Étiquette : Hirak

  • Algérie : Ouyahia et Sellal enfoncent Bouteflika

    Les deux anciens Premiers ministres ont chargé lourdement l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika hier à la cour d’Alger où ils comparaissaient lors du procès en appel de l’automobile. Abdelmalek Sellal n’a pas hésité à demander la présence de l’ex-chef d’État, défendant son «ami» Ahmed Ouyahia qui, comme lui, n’a fait, dit-il, qu’appliquer un programme officiel.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Sellal a répondu aux premières questions du juge en déclarant, donc, qu’il était chargé d’appliquer un programme gouvernemental adopté par le Parlement.

    «J’étais chargé de veiller à son application, dit-il. Le premier responsable, c’est Bouteflika, c’est lui qui devrait normalement être ici pour témoigner, il est vrai que le Président était malade, mais il supervisait absolument tout à travers son frère».

    «Chaque secteur a ses activités, moi j’étais chargé de superviser (…) Aujourd’hui, on m’accuse de corruption, j’aimerais mourir.» Sellal va plus loin dans ses déclarations, affirmant, cette fois, que Abdeslam Bouchouareb échappait à tout contrôle du gouvernement : «j’ai demandé, poursuit l’ancien Premier ministre, à ce qu’il soit isolé car je ne parvenais pas à le contrôler.»

    Question : «Qui a désigné Bouchouareb ?» Réponse de l’ancien Premier ministre : «Abdelaziz Bouteflika.» Lorsque le juge lui demande ensuite les raisons pour lesquelles il n’a pas démissionné dans une telle situation, Sellal répond : «Lorsqu’un haut responsable en fonction à l’époque a osé parler et dénoncer ce qui s’est passé, ils l’ont humilié, chassé de poste et emprisonné son fils, ce dernier a mangé des lentilles et des haricots avec nous en prison.» L’allusion à Abdelmadjid Tebboune et son fils est on ne peut plus claire. Lors de son procès, mercredi dernier, Khaled Tebboune avait affirmé avoir été emprisonné deux années durant pour avoir reçu deux bouteilles de parfum de Kamel Chikhi qui l’avait convié à visiter le nouveau siège de sa société.

    Ahmed Ouyahia s’est, lui aussi, défendu en affirmant que toutes les décisions émanaient de la présidence de la République. Aux différentes questions du juge, il répond : «J’ai été quatre fois Premier ministre, j’étais chargé d’appliquer un programme (…) ce n’est pas le chef du gouvernement qui offre des avantages mais les lois du pays.»

    L’ancien Premier ministre s’est également plaint qu’après «quarante ans de services, vous nous accusez de corruption et de blanchiment d’argent. Nous n’avons fait qu’appliquer un programme officiel.» «Mon épouse, poursuit-il, n’a pas de société, quant à mon fils, il a une société montée grâce à l’Ansej, où est le blanchiment d’argent là-dedans ?» Après une longue série de questions-réponses sur les modalités d’octroi des projets aux concessionnaires automobiles, il annonce avoir « demandé au Président Bouteflika d’établir une loi contre la corruption, il a refusé !» La journée d’hier a été également consacrée à l’audition de Youcef Yousfi.

    Ce dernier est allé, lui aussi, beaucoup plus loin dans ses déclarations que durant le premier procès où il s’est suffi, en quelque sorte, de répondre du mieux qu’il pouvait aux questions du juge de Sidi-M’hamed.

    L’ancien ministre de l’Industrie estime avoir été lésé, déshonoré lui et sa famille par un dossier dans lequel il se dit innocent. Il a évoqué des décisions émanant des plus hautes autorités du pays, il accuse également l’ancien ministre de l’Industrie d’avoir agi à sa guise pour mettre en place des mécanismes flous. «En prenant mes fonctions, poursuit Yousfi, je n’aurais jamais cru en arriver à une telle situation ni être accusé d’avoir porté atteinte aux intérêts de mon pays.»

    Nouvelle stratégie de défense ou révolte à l’égard de ce qu’ils considèrent comme étant une injustice face à l’impunité de l’ancien chef d’État qu’ils considèrent comme étant le premier responsable de tous les faits qui leur sont reprochés ? Hier, leurs propos étaient, en tous les cas, loin d’être passés inaperçus. Conduiront-ils pour autant à la convocation de Abdelaziz Bouteflika ?

    Le Soir d’Algérie, 2 mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Bouteflika, Abdelmalek Sellal, Ouyahia,

  • La nouvelle Algérie de la citoyenneté

    La lutte contre la corruption se poursuit sans relâche dans la nouvelle Algérie du changement global et profond revendiqué par le peuple avide de liberté et de dignité. Telle est la mission «aussi lourde que les montagnes et aussi vaste que le désert» dévolue, sous l’œil vigilant du hirak, à la justice libérée des pesanteurs d’un régime autocratique et prédateur et appelée à consacrer le «droit de citoyenneté» dans «une Algérie des droits de l’homme où la justice occupe une place éminente».

    Le message de confiance, délivré par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, lors de la réunion des présidents des cours et des procureurs généraux avec les cadres centraux du ministère, traduit une volonté inébranlable de combattre le fléau de la corruption «sous ses formes» et d’œuvrer à la moralisation de la vie publique entachée, deux décennies durant, par «une collusion criminelle entre l’argent sale et le monde politique».

    Des «acquis reconnus par tout un chacun», concrètement exprimés par le démantèlement d’une oligarchie sans foi ni loi, façonnent le nouveau visage du système judiciaire interpellé par l’urgence d’une adaptation à une aussi «lourde mission». Une réforme globale est ainsi préconisée par le ministre de la Justice pour une optimisation des ressources humaines, la modernisation des instruments et une révision des textes juridiques.

    «La scène nationale connaît depuis plus d’une année une dynamique inédite appelant, haut et fort, à des réformes globales des institutions de l’Etat et à la moralisation de la vie publique au service des fondements de l’Etat démocratique et à la préservation des droits et libertés», a déclaré le ministre.

    La mue de la justice au service des citoyens est fondamentalement tributaire de la qualité de l’appareil judiciaire et du passage sans tarder à l’ère du «tout-numérique» conçu comme «la pierre angulaire» de la réforme judiciaire. Le défi est déterminant pour un secteur sur lequel reposent tous les espoirs de changement.

    Horizons, 1er mars 2020

    Tags : Algérie, Hirak,

  • Solidarité avec Nasser Zafzafi, Nabil Ahmajik et le mouvement populaire Rifeño, Al Hirak

    Source: Secrétariat permanent du Comité confédéral de la CGT

    De la Confédération générale du travail, nous exprimons notre solidarité et notre soutien à nos camarades Nasser Zafzafi et Nabil Ahmajik, deux militants du mouvement populaire Rife, Al Hirak, en grève de la faim depuis mercredi dernier dans les prisons du régime dictatorial du Maroc, partenaire privilégié de l’Union européenne

    Nous condamnons fermement les violations constantes de la dictature marocaine des droits de l’homme et la complicité manifeste de ses partenaires, la France et l’Espagne, deux acteurs fondamentaux de la crise qui traverse le pays, et notamment la région du Rif.

    Nous réitérons notre soutien et notre solidarité avec les familles des prisonniers politiques du mouvement populaire Rif, leur porte-parole Ahmed Zafzafi, objet de fausses accusations et harcèlement continu par les forces répressives marocaines, ainsi que le reste des prisonniers d’opinion au Maroc, victimes du régime dictatorial du Maroc et de l’indifférence de ces institutions qui prétendent lutter pour les libertés et la démocratie.

    LIBERTÉ ET RESPECT DES DROITS HUMAINS ET SOCIAUX DU PEUPLE RIFAIN

    Source : CGT, 27 fév2020

    Tags : Maroc, Hirak, Rif, Nasser Zefzafi, Nabil Ahmajik,

  • Intervention de M. Ghalbouni Abdel au parlement européen sur la question rifaine

    J’espère du fond du coeur, que vous ne prenez plus pour des idiots en Europe. Vous les européens , vous le savez pertinemment , que le maroc ne contribue en rien dans ce qu’on appelle la guerre globale contre le terrorisme , celui qui aide les saoudiens dans l’assassinat d’être humaines , la-bas , il les tuent dans le RIF.

    Je suis né en 1958 , et je sais que la situation n’a pas changé depuis 1958 jusqu’à ce jour.

    Deuxio , l’Europe , connait tout du régime marocain, dans les moindres détails.

    Je voudrais insister sur une question. Quand vous évoquez le partenariat, la coopération, avec le Maroc, dans la guerre globale contre le terrorisme , soit ! Personnellement, j’en doute et je mets un point d’interrogation !
    Quant à la guerre contre le trafic de drogue, le régime exporte partout ses produits, [en toute impunité] à l’est comme à l’ouest.

    Tout le régime marocain , son centre de pouvoir, ses politiques, et ses institutions, oeuvrent jour et nuit, dans l’exportation de la cocaïne , le hachich et tout.

    Je tiens à m’adresser à Kati( Piri) et Marie christine ( Vergiat) quel est le bilan de tout ce travail, de cette coopération, tandis que nos frères dans les prisons, dans les rues, et assiégés à Al hoceima, ? Quel est le résultat ?
    Je dis et réaffirme : Nos frères, les prisonniers, dans toutes les prisons marocaines, et nos frères assiégés dans le RIF … nous, dans la diaspora, nous en sommes malades.

    Les ressortissants marocains, de l’Espagne… qui nous a dispersé ici ? qui nous a forcé à venir ici ? N’est ce pas le régime marocain ? qui nous a dispersé ?.

    S’il était un régime démocratique libre, qui respecte l’être humain, qui redistribue les richesses , à tous les citoyens marocains, nous ne serions pas ici , Piri et Marie-Christine , seraient des émigrés à Al Hoceima. 


    Je tiens à conclure, ici dans cet endroit respectable, qui a été construit avec le sang des européens.

    Vous les européens , vous avez souffert de la religion, et de toutes les vicissitudes. Par vos sacrifices, vous êtes parvenues, à la démocratie.

    La France et l’Espagne nous tuent en ce moment, car la France et l’espace ont des intérêts.

    L’Espagne nous a vendu aux français, et a présent , un peuple , les Arabes, nous tuent jour et nuit, et personne ne bouge le petit doigt, et nous , depuis Al Hoceima, nous sentons la liberté et la dignité, en Europe.

    Depuis Al Hoceima, nous sentons la liberté et la dignité en Europe, ils meurent.

    Je termine, en disant que nous avons 40 cadavres dans la mer Méditerranée, et personne n’en parle !

    Toutes mes salutations aux rifains d’Europe, espérions que nous unifierons nos rangs, nos actes et nos discours, et poursuivre notre lutte pour la libération de tous les détenus politiques rifains.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Parlement Européen, PE,

  • Tebboune à Russia Today :  » L’Algérie aspire à renforcer ses relations avec la Russie »

    Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie aspirait à renforcer ses relations avec la Russie pour les hisser au niveau de l’entente et du rapprochement politiques entre les deux pays. Lors d’une entrevue accordée à la chaîne de télévision « Russia Today Arabic » diffusée vendredi, M. Tebboune a déclaré: « Nous souhaitons hisser nos relations avec la Russie, qui est quasiment un pays frère et non ami seulement, au niveau de l’entente politique et de la similitude des principes de libération », ajoutant vouloir voir ces liens franchir une nouvelle étape « pour le renforcement des relations économiques et culturelles avec ce pays auquel nous vouons estime et respect ».

    Dans ce sillage, le Président de la République a indiqué que l’Algérie était honorée de tisser des liens étroits avec la Russie, pays au legs historique et culturel, qui soient à la hauteur du rapprochement politique et de la convergence des vues entre les deux pays. « L’Algérie n’a et n’aura aucun problème avec la Russie, vu que nous partageons les mêmes principes », a-t-il soutenu. Dans le cadre des démarches communes visant le renforcement des relations bilatérales, le Président Tebboune a indiqué avoir reçu une invitation de son homologue Vladimir Poutine pour une visite en Russie, ajoutant que cette visite, qui le « réjouit », a dû être ajournée en raison de son agenda « chargé ».

    A une question sur le retour de la diplomatie algérienne au-devant de la scène internationale, à la faveur d’une intense activité, M. Tebboune a affirmé que l’Algérie, « par sa crédibilité et son intégrité », est « apte à jouer le rôle de médiateur » et « sa démarche est désintéressée car procédant des principes de sa Glorieuse révolution du 1er Novembre », rappelant « la grande expérience de l’Algérie dans ce domaine, notamment en matière de médiation et ce depuis l’indépendance ».

    « Le retour de la diplomatie algérienne est une revendication populaire, issue de la profonde conviction des Algériens en les vertus de l’unité, particulièrement lorsqu’il s’agit de nos frères (…). Il nous est difficile de voir un peuple arabe souffrir et de ne pas agir. Le cas est le même pour des peuples non arabes, la diplomatie algérienne est connue pour son rôle dans plusieurs questions à travers le monde (Timor Oriental, Sao Tomé et Principe, l’apartheid en Afrique du Sud, la question palestinienne, le Sahara occidental ainsi que le dossier libyen), a-t-il souligné.

    Pour le dossier libyen, le Président Tebboune a estimé que « les démarches de l’Algérie pour le règlement de la crise dans ce pays frère obéissent certes aux dénominateurs communs entre les deux pays et peuples, algérien et libyen, comme la langue, la religion et le voisinage mais surtout à un devoir de reconnaissance +inoubliable+ pour le peuple algérien à l’égard du peuple libyen à savoir son soutien à notre Guerre de libération nationale ».

    Quant aux nombreuses visites de responsables étrangers en Algérie, le Président Tebboune, a précisé que l’Algérie, partant de son principe de non alignement, veillait à « observer l’équidistance vis-à-vis de tous les protagonistes et tous les intervenants dans n’importe quelle question », assurant que « quand on veut jouer un rôle de médiateur, on doit faire attention à ne prendre partie ».

    Soulignant que tous les intervenants dans le dossier libyen « sont des pays frères et amis, que ce soit l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, la Turquie ou la Russie », M. Tebboune a soutenu que « la voix de l’Algérie peut, ainsi, être écoutée, d’autant que son seul souci est de stopper l’effusion de sang dans ce pays frère et mettre un terme à la tragédie que vivent les Libyens, sans aucunes visées politiques, économiques ou expansionnistes ».

    Concernant la Turquie, le président de la République a déclaré: « nous avons avec ce pays de solides relations séculaires, et nos relations se poursuivent », cependant, a-t-il insisté, « l’Algérie ne peut être impliquée dans une politique qu’elle n’aura pas choisie. Notre politique, c’est nous qui la choisissons et ne peut nous être imposée », a-t-il ajouté. S’agissant de la visite prévue de l’Emir de Qatar, le Président de la République a indiqué que « l’Emir de Qatar est un frère qui est le bienvenu », précisant que « nous n’attendons aucune contrepartie ni des frères qataris, émiratis, saoudiens, égyptiens ni même d’autres pays amis ».

    Dans le même contexte, M. Tebboune a fait savoir qu’il voulait effectuer une visite en Arabie Saoudite, « mais mon agenda interne chargé avec l’ouverture de plusieurs chantiers m’a amené à reporter la visite à ce pays auquel nous vouons fraternité et considération », a-t-il expliqué.

    Concernant les relations avec le Maroc et la possibilité d’ouverture des frontières, le président de la République a affirmé que « pour qu’un mal disparaisse, il faudrait que ses causes le soient », soutenant qu’ »aucun reproche ne peut être fait à l’Algérie pour une insulte au Maroc ou à son peuple… ». « Le peuple algérien voue des sentiments d’estime et de fraternité à son frère marocain… », a-t-il ajouté, relevant la réciprocité du peuple marocain comme l’a démontrée l’ambiance de joie partagée dans plusieurs villes marocaines lorsque l’Algérie a remporté la dernière Coupe d’Afrique, organisée en Egypte.

    Quant aux frontières avec le Maroc, le Président Tebboune a dit que leur fermeture avait été « une réaction », précisant que cette fermeture « pour une deuxième fois, avait été plus douloureuse que lors de la première ».

    Dans ce cadre, il a rappelé la rencontre tripartite qui a réuni le défunt président Chadli Bendjedid et les Rois Fahd Ben Abdelaziz et Hassan II avant la réouverture pour la deuxième des frontières, lors de laquelle e Président Chadli avait déclaré: « Je crains la fermeture, une autre fois, des frontières qui serait très douloureuse pour les relations bilatérales ».

    Dès lors, a poursuivi le Président Tebboune, il a été convenu de laisser le dossier du Sahara Occidental entre les mains des Nations-Unies et de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) (UA actuellement), avec le rétablissement des relations de fraternité et des échanges commerciaux ». La décision de fermeture des frontières intervenait dans « une conjoncture qui nous était très défavorable et éminemment critique pour nous accuser de terrorisme et imposer le visa aux Algériens, d’autant qu’à ce moment un pays européen cataloguait tous les Algériens de +terroristes+ et avait fermé son espace aérien à l’Algérie (…) », a-t-il souligné.

    Mettant en avant la profondeur des liens entre les pays du Maghreb arabe, M. Tebboune a estimé qu’il « est difficile de parler le même discours lorsqu’il y a des intentions sous-jacentes. Nous, nous sommes clairs et notre pays est très lisible dans sa politique ». Dans ce contexte, le président a conclu en souhaitant « voir la situation, avec le Maroc pour lequel nous n’avons aucune animosité, aplanie loin de toute manoeuvre ou tentative d’isolement de l’autre… ».

    Concernant la position de l’Algérie au sujet de ce qui a été qualifié de +Deal du siècle+, le président de la République a rappelé que « la position de l’Algérie vis-à-vis de la Cause palestinienne, est une position de principe immuable », exhortant les Palestiniens à la réunification des rangs pour sortir de « la situation de division et de dispersion » que vit la Palestine et même les pays arabes. Se disant « convaincu » que ce deal « ne pourra aboutir, car non fondé sur des bases logiques, historiques ou éthiques, ni même sur les principes du droit international », M. Tebboune a déclaré que ce plan « est voué logiquement à l’échec » et que l’Etat palestinien « sera inéluctablement instauré ».

    Pour ce qui est du rôle que peut jouer l’Algérie, le président de la République a indiqué que les Etats Unis « sont un pays ami avec lequel nous n’avons jamais eu de problème. La voix de l’Algérie est la voix du droit. Il est question-là, de l’histoire d’une nation et n’ont d’une transaction commerciale », a-t-il soutenu. Affirmant qu’un « peuple entier ne peut pas être rayé comme ça de la carte », il a rappelé « les voix qui s’élèvent contre ce Deal au sein du Congrès américain et de l’Union européenne (UE), outre son rejet par les Etats issus des Mouvements de libération et même par une grande partie de la société israélienne, ce qui confirme que son sort c’est l’échec », a-t-il déclaré. « Il faut aller vers un Etat palestinien indépendant aux frontières de 1967 avec El Qods Echarif pour capitale », a soutenu le président de la République.

    Pour ce qui est de la Syrie, M. Tebboune a réaffirmé que l’Algérie, fidèle à ses principes, « ne peut accepter aucune atteinte à un ays arabe », rappelant que « la Syrie est l’un des pays fondateurs de la Ligue Arabe et un pays séculaire, dont l’effondrement ne nous est jamais venu à l’esprit ». Ce qui a affaibli la Syrie au niveau international », a-t-il expliqué, « c’est d’être le seul pays à n’avoir jamais envisagé la normalisation (avec Israël) et d’être un Etat de front, une position qui a sous-tendu, des années durant, sa politique, son économie et ses institutions, d’où un rétrécissement de l’espace démocratique et des libertés ».

    Concernant le calendrier des réformes politiques en Algérie, le Président Tebboune a affirmé que « le chantier de la révision constitutionnelle sera achevé au plus tard d’ici le début de l’été, et, avant la fin de l’année, nous aurons terminé avec la Constitution et le Code électoral pour parvenir, ainsi, aux élections législatives et locales ».

    Pour ce qui est des appels à la dissolution du Parlement et à l’organisation de législatives anticipées avant l’amendement de la Constitution, M. Tebboune a expliqué que « la logique dans la construction d’une maison, voudrait que l’on commence par les fondations ». La Constitution, a-t-il dit, est « le fondement de tout Etat et il n’est pas normal de commencer par des élections avant de définir le rôle des élus et la question du contrôle ».

    « Les mêmes raisons produisant les mêmes effets, la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives conduira au même résultat, car l’argent sale continue à circuler et le trafic d’influence existe encore ». « Une fois réglementés tous ces aspects juridiques et criminalisées certaines pratiques, nous pourrons aller vers un Parlement dont la majorité des membres seront des jeunes intellectuels ayant suffisamment d’autorité morale pour agir », a-t-il poursuivi.

    En réponse à une question sur le Hirak populaire que vit le pays depuis une année, le Président de la République a affirmé « avoir qualifié le Hirak de +béni+ en connaissance de cause », précisant que « l’Etat algérien a frôlé l’effondrement et la disparition de ses institutions et cela s’inscrivait dans le cadre de l’agenda de ceux qui voulaient faire de l’Algérie une autre Syrie, une autre Libye ou un autre Irak ».

    Par ailleurs, M. Tebboune a indiqué que « le Hirak a sauvé l’Etat algérien également des dérives autocratiques et des velléités de perduration de la tragédie politique que vivait l’Algérie ». Après avoir rappelé le rôle du peuple algérien dans toutes les étapes phares de l’Histoire du pays, notamment durant la Guerre de libération nationale, M. Tebboune a souligné que « par ce Hirak, le peuple algérien a montré qu’il était un peuple pacifique, cultivé et politisé et qu’il n’était nullement violent ou terroriste comme le prétendaient même certains frères ».

    Les Algériens, a-t-il poursuivi, « ont donné ainsi des leçons au monde, notamment quant au caractère républicain de l’Armée nationale populaire (ANP), laquelle a démontré par son patriotisme qu’elle était la digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN) », rappelant à ce propos qu’ »aucune goutte de sang n’a été versée ». « En barrant la route au cinquième mandat et au prolongement du quatrième, le Hirak a fait tomber les têtes qui ont mené le pays à cette situation et conduit à la poursuite de tous ceux qui exploitaient l’économie nationale à des fins personnelles et qui sont aujourd’hui en prison », a-t-il ajouté dans ce sens.

    Concernant le reste des revendications du Hirak, le Président Tebboune a précisé qu’il s’agit « maintenant de revoir le mode de gouvernance du pays, de garantir la plus large marge possible de libertés et d’instaurer l’équilibre entre les institutions pour éviter la domination de l’une ou l’autre, et partant, se prémunir contre tout dérapage vers l’autocratie et l’autoritarisme ».

    S’agissant des citoyens qui continuent d’investir la rue chaque vendredi, le président Tebboune a déclaré: « personnellement, je n’y vois aucun inconvénient, c’est leur droit et c’est ça la démocratie ». « La seule crainte, c’est les dérapages résultant de l’infiltration des rangs du peuple, même s’il en est conscient », a-t-il ajouté. Au volet économique, le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie aspirait, sous son mandat, « à l’édification d’une économie propre et intègre, dont la principale finalité est la création de richesse et d’emplois et le traitement de la tragédie sociale infligée au citoyen ». « Il est impératif de sortir de la dépendance à la rente pétrolière et ‘aller à la quête d’autres ressources afin d’asseoir une économie qui n’est pas axée sur l’importation mais fondée sur des bases logiques et nationalistes, une économie profitant au pays et au citoyen et non à un clan d’oligarques », a-t-il insisté.

    Concernant le gaz de schiste, le Président de la République a rappelé que cette question « a été instrumentalisée pour susciter la colère ». « Je n’ai jamais dit que nous allions exploiter le gaz de schiste », a-t-il précisé, soulignant « avoir simplement relevé, chiffres à l’appui, que le développement et la croissance de l’Algérie nous ont amenés à consommer la moitié de notre production gazière ». Et d’affirmer « la décision est subordonnée aux conclusions des experts, c’est eux les spécialistes ».

    Dans ce contexte, M. Tebboune a déclaré que l’Algérie avait des trésors de ressources, dont la plupart non connus, mettant en avant « l’agriculture aussi bien dans le nord que dans le sud du pays ». L’agriculture saharienne, a-t-il relevé « n’est pas assez exploitée en dépit de l’existence d’eaux souterraines estimées à 15.000 milliards de m3, parfois à moins de 50m de profondeur, sans parler des grandes étendues de terres ». »Avec peu des moyens techniques, l’agriculture algérienne a pu produie, fin 2018, l’équivalent de 18 milliards USD », a-t-il poursuivi, évoquant « le potentiel humain important avec la sortie, chaque année, de 200.000 étudiants des universités algériennes ».

    Concernant le sujet de la devise, M. Tebboune a réaffirmé d’abord qu’une fois la situation économique améliorée », il « augmentera la valeur de l’allocation touristique pour préserver la dignité des Algériens ». Le marché parallèle de la devise servait « la contrebande », « d’où l’impératif de construire une économie propre et transparente avec une industrie réelle et non factice, une économie qui apporte des solutions au pays », a-t-il ajouté. M. Tebboune a mis en avant, dans le même ordre d’idée, l’importance de promouvoir le tourisme, de libérer l’initiative et de faciliter l’accès des jeunes aux crédits. Interrogé sur ses impressions au sujet du film documentaire sur « les zones d’ombre », projeté devant les walis lors de leur dernière rencontre avec le Gouvernement, le président de la République a indiqué que « ces images sont réelles et je les connaissais de par mon expérience en tant que responsable local, des années durant ».

    «Le plus triste est que personne ne s’est intéressé à la souffrance de ces citoyens et que tous étaient focalisés sur l’embellissement des villes », a-t-il déploré. Ace propos, le Président Tebboune a fait état de l’importance qu’il attachait au monde rural pour plusieurs raisons, notamment historiques, rappelant « les affres endurées par les populations rurales durant le colonialisme et même durant la période du terrorisme avec 70% des victimes ».

    La tribune des lecteurs, 24 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelamjid Tebboune, Maroc, frontières, 

  • Algérie : Le temps de la récup

    » Plus grave encore, il avait également mis à profit l’allégement de ses conditions de détention pour adresser une lettre fort explicite au terroriste Gousmi. Cette dualité et cette hypocrisie, Ali Benhadj s’en fera un masque idoine et salvateur depuis sa sortie de prison « .

    Par Mohamed Abdoun 

    La visite que trois activistes du hirak ont rendue à Ali Benhadj est loin d’être anodine. Elle n’est pas anecdotique non plus. Elle s’inscrit, à mon humble sens, en droite ligne des positionnements et repositionnements des uns et des autres, pour le temps de récolter les fruits du hirak seraient bel et bien venus.

    Si même le pouvoir a tenté le coup, il était normal et attendu que des acteurs autrement plus » habilités » tentassent eux aussi de surfer cette formidable et historique vague. Une vague comme le pays n’en a jamais connu de toute son histoire. Cela a donc commencé avec ce groupe qui a tenté de jouer très gros en projetant s de tenir une rencontre à la salle Harcha. Rien que ça !

    Il est à peu près certain qu’une pareille initiative n’aurait jamais été envisagée si des » garanties « , certes légères et inassumées in fine, n’avaient pas été données par des acteurs activant au sein du pouvoir ou de sa périphérie. Entendons-nous bien. Une pareille déferlante populaire a de quoi faire rêver et saliver n’importe quel acteur politique. Beaucoup ont senti ce tournant historique et ce début de décantation.

    Beaucoup doivent envisager de récupérer à leur compte cette fantastique énergie, cette invincible force populaire. Celle-ci n’est d’ailleurs pas sans rappeler le fantastique raz-de-marée des Aârouchs qui, à l’époque, avait largement submergé les partis politiques ainsi que les différents MCB qui activaient à cette époque. Cela leur a été au reste fatal. Le mouvement des Aârouchs a quant à lui succombé à cette irrésistible » tentation de la récup «.

    Le hirak actuel, lui, en est parfaitement immunisé, comme expliqué en détails dans un précédent édito. Cela n’a pas empêché d’autres tentatives, plus pathétique encore, à l’image de la visite de Bouchachi and co au domicile d’Ali Benhadj. Ce dernier n’est pas un » islamiste » quelconque. Il assume une grande part de responsabilité, tant politique que pénale, dans la grande tragédie algérienne.

    L’homme, est-il encore besoin de le rappeler ici, a toujours refusé de dénoncer le terrorisme criminel et aveugle, ni même d’aller à faire taire les armes. Plus grave encore, il avait également mis à profit allègement de ses conditions de détention pour adresser une lettre fort explicite au terroriste Gousmi.

    Cette dualité et cette hypocrisie, Ali Benhadj s’en fera un masque idoine et salvateur depuis sa sortie de prison. Il n’est absolument pas digne de confiance. Aller à sa rencontrée, supposé faire jouer la carte islamiste, est avant tout une fuite en avant suicidaire opérée par des acteurs dépassés par les événements et craignant que le hirak ne leur échappe. Ils viennent ainsi, et de la manière la plus volontaire qui soit, de lâcher la proie pour l’ombre. A coup sûr, un bon suicide politique doit ressembler à cela…

    La tribune des lecteurs, 24 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Ali Benhadj, FIS, terrorisme, GIA, islamistes,

  • Droits de l’Homme : des Euro-parlementaires accablent le Maroc

    Des parlementaires européens viennent d’épingler le Maroc sur les violations des droits de l’homme dans le Rif.

    En effet, et dans une conférence organisée mercredi dernier, au Parlement européen , Kati Piri et Tinek Strik ont dénoncé une «violente répression des manifestations pacifiques dans le Rif marocain» ainsi que des «violations des droits de l’homme» par les autorités.

    Précisément, la Néérlandaise Kati Piri, représentante du groupe des ‘’Socialiste et Démocrates’’ (S&D), qui reste la deuxième force politique au Parlement européen, a chargé la Police du marocaine, soulignant «une répression violente des manifestants pacifiques de la population du Rif qui revendiquait ses droits élémentaires à la santé, l’éducation, l’emploi etc.» dira-t-elle.

    Enchainant son  »réquisitoire », Piri a également mis en exergue une répression continue de la liberté d’expression et de rassemblement, précisant, dans ce contexte que 16 personnes ont été arrêtées durant les cinq derniers mois seulement.

    Elle a enfin appelé à «la libération immédiate et non conditionnelle des prisonniers politiques, l’arrêt de la répression de la liberté d’expression et d’association et l’amélioration des conditions de vie dans le Rif», concluant en gros que la situation ne faisait que «s’empirer».

    Par ailleurs et peu avant la conférence, la députée belge du même groupe, avait déjà posté un tweet alarmant. «Aujourd’hui, des observateurs internationaux ont témoigné sur la façon dont les manifestants du Rif ont été faussement accusés, torturés et intimidés, après les manifestations de masse en 2017» a- t- elle écrit, ajoutant que «Le Maroc est un important partenaire pour le Maroc et, pour nous, la situation est urgente et en haut de l’agenda», prévient- elle.

    De son côté, l’eurodéputée néerlandaise, Tineke Strike, du groupe des verts/ ALE a affirmé sur twitter que «des preuves convaincantes que toutes les règles d’un procès équitable ont été violées et que les violations se poursuivent», exhortant, de ce fait, l’UE à ouvrir une enquête indépendante.

    Pour leur part, de nombreux autres intervenants, tels l’américain Richard Winfield, président de l’International Lawyers Project (ISLP), l’espagnol Juan Soroeta Liceras, président de de l’ONG ’’Association internationale pour l’observation des droits de l’homme’’, ou encore les avocats, la tunisienne Houda Haouami et l’avocat marocain, Abdelassadik El Bouchattaoui, membre de l’ISLP et exilé en France, ainsi que de nombreux activistes et défenseurs des droits de l’Homme ont unanimement dénoncé la «violente répression» des manifestations pacifiques dans le Rif, non sans appeler au respect des libertés fondamentales et la libération immédiate et sans condition des détenus du hirak des Rifains.

    Algérie1, 22 fév 2020

    Tags : Maroc, Hirak, Rif, Parlement Européen,

  • Algérie : L’Histoire pour seul juge

    Ce vendredi, le hirak a bouclé sa première année. 53 vendredis sans discontinu qui ont façonné la nouvelle Algérie et surtout changé le cours de l’histoire, qui ne s’est pas écrite comme voulue par l’ancien régime, mais comme voulue par le peuple et sa volonté indestructible. Un 53é vendredi attendu et célébré par l’écrasante majorité des Algériens.

    Mais aujourd’hui, l’histoire doit s’écrire sur la naissance de ce mouvement, sans pareil dans les annales de l’Algérie, mais aussi dans le monde. Et si le monde entier a découvert le vendredi 22 février une masse humaine estimée à des millions de personnes défiler dans les rues des grandes villes du pays, la grande question à laquelle doit répondre l’histoire, c’est de savoir ce qui s’est passé le jeudi 21 février et comment cet élan populaire a pris la forme qu’on lui a connu le lendemain et comment il est arrivé à bout d’un système qui a tout verrouillé pendant de longues 20 années, pour paniquer d’un coup et s’effondrer totalement un certain 2 avril avec la démission de l’ancien président dans une scène surréaliste retransmise par la télévision nationale.

    Une chute qui allait révéler et lever le voile sur un système de gestion basé sur la rapine, le vol et la corruption qui a mis l’Algérie sous l’entonnoir, et qui devait emporter tout l’Etat national, comme l’a si bien dit le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale. «Le Hirak béni a préservé le pays d’un effondrement total… l’Etat national a failli s’effondrer totalement comme ce fut le cas dans certains pays, aujourd’hui, en quête de médiations pour le règlement de leurs problèmes…L’effondrement de l’Etat national est synonyme de l’effondrement de toutes ses institutions et toutes les données laissaient présager un tel scénario… Dieu merci, le peuple a, grâce à sa maturité, déjoué le complot tout en réussissant à réaliser plusieurs de ses revendications».

    Les mots sont forts et révèlent le grand complot dont était la cible notre pays. Le pays se dirigeait vers l’éclatement total. Et c’est pour toutes ces raisons et d’autres encore graves que l’histoire doit s’écrire sans concession et sans manipulation sur ce moment majeur de l’histoire de notre pays, alors qu’il est à la veille de l’édification de cette nouvelle Algérie qui doit couper tous les ponts avec ces années d’imposture et de diktat pour que jamais de telles dérives ne soient possibles dans l’avenir.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 21 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Tebboune,

  • Algérie : « Les choses commencent à s’apaiser » (Président Tebboune)

    Abdelmadjid Tebboune au figaro : « Les choses commencent à s’apaiser »

    Pour son premier entretien à un journal étranger, le président Abdelmadjid Tebboune a choisi de s’exprimer sur les colonnes du journal français Le Figaro.

    Le chef de l’État répond sur de nombreux sujets : Hirak, nouvelle Constitution, situation économique, relations avec la France…

    Le Hirak

    La première question concerne le Hirak, qui fête son anniversaire samedi 22 Février. Pour le président de la République, les choses commencent à s’apaiser dans le pays. « Bien qu’il y ait encore, tous les vendredis, une présence citoyenne dans la rue, les choses commencent à s’apaiser ». Selon Tebboune, presque toutes les demandes du Hirak ont été satisfaites : « il n’y a pas eu de cinquième mandat, ni de prolongation du quatrième mandat, puis le président a démissionné ».

    « Les têtes les plus visibles de l’ancien système sont également parties, et la lutte a été engagée contre ceux qui ont mis l’économie à genoux. Reste les réformes politiques, j’en ai fait ma priorité, et je suis décidé à aller loin dans le changement radical pour rompre avec les mauvaises pratiques, moraliser la vie politique, et changer de mode de gouvernance », a-t-il ajouté. « De nombreux Algériens ont compris qu’on ne peut pas réformer, réparer, restaurer ce qui a été détruit pendant une décennie, en deux mois », a-t-il expliqué.

    Une nouvelle Constitution avant l’été

    Pour Abdelmadjid Tebboune, la révision constitutionnelle constitue « la priorité des priorités ». « 600 partis, associations, syndicats,corporations, etc : Ils auront un mois pour en débattre librement, et il reviendra ensuite vers le comité de rédaction. La mouture finale sera soumise aux deux chambres du Parlement, puis à un référendum populaire », a-t-il détaillé, affirmant que la nouvelle Constitution sera prête « au plus tard d’ici le début de l’été ».

    Le rôle de l’armée

    Le Hirak veut aussi « un État civil, non militaire ». Quel est, selon vous, le véritable rôle de l’armée algérienne, et vous sentez- vous redevable envers elle ? Le slogan « Un État civil, non militaire » date du 19 juin 1965 !, affirme Tebboune. Selon lui, « L’armée accomplit ses missions constitutionnelles, elle ne s’occupe ni de politique, ni d’investissement, ni d’économie. Elle est là pour sauvegarder l’unité nationale, protéger la Constitution et les Algériens contre toute infiltration terroriste,et toute tentative de déstabilisation du pays. Vous ne trouverez aucune trace de son immixtion dans la vie du citoyen si ce n’est lors du service national ».

    Se sent-il redevable envers l’armée, lui demande le journaliste du Figaro ?

    « Moi, je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le Président. Si je me suis engagé dans la Présidentielle, c’est parce que j’avais un arrière-goût de travail inachevé. Vous savez dans quelles circonstances j’ai quitté la primature. Mon pays étant en difficulté, j’ai pensé pouvoir apporter un plus même si je savais que c’était un sacrifice pour ma famille et moi-même. C’est un devoir », a-t- il répondu.

    La lutte contre la corruption

    Le placement en détention de nombreuses figures de l’ancien régime de Bouteflika ne signifie pas la fin de « mafia politico-financière », a expliqué Tebboune. « La tête de la mafia a été coupée, mais pas le corps. De l’argent sale circule encore. Chaque jour de nouveaux responsables, des pseudos hommes d’affaires se retrouvent devant la justice. Les fondements de l’État algérien doivent être sains. Ce qui nous attend est bien plus grand que les travaux de Sisyphe », a-t-il ajouté.

    Situation économique

    Le président Tebboune veut miser sur la jeunesse, pour relancer l’économie et sortir de la dépendance aux hydrocarbures. « Des jeunes formés sur les bancs de l’école algérienne, sont sollicités pour leur dynamisme et leur savoir-faire, partout dans le monde, aux États-Unis, en Europe… C’est dans cet esprit universaliste et par une compétition saine et moderne, que nous allons construire un nouvel édifice économique basé sur la valorisation de la production nationale, l’économie de la connaissance et la transition énergétique », a-t-il dit.

    Le chef de l’État s’est une nouvelle fois attaqué à « l’importation débridée ». « L’Algérie est vue par ses partenaires, comme un grand marché de consommation. Nos maux viennent de l’importation débridée, génératrice de surfacturation, une des sources de la corruption favorisée par de nombreux pays européens où se faisait la bancarisation, la surfacturation, les investissements de l’argent transféré illicitement. Cela a tué la production nationale. Nous allons par exemple, arrêter l’importation de kits automobiles. L’usine Renault, qui est ici, n’a rien à voir avec celle qui est installée au Maroc. Comment créer des emplois alors qu’il n’y a aucune intégration, aucune sous-traitance ? », a-t-il annoncé.

    Binationaux : abrogation de l’article 51

    L’Article 51 de la Constitution sur les binationaux sera abrogé dans le nouveau texte. « L’immigration d’origine algérienne à l’étranger, a toute sa place ici, et nous œuvrons pour qu’il n’y ait plus de séparation entre les citoyens émigrés, et ceux qui sont restés au pays. Ils ont les mêmes droits et possibilités », a-t-il dit.

    Question mémorielle

    « J’ai eu quelques contacts avec le président Macron, et je sais qu’il est honnête intellectuellement, qu’il n’a aucun lien avec la colonisation. Il essaye de régler ce problème qui empoisonne les relations entre nos deux pays ; parfois il est incompris, et parfois il fait l’objet d’attaques virulentes de la part de lobbies très puissants », a expliqué Tebboune, concernant la question de la mémoire. Tebboune s’est ensuite exprimé sur les relations avec la France, accusant des lobbys dont celui du Maroc, de tenter de les saborder. « Nous sommes pour des relations sereines avec la France, fondées sur un respect mutuel. À un certain moment, il faut regarder la vérité en face.

    Un premier pas est de reconnaître ce qui a été fait, le deuxième pas est de le condamner. Il faut du courage en politique. Mais il y a un autre lobby (le Maroc NDLR), dont toute la politique repose sur l’endiguement de l’Algérie, et qui est présent en France. C’est un lobby, aux accointances économiques et sociales, qui a peur de l’Algérie. Même quand l’Algérie intervient pour proposer des règlements pacifiques à des crises, ce lobby tente de s’immiscer sous prétexte qu’il est également concerné », a-til expliqué.

    Par : RAHIMA RAHMOUNI

    Le Midi Libre, 22 Fevrier 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune, mémoire, France,

  • Algérie : Un mouvement unique au secours de l’Etat national

    Le hirak boucle sa première année

    Demain, le mouvement populaire communément appelé hirak aura bouclé une année d’existence. Ce mouvement «unique» dans le monde de l’avis même des spécialistes, de par son caractère pacifique a pu mettre fin à une dérive autocratique et mettre le cap sur une nouvelle gouvernance en adéquation avec l’évolution de la société, sauvant l’Etat national d’un effondrement.

    Par S. A. Mohamed

    De par sa longévité et l’attachement à son caractère pacifique, ce mouvement, inédit depuis l’indépendance de l’Algérie, s’érige, à l’instar de la guerre de Libération nationale, en modèle de référence dans le monde. Il aspire à donner un nouveau statut à la notion de citoyenneté, impliqué dans la gestion des affaires publiques et déterminé à prendre son destin en main.

    Le 22 février 2019, des dizaines de milliers de citoyens, toutes tranches d’âges et catégories professionnelles confondues, manifestent dans toutes les villes du pays pour s’opposer au projet du 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika, dénoncer la corruption menaçant les fondements de l’Etat et réclamer un changement radical de la gouvernance. Sous la pression du hirak, l’élection présidentielle qui devait se tenir le 18 avril, est reportée.

    Après la démission de Bouteflika, le 2 avril, une deuxième date, le 4 juillet, est fixée, mais le scrutin n’a pas lieu, faute de candidats. Suite à ces deux reports, le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, convoque le corps électoral pour l’élection présidentielle devant se tenir le 12 décembre. Le Parlement adopte deux projets de loi pour encadrer cette consultation : le premier relatif à la création d’une Autorité indépendante permanente chargée des élections et le second amendant la loi organique relative au régime électoral.

    Le commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) assure qu’il accompagnera l’élan populaire pacifique et veillera à réunir les conditions de la présidentielle, affirmant que cette élection constitue l’option «la plus sûre et la moins coûteuse» pour le pays. Le commandement de l’ANP apporte également son soutien à la justice dans la lutte contre la corruption.

    De hauts responsables politiques, dont deux anciens Premiers ministres – une première depuis l’indépendance du pays – et des hommes d’affaires sont jugés et condamnés, notamment pour des faits d’abus de fonction, indus privilèges, corruption et blanchiment d’argent. Elu le 12 décembre à la présidence de la République, Abdelmadjid Tebboune proclame, lors de sa première prise de parole, «tendre la main» au hirak, rappelant l’avoir, à maintes reprises, qualifié de «béni».

    Le nouveau chef de l’Etat appelle, dans ce sens, à un «dialogue sérieux au service de l’Algérie» pour construire la «nouvelle République». Au cours de sa participation au Sommet de l’Union africaine, tenu le 9 février à Addis Abeba, le président Tebboune avait tenu à rendre hommage au hirak, en soulignant qu’il constitue une «énergie salvatrice» pour l’Algérie, «résolument décidée à changer son système de gouvernance et à construire un Etat garantissant la justice sociale et la suprématie de la loi».

    Lors de la présentation du Plan d’action du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a brossé un tableau sans complaisance du mode de gouvernance ayant prévalu ces dernières années, dénonçant «une gestion catastrophique de l’Etat ainsi que des pratiques autoritaires ayant mené au pillage et à la dilapidation des richesses du pays et à la destruction systématique de ses institutions et de son économie dans le but à accaparer ses biens».

    Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, a, de son côté, exprimé mardi son soutien à l’appel du hirak à consacrer le 22 février comme journée nationale. Des observateurs voient dans le maintien de la mobilisation populaire un gage que le processus de changement ne déviera pas de son objectif.

    Les Débats, 20 fév 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune,