trouvé de solutions en temps opportun.

    Pour le politologue, cette situation n’a été rendu possible qu’après avoir franchi « le cap de la peur ». Il assure en effet que « le peuple et la société se sont soulevés de manière pacifique après avoir franchi le cap de la peur et ne veulent plus s’arrêter. Ils veulent un changement profond pour trouver des solutions et orienter le pays vers un système politique social culturel plus juste qui permettent aux Algériens de vivre dans un pays serein et visible ».

    Les millions de personnes qui sont dans les rues sont, dit-il, portées par « un espoir très fort et un sentiment très profond ». La preuve ? «Aucun problème de développement ou d’ordre social n’a été soulevé lors des marches parce que les Algériens savent que cela pourra être réglé plus tard.»

    Il y a, selon Abdelaziz Djerad, un autre aspect important. Nous assistons, dit-il, à l’émergence d’une jeunesse qui aspire à plus de modernité et à vivre mieux et qui ne veut plus se suffire des solutions individuelles ou du « chacun pour soi ».

    Ahmed Adimi, docteur en sciences politiques et porte-parole de Talaie El Hourriyet, évoque également ce mur de la peur qui s’est effondré. Il explique que « l’effet psychologique et la peur n’existent pas. Le peuple a goûté à la liberté et ne veut plus y renoncer. Il s’est approprié l’espace public pour imposer ses revendications d’une manière très civilisée. Ce peuple a conscience aujourd’hui qu’il est plus puissant que le pouvoir et ses instruments. Il ne se taira plus jusqu’au départ de toutes les figures du pouvoir ».

    Adimi ajoute que « la lutte continue. Le mouvement se porte bien. Le peuple ne recule pas en attendant que les revendications soient satisfaites. C’est le changement qui est réclamé. Il n’y a pas de pouvoir qui cède facilement mais le rapport de force est en faveur du peuple.

    C’est la première fois que le pouvoir se retrouve en position du donnant-donnant et c’est lui qui est forcé aujourd’hui de faire des propositions ».

    N. I.

    Tags : Algérie, Hirak, 13ème vendredi, manifestations, transition,

  • Algérie : Ahmed Taleb Ibrahimi appelle à une solution de compromis

    AHMED TALEB IBRAHIMI APPEL À UNE SOLUTION DE COMPROMIS

    Mohamed K.

    Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre, Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, et Rachid Benyelles, général à la retraite, appellent, dans une missive rendue publique ce samedi, le commandement de l’ANP à nouer un dialogue « franc et honnête » avec des figures représentatives du mouvement citoyen (Hirak), des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent.

    Pour les signataires de cet appel, il faut « trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois ».

    Selon eux, l’impasse actuelle est porteuse de grands dangers qui s’ajoutent à une situation régionale tendue. « La situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet pour l’élection présidentielle ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République. Car comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà rejetées par l’immense majorité de la population parce que organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? », s’interrogent-ils.

    Les trois personnalités plaident pour une période de transition de courte durée. Elles estiment que les manifestants, dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l’instauration d’un État de droit et d’une véritable démocratie, « en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années ».

    Taleb Ibrahimi, Yahia Abdennour et Rachid Benyelles rappellent que le 22 février 2019 les Algériens, « toutes classes sociales et tous âges confondus », sont sortis par millions dans les rues de l’ensemble des grandes villes du pays pour manifester pacifiquement, « crier leur colère et refuser l’humiliation, qu’un pouvoir arrogant et sûr de lui voulait encore leur faire subir en annonçant la candidature pour un cinquième mandat, d’un homme qui vit à l’état végétatif depuis cinq ans ».

    Les trois personnalités ont estimé que « les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation. Elles auront également fortement contribué à renforcer l’unité nationale et la volonté du vivre ensemble, quelles que soient nos différences politiques, et nos sensibilités culturelles ou doctrinaires », ajoutent-ils.

    Pour rappel, Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et le général Benyellès avaient déjà signé par le passé une déclaration politique dans laquelle ils avaient souligné que Abdelaziz Bouteflika était invalide et incapable de diriger le pays, demandant sa démission immédiate. Cette déclaration a été diffusée au mois d’octobre 2017, un an et demi avant la fin du quatrième mandat.

    Les trois personnalités sont très proches sur le plan politique et intellectuel et sont connus pour avoir partagé les mêmes idées depuis le début des années 1990, avec le début de la crise et la décennie noire.

    Le Jeune Indépendant

    Tags : Algérie, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour, Benyellès, élections du 4 juillet, armée, transition, Hirak,

  • Algérie : Probable report des élections, manifestations se poursuivent

    Alger – Selon Reuters, l’élection présidentielle imminente en Algérie devrait être reportée alors qu’une nouvelle manifestation a eu lieu vendredi pour la troisième fois scandanrt des slogans contre l’élite dirigeante du pays.

    Après deux décennies au pouvoir, le président Abdelaziz Bouteflika a démissionné le mois dernier sous la pression des manifestants et de l’armée, mais les manifestations ont continué en quête des réformes politiques et la destitution de tous les responsables appartenant à l’ancienne garde.

    Une élection présidentielle est prévue pour le 4 juillet.

    Mais une source proche du dossier a déclaré que le vote devait être retardé en raison de difficultés d’organisation de la logistique à temps et de l’opposition de la rue.

    « Il n’y aura pas d’élections le 4 juillet », a-t-il déclaré à Reuters, demandant à ne pas être cité par son nom.

    Des centaines de manifestants ont recommencé à se rassembler vendredi, appelant à la démission du président par intérim, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre Noureddine Bedoui.

    « Non aux élections honteuses. Enlevez d’abord Bensalah et Bedoui », lit-on dans une banderole brandie au centre-ville d’Alger.

    Le Conseil constitutionnel, qui supervise la transition, devrait publier prochainement une déclaration sur le processus électoral. La date limite pour que les candidats à la présidentielle puissent collecter et soumettre 60.000 signatures est le 25 mai.

    La source a indiqué à Reuters que le vote pourrait être reporté à la fin de l’année, avec des noms en suspens pour assurer la transition, notamment l’ancien ministre conservateur Ahmed Taleb Ibrahimi et le technocrate et ancien Premier ministre Ahmed Benbitour.

    Source : New York Times, 17 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ahmed Benbitour,

  • Algérie : Gaïd Salah dans la lignée des « 22 » historiques

    AMMAR KHELIFA

    Le contexte ne ressemble pas à celui d’octobre 1954, mais la révolte pacifique du peuple algérien en 2019 et l’insurrection armée déclenchée par un groupe révolutionnaire contre le colonialisme français, présentent beaucoup de similitudes.

    Si la veille du déclenchement de la lutte armée contre l’ordre colonial, avait été endossé par des militants nationalistes, déçus par le « jeu stérile des partis politiques de l’époque, dont la majorité ont été compromis par l’administration française, aujourd’hui, c’est l’ANP, digne héritière de l’ALN, qui pris la responsabilité de combler le vide laissé par une élite dépassée par les événements, et une classe politique, dont les intérêts ne sont plus compatibles avec les aspirations des masses.

    A l’instar des « 22 » historiques, qui avaient décidé de passer à l’acte, un certain 1er novembre 1954, en lançant un appel solennel au peuple soumis par le feu et par le fer, à les suivre, l’ANP, et partant de son ancrage populaire, n’a nullement hésité à s’inscrire dans le mouvement populaire né le 22 février.

    En tant qu’institution républicaine, elle s’est gardée d’intervenir, et s’est contenté de suivre la situation avec une attention accrue, jugeant le moment inopportun pour intervenir directement, tant que le pouvoir politique n’a pas encore dévoilé ses intentions et formulé des réponses concrètes aux manifestions populaires.

    A vrai dire, elle a laissé le soin aux politiques de gérer la situation dans un cadre constitutionnelle, mais devant leur incapacité à trouver des solutions acceptables par tous, elle a été obligée d’intervenir pour mettre chacun devant ses responsabilités. D’autant plus que les forces anticonstitutionnelles, que le chef d’Etat-major de l’ANP n’a pas cessé à dénoncer, jusque là tapies à l’ombre, sont sorties au grand jour, pour manœuvrer contre la patrie et le peuple.

    Conscient qu’il est devant une phase historique, Ahmed Gaïd Salah n’avait aucun choix que de hausser le ton, sans tenir compte des noms et des personnes. Pour le Haut commandement de l’armée, l’Algérie est guetté par les périls par ceux qui font la sourde oreille aux revendications du peuple, il n’est donc plus question de laisser une « bande de malfrats » « contourner ses revendications légitimes en fomentant des plans douteux, tendant à déstabiliser le pays et l’entrainer dans le piège du vide constitutionnel ».

    « J’ai confirmé à maintes fois qu’en ma qualité de Moudjahid ayant lutté par le passé contre le colonialisme tyrannique et ayant vécu la souffrance du peuple en cette période difficile, je ne saurai me taire aujourd’hui sur les complots et les conspirations abjectes, fomentés par une bande qui a fait de la fraude, la malversation et la duplicité sa vocation. Aussi, je suis avec le peuple et à ses côtés pour le meilleur et pour le pire, comme je le fus par le passé, et je m’engage devant Allah et devant la patrie et le peuple que je n’épargnerai aucun effort à cette fin, quoi qu’il m’en coûtera ».

    Ces propos sont extraits du dernier communiqué signé par Ahmed Gaïd Salah. Ils sont clairs et irrévocables ; et ont le mérite de sceller cette communion sacrée entre le peuple et son armée. « Nous soutiendrons le peuple jusqu’à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites », a affirmé le chef d’état-major, au moment où la classe politique se terre ou se prépare à quitter le pays.

    « Djeich-Chaâb khawa, khawa », les Algériens ne sont pas trompés !

    AMMAR KHELIF

    Aamar.khelifa@eldjazaircom.dz

    El Djazair.com

    Tags : Algérie, armée, Gaïd Salah, Hirak,

  • Algérie : Il va adresser samedi une lettre aux algériens : Taleb Ibrahimi, le joker du pouvoir pour gérer la transition

    L’option d’Ahmed Taleb Ibrahimi comme probable Président de la transition semble se confirmer chaque jour un peu plus. En effet, le concerné dont le domicile à Alger a connu un chassé-croisé d’acteurs politiques, de journalistes et de hauts responsables, s’apprête à rendre public samedi prochain une proposition de sortie de crise, avons-nous confirmé auprès de son entourage.

    Taleb, confie-t-on, a été officiellement approché par des émissaires du pouvoir pour lui proposer de diriger une période de transition en qualité de «personnalité consensuelle».

    L’état-major de l’armée est désormais convaincu qu’il sera impossible d’organiser l’élection présidentielle le 4 juillet prochain.

    Et pour éviter le vide constitutionnel après la fin de l’intérim d’Abdelkader Bensalah, on a pensé à Taleb Ibahimi qui a ceci de particulier qu’il est âgé (87 ans) et qu’il est plus au moins consensuel.

    Après avoir poliment décliné la proposition à plusieurs reprises en faisant valoir son âge et sa santé fragile, Taleb a fini par se laisser convaincre. Pour ce faire, il va rendre public samedi une « lettre au peuple algérien » qui sera une sorte de prélude à l’annonce de son adoubement.

    L’ex-ministre des affaires étrangère devrait ainsi faire une série de propositions dont la plus importante sera la nécessité de «reporter l’élection présidentielle du 4 juillet» et l’ouverture des période de transition qui sera dirigée par une personnalité «acceptée par le peuple».

    L’initiative de Taleb devrait ainsi combiner les deux dimensions politiques et constitutionnelles dans le règlement de la crise.

    Aussi, Taleb devait proposer, d’après nos sources, à ce que l’armée « accompagne la transition politique» et la mise en place d’un gouvernement de compétence nationale.

    Pour rappel, le nom de Taleb Ibrahimi a été scandé dans plusieurs wilayas du pays lors des deux derniers vendredi avec Benbitour et Zeroual.

    Source : Algérie1

    Tags : Algérie, transition, Taleb Ibrahimi, armée, Hirak,

  • Algérie : La cour et le clan

    par Mohamed Salah

    Faut-il s’étonner de la dernière déclaration du président de la Cour des comptes au micro de la chaîne 3 ? Abdelkader Boumaâraf a confirmé que l’institution qu’il préside n’a jamais publié ses rapports annuels depuis 1999, année de l’intronisation de Bouteflika.

    Petit rappel de l’histoire : l’enquête de la Cour des comptes, saisie par Chadli Bendjedid, aboutit à un premier arrêt qui sera prononcé le 8 août 1982 et qui «met en débet Abdelaziz Bouteflika pour une somme dont la contre-valeur en dinars représente 58.868.679, 85 DA et qui reste à justifier».

    La Cour explique que ce montant «est l’aboutissement des longues investigations tant à la Trésorerie principale d’Alger qu’au ministère des Affaires étrangères».

    Suite à cette décision, Bouteflika se voit d’abord suspendu du Comité central du FLN avant son exclusion par le congrès de l’ex- parti unique. Connaissant le passif de l’ex- président de la République on soupçonne l’une des raisons pour lesquelles Bouteflika a mis sous le coude l’institution, l’empêchant d’accomplir ses missions.

    Or, la mission essentielle de la Cour des comptes est de «favoriser l’utilisation régulière et efficiente des ressources, moyens matériels et fonds publics, de promouvoir l’obligation de rendre compte et la transparence dans la gestion des finances publiques et de contribuer au renforcement de la prévention et de la lutte contre les diverses formes de fraudes et de pratiques illégales». Théoriquement. «Car en théorie tout se passe bien», comme l’a dit un auteur inconnu, puisqu’en réalité, la Cour des comptes a ressemblé à toutes les institutions publiques du temps du régime Bouteflika. Des coquilles vides résonnant aux seuls échos des injonctions formulées en haut lieu.

    On comprend un peu mieux le sentiment d’impunité qui a longtemps régi la gestion de l’argent public et les largesses permises à ses gestionnaires en dilapidant des milliards et des milliards de dinars entre malversations et incompétences qui ont coûté très cher au Trésor public.

    Le clan et ses cercles sont parvenus à discréditer toutes les structures organisationnelles de l’Etat, plaçant leurs hommes aux postes clé décisionnels. La justice tout comme ses appendices ont été instrumentalisés au seul service du pouvoir alors en place.

    Aujourd’hui encore, après la chute du système, on est en train de vivre les mêmes réflexes avec la nomination de profils, pour le moins surprenants, à la tête des institutions de l’Etat.

    Tags : Algérie, transition, clan, Bouteflika, cour des comptes, corruption, trésor public,

  • Nawel Ben Aissa: «Je ne me cacherai [terrerai] pas»

    Un sublime texte qui avait été écrit par Nawel Ben Aissa, la militante rifaine et figure de proue du mouvement de contestation Hirak, ce qui lui a valu l’acharnement de la part du régime marocain et voire d’être interdite de quitter le Maroc. dans ce papier Nawel met en exergue la réalité du Rif, broyé dans tous les droits, et explique les raisons pour lesquelles elle manifeste.

    Mon nom est Nawel Ben Aissa.

    Je suis mariée et je suis mère de quatre enfants.

    Je suis née, j’ai grandi sur cette terre du Rif. Cette terre broyée par la corruption, la marginalisation et l’injustice.

    J’ai participé à toutes les manifestations pacifiques, parce que je revendique mes droits, et les droits du Rif à la Santé, à l’éducation et au Travail.

    J’aime cette terre généreuse et j’aime ses gens, rifains soient-ils ou pas. J’ai appris de mon père, homme modeste et démuni, à souhaiter le bien pour tous, à apporter mon aide à tous. Et ce sont là les meurs des Rifains.

    Je revendique de simples droits totalement inexistants au Rif. Le Rif est broyé par le cancer. Ici, dans chaque famille vous rencontrer non pas un cas ; mais, des cas de cancer. C’est la conséquence de l’usage de gaz toxiques par l’occupant espagnol. Le Rif est décimé par le cancer et la marginalisation. Nous n’avons pas d’hôpitaux capables de soigner toutes ces variétés de cancers. Dans ma demeure, de sorte à les rapprocher des soins, j’ai hébergé de nombreuses victimes de ce fléau venues de lointaines montages. Des zones montagneuses enclavées, dépourvues de routes et tenues hors du monde par la pauvreté et le dénuement. Des femmes broyées par le cancer, la pauvreté, qui ne subsistent que par la charité qui leur est donnée par les bonnes âmes. Voilà la réalité du Rif, broyé dans tous les droits.

    Je manifeste pour la justice. Je manifeste pour mes droits et ceux de mes enfants. Je manifeste pour que nous puissions avoir un hôpital à même de prendre en charge tous les malades. Je manifeste parce que j’ai vu les larmes d’impuissance des cancéreux laissés pour compte ici au Rif.

    Je manifeste pour ces familles dont je sais qu’elles n’ont même une bouchée de pain, car ici, il n’y a ni travail, ni ateliers, ni usines.

    Je manifeste parce que je veux le meilleur pour ma patrie. Le meilleur se construit avec des écoles et nous n’avons pas d’université ; alors nous écourtons prématurément nos parcours d’études.

    Pour tout cela je manifeste. Je n’ai pas peur et je ne me cacherai pas, comme on me le demande. Ma protestation est pacifique et elle est de mon droit le plus absolu.

    Je ne me cacherai pas, même si cela doit conduire à mon arrestation. Je te demande pardon ma mère adorée, pardon mon père adoré, mes très chers enfants, pardon à tous ceux qui m’aiment, pour la douleur que je risque de vous causer, mais je ne vais pas me terrer comme une souris.
    Je manifeste pacifiquement pour une cause juste et si je venais à être arrêtée, comme c’est le sort de beaucoup, je sais que nous avons un Dieu qui sait ce qu’il y a dans les cœurs et qu’il ne nous abandonnera pas.

    Je manifeste pour les rêves de tous les enfants du Rif, pour les mères du Rif qui espèrent le changement, rêves d’une vie digne comme ils ne cessent de le scander dans la rue.

    Liberté ! Dignité ! Justice sociale !

    Je vous aime mes enfants. Je manifeste pacifiquement pour les droits broyés du Rif et je persévérerai jusqu’à mon dernier souffle.

    Je ne me cacherai [terrerai] pas.

    Par Nawel Ben Aissa

    Traduit par Momouh Bakir

    Source : Courrier du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Hirak,

  • La France traîne l’image dégradée du Maroc en Europe

    Les pratiques despotiques du successeur du roi le plus sanguinaire de l’histoire du Maroc n’ont pas changé d’un iota. Au contraire, elles ont dopé, développées et « améliorer » en vue de poursuivre la politique du bâton avec des nouvelles méthodes.

    Cependant, ces pratiques commencent à fissurer l’image du roi Mohammed VI à l’étranger ainsi que celle de son pays.

    Après le cycle de violence suivi par le Makhzen dans les régions du Rif, Jerada, Zagora et Ifni, l’Europe commence lentement à découvrir le véritable visage de la monarchie marocaine.

    En pointe de la dynamique européenne de solidarité avec le peuple marocain, nous trouvons les Pays Bas dont les responsables n’hésitent pas à réprimander les autorités de répression marocaines et protester contre la situation imposée à la population rifaine et aux activistes pacifiaues rifains dont certains ont écopé de 20 ans de prison pour la simple raison de revendiquer une clinique oncologiques et une université à Al Hoceima. D’ailleurs, le ministre hollandais des affaires étrangères n’a pas hésité à alerter le gouvernement de son pays sur ces atteintes graves aux droits de l’homme au Maroc, étayées par un long rapport rédigé par les services de ce ministre.

    En réaction, le gouvernement marocain aux ordres du roi et sur instructions de l’homme fort du régime, le conseiller royal Fouad Ali Al Himma, convoqua l’ambassadeur hollandais en poste à Rabat, au ministère marocain des Affaires étrangères.

    Les Pays Bas est un Etat de droit et n’a pas vocation à se plier devant le chantage du Makhzen et ce dernier est très en colère avec Amsterdam après le refus de la justice hollandaise de livrer le citoyen néerlando-marocain Said Chaou, un ancien député parlementaire reclamé par Rabat en vue de lui faire payer ses accointances avec le mouvement républicain marocain.

    Les hollandais n’ont pas hésité à rappeler que l’extradition vers le Maroc est illégale en raison des tortures pratiquées par les services de police dans le royaume de Mohammed VI. Les autorités hollandaises sont conscients du fait que les véritables traficants de drogue se trouvent au palais royal tel que dénoncé par les câbles américains de Wikileaks.

    L’image forgée du régime forgée par les médias français commence à se fissurer lentement mais sûrement. Le reste n’est plus qu’une question de temps, même si l’Elysée continue d’être l’un des soutiens les plus fidèles de la répression au Maroc. Cependant, les autorités françaises se verront obligées à affronter la position de leur société civile de plus en plus critique avec Rabat.

    L’élite française est inateignable. Ses intérêts sont trop enracinés dans l’économie du Maroc et le Makhzen possède des cartes de pression liées à leurs pratiques de loisirs peu orthodoxes à La Mamounia.

    Tags : Maroc, Pays Bas, Rif, Hirak, répression, Etat de droit, Said Chaou,

  • Maroc – Rif : Nawal Benaissa demande l’asile aux Pays-Bas

    Selon le site Arif News, l’activiste rifaine Nawal Benaissa vit depuis une semaine dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile aux Pays-Bas. L’épouse de Nasser Zefzafi et son fils de 4 ans ont demandé l’asile.

    Nawal a pris cette décision car elle ne peut plus faire face aux intimidations quotidiennes et aux menaces qu’elle reçoit avec ses enfants.

    Le mois dernier, Nawal Benaissa était l’un des conférenciers invités à la Journée de la paix, mais elle n’a pas été autorisée à quitter le pays.

    La mère de quatre enfants, qui a été arrêtée à plusieurs reprises et condamnée à dix mois de prison, déclare qu’elle est bien traitée au centre d’accueil, conclue la source.

    Tags : Maroc, Hirak, Rif, répression,

  • Nasser Zefzafi appelle le CNDH à rendre public son rapport sur la torture des prisonniers du Rif

    Juillet 2017, un rapport du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), -une institution étatique crée par le régime marocain et chargée de protéger les droits de l’homme et les libertés-, fuité par certains médias, a fait état de torture et de maltraitance envers les détenus rifains, et a rapporté des conclusions accablantes de deux médecins légistes, le Dr Hicham Benyaich et le Dr Abdallah Dami, chargés d’établir une expertise médicale sur 19 détenus, le rapport a qualifié les témoignages reçus des personnes arrêtées à propos du recours à la torture et autres mauvais traitements lors de leur arrestation et de leur détention de « crédibles par leur concordance et leur cohérence ». Le rapport a accusé sans ambages la Direction générale de la sureté nationale d’avoir torturé les détenus du Hirak du Rif incarcérés alors à la prison de Casablanca.

    Ce qui a agacé les milieux sécuritaires, notamment la DGSN, et a provoqué des tensions et des clash entre l’institution étatique CNDH censée défendre les droits de l’homme et les milieux sécuritaires du régime. Le rapport a été transmis ensuite aux procureurs du roi à Casablanca et Al Hoceima. Depuis, silence total. Aucune information ni sur le document du CNDH sur la torture des prisonniers du Rif ni sur lCNDH​_es résultats de l’enquête confiée à deux magistrats.

    C’est donc dans ce contexte que le leader du Hirak Nasser Zefzafi réclame la révélation de l’intégralité de ce rapport commandé en 2017. « Notre liberté et notre innocence dépendent du sérieux de l’engagement du Conseil national des droits de l’Homme à révéler l’intégralité du rapport sur les tortures et les irrégularités ayant entaché le procès ainsi que les violations précédentes des droits de l’Homme, juridiques et politiques », indique Nasser Zefzafi dans une déclaration relayée par son père sur Facebook.

    Il convient de souligner que le rapport en question a été commandé par l’ancien président du CNDH Driss El Yazami, qui, après a démissioné et a été remplacé par Amina Bouayach. Selon certains observateurs, le rapport faisant état de torture des prisonniers du Rif et l’embarras qui a causé aux services de Hammouchi était le motif de sa démission.

    Source : Le Courrier du Rif, 13 ami 2019

    Tags : Maroc, Makhzen, Hirak, Rif, CNDH, Conseil national des droits de l’homme,