Étiquette : Islam

  • 1980 : quand l’Occident soutenait Saddam …

    La guerre a duré huit ans et a fait près d’un million de morts. À l’époque, le président irakien était soutenu par les États-Unis, la France et les pays du Golfe, y compris lorsqu’il a utilisé l’arme chimique de masse.

    Lorsque, le 22 septembre 1980, les troupes irakiennes franchissent la frontière et envahissent l’Iran, Saddam Hussein est persuadé que l’offensive sera de courte durée, que son voisin se pliera à ses volontés. Très mauvais calcul du président de la République d’Irak. C’est bien une guerre qu’il déclenche ce jour-là. Elle durera huit ans, jusqu’en août 1988, et fera près d’un million de morts. Une véritable hécatombe pour un affrontement qui n’est pas sans rappeler la Première Guerre mondiale. Les deux armées face à face sont importantes. Des tranchées sont creusées. Des assauts lancés pendant lesquels les hommes, dans chaque camp, sont fauchés, vague après vague. Parmi les photographes qui ont documenté ce conflit, le travail d’ Alfred Yaghobzadeh est sans doute l’un des plus poignants parce que d’une terrible humanité. Des images qui en disent beaucoup plus que les mots.

    Qu’est-ce qui a déclenché ce conflit ? Pourquoi à ce moment-là ? Quelles sont les puissances réellement impliquées ? Pour tenter de comprendre, quarante après, il convient d’abord de revenir à l’un des épisodes des relations entre l’Iran et l’Irak : la signature des accords d’Alger, le 6 mars 1975. Les tensions entre les deux pays concernaient essentiellement, à cette époque, le Chatt-el-Arab, fleuve formé par la jonction du Tigre et de l’Euphrate. Pour Bagdad, il constitue le seul accès à la mer et il est vital. Mais il l’est tout autant pour Téhéran, qui possède une raffinerie (Abadan) et un port (Khoramshahr) sur les bords du Chatt. De plus, nombre de puits de pétrole iraniens se trouvent à proximité. Par les accords d’Alger, l’Irak reconnaissait une partie de la souveraineté de l’Iran sur le Chatt et obtenait en échange l’arrêt de l’aide iranienne aux Kurdes.

    En 1978, tout commence à basculer. Saddam Hussein, jusque-là vice-président, devient le numéro 1 du régime baassiste et amplifie la répression contre le clergé chiite. En 1979, la révolution iranienne et la chute du shah rebattent les cartes dans la région. Saddam craint une révolte des chiites en Irak, où ils sont majoritaires, alors que les pays occidentaux voient d’un très mauvais œil cette révolution qui pourrait se répandre comme une traînée de poudre dans l’ensemble du Moyen-Orient et remettre en cause leurs intérêts. L’imam Khomeini annonçant même : « Nous exporterons notre révolution dans le monde entier. »

    Aux yeux de Saddam, l’heure est à l’offensive. Le shah, qui l’a humilié en le forçant à signer les accords d’Alger, est parti. Quant à l’Iran, il semble affaibli. Le moment semble opportun pour mettre la main sur la province iranienne du Khuzestan, riche en pétrole et peuplée surtout de populations arabes. Le 17 septembre 1980, il abroge unilatéralement les accords d’Alger. Cinq jours plus tard, il lance son offensive, qu’il présentait alors comme la « Qâdisiyya de Saddam ». Une référence à la victoire, en 636, des armées musulmanes sur la Perse, qu’elles voulaient convertir à l’islam.

    Si, les premiers jours, tout se passa comme prévu – l’armée irakienne rencontrant peu de résistance et se positionnant sur les principaux axes de la province, notamment dans la montagne Zagros –, la guerre s’est vite s’enlisée. Saddam Hussein est pourtant adoubé tant par les États-Unis (qui trouvent là un moyen de punir ce pays retenant en otage des ressortissants américains), la France et le Royaume-Uni, que par les pétromonarchies du Golfe qui voient en lui le rempart contre l’Iran.

    Les livraisons d’armes s’enchaînent, y compris les armes chimiques qui seront utilisées pour gazer les Kurdes à Halabja (nord-est de l’Irak), faisant près de 5 000 morts civils, en mars 1988, soit six mois avant la fin de cette guerre. Celle-ci aurait sans doute pu se poursuivre plusieurs années encore, si les bombardements réciproques sur les raffineries et l’interception de pétroliers dans le Golfe persique n’avaient fait craindre une crise énergétique de grande ampleur. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 598, le 20 juillet 1987, mais le cessez-le-feu décidé est refusé par l’Iran. Celui-ci comprend qu’il est en train de jouer ses dernières cartes, avant de négocier un véritable arrêt de la guerre. Le cessez-le-feu prend effet le 8 août 1988 et les combats cessent le 20 août.

    Il n’y eut ni vainqueur, ni vaincu. Mais les deux pays en sont sortis exsangues et les peuples endeuillés, meurtris. Saddam Hussein pensait que son statut de leader régional était approuvé par les pays occidentaux et du Golfe. Il allait déchanter moins de trois ans plus tard. Après avoir envahi le Koweït, il en a été délogé par ses anciens amis. Le début de la chute, qui s’est terminée en 2003 avec son éviction. Aujourd’hui, à Bagdad, règnent ainsi beaucoup de ses opposants qui se trouvaient à Téhéran pendant la guerre…

    Source : Decryptnewsonline

    Tags : Armement, Économie, sécurité, sanctions, négociations, islam, iran, international, guerre, défense, dictature, Politique, géopolitique, Saddam Hossein, Occident,

  • Algérie : Défendons l’authenticité et la modernité

    Les islamistes, même visiblement divisés par rapport à l’attitude à avoir face à la révision de la Constitution, n’en constituent pas moins, pour une partie d’entre eux, un véritable mur qui empêche l’émancipation de la société. L’on aura vu cela dans les attaques frontales de certains de leurs leaders contre la révision de la Constitution.

    Ces offensives ne sont pas destinées à ce qu’on pourrait qualifier d’éventuels déficits en démocratie ou encore en libertés individuelles et collectives, mais en ce que porte la Loi fondamentale comme aspiration légitime à la modernité et à l’authenticité de la société algérienne. On aura compris, à bien entendre les critiques des dirigeants de quelques grands partis islamistes, qu’ils ne veulent pas voir le peuple assumer pleinement ses racines, ni s’ouvrir à l’universalité positive. C’est justement ce que propose la révision constitutionnelle, soumise au référendum, le premier novembre prochain.

    En un mot comme en mille, les tenants de l’islamisme en Algérie veulent forcer la société à se diviser sur des aspects fondamentaux de sa personnalité et à se détourner de toutes les réalisations de l’humanité. Ils entendent maintenir les Algériens sous cloche et les faire sortir de l’histoire.

    Compte tenu des équilibres sociaux et politiques, force est de constater que les leaders de la mouvance islamiste travaillent à constituer une sorte de bipolarité politique qui laisse des miettes à l’expression de l’authenticité et de la modernité. Cette évidente stratégie n’est malheureusement contrée que par le président de la République et ses collaborateurs.

    Les partis de la mouvance démocratique, dont les discours sont aussi contradictoires que leur émiettement sur le terrain, n’ont même pas effleuré la possibilité de constituer une alliance pour défendre l’authenticité et l’aspiration à la modernité des Algériens. Pourtant à voir les scores en terme de voix collectées aux législatifs par quelques partis dits modernistes comme l’ANR, le MPS, l’UFDS et DJil DJadid pour ne citer que les plus actifs lors de la dernière campagne électorale, on pourrait supposer qu’ensemble ils pourraient construire une sorte de minorité active, une opposition qui ne fait pas que de la figuration.

    Bref, une alternative audible au discours islamiste. Il ne leur sera pas demander de cautionner toute la démarche présidentielle, mais la moindre des choses est de sauvegarder l’essentiel de ce qu’est l’Algérie. Les démocrates sont, encore une fois, hors contexte.
    Par Nabil.G.

    Ouest Tribune, 8 oct 2020

    Tags : Algérie, Consitution, Abdelmajid Tebboune, Islam, Islamisme, partis islamistes, religion, Etat laïque, laïcité, 

  • Algérie : Les islamistes paniquent face à la diversité linguistique et culturelle

    Les islamistes sont déprimés. Victimes de leur vision sectaire de la dimension identitaire d’un pays, dont la configuration culturelle et anthropologique plonge ses racines dans l’antiquité, ils ne savent plus à quelle Qibla se prosterner.

    Le débat sur le projet de révision constitutionnelle les a déstabilisés. Et leur propension à se présenter comme les fondés de pouvoir du ciel a pris un tel coup, les forçant à dévoiler leur véritable nature fanatique et intolérante, qu’ils ont essayé de dissimuler pendant des décennies sous un légalisme apparent, que leur a imposé l’attrait du pouvoir, notamment durant le règne de Bouteflika et son clan.

    Leur attitude hostile au statut de Tamazight n’a d’égal que leur désintéressement vis-à-vis des questions essentielles. L’Etat de droit, la séparation des pouvoirs, une justice réellement indépendante, une école désidéologisée et performante semblent être le dernier de leur souci.

    Aussi bien le mouvement el Bina, le MSP ou le FJD, paniquent à l’idée de voir Tamazight accéder au rang de langue nationale et officielle. Abdallah Djaballah, président du FJD, évoque les risques que cela pourrait avoir sur l’unité nationale. Ne prenant même la peine de vérifier l’exactitude des arguments qu’il avance, il affirme en toute assurance qu’ « aucun Etat au monde n’a deux langues officielles. Et pourtant, une simple consultation du Net l’aurait sûrement renseigné sue des pays comme la Belgique, la Suisse, le Canada, le Luxembourg ou la Finlande !

    Des pays prospères, souverains, unis et développés, qui se sont adaptés au multilinguisme et ont même exploité cette situation en leur faveur. La même contre-vérité avait été opposée par le président déchu, dans un discours prononcé à Constantine en 2005. Même son de cloche chez l’association des Ulémas, pour qui « c’est la langue arabe qui s’en trouvera bousculée par la langue locale d’une seule région, ce qui ouvrirait les portes à un conflit linguistique en Algérie ».

    L’association présidée par Abderrazak Guessoum, un transfuge du FIS, n’hésite pas à stigmatiser la Kabylie, sans la nommer, sachant que Tamazight est présente au Hoggar, au Gourara, à Touat, dans les Aurès, du côté de la Saoura et un peu partout ailleurs.

    Promouvoir la culture millénaire de l’ensemble de ces régions, en chargeant des académiciens reconnus pour leur savoir dans le domaine, d’établir un canevas unifié ne mettra pas en péril la cohésion du peuple algérien. Il n’y a qu’à se référer à la guerre de libération nationale pour se convaincre de la fatuité des arguments avancés par les islamistes.

    Ni l’Islam, ni l’arabe ne sont en dangers, comme le pensent Abdelkader Bengrina ou Abderrazak Makri. L’unité nationale est un acquis irréversible.

    De Tébessa à Tindouf et de Tamanrasset à Tlemcen, les Algériens sont conscients de cette réalité. Leur ennemi n’est pas la diversité linguistique et culturelle, mais le sous-développement, la mauvaise gouvernance et les fléaux que cette dernière entraine : l’injustice, l’impunité et la corruption.

    Mohamed. M.

    L’Est Républicain, 7 oct 2020

    Tags : Algérie, partis islamistes, Islam, Islamisme, intégrisme, religion, 

  • Le sexe et les femmes au Maroc et en Algérie

    La question sexuelle et les femmes au Maghreb et en Méditerranée

    Le problème de la femme au Maghreb n’est qu’un épiphénomène d’un problème plus englobant qu’est la question sexuelle. Les femmes ne sont dominées que pour pouvoir être contrôlées dans leur sexualité (tout en contrôlant en même temps celle des hommes), sexualité devenue fondement de la hurma, c’est-à-dire de l’honneur féminin. La sexualité est prise en otage dans une joute sociale dont l’enjeu consiste à défendre l’honneur du groupe familial, placé d’abord dans la pudeur et la virginité féminines. Plus une Famille contrôle ses femmes, plus son capital de réputation augmente (sinon, c’est une mauvaise famille, famille de p…). Un vrai homme, qui « lève sa tête devant les gens » (je traduis des propos courants), c’est celui qui « a pouvoir sur ses femmes ». « Maîtrise tes femmes » est une insulte en collectivité.

    Vieux_KabyleOr, les familles sont des institutions idéologiques tout entières orientées vers le dénigrement des autres familles rivales. Il s’ensuit une compétition symbolique pour la « respectabilité », la réputation et l’honneur. Un groupe familial qui trouve moyen pour diminuer l’honneur de son adversaire ne se fait pas prier. Or, les femmes sont le point faible, la brèche que l’ennemi présente et il faut en profiter pour le descendre. « Je lui ai niqué sa femme à celui-là » disent les hommes entre eux. Et le fait de faire l’amour avec la femme du concerné n’est pas seulement un acte de plaisir ou de tendresse avec elle, c’est surtout un acte de guerre symbolique destiné à amoindrir la réputation ou, mieux, le capital d’honneur, de son mari (ou de son frère, etc.). Faire l’amour, c’est attenter gravement (et souvent délibérément) à la réputation des familles.

    Le soi-disant intérêt des hommes à dominer les femmes n’est ni économique (une femme qui reste à la maison est une charge et un gain en moins), ni politique (le pouvoir que l’on a sur les « femelles » s’avère être une charge écrasante). C’est un intérêt d’honneur, le groupe défendant son image extérieure à travers l’image qu’il veut irréprochable de ses femmes.

    Un tel système fonctionnait avec ses injustices dans une société agraire où l’on se mariait très tôt et où les groupes vivaient dans une économie relativement vivrière. Le changement social et économique a conduit à un accroissement des besoins. Un jeune homme ne se marie plus s’il n’a pas d’appartement. Une épouse accepte rarement d’être simple membre de la famille nombreuse de son mari. Mais le célibat prolongé, né des nouvelles données socio-économiques, continue à perdurer dans l’ancien système social traditionnel caractérisé par une économie de l’honneur dont les femmes sont les dépositaires.

    Les femmes étant retirées de la circulation, l’espace public est devenu de facto masculin. Mais si un jeune homme du temps du Prophète avait ses quatre épouses, si un jeune Algérien des années cinquante avait sa femme légitime, le jeune Algérien de l’an 2000 n’a plus rien pour sa sexualité (au sens large : affection, amour, sexe, etc.) car elle lui a été confisquée sans contre-partie par l’honneur de la tribu.

    Il s’ensuit une séparation terrible des sexes malgré des apparences de mixité et une famine sexuelle générale, du côté des hommes, comme du côté des femmes, enfermées ou contrôlées dans leurs déplacements. La prostitution et l’homosexualité se sont développées pour colmater une infime partie de cette demande sociale. L’état de famine générale produit des dégâts sur les enfants (pédophilie), sur les animaux (zoophilie maghrébine bien connue) et sur la santé mentale (troubles psychiatriques).chaouia1pt_1_

    Cette société a pris le soin d’adopter le système religieux qui sert ses tendances profondes. C’est l’islam orthodoxe, sunnite et malékite, qui sera élu. Rien d’étonnant car l’islam chiite, bien qu’ayant des racines historiques lointaines au Maghreb (Fatimides), est éliminé, car jugé peu ferme en matière sexuelle : il tolère le mariage de joie, c’est à dire il légitime la sexualité entre jeunes gens, chose que la logique de l’honneur ne peut admettre. Le sunnisme lui-même est expurgé de ses points jugés incompatibles : le prophète n’a-t-il pas dans un hadith célèbre et certifié autorisé ses combattants à faire l’amour avec les prisonnières, dressant par là une exception en cas d’impérieux besoins. Ce sont des côtés soigneusement oblitérés. Bref, la religion s’est trouvée ainsi instrumentée à des fins de répression sexuelle.

    L’état est composé de gens issus de la société et anthropologiquement formés à l’école de l’honneur. Ils reproduisent, dans le système judiciaire, dans les institutions de l’état et dans le fonctionnement des divers appareils, les impératifs de l’honneur. C’est ainsi que les couples non mariés sont jugés et condamnés, la présidence de la République algérienne ordonne la chasse aux couples et la justice se montre infiniment complaisante avec les criminels de l’honneur (l’idée de tuer un intrus qui a pénétré à l’intérieur de la maison, la nuit, (entendre : un homme qui a intentionnellement voulu attenter à l’honneur du groupe) est passée dans la croyance populaire comme étant un droit légitime.

    Un intellectuel a peur de parler de problème sexuel parce qu’en le faisant, il donne aussi par la même occasion le droit à sa soeur de coucher avec un étranger, ce qui équivaut à ouvrir une brèche dans son honneur social et à saper sa réputation. Les groupes rivaux se surveillent en effet et chacun n’hésite pas à entamer la réputation de l’adversaire à la moindre occasion. L’intellectuel parle alors de façon voilée de condition des femmes, mais aussi de façon euphémique, limitée et surtout politiquement correcte : personne ne pourra attaquer sa réputation avec cela. Et, bien entendu, ce n’est pas avec des euphémismes que l’on provoque les vrais changements ou les vrais débats.

    Au bout du compte, à qui profite le système ? Aux hommes? Je ne le crois pas. Ils se débattent dans une affreuse misère affective parce que les femmes auprès desquelles ils devaient prendre satisfaction sont préalablement enfermées ou limitées de déplacement et de liberté. Les femmes, et parmi elles se trouvent de grandes militantes du système traditionnel, se rabattent sur les animaux domestiques et l’homosexualité. Dans certaines cités universitaires en Algérie, les étudiantes achetaient des sacs de lait et se les faisaient déverser sur leurs poitrines avant d’appeler les chats. Je ne sais pas ce que ça fait comme sensation d’être léchée par un chat à cet endroit, mais je suis certain qu’un tel comportement est celui d’un être lésé dans ses droits humains fondamentaux, celui d’utiliser comme il l’entend son propre corps. Je ne parle pas de l’hystérie nocturne du ciel algérois, qui voit fuser jusqu’aux étoiles les youyous de la frustration féminine émanant des cités universitaires non mixtes.

    Je pense que c’est un système qui ne sert personne. Il est tout simplement devenu caduc et malade, car les conditions pour lesquelles il était engendré ont presque disparu. Il continue à fonctionner dans un autre contexte, de façon anachronique, en générant énormément de souffrance, comme un moteur d’une deux chevaux qu’on met pour un bus de voyageurs futuriste.

    Maintenant, supposons que le problème de la sexualité soit réglé, que l’honneur n’ait plus comme siège la virginité des femmes, que les groupes cessent de s’attaquer sur cette question, que les gens consentants soient publiquement tolérés et légitimés dans leur sexualité. Pensez-vous que les femmes seraient interdites/limitées de déplacements, de travail, de liberté, etc. ???.

    Je ne le crois pas. Ce sera l’avènement d’une autre société, avec sûrement d’autres inégal ités, d’autres combats à faire, mais pas celui-là. Il y aura le chômage, la lutte pour l’emploi, etc. mais jamais d’enfermement, de limitation de déplacement ou de liberté.

    En définitive, cette condition n’est que la conséquence pratique de la question sexuelle. Alors, il faut arrêter de dire que les hommes dominent les femmes pour profiter de je ne sais quels privilèges. Que les hommes ont tout et les femmes rien. Qu’est ce qu’ils ont et qu’ils n’auraient pas sans cette domination ? Arrêter de faire de miséreux affectifs et sexuels des sultans divinement privilégiés, à la faveur d’un imaginaire grossièrement orientaliste. Car les femmes ne sont jamais mieux dominées que par d’autres femmes (Voir le rapport mères/filles par exemple). Mais surtout parce que si les femmes sont enfermées, c’est à cause de ce quelque chose qu’elles portent entre leurs jambes ! La société maghrébine a eu l’idée la plus saugrenue sur la terre qui consiste à placer son honneur justement là ou il ne fallait pas. La femme n’est donc partout sanctionnée qu’en tant que porteuse de sexe (et source de déshonneur possible pour tout le groupe). Pas en tant que femme. Mais cette sanction, déteint sur l’homme, ce qu’on oublie de souligner. En l’absence de femmes, il n’aime pas, il ne travaille pas, il ne baise pas, il souffre, il devient agressif et prêt à être enrôlé dans les fanatismes les plus sanguinaires.

    Naravas

    Source : Angles de vue, 20 janvier 2008

    Tags : Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie, Libye, Egypte, monde arabe, Islam, musulmans, sexe, femme, virginité, Maghreb, société,

  • La fascination de la virginité féminine et l’exaltation morbide machiste

    Je ne sais pas pourquoi, dans toute cette affaire de virginité et dans la levée de bouclier à laquelle j’ai participé, quelque chose cependant m’a dérangé, comme un espèce de climat malsain s’installant dans notre pays, une instrumentalisation tous azimuts de cette cause, dans tous les sens.

    J’étais une des premières à me révolter à grands cris et à publier le communiqué de Regard de Femmes. Je n’étais pas à Paris lors de la manifestation de NPNS le 7 juin, mais ai vu combien cette initiative suscita l’enthousiasme, hurler le droit de ne pas être vierge, et refuser le poids des traditions. C’était comme un dernier soubresaut de mai 68, le mauvais temps en plus.

    De Genève (« putes », foot et Conseil des droits de l’homme) je suivais les virements et revirements de la Ministre Rachida Dati, à qui rien ne fut par ailleurs épargné. L’Express fit des gorges chaudes du prix de ses tenues vestimentaires. Immonde ! Jamais on n’a vu un magazine s’épancher de la sorte sur les marques et dépenses en chaussures, costumes et chemises sur mesure de nos ministres masculins.

    Certain-es chroniqueurs également ne furent pas embarrassé-es de passer en l’espace de 24 heures d’un avis à l’autre. L’une d’entre eux expliqua sont mouvement de girouette par le « sang froid » et « sérieux » journalistique qui l’avait fait passer de la justification de la décision de justice à la condamnation deux jours après.

    Bref, pendant qu’à Genève, la machine à broyer les normes universelle continuait son infernale travail de fabrication des dérives politiques de demain, et que les démocraties encore une fois capitulaient – sauf au point 4 de l’ordre du jour où elles purent en vrac et en quelques minutes se défouler (très gentiment) sur la Chine, le Zimbabwe, la Corée du Nord, l’Iran, le Soudan , la Birmanie pour un résultat sans doute nul – le must de l’associatif parisien retrouvait les échos de jadis : Tshirt, fanfare, bannière, la fête retrouvée pour quelques heures sur le pavé de la capitale.

    Excusez moi chères amies de combat ! Mais je ne peux m’empêcher d’éprouver un certain malaise devant ce mouvement formidable et nécessaire. Car il me semble qu’il est plus que jamais déconnecté du monde et de l’histoire, et que se jouent à présent des jeux de pouvoirs hexagonaux qui n’ont rien à voir avec le sujet traité. Ou comme si dans ce trop triste et pluvieux printemps, cette manifestation permettait de réunir en un dernier sursaut, tous les frustrés d’autres grands soirs aujourd’hui révolus.

    Je n’ai pas compris le slogan « Ni vierges, ni soumises » qui m’a semblé réduire le sujet au lieu de l’étendre.

    Merci à Catherine Deudon d’avoir ouvert le débat avec ses pancartes toujours plus imaginatives, notamment sur les 70 vierges promises aux assassins de masse que l’on appelle tour à tour «martyrs», «kamikazes», «bombes humaines», «terroristes» et même parfois «résistants.

    Comme l’a écrit Jacques Tarnero dans son magnifique texte intitulé «Les attentats suicides ne sont pas suicidaires», « il n’y a pas l’ombre d’un désespoir suicidaire dans ces gestes mais au contraire une exaltation morbide, une jubilation sensée ouvrir les voies du paradis dans le fait de donner la mort en y perdant la vie »

    Il y a dans cette quête de virginité, la même exaltation morbide.
    Certes, de nombreux « clients » de prostituées (ou prosti-tueurs) achètent des filles de plus en plus jeunes croyant ainsi se protéger du Sida. Le tourisme sexuel en direction des mineurs n’est pas l’apanage d’une nationalité plus qu’une autre, comme la bien montré complaisament dans son livre auto-narcissique (est-ce redondant comme expression ?) en 2005, le nouveau directeur talentueux de la Villa Médicis.
    ar en Asie du Sud Est, les clients des très très jeunes prostituées (parfois aussi jeunes que 5 ans) sont majoritairement des asiatiques.
    Au Cambodge, les japonais perpétuent ainsi une croyance millénaire selon laquelle la virginité freinerait la marche du temps, et les éloignerait de leur propre vieillesse et décrépitude.

    La mythologie est pleine de ces vieux croutons qui se refont une jeunesse dans le lit des vierges !

    Les matrones d’Asie refont faire l’hymen des petites filles, déflorées, tuées, violées, encore et encore…

    Ah le plaisir morbide de saigner les filles ! Et puis une vierge, ça rapporte plus !

    Ici en Europe, des médecins refabriquent des hymens, nouvelle branche de la chirurgie réparatrice qui rapportera un jour autant que les injections de toxines botuliques.
    En Australie, les chirurgiens pratiquent l’ablation des petites lèvres, restructurent les sexes des femmes après la quarantaine. Injections dans le vagin pour avoir des sexes toujours plus fermes, toujours plus jeunes, se retrouver toutes petites Lolitas au pubis glabre, retrouver la virginité promise dont les hommes raffolent tant !

    Où sont Médecins du monde et Médecins sans frontières pour dénoncer ces pratiques ?
    Nul part. Comme il y a une vingtaine d’années, lorsqu’ils ne condamnaient pas l’excision et restaient silencieux quand leurs confrères pratiquaient l’ablation du plaisir féminin et légitimaient cet acte par l’hygiénisme. Ils prétendaient qu’ainsi, en utilisant du matériel propre, ils protégeaient les filles du risque infectieux lié à l’utilisation d’une vieille lame de rasoir rouillée.

    « Ni vierges ni soumises »….beau slogan en effet ! Mais il empêche que l’on s’interroge sur la fascination morbide et machiste pour la virginité féminine. Et si l’on est « pute » et « vierge » de cinq ans au Cambodge? Et si l’on n’est plus vierge parce que l’on a été violée ?

    Quelles étaient les insultes que Fourniret lançait à ses victimes vierges, où celles des assassins du 11 septembre qui payèrent pour le sexe des prostituées quelques heures avant de tuer et de s’envoyer en l’air dans le ciel de Manhattan avec leur fantasme de soixante dix vierges ?

    La Secrétaire nationale du PS, chargée des droits des femmes et de la parité, Laurence Rossignol la première, dans son communiqué de presse qu’elle a rendu public le 30 mai, a mis en parallèle le jugement de Lille et «l’obsession de la virginité du tueur de femmes Fourniret » dont elle nota avec justesse la coïncidence.

    Et si l’horreur de l’affaire Fourniret avait trop plombé notre pauvre France, et que la scandaleuse décision de Lille nous permettait aussi ainsi de partir comme une seule femme à l’appel de « Ni vierges ni soumises » ?

    Et qui ne voit la propagande culturelle qui autorise le passage à l’acte, entre la fascination pour la virginité de Sade – que la plupart de nos intellectuels refusent à analyser – à la pornographie sur Internet ?

    Les mille et une légendes du monde entier nous racontent les histoires des barbes bleues et des princesses vierges. Nul relativisme culturel dans le mythe de la pureté virginale perdue, fantasme machiste transnational, malheureusement trop contemporain qui tue les femmes sur tous les continents.

    La quête de virginité n’a rien de pure et d’évanescent. Le sexe de l’homme devient l’arme par excellence, l’arme du meurtre machiste.

    Source : Malka Marcovich…enjeux internationaux

    Tags : Femmes, féminisme, féminité, virginité, vierge, hymen, défloration, droits de femmes, mariage, Islam, 

  • Le Maroc : point commun entre les attentats djihadistes de ces 2 dernières années en Europe

    On pourrait même dire de ces 15 dernières années !

    Les attentats de Madrid de mars 2004, les plus meurtriers en Europe avec près de 200 morts et 2000 blessés, sont essentiellement le fait de djihadistes marocains.

    Même chose pour Mohammed Bouyari, le meurtrier, en 2004, du cinéaste néerlandais Théo Van Gogh, lui aussi marocain d’origine. 7 des 9 terroristes des attentats de Paris, en novembre 2015, sont aussi d’origine marocaine dont les frères Abdelslam.

    Tout comme Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau de ces opérations. C’est aussi le cas de ceux qui intégrait la cellule des attentats de Bruxelles, 32 victimes, dont le Marocain Najim Laachraoui était le leader.

    Enfin, la totalité de la cellule de Ripoll, des frères Oukabir au terroriste des Ramblas, Younes Abouyaaqoub, en passant par l’imam : tous sont, soit nés au Maroc, soit d’origine marocaine. Je dirais même Rifains plus que Marocains.

    Le Rif, c’est-à-dire cette région berbère du Nord du Maroc…

    Exactement, entre les villes de Tanger, Nador, Tétouan. Il y a une logique évidente à cette singularité rifaine : l’immigration. La région est une des plus pauvres du Maroc et sa jeunesse s’est très tôt exilée en Europe :

    On les retrouve, ces Rifains, des Pays-Bas à la Belgique en passant par la France et donc l’Espagne. Une sorte d’axe rifain où l’Espagne joue un rôle singulier puisqu’elle est l’ancienne puissance coloniale et y possède encore les villes garnison de Ceuta et Melilla.

    Mais au-delà des chiffres, il y aussi une culture rifaine de résistance à l’autorité très ancrée : c’est du Rif, avec le célèbre d’Abdelkrim, que sont parties les révoltes les plus dures contre la présence coloniale dans les années 20.

    Et encore aujourd’hui, ces derniers mois, le Rif marocain est l’endroit de manifestations très dures et donc très réprimées, contre le pouvoir marocain. Le Rif, c’est aussi le lieu de tous les trafics, de haschisch notamment. Bref une région rebelle et irrédentiste.

    Mais de la rébellion aux djihadisme… il y a tout de même un monde…

    Vous avez raison. Pour y arriver, il faut revenir un peu en arrière : le Maghzen, le pouvoir marocain autour du monarque, s’est toujours méfié des Rifains, les abandonnant à leur sort. Le vide a été vite comblé, entre autres, par les islamistes.

    Le Maroc les a longtemps toléré. Jusqu’en 2003 et une vague d’attentat à Casablanca. Depuis, la répression est féroce. C’est-à-dire qu’en plus d’être très implantés, les islamistes rifains ont acquis une aura de martyrs.

    Et ceux qui ont pu échapper aux services de renseignements marocains ont essaimé en Europe. Un seul chiffre résume cette importance des réseaux djihadistes marocains et rifains : 1 600 combattants.

    On estime à 1 600 le nombre de djihadistes marocains en Syrie ou en Irak. Un petit millier serait sur le retour. Ils sont évidemment dangereux, surtout lorsqu’ils entrent en contact avec une jeunesse d’origine rifaine née en Europe.

    La cellule de Ripoll est pile sur ce modèle-là…

    Exactement : l’imam de Ripoll, Abdelbaki Es-Satty, a connu un des terroristes rifain des attentats de Madrid en prison, alors qu’il était lui-même condamné pour trafic de drogues. Il a voyagé en Belgique, à Vivoorde, à la recherche d’une mosquée à diriger au sein de la communauté marocaine.

    Et il a surtout endoctriné en une année, selon un modèle clanique ou familial très efficace, ces ados de Ripoll, souvent nés en Catalogne ou ayant toujours vécu là. Des 2èmes générations déracinés. Ce qui d’ailleurs rejoint les thèses d’Olivier Roy.

    Bref : une même origine géographique, le Rif marocain, une même culture de la résistance vis-à-vis des autorités et aussi une même dérive djihadiste et mortifère.

    France Inter

    https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-22-aout-2017
  • Le Soudan et l’Algérie, nouveaux alliés des Etats-Unis ?

    Washington veut passer par Khartoum pour convaincre les pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël, et par Alger pour lutter contre le terrorisme sur le continent.

    L’Afrique revient dans le viseur des Etats-Unis. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, est engagé dans une course contre la montre pour dénouer le contentieux de son pays avec le Soudan avant l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le chef du Commandement militaire américain en Afrique (Africom), Stephen Townsend, s’est rendu mercredi 23 septembre en visite en Algérie.

    « Les Etats-Unis ont une occasion qui ne se présente qu’une fois d’assurer enfin une compensation aux victimes des attentats terroristes de 1998 menés par Al-Qaïda contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie », a écrit Mike Pompeo dans une lettre à des sénateurs dont l’AFP a eu connaissance. « Nous avons aussi une fenêtre unique et étroite pour soutenir le gouvernement de transition dirigé par un civil au Soudan, qui s’est enfin débarrassé de la dictature islamiste », a-t-il ajouté.

    Au cœur de ce dossier, l’inscription du Soudan dans la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme. Cette sanction, synonyme d’entrave aux investissements pour le pays, remonte à 1993. La crise s’est envenimée avec les attentats de 1998, qui avaient fait plus de 200 morts. Le Soudan d’Omar al-Bachir était alors devenu un paria pour avoir accueilli le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

    Ces dernières années, Washington a changé de ton lorsque l’ex-autocrate soudanais a commencé à coopérer dans la lutte antiterroriste et joué le jeu de la paix au Soudan du Sud. Les Etats-Unis ont renoué avec Khartoum, déjà sous l’ex-président démocrate Barack Obama, puis engagé un dialogue pour retirer le Soudan de leur liste noire. La révolution qui a balayé Omar al-Bachir, en 2019, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Depuis, Mike Pompeo ne ménage pas son soutien au premier ministre de transition, Abdallah Hamdok.

    Mais les négociations achoppaient sur l’épineux dossier judiciaire de l’indemnisation des familles des victimes des attaques de 1998. Le secrétaire d’Etat pense désormais qu’une solution est en vue et en a fait « une de ses premières priorités », a dit à l’AFP une porte-parole de la diplomatie américaine. Son « plan » prévoit le versement par Khartoum, sur un compte bloqué, de fonds qui ne seront versés que sous conditions aux Etats-Unis pour indemniser les plaignants. Des médias américains ont cité le montant total de 335 millions de dollars (environ 287 millions d’euros).

    Parmi ces conditions, le retrait du Soudan de la liste noire antiterroriste et l’adoption d’un texte de loi proclamant la « paix légale » avec Khartoum, pour écarter le risque de nouvelles poursuites. Dans son courrier, Mike Pompeo fait pression sur le Congrès américain afin qu’il vote cette disposition. « Cette loi doit entrer en vigueur mi-octobre au plus tard afin de garantir le paiement des indemnisations aux victimes dès que le Soudan sera retiré de la liste des Etats soutenant le terrorisme », ce qui interviendra « très probablement » d’ici fin octobre, a-t-il expliqué. C’est-à-dire avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre. Au sein du gouvernement, on s’inquiète toutefois d’une résistance de quelques influents sénateurs démocrates.

    Pourquoi un tel empressement de la part d’un secrétaire d’Etat par ailleurs peu intéressé par l’Afrique ? C’est probablement au nom d’un autre dossier cher à l’administration Trump. Mike Pompeo s’est rendu fin août à Khartoum lors d’une tournée pour convaincre des pays arabes de normaliser leurs relations avec Israël. Le camp du président-candidat veut capitaliser sur les accords historiques conclus sous son égide par l’Etat hébreu avec les Emirats arabes unis et Bahreïn – un succès qui manquait à son bilan diplomatique, qui plus est favorable aux intérêts israéliens et donc susceptible de galvaniser son électorat évangélique.

    Abdallah Hamdok avait semblé doucher les espoirs américains, en affirmant qu’il n’avait « pas de mandat » pour trancher cette question sensible. Mais les tractations se poursuivent en coulisses, avec des positions peut-être moins figées. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain au Soudan, qui avait rencontré en février le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a eu trois jours de pourparlers cette semaine à Abou Dhabi avec une délégation américaine. Au menu, bien entendu, la sortie de la liste noire, mais aussi, selon l’agence officielle soudanaise Suna, « l’avenir de la paix arabo-israélienne » et « le rôle que le Soudan devrait jouer dans la réalisation de cette paix ».

    En parallèle à ce front, mais plus au nord sur le continent, le général Stephen Townsend, chef de l’Africom, a effectué mercredi une visite à Alger dans un contexte de tensions régionales, en particulier en Libye et au Mali, a-t-on appris de source officielle. Le général Townsend, « accompagné de membres de l’ambassade américaine en Algérie », a été reçu par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, précise un communiqué de la présidence algérienne, qui ne divulgue pas la teneur des discussions. Le gradé de haut rang américain a également eu des entretiens avec le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chanegriha, et le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum.

    « Nous avons beaucoup à apprendre et à partager les uns avec les autres. Renforcer cette relation est très important pour nous », a expliqué le chef de l’Africom, cité dans un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis en Algérie. « L’Algérie est un partenaire engagé dans la lutte contre le terrorisme. Affaiblir les organisations extrémistes violentes, les activités malveillantes et renforcer la stabilité régionale est une nécessité mutuelle », a plaidé le général Townsend. Il s’agissait de la première visite en Algérie d’un commandant de l’Africom depuis 2018.

    L’Algérie, qui craint les risques d’instabilité à ses frontières, s’efforce de réactiver son rôle sur la scène diplomatique régionale et tente d’endosser un rôle de médiateur dans les crises en Libye et au Mali.

    Source : Decryptnews.com, 27 sept 2020

    Tags : Afrique, Armement, Économie, terrorisme, sécurité, sanctions, sahel, pauvreté, négociations, mali, islam, international, Algérie, Soudan, Etats-Unis,

  • Algérie : La révision de la Constitution déchire les partis islamistes

    Divisés entre partisans du oui et du non: La révision de la Constitution déchire les partis islamistes

    Le référendum sur le projet de révision de la Constitution divise les partis politiques islamistes. Certains d’entre eux ont appelé à voter «oui», d’autres ont opté pour la participation mais en votant «non».

    Par Aomar Fekrache

    Le «non» est notamment le cas du Front de la justice et du développement (FJD) de Abdallah Djaballah qui, faute d’arguments politiques, s’est adonné à un exercice dangereux en déversant son fiel sur l’une des constantes nationales. Lors d’une réunion du Medjlis Choura de son parti, Djaballah a exprimé ouvertement son hostilité à l’adoption de deux langues nationales. Autrement, ce chef islamiste, éjecté de deux partis politiques (El Islah et Ennahda) avant qu’il ne créé le FJD, dit voir en la langue tamazight un danger pour «l’unité nationale».

    Le plus grave est que le chef de file du FJD ose se placer en porte- parole des Algériens en se permettant d’affirmer que «cette Constitution n’est pas venue pour satisfaire les revendications du peuple». Lui déniant, unilatéralement, tout consensus avant même le tenue de l’élection, il n’hésitera pas à pousser le bouchon en évoquant une prédominance du courant «laïque» et «éradicateur».

    Même son de cloche de la part du Mouvement de la société pour la paix (MSP), dont le président, Abderrazak Makri, a exprimé des réserves liées à l’identité, à la langue et à la religion. Le MSP ne digère pas que toutes ses propositions n’aient pas été prises en considération. Pourtant, l’Algérie ne se réduit pas au seul point de vue de cette formation politique, en mal de consensus au sein même de sa base. Il y a quelques jours, l’un de ses leaders, à savoir El Hachemi Djaaboub, a rejoint le gouvernement pour occuper le poste de ministre du Travail. Ce qui renseigne, si besoin est, sur une divergence de vues évidente par rapport aux thèses de la direction nationale du parti. Mieux encore, Aboudjerra Soltani, ancien président du MSP et figure influente au sein du parti, a exprimé son soutien à El Hachemi Djaaboub. Ce qui démontre, pour le moins, que les arguments de Makri sont loin d’être partagés par tous les militants.

    Toutefois, les partis d’obédience islamiste ne sont pas tous de l’avis du FJD et du MSP. Bien d’autres formations ont appelé à voter oui pour le projet de révision de la Constitution. Le président du Mouvement El Islah, Filali Ghouini, a affirmé que la révision de la Constitution, soumise à référendum le 1er novembre prochain, «garantira l’édification de l’Algérie nouvelle et consacrera la souveraineté populaire et l’unité nationale».

    Selon lui, la révision constitutionnelle «est une réponse aux revendications légitimes» exprimées par les Algériens lors du Hirak populaire. Il a annoncé que le Conseil consultatif de son parti «a tranché la position du mouvement qui votera en faveur de cet amendement». Il a appelé les Algériens à un «sursaut collectif» à même de faire aboutir le référendum sur la révision constitutionnelle et tous les chantiers de réformes initiés dans différents dossiers politique, économique et social.

    De son côté, la présidente de Tajamoue Amal El Djazaïr (TAJ), Fatma-Zohra Zerouati, qui vient de succéder à Amar Ghoul à la tête du parti, a déclaré que sa formation se focalisera sur la mobilisation pour un vote en faveur du projet de révision de la Constitution, lors du référendum, étant «un jalon essentiel pour l’édification de l’Algérie nouvelle». Zerouati a affirmé que la prochaine étape sera consacrée à la mobilisation pour un vote par «oui» sur le projet de révision de la Constitution, indiquant que le contenu de la nouvelle loi fondamentale «traduit, dans sa majorité, un large consensus qui prend en considération les conditions de l’actuelle Algérie».

    Par ailleurs, le secrétaire général du mouvement En-Nahda, Yazid Benaïcha, a indiqué lors d’une rencontre avec les présidents des bureaux de wilaya, concernant le référendum sur la révision constitutionnelle, que le parti annoncera sa position définitive lors de la session du conseil Echoura.
    A. F.

    Le Jour d’Algérie, 5 oct 2020

    Tags : Algérie, Partis islamistes, Islam, Amar Ghoul, Abdallah Djaballah, El Islah, Ennahda, Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Makri,

  • La montée de l’athéisme au Maroc

    par Youssef El Kaidi | 4 octobre 2020

    L’athéisme au Maroc a récemment acquis une visibilité croissante. Les possibilités offertes par les nouveaux médias pour une expression libre et non censurée ont ouvert la porte à de nombreuses voix dissidentes renonçant à l’islam et adoptant des valeurs libérales et humanistes, au Maroc et dans le monde arabe.

    Depuis l’Antiquité, les gens entretiennent l’idée d’une divinité (ou divinités) omnisciente, omnipotente et omniprésente qui domine tout et maintient l’ordre de l’univers. Les religions abrahamiques (monothéistes), contrairement à de nombreux systèmes de croyance païens (polythéistes), se concentrent sur l’existence d’un seul Dieu qui a créé les humains pour l’adorer (le Dieu unique) et agir selon les enseignements qu’il a envoyés par l’intermédiaire de ses messagers et prophètes. Cette idée, cependant, ne fait plus appel aux voix montantes des athées au Maroc et dans le monde arabe, qui semblent avoir «des problèmes plus profonds avec la religion» et «des questions ontologiques persistantes sans réponse» sur le sens de la vie et l’origine de l’univers .

    Dans une société largement conservatrice et religieuse comme le Maroc, l’athéisme est toujours un territoire tabou et interdit. Le phénomène, bien que de plus en plus remarquable, est presque complètement évité par la plupart des médias officiels au Maroc pour des raisons inconnues, peut-être en conformité avec le vieil axiome arabe selon lequel «de nombreux dilemmes sont résolus en n’essayant pas de les résoudre.» [1]

    Pourtant, que les gens le reconnaissent ou non, le nombre d’athées au Maroc est en augmentation. Ils vivent au sein de la société et partagent les mêmes routes, transports en commun, cafés, amphithéâtres universitaires et tous les espaces publics et même privés. Certains d’entre eux lient leurs croyances athées au secret absolu par crainte d’être ostracisés et persécutés, menant une vie de double et d’ambivalence. D’autres, cependant, ont eu le courage de renoncer à leur foi avec des identités exposées, s’exposant au risque d’être persécutés, discriminés ou même tués par des fanatiques religieux.

    De nombreux érudits musulmans attribuent le phénomène à la désillusion post-printemps arabe et aux aspirations ratées des millions de jeunes qui sont descendus dans la rue pour réclamer la démocratie, la justice, les droits de l’homme et l’égalité des chances. Ils affirment que l’anarchie et l’effusion de sang qui ont suivi le printemps arabe dans de nombreux pays de la région, ainsi que les promesses politiques non tenues dans les pays moins ébranlés par les vents des manifestations populaires, ont eu un impact profond sur la psychologie des jeunes, conduisant à un état collectif de frustration, de désespoir et de dépression. Ce découragement collectif, selon certains chercheurs, a conduit à une révolution de la croyance religieuse motivée par le sentiment d’indignation et de ressentiment plutôt que par la raison et la rationalité.

    D’autres intellectuels musulmans attribuent le phénomène à l’incapacité du discours religieux traditionnel à faire appel aux attentes des citoyens du monde d’aujourd’hui. Ils pensent que ce qui est commercialisé et promu par les religieux musulmans à travers le monde aujourd’hui est devenu très aversif et antipathique envers les citoyens musulmans du monde et les natifs de la technologie, car cela ne tient pas compte de leurs préoccupations et préoccupations contemporaines. Un tel discours reste largement confiné dans des textes traditionnels et des exégèses qui n’ont que peu ou rien à voir avec les questions épineuses actuelles. «Comment un religieux musulman qui n’a pas réussi à se réconcilier avec les vêtements d’aujourd’hui comme les costumes et les cravates, en restant enveloppé de vêtements démodés, peut-il produire un discours opportun?» on peut demander. Par conséquent, beaucoup de gens pensent que les interprétations religieuses fondamentalistes promues par de nombreux dirigeants islamiques emblématiques ont contribué à l’émergence de la vague massive d’athéisme et d’agnosticisme non seulement au Maroc, mais dans le monde arabe.

    Les facteurs susmentionnés sont généralement les raisons attribuées à la montée de l’athéisme dans la région, selon des intellectuels musulmans. Les athées marocains et arabes affirment cependant que leur problème réside dans la religion elle-même plutôt que dans toute autre chose. Ils affirment que la religion est «créée par l’homme» pour de nombreuses raisons scientifiques, historiques et morales.

    Hicham Nostic (pseudonyme), l’un des athées marocains les plus influents sur les réseaux sociaux aujourd’hui, a été un musulman pieux tout au long de sa vie. Il a même participé à la guerre de Bosnie en tant que djihadiste dans les années 1990. Pourtant, il a embrassé l’athéisme après «avoir été déchiré par des voix contradictoires et une confrontation claire avec [lui] soi», [2] comme il l’écrit dans son autobiographie, «Mudakkirat Kafir Maghribi» (Mémoires d’un apostat marocain). Ses nombreux doutes sur les principes islamiques fondamentaux et la «contradiction» de la morale dans l’Islam l’ont amené à la conclusion qu’un «Dieu parfait ne laisserait aucune lacune dans sa dernière religion», comme il le dit dans l’une de ses vidéos. Dans son autobiographie, Nostic affirme que ces problèmes moraux de l’islam ont été la goutte qui a brisé le dos du chameau.

    «La plus grande chose qui m’a conduit à l’athéisme est l’aspect moral de l’islam. Comment se fait-il, par exemple, qu’un Dieu miséricordieux et compatissant, dit plus miséricordieux qu’une femme sur son bébé, autorise l’esclavage et le commerce des esclaves sur les marchés d’esclaves? Comment se fait-il qu’Il autorise le viol des femmes au motif qu’elles ne sont que des captives de guerre? Ces actes ne seraient pas accomplis par un être humain miséricordieux et encore moins par un Dieu miséricordieux »[3], écrit Nostic.

    Un autre athée marocain populaire sur les médias sociaux est Said Ben Jebli, qui a déclaré son apostasie dans une vidéo qu’il a publiée sur YouTube en 2016. Le renoncement de Ben Jebli à l’islam a été très surprenant pour de nombreux Marocains, car il était un membre dirigeant du mouvement islamique connu. au Maroc sous le nom d’Al-Adl wa al-Ihsan (Justice et bienveillance). Il a également été une figure de proue du mouvement du 20 février – inspiré par les manifestations du printemps arabe – qui a mobilisé des milliers de Marocains pour qu’ils descendent dans la rue en février 2011, protestant contre la corruption politique et exigeant une véritable démocratie.

    Ben Jebli pense que la religion telle que nous la connaissons est «la plus grande tromperie» à laquelle l’homme ait jamais été soumis. Dans l’une de ses vidéos, il demande: «Nous ne savons rien de Dieu. Il existe, mais pas nécessairement comme le décrivent les religions. Dans chaque religion, il a une identité et un nom différents, et parle une langue différente. . . . Pouvons-nous croire que Dieu est oisif pour continuer à changer ses noms comme ça? »[4] Ben Jebli nie complètement les religions et les livres sacrés, croyant qu’ils ont été conçus et rédigés par l’homme. Le Coran, selon lui, «n’est pas la parole de Dieu parce qu’il a des empreintes humaines. La seule chose qui dit que le Coran est la parole de Dieu est le Coran lui-même. »[5]

    Le livre de Ben Jebli, «Surat al-lah fi al-Quran wa Sunnah» (L’image de Dieu dans le Coran et la Sunnah), explore la question de la personnification de Dieu dans l’Islam. Sur la base de son étude du Coran et des hadiths, Ben Jebli soutient que l’image de Dieu en tant qu’être plus puissant, mais avec la même physicalité humaine, est en fait une caricature qui reflète «la pauvre imagination humaine».
    Hicham Nostic, Said Ben Jebli, Ibtissam Lachgar, Qassim El-Ghazzali et bien d’autres militants athées des médias sociaux continuent de propager leur idéologie antireligieuse en utilisant des vlogs en direct, des forums de discussion, des débats en ligne, des croquis religieux sarcastiques et des entretiens en ligne avec d’autres Arabes. athées. Ces voix dissidentes attirent de nombreux jeunes à travers le monde arabe, ce qui explique la prolifération des plates-formes et des groupes athées sur les réseaux sociaux, ainsi que la montée en flèche du nombre de leurs abonnés et abonnés.

    Il n’y a cependant pas de statistiques officielles, pas même d’estimation, sur le nombre de «non-croyants», athées ou agnostiques au Maroc et dans le monde arabe dans son ensemble. Le sujet reste un énorme tabou dans ces pays, dont les constitutions se rejoignent presque toutes sur l’idée que «l’islam est la religion officielle de l’État».

    L’article 220 du Code pénal marocain dispose que: «Quiconque recourt à la violence ou aux menaces pour contraindre une ou plusieurs personnes à se livrer à ou à assister à un certain culte, ou pour les empêcher de le faire, sera puni d’une peine d’emprisonnement de six mois à trois ans. et une amende allant de 200 à 500 dirhams marocains [environ 21 à 54 dollars EU]. La même peine sera infligée à quiconque utilise les moyens de séduction pour déstabiliser la croyance d’un musulman ou le convertir à une autre religion. »[6]

    Les militants des droits de l’homme au Maroc affirment que la dernière partie de la loi établit la tutelle sur les pensées et les convictions des gens et réclame la constitutionnalisation du droit à la liberté de croyance. Ils estiment également que l’expression constitutionnelle «l’Islam est la religion officielle de l’État» pourrait être une entrée dans la persécution d’autres minorités non religieuses ou religieuses dans le pays et la violation de leur droit d’avoir des croyances différentes.

    ——

    [1] La traduction de l’arabe est de cet auteur.

    [2] Hicham Nostik, Mudakkirat Kafir Maghribi (Rabat: Dar al-Watan, 2019) p. 162.

    [3] Ibid. (Traduction la mienne)

    [4] Traduction de cet auteur

    [5] Traduction de cet auteur

    [6] Traduction de cet auteur

    Source : Inside Arabia, 4 oct 2020 (traduction non officielle)

    Tags : Maroc, Islam, athéisme, musulmans, religion, foi, 

  • Macron, l’amalgame regrettable entre les extrémistes islamistes et la religion musulmane pure !

    En France, avec la montée de l’extrême droite, certains hommes politiques en déclin et en mal de reconnaissance politique et médiatique trouvent en l’Islam et les musulmans de France leur exutoire ou leur nouveau bouc émissaire. Le président Macron parait s’égarer malheureusement sur le chemin de cette surenchère mortifère en faisant l’amalgame entre une poignée d’extrémistes en mal d’angélisme et l’une des plus importantes religions du monde, mais aussi en France, l’Islam.

    Il est en effet aberrant de réduire la grande civilisation musulmane et l’Islam à une seule forme de son expression marginale représentée par les agissements hideux et condamnables de certains extrémistes, et affirmer que « cette grande religion connait une crise mondiale ». Mal nommer les choses, comme disait Camus, c’est contribuer au malheur du monde. Un pas regrettable que le président Macron a franchi allégrement dans sa dernière conférence de presse, qui, en confondant l’Islam avec l’islamisme et plus encore avec le djihadisme terroriste, tombe dans le piège de Dae’ech.

    Car l’Islam véritable est aussi calme et serein comme le fond d’une mer immaculée ; il ne se reconnait pas dans les dérives extrémistes, comme d’ailleurs la religion chrétienne ; il s’y oppose fermement à ces dérives simplistes et violentes, en contradiction flagrante avec l’esprit de miséricorde qui est celui de l’Islam pur. N’est-ce pas , nulle part que dans l’Andalousie, sous l’égide de l’Islam, la coexistence des civilisations et des cultures n’a été aussi féconde ?

    Nous devons interroger notre mémoire commune et nous fonder sur les leçons de l’Histoire pour dégager une voie commune qui conjugue unité et diversité, loin du calcul politicien, de la xénophobie, du racisme et des humeurs passionnées ; mais aussi loin du tourbillon de la haine et du fanatisme de quelque acabit qu’il soit où la conscience se laisse bâillonner, impuissante, emportée par les doutes et les calculs immédiats de politique politicienne qui font que les convictions s’émoussent, les grandes valeurs républicaines de la France s’effritent.

    Docteur Abdallahi Ould Nem

    Source : Alwiam

    Tags : France, Macron, Emmanuel Macron, Islam, extrême droite, amalgame, musulmans, terrorisme, attentats,