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  • Le Hirak peut-il déjouer le complot contre l’Algérie?

    De nombreux algériens ont été surpris par le nom du gagnant de la chevauchée présidentielle du 12 décembre 2019. Des cinq candidats alignés au champ de course pour le grand prix d’El Mouradia, le cartel militaire a retenu un Premier ministre éphémère de Bouteflika. Rappelons que Tebboune avait été limogé au bout de trois mois parce qu’il avait osé s’en prendre à certains oligarques.

    En fait, cet épisode de 2017 semble être le point de départ d’une guerre de clans autour du partage de la rente des hydrocarbures, réduite en peau de chagrin par des budgets de corruption apparemment incompatibles avec un prix de pétrole et des exportations d’hydrocarbures en baisse. Bouteflika a tranché en faveur des oligarques en faisant appel à Ouyahia qui a eu recours à la politique de la planche à billets pour financer le statu quo au niveau des forces en présence. Il est aujourd’hui en prison.

    Force est de constater que tous ceux qui se sont opposés en 2017 aux décisions annoncées par Tebboune ont été neutralisés bien avant son intronisation en tant que nouveau Président de la République. Mais ce n’est pas tout. Le pouvoir profond qui l’a adoubé lui a facilité la tâche en demandant au Président sortant de ne pas lui refiler certaines patates chaudes, notamment la loi sur les hydrocarbures, les raffineries d’Augusta et de Hassi-Messaoud etc. A cet effet, Bensalah a été forcé de prendre des décisions stratégiques qui pouvaient attendre 2020. Pourquoi cet excès de zèle et qui coordonne ces actions?

    J’ai rêvé cette nuit d’une Algérie prospère et proche du plein emploi, sans haragas ni SDF. J’ai vu des hôpitaux performants, des salles de cinéma, des usines produisant des plus-values et des centres de recherche avec des universités qui attiraient de nombreux étudiants étrangers. J’ai vu des millions de touristes étrangers dans les aéroports dotés d’infrastructures modernes. J’ai vu défiler des images de champs de blé et de panneaux solaires qui s’étalaient à perte de vue. Dans mon rêve, l’Algérie rayonnait du Nord au Sud dans tous les domaines, littérature, cinéma, sciences, médecine. Le peuple était libre et pouvait s’exprimer.

    A mon réveil, je me rends très vite compte de la triste réalité et je me prépare à affronter la misère quotidienne de plus en plus insupportable. Comment en est-on arrivé là ?

    Depuis l’indépendance, les gouvernants algériens ont opté pour un modèle économique rentier basé sur les hydrocarbures, non viable à long terme. Les médias ont choisi de vivre au jour le jour et de ne pas entendre le FMI lorsqu’il prédit “une crise lancinante et dangereuse” avec le tarissement des réserves de change. Bercée par ces médias, la majorité des algériens ignore que la situation économique de l’Algérie est alarmante.

    La maffia algérienne, société anonyme régie selon les règles non écrites de la « Cosa Nostra », contrôle la distribution de la rente pétrolière à travers les administrations liées aux secteurs des finances et de l’énergie. Le secteur des finances distribue une partie de la rente pétrolière aux oligarques à travers notamment des prêts sans garanties accordés par les banques publiques. On pourrait même se demander si l’oligarchie, sortie de nulle part grâce à ces prêts, existe réellement. Certains vous diront que c’est un stratagème mis en place par le pouvoir profond pour piller les banques publiques et qu’un général se cache derrière chaque oligarque. C’est une nouvelle variante de l’affaire Khalifa. On désigne des liquidateurs qui s’arrangeront pour brûler les pièces à conviction compromettantes. On ne retrouvera pas les traces des délits. Le Trésor effacera l’ardoise des banques publiques et leurs managers risquent tout au plus de sortir en retraite anticipée.

    Comme pour l’affaire Khalifa, il y aura un simulacre de procès pour boucler des enquêtes mal ficelées. Les complices récupéreront leurs passeports pour rejoindre leurs comptes à l’étranger. C’est le prix du silence qui permet à un groupuscule de traitres qui constitue le pouvoir profond d’entretenir des milliers de mafiosos appâtés par les gains illicites.

    Le maintien d’anciens membres de la « Issaba » au niveau de la triade exécutive du plan de sabotage (Président, ministres des Finances et de l’énergie) confirme que nous sommes dans le 5eme mandat qui sera l’acte final de la mise à mort de l’Algérie. Il y aura toujours des traitres pour exécuter la feuille de route du maître d’œuvre, le puissant Etat protecteur de l’américain Chakib Khelil. Le général Tewfik a perdu une importante bataille le 15 janvier 2020, lorsque la justice italienne a innocenté, au nom d’intérêts suprêmes secrets, les hommes de main de Chakib Khelil en fuite à Dubaï. Ils pourront dorénavant voyager et rentrer au pays pour participer au 5eme mandat.

    Le gouvernement algérien a, en 2011, lancé un programme d’installation d’une capacité d’énergie renouvelable de 22.000MW qui s’étale jusqu’à 2030 (les-energies-renouvelables-une-priorite-en-algerie/). Etait-ce une première réponse pour renforcer la sécurité énergétique? L’Algérie avait-elle réellement décidé de changer de cap pour relever les défis futurs? On sait aujourd’hui que ces annonces très médiatisées concernant les énergies renouvelables sont un autre mensonge d’Etat puisque, dans les faits, le gouvernement de Bouteflika a conclu en 2014 avec General Electric un accord pour réaliser un complexe de fabrication de turbines à gaz à Batna (https://www.dzentreprise.net/6723-2/). Cette usine de production de centrales électriques réalisée à Batna en 2019 est, à l’image des usines d’assemblage de voitures, une manière d’importer en gré à gré et sans taxes des équipements à faible taux d’intégration pour repousser la transition énergétique. Sonelgaz s’est engagée à acquérir 16 000 MW d’ici 2028 auprès de l’américain GE, ce qui va aggraver considérablement notre dépendance au gaz naturel (https://maghrebemergent.info/le-sud-coreen-hyundai-ec-va-realiser-une-centrale-thermique-a-biskra/).

    Selon son PDG, Sonelgaz va réaliser en l’espace de 10 ans un parc de production équivalent à celui réalisé en 50 ans, soit 20.000 MW de capacité supplémentaire pour dit-il « assurer notre sécurité énergétique et construire un puissant catalyseur pour la diversification de l’économie nationale». http://bourse-dz.com/electricite-capacite-additionnelle-de-20-000-mw-dans-10-ans/.

    Tout est dit. Le concept de pseudo intégration des centrales à gaz achetées en gré à gré à General Electric n’est pas seulement le justificatif politique d’une opération de corruption, c’est un acte de trahison dont les conséquences sont graves puisqu’il enterre le programme des énergies renouvelables et génère d’importantes surcapacités de production d’électricité. Après l’immense gaspillage engendré par les surcapacités des cimenteries et des usines d’engrais (des volumes importants de gaz naturel destinés initialement aux exportations à long terme sont réaffectés aux secteurs privés et livrés à un prix inférieur à leur coût de production), c’est au tour de Sonelgaz de participer à la saga sournoise du sabotage du modèle énergétique national. Dans quel but ? Rapprocher la date fatidique du chaos national et de la guerre civile?

    L’Egypte a affiché les mêmes ambitions que l’Algérie en termes d’énergie solaire à partir de 2010. Le programme égyptien d’énergies renouvelables financé par des organismes internationaux a été conduit par un ministère dédié à cet objectif. L’Egypte atteindra 20% de renouvelable dans son mix énergétique en 2020 et vise 42% à l’horizon 2035. Elle vient de construire le plus grand parc solaire d’Afrique (comment-l-egypte-veut-devenir-le-n-1-de-l-electricite-solaire). Le Maroc qui a réalisé une capacité d’EnR de 3700 MW, dont 711 MW pour le solaire en 2018 s’est fixé pour objectif de dépasser 50% d’EnR dans le mix électrique.

    L’Algérie, quant à elle, vient pratiquement d’annuler en catimini son objectif initial de 22.000MW. Ce constat est triste car il nous rappelle le programme du GPL carburant des années 80. Indéniablement, il existe depuis les années 80 une constance au niveau du sabotage du modèle énergétique algérien qui est un élément essentiel du modèle économique national. A ce stade, il est légitime de s’interroger sur la démarche politique et économique suicidaire de nos gouvernants, sans aucune vision de long terme, démarche qui n’inquiète ni les acteurs algériens de la société civile, ni les organes de sécurité à qui on a fait croire que la rente des hydrocarbures sera au rendez-vous jusqu’en 2030, voire 2040 alors que tous les experts s’accordent à dire qu’il n’y a aucune rente associée au gaz de schiste.

    Les scandales continuent de secouer la Sonatrach. Elle a signé sous Ould-Kaddour un contrat avec le géant américain Exxon Mobil afin que cette dernière établisse un inventaire de toutes les ressources énergétiques du Sahara. Cette décision a fait réagir les experts en énergie qui se demandent comment une information aussi stratégique puisse être mise à la disposition de puissances étrangères.

    Par ailleurs, un communiqué publié par la société espagnole Tecnicas Reunidas (confirmé une semaine plus tard par Sonatrach) annonce aux algériens la réalisation d’une nouvelle raffinerie à Hassi Messaoud « visant à augmenter la production locale de carburants et autres produits pour répondre à la demande nationale croissante et pour être au diapason des exigences environnementales Euro V. La conception de l’usine (5 MTA) respectera les normes de sécurité et d’environnement les plus strictes, tant dans sa construction que dans son fonctionnement».

    https://algerie7.com/economie/exclusif-sonatrach-veut-offrir-dans-des-conditions-troublantes-un-mega-marche-de-3,8-milliards-de-dollars-a-tecnicas-reunidas-et-samsung/

    Pourquoi une raffinerie au sud (coûteuse à cause de la fabrication des essences) alors que la demande d’essence est au Nord ?
    Un quotidien algérien (https://www.liberte-un-avant-poste-de-lindustrie-du-schiste-) nous donne une version originale. Cette raffinerie serait alimentée par du pétrole lourd (importé par des bateaux qui navigueront sur la mer de sable ?) pour produire plus de gasoil qui serait destiné aux futurs forages de gaz de schiste. Cette théorie n’explique pas le surinvestissement pour la fabrication d’essences.

    Le communiqué tardif du Groupe Sonatrach du 08 janvier 2020 précise que : « Cette nouvelle raffinerie s’inscrit dans le cadre du programme de SONATRACH visant …à dégager des volumes à l’export. » https://sonatrach.com/presse/raffinerie-de-hassi-messaoud/

    Une raffinerie à Hassi-Messaoud qui va exporter des carburants? Là aussi avec des bateaux navigants sur une mer de sable ?

    Bref, on a l’impression que Sonatrach est instruite pour jeter des milliards de dollars par la fenêtre (génératrices de rétro commissions) car aucune étude ne supporte ces décisions d’investissement.

    On connaît les résultats de la bataille du sérail autour du management de Sonatrach qui a commencé en janvier 2010 par la “décapitation judiciaire” du Comité exécutif de Sonatrach pour “association de malfaiteurs et détournement de fonds publics” et qui s’est achevée par le verdict de février 2016, soit un mois avant le retour triomphal en Algérie du principal coupable.

    La valse des PDG de Sonatrach depuis une quinzaine d’années montre qu’il existe une volonté de saboter cette entreprise stratégique. Toutefois, la nomination d’Ould Kaddour au poste de PDG de Sonatrach, en mars 2017, alors qu’il avait été condamné à 30 mois de prison pour haute trahison, a marqué un tournant qui restera gravé dans l’histoire de l’Algérie. Des analystes ont tiré de graves conclusions. Pour eux, l’Algérie ne dispose plus d’institutions (civiles et militaires) en mesure d’assurer la défense des intérêts nationaux. Ce personnage qui a une triple nationalité a notamment créé un véritable gouffre financier en achetant une raffinerie à l’état de ferraille en Italie à ses amis d’Exxon (sonatrach-va-reinjecter-150-millions-deuros-dans-les-caisses-de-la-raffinerie-augusta/). Comme son mentor Chakib Khelil, il a été ex filtré par ceux qui se sont pourtant attaqués au clan des Bouteflika. Le nouveau PDG de Sonatrach devra nous expliquer comment il va s’en sortir avec cette raffinerie invendable d’Augusta pour lequel il doit débourser chaque année plus de 300 millions de dollars de charges.

    L’épisode Chakib Khelil, très documenté à l’étranger depuis le début du feuilleton du procès de Milan, donne un aperçu des mécanismes de pillage du secteur de l’énergie. Ouvert en 2015, le procès du tribunal de Milan portait sur le versement de 197 millions d’euros de pots-de-vin à des responsables publics algériens, entre 2007 et 2010. La justice italienne a clôturé le dossier le 15 janvier 2020 en innocentant les proches de Chakib Khelil, notamment Farid Nourredine Bedjaoui, Samir Ouraied et Omar Habour (https://surprenant-rebondissement-dans-laffaire-eni-saipem/). Ce dénouement politico-judiciaire du procès de Milan n’est pas surprenant. Il s’inscrit dans le prolongement du retour aux affaires de l’équipe de Chakib Khelil venue pour terminer le boulot de sabotage et confirme, à l’international, que Chakib Khelil est un agent fédéral américain en mission en Algérie (Financial Hitman). Se basant sur ce verdict de Milan, le département américain de la justice va enfin pouvoir renoncer à poursuivre ENI/Saipem pour corruption. La boucle est bouclée.
    Chakib Khelil est le ministre qui a détruit le fleuron de l’économie algérienne, Sonatrach. Il a ordonné la surexploitation des gisements en interdisant la réinjection qui permet de maximiser la récupération d’hydrocarbures liquides. Son lieutenant Ould Kaddour de retour aux affaires avec le grade suprême de PDG de Sonatrach confirme cette instruction de sabotage des gisements passible de la peine capitale. Son passage à Sonatrach n’effacera pas ses frasques à BRC (Brown and Root Condor) et les surfacturations hallucinantes (http://face-cachee-de-chakib-khellil/) qui n’ont fait l’objet d’aucune instruction judiciaire. A ce jour, ces personnages n’ont pas été inquiétés par la justice algérienne et leurs biens n’ont pas été saisis. Sonatrach n’a pas été indemnisée pour les préjudices subis car elle ne s’est pas portée partie civile.

    Il faut à ce stade rappeler que le couple Zeghmati/Charfi qui a ouvert le dossier judicaire de Chakib Khelil en 2013 a été limogé en 2015 par Bouteflika puis récupéré par Gaid Salah en 2019. Chakib Khelil et ses acolytes y compris Ould Kaddour (car la dissolution de BRC par Bouteflika n’efface pas ses délits) n’ont toujours pas été jugés et jouissent pleinement de leurs biens en Algérie. Zeghmati garde son poste de ministre de la justice dans le nouveau gouvernement.

    Lorsqu’il n’y aura plus de devises pour soutenir les dealers de Port Said, le taux sur le marché parallèle grimpera à plus de 400 DA/euro, ce qui accélérera le processus inflationniste. Mais il y a plus grave car notre pays risque d’être confronté à une crise financière avant trois ans aggravée par une crise énergétique à l’horizon 2030. En fait, le sabotage du secteur de l’énergie n’est que l’un des invariants d’une feuille de route exécutée par les gouvernants qui se sont succédés depuis plus de 40 ans. Cette thèse a été déjà développée par différents auteurs. Leur analyse montre que la maffia algérienne n’est que l’organe d’exécution d’une feuille de route qui s’articule autour de trois axes:

    La déliquescence du secteur de l’éducation qui va brider la qualité de la relève de nos ressources humaines sous le dogme de l’arabisation des sciences et nous condamner à l’assistanat étranger et à quémander l’aumône aux émirs du Golfe (on y est, opérations en cours);
    La destruction de l’économie nationale alors que le pays a bénéficié d’une manne pétrolière de 800 milliards $;

    Le sabordage du secteur de l’énergie qui va priver le pays de sa capacité de financement et menacer sa sécurité énergétique.

    La mise en œuvre de cette feuille de route a nécessité des moyens importants – notamment pour son financement- et une coordination au niveau des actions. On sait aujourd’hui que le financement a été assuré par des opérations de corruption à grande échelle (réf. Chakib Khelil, Bouchouareb, Hadad…) avec la complicité de bureaux d’avocats internationaux et parfois des Etats pour le blanchiment des montants détournés et la protection des agents d’exécution.

    Pour certains axes de sabotage et de propagande qui nécessitent une base idéologique, le pouvoir fait appel à des partis politiques, à certains syndicats et à des associations.

    L’argent de la corruption et parfois l’argent public distribué sous forme de subventions ou de budgets de publicité servent à contrôler les médias publics et privés qui se multiplient à grande échelle pour diffuser la bonne parole ou acheter le silence sur les sujets sensibles (autocensure).

    Les invariants de la feuille de route exécutée par le pouvoir profond depuis plusieurs décades reflète une stratégie de long terme développée par des groupes d’intérêts étrangers visant à mettre la main sur le domaine minier algérien. Ces groupes semblent privilégier un passage en force avec un mépris manifeste pour le peuple. Ils ont pris les commandes opérationnelles en Algérie à travers quelques exécutants galonnés rémunérés par la corruption. Ces « galonnés » qui composent la « Issaba » exécutent un plan extrêmement sophistiqué et jouissent d’un support logistique conséquent notamment au niveau du renseignement. Il faut se demander si le futur de l’Algérie n’est pas déjà écrit dans le cadre de l’initiative du «Grand Moyen Orient » divulgué en 2003.

    S’il est clair qu’il existe un complot contre l’Algérie et qu’on prépare la privatisation du secteur des hydrocarbures, Il ne faut pas perdre de vue que cet objectif a d’autres conséquences:

    La sécurisation militaire par les forces de l’OTAN des futurs investissements de BP, Total et Exxon etc. en Algérie. Rappelons qu’Ould Kaddour en tant que PDG de BRC, société algéro-américaine, a construit la première base militaire US.

    L’installation au pouvoir d’un régime qui va poursuivre l’œuvre de dégradation et d’asservissement de la société algérienne, à travers notamment la destruction de l’école et de l’université.

    Que restera-t-il de l’Algérie après l’épuisement des réserves de change et le transfert des réserves d’hydrocarbures à des parrains étrangers? Un pays avec un peuple docile qui accepte les conditions du FMI (thèses de Chakib Khelil) ou un pays livré au pillage et à une guerre civile qui justifiera l’intervention militaire des nations de l’OTAN qui ont déjà pris position autour de nos frontières (Tunisie, Libye, Tchad, Mali, Maroc..).

    Le Hirak peut-il sauver l’Algérie ?

    La revue Le Point du 09/01/2020 a publié une contribution de Kamel Daoud « Où en est le rêve algérien? ». On observera sur la page de couverture de la revue un autre titre : « la révolution perdue par Kamel Daoud ».

    Kamel Daoud considère que le Hirak est piégé dans une impasse urbaine. Il écrit : « D’un côté des protestataires passionnés, admirables mais piégés dans les grands centres urbains et, de l’autre, une offre de solution avec une élection présidentielle qui pare le vide, l’instabilité et donc le cauchemar à la libyenne. Epuisés et sans visibilité sur l’avenir, beaucoup, dans l’avenir profonde, feront le choix pragmatique entre la démocratie et la sécurité. Comment un mouvement d’une telle ampleur…a-t-il pu échouer? »
    Je vais me permettre d’être critique car j’analyse ce complot contre l’Algérie depuis très longtemps (https://www.lematindz.net/news/14110-le-complot-de-sid-kaci-06-avril-2014.html).

    Le peuple algérien est un troupeau qu’on amène à l’abattoir depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, la proximité de l’abattoir qui n’est plus qu’à deux années de marche, les révélations sur les actes de trahison et surtout l’instinct de conservation nous ont tirés de notre léthargie.

    Le Hirak gardera les yeux ouverts. Il a tout compris sur l’avenir qu’on lui prépare qui est tout sauf la sécurité. Il ne se laissera pas faire et ne sera jamais épuisé car sa vie en dépend. Il continuera à dénoncer les traitres qui l’amènent vers l’abattoir et restera vigilant. Le temps joue pour lui. Les traitres auront du mal à cacher la vérité. L’Issaba va tenter de vendre le domaine minier et le foncier (touristique/agricole) aux cheikhs du Moyen Orient pour financer la marche vers l’abattoir. Le Hirak ne lâchera rien. Il descendra dans la rue pour dénoncer ces actes de trahison.

    Mouloud Hamrouche, un homme issu du système, estime que le Hirak est « une opportunité historique pour sauver le pays, protéger l’armée et lancer ce qu’il a appelé le projet Algérie ». Il détaille son point de vue dans El Watan du 4/09/2019 (https://www.elwatan.com/wp-content190904.pdf ). Pour lui, « le mouvement du peuple est un sursaut de survie et une action préventive contre une possible déstabilisation généralisée et internationalisée … Par cette mobilisation inattendue, les Algériens ont refusé que leur pays chute ou cède au chaos … Autre mérite du hirak, c’est d’avoir révélé tant de désordres et de malversations dont la presse et les médias abreuvent l’opinion impliquant des plus hauts responsables et fonctionnaires de différentes institutions, Premiers ministre, généraux-majors, ministres et autres hauts cadres et agents de l’Etat, banquiers et entrepreneurs. Sont-ils victimes ou bourreaux, ou de simples serviteurs zélés d’un système qui interdit toute gouvernance institutionnelle, toute surveillance politique et toute administration légale?…. Le système algérien n’est pas un modèle et ne ressemble à aucun autre. C’est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations. C’est un système liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational. C’est pour toutes ces raisons qu’il a anéanti l’embryon de l’Etat, fruit de la guerre de la Libération nationale, annihilé la loi et détruit la gouvernance. »

    Il conclut : « Pour sa survie, il finira par briser la cohésion de l’ANP ».
    Hamrouche lance-t-il un appel à une faction de l’armée pour l’inciter à un coup d’état contre la « Issaba » qui exécute depuis trente ans une feuille de route étrangère?.

    Au-delà des enjeux économiques, c’est un conflit géostratégique qui est préparation. Le défi majeur de l’Algérie, c’est l’instauration d’une démocratie véritable et le recours à un modèle économique qui nous permettrait de gérer l’après-pétrole. C’est l’œuvre d’au moins une génération. Les recommandations en ce sens relèvent du bon sens: il faut récupérer l’école et former des ressources humaines compétentes, rétablir la justice, promouvoir notre potentiel agricole, encourager le développement d’industries stratégiques et des services créateurs d’emplois et de valeurs ajoutées et surtout, redonner l’espoir à nos jeunes. Mais pour que tout cela se réalise sans violence, il y a un prix à payer que le peuple va exiger avant d’accepter de se serrer la ceinture: il faut lui rendre justice en faisant la lumière sur tous les scandales et les actes de corruption et de trahison du clan au pouvoir et de leurs complices. Les crimes de corruption sont imprescriptibles et régis par des accords internationaux. Il faudra juger et condamner ces criminels pour pouvoir saisir leurs biens. C’est la seule et unique recette pour éviter dans 2 ou 3 ans la guerre civile programmée par la feuille de route du GMEI dont l’objectif reste «la sécurisation militaire étrangère» des futures installations multinationales en Algérie.

    Sid Kaci

    Le Quotidien d’Algérie, 20 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Tebboune, complots,

  • Le dossier n’a pas figuré dans l’ordre du jour du Conseil : Quid des problèmes financiers de l’Algérie ?

    Le Conseil des ministres de samedi dernier a été consacré à l’examen des dossiers commerce, logement, industrie, santé, start-up et, donc, à des questions urgentes. La réunion présidée par le chef de l’Etat ne s’est pas limitée à des constats, mais à l’exposé de feuilles de route sectorielles jusqu’à l’horizon 2024, en particulier pour les branches habitat, industrie, commerce, agriculture. Mais le plus étonnant dans ce premier Conseil des ministres, à la veille de la finalisation du plan d’action du gouvernement, est l’absence d’examen du volet financier qui constitue l’urgence des urgences sur le plan économique.

    Un large cercle d’économistes avait pourtant affirmé que les mesures les plus urgentes du gouvernement Djerad, au chapitre économique, s’avère celles qui tendent à redresser la situation financière marquée par un déficit important du Trésor, estimé à plus de 2 000 milliards de dinars en 2020, de la balance commerciale et de la balance des paiements. En un mot, l’urgence des urgences est d’abord l’annonce de nouvelles décisions pour faire face au déficit budgétaire important et aux nouvelles dépenses budgétaires induites par la mise en oeuvre du programme présidentiel. Il s’agit là de mesures à court terme qui pourraient soulager le pays en attendant d’autres remèdes, la mobilisation de nouvelles ressources financières pour couvrir les besoins d’investissements publics à moyen terme.

    Paradoxalement, pour plusieurs économistes, parmi les urgences figure la réduction des dépenses publiques, en particulier le train de vie de l’Etat. Pour un économiste, le volet financier reste en outre à la marge dans ces premières semaines de gouvernance Tebboune. Pour preuve, l’absence d’un Secrétaire d’Etat ou d’un ministre délégué à la réforme bancaire et financière dans le gouvernement Djerad. Quand on sait l’importance de cette réforme structurelle sur la redynamisation de l’économie du pays, cette omission demeure surprenante. Parallèlement, l’un des chantiers les plus urgents est la définition d’une trajectoire à moyen terme qui donnerait plus de lisibilité ou de visibilité aux investisseurs. C’est du reste un préalable au recours à l’endettement extérieur (recours aux crédits multilatéraux, c’est-à-dire consentis à des conditions favorables) en vue de couvrir une partie des besoins de financement du pays.

    Il convient ici d’adopter cependant la prudence. La feuille de route en matière de réforme fiscale avec ses mesures à court et moyen termes n’est pas prête aujourd’hui. Idem probablement pour la trajectoire budgétaire. On en saura davantage quand le programme du gouvernement Djerad sera rendu public dans quelques jours, voire au cours des prochaines semaines.

    Ce qu’il faut noter, au chapitre rose, lors de ce Conseil des ministres, c’est une série de recommandations pertinentes du Président de la République telles que la lutte contre le gaspillage du pain, l’imposition de normes aux frontières pour empêcher la commercialisation de produits non conformes, dont les appareils de chauffage qui seraient à la source de la mort de dizaines de citoyens par inhalation de monoxyde de carbone depuis le 1er janvier 2020, le traitement en urgence du dossier véhicule SKD-CKD en vue de mettre fin à l’importation déguisée de véhicules qui a profité à certains oligarques aujourd’hui emprisonnés.

    A noter que le caractère dépensier de l’Etat semble perdurer au regard de la déclinaison d’un programme de réalisation de 1 million de logements d’ici à 2024 en contexte de crise financière. Cette politique de l’habitat, qui consiste à donner le logement à des catégories sociales qui peuvent épargner pour obtenir le logement aidé, est-elle soutenable ? s’interrogent plusieurs économistes. Selon eux, le logement devrait aller aux catégories sociales les plus démunies. Pour les couches moyennes des formules de location plus souples et plus accessibles qu’aujourd’hui, conjuguées à des formules d’épargne logement (effort d’épargne consenti) seraient plus appropriées. En un mot, l’Etat peut-il continuer à donner gratuitement un logement à des bénéficiaires qui vont, pour certains, le revendre ou le louer une année ou quelques années plus tard ? En attendant le plan d’action proprement dit, sur le volet dépenses, jusqu’ici, le chef de l’Etat ni le Premier ministre ne nous disent, quitte à le rappeler, comment financer toutes ces dépenses.

    Source

    Tags : Algérie, Hirak, Tebboune, gouvernement, économie, situation financière,

  • Algérie : Repose en paix Martyr, le flambeau est entre de bonnes mains!

    Par Farid HOUALI

    Le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’ANP, était connu pour être un « chef intransigeant » notamment quand il s’agit de l’Algérie. Une Algérie pour laquelle il s’est consacré corps et âme depuis qu’il rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale alors qu’il n’avait que 17 ans. Au lendemain de l’indépendance, toujours en uniforme, il continue à servir le pays au sein de l’Armée nationale populaire.

    « Préserver la dignité de l’Algérie, sauvegarder la sécurité de son peuple et protéger chaque parcelle de sa noble terre, sont des missions invariables, voire même sacrées pour l’ANP, qui leur accorde l’importance et l’intérêt requis, et qui s’engage à leur parfait accomplissement, en toutes conditions et circonstances », a souvent souligné dans ce contexte le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, et vice-ministre de la Défense nationale.

    « Le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état- major de l’Armée nationale populaire est un homme qui parle peu, mais qui maîtrise parfaitement les techniques de la communication, lorsque les circonstances exigent son intervention au nom de l’institution militaire », écrivions-nous sur ces mêmes colonnes. En effet, tous s’accordent à dire qu’à l’inverse d’un grand nombre de politiciens dont les discours ont atteint depuis très longtemps le niveau de l’inflation, il ne s’est jamais laissé tenter par le verbiage occasionnel et le bavardage circonstanciel transformés en ligne de conduite par une infime partie d’une classe politique vouant une véritable obsession aux manifestations factices et ostentatoires.

    En confiant au général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, la vice-présidence de la Défense nationale, en plus de l’état-major de l’ANP, le chef de l’Etat n’a fait que répondre de manière inédite à un contexte extérieur non moins inédit. Ahmed Gaïd Salah a dirigé les secteurs opérationnels sud et centre de la 3e région militaire (Béchar) avant d’occuper successivement les postes de commandant adjoint de la 5e région militaire (Constantine), commandant de la 3e région militaire, commandant de la 2e région militaire (Oran) et commandant des forces terrestres. Il avait dirigé en outre l’école de formation des officiers de réserve de Blida.

    Jusqu’au dernier souffle

    Un simple survol de la carte suffit largement pour nous renseigner sur les charges supportées par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.

    Á l’ouest, ses hommes interviennent régulièrement dans la lutte contre les narcotrafiquants et procèdent à des saisies record de résine de cannabis provenant du Maroc. Au sud, ses troupes sont chargées de la surveillance d’une bande frontalière longue de plus de 1300 km.

    Au-delà de cette frontière séparant l’Algérie du Mali et du Niger, des bandes criminelles contrôlant le trafic de stupéfiant et d’armes écument des zones dont la superficie est plus grande que celle de certains pays européens. La preuve de leur connexion avec le terrorisme est établie depuis des années. C’est aussi à travers cette frontière que les cartels sud- américains tentent de faire passer de petites quantités de drogue dure, en utilisant les réseaux locaux qui contrôlent l’immigration clandestine. Á l’est, la mobilisation des militaires est quasi permanente en raison de la situation sécuritaire critique prévalant en Libye et qui menace, à l’ombre d’une grave crise politique sans précédent, de se propager en Tunisie. La situation est exceptionnelle et les défis sont énormes.

    Le tout est supervisé personnellement par Ahmed Gaïd Salah. Ni son âge avancé, ni sa maladie, ni encore moins l’étendue du territoire national ne l’empêchaient de parcourir les six Régions militaire et secteur opérationnels et ce, parfois deux à trois fois en un seul mois. Nos militaires reconnaissent d’ailleurs le fait qu’il n’y a jamais eu autant d’exercices militaires que du temps du général de corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah. « L’efficacité opérationnelle que nous voulons est celle dont les résultats peuvent s’étendre à tous les domaines à l’image de la lutte antiterroriste. Et tant que nous sommes pertinemment conscients que la préparation au combat est l’un des facteurs auxquels on peut compter en matière d’acquisition de la disponibilité requise, je tiens à préciser, aujourd’hui comme j’ai toujours insisté, que l’effort principal et vital consiste en la préparation au combat avec toutes les connotations de ces termes et avec toutes leurs exigences », ne cessait-il de répéter. Autre fait d’armes d’Ahmed Gaïd Salah. Au jour d’aujourd’hui, nul ne peut ignorer la relance de l’industrie militaire jusqu’au point de devenir une référence en la matière. Aussi, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah ne croyait qu’à la perfection de seins de l’ANP. Á cet effet, on ne peut faire l’impasse sur la réouverture des écoles des cadets de la Nation qui constituent le réservoir de l’ANP. Dans ses différentes interventions, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, a souvent mis en exergue la stratégie « clairvoyante » du Haut Commandement de l’ANP visant la formation d’une génération d’élite « capable » d’assumer ses futures responsabilités. Pour ce faire, le Haut commandement de l’ANP a réuni toutes les conditions de vie et professionnelles adéquates qui constituent des outils, voire des exigences impératives qui contribuent assurément à l’aboutissement de l’effort didactique escompté. Les résultats sont là : 548 lauréats des Ecoles des cadets de la Nation de Blida, Oran et Sétif ont enregistré d’excellents résultats avec un taux de réussite de 99.46% au baccalauréat session juin 2019.

    Seul contre tous

    L’Algérie traversait dix mois durant une crise politique, et l’ANP se retrouve encore une fois, malgré elle, un acteur incontournable sur la scène politique nationale. Disons que tout au long de cette période, l’ANP, à l’image de son premier responsable, Ahmed Gaïd Salah, portait un lourd fardeau et l’Histoire a démontré que l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, était présente à toutes les étapes décisives que l’Algérie a connues car ces Hommes portent l’Algérie dans leur cœur, œuvrent à préserver sa sécurité et sa stabilité et valorisent ce qui a été réalisé comme exploits, que ne peuvent nier que les ingrats.

    Ce 26 mars 2019, c’est lui, Ahmed Gaïd Salah, qui sonne la fin de la partie pour Bouteflika. Le chef de l’armée, vice-ministre de la Défense, demande l’application de l’article 102 de la Constitution qui prévoit l’empêchement du président.

    Aujourd’hui, comme souvent réaffirmé, l’ANP faudrait-il le reconnaître, a contribué avec efficacité à surmonter cette phase cruciale que traversait notre pays et à aplanir les difficultés et les obstacles et neutraliser toutes les mines semées par la bande au sein des différentes institutions, partant de sa profonde foi en la noblesse de ses missions, dont elle a fait le serment devant Allah, la patrie et le peuple, de les mener à bien avec engagement et abnégation, quelle que soit l’ampleur des difficultés et des défis. Dans l’exercice de ses missions, l’ANP a la pleine confiance de la nation. Elle y répond et elle y répondra. Ahmed Gaïd Salah, en sa qualité de « premier soldat » de l’ANP, ne manquait aucune occasion de le souligner se montrant ainsi rassurant quant au devenir de la patrie, car, c’est là, toute la question.

    «Le peuple algérien, appuyé par son armée qui l’a accompagné, de manière sincère et constante dans son élan pacifique pour atteindre ses aspirations légitimes…, a accompli d’énormes avancées sur la voie de la concrétisation de la volonté populaire», lit-on dans l’édito de la revue El Djeïch dans son dernier numéro de décembre. L’Algérie est en effet entre de bonnes mains.

    F. H.

    Eldjazaircom.dz

    Tags : Algérie, Gaïd Salah, armée, Hirak, ANP,

  • Algérie / Charité bien ordonnée

    « Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison ».

    Par Mohamed Abdoun

    Le ministère de la Culture a ordonné, manu militari, le limogeage du directeur de la culture de M’sila. Le dénommé Rabah Drif, via son compte Facebook, a gravement porté atteinte à une grande figure de notre guerre de libération nationale, Abane Ramdane en l’occurrence.

    Cette décision, radicale et très rapide, vient peut-être mettre un terme définitif à cet inexplicable et éternel règne de l’impunité. Beaucoup d’individus, n’occupant pas forcément de hauts postes au sein de l’administration algérienne, se livrent en effet aux écarts de langage les plus outranciers qui soient sans jamais en être inquiétés.

    L’exemple le plus flagrant et le plus grossier qui me vient immédiatement à l’esprit est bien celui de Naima Salhi. Celle-ci avait déjà menacé de tuer sa fille si elle osait un jour s’exprimer en tamazight. Il n’est pas seulement question d’intolérance et de racisme ici. Il est carrément question de crime. D’assassinat. Cette personne, qui n’en est pas à un dépassement prêt, a également menacé tous ceux qui n’ont pas fait semblant –comme elle- de pleurer à la suite du décès de Gaïd Salah. Impossible, non plus, de ne pas penser à ce tristement célèbre « ministre insulteur ».

    Lui, en revanche, n’a pas du tout inquiété. Mais, l’on pourrait nous rétorquer que ses « écarts de langage » étaient antérieurs à sa promotion. Notre réponse serait que cela représente une raison de plus de ne jamais faire appel à un pareil individu, quelles que soient ses compétences, si le pouvoir, dans son acceptation la plus large, était vraiment sincère dans sa démarche.

    En tous cas, autant je me félicite de la célérité et de la radicalité de la décision prise à l’encontre de ce Rabah Drif, autant je me demande si la Salhi and co vont continuer de bénéficier d’une quasi-totale impunité. Elle n’est pas la seule, du reste. Les réseaux sociaux, où l’on croise le meilleur comme le pire, sont un terreau très favorable à la prolifération de toutes les formes d’écarts et de dépassements. Y mettre bon ordre passe peut-être par la loi à laquelle a appelé Tebboune le même jour.

    Il s’agit, indique un communiqué officiel émanant de la Présidence de la République, « d’élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine dans le pays ». Deux questions de taille se posent cependant. Est-ce qu’il n’y pas de risque que cette future loi soit utilisée comme alibi afin de procéder à de la censure bien ciblée au sein des réseaux sociaux ?

    En outre, le fait de criminaliser une déclaration, une parole, un mot, ne porte-t-il pas atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression ? Le fait de « criminaliser » des déclarations, des avis, des messages, me semble être une mesure par trop radicale, alors qu’il eut surtout fallu qualifier de « délits » ce genre d’attitude ou de sorties publiques, au même titre que la fonction de journalisme.

    Dans notre métier, en effet, on ne met plus en prison un professionnel pour ses écrits, car cette pratique était courante par le passé. Il peut être poursuivi, bien sûr, mais il ne risque que des amendes. Jamais des peines de prison.

    Pour le cas qui nous intéresse, on est à la lisière de la violence, du rejet de l’autre et du recours à la force qui sont, eux, des crimes parfaitement qualifiés. L’idéal serait donc d’arriver à distinguer entre une déclaration, un avis, qui relève strictement du simple délit, et un appel à l’acte, à la violence, même soufflé à mots couverts que je qualifierais, moi, de crime pur et simple.

    Et, puisqu’il est question ici de « liberté d’expression », il serait bon au passage que des instructions soient données afin que les sites d’information bloqués chez nous ne le soient plus. Ce serait un gage de changement et de bonne volonté à l’adresse du hirak, lequel attend par ailleurs que tous les détenus d’opinion soient libérés…
    M. A.

    La Tribune des Lecteurs, 14 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, racisme, régionalisme, amazigh,

  • Algérie : Les partis se repositionnent

    FLN, RND, MSP… L’heure des repositionnements

    C’est l’heure des repositionnements chez nombre de partis, ceux de l’ex-allégeance notamment mais également chez ceux ayant longtemps évolué à la périphérie, ceci à la faveur de la nouvelle donne politique induite par l’élection du président de la République et la poursuite d’un mouvement populaire décidé à faire le grand ménage dans les mœurs en usage jusqu’ici.

    M. Kebci – Alger (Le Soir) – Exercice plus que délicat que celui auquel nombre de partis sont contraints par la force d’une nouvelle donne politique induite par la déferlante citoyenne du 22 février dernier qui impose, désormais, de nouvelles pratiques et mœurs politiques autres que celles ayant prévalu jusqu’ici.

    Un exercice à valeur de véritable pari pour, notamment, les partis de l’ex-allégeance, le duo FLN-RND en tête, cible privilégiée des millions de manifestants qui, depuis le 22 février écoulé et sans discontinuité, réclament leur mise au placard.

    Un duo qui s’efforce, une fois la grosse tempête passée, à la faveur surtout du déroulement, dans les conditions que l’on sait, de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, de sortir progressivement la tête de l’eau. Surtout que les deux partis qui ont de tout temps servi de façade partisane au pouvoir en place vivent de similaires situations avec pratiquement l’adoption de mêmes feuilles de route pour s’en sortir.

    D’ex-secrétaires généraux et nombre de cadres en détention provisoire et condamnés pour certains, pour des affaires de corruption, des secrétaires généraux intérimaires floués, ayant complètement perdu la boussole lors du dernier scrutin présidentiel et faisant face à des frondes de leurs bases militantes.

    Et face à ces tableaux de bord clignotant au rouge, les directions intérimaires du FLN et du RND adoptent le même antidote, soit mettre le cap sur des congrès à l’effet de conférer la légitimité à leurs directions avec la perspective chez le second de changer même de dénomination pour, en quelque sorte, se mettre à l’air du temps empreint de «dégagisme». Mais avant, on a pris le minutieux soin de signifier leur disponibilité à travailler avec le nouveau président de la République dans l’intérêt de l’Algérie et de son peuple, de saluer la composante du nouveau gouvernement, le dialogue inclusif auquel il appelle tout comme la mise sur pied d’un comité d’experts constitutionnalistes chargé d’élaborer des propositions en prévision d’une révision profonde de la Constitution. Manière à ces deux partis de se replacer et de se repositionner en vue des prochaines échéances politiques, élections législatives et locales probablement.

    Ceci dit, au sein des deux autres membres de l’ex-allégeance, le TAJ et le MPA dont les premiers responsables sont également en détention provisoire pour des affaires de corruption, le coma semble encore se prolonger. Ceci même si au sein du premier parti, on tente de se contenter du minimum requis avec des communiqués laconiques signés du président intérimaire du parti et dans lesquels il manifeste son soutien au nouveau Président et à toute sa démarche.

    Et dans le camp de l’opposition, certains partis, notamment ceux émargeant dans la mouvance verte, commencent à opérer un virage à 180 degrés, entamant un repositionnement en douceur.

    C’est le cas, notamment, du MSP qui, après avoir boudé à contre-cœur l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, s’éloigne de plus en plus du mouvement populaire du 22 février qu’il a fait semblant d’accompagner jusqu’ici et dont la poursuite semble aller à contresens de sa volonté de renouer avec sa philosophie et sa doctrine entriste. D’où l’opération de charme que son président a entamée envers le président de la République. Dans une conférence de presse animée samedi dernier, Abderezzak Makri a déclaré que la fraude électorale exercée par la «Issaba» durant des années a empêché son parti d’atteindre le pouvoir. «Notre parti a subi l’injustice», a-t-il fait savoir, estimant que le défunt «Mahfoud Nahnah y était parvenu lors de l’élection de 1995, mais les résultats du scrutin avaient été falsifiés». Et au président du MSP de déclarer dans la foulée «œuvrer avec sérieux et efficacité à formuler des propositions sur l’amendement de la Constitution».
    «En vue de donner sa véritable valeur aux élections législatives, le gouvernement doit être issu de la majorité parlementaire.

    Si les Algériens sont d’accord pour un régime semi-parlementaire ou semi-présidentiel, le MSP ne s’y opposera pas», a estimé Makri, affirmant que «le gouvernement doit représenter la majorité plébiscitée par le peuple».

    M. K.

    Le Soir d’Algérie, 14 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, partis, RCD, FFS, FLN, MSP, Constitution,

  • Maroc – Pays Bas : Lilian Marijnissen écrit sur le Rif et les prisonniers politiques rifains

    2020-01-09

    Après sa visite à Arif, Lilian Marijnissen, chef du parti du Parti socialiste, a écrit ce qui suit sur sa page Facebook:

    Ils ont pris des années de prison pour avoir participé à une manifestation pour de bons soins, un travail équitable et contre la corruption. Ou bien pour avoir distribué un « j’aime » sur Facebook. Aux Pays-Bas, cela est impensable, mais dans la région du Rif au Maroc, de nombreuses personnes sont touchées. Ces derniers jours, je me rendais dans le nord du Maroc avec mon collègue Sadet Karabulut pour en savoir plus sur les manifestations et la répression des populations de la région du Rif.

    Ce qui a commencé avec la mort d’un marchand de poisson innocent à Al Hoceima en octobre 2016, est devenu un énorme mouvement de protestation, le mouvement Hirak. Ce mouvement lutte pour une bonne éducation, pour le travail de tous, contre la corruption et pour un hôpital pour les nombreux cancéreux de la région. Il y en a beaucoup à cause de l’histoire de la guerre avec des armes chimiques dans la région. Des choses qui sont normales pour nous, mais qui manquent dans le Rif. La région est négligée et désavantagée depuis des décennies. En raison de la grande pauvreté, il y a peu de perspectives pour les jeunes. La moitié des gens ne peuvent pas aller à l’école. Beaucoup de gens se sont éloignés pour construire une vie ailleurs. Le roi du Maroc, avec un petit groupe de personnes, a beaucoup de pouvoir dans le pays. Toutes les formes de protestation sont supprimées. Il y a beaucoup de corruption et c’est principalement un petit groupe de personnes qui en profite.

    Depuis le début des manifestations en 2016, des centaines de personnes ont été arrêtées et détenues. Ce sont des prisonniers politiques. Les personnes qui ont été emprisonnées, purement et simplement parce qu’elles ne sont pas d’accord avec le gouvernement. Ils ont été libérés de leur lit au milieu de la nuit et souvent enlevés avec violence. Sans pouvoir dire au revoir à leur famille. Ils ont ensuite été contraints d’avouer sous la torture quelque chose qu’ils n’avaient pas fait du tout et ont disparu en prison. Nous avons entendu des organisations de défense des droits humains et des personnes détenues que les processus n’étaient pas équitables.

    L’un de ces prisonniers politiques est Nasser Zafzafi. Il est considéré comme l’un des leaders des manifestations et a été condamné à vingt ans de prison. À Al Hoceima, nous avons rencontré ses parents. C’était très impressionnant. Ils nous ont parlé de Nasser. À propos de la lutte qu’il mène pour une vie meilleure pour les habitants du Rif. Pour qu’ils n’aient pas à s’éloigner, mais qu’ils puissent construire un avenir. Ils ont également expliqué que malgré toute la misère et le manque quotidien de leur fils, ils resteront fidèles aux exigences sociales du mouvement. Parce que pour eux, et pour tous ces autres, c’est la seule chance d’avoir une vie meilleure au Maroc.

    Qu’est-ce qui peut aider les gens là-bas dans leur lutte? Pression d’autres pays sur le Maroc. C’est pourquoi nous continuerons d’exhorter le gouvernement à appeler le Maroc à libérer les prisonniers politiques.

    Source

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Pays Bas, Parti Socialiste,

  • Farid Chaoui invite à penser le hirak dans le temps long

    Réflexion autour des réformes

    Dans le monde politique, il y a les activistes. Ceux qui participent à une marche le matin, à une assemblée générale dans l’après-midi, trouvent le temps de signer une pétition entre les deux, et se déchaînent sur les réseaux sociaux le soir.

    Il y a ensuite ceux qui sont dans des organisations politiques. Leur activité est rythmée par celle de leur parti, auquel ils consacrent une partie de leur temps, selon leurs moyens, leurs responsabilités et leurs disponibilités.

    Et il y a une troisième catégorie, ceux qui tentent de comprendre l’évolution de leur temps, de décoder les évènements et de leur donner une orientation sur le long terme. Farid Chaoui fait indéniablement partie de cette catégorie. Leur souci n’est pas d’écumer les plateaux de télévision, ni de squatter les tribunes ou de monopoliser le débat. Ils essaient de créer des opportunités pour lancer des débats sur les grands thèmes politiques et de société de leur temps, et de rappeler les grands enjeux que le pays doit affronter. Ils s’inscrivent résolument dans le temps long, et refusent d’être entrainés dans l’immédiateté.

    La réflexion de Farid Chaoui relève de ce souci permanent de ne pas plier aux modes du moment. Sa contribution sur le hirak porte clairement cette marque. Il revient sur de grands mouvements sociaux qui ont marqué l’époque contemporaine, comme l’opposition à la guerre du Vietnam aux Etats-Unis dans les années 1960 e 1970, ou mai 1968. Il relève que ces mouvements, malgré leur ampleur exceptionnelle, n’ont pas débouché sur des bouleversements politiques ou institutionnels immédiats, mais qu’ils ont durablement marqué l’évolution des sociétés sur des décennies.

    Il rapporte cette réflexion au hirak, ce formidable mouvement populaire né en Algérie le 22 février 2019, et qui se poursuit encore avec la promesse de boucler une année dans un mois et demi. La vocation du hirak n’est pas de prendre le pouvoir en Algérie, mais d’opérer une sorte de reformatage de la vie politique sur le long terme. C’est dans la durée que ce mouvement portera ses fruits, en ouvrant des perspectives pour une nouvelle vision de la vie politique et institutionnelle, de la gouvernance et de l’organisation des rapports sociaux. C’est un texte qui mérite d’être lu et diffusé.

    Abed Charef

    La Nation, 5 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, réforme,

  • Algérie : Les sept axes de propositions et recommandations du Président de la République

    Renforcement des droits et libertés des citoyens, moralisation de la vie publique et lutte contre la corruption, consolidation de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, renforcement du pouvoir de contrôle du Parlement, consolidation de l’indépendance du pouvoir judiciaire, consolidation de l’égalité des citoyens devant la loi et consécration constitutionnelle des mécanismes d’organisation des élections.

    Les sept axes de propositions et recommandations du Président de la République autour desquels le comité, choisi pour cette mission, doit mener sa réflexion sont ambitieux. A la mesure de la situation cruciale que vit le pays. Il s’agit de revoir les principaux thèmes pour la construction d’un Etat de droit. Ces recommandations s’inscrivent en droite ligne avec les engagements du chef de l’Etat pendant sa campagne pour une Algérie nouvelle, basée sur un Etat de droit et des règles du jeu démocratique comme le souhaite une majeure partie de l’opinion nationale.

    Les Algériens, sortis dans la rue pour rejeter un cinquième mandat, exigent depuis ces mêmes changements contenus aujourd’hui dans ces propositions. L’amendement de l’actuelle Constitution qui devrait constituer le projet politique qui va animer prochainement la vie sociale et probablement un passage nécessaire, afin d’entamer un nouveau départ. Sauf qu’il faudrait faire en sorte que la Constitution amendée soit désormais celle qui prescrira des règles immuables. Qui ne seront pas vite remises en cause à chaque nouvelle présidence.

    L’Algérie a toujours eu du mal à respecter les textes mis en place par le législateur pour réguler la vie publique. Souvent, le politique s’incruste et impose ses règles, même aux dépens de l’Etat et de son image. Celle par exemple de changer le fameux verrou du nombre de mandats présidentiels et de l’alternance au pouvoir. Une «liberté» qui aura énormément fait mal à l’Algérie et à ses lois.

    La situation que vit actuellement le pays pourrait bien être idoine pour décider, une bonne fois pour toutes, un véritable changement. Et instituer des règles du jeu immuable qui consolideront l’Etat et, partant, le citoyen dans son rapport avec son Etat.

    Reporters.dz, 9 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune, Consitution, réforme,

  • Renaissance et révolution intellectuelle en Algérie

    Nous vivons un moment crucial de notre révolution pacifique du 22 Février 2019 que nous allons, bientôt, fêter son premier anniversaire, la lutte politique pacifique d’un peuple qui a décidé de prendre son destin en main. Cependant, c’est pendant ce moment décisif que nous devons réinventer d’autres moyens de lutte pacifique mais aussi réfléchir à poser les jalons d’une révolution intellectuelle et amorcer un processus pour la renaissance de la nation algérienne et donner naissance à une nouvelle forme d’organisation pour consacrer le droit de tout un peuple de construire son pays, édifier un Etat de droit, démocratique et social tel que souhaité par nos valeureux martyrs et consacré dans l’appel du 1ier Novembre 1954.

    De la dépravation politique, de l’accumulation des conditions socioculturelles misérables, des injustices et des crimes multidimensionnels sont infligés au peuple algérien. une conscience collective de tout un peuple est née, et pourtant, endormi des décades durant. Cependant, une maturité politique s’est imposée et elle déjoue toutes les manœuvres d’un régime qui essaie, vaille que aille, de se régénérer.

    De la non violence érigée comme mode de lutte pacifique et le Boutisme pour marquer le caractère courageux et héroïque des algériens de mener le combat jusqu’au bout, conjugués aux nombreuses expériences vécues et payées chèrement pas les algériens, font de nous un peuple à la recherche de la liberté.

    Révolution intellectuelle et la naissance d’une civilisation algérienne devra faire objet des réflexions et des débats politiques : un sens à donner à notre révolution pour ne pas tomber dans l’émotion des foules. Les tenants du pouvoir réel en Algérie, l’Etat major, et les hommes politiques doivent en assumer toutes leurs responsabilités d’inventer les voies et moyens pacifiques pour assurer, non pas seulement une transition paisible, sereine et sans violence, mais aussi accompagner le peuple algérien dans la construction de sa civilisation.

    Le processus de la construction d’un Etat fort, d’une nation et d’une civilisation nécessite de la réflexion, du travail intellectuel, des sacrifices des hommes et des femmes épris de valeurs universels de justice et de liberté, ce qui font d’eux les pères fondateurs de leurs nations. Les conditions sine et qua none pour la réussite de ce dit passage sont, à mon amble sens, comme suit :

    _ Réhabiliter le politique : encourager les citoyens à s’impliquer politiquement dans la construction de leur pays, et leur inculquer les vraies valeurs humaines d’honnêteté, « l’honnêteté est la meilleure des politique » qui prendra place de l’idée qui est, malheureusement, véhiculée et répandue « la politique est l’art du mensonge ».

    _ Réhabiliter le politique dans nos partis politiques, donnons la chance aux jeunes de s’émanciper politiquement, et se fixer des défis majeurs, asseoir une vraie stratégie de préparation de la relève, l’élite de demain, avec de la formation et exiger un niveau intellectuel pour avoir accès aux postes de responsabilités, surtout pour la députation et les sénatoriales dont nous en avons connu des députés et des sénateurs qui ne peuvent discourir, malheureusement, ni en politique, ni sur en économie, ni rien du tout : des postes politiques qui deviennent, désastreusement, des postes d’empois, d’où notre décadence.

    _ Les partis politiques, de l’opposition, avec toutes leurs divergences politiques, doivent en faire beaucoup d’effort pour créer une synergie, un vrai front pour faire face aux manouvres du régime algérien qui a tous les moyens de se ressusciter. L’idée du lancement du pacte de l’alternative démocratique (PAD) est à encourager, car dans un moment révolutionnaire, nous devons être conscients des défis communs qui nous lient tous.

    _ Il ne y’a pas de développement sans démocratie. La nouvelle constitution doit, impérativement, assurer les principes inébranlables de la construction d’un Etat moderne : l’indépendance de la justice, séparation des pouvoirs, et la limitation des mandats présidentiels. Donner de vraies prérogatives aux assemblées communales et wilayales dans les affaires de gestion de leurs territoires, surtout du foncier, et asseoir un nouveau mode de décentralisation qui va donner un nouveau souffle pour le développement local et qui va, sans doute, et par conséquent, assurer le développement national.

    _ Interdire la violence, physique ou verbale, bannir le racisme et l’appel à la violence, instaurer des politiques basées sur les valeurs, exiger du savoir, la compétence, le respect de la condition humaine. Nous avons tous le regret de connaitre des ministres, des Walis, des députés, des responsables qui méprisent et qui insultent leur peuple, hélas ! Des hors la loi qui sont sensés la protéger !

    _ Investir dans le savoir en créant de grandes écoles de science politique, du génie industriel, du génie informatique, et créer de vrais pôles technologiques qui peuvent même attirer nos compétences à l’étranger de revenir et contribuer au développement de leur pays, la Malaisie est un bon exemple dans ce sens.

    _ Faire participer tout le monde dans la lutte contre la corruption qui a gangréné notre économie : exemple de la Korée du sud qui a instauré un mode d’information motivant chaque citoyen qui peut informer les autorités de chaque acte susceptible de corruption, et inculquer aux citoyens les valeurs de citoyenneté et leur permettre de s’impliquer dans la gestion de leurs localités et contribuer à la protection de l’environnement.

    _ Elaborer des politiques de développement durable humain, où la vie et le bien être des algériens, leur émancipation, leur progrès et leur dignité doivent être le centre de gravité de toutes les stratégies.

    L’Algérie dispose de toutes les richesses et les ressources pour amorcer un vrai boom économique, et les expériences vécues, passant par la guerre de libération 1954, l’indépendance confisquée de 1962, les événements de 1980, 1988, la tragédie noir des années 90s, et comme accumulation, la révolution du 22 Février 2019 doivent être de grandes leçons, une opportunité à tracer les jalons d’un processus de naissance d’une nouvelle nation, une nouvelle république, une nouvelle Algérie,

    L’espoir nous est permis !

    Gloire à nos martyrs, vive l’Algérie, vive le peuple algérien.

    Slimane KHERMOUS, militant politique, maire Souk El Tenine, T.O

    Source

    Tags : Algérie, Hirak, nouvelle république, renaissance,

  • Algérie : Un ordre démocratique nouveau

    Le tempo est donné. La locomotive du changement démocratique conformément aux engagements pris par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est lancée pour concrétiser les attentes des citoyens aspirant à une meilleure gouvernance politique et économique en rupture totale avec l’ère du despotisme et du règne oligarchique qui ont mis en péril les fondements de l’Etat national.

    La refonte totale de l’Etat s’impose pour favoriser de nouvelles méthodes de gouvernance exprimées par le gouvernement de compétences et de performance. Placé à la «tête des priorités», le chantier de la révision constitutionnelle est entamé pour permettre l’édification de la nouvelle République porteuse d’un «ordre démocratique fondé sur le pluralisme politique et l’alternance au pouvoir, une réelle séparation et un meilleur équilibre des pouvoirs».

    L’urgence est décrétée par le président de la République. «Elle est nécessaire, car seule une révision profonde de la Constitution est à même de permettre la rénovation des modes de gouvernance à tous les niveaux de responsabilité et particulièrement au niveau des plus hautes institutions de la République.

    Dans ce cadre, je me suis engagé clairement pour mettre en place une nouvelle Constitution qui prémunira le pays contre toute forme d’autocratie, garantira la séparation des pouvoirs, assurera leur équilibre, confortera la moralisation de la vie publique et protégera les droits et libertés du citoyen», a souligné le président Tebboune dans une lettre de mission adressée au président du comité d’experts.

    Ledit comité est donc chargé de formuler des propositions dont les axes ont été clairement définis. Il s’agit en l’occurrence d’œuvrer au renforcement des droits et libertés des citoyens, à la moralisation de la vie politique, à la consolidation de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, à la mise en place des mécanismes de contrôle et d’évaluation de l’action du gouvernement par le Parlement, à la consolidation de l’indépendance du pouvoir judiciaire et de l’égalité des citoyens devant la loi, et à la consécration constitutionnelle des mécanismes d’organisation des élections.

    Le chantier est certes immense. Mais la mission est chargée de promesses de renouveau.

    Horizons, 8 jan 2020

    Tags : Algérie, Hirak, Abdelmajid Tebboune, gouvernement, corruption, Etatd de droit,