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  • Algérie : IMPASSE À PLUSIEURS SENS

    » Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne « .

    Par Mohamed Abdoun

    Cette fameuse conférence de la société civile, dont la tenue est prévue dans les tous prochains jours, dans le cas où le pouvoir en autoriserait la tenue, nécessité très certainement que l’on s’y appesantisse. De fait, elle intervient au moment où le chef de l’Etat appelle à un second round de négociations inclusives, alors que le premier s’était achevé en queue de poisson, et que les conditions actuelles permettent de dire qu’il en sera de même cette fois-ci encore, étant donné que le pouvoir n’a daigné faire aucune concession depuis l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet, et cette décision prise de prolonger sine die le mandat de Bensalah jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.

    Une pareille décision, que le Conseil constitutionnel a personnellement tenté de justifier dans son communiqué annonçant l’annulation du scrutin en question, me donne quand même l’air de contredire l’esprit et la lettre de cette même construction.

    En fait, à partir du moment où ce vote a été annulé de facto, le pays s’est automatiquement placé dans une situation extraconstitutionnelle, puisqu’il lui sera désormais impossible de se contenter de respecter la stricte durée du mandat du chef d’Etat intérimaire, fixée à trois mois seulement.

    Les appels itératifs du commandement de l’armée à ne pas quitter la voie constitutionnelle sont eux aussi frappés d’obsolescence à partir de ce même constat axiomatique de base. Voilà pourquoi cette conférence me donne l’air de mériter un minimum d’attention. Elle se propose, par exemple, de regrouper quelques 500 personnes venues des mouvements syndicat, associatif et même politique. Cela n’est franchement pas négligeable.

    Pareil regroupement peut s’avérer relativement représentatif. Cela même s’il me parait anormal qu’il ait été décidé d’exclure de cette conférence l’ensemble des responsables, présents et passés, ayant pris part à la gestion des affaires de la cité sous le régime de Bouteflika. Une pareille exclusion, qui a le chic de renier les principes démocratiques les plus usuels qui soient, peut en effet exclure des compétences avérées, pouvant aider à trouver les voies idoines de sorties de crise.

    Ce n’est pas tout. Cette idée d’exclusion, si on devait l’appliquer à la lettre, pour rester en phase avec la rue, devrait également inclure les représentants et élus de l’opposition, puisque ces derniers ont servi de » faire-valoir « , et ont eux aussi profité des énormes largesses du système. Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne.

    Enfin, les tenants de cette conférence souhaitent, au finish, soumettre leurs propositions à l’institution militaire, alors que celle-ci refuse catégoriquement de se mêler de politique. Elle a déjà décliné sèchement l’invitation d’Ahmed Taleb Ibrahimi. Reste juste à étudier de près les conclusions finales de cette conférence, avant d’en mesurer la popularité à l’aune des manifs du vendredi.

    La Tribune des Lecteurs

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  • Algérie : Le dialogue d’abord

    La société civile s’emploie à mettre en action une grande œuvre historique, à la condition d’éviter toute lecture idéologique ou radicale de la crise institutionnelle que traverse le pays. La conférence du 15 juin prochain constitue, à cet égard, une opportunité idéale pour enclencher un processus salvateur pour l’Etat, la société et plus au-delà encore, la Nation.

    Les animateurs de cette initiative, qui se trouve être la seule sur le terrain, ont la responsabilité d’ébaucher un début de réponse aux questions que se posent les 40 millions d’Algériens, inquiets de ne pas voir surgir une solution à la crise qu’ils vivent de plus en plus difficilement. Il ne faut pas se fier à la seule ambiance des vendredis de mobilisations populaires. Il faut voir plus loin et les Algériens ont cette pointe d’inquiétude lorsqu’ils se projettent en 2020 ou en 2021.

    Notre pays est, présentement, l’un des rares Etats de la planète à n’avoir pas un président à sa tête.

    Cet état de fait doit cesser et seul le dialogue, avec des concessions de part et d’autre, est à même de permettre à l’Algérie de se remettre debout et reprendre sa route vers l’épanouissement social et politique. Il serait naïf de penser qu’une attitude radicale débouche sur une société parfaitement égalitaire et un système démocratique idéal.

    D’ailleurs, il n’existe aucun exemple de par le monde qui a donné ce genre de résultats après un soulèvement populaire, pacifique ou pas. La question n’est donc pas d’aboutir à la plénitude, mais à un système réformable démocratiquement. Cela ne peut être obtenu par l’exclusion d’une ou d’une autre partie en présence.

    De fait, le dialogue est et demeurera le seul moyen civilisé de faire faire au pays et aux Algériens des bonds en avant. Il n’est pas dit que le bond que devra faire l’Algérie soit le dernier, mais il est impératif qu’il soit le bon et dans la bonne direction. Cela passe par une attitude, certes patriotique, mais également emprunte d’ouverture d’esprit.

    Le propos n’est pas d’accepter les symboles du système et leur redonner les clés du pays, mais d’engager un dialogue qui garantisse à terme, un Etat civil, une justice indépendante et une presse véritablement libre. C’est sur ces trois piliers que sera édifiée l’Algérie de demain. Mais pour s’assurer une justice indépendante et une presse libre, il faut en parler entre Algériens, tous les Algériens. Les animateurs de la société civile ont fait la première partie du chemin, ils doivent le poursuivre jusqu’au bout.

    Par Nabil.G

    Ouest Tribune

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  • Algérie : L’institution militaire persiste et signe

    Dialogue et solution constitutionnelle : L’institution militaire persiste et signe

    Le Midi Libre, 9 Juin 2019

    Seul le dialogue est à même d’ouvrir la voie à une issue légale et constitutionnelle garantissant l’organisation des élections présidentielles »le plus rapidement possible ».

    C’est ce qu’a indiqué la revue El- Djeich, affirmant que les discussions « stériles ne sont que perte de temps et d’occasions pour l’ouverture d’un dialogue véritable et sincère, fait deconcessions réciproques ». « Seul le dialogue est à même d’ouvrir la voie à une issue légale et constitutionnelle garantissant l’organisation des électionsprésidentielles le plus rapidement possible,tant

    il est vrai que les discussions stérileset infructueuses ne sont que perte detemps et d’occasions pour l’ouverture d’un dialogue véritable et sincère, fait de concessions réciproques, qui rapprocheraitles points de vue au service de l’intérêtsuprême du pays et la satisfaction davantage de revendications exprimées par le peuple », a en effet souligné l’éditorialdu dernier numéro de la revue de l’ANP. « Cette aspiration participera au renforcement de la cohésion du peupleainsi que la conjugaison des efforts de tous, garantissant au pays de poursuivre sa marche vers le développement dans unclimat de sécurité et de stabilité », a ajouté la publication. Soulignant l’importance du dialogue, la revue a relevé qu’en pareille crise complexe que traverse le pays,

    « l’intérêt de la nation, comme l’avait souligné le Haut commandement de l’Armée nationale populaire (ANP) dès le début, est d’opterpour la voie du dialogue sérieux, fructueux et constructif et d’aller, dans les plus brefs délais, vers la recherche de solutions adéquates, à même d’éviter à notre pays de verser dans des futilités qui rendraientla situation encore plus complexe et couperaient définitivement la voie à la période de transition qui ne pourrait que conduire à une situation encore plus difficile à maîtriser ». Dans ce contexte, la revue a mis en exergue la nécessité de convier à la table du dialogue « des personnalités nationales et des élites sincères et fidèles à la Patrie afin de trouver une issue favorable qui satisfasse l’ensemble, découle de la conviction de l’institution, de son souci de veiller à la continuité de l’État et de son attachement aux engagements qu’elle aexprimés, en de maintes occasions,

    d’accompagner le peuple algérien et les institutions de l’État et de faire échec à tous les scénarii aux néfastes desseins ». »Bien plus, la conviction en la nécessitédu dialogue entre les fils de la Patrie uneet indivisible et à ce que ce dernier soit lapriorité, en cette conjoncture précise, est de nature à économiser du temps enréduisant la durée de la crise, comme elledonnera lieu à la proposition d’initiativessérieuses de sortie de crise et, par lamême, permettra de neutraliser toute proposition destinée clairement à faire perdurerla crise », a noté El-Djeich, qui a réaffirmé,en outre, l’importance d’installerune instance indépendante chargée de l’organisationet de la supervision des élections »en tant qu’outil légal garantissant le déroulement d’élections présidentielleslibres, intègres et crédibles ».

    Pour la publication, « aujourd’hui, et plusque jamais, les intentions malveillantes et les plans diaboliques, les dépassements outranciers et dangereux de certaines parties qui, suivant la logique des bandes, cherchent à abuser l’opinion publique, les tentatives désespérées de susciter le doutesur toute initiative nationale crédible àmême de mener vers une véritable sortie de crise, à travers l’utilisation immoraledes médias, qu’il s’agisse de journaux ou de supports audiovisuels, pour construiredes scénarii farfelus et distiller des mensongesvenimeux, des informations erronées ou falsifiées, n’ont d’autre but que de voir la situation perdurer, voire s’aggraver ».Cet état de fait requiert, comme l’a souligné le général de corps d’arméeAhmed Gaïd salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, lors de sa dernière visite en 6eRégion militaire « la mobilisation de tous, chacun dans son domaine de compétence et dans la limite de ses responsabilités,notamment dans le secteur de l’information à travers toutes ses branches, au service de l’Algérie,

    car l’information se doit d’être le miroir qui reflète les revendications réelles du peuple algérien et sa voix sincère qui relate les vérités et communiqueses revendications, sans déformation ni falsification et sans instrumentalisationà des fins autres que les intérêts du pays », a rappelé la revue.El-Djeich a affirmé que « la crise que traverse notre pays aujourd’hui impose que ses fils loyaux et jaloux de leur patrie,préoccupés par son présent et son avenir,apportent tout ce qui est attendu d’eux comme contribution sérieuse et sincère denature à trouver une solution qui aural’assentiment et qui sera adoubée par tous ». « L’importance de cette démarche aété clarifiée par le général de corps d’arméequi a déclaré ’notre confiance en notre peuple est grande et en Allah l’estencore plus, afin d’assister notre ANPdans l’accompagnement des fils de notre patrie lorsqu’ils présenteront leurs propositions constructives comme le requiert le noble devoir national et l’Histoire retiendratout effort ayant contribué à trouver une sortie saine à la crise en Algérie », aajouté la publication. Par ailleurs, larevue a indiqué, que « pendant que l’ANP, à travers les réalisations et acquis enregistrésdans nombre de domaines, démontraitqu’elle appliquait avec succès lastratégie de développement et de modernisationadoptée par son Haut commandement,en droite ligne d’une vision prospectiveet éclairée qui a nécessité, cesdernières années, la mobilisation de forces et de moyens conséquents afind’assurer la surveillance, la défense et laprotection des frontières contre toute tentatived’atteinte à notre intégrité territoriale,il apparaît évident aujourd’hui quel’acquisition par notre armée des élémentsde la modernité et des facteurs de la puissancedissuasive dérange certaines partiesqui ne s’attendaient pas à ce qu’ellepuisse atteindre un tel niveau et en si peude temps ».

    « Le général de corps d’armée a situé avec précision les visées et objectifsde ces derniers, en affirmant ’le ressentimentqu’ils nourrissent à l’égard de,l’armée et de son Commandement a faitque ces avancées enregistrées par notre armée dans plus d’un domaine les dérangentvéritablement, au point de les pousserà des actions aux objectifs clairs, àsavoir tenter d’affaiblir l’armée et de faire barrage à cet effort de développement,ignorant que celui qui se dresse sur le chemin de l’ANP et de son commandementse dresse nécessairement contre les intérêts de l’Algérie », a conclu El-Djeich

    Par : LAKHDARI BRAHIM

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  • Algérie : La nécessité d’un dialogue inclusif

    Le dialogue est le plus court chemin qui mène, en acquis inestimable, à la stabilité politique et institutionnelle. Et tout aussi incontournable, l’urne est la voie idoine pour consolider le processus démocratique et garantir le libre choix du peuple.

    Cette démarche, qui s’oppose au scénario du pire prôné par les aventuriers et les indus occupants du mouvement citoyen privé de son droit légitime de représentation, repose sur la quête incessante du consensus pour éviter une impasse préjudiciable à la pérennité de l’Etat nation, dépasser les divergences idéologiques et politiques, et promouvoir un débat démocratique.

    Face à une crise entretenue par les faiseurs du chaos institutionnel, coupables de déni de légalité et du refus invétéré à toutes les propositions de sortie de crise, l’option stratégique du dialogue inclusif, universellement admis tel le mode adéquat de règlement des litiges, a été réitérée par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, plaidant, lors de son discours à la nation, pour la tenue dans «les meilleurs délais» de la prochaine présidentielle.

    Un appel à toutes les «parties concernées» a été lancé pour participer au «processus consensuel» et à «saisir cette nouvelle opportunité pour s’impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd’hui plus que jamais».

    La sagesse, le sens des responsabilités et l’esprit patriotique qui ont prévalu au sein du mouvement citoyen plébiscité dans le monde entier l’exigent pour préserver l’Algérie des retombées néfastes d’un environnement régional en bouillonnement intense et permettre la poursuite du développement national.

    Les enjeux sécuritaires et économiques l’imposent. La main tendue du chef de l’Etat, destinée à favoriser l’amorce de la concertation avec la classe politique, la société civile et les personnalités patriotiques nationales pour la mise en œuvre d’une solution consensuelle, s’appuie sur l’offre de «dialogue sérieux, fructueux et constructif» lancé par le haut commandement de l’armée acquis à la primauté de la légitimité constitutionnelle.

    Tout en refusant l’ouverture d’une période de transition aux conséquences incertaines et toute implication de l’armée dans la gestion des affaires politiques, l’ANP, attachée à son rôle d’accompagnateur, a décliné une feuille de route en quatre points inhérents au respect de la légitimité constitutionnelle, le lancement du dialogue approfondi entre les différents acteurs, la mise en place d’une commission indépendante en remplacement du gouvernement dans la conduite du processus électoral et, au final, la tenue de la présidentielle.

    Horizons

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  • Maroc : Mohamed Bouhennouch, âgé de 15 ans, condamné à 15 ans de prison ferme

    Mohamed Bouhennouch, lorsqu’il a été condamné à 15 ans de prison ferme en 2017 par un juge marocain, était un enfant de 15 ans, condamné à 15 ans de prison ferme, flagrante coïncidence qui choque extrêmement tout un chacun sauf les ennemis de l’humanité et les partisans de la dictature.

    Mohamed Bouhennouch, l’enfant de 15 ans a comparu devant le juge dans le tribunal de Casablanca comme un quidam accusé d’atteinte à la sécurité de l’État. Il n’a été entendu par le juge qu’avec la présence d’un traducteur, puisqu’il ne maîtrise que le rifain. «Monsieur le Juge, je vais vous raconter aujourd’hui une histoire très triste. A cause de l’horreur que j’ai vécu, je ne trouve aucun mot pour commencer», ainsi s’est exprimé l’enfant Bouhennouch pour entreprendre son plaidoyer devant le juge «C’était le premier jour du Ramadan, à 6 heures du matin, lorsque je me suis réveillé aux cris de mes frères et de mes parents, je croyais que c’était le tremblement de terre. Il s’est avéré plus tard qu’ils sont venus pour m’arrêter» a-t-il raconté de son arrestation.

    L’enfance et l’immaturité ne semblent plus un rempart contre la torture dans un État policier. «L’un d’eux m’a dit: « Profite du soleil parce que tu ne le verras plus désormais ». Et quand je suis arrivé à Casablanca, j’ai été battu. Même si j’étais un meurtrier, Monsieur le Juge, ils n’auraient pas dû me traiter de la sorte», insiste l’enfant Mohamed Bouhennouch.

    Le malheureux mineur rifain tombé dans les mains d’un régime impitoyable et inhumain a révélé dans le tribunal et devant tout le monde que des éléments de la Direction générale de la Sûreté nationale lui avaient demandé de faire des déclarations qui condamnent les leaders de la contestation du Rif Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, en échange de la clémence dans la poursuite intentée contre lui. L’enfant Bouhennouch peut-être espérait-il avec sa révélation trouver la justice chez un juge qui est tout sauf indépendant !

    Il a expliqué au juge qu’il a beaucoup souffert depuis son arrestation en évoquant l’horreur qu’il a vécu dans l’avion: des «menaces de la part de membres de la DGSN de me tuer en me jetant de l’avion qui me transférait d’Al Hoceima à Casablanca».

    Le pauvre petit a fait aussi lors de son discours dans le tribunal une déclaration difficile à encaisser, il a fait connaître qu’il a souhaité, dans un moment d’incertitude, que la voiture de police -qui le transférait de l’aéroport de Casablanca vers un destin inconnu-, soit renversée pour qu’il meure en martyr.

    Le mineur de 15 ans s’est trouvé sous le poids de l’une des plus graves accusations et de plus dans un État policier : atteinte à la sécurité de l’État, a nié toutes les accusations qui pesaient sur lui. Et avant de terminer son discours dans le tribunal de la honte, Bouhennouch a révélé qu’il a rédigé un livre dans sa cellule en rifain qu’il a intitulé « 5 jour dans les ténèbres » dans lequel il raconte les souffrances et les brimades qu’il a subies au siège de La brigade nationale de la police judiciaire.

    Quelle était la décision du juge ? Il a condamné Mohamed Bouhennouch à 15 ans de prison ferme au nom du roi Mohamed Six.

    F.B

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression, Mohamed Bouhennouch,

  • Quarante prisonniers du mouvement rifain Hirak continuent dans les prisons marocaines

    Javier Otazu

    Rabat, 5 juin (EFE) .- Quarante militants du mouvement Hirak Rif, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après la troisième grâce accordée par le roi Mohamed VI au Maroc, rapporte EFE citant des sources de leurs familles.

    Hier, à l’occasion de la fin du Ramadan, le monarque a gracié soixante d’entre eux « en tenant compte de la situation familiale et humaine des personnes condamnées », selon un communiqué du ministère de la Justice.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par les parents des prisonniers du Rif, ont confirmé à Efe qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les grâciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politiques.

    Ainsi, les rifains graciés hier soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de fête qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Alhoceima, où des cris ont été entendus de « Vive le Rif » ou de « plutôt la mort, que l’humiliation ».

    Le vice-président de Tafra, Boubker Jaouhari, a expliqué à Efe qu’il n’y avait pas eu de demande de grâce de la part des libérés, demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Le pardon d’hier est le troisième octroyé par le roi Mohammed VI aux prisonniers du Rif, qui, au moment de la répression maximale, atteignait plus de 700 personnes, dont plusieurs mineurs.

    Le premier pardon a été accordé en juillet 2017, deux mois après que la police ait réprimé d’une main forte lors des interventions dans le Rif; plus tard, il y a eu un autre grand pardon le 21 août 2018, lorsque 188 prisonniers ont été libérés.

    Mais ni à l’époque ni à présent, il n’y a eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Naser Zafzafi, ainsi que Nabil Ahamyik ou Mohamed Yelul.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rang, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Alhucemas, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcé du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à faire plier les dirigeants du Hirak: Zafzafi a cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison.

    Pour Bubker Yauhari, la « solution » au « climat politique dégradé et instable » passe maintenant par un nouveau sursis pour le noyau dirigeant du Hirak, une initiative décriée par la situation intérieure du pays et le contexte international.

    Les demandes de grâce pour les rifains ont été nombreuses dans le pays et ont été sollicitées par des hommes politiques (y compris certains ministres), journalistes et intellectuels, qui ont toujours insisté sur le caractère pacifique du mouvement Hirak, à l’exception de quelques événements exceptionnels.

    Tous les regards se tournent vers les deux prochaines dates (la fête du sacrifice, au début du mois d’août, ou la fête du trône, le 21 du même mois), durant lesquelles le monarque accorde généralement les plus grand nombre de pardons.

    Les protestations dans le Rif contre la marginalisation politique historique, le manque d’opportunités économiques et l’isolement ont commencé fin 2016 après la mort dans un camion poubelle du jeune Mohcin Fikri, à qui la police avait réquisitionné une cargaison illégale de poisson.

    Ces manifestations ont duré plusieurs mois et ont conduit des dizaines de milliers de personnes à manifester dans toute la région du Rif. Elles ont également suscité une vague de sympathie dans le reste du Maroc et sont ainsi devenues l’un des moments les plus critiques du règne de Mohamed VI qui fête cette année son 20 anniversaire sur le trône. EFE

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Rif, Hirak, répression, grâce,

  • Le réveil algérien vu du Maroc : le pouvoir aux aguets, les militants en soutien

    Ce serait peu de dire que le Maroc s’intéresse à ce qui se passe actuellement en Algérie. Pouvoir, journalistes, militants et simples citoyens ont depuis quelques semaines les yeux rivés sur l’autre côté de la frontière, fermée depuis bientôt un quart de siècle. Avec cependant des regards différenciés.

    L’ironie de la situation mérite d’être soulignée : alors qu’habituellement, entre Rabat et les organisations internationales qui scrutent l’évolution du royaume à coup de baromètres, il est question d’éternelles prises de bec où la partie marocaine ne manque pas de dénoncer « l’impartialité » de leurs rapports, souvent bien critiques, depuis début février, il en est autrement, comme par enchantement, s’agissant bien entendu de ce qui est dit de l’Algérie.

    La MAP, l’agence de presse officielle, s’évertue à citer la moindre communication émanant des ONG internationales à l’adresse du voisin de l’Est. Exemple parmi d’autres, lorsque Reporters sans frontières (RSF) est venue déplorer « la pression exercée sur les médias algériens », son avis a donné lieu à une dépêche, alors que ses alertes sur les vicissitudes vécues par les journalistes locaux et étrangers ayant couvert le Hirak rifain de 2007 ont été passées sous silence…

    Une ligne éditoriale qui ne surprend guère, un rapport de la Cour des comptes reprochait déjà en 2013 à l’agence, nationalisée en 1974 par l’ancien roi Hassan II, de privilégier les informations institutionnelles et officielles, au détriment de la règle de la polyphonie, mais qui est particulièrement cultivée en ces temps de soulèvement populaire en Algérie contre l’hérésie d’un cinquième mandat du président Bouteflika, 82 ans, malade et mutique depuis sept ans.

    Dans la même veine, la frange de plus en plus large de la presse connue pour ses accointances avec le versant sécuritaire du Makhzen force le trait sur la « bombe algérienne ». On retiendra particulièrement les coups portés à la carotide du régime gérontocratique par Le360 annonçant que « le plus marocophobe des apparatchiks algériens est de retour » pour rapporter la nomination de l’ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, en tant que conseiller diplomatique auprès du « dictateur »Bouteflika

    La télévision, exclusivement d’Etat, ne manque pas de consacrer à chaque JT des « reportages » toujours alarmistes sur les manifestations en Algérie, moulinant des images d’agences sur fond de récit pronostiquant l’imminence d’un désordre révolutionnaire. Les grands moyens sont également déployés, notamment chez la Tangéroise Medi 1TV, à l’ambition maghrébine, qui a dépêché sous les fenêtres de Bouteflika, hospitalisé à Genève, un envoyé spécial pour réaliser des duplex quotidiens dans un scénario de mise sous tension permanente.

    C’est qu’entre Rabat et Alger, ce n’est pas tant le réveil des masses populaires, réminiscences des printemps arabes souvent vite étouffés qui est l’objet d’analyses, mais cette raideur continue entre les deux frères rivaux du Maghreb que la question du Sahara Occidental a maintenu dans une rivalité datant de la Guerre froide.

    LE SAHARA OCCIDENTAL, ÉTERNEL NŒUD GORDIEN

    Nombre d’observateurs, professionnels ou simples commentateurs sur les réseaux sociaux, considèrent que toute solution au conflit, nécessaire à une détente et à une normalisation tant attendue de la part des peuples, ne pourrait venir qu’avec un changement de régime en Algérie. Et comme pour pousser à la roue, Bouteflika est ainsi éreinté sur Twitter et Facebook où son image d’homme finissant, agrippé autant à son fauteuil roulant qu’au pouvoir est sans cesse ressassée.

    La même attente est perceptible de la part du pouvoir royal qui a récemment tendue la main à La Mouradia pour ouvrir « un dialogue sans conditions ». Celui-ci, quoique silencieux, est aux aguets, scrutant les tendances qui se dégagent de l’extraordinaire mobilisation de cette jeunesse algérienne qui aspire au renouveau, mais qui se révèle aussi comme le miroir des ambitions de la même génération de Marocains dont elle est coupée depuis 25 ans… Il faut dire que du Rabat officiel, la fin imminente du règne statique de Bouteflika est vécue autant comme une délivrance qu’avec une inquiétude légitime : « Tout chaos aux frontières de l’Est n’apporterait que des effluves de déstabilisation pour toute la région, tant le régime algérien, déjà opaque n’est que trou noir », reconnaît-on dans les milieux sécuritaires.

    Mais si ces considérations pragmatiques influent la position marocaine officielle, d’autres voix se lèvent pour appeler au soutien inconditionnel et fraternel au peuple algérien dans sa « cause juste ». L’Algérie, n’ayant pas véritablement connu de mouvement social durant les révolutions arabes, selon nombre d’observateurs, elle serait donc actuellement en train de vivre son propre printemps avec une fraîcheur jusqu’ici insoupçonnée. Suivant les récents rebonds de l’actualité algérienne, essentiellement à travers les réseaux sociaux, plusieurs anciens militants du mouvement du 20 février (M20F) y voient, avec une pointe de nostalgie, un écho à leurs propres contestations.

    Hormis les revendications propres à la situation politique de chaque pays, l’ambiance bon enfant et exemplaire des marcheurs, la récurrence des mobilisations le week-end, ou encore leur ampleur, rappellent en tous points les différentes marches du M20F de 2011. Certains s’en amusent en allant même jusqu’à comparer certaines personnes prises en photo lors des marches d’Alger avec des figures connues du militantisme au Maroc… (voir photos)

    Si les points de vues s’accordent en majorité pour railler les épisodes les plus surréalistes du « House of Cards » ou du « Game of Thrones » qui se jouent à Alger, quelques piques bien senties sont également adressées à certains médias marocains, mutiques lors des défilés du M20F, mais particulièrement productifs pour décrypter aujourd’hui la situation algérienne. Ceux sont aussi les pontes de la télévision publique, toujours droits dans leurs bottes pour déclamer le discours officiel, qui sont malmenés sur les réseaux sociaux, comparés à leurs « courageux » homologues algériens ayant défié leur hiérarchie ou démissionné pour protester contre la ligne éditoriale biaisée imposée à leurs médias.

    Dans une « lettre aux Algériens » publiée sur Facebook, Nasser Zafzafi, figure de proue du Hirak rifain, condamné à 20 ans de prison, a salué quant à lui « le Hirak populaire algérien », se félicitant de « son caractère pacifique » et de son « grand sens du patriotisme » à même de « déjouer les méthodes du makhzen algérien qui a transformé ce pays d’un million et demi de martyrs, en un Etat corrompu et totalitaire ». Pour lui, malgré la fermeture des frontières entre les deux piliers du Maghreb, il demeure « un seul peuple (…) qui partage les mêmes difficultés et aspirations ».

    Un message « d’encouragement et de conseil contre toute récupération politique à des fins autres que celle de la juste cause » repris en boucle par des militants rifains sur la Toile, considérant ainsi que le réveil algérien est consubstantiel aux aspirations communes des peuples marocain et algérien en quête des mêmes liberté et dignité…

    Algérie Espoir, 11 mars 2019

    Tags : Maroc, Algérie, Hirak,

  • Algérie : Faut-il faire partir le chef d’état-major ?

    À mesure que les langues se délient, que la trame du projet de « consultation » nationale, initié sous la houlette de l’ex. DRS Toufik, précise ses contours, il est une évidence que le maintien du système Bouteflika avait tout l’air d’être promu à de beaux jours, après que l’option du cinquième mandat eut été rejetée globalement et dans le détail par le « Hirak ». C’est, du moins, le sentiment des instigateurs du projet de la 2ème République et de leur fan-club, croyant naïvement qu’il s’agissait là d’une simple opération technique comme dans le bon vieux temps lorsque les lois de la République étaient éludées, la Constitution ignorée et bafouée juste pour satisfaire le canevas du statu quo et assurer ainsi, la survie et les affaires du Clan.

    Partant d’hypothèses pour le moins erronées ne prenant pas en ligne de compte, notamment, l’instabilité de la contestation de la rue et sa versatilité au gré de l’évolution du « combat pour la liberté », et négligeant de façon ostentatoire le rôle de l’ANP dans pareille situation, les concepteurs du plan B de l’après-Bouteflika en préservant tout de même la philosophie intacte du système, ont fait fausse route et lamentablement échoué dans leur entreprise.

    Autre négligence de taille de cette stratégie à la va-vite, les risques potentiels de déstabilisation du pays par les ennemis d’hier et d’aujourd’hui. Résultats des courses, des voix s’élèvent ici et là pour appeler au départ du chef d’état-major de l’ANP visant, par la même, l’objectif sournois de porter atteinte à la stabilité et à l’unité de cette Institution, véritable colonne vertébrale du pays.

    Si des hommes politiques aigris, avides de pouvoir, mal sponsorisés au demeurant, et quelques podcasters aux mœurs débridées vivant à l’étranger et financés par des pays hostiles à l’Algérie, font du départ de Gaïd Salah un leitmotiv, il est intolérable que la rue en vienne à s’immiscer dans les affaires de l’ANP au seul motif que son chef d’état-major ait fait partie de l’ère Bouteflika. Un raisonnement absurde et dangereux à la fois en ce sens que tous les subalternes du chef d’état-major nommés par lui-même doivent, par transitivité, partir de l’Armée qui sera ainsi vidée de sa substance.

    La relève dans un tel cas de figure est totalement différente de celle d’une sentinelle dans une guérite. Cela demande du temps et expose le pays à toute velléité malveillante.

    Et puis, quel est ce pays, de par le monde, qui se vante de démocratie et qui laisserait des manifestants réclamer des changements à la tête de son Armée? Cela ne s’est pas vu même dans les Républiques banannières les plus archaïques.

    Fol espoir que d’espérer une réponse de Tabou ou de Zitout, aveuglés par leur machiavélisme et l’obligation de résultat pour laquelle engagement a été pris.

    L’objet de ce propos est de schématiser, tant bien que mal, le complot qui menace le Pays à travers l’ANP, complot ourdi par des officines et des think tanks relevant de puissances étrangères et que, malheureusement Toufik et consorts n’ont pas pris à sa juste mesure.

    La partie n’est pas encore définitivement gagnée. Les citoyens doivent se rendre à cette évidence amère. Que Dieu préserve notre pays!

    Le Courrier d’Algérie

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, ANP, Gaïd Salah,

  • Algérie : Comment sera l’Aïd El Fitr ?

    En ces temps de bouillonnement politique, il serait hasardeux d’évoquer d’autres événements d’ordre social, culturel ou sportif, sans paraître anachronique. Pourtant, il faut bien souligner que la vie continue et doit continuer de toute façon et les Algériens n’ont pas que la politique pour vivre.

    Présentement, et même s’ils ne le disent pas entre eux, ces mêmes Algériens ont un double objectif à plus ou moins court terme. Ils voudraient bien voir leur équipe nationale de football débuter la phase éliminatoire pour la prochaine coupe d’Afrique des nations par une victoire.

    Ils aimeraient aussi passer un Aïd El Fitr tranquille, dans la communion et dans le respect de leur religion. A ce propos, ils craignent certainement pour leur portefeuille, après un mois de dépenses et une perspective de dépenses « douloureuses » que sont les achats de l’Aïd. Mais bonne nouvelle sur ce front. Les prix des habits ne se sont pas enflammés, bien au contraire.

    A l’orée de l’une des deux fêtes les plus importantes du calendrier musulman, il est de tradition de faire un bilan d’un mois de Ramadhan très particulier, dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Il aura été marqué par un grand défi que se sont lancé les Algériens, celui de manifester les quatre vendredis du mois. Défis relevés haut la main. De fait, durant ce Ramadhan, un seul sujet meublait les soirées : Le mouvement populaire et son actualité passionnante.

    Accessoirement, les familles ont jeté un œil à la grille spéciale Ramadhan des chaînes de télévision nationales. Un programme, une ville et un quartier ont eu la palme de la satisfaction. Le programme est un feuilleton, la ville, c’est Oran et le quartier Ederb. Ouled lahlal a fait pénétrer toute la société dans l’un des quartiers mythiques de la capitale de l’Ouest et montré toute l’humanité, la sensibilité et la générosité des Algériens.

    Le feuilleton a eu le succès qu’il a eu, parce que les Algériens s’y sont reconnus. Et le fait qu’il soit diffusé en ce mois de piété et dans l’ambiance du mouvement populaire, il a fait le consensus que les politiques ne parviennent toujours pas à trouver sur le moyen de sortir de la crise institutionnelle. Il est vrai enfin, que l’Algérien s’est redécouvert, qu’il revit, mais n’oublions pas que nous n’avons pas réglé le problème de l’institution présidentielle.

    Cela dit, on aura vécu un Ramadhan particulier aux couleurs de la mobilisation citoyenne, comment sera donc notre Aïd El Fitr ? Certainement meilleur que les précédents.

    Par Nabil.G

    Ouest Tribune, 1er juin 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, dialogue, élections,

  • Algérie : Peut-on dialoguer à l’ombre du « limogeons-les tous »?

    Nadia Abdat

    Pour une deuxième république ! non ce n’est pas l’affiche d’une réclame mais une vraie question qui taraude en ce moment, les esprits universitaires et certaines élites politiques ; l’intelligentsia de circonstance se coule quant à elle, dans la fadeur des généralités, étant peu habituée à visiter ce type de questions qui conduiraient à la question.

    Pourtant, tout le monde a rapidement adopté plein de nouveautés langagières depuis le commencement du Hirak, mais entend-on pareillement ce dont il s’agit, à l’aune de l’inimaginable et inconvenable « limogeons les tous » ?

    Un petit retour sur ces quinze grandes marches populaires permet de relever que le mouvement de protestation qui est allé crescendo a porté sur deux revendications majeures.

    Celle du rejet populaire unanime du cinquième mandat présidentiel, qualifié de mandat de la honte à laquelle, il a été donné satisfaction presque instantanément par l’annulation pure et simple du rendez-vous électoral. Au point où on en était du rigorisme constitutionnel, l’argument politique a prévalu sur les arguties juridiques.

    Puis, celle du rejet massif toujours en vigueur, de tout le système politique ayant produit ces forces extra constitutionnelles qui ont cherché à rééditer l’escroquerie au mandat présidentiel.

    Il s’agit d’une revendication de haut grade qui taille aussi dans les journées ouvrées de la semaine.

    Cette revendication qui a pris de court tous les politiques installés, a cependant inauguré une séquence plus complexe et plus lourde avec une protesta farouche et toujours sans relais.

    Il n’est dès lors, pas surprenant, que cette séquence béante, soit tiraillée par des tensions, étirée par une surenchère artificielle et, émaillée par des escalades verbales, des mises en garde et, hélas des échauffourées ça et là aussi.

    Arrêtons-nous à cette phrase injonctive « limogeons les tous ».

    Ainsi exprimée, cette formule éruptive, tracée sur les banderoles arborées lors des marches, sera exploitée dans ce qu’elle comporte d’excessif et de radical.

    Pour ceux qui ont oublié ou manqué l’anecdote, cette phrase impérative a été balancée à chaud, comme une rebuffade, au micro d’une chaine étrangère par un manifestant, à l’adresse de la journaliste qui, au lieu de rapporter fidèlement la manifestation dont elle assurait la couverture, se livrait à un commentaire pour le moins biaisé et provocateur de ce qui se produisait cette journée de Hirak.

    Proférée avec la fougue propre à la jeunesse dans ce qu’elle a de spontané, cette injonction deviendra la formule sensationnelle dont on tirera l’obstacle dissuasif au dialogue.

    Etrangère au lexique et au mode politiques, cette phrase injonctive a installé le malentendu au sein des marcheurs eux mêmes, au sein de la classe politique et avec les autorités qui s’arcboutent contre la frêle constitution. On se regarde depuis, en chiens de faïence.

    Cette formule s’est surtout muée, en un piège qui se referme sur tous mais aussi, sur ceux qui y ont trouvé, l’alibi pour tenter de saborder une possible sortie de la longue crise politique et morale qui a exaspéré durant vingt ans tout un peuple qui en souffre encore. La méfiance maladive gagnant du terrain, les paramètres imprévisibles aux conséquences incalculables qui entourent tout soulèvement populaire, risquent de compromettre sa finalité, à savoir, l’avènement d’une deuxième république.

    Le « limogeons les tous » qui fait office d’écran de fumée, ne peut pas tenir lieu de proposition politique ni un préalable à verser au dossier de sortie de crise. La maison Algérie doit être remise en ordre, elle trouvera ses hommes naturellement.

    Le « limogeons les tous » qui visait au départ, le personnel de proue du système honni, en l’occurrence les trois B, a été mystérieusement étendu sans distinguo, à tout l’appareil étatique, devenant ainsi une condition irréaliste mais surtout démagogique.

    La justice a pourtant, depuis quelque temps, la main lourde. Elle fait suite à cette formule transformée pour les besoins de salubrité morale publique, en une requête solennelle introductive d’instance. Un nombre important de hauts dignitaires en exercice, en retraite et en réserve de la République, sont attraits en justice, tous présumés coupables de graves délits. On assure, sous l’œil des médias invités à ouvrir les bans, que ce n’est que le prélude à une gigantesque et longue opération mains propres.

    Le dégagisme total et absolu qui revient en ce moment, tel un leitmotiv, trahit l’influence sourde d’un courant d’obédience anarchiste qui entend semer le chaos pour le chaos.

    Or, c’est de changement de logiciel politique pour le pays qu’il est question, pour peu qu’il soit mené, par la volonté de tous, dans le cadre d’une entreprise sérieuse de refondation et d’édification d’un Etat de droit.

    La révolution populaire pacifiste qui a cours en Algérie n’a rien à voir avec la sanglante révolution française qui a servi à meubler aveuglément des charrettes pour raccourcir des hommes par milliers.

    Pour disparaître, ses effets ravageurs pour la société française, ont mis autant de temps que la méditerranée lorsqu’elle renouvelle ses eaux.
    Confier l’œuvre de justice à la vindicte populaire, c’est transgresser le droit avec tout ce que cela comporte comme funestes conséquences.

    Se défaire du droit, c’est se mettre soi même en danger d’avoir à en manquer pour faire valoir le moment venu, ses propres droits.

    En panne d’initiative ou démesurément circonspects, les acteurs politiques et ceux qui font de la chose publique leur métier, tardent à réagir à l’unisson alors qu’il y a péril en la demeure. La langue de bois dont ils ne s’émancipent pas, les fera passer sous le couperet de ce dégagisme sans frein. Ils donnent à penser à ceux qui les critiquent, qu’ils dépendent du Pouvoir tapi dans l’ombre et qu’ils se complaisent dans la procrastination à moins qu’ils n’en soient à attendre un signe des astres.

    Retranchés dans leur pré carré, ils ne se sont même pas saisis des invites à requérir le dialogue, qui ont été faites par le désormais historique trio de sages. Ces derniers ont tenu à préciser, avec juste raison, qu’ils ne peuvent se substituer aux concernés dont les partis politiques et l’administration pour saisir, réunir et convaincre tous les protagonistes en vue de l’organisation d’un dialogue de sortie de crise.

    L’appel au dialogue « réaliste et constructif » du chef d’Etat major des armées, le 28 mai 2019, fera t-il bouger les lignes comme le fit, en d’autres circonstances pour sa patrie en danger, celui d’un Général de Gaulle tout aussi excédé et inquiet, un 18 juin 1944 ?

    Le Jeune Indépendant, 1 juin 2019

    Tags : Algérie, transition, Hirak, armée, dialogue, élections,