Étiquette : Hirak

  • Algérie – Sale temps pour Mouâd Bouchareb : Indésirable

    En prononçant son fameux « ceux qui pensent qu’il n’y aura pas de cinquième mandat rêvent », Mouâd Bouchareb, était à mille lieues de soupçonner que ce malheureux propos allait se retourner, moins de deux mois après contre lui. Cela pour devenir une accusation, voire une marque d’infamie contre lui.

    Il est vrai que dans l’euphorie du moment, dédiée au cinquième mandat de « Fakhamtouhou » , il était difficile d’imaginer le renversement de la situation que nous vivons depuis le 22 février.

    Mouâd Bouchareb, arrivé à la tête du FLN, suite à un putsch contre le président légitime Said Bouhadja, était présenté comme l’avenir chanteur du FLN, le porte flambeau de la nouvelle génération qui marque la rupture avec la gérontocratie du parti incarnée par Djamel Ould Abbès.

    Hier à l’APN, où il a tenté de reprendre la main, après avoir été dégagé du FLN par la nouvelle direction, Mouâd Bouchareb a vécu sans doute une des pires humiliations dans son parcours politique de jeune premier.

    Voulant mettre à profit la commémoration des événements du 8 mai 45, en organisant une cérémonie à laquelle tous les députés étaient conviés, le président de l’APN n’a pas eu beaucoup de monde pour écouter son laïus. Pas de députés de l’opposition, dont une partie avait déjà démissionné. Ni aussi ceux du FLN et du RND qui avaient soutenu sa candidature au perchoir.

    C’est connu, au FLN les hommes n’ont pas de convictions mais des postures, en fonction des conjonctures. Symbole de l’ancien pouvoir comme Bensalah, Bedoui, Bélaiz, Mouâd Bouchareb est un personnage politique devenu infréquentable traversant un moment difficile.

    La question est de savoir s’il est capable de faire le dos rond en espérant un retournement de situation. Pas si sûr, car il pourrait être sacrifié sur l’autel de l’expiation des pêchés commis par Saïd Bouteflika, son mentor.

    Du FLN, où il était appelé à diriger une instance de coordination avec son ami Mustapha Rehiel, il vient d’être éjecté sans autres formes de procès par Mohamed Djamai, élu nouveau secrétaire général du FLN. « Dégagé » du FLN, Mouâd Boucherb risque de l’être de la présidence de l’APN.

    Chaque vendredi, les manifestants réclament sa tête, comme tous les autres « B » du système. Saïd Bouhadja, évincé de son poste de président de l’APN, veut profiter de l’affaiblissement de Mouâd Bouchareb pour récupérer son « bien ».

    Depuis quelques jours, il multiplie les déclarations pour dire qu’il reste « le président légitime de l’APN ». Un message subliminal à destination du nouveau pouvoir pour se faire rendre son perchoir perdu. Saïd Bouhadja, qui joue à fond la carte victimaire, a déclaré qu’il déposerait prochainement deux requêtes au Conseil d’Etat et au Conseil Constitutionnel contre Mouâd Bouchareb, qu’il accuse par ailleurs de « dilapider les deniers de l’APN », avec la complicité du secrétaire général.

    D’une pierre deux coups, veut faire le vieux Saïd Bouhadja qui veut solder son compte avec ces deux responsables de l’APN, c’est-à-dire le SG dont les jours semblent bien comptés.

    H.Khellifi

    L’Est Républicain, 10/05/2019

    Tags : Algérie, transition, armée, Mouaad Bouchareb, Hirak, APN,

  • Algérie : L’armée s’en prend aux partisans de la transition à travers la revue El Djeïch

    L’armée réitère son rejet ferme et sans équivoque de toute possibilité de recours à une transition en dehors de ce que prévoit la Constitution. Elle considère même que cette « proposition » défendue par « certaines voix » fait partie du complot visant « à entraîner le pays vers l’anarchie et le chaos ». C’est ce que l’institution militaire a fait savoir, encore une fois, à travers son organe central, la revue El Djeïch dans son édition de mai 2019, parue hier mercredi.

    Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Dans son éditorial intitulé « Clairvoyance et sagesse pour faire avorter tous les complots », le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire s’en prend violemment à ceux qu’il accuse d’être derrière « ces complots », mais aussi à l’opposition et à certaines « voix » qui rejettent « toutes les solutions disponibles et possibles ».

    Dans cet éditorial qui reprend les grands axes de la position de l’ANP défendue régulièrement par le chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, faisant clairement allusion au général Toufik, surtout, mais aussi à des partis de l’opposition et à certaines personnalités , on lira en effet que « notre pays traverse une crise que certains parmi ceux qui ont vendu leur conscience, qui n’en ont cure de l’intérêt supérieur du pays et qui vont même jusqu’à tramer des complots contre la patrie , voudraient voir perdurer en rejetant toutes les solutions disponibles et possibles, à même de permettre à notre pays de surmonter cette épreuve , et donc de couper la route aux aventuriers qui concoctent des plans et projettent de les exécuter à tous les échelons , dans le but d’entraîner le pays vers l’anarchie et le chaos ».

    Reprenant les déclarations précédentes sur ce points précis de Gaïd Salah, l’éditorialiste d’El Djeïch ajoutera : « Aujourd’hui, nul n’ignore que les exécutants de ce plan machiavélique, ceux qui leur ont confié cette tâche et ceux qui gravitent dans leur giron ont attendu, durant toutes les années passées, la moindre occasion pour le mettre à exécution en ayant recours à diverses voies et moyens .»

    Un peu plus précis encore, l’éditorialiste poursuit : « Après que le peuple algérien les a démasqués et rejetés fermement et définitivement, ils ont fait de certains canaux d’information connus et des réseaux sociaux un moyen pour tenter de réaliser des agendas douteux , en menant des campagnes méthodiques autant que tendancieuses dans le but d’abuser l’opinion publique pour distiller leurs mensonges et leurs élucubrations dans une vaine tentative de porter atteinte au lien existentiel et étroit qui unit le peuple à son armée , d’ébranler sa cohésion et la confiance mutuelle qui les anime .»

    S’en prenant à certaines parties dans l’opposition, l’éditorial d’El Djeïch affirmera : « Aussi, il n’est pas surprenant de voir que ce sont les mêmes voix qui avaient sollicité l’intervention de l’armée dans le champ politique durant les précédentes décennies qui tentent aujourd’hui, sournoisement, de l’entraîner sur cette voie en cette étape cruciale. Ceci par des voix multiples dont la plus courante est de faire pression à travers « des messages ouverts », « débats », « avis », et « points de vue » publiés dans les colonnes de certains médias , appelant à une période de transition calquée à leur mesure, durant laquelle ils se conduiront comme il leur plaira et feront passer leurs projets et les agendas de leurs parrains qui vouent à l’Algérie et à son peuple une haine et une rancœur infinies .»

    Aussi, lit-on encore dans cet éditorial, et « afin de concrétiser leurs vils desseins, ces revanchards tentent de mettre la main sur ce ‘’Hirak’’ pacifique et de prendre le train en marche pour servir leurs intérêts étroits en s’autoproclamant porte-parole du peuple, dans l’espoir de brouiller les cartes et de semer la confusion. Dans leurs manœuvres criminelles, ces mêmes parties n’oublient pas de lancer des campagnes féroces à travers certains porte-voix qui véhiculent toute leur rancœur à l’encontre de l’ANP, en lui reprochant son attitude patriotique et novembriste dont elle ne s’écartera jamais .»

    L’éditorialiste d’El Djeïch assènera même cette grave accusation : « Le comportement hystérique qui a fait perdre le nord à ces parties est essentiellement dû au refus catégorique du Commandement de notre armée de verser une seule goutte de sang de notre peuple, depuis le début des marches pacifiques, et sa détermination à faire barrage à tous ceux qui tenteraient d’ébranler la stabilité du pays et d’attenter à l’unité du peuple » rappelant , au passage, que cette position avait également été réaffirmée par Gaïd Salah.

    Dans ce même ordre d’idées, l’éditorial d’El Djeïch évoquant la grande campagne « mains propres » en cours depuis quelques jours, fera cette autre remarque , en citant une autre déclaration du chef de l’état-major : « (…) ces mêmes parties tentent de faire accroire aux Algériens que cette démarche de la justice de dépoussiérer les dossiers de corruption intervient sur ordre de l’institution militaire , dans une tentative sournoise d’entraver l’action de la justice et de saper sa détermination à continuer d’accomplir les missions qui lui sont assignées, conformément au droit et et aux lois de la République. Comment expliquer sinon que dès le lancement par la justice de l’opération d’investigation sur ces dossiers, une campagne de dénigrement a vu le jour émettant des doutes sur le sérieux de l’opération et jetant le discrédit sur l’intégrité de la justice, en prétendant qu’il s’agit d’une campagne de vengeance et de règlement de comptes .»

    L’éditorialiste conclura par réaffirmer la détermination de l’armée . « En tout état de cause, les projets et plans concoctés par cette poignée de comploteurs sont inéluctablement voués à l’échec, y compris celui visant à briser la cohésion entre le peuple et son armée. Pour sa part, l’ANP demeurera aux côtés du peuple jusqu’à ce qu’il atteigne ses objectifs et concrétise le changement attendu , comme elle demeurera mobilisée en permanence pour accompagner le peuple et le protéger des agissements d’individus dont le temps a fini par dévoiler les contours du vil complot qu’ils ont mis en œuvre contre la patrie des chouhada .»

    K. A.

    Source : Le Soir d’Algérie, 09/05/2019

    Tags : Algérie, Armée, El Djeïch, Gaid Salah, transition, Hirak,

  • Algérie : Les certitudes de l’armée

    Le Quotidien d’Oran, 9 mai 2019

    par Moncef Wafi

    L’état-major de l’ANP persiste et signe dans son refus de toute période de transition à laquelle appellent l’opposition et la rue. Dans son éditorial du mois de mai, la revue El Djeich, organe officiel de l’armée, dénonce ceux qui rejettent «toutes les solutions disponibles et possibles» qui permettront à l’Algérie de surmonter la crise politique qui la secoue.

    La même source qualifie d’«aventuristes» les tenants de cette option, les accusant de concocter des plans et projeter de les exécuter «à tous les échelons, dans le but d’entraîner le pays vers l’anarchie et le chaos». L’armée évoque ni plus ni moins un complot qui remonte, selon elle, à plusieurs années et qui comprend plusieurs niveaux de responsabilité allant des exécutants aux commanditaires en passant par leurs alliés. Et pour l’éditorial d’El Djeich, ces personnes sont connues et ce sont les mêmes «qui avaient sollicité l’intervention de l’armée dans le champ politique durant les précédentes décennies».

    L’état-major rejette, donc, catégoriquement une période de transition réclamée par le truchement de voies multiples dont la plus courante, détaille la revue, est de faire pression, à travers des «messages ouverts», «débats», «avis» et «points de vue» publiés dans les colonnes de certains médias.

    L’armée identifie ainsi et clairement ses adversaires, les partisans d’une transition en dehors des 3B (Bensalah, Bedoui et Bouchareb) qu’elle associe à des complices du complot visant à conduire le pays vers le chaos.

    A travers ces graves accusations, Gaïd Salah semble restreindre drastiquement le champ politique et le débat contradictoire, excluant de facto toute autre solution que celle de la présidentielle du 4 juillet prochain.

    Même s’il est plus que probable que le président de l’APN va être sacrifié, la feuille de route imposée par le pouvoir est refusée par les partis de l’opposition et la rue qui exigent la chute du régime en place.

    Devant ces positions tranchées, il est fort à craindre une confrontation frontale entre les deux camps retranchés et un changement dans les attitudes des uns et des autres.

    On peut aussi appréhender une restriction des libertés individuelles et des tentatives de musellement de la parole contradictoire, comme cela a été le cas avec Me Bouchachi, interdit de conférence à Blida et à Oran.

    Ce qui est certain par contre, c’est que le mouvement populaire ne donne aucun signe d’essoufflement, comme craint ou attendu, à cause du Ramadhan, et les marches des étudiants, mardi dernier, consacrent toute la détermination du Hirak d’aller au bout de ses revendications.

    Tags : Algérie, Hirak, Armée, Gaïd Salah, transition, complot,

  • Le Maroc actuel est une création de la France

    Contrairement aux mensonges véhiculés par le pseudo-historien Robert Lugan, le Maroc n’a jamais existé en tant que nation ou royaume uni. C’est cette vérité qui a permis que les puissances se permettent le partage de cette région d’Afrique du Nord dont les populations étaient organisées en petits royaumes et sultanats et en tribus indépendantes qui ne payaient pas d’impôts.

    Le Grand Maroc n’existait que dans l’imagination d’Allal El Fassi et il est le fruit de l’idéologie pan-maghrébiste qui dominait les mouvements de libération algérien et tunisien dans les années 1950 et qui furent trahis par l’alignement des autorités marocaines avec les puissances coloniales lors de la dénommée Opération Ecouvillon qui a mis fin à la résistance contre le colonialisme au Maghreb.

    Le mot « Maroc » vient du nom de la ville de Marrakech, région où se limitait le pouvoir de la monarchie alaouite. Celle-ci, menacée par les tribus de la région qui refusaient de laisser les « mécréants » s’installer en Afrique du Nord, a sollicité l’aide de la France pour mettre fin à la résistance des moudjahidine dont une grande partie venait de Smara sous la direction d’Ahmed El Haïba, l’un des fils de Cheikh Malaïnine.

    La France a profité de la capitulation alaouite pour suivre les pas du Royaume Uni au Proche Orient lors de la création de l’Arabie Saoudite qui est une autre usurpation de l’histoire, un royaume inventé de toutes pièces par la ruse et la force militaire.

    Ainsi donc, les sultans marocains se sont imposées avec l’aide de l’armée française après une guerre génocidaire qui a laissé près d’un millions de morts dans la région sous le slogan de la « pacification du Maroc ».

    Par conséquent, le Maroc n’est qu’une créature du Maréchal Lyautey. Ce dernier se trouve aussi derrière son drapeau, son hymne national ainsi que sa constitution.

    A l’instar du passé, la France continue de protéger son sultanat norafricain en vue de poursuivre son pillage des richesses marocaines. C’est la raison pour laquelle Paris soutient le roi du Maroc contre les peuples du Rif et du Sahara Occidental.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Sahara Occidental, France, protectorat, Lyautey, colonialisme,

  • Maroc : Les horreurs du Makhzen dans le Rif

    En 1958 et 1959, les habitants du Rif, une région du Nord du Maroc se soulevérent. Une terrible répression allait suivre. Des événements qui ont beaucoup de mémoire et peu d’histoire.

    Une partie de cette histoire est racontée par Tarik El Idrissi dans son documentaire « Rif 58-59 : Briser le silence ».

    De ce documentaire, nous avons choisi un passage du témoignage d’Ahmed Benseddik.

    Témoignage d’Ahmed Benseddik

    Il m’a dit : « Ils m’ont beaucoup torturé…Ils ont arraché les ongles des mains à ton grand-père et les ongles des pieds ainsi que les deux dents qui lui restaient. Cela n’est rien, mais le pire c’est qu’ils m’ont jeté par terre et l’un d’eux s’est mis à me piétiner et m’a éclaté le thorax.

    Ils ont emmené mon père du village alors que j’étais encore enfant. Il a passé quelque temps en prison. Quand je suis allé le voir, le chef esst sorti et il m’a dit : « Pourquoi es-tu venu ? ». Je lui ai dit que j’étais venu voir mon père. Il me demanda : « D’où es-tu venu ? ». Je lui ai répondu :  « De Beni Hadifa ». « Donc, tu es également de Beni Hadifa, fils de… et en plus tu oses venir ici. » Il m’a donné une bonne raclée me laissant couvert de sang.

    Sur le chemin du retour, j’ai rencontré un soldat qui a sorti une arme et m’a emmené au loin, puis il me dit : « Choisis entre deux choses : soit je te le fais, soit je te tue. » Je lui ai dit :  « Tue-moi c’est mieux ». Te faire signifie violer et moi j’étais encore enfant. Je lui dis « tue-moi, c’est mieux ». Il me dit : «creuse ta tombe parce que je vais te tuer ». Il m’a enleveé mes vêtements, je suis resté en caleçon, et je me suis mis par terre en attendant qu’il me tue. A la fin, il me dit : « Je ne veux pas te tuer, je voulais juste te violer, tu peux t’en aller maintenant ».

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression,

  • Maroc : Naufrage d’une embarcation suite à une bagarre entre migrants !

    Le bateau a chaviré à 100 mètres de la plage de Sabadia, dans la région d’Al Hoceima, alors qu’il se rendait en Espagne

    Selon le site El Faro de Ceuta qui cite une une source sécuritaire, un bateau qui se dirigeait à l’Espagne a naufragé samedi au large des côtes marocaines. Un migrant marocain a été blessé et 14 autres de la même nationalité ont sorti indemnes.

    L’embarcation a chaviré à 100 mètres de la plage de Sabadia, située dans la région de la ville d’Al Hoceima, dans le nord du Maroc, à la suite d’une bagarre entre ses occupants.

    Quatorze des occupants du bateau sont revenus à la côte en nageant, tandis qu’un autre a été sauvé par la marine royale marocaine et transféré à l’hôpital provincial Mohamed V.

    La source a déclaré que deux des migrants qui étaient indemnes ont été arrêtés par la marine et remis à la police judiciaire.

    Selon le compte Twitter Arif Tweets, qui a rapporté le naufrage les passagers de cette embarcation sont des Rifans qui veulent échapper à la répression du Makhzen et certains entre eux ont péri dans leur tentative.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, migration, répression,

  • Algérie : Des dossiers très lourds dans les affaires de corruption

    C’est devenu maintenant une tradition que de voir Ahmed Gaïd Salah enchaîner les interventions publiques chaque mardi, pour s’exprimer sur la crise politique que traverse l’Algérie.

    Son dernier discours prononcé le 30 avril dernier à l’Ecole des troupes spéciales de Biskra, même s’il comporte quelques nouveautés, ne déroge pas non plus à la règle que s’est imposée le chef d’Etat-major, dans un rôle qu’il ne semble pas maîtriser parfaitement.

    A force de multiplier les discours, il a fini par se compliquer la mission, que certaines parties n’hésitent pas à qualifier d’ingérence dans un domaine face auquel l’Etat-major de l’ANP aurait dû garder ses distances.

    Dans son premier discours, le même jour, il a tout simplement fermé toutes les issues devant une solution en dehors de la Constitution.

    Quelques heures plus tard, il a subitement changé de ton, pour vanter les vertus du dialogue. « Je demeure entièrement convaincu qu’adopter le dialogue constructif avec les institutions de l’Etat est l’unique moyen pour sortir de la crise », a-t-il déclaré, reconnaissant implicitement que les conditions d’un scrutin présidentiel conformément à la Constitution sont loin d’être réunies.

    Plus que conscient des difficultés qui font obstacle à la tenue des élections, le 4 juillet prochain, il s’est abstenu de préciser la date du scrutin, tout en insistant sur la détermination de l’armée à ne pas « s’écarter de la voie constitutionnelle, quelles que soient les conditions et les circonstances.

    Quiconque prétend le contraire fait preuve d’ingratitude envers l’armée », a-t-il martelé. Sachant que son discours, qui a été critiqué par les étudiants, sortis en masse manifester dans plusieurs villes, ne va pas emballer les Algériens, dont l’objectif est le départ du régime et de ses têtes, il axé l’essentiel de second discours sur la lutte contre la corruption.

    Selon lui, les services du MDN disposent de dossiers de corruption « très lourds », portant sur des montants astronomiques. Le général de corps d’armée, dont les propos ont été rapportés par la chaîne A3 de la télévision nationale, a assuré avoir pris connaissance « personnellement » de la teneur de ces dossiers, qui, a-t-il précisé, ont été mis à la disposition de la Justice, maintenant que celle-ci s’est libérée des « pressions ».

    Pour le chef d’État-major, le traitement de ces dossiers ne saurait attendre, au risque de voir les personnes impliquées échapper à la Justice.

    Dans le même contexte, il a promis de « nettoyer l’Algérie des corrompus et des corrupteurs ; mais aussi de ceux qu’il a qualifiés d’ « arrivistes, qui ont profité des richesses du pays à bien des égards et veulent aujourd’hui donner des leçons à l’ANP et à son commandement ».

    Qui sont-ils et quel est le rapport entre ces « prédateurs » et « ceux qui veulent entraîner l’Algérie vers le vide constitutionnel en déstabilisant le pays » ? Il n’a donné aucun détail, mais a tenu à préciser que « les services de sécurité se sont chargés de mettre ces dossiers à la disposition de la Justice, pour les étudier et pour poursuivre tous ceux qui sont impliqués ».

    Ahmed Gaïd Salah a parlé d’ « un consensus national perçu à travers les slogans scandés lors des marches de vendredi », tout en évoquant « certaines parties, qui œuvrent à semer les graines de la discorde en conformité avec leurs intérêts étroits et ceux de leurs commanditaires ».

    Qui sont ces parties, qui agissent librement sans être gênées, et qui sont leurs commanditaires que le chef d’Etat-major donne l’impression d’avoir identifiés ? Ces adversaires ne vont pas manquer de l’accuser d’entretenir le suspense afin de gagner du temps.

    Quoi qu’il en soit, devant une classe politique amorphe et opportuniste, il ne risque pas d’être embarrassé.

    Mohamed Mebarki

    Source : L’Est Républicain, 2 mai 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, Gaïd Salah, corruption,

  • Algérie : Quelle saveur aura le Ramadhan ?

    En ces temps d’incertitudes politiques, il serait certainement malvenu de parler de consommation. Mais, il n’échappe à personne que nous sommes à quelques jours seulement du mois du Ramadhan où la consommation des ménages prend des allures particulières. Entendons-nous d’abord sur le fait que ce mois est celui de la piété et de la surconsommation. Cela peut paraître contradictoire. D’ailleurs, tous les Algériens abordent cette question avec la lucidité qu’il faut en rappelant les vertus spirituelles du mois sacré. Il relève également l’ «art de la table» des Algériens en cette période de l’année. Mais les circonstances de ces deux derniers mois pourraient faire pencher la balance vers la sagesse, compte tenu, le contexte politique et sociale de l’heure.

    Il faut reconnaitre, cependant, que le discours des religieux, très largement relayé par les médias et «radio trottoir», n’a pas de prise sur le comportement des Algériens. Ces derniers qui font la queue devant les étals de marché avant l’Adhane, déroulent chez-eux, des tables garnies à l’Iftar et «investissement» les mosquées, dans le respect de la pure tradition. Cela ne les empêchera pas de fréquenter, jusqu’à tard dans la nuit, à apprécier, pour certains, des récitals musicaux. En sera-t-il de même, cette année ou le mouvement populaire imprimera-t-il ce mois sacré ?

    En tout cas, force est de constater qu’il y’ a donc dans l’attitude de l’Algérien vis-à-vis du Ramadhan une part festive, une autre spirituelle et bien entendu, une dimension consommation. Faisons de ce mois sacré une belle occasion pour donner à la spiritualité, essentielle dans toute religion, une dimension, disons humainement acceptable. Y ajouterons-nous la politique?

    Difficile de répondre à cette question, mais il est jusque là constaté que la société répond aux extrémistes de tout bord et élève le Ramadhan à un niveau hautement culturel. De sorte à procurer un réel plaisir aux musulmans et créer une fascination positive auprès des nons musulmans. Combien de Français, Américains, Japonais ou autres ont découvert le « vrai » Ramadhan ici en Algérie. L’Algérien qui met en avant sa grande tolérance envers les étrangers, parle de ce mois sacré avec une telle intensité que ses interlocuteurs tentent l’expérience du jeûne, juste pour sentir ce que l’Algérien dit avec ses mots à lui.

    Par Nabil.G

    Source: Ouest Tribune, 1er mai 2019

    Tags : Algérie, transitionm article 102, Hirak, Ramadhan,

  • Le désespoir de l’axe atlanto-sioniste en Algérie

    L’Algérie comme cible prioritaire de l’internationale sioniste est un secret de polichinelle. A ce jour, le trio Français, Marocain et sioniste à Tel Aviv a utilisé tous les moyens pour créer les conditions d’une déstabilisation majeure du pays avec la complicité d’éléments algériens internes et externes au pays. George Soros, le milliardaire américano-sioniste, est le financier principal des dits « printemps arabes » mais également celui de l’opération mise en place qui tente de surfer sur la vague de contestation algérienne pour faire basculer le pays dans la tourmente. Les instruments algériens utilisés viennent de différents horizons et sont pour certains manipulés à leur insu.

    Une partie de ces instruments est utilisée pour piller les ressources du pays et font partie de l’administration, des milieux financiers et économiques ou de puissants réseaux à l’intérieur des institutions de pouvoir. D’autres gravitent dans l’espace politique, culturel ou même dans les médias. Il faut y ajouter un certain nombre de personnes inconnues qui ont gagné en popularité grâce à la prolifération des réseaux sociaux.

    Tout ce groupe hétérogène travaille aujourd’hui avec des réseaux très puissants créés sous la direction de l’empire atlanto-sioniste avec le soutien et les conseils des États-Unis, de la France, du Maroc et de la colonie sioniste en Palestine. À cet égard, ce n’est un secret pour personne que l’intense activité, pendant plusieurs mois avant le début des manifestations en Algérie, de l’ambassadeur des États-Unis, John B. Desrocher, à Alger est similaire à l’activité de l’ambassadeur américain Robert Ford en Syrie avant sa dévastation à partir de 2011.

    N’oublions pas également la trop grande proximité des ambassadeurs français en Algérie avec les renseignements extérieurs français, la DGSE. Deux des trois derniers ambassadeurs en sont devenus les patrons, Bernard Bajolet et Bernard Émié qui n’était pas le dernier à faire de l’ingérence en Algérie. Pour faire court, deux espions qui se succèdent presque à la tête de la plus importante Ambassade de France dans le monde. Et les deux sont remplacés par Xavier Driencourt, également pas très éloigné de la DGSE. Il est celui qui était avant eux entre 2008 et 2012 puis revient en 2017. Du très rare dans la tradition diplomatique !

    L’Algérie est aujourd’hui au carrefour de son histoire. Le peuple algérien est confronté à un tournant historique mais peut compter sur tous les éléments patriotes au sein des forces armées et du renseignement ainsi que sur les éléments intègres qui pullulent dans tous les secteurs d’activité. Il est à la veille de retrouver son indépendance car il constitue le rempart du futur président qui prendra des décisions souveraines faisant prévaloir l’intérêt supérieur du peuple algérien et fera sortir l’Algérie de la tutelle américano-française à tous les plans, qu’ils soient politiques, économiques ou stratégiques.

    Dans ces conditions, quel sera l’avenir des intérêts américains et français lorsque le peuple algérien prendra conscience du plan infernal concocté sous l’égide et avec la bénédiction de ces deux états? Et quel sera l’avenir de la France si les milliers d’universitaires algériens quittaient en masse la France pour reconstruire l’Algérie ? Quid de la santé en France par exemple ? Il suffit juste de savoir le nombre impressionnant de médecins algériens en France pour comprendre l’extrême gravité du basculement algérien quant à l’avenir incertain de la France !

    C’est aujourd’hui probablement le plus grand cauchemar français qui nécessite au plus haut niveau de l’État d’installer deux cellules de crise, selon un expert algérien des questions stratégiques, la première au Ministère des Affaires Étrangères et la seconde au Ministère de la Défense. Cellules de crise au plus haut niveau d’un état sous tutelle sioniste pour un pays étranger dit souverain ? Pour qui sait ce que signifie une cellule de crise au plus haut niveau d’un état…

    Le plan de déstabilisation de l’Algérie dévoilé

    L’Algérie sur la fracture sismique entre la volonté du peuple et les centres opérationnels occidentaux.

    Il est vrai que le mouvement populaire algérien est pacifique, discipliné, civilisé et est par ailleurs totalement engagé dans la préservation du prestige de l’État algérien fondé sur le sacrifice d’un million et demi de martyrs, ainsi que sur son rôle contre l’impérialisme et ses outils dans le Monde Arabe. A la tête de ces outils le mouvement sioniste et sa création Israël. Sauf que les forces coloniales et sionistes, les États-Unis et Israël en particulier, veulent totalement inverser cette tendance par la destruction de l’état algérien pour le punir de son refus de céder les richesses du pays et du peuple au colonisateur américain ou français, ou aux deux. Tout comme il refuse toute idée de se rapprocher ou de dialoguer avec l’État colonial israélien qui a volé la Palestine et chassé ses habitants de leur terre 70 ans plus tôt.

    Par Muhammad Sadegh Al-Husseini

    Et, selon une source du renseignement spécialisée dans l’analyse des mouvements populaires à travers le monde, et après analyse des agissements américano-sionistes hostiles à l’Algérie, il apparaît ce qui suit :

    Premièrement : un Centre opérationnel principal a été mis en place à Rabat au Maroc pour gérer la « révolution » en Algérie. Il est composé de quatre officiers du renseignement américain et de six officiers du renseignement marocain, ainsi que de douze « experts de la subversion » serbes, membres de l’organisation « OTPOR« , créée dans les années 1990 et financée par les États-Unis. Une organisation qui a vu le jour dans les années quatre vingt dix à l’Université de Belgrade. Son but était de renverser le régime du président Slobodan Milosevic, survenu en 2001.

    Huit algériens d’obédience islamiste, formés par « Otpor » au Maroc pendant six mois au deuxième semestre de 2018, sous la supervision d’officiers de renseignement américains, font également parti de l’opération à Rabat.

    La mission de ce Centre est de coordonner toutes les opérations actuelles et futures en termes de planification, de financement, d’approvisionnement et de fourniture pour certaines parties impliquées dans le mouvement algérien actuel et en contact avec ce Centre. Ceci dans le but de créer le chaos et de pousser à des affrontements avec les forces de sécurité algériennes afin de parvenir à des conditions favorables à la transformation du mouvement pacifique en affrontements armés. C’est-à-dire de transformer le cours des événements en les réorientant ainsi que ses objectifs afin d’atteindre le but premier.

    Deuxièmement : Deux centres opérationnels avancés ont été mis en place pour exécuter les plans du Centre opérationnel principal. Le premier dans la ville de Oujda, dans le nord-est du Maroc, près de la frontière algérienne, dirigé par onze officiers américains, marocains et serbes ainsi que trois éléments algériens.

    Le deuxième centre opérationnel a été installé dans la ville d’Errachidia, à environ 80 kilomètres de la frontière algérienne. Il est dirigé par huit officiers des nationalités citées précédemment, ainsi que par deux officiers du renseignement militaire français.

    Troisièmement : l’entraînement militaire se déroule dans trois camps de base spécialement créés à cet effet, dont deux se trouvent au Maroc.

    Le premier camp est situé à 28 kms à l’est de la ville de Laâyoune (Ndt au Sahara Occidental) et compte actuellement 362 éléments, essentiellement des Algériens ainsi que 28 formateurs et administratifs.

    Le deuxième camp d’entraînement est situé au nord-est de la ville de Smara (Ndt Sahara Occidental), dans le sud-est du Maroc, à proximité d’un triangle frontalier algérien, marocain et mauritanien, à cinquante-quatre kilomètres de distance. Le camp compte actuellement 284 éléments et 18 formateurs et administratifs.

    Le troisième camp est situé sur le territoire mauritanien, à 34 kilomètres au sud-ouest de la ville de Bir Moghreïn, près de la frontière nord-ouest de la Mauritanie avec le Maroc. Ce camp est composé de 340 éléments ainsi que de 46 formateurs et administratifs.

    Quatrièmement : la source a également souligné l’existence d’une coopération étroite, en particulier dans les domaines de l’approvisionnement et de la logistique, avec le mouvement tunisien Ennahdha. Ainsi, les groupes algériens, associés à certaines organisations islamiques en Algérie, ont établi deux points d’appui en Tunisie.

    Le premier est situé près de la ville de Kef, au nord-ouest de la Tunisie, près de la frontière algérienne.

    Le deuxième est au sud de la ville frontalière tunisienne de Jendouba qui est située au nord-ouest de Tunis, à environ 50 kilomètres de la frontière algérienne.

    A noter que toute cette organisation n’a pas débuté avec le commencement du mouvement en Algérie, mais tout a été mis en place depuis une année.

    C’est-à-dire que l’alliance américano-sioniste planifiait et se préparait à exploiter tout mouvement de contestation populaire en Algérie, quel que soit sa nature et la nature des forces qui les soutiennent et les dirigent pour le détourner et transformer son cours en confrontations conduisant à la propagation du chaos et de la destruction en Algérie. Cela est confirmé par la participation de Steve Bannon, conseiller de Trump lors de sa campagne électorale et son conseiller stratégique lorsqu’il a été élu président. Bannon a ouvert depuis quelques mois un bureau à Bruxelles pour organiser des révolutions colorées en Europe. Nos informations confirmées indiquent que le célèbre milliardaire américain George Soros est impliqué dans le financement de toutes les opérations mentionnées, y compris dans l’achat d’armement pour les fournir aux éléments déjà cités.

    En ce qui concerne les perspectives d’évolution de la situation en Algérie, la source d’information précisera les points suivants :

    1) La direction de l’armée a le plein contrôle sur tous les aspects de la vie en Algérie, en ce sens qu’aucune menace ne pèse sur le pays au point de faire basculer les manifestations populaires vers une violence destructrice. L’armée en effet comprend les revendications populaires et les fait siennes en ouvrant la voie à la liberté d’expression dans l’intérêt national du pays.

    2) La direction de l’armée reportera les élections présidentielles à la fin de cette année, dans un cadre juridique appropriée, après le retour du président Bouteflika au pays. Par la suite un dialogue national exhaustif sera installé qui conduira à la convocation de nouvelles élections conduisant à l’élection d’un nouveau président civil qui sera soutenu par l’armée.

    3) Le nouveau président algérien, selon les informations dont nous disposons, mettra en œuvre un programme de réforme de transformation radicale, organisé et totalement maîtrisé, et non un programme de choc tel qu’appliqué par l’ancien président Boris Eltsine en Russie au début des années quatre vingt dix.

    4) L’objectif du programme est de procéder à des réformes économiques qui préservent la richesse du pays du pillage des multinationales américaines et européennes, ce qui permettra de mettre fin à l’influence de la coalition constituée de certains grands chefs d’entreprises algériens et de certains anciens hauts dirigeants et responsables des services de sécurité et de l’armée.

    5) Agrandir l’espace des libertés politiques dans le pays avec en parallèle un développement économique, afin d’élargir au maximum la participation populaire à la vie politique dans le pays. Le but est de parvenir à une stabilité politique fondée sur la prospérité économique des citoyens.

    6) La direction de l’armée trouvera une sortie honorable pour le président Bouteflika et lui rendra un hommage à la hauteur de son passé militant avant les prochaines élections.

    Traduit de l’arabe par M.C.Belamine

    Source : frontièresblog, 17 avril 2019

    Tags : Algérie, article 102, hirak, sionisme, maroc, france,

  • Algérie : Saïd Bouteflika voulait limoger Gaïd Salah

    Révélations du général Nezzar : Saïd Bouteflika voulait limoger Gaïd Salah

    Saïd Bouteflika projetait de démettre Gaïd Salah de ses fonctions au moment où ce dernier est entré en lutte contre le clan présidentiel. C’est en substance l’une des informations capitales à retenir dans le témoignage apporté hier par l’ancien ministre de la Défense au sujet des derniers jours du règne des Bouteflika.

    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Dans leur globalité, les révélations, car s’en est, tendent à démontrer l’intensité de la lutte qui faisait rage au sommet au moment où le pouvoir ébranlé tentait de faire face à la colère des Algériens déterminés à ne plus se taire.

    Le témoignage de Khaled Nezzar cible l’homme fort des Bouteflika, Saïd, conseillé de l’ancien Président et détenteur, dit-on, de tous les pouvoirs depuis la maladie invalidante de son frère Président. Jusqu’aux derniers moments, celui-ci menait une lutte acharnée destinée à contrecarrer la révolution qui s’est mise en place et torpiller le plan mis en place par le chef d’état-major pour accélérer la démission de l’ancien Président. Khaled Nezzar affirme témoigner «pour l’Histoire» et «pour dire jusqu’où était décidé à aller cet homme qui ne voulait pas comprendre, qui ne voulait pas imaginer, que le rideau était définitivement tombé».

    Dans cet état d’esprit, il multiplie les tentatives, et prend par deux fois (le 7 et le 30 mars) attache avec le général à la retraite lui demandant ses conseils durant les moments cruciaux. «Jusqu’à la fin du mois de mars, Saïd Bouteflika était prêt à tout, y compris instaurer «l’état de siège», pour ne pas céder le pouvoir malgré les manifestations populaires massives qui secouaient le pays», témoigne-t-il. Il ajoute que «jusqu’à la dernière minute, le porte-parole du Président – son frère Saïd – s’est accroché au pouvoir, multipliant les tentatives de diversion, les manœuvres, les manigances désespérées pour garder la haute main sur les affaires du pays».

    De la rencontre du 7 mars, il garde cependant l’image d’un «homme visiblement dans le désarroi». A la question de savoir quelle décision adéquate pouvait être prise en de telles circonstances, l’ancien général soumet deux propositions allant dans le sens des revendications exprimées par le mouvement populaire.

    En substance, elles se résument à fixer une échéance à l’étape de transition proposée dans la première lettre de Bouteflika et à remplacer le gouvernement Ouyahia par une équipe de technocrates, ou, en second lieu, le retrait du Président par démission ou invalidation par le Conseil constitutionnel et mise en place de commissions indépendantes préparant les futures élections et instruments pour aller vers une deuxième République. Il suggère également la démission du président du Conseil constitutionnel et ceux des deux Chambres du Parlement.

    Saïd Bouteflika refuse la démission de son frère Président, celle de Taïeb Bélaïz, celle de Bensalah et Moad Bouchareb. Il les qualifie de «dangereuses pour eux». Face à lui, l’ancien général demande : «Et si cette énième lettre était rejetée, que feriez-vous ?». La réponse est choquante : «Ce sera l’état d’urgence ou l’état de siège.» «J’étais surpris par tant d’inconscience. Je lui répondis : « Si Saïd, prenez garde, les manifestations sont pacifiques, vous ne pouvez en aucun cas agir de cette manière ! » A cet instant, je me suis rendu compte qu’il se comportait comme le seul décideur et que le Président en titre était totalement écarté», écrit l’ancien ministre de la Défense.

    Le second échange entre les deux hommes se déroule lors d’une conversation téléphonique survenue quelques jours après l’annonce, par Bouteflika, du report de l’élection présidentielle et de sa décision de renoncer à un cinquième mandat.

    Dans le pays, les évènements se sont accélérés. Le chef d’état-major, qui comptait parmi les fidèles du Président, venait de lâcher son ami exigeant de lui une démission immédiate en réponse au Hirak. Bouteflika et sa famille résistent, mais Gaïd Salah revient à la charge une seconde fois et demande l’application, sans tarder, de l’article 102. Les deux interventions publiques ont été précédées d’importantes réunions au sein de l’état-major. Les principaux chefs militaires mais aussi le chef de la Garde républicaine (jusque-là acquis à Bouteflika) assistant au second conclave. Saïd Bouteflika perd pied à ce moment, fait part de ses inquiétudes «d’être arrêté à tout moment» et projette dès lors d’écarter Gaïd Salah.

    «Le 30 mars, vers 17 heures, nouvelle tentative du même Saïd Bouteflika pour me joindre, cette fois-ci au téléphone (…) Au son de sa voix, j’ai compris qu’il était paniqué. Il me dit que le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’ANP était en réunion avec des commandants des forces et qu’il pouvait agir contre Zéralda d’un instant à l’autre. Il voulait savoir s’il n’était pas temps de destituer le chef d’état-major. Je l’en dissuadai fortement au motif qu’il serait responsable de la dislocation de l’armée en cette période critique».

    Saïd Bouteflika a-t-il tout de même tenté d’écarter le chef d’état-major ? La confusion ayant régné tout le long de la nuit allant du 1 er au 2 avril laisse penser que la tentative a bel et bien eu lieu. Deux communiqués bizarres postés ce soir-là sur Facebook ont attiré l’attention. Le premier émanait de la présidence de la République et annonçait le limogeage de Gaïd Salah.

    A quelques minutes d’intervalle, un second communiqué officiel émanant du ministère de la Défense démentait l’information. La confusion avait alors atteint son comble. Par son témoignage, Khaled Nezzar lève probablement un coin du voile qui occulte les faits de la terrible guerre des clans qui s’est produite à ce moment-là.

    De manière directe, il enfonce aussi gravement Saïd Bouteflika au moment où celui-ci se trouve particulièrement ciblé par la rue.

    A. C.

    Source : Le Soir d’Algérie, 30/04/2019

    Tags : Algérie, transition, article 102, Saïd Bouteflika, Gaïd Salah, armée, Hirak,