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  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 10 février 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Farhan Haq, Porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Sommet de l’Union africaine

    Le Secrétaire général est revenu à New York, après être allé ce week-end à Addis-Abeba, où il a assisté à la trente-troisième Assemblée de l’Union africaine (UA).

    Hier, le Secrétaire général a pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture officielle. Il a déclaré aux dirigeants africains réunis que le partenariat stratégique des Nations Unies avec l’Union africaine est d’une importance capitale. Il a fait remarquer qu’il existe désormais des liens plus étroits entre l’ONU et l’UA, fondés sur des valeurs communes, le respect mutuel et des intérêts communs, avant d’exprimer sa profonde conviction que les défis de l’Afrique ne peuvent être résolus que par les dirigeants africains.

    Samedi, il a assisté à un petit déjeuner sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Il a souligné à cette occasion qu’en Afrique, l’accès des filles à l’éducation et aux soins de santé continue d’augmenter, tandis que l’Afrique est la seule région au monde où plus de femmes que d’hommes choisissent de devenir entrepreneurs. Toutefois, a-t-il ajouté, les progrès ne sont toujours pas à la hauteur des engagements pris lors de la Conférence de Beijing en 1995.

    Lors d’une conférence de presse samedi, le Secrétaire général a parlé de la Libye, du Sahel, du Coronavirus et du Soudan du Sud. Il a lancé un appel passionné aux dirigeants du Soudan du Sud en leur disant: « Vous n’avez pas le droit de prolonger la confrontation alors que votre peuple souffre tant. Il est temps pour les dirigeants sud-soudanais d’accepter de coopérer et de mériter les gens merveilleux qu’ils ont. »

    Le Secrétaire général a également participé à la réunion des chefs d’État et de gouvernement du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, au cours de laquelle les situations au Sahel et en Libye ont été discutées. Soutenir la paix et la stabilité en Libye et au Sahel est une priorité pour les Nations Unies et l’Union africaine, a-t-il déclaré aux membres du Conseil. Il a également défini un cadre pour assurer une plus grande coordination des efforts déployés en Libye par l’ONU et l’UA.

    Nous avons publié ce week-end plusieurs notes sur les réunions bilatérales du Secrétaire général avec des dirigeants africains.

    Pakistan

    Le Secrétaire général sera la semaine prochaine au Pakistan, où il prendra la parole à la Conférence internationale sur les 40 ans d’accueil des réfugiés afghans au Pakistan, qui est organisée par le Gouvernement pakistanais et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il se réunira également avec des responsables pakistanais de haut niveau.

    Dimanche, le Secrétaire général arrivera à Islamabad, où il tiendra des réunions bilatérales avec le Premier Ministre Imran Khan et le Ministre des affaires étrangères Makhdoom Shah Mahmood Hussain Qureshi, avant de prendre la parole lors d’un événement sur le développement durable et les changements climatiques.

    Lundi, le Secrétaire général prendra la parole à la Conférence internationale, en même temps que le Haut-Commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi. Il participera à une table ronde de haut niveau et à d’autres événements de cette Conférence. Le Secrétaire général, le Haut-Commissaire et le Ministre des affaires étrangères s’adresseront également à la presse. Le Secrétaire général rencontrera aussi le Président du Pakistan, Arif Alvi, dans la journée de lundi.

    Mardi, le Secrétaire général sera à Lahore, où il rencontrera des étudiants et participera à un événement sur la campagne de vaccination contre la poliomyélite au Pakistan. Il se rendra également à Kartarpur pour visiter un site saint, Gurdwara Darbar Sahib Kartarpur.

    Le Secrétaire général sera de retour à New York mercredi 19 février.

    Syrie

    L’ONU reste profondément alarmée par la sécurité et la protection de plus de trois millions de civils se trouvant à Edleb et dans les régions environnantes, dont plus de la moitié sont des personnes déplacées, alors que l’on continue de recevoir des informations faisant état de frappes aériennes et de bombardements en Syrie.

    Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a confirmé qu’au moins 49 civils, dont 14 femmes et 17 enfants, avaient été tués dans des incidents survenus entre le 1er et le 5 février. En janvier, le même Bureau a confirmé qu’au moins 186 civils, dont 33 femmes, 37 garçons et 30 filles, avaient été tués.

    Depuis le 1er décembre, quelque 689 000 civils ont été déplacés en raison des hostilités, dont environ 80% de femmes et d’enfants. Cela représente une augmentation de plus de 100 000 civils en moins d’une semaine.

    Au cours du week-end, la pluie, la neige et les températures glaciales dans le nord-ouest de la Syrie ont aggravé les conditions de vie déjà difficiles des personnes déplacées et des communautés d’accueil. Parmi les personnes les plus touchées figurent les personnes hébergées dans des camps, des établissements informels ou des bâtiments inachevés.

    Les priorités urgentes pour l’aide à fournir sont la nourriture, les abris, l’eau et l’assainissement, l’hygiène, la santé, l’éducation et la protection. La communauté humanitaire dispose d’un plan opérationnel pour répondre aux besoins d’un maximum de 800 000 personnes dans le nord-ouest de la Syrie sur une période de six mois et il faut 336 millions de dollars pour le mettre en œuvre.

    Libye

    La première série de pourparlers de la Commission militaire mixte libyenne (5+5), qui avait débuté le 3 février, s’est achevée samedi après-midi à Genève.

    Dans un communiqué de presse, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a exprimé sa gratitude aux deux parties pour leur venue à Genève, pour avoir respecté sérieusement les responsabilités qui leur avaient été confiées ainsi que pour l’esprit professionnel et positif qui a caractérisé leurs discussions.

    La MANUL prend note du consensus existant sur l’importance de maintenir la trêve annoncée le 12 janvier dernier, de la nécessité de respecter celle-ci et de s’abstenir de la violer. Alors que les deux parties ont convenu de la nécessité de poursuivre les négociations afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu global, la MANUL a proposé le 18 février 2020 comme date de démarrage d’un nouveau cycle de pourparlers à Genève de la Commission militaire mixte 5+5.

    Coronavirus

    L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé aujourd’hui qu’elle convoquait demain, à Genève, un forum mondial sur la recherche et l’innovation pour mobiliser une action internationale contre le coronavirus. Une équipe d’experts envoyée en mission préparatoire vient d’arriver en Chine, pour jeter les bases d’une plus grande équipe internationale.

    L’OMS s’emploie également à doter les laboratoires de la capacité de diagnostiquer rapidement les cas. Jusqu’à présent, l’agence a envoyé des kits de diagnostic dans 14 pays et a identifié plus de 160 laboratoires dans le monde qui sont dotés de la bonne technologie pour diagnostiquer le coronavirus.

    L’agence a indiqué qu’il y a eu jusqu’à ce jour 40 235 cas de coronavirus en Chine et 909 décès. En dehors de la Chine, il y a 319 cas répartis sur 24 pays, dont un qui a été mortel. L’OMS a indiqué que la tendance générale n’avait pas changé, 99% des cas signalés étant en Chine, dont la plupart sont bénins. Environ 2% sont des cas mortels, ce qui est encore trop, a souligné l’OMS.

    OMS

    Aujourd’hui, l’OMS et la Fondation pour l’innovation de nouveaux tests diagnostics ont annoncé un nouvel accord de collaboration pour renforcer le diagnostic médical et la surveillance des maladies dans les pays pauvres en ressources.

    Les défis sanitaires mondiaux tels que la nouvelle flambée de coronavirus en cours démontrent que sans ces éléments essentiels, nous ne pouvons espérer promouvoir la santé, assurer la sécurité du monde et aider les personnes vulnérables, a déclaré le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

    Cet accord de collaboration stratégique sera mis en œuvre sur une période initiale de cinq ans.

    AIEA

    Aujourd’hui, à Vienne, plus de 57 ministres et plus de 2 000 experts réunis au siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ont adopté une déclaration visant à renforcer la sécurité nucléaire mondiale et à contrer la menace du terrorisme nucléaire et d’autres actes malveillants.

    Dans la déclaration, les États membres de l’AIEA réaffirment les objectifs communs de non-prolifération nucléaire, de désarmement nucléaire et d’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, et reconnaissent que la sécurité nucléaire contribue à la paix et à la sécurité internationales.

    La Conférence se poursuit jusqu’à vendredi. Plus d’informations sont disponibles en ligne.

    Légumineuses

    C’est aujourd’hui la Journée internationale des légumineuses, également connues sous le nom de légumes secs.

    Les légumineuses sont remplies d’éléments nutritifs et ont une teneur élevée en protéines, ce qui en fait une source idéale de protéines, en particulier dans les régions où la viande et les produits laitiers ne sont pas physiquement ou économiquement accessibles. Les légumineuses peuvent également contribuer à l’atténuation des changements climatiques en réduisant la dépendance à l’égard des engrais synthétiques utilisés pour introduire l’azote artificiellement dans le sol.

    Vous pouvez en apprendre davantage sur les légumineuses en visitant le site Web de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

    Tableau d’honneur

    Nous remercions l’Autriche et la Croatie pour leurs paiements complets au budget ordinaire de l’ONU. Cela porte à 44 le nombre total d’États Membres qui se sont entièrement acquittés de leurs dus.

    ONU Media

    Tags : Pakistan, Sommet Union Africaine, Syrie, légumineuses, Libye, coronavirus, OMS, AIEA,

  • L’Algérie renouvelle son offre d’accueillir une conférence pour mettre fin au conflit libyen

    Le président Abdel Majid Tebboune a révélé sa correspondance à António Guterres pour l’encourager à accélérer la nomination de son envoyé personnel au Sahara, dans son discours lors du sommet africain

    Mourad Belhaj | 09.02.2020

    AA / Algérie / Abderrazzak Ben Abdallah

    Le président algérien, Abdel Majid Tebboune, a renouvelé, dimanche, l’offre de son pays d’accueillir une conférence de dialogue entre les parties libyennes.

    C’est ce qui ressort du discours qu’il a prononcé lors de sa participation au 33ème Sommet ordinaire de l’Union africaine, tenu à Addis-Abeba sur le thème « faire taire les armes et créer les conditions du développement en Afrique ».

    « Je renouvelle la proposition de l’Algérie d’accueillir le dialogue entre les frères libyens, dans le respect de ses traditions diplomatiques, et comme confirmé à Berlin », a déclaré Tebboune.

    Et de poursuivre : « La situation tragique qui prévaut en Libye sœur, avec laquelle l’Algérie partage de longues frontières et un destin commun, reste une source de préoccupation pour nous ».

    Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait auparavant pris la parole. Il a annoncé dans son discours devant le sommet africain à Addis-Abeba, son soutien « à l’idée d’organiser une réunion en Afrique pour réconcilier les factions belligérantes en Libye ».

    Depuis le 4 avril, les forces de Haftar ont lancé une offensive pour s’emparer de la capitale, contestant la légitimité et l’autorité du gouvernement d’entente.

    Haftar n’a pas adhéré au cessez-le-feu, qui a commencé le 12 janvier de l’année dernière sur une initiative turco-russe. Il n’a pas non plus adhéré aux résultats de la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, tenue le 19 du même mois, notamment quant à la cessation des hostilités et au retour à la voie diplomatique pour régler le conflit.

    Dans un autre contexte, Tebboune a révélé avoir envoyé un message à Guterres, pour l’encourager à accélérer la nomination de son envoyé personnel dans la région du Sahara occidental (succédant à l’Allemand Horst Koehler), et à entamer la relance du règlement du conflit dans cette région.

    L’Algérie est membre observateur des négociations entre le Maroc et le Front Polisario et soutient la demande de ce dernier d’organiser un référendum d’autodétermination, car elle accueille sur son sol, depuis des décennies, des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis fuyant le conflit.

    Anadolou

    Tags : Algérie, Libye, Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, UA, Front Polisario,

  • 33e Sommet UA : Allocution de Moussa Faki Mahamat

    Allocution de S.E. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine à la 33eme Conférence ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement

    Allocution de S.E. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine à la 33eme Conférence ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement

    Excellence Monsieur le Président,

    Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat, Chefs de Gouvernement et Chefs de délégations,

    Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

    Mesdames et Messieurs les Ministres,

    Distingués Invités de l’Union Africaine,

    Mesdames et Messieurs,

    C’est avec un réel plaisir que je vous souhaite la bienvenue dans ce creuset de l’unité africaine où nous bâtissons collectivement, année après année, l’avenir de l’Afrique. Je voudrais en même temps saisir l’occasion pour vous adresser mes souhaits sincères d’une heureuse année, pour vos Etats, pour nos peuples et pour notre Continent.

    اسمحوا لي قبل اي حديث ان اعرب عن عظيم التقدير لفخامة السيد عبد الفتاح السيسي رئيس جمهورية مصر العربية للعمل الجبار الذي قام به طيلة توليه رآسة اتحادنا السنة
    المنصرة. و انها لسانحة متميزة لاثمن عاليا طيب العمل مع فخامته و حسن تعامله معنا خدمة لقضايا القارة ولدفع مختلف مشاريعنا ذات الصبغة الاستراتيجية انني لامل ان نظل نستفيد من تجربته و حكمته في المستقبل

    I wish to congratulate His Excellency President Cyril Ramaphosa on being elected as Chairman of the Union for the current year 2020 and assure you of my full support. As we are in the Mandela Hall, the spirit of Madiba is watching over us. I imagine him telling you, Cyril, you are loyal to our struggle for Africa. You know that Africa needs leadership. I look forward to you, doing your best.

    Je saisis également cette occasion pour exprimer mes chaleureuses félicitations au Premier ministre de l’Ethiopie, Son Excellence Dr. Abiy Ahmed, pour sa distinction par le prestigieux Prix Nobel de la Paix, édition 2019.

    Monsieur le Président,

    Mesdames et Messieurs,

    L’année qui vient de s’achever n’a pas été une année de pleine paix et d’harmonie dans le monde. Celle qui s’ouvre n’annonce pas non plus que nous sommes au bout de nos peines. Elle nous appelle à la nécessité d’une constante mobilisation de toutes les énergies pour relever des défis ardus.
    Aux portes orientales de l’Afrique, la tension autour de la Mer rouge et surtout des détroits de passage de presque un tiers du commerce mondial, ne saurait nous laisser indifférents, eu égard à la gravité de ces tensions et de leur proximité avec l’Afrique.

    Ces vives tensions internationales nous rappellent la précarité du monde dans lequel nous vivons et l’inanité des engagements auxquels nous avons tous souscrits, pour préserver l’humanité des horreurs de la guerre.

    Le cas de la Palestine est celui qui illustre le mieux la fragilité des engagements internationaux. Le plan américano-israélien qualifié de «deal du siècle» conçu et élaboré en dehors de toute concertation internationale et pire encore, en l’absence des principaux concernés, les Palestiniens, est une énième violation des multiples résolutions des Nations Unies et de l’Union africaine et, un mépris supplémentaire des droits légitimes du peuple palestinien.

    Il faut craindre que ce plan censé résoudre le conflit israélo-palestinien, ne contribue au contraire, à aggraver la tension dans la région et au-delà.

    En Afrique, la persistance des foyers du terrorisme dans de nombreuses régions et leur inquiétant développement a rappelé, à la conscience africaine et internationale, que ce cancer est loin d’avoir été éradiqué. L’hydre est toujours là, en éveil actif, menaçant d’effondrement certains Etats. Il a pris pied dans les profondeurs du Continent, bien au-delà de ses foyers traditionnels, comme l’atteste les crimes odieux commis par des groupes terroristes sur les populations civiles au Mozambique, en Tanzanie et à l’Est de la RDC, où les principales victimes de la barbarie sont les femmes et les enfants.

    La Corne de l’Afrique, le Sahel et le bassin du lac Tchad sont aujourd’hui en guerre, une vraie guerre où des militaires et civils, meurent par dizaines, presque toutes les semaines. Des milliers d’enfants ont vu leurs écoles fermées, soit parce qu’elles sont détruites, soient parce que maîtres et écoliers se sont trouvés obligés de fuir.

    Dans la riposte à cet ennemi particulièrement sanguinaire et aveugle, le déficit de solidarité africaine est déconcertant. Comment échapper à l’insoutenable questionnement sur nos silences au sujet de la situation de ces pays frères ? Pour parler sans détours, en dehors des pays victimes eux-mêmes, du Rwanda et de l’annonce de la CEDEAO, aucun autre Etat africain, à notre connaissance, y compris ceux de notre Union qui disposent d’importants potentiels économique, financier, industriel, logistique et militaire, n’a fait le geste de solidarité que les frères, en péril, sont en droit d’attendre.

    Ce déficit de solidarité agissante est l’une des grandes fragilités de nos systèmes de résistance et de nos capacités globales de résilience continentale.

    Je souhaite vivement que cette solidarité africaine soit le fer de lance de la coalition internationale pour le Sahel qui nous unit avec nos amis et partenaires dans le monde.

    Cette résilience a été mise à rude épreuve par les différentes calamités naturelles : inondations au Zimbabwe, au Malawi, au Mozambique, à Madagascar pour ne citer que ceux-là ; les invasions de criquets en Ethiopie et au Kenya et les menaces de famine dans certaines régions d’Afrique australe.

    En ce moment, comment ne pas penser, avec compassion à nos amis de la République Populaire de Chine aux prises avec la redoutable pandémie du Coronavirus, auxquels nous adressons, à nouveau, nos sentiments de solidarité pleine et entière.

    Mesdames Messieurs,

    Distingués Invités,

    Nos pays font des efforts significatifs en réponse aux attentes d’une jeunesse de plus en plus nombreuse et exigeante. Ces efforts méritent d’être maintenus et renforcés, afin d’éviter que cette jeunesse n’emprunte les chemins périlleux de l’émigration ou le refuge dans les doctrines extrémistes.

    En complément des initiatives prises par chacun de nos Etats que je voudrais saluer ici, j’entends, accorder, en concertation avec le Conseil consultatif de la Jeunesse et mon Envoyée spéciale Aya Chebbi, une attention particulière à la question dans les programmes de l’Union, à travers «l’initiative de 1 million d’ici 2021». Cette initiative que j’ai lancée en Avril 2019 vise à offrir à un million de jeunes des opportunités dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de l’entreprenariat d’ici l’année 2021.

    L’évolution de la femme sur le Continent, qu’il s’agisse de son statut, de son autonomisation, de la parité du genre ou de la violence qu’elle subit est une préoccupation essentielle de l’Union africaine.

    L’année 2020 est une année charnière pour l’égalité des genres et la parité sur lesquelles travaille mon Envoyée spéciale Mme Bineta Diop. Nos Etats ont fourni ici beaucoup d’efforts : l’autonomisation, l’accès des femmes entrepreneurs aux marchés publics, dans la chaîne de valeur agricole, les lois promulguées et les solutions proposées pour éradiquer à jamais les violences contre les femmes. Pour réussir ce combat, je souhaite travailler avec les Etats membres pour déclarer la décennie 2020-2030 celle de l’inclusion financière de la femme africaine. Les femmes demandent davantage. Je les soutiens dans cette ambition légitime!

    Mesdames et Messieurs,

    Un troisième fléau perturbe l’évolution harmonieuse de nombreux pays africains et remet en cause l’équilibre social ancestral, ce sont les conflits intercommunautaires. Ce regain de communautarisme a lui-même prospéré sur le terreau de la faiblesse de l’Etat et des facteurs amplificateurs divers.

    La dégradation des conditions climatiques et la dislocation des systèmes économiques traditionnels accroissent les compétitions pour la protection et la conquête des espaces de survie, de plus en plus en deçà des besoins de millions d’êtres humains.

    La conjugaison de ces facteurs objectifs avec les manipulations et les velléités de certaines élites d’enfourcher ces phénomènes à des fins politiciennes, tout comme le feraient selon une autre logique, les terroristes, crée les conditions de vrais désastres pour l’harmonie de nos populations. Cette problématique interpelle autant les dirigeants politiques du continent que ses universitaires, chercheurs et académiciens.

    Aux défis globaux dont les précédents ne sont que des exemples illustratifs et non exhaustifs, je voudrais ajouter deux questions spécifiques qui élargissent nos responsabilités à de nouvelles ardentes obligations. Il s’agit de la question du Sahara Occidental et celle du sort de la Libye.

    Le conflit du Sahara occidental reste le plus ancien conflit non résolu sur le continent et demeure préoccupant tant pour le fonctionnement de notre Organisation que pour les populations. Je suis déterminé à poursuivre mes efforts pour une mise en œuvre efficace de la décision de Nouakchott consistant à charger la Troïka d’«apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies», auxquelles les parties ont volontairement confié la recherche d’une solution durable et juste du différend.

    Sur la Libye, l’Afrique a constamment rappelé de la voix la plus audible son rejet de la solution militaire de cette crise, sa préférence pour un processus politique authentiquement inclusif, articulé sur une véritable appropriation par les libyens de leur destin national dans le cadre de leur organisation continentale.

    Je salue et soutiens la décision du Comité de Haut Niveau pour le lancement rapide d’une initiative de paix et de réconciliation en Libye en harmonie avec les décisions de la Conférence de Berlin et conformément au principe de la solution des problèmes africains par les africains, loin des ingérences extérieures, aux agendas rivaux et périlleux pour l’Afrique.

    En affirmant ces principes, nous n’avons jamais cessé de souligner que la plénitude du rôle de l’Afrique dans la recherche de solution à cette crise, n’est pas exclusive d’une coopération active et efficace avec tous nos partenaires internationaux, notamment les Nations unies.

    A l’évidence, une telle orientation ne saurait se concrétiser que si le continent est uni et parle d’une seule voix.

    Excellences,

    Mesdames, Messieurs,

    Si l’année qui s’achève a été celle des défis dont je viens de décrire prosaïquement certains, elle a été aussi, en dépit des difficultés, celle de grandes réalisations

    Dans le domaine de la paix et de la sécurité, nous avons poursuivi nos efforts, en concertation avec l’IGAD pour la consolidation de la paix et la réconciliation au Soudan du Sud, où les parties ont été vigoureusement encouragées à accélérer le processus de pacification et de réconciliation au pays. La formation d’un Gouvernement d’union nationale dans les délais impartis aux protagonistes est une exigence et une nécessité pour l’instauration de la paix.

    En Somalie, l’AMISOM, continue de se déployer dans un contexte particulièrement difficile pour combattre le terrorisme et soutenir les efforts de stabilisation et de reconstruction entrepris par le gouvernement. Je voudrais ici rendre un vibrant hommage aux membres civils et militaires de notre dispositif en place et aux pays contributeurs de troupes pour les sacrifices consentis et les résultats obtenus.

    En République Centrafricaine, nos efforts conjugués à ceux du Gouvernement centrafricain, de la CEEAC et des Nations Unies se sont intensifiés pour veiller à une application rigoureuse des accords de paix et de réconciliation. Je me réjouis de constater que les progrès sont ici significatifs, en dépit des accès de violence enregistrés ces derniers temps.
    Au Cameroun, en dépit de la tenue du dialogue politique national, la situation mérite une attention soutenue. La Commission reste disposer à l’accompagner dans le processus de consolidation de la paix et de la réconciliation.

    Au Soudan, la médiation africaine a réalisé un succès retentissant avec l’accord ayant abouti à la mise en place des institutions de la transition, notamment le Conseil souverain et le gouvernement civil, appelés à travailler en bonne intelligence. Cette expérience montre que si les Africains, en toute indépendance, s’attèlent à la solution de leurs problèmes, en bonne harmonie avec leurs partenaires internationaux, l’Afrique fait la différence.

    Les nouvelles autorités du Soudan se sont engagées dans un courageux processus de négociation avec les groupes armés Nous les soutenons sans réserve dans cette démarche et appelons la communauté internationale à redoubler d’efforts en soutien à la transition démocratique et consensuelle au Soudan. Dans cet esprit, nous invitons les Etats unis d’Amérique, à se joindre à cet effort en sortant le Soudan de la liste des Etats parrains du terrorisme.

    Mesdames et Messieurs

    Sur le chantier de la réforme, l’année 2019 a été une année de progrès significatifs. Ces progrès ont touché la restructuration et l’obligation redditionnelle de la Commission, la gouvernance et la cohérence entre les différents organes, la division du travail entre l’Union et les Communautés Economiques Régionales, la question des partenariats ainsi que la mise en œuvre du nouveau système de financement de l’Union.

    Cette recherche de l’indépendance budgétaire va de pair avec une gestion administrative et financière plus rigoureuse, laquelle s’est traduite par l’application de sanctions infligées aux responsables d’abus et d’irrégularités et par une réduction drastique du volume du budget pour 2020.

    Le troisième chantier où les progrès ont été dignes de mention est l’Accord sur la Zone de Libre Echange Continentale Africaine. C’est un accord historique en ce sens qu’il consacre l’un des grands rêves des pères fondateurs de notre organisation et se situe au cœur des aspirations à l’intégration économique du continent.

    Le succès de ce projet-phare reste tributaire du développement des piliers de sa promotion dont le plus déterminant sont les infrastructures. Malgré les efforts fournis, un gap important reste à combler. À cela s’ajoute la libre circulation des personnes et des biens, dont le protocole n’a été signé que par 33 Etats et ratifié seulement par 4 Etats. J’exhorte les Etats qui ne l’ont pas encore fait de le faire en toute diligence.

    La vraie mission du Secrétaire général de la ZLECAf que nous devons nommer sans délais et installer dans ses fonctions sera précisément d’opérationnaliser cette grande réalisation. Je voudrais à ce niveau exprimer en votre nom notre infinie gratitude au Président du Ghana, Son Excellence Nana Akufo-Adoh qui a gracieusement offert le siège devant abriter le Secrétariat général.

    L’intégration africaine que nous voulons passe aussi par la facilité des échanges, notamment aériens. C’est pour cette raison que nous avons instauré un Marché Unique du Transport Aérien. 30 Etats se sont solennellement engagés pour sa mise en place, tandis que 18 ont décidé de le mettre en œuvre.

    Sur le plan politique, 2019 a été témoin de profondes transformations en matière institutionnelle. En 2019 et 2020, 40 élections pluralistes auront été organisées ou s’organiseront dans 31 pays du Continent.

    L’organisation des élections apaisées est un levier décisif dans nos stratégies pour une évolution sereine du Continent, d’où l’extrême importance de les conduire dans les délais et le respect des constitutions, loin de toute volonté de manipulation et de détournement de la volonté populaire. Il est grand temps qu’ici encore l’Afrique atteste d’une authentique modernité institutionnelle.

    Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernements,
    2020 a été proclamée l’année de «Faire taire les armes sur le Continent». Comment réussir cette prouesse dans un continent aux prises avec des phénomènes prégnants tels que le terrorisme, les conflits intercommunautaires, les crises pré et post électorales ou encore les différends entre Etats ? En agissant de manière concrète sur tous ces sujets et leurs causes profondes, en se donnant les moyens politiques, militaires et diplomatiques, le pari de faire taire les armes pourrait être gagné.

    L’année 2020 est également la dernière du mandat de l’actuelle commission. Nous prenons l’engagement solennel de redoubler d’efforts pour que la prochaine Commission mieux centrée, trouve une situation plus assainie et plus propice à de nouveaux exploits sur la voie tracée par l’agenda 2063, pour une Afrique pacifique, unie et prospère.

    Je vous remercie de votre aimable attention.

    Tags : Union Africaine, UA, 33e sommet, Addis Abeba, Moussa Faki Mahamat, Libye, Sahara Occidental, Maroc,

  • CRISE LIBYENNE : Le poids de l’Algérie

    La Libye est depuis 2014 fracturée par la rivalité entre le chef du gouvernement d’union nationale Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar. En proie au chaos politique et sécuritaire depuis l’intervention de l’OTAN en 2011, la Libye semble être encore loin de retrouver le chemin de l’unité et de la stabilité.

    En plus de la menace terroriste, le pays est le théâtre d’une confrontation entre deux forces revendiquant le pouvoir, se traduisent par des affrontements armés. A lors que la crise libyenne est appréhendée à l’échelle régionale, l’Algérie et la Turquie sont sur le point de créer un conseil de coopération stratégique, qui envisage d’élargir le cercle de la coopération bilatérale entre les deux pays au plus haut niveau, y compris les différents domaines, notamment les domaines : politique et diplomatique.

    Des observateurs ont estimé que le rapprochement algéro-turc sera bénéfique à la crise libyenne, puisque la Turquie est membre de l’OTAN et entretient de bonnes relations avec quatre membres du Conseil de sécurité à l’exception de la France, car elle est très proche de l’Allemagne, qui accueillera la conférence internationale sur la Libye.

    Abdelmadjid Tebboune a adressé au président de la République Turque Recep Tayyip Erdogan une invitation à visiter l’Algérie, laquelle a été acceptée, et dont la date devant être fixée dans les prochains jours. La visite d’Erdogan a été précédée par celle du MAE turc, Mevlut Cavusoglu qui a été reçu par son homologue, Sabri Boukadoum et le Chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. Son entretien avec ce dernier a porté, essentiellement, sur la situation en Libye à la lumière de l’escalade des actes de violence induits par les ingérences étrangères, qui entravent la recherche d’une solution politique, seul moyen de rétablir la sécurité, la paix et la stabilité à travers tout le territoire de la Libye.

    Après une analyse approfondie de tous les aspects de la situation, les deux parties ont convenu de l’impératif d’éviter toute action concrète à même d’aggraver davantage le climat et de ne ménager aucun effort pour un cessez-le-feu. L’Algérie et la Turquie ont exprimé, également, le vœu que la conférence internationale prévue sur la Libye soit le début d’un règlement politique global, garantissant l’unité de la Libye, peuple et territoire, et préservant sa souveraineté nationale.

    Pays voisin de la Libye, l’Algérie a dénoncé toute ingérence étrangère en Libye, réitérant que la crise dans ce pays est une affaire interne de la Libye dont la solution ne peut être trouvée que par les parties au conflit avec l’aide notamment des pays voisins.

    L’Algérie qui était de tout temps à équidistance des parties en conflit en Libye, a appelé, lors de l’audience accordée, lundi, par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au Président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Fayez El-Serraj, la communauté internationale et le Conseil de sécurité en particulier à « assumer leurs responsabilités pour imposer le respect de la paix et de la sécurité en Libye ».

    Tenue dans une conjoncture sensible, suite à l’aggravation de la situation sécuritaire en Libye, la rencontre a permis aux « deux Présidents d’échanger les vues sur les outils et moyens idoines pour l’accélération du rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans ce pays frère ».

    Ces entretiens ont été, l’occasion, pour le Président de la République, de rappeler « la position constante de l’Algérie vis-à-vis de la crise libyenne, une position qui repose essentiellement sur le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats ».

    Pour sa part, M. Fayez El- Serraj a adressé ses remerciements à l’Algérie pour ses positions fraternelles constantes vis-à-vis de la crise libyenne, réitérant sa pleine confiance dans les efforts qu’elle déploie en vue d’atténuer l’escalade, en soutenant la solution politique.

    La Tunisie, autre pays voisin, a réitéré, lundi, lors d’une réunion urgente du Conseil de sécurité, sa position rejetant toute ingérence étrangère, estimant que la crise en Libye est une affaire interne.

    Par ailleurs, les Parlements saoudien, bahreïni, égyptien et émirati ont conjointement exprimé leur rejet de l’intervention turque en Libye. L’analyste spécialiste des questions géopolitiques, M’hand Berkouk, a indiqué que la Libye fait actuellement face à des crises d’ordre politique, de loyauté et sécuritaire, a indiqué mardi à Alger, appelant l’ONU et l’UA à agir et jouer leur rôle par de nouvelles résolutions.

    S’exprimant sur les ondes de la radio chaine III, Berkouk a expliqué que cette crise » est d’abord d’ordre politique « , notamment en ce qui concerne les divergences entre « les différentes volontés sur la Libye où deux pôles sont en compétition par rapport au type d’Etat dans ce pays ». Il s’agit aussi, selon lui, essentiellement d’une crise de loyauté « non pas envers l’Etat mais envers des alliances notamment avec les pays du Golf », a-t-il souligné, ajoutant que la Libye fait également face à une crise « d’ordre sécuritaire ».

    Dans ce sillage, le spécialiste a déploré une crise de sécurité « chronique à travers la transformation graduelle de la Libye en fief pour ne pas dire en front mondial de terrorisme, avec le recentrage de milliers de combattant terroristes étrangers (CTE) vers ce pays voisin avec notamment les pays du Sahel ». L’analyste redoute d’autre part que le pays « risque de se transformer en incubateur d’une nouvelle forme de terrorisme ».

    Rappelant les deux mémorandums signés entre Tripoli et Ankara liés à l’énergie et à la coopération militaire et sécuritaires, Berkouk a ajouté que la Turquie qui s’implique notamment en Libye occidentale, « exprime une certaine volonté de s’assurer d’une part du marché énergétique européen ».

    Dans ce cadre, de nombreux pays et organisations internationales ont exprimé leur rejet de toute ingérence étrangère en Libye, appelant à faire prévaloir la solution politique pour le règlement de la crise dans ce pays. Outre des pays voisins de la Libye, l’Onu, l’UA, l’UE ont fait part de leur refus de l’ingérence dans les affaires libyennes et d’une éventuelle escalade dans la région. Une réunion du CPS se tiendra à la veille du sommet de l’UA est prévue les 8 et 9 février à Addis-Abeba. Elle sera consacrée à la crise libyenne et à la circulation des armes qui a aggravé la situation au Sahel », a déclaré le Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Smail Chergui, depuis Addis-Abeba.

    La politologue française, spécialiste de la question des migrations, Catherine Wihtol de Wendende a indiqué que l’aggravation de la crise en Libye risque de faire augmenter les flux migratoires en Méditerranée. Intervenant à l’occasion d’une conférence-débat organisée par l’Institut national d’études et de stratégie globale (INESG), Wenden a également relevé que les migrants de passage par la Libye « subissent des supplices, notamment des mises en esclavage, des enfermements et la vente d’organes », estimant qu’il était difficile de déterminer le nombre de migrants qui traversent la Libye, car « ce sont des sans-papiers qui viennent d’Afrique de l’Ouest ».

    Pour sa part, le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a condamné à Bruxelles « l’ingérence étrangère » dans la crise libyenne, dans un communiqué à l’issue d’une réunion avec les ministres des Affaires étrangères français, allemand, britannique et italien sur la Libye.

    Les ministres des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, allemand Heiko Maas, italien Luigi Di Maio et britannique Dominic Raab, se sont réunis « en urgence » à Bruxelles pour discuter de la situation en Libye et du dossier iranien. A l’issue de la réunion, ils ont condamné toute « ingérence extérieure » dans la crise en Libye.

    A.M.

    La Tribune des Lecteurs 

    Tags : Algérie, Maghreb, Libye, terrorisme, Haftar, Serraj, Tripoli,

  • Le Maroc espionnait l’Algérie à travers le Secrétariat Général de l’ONU (document confidentiel)

    Dans un document révélé par le hacker Chris Coleman, un mail envoyé par Lotfi Boucharaa, à l’époque représentant permanent du Maroc aux Nations Unies, au ministre marocain des affaires étrangères, souligne le caractère « internet et confidentiel » de ce document onusien.

    Bouchaara indique qu’il s’agit des « éléments de langage preparés pour Ban Ki-moon pour sa rencontre avec le chef de la délégation algérienne en marge de l’AG de l’ONU ».

    Texte intégral du mail :

    Tr : algerie /onu

    Lotfi Bouchaara

    Date d’envoi : mardi 2 septembre 2014 17:47

    À : SALAHEDDINE MEZOUAR

    Doc interne et conf de l onu.Les elements de langage prepares pour ban kemon pour sa rencontre avec chef de delegation algerienne en marge de l ag de l onu.lotfi

    Envoyé depuis mon smartphone Samsung Galaxy.

    ——– Message d’origine ——–

    De : I T

    Date :02/09/2014 17:37 (GMT+00:00)

    A :

    Objet : Fwd:

    pour info. (TP pour le voisin)

    [Objectives of the meeting: (i) To inquire about the implementation of political reforms; (ii) encourage Algeria to continue to support the mediation process for Western Sahara and MINURSO; (iii) thank Algeria for leading the Malian peace process and advocate for an inclusive peace process ; (iv) to discuss the situation in Libya and (v) the Sahel.]

    Political Reforms

    · Quels sont les derniers développements dans la mise en œuvre des réformes constitutionnelles lancées par le Président ? [What are the latest developments in the implementation of the constitutional reforms launched by the President?]

    Western Sahara

    · Je remercie l’Algérie de son soutien constant au processus de médiation sur le Sahara occidental mené par mon Envoyé personnel, M. Christopher Ross. Je m’inquiète du manque de progrès dans les négociations et espère que mon Envoyé personnel pourra bientôt relancer le dialogue entre les parties avec l’appui des pays voisins. Que pouvons-nous faire pour rendre le processus de médiation plus efficace? [I thank Algeria for its continued support to the mediation process on Western Sahara led by my Personal Envoy, Mr. Christopher Ross. I am concerned by the lack of progress in the negotiations and hope that my Personal Envoy will soon be able to renew the dialogue between the parties with the assistance of the neighboring States. What more can we do to make the mediation process more efficient?]

    · Je remercie également l’Algérie de sa coopération avec la MINURSO et encourage la poursuite de relations constructives entre les autorités algériennes et la Mission. [I would also like to thank Algeria for its cooperation with MINURSO and look forward to continued, constructive relations between the Algerian authorities and the Mission.]

    · J’espère sincèrement que le Maroc et l’Algérie poursuivront leurs efforts pour améliorer leurs relations bilatérales. Les Nations Unies demeurent prêtes à continuer à soutenir ce processus. [It is my sincere hope that Algeria and Morocco will resume their efforts to improve bilateral relations. The UN remains ready to continue to support this process.]

    Mali (See also generics)

    · L’Algérie joue un rôle clé dans le processus de paix au Mali. Je me réjouis de la collaboration de l’Algérie, des pays voisins du Mali, des organisations régionales et de mon Représentant spécial dans l’élaboration d’une feuille de route à Alger. Il est essentiel que tous les acteurs concernés continuent à travailler ensemble pour soutenir le processus politique. [Algeria is playing an important role in supporting Mali’s peace process. I was encouraged to see Algeria and Mali’s neighbours, regional organizations and my Special Representative working together in Algiers to produce a roadmap. It is essential that all actors involved continue to coordinate their support to the political process.]

    · Seul un processus inclusif peut déboucher sur une paix durable. Nous espérons que les parties et l’équipe de médiation incluront l’ensemble de la société malienne dans les pourparlers. [Only an inclusive process can create sustainable peace. We hope the parties and the mediation team will ensure that broader Malian society is included in the talks.]

    · Je comprends que le calendrier des pourparlers est ouvert. Avez-vous établi avec la médiation des jalons ou des mesures spécifiques provisoires qui pourraient aider à faire avancer les discussions? [I understand that the timetable for the talks is open-ended. Have you and the mediation established milestones or specific interim steps that could help advance the discussions?]

    The Sahel (See generics)

    Libya (See also generics)

    · J’encourage l’Algérie à soutenir les efforts de mon nouveau Représentant spécial, M. Bernardino León, pour parvenir à un accord d’ensemble sur le futur de la transition en Libye. Il est important d’accroître la coopération régionale pour sécuriser les frontières. [I would like to encourage Algeria to support the efforts of my new Special Representative, Mr. Bernardino León, to facilitate broad agreement on the way forward for the transition in Libya. Increased cooperation with neighbours on border security is important.]

    Source : Maroc Leaks, 7 fév 2020

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, ONU, Ban Ki-moon, Secrétariat Général de l’ONU, espionnage, Mali, Libye,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 6 février 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Farhan Haq, Porte-parole adjoint de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Déplacements du Secrétaire général

    Le Secrétaire général quittera New York plus tard dans la journée pour se rendre à Addis-Abeba où il assistera au Sommet de l’Union africaine le week-end prochain.

    Ce sera l’occasion pour le Secrétaire général de discuter des efforts du continent pour « faire taire les armes », ainsi que des travaux communs des Nations Unies et de l’Union africaine pour relever l’éventail des défis mondiaux. Il doit rencontrer de nombreux dirigeants africains présents au Sommet.

    Le Secrétaire général sera de retour au Siège des Nations Unies mardi prochain.

    Conseil de sécurité

    Ce matin, le Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Premier Ministre albanais Edy Rama, a fait un exposé aux membres du Conseil de sécurité sur le partenariat entre l’ONU et l’OSCE.

    Cet après-midi à 15 heures, le Conseil de sécurité se penchera sur la situation en Syrie. L’Envoyé spécial des Nations Unies, Geir Pedersen, et le Coordonnateur des secours d’urgence, Mark Lowcock, feront le point de la situation avec les membres du Conseil.

    Libye

    L’ONU reste préoccupée par les effets persistants des combats en Libye sur les civils. Les tirs de roquette et les tirs d’artillerie lourde se sont poursuivis hier dans les districts d’Abusliem et de Salaheddine à Tripoli. Au moins un civil a été tué et cinq autres blessés.

    Les écoles locales du district d’Abusliem devraient rouvrir la semaine prochaine. L’ONU rappelle à toutes les parties leur obligation, en droit international humanitaire, de veiller constamment à épargner les civils et les infrastructures civiles, y compris les écoles.

    Les combats en cours à Syrte et aux alentours, qui font suite au changement de contrôle territorial dans la région de Syrte depuis début janvier, poussent de plus en plus de résidents à prendre la fuite, en particulier dans la zone de front d’Abu Qurain. Plus de 2 000 personnes ont fui la région, selon les comités de crise locaux libyens.

    Les partenaires humanitaires soutiennent les efforts nationaux de riposte en fournissant une assistance aux personnes déplacées, notamment en livrant des paniers de nourriture, des kits d’hygiène, des couvertures, des matelas et d’autres articles non alimentaires, notamment à Misrata, Houn et Al Jufra.

    République centrafricaine

    Dans un message vidéo diffusé à Bangui, lors d’une cérémonie marquant le premier anniversaire de l’Accord pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, le Secrétaire général a félicité le peuple du pays et son gouvernement d’avoir accompli de réels progrès. Il a noté la réduction du nombre d’incidents violents au cours de l’année écoulée, ainsi que le démarrage du processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration et le redéploiement des forces de sécurité.

    En dépit de ces développements positifs, le Secrétaire général a fermement condamné la violence commise actuellement et s’est dit préoccupé par les retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Il a appelé tous les signataires à respecter leurs engagements et a réitéré que le peuple centrafricain doit être au cœur du processus de paix.

    Dans une déclaration commune, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et l’ONU ont réitéré leur soutien à la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix, qui, selon eux, est la seule voie viable pour établir une paix durable dans le pays.

    Prix mondiaux des denrées alimentaires

    Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont augmenté pour le quatrième mois consécutif en janvier selon l’indice des prix alimentaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette hausse a atteint en moyenne 182,5 points, soit 0,7% de plus qu’en décembre dernier et 11,3% de plus que le même mois l’an dernier. Les huiles végétales, le sucre et le blé ont été les principaux responsables de cette augmentation des prix.

    La FAO a également publié une nouvelle prévision de la production céréalière mondiale en 2019, selon laquelle on aurait atteint un niveau record de 2 715 millions de tonnes, soit une augmentation de 2,3% par rapport à l’année précédente.

    Mutilations génitales féminines

    Plus de 200 millions de filles et de femmes aujourd’hui en vie ont subi des mutilations génitales féminines, a déclaré le Secrétaire général dans un message à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines. Cette année, a-t-il précisé, plus de quatre millions de filles sont en danger.

    Alors que l’ONU s’engage dans une Décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, le Secrétaire général a appelé à faire également de cette décennie celle qui mettra un terme à la pratique des mutilations génitales féminines.

    Les Chefs du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), d’ONU-Femmes, d’UNICEF et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont également publié leur propre appel pour un leadership politique et des engagements forts en vue de mettre fin à cette pratique, ajoutant que les jeunes d’aujourd’hui peuvent jouer un rôle essentiel.

    L’OMS a lancé un nouvel outil interactif de modélisation montrant que si l’on traitait toutes les conséquences médicales des mutilations génitales féminines dans le monde, cela coûterait 1,4 milliard de dollars par an.

    Contributions financières

    Les Maldives et Tuvalu ont intégralement payé leurs contributions au titre du budget ordinaire, faisant ainsi passer à 41 le nombre d’États Membres qui ont à ce jour payé la totalité de leurs cotisations pour 2020.

    UN PRESS RELEASE, 6 fév 2020

    Tags : République centrafricaine, Contributions financières, Mutilations génitales féminines, denrées alimentaires, prix, Conseil de sécurité, Libye, Antonio Guterres,

  • Maroc-Algérie : La belle et le bête

    Nous sommes au mois de décembre 2014. Le hacker Chris Coleman sévit contre le Makhzen qui multiplie les sorties de panique. Dans des déclarations faites au quotidien Algérie Patriotique, un responsable algérien qui a requis l’anonymat a affirmé que le Maroc « qui a des problèmes avec tous ses voisins, l’Espagne, la France, l’Algérie et la Mauritanie, devrait prendre enfin conscience que l’essence expansionniste de sa politique va finir par en faire un pestiféré au niveau de la région ».

    Cinq ans après, les indices de cette prophétie commencent à se profiler à l’horizon. Les autorités marocaines n’arrivent pas á digérer ce qu’il se passe. Tous les milliards dépensés en lobbying pour devenir un pestiféré ! C’est pour déprimer !

    Alors qu’il s’attendait à voir l’Algérie plonger dans une nouvelle décennie noire, l’État terroriste du Maroc s’aperçoit que son voisin de l’Est, en plus d’éviter tout dérapage dans les réponses aux manifestants du peuple algérien, Alger a pris des mesures inimaginables au pays de Mohammed VI : les piliers de la corruption se trouvent tous en prison et le feuilleton de la lutte contre la corruption n’a fait que commencer.

    La réaction des autorités marocaines contre la conférence de Berlin exprime le désarroi du régime de Rabat en découvrant que son lobbying, son chantage à la migration et au terrorisme n’ont rien donné si ce n’est salir l’image du Maroc et faire de lui l’indésirable de la région. C’est à l’Algérie que la Tunisie, la Libye et la Mauritanie ont demandé de rapatrier leurs ressortissants de la Chine. A bon entendeur, salut !

    Tags : Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie, Maghreb, Tunisie, terrorisme, coronavirus,

  • Djouhri se confie au Soir d’Algérie : «Je n’ai joué aucun rôle dans le supposé financement libyen»

    Entretien réalisé par Naoufel Brahimi El Mili

    Alexandre Djouhri revient sur le devant de la scène médiatique. En réalité, son nom est, depuis 30 ans, intimement lié à la classe politique française, essentiellement celle de droite. De Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy en passant par Dominique de Villepin, Ahmed, de son nom de naissance, voit, au fil des années, sur son carnet d’adresses, s’inscrire les numéros de téléphone personnels des chefs d’Etat arabes et africains. Un parcours époustouflant, de la Kabylie au palais de l’Elysée avec une enfance à Sarcelles en région parisienne. Son cauchemar a commencé en janvier 2018 lorsqu’il a été arrêté par la police britannique à son arrivée à l’aéroport de Londres. A la veille de son extradition en France, Alexandre Djouhri répond exclusivement aux questions posées par Le Soir d’Algérie.

    Il revient sur les conditions inhumaines de sa détention en Grande-Bretagne, sur ses souvenirs en Kabylie et sur l’espoir que suscite en lui l’élection du président Abdelmadjid Tebboune.

    Soir d’Algérie : Vous êtes né en France il y a 61 ans, vous avez les nationalités algérienne et française, pouvez-vous définir la place de l’Algérie dans votre vie ?

    Alexandre Djouhri : C’est là que mes ancêtres, mon père et ma mère, mes deux sœurs sont enterrés. Mais il n’y a pas que la mémoire des cimetières, il y a aussi l’histoire récente de ce pays de mes racines. Mon grand- père maternel est mort sur le champ de bataille, mon oncle aussi, on compte dans ma famille nombre de ces martyrs qui ont payé de leur vie, ou dans leur chair, la lutte pour l’indépendance.

    C’est un peu paradoxal de voir un homme comme vous, très intégré dans la vie politique et économique française, celle du CAC 40, revendiquer une autre origine…

    Mes parents allaient tout le temps en Kabylie, et me parlaient beaucoup du pays. Quand j’ai commencé à voyager j’aimais faire des séjours, des stops, dans ce qui devenait aussi un chez moi. Un bonheur d’être dans ce pays extraordinaire, l’un des plus beaux au monde, dans lequel je me sens bien.

    Etes-vous lié à l’Algérie par le monde des affaires ?

    Non. Je n’y ai jamais eu d’activité industrielle ou économique. Pour moi, l’Algérie, c’est les amis et la famille. J’ai fait toutefois une seule exception à titre amical, j’ai accompagné Ali Haddad à Djibouti en vue de construire un pipe, de Djibouti à Addis-Abeba, Ali Haddad n’était pas en mesure de réaliser ce projet car son usine de pipes n’était pas en capacité de production. Il s’agissait d’aider une connaissance algérienne à intervenir sur un marché prometteur africain, mais je n’ai jamais fait d’affaires en Algérie.

    Certains journalistes ont affirmé que vous aviez un passeport diplomatique ?

    Pour quoi faire ? Ce sont des ragots de mercenaires de la plume. Des nains de la vérité. Les mêmes ont affirmé que j’avais été expulsé, ou « exfiltré vers la Russie»…

    Donc aucun lien avec un réseau du pouvoir algérien ?

    Non, bien sûr que non. Quel réseau ? Parlons plutôt de cases. Il fallait être dans l’une ou l’autre. Mais moi je venais ici pour me reposer et réfléchir. Pas pour intriguer. Le système de Bouteflika n’était pas tissé en réseau mais plutôt bâti en forteresse. Pour moi un monde étranger en raison de son lien énorme avec le gouvernement de Hollande et de Valls. Ces deux-là, en sous-main, faisaient la pluie et le beau temps en Algérie. C’est dire que je n’étais pas toujours le bienvenu. Hollande et Valls — et leur porte flingues — voulaient m’éjecter, en France, du monde des affaires, celui du CAC 40, où je compte de nombreux amis qui m’écoutent souvent. Leur but étant de placer leurs pions et de déployer leurs intrigues.

    L’ancien pouvoir d’Alger s’est-il manifesté pour vous assister lors de votre séjour en prison à Londres ?

    Non. Pas un geste, même pas pour rassurer ma famille, donner un coup de fil. Rien de l’Algérie et rien de la France. Ces gens-là m’ont symboliquement déchu de ma nationalité. Alors qu’à Londres j’étais enchaîné vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant 18 jours, subissant un traitement défini par les droits de l’Homme comme «cruel et inhumain».

    Revenons à ce jour de janvier 2018 où vous êtes, à la demande de la France, arrêté à l’aéroport de Londres ? Vous étiez en fuite ?

    Pas du tout, jamais. J’ai quitté la Suisse, où je réside, pour rendre visite à mes enfants en Angleterre. Au passage du contrôle de police à Genève on m’a prévenu que la France avait émis un mandat contre moi, mais que la Suisse ne l’avait pas exécuté. Et on m’a laissé embarquer pour Londres… Où est la «fuite» là-dedans ?

    La justice française avance qu’ayant refusé de répondre à ses convocations, vous étiez donc «en fuite»

    C’est une sinistre blague, un colossal mensonge, ce qui est grave dans la bouche de magistrats. Vivant en Suisse, pour me convoquer, les juges parisiens devaient, trente jours avant le rendez-vous, m’envoyer une lettre recommandée à mon adresse, très bien connue d’eux. C’est ce que prévoit l’article 10 de la Convention franco-suisse d’entraide judiciaire, signée en 1996 ! Rien de tout cela n’a eu lieu. La machination est simple : on m’a tendu un piège judiciaire. Bizarrement, aujourd’hui, mon statut a évolué. On ne dit plus que je suis «en fuite», mais «réfugié». Etonnant !

    Ce mandat européen lancé contre vous, il est quand même étayé par des accusations, des faits ?

    Pas du tout. C’est un inventaire à la Prévert, un château de cartes. On y trouve un article de Médiapart, un autre de Pierre Péan, l’extrait d’un livre d’Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne d’Areva, elle, mise en examen, et deux «notes blanches» de la DGSE, un service secret français. Tout cela n’a aucune valeur juridique ? Pas grave, on me poursuit quand même. Et les Anglais, mis sous la pression de la France et celle d’un réseau politico-financier tricolore, vont faire semblant de croire au sérieux de la poursuite. Par la suite les magistrats du Parquet national financier (PNF) vont abreuver les Britanniques d’éléments qui indiquent massivement ma «culpabilité»… hélas pour eux, sans aucune preuve. Tout cela, alors que j’ai un casier judiciaire totalement vierge.

    Sur le plan chronologique, on vous accuse d’avoir participé au financement libyen de la campagne électorale de Sarkozy en 2007. Pourtant, à cette époque, vos amis comme Dominique de Villepin étaient opposés à Sarkozy ?

    Ça saute aux yeux, mais pas à ceux d’un juge du PNF. La logique et la cohérence est absente de leur démarche. On me met sur le dos un transfert de 500 000 dollars pour Claude Guéant, une histoire de villa dans laquelle je ne suis pas partie, des commissions sur une vente d’Airbus pourtant limpide… C’est ainsi. Mes juges sont des Saint-Jean bouche d’or. Ils finissent par croire à leur propre roman. J’en reviens à l’idée du traquenard judiciaire. Il fallait que je sois torturé.

    Très bien, mais pour quelle raison ?

    Simple. Ils voulaient me faire mentir, comme ils l’ont fait avec Takieddine. Il fallait, pour des raisons politiques, que j’accuse Sarkozy.

    Alors que je n’ai joué aucun rôle dans ce supposé financement. Mais bien sûr que je fréquente la Libye depuis 1986, en tant qu’ami de Bachir Saleh (ancien patron des services secrets libyens), et aussi comme directeur de l’agence de presse «euro-arabe, euro-africaine» où j’ai rencontré Yasser Arafat.

    Lors de précédents entretiens, vous n’avez pas hésité à dire que vous êtes aussi victime de racisme ?

    Absolument, je m’étais appelé François-Henri Durand, on ne m’aurait pas traité comme ça. Très souvent nu, pendant 18 jours, au bout d’une chaîne de 3 mètres et ne me libérer qu’une fois installé sur une table d’opération pour une intervention cardiaque… entravé en salle de soins intensifs, c’est humain ? Dans le même temps, toujours plein d’à-propos, le PNF faisait savoir aux Anglais qu’à Paris, on pouvait me traiter dans l’hôpital où Lady Diana est morte. Quel tact.

    Certains journalistes ont évoqué une coupure entre votre dossier et celui du financement supposé de la campagne de Sarkozy…

    Ils ont raison. Mais les juges qui traitent mon dossier sont aveugles à cette coupure. Si on me garde dans la nasse, c’est au regard de l’élection présidentielle de 2022. Emmanuel Macron a très peur d’une candidature de Sarkozy qui viendrait assurer sa défaite. Alors le soi-disant dossier libyen, dans lequel on m’a collé, est un fer que l’on garde au feu pour éliminer Sarkozy avant le match, où je suis censé être un accusateur !

    Votre extradition à Paris le jeudi 30 janvier ?

    C’est un kidnapping judiciaire. La force n’est pas à la loi. La force est à la force. Derrière cette démarche on trouve aussi un petit gang de pirates de l’économie qui entendent gagner de l’agent en faisant chanter des capitaines d’industrie. Certains étant mes amis, je gêne leur racket. Djouhri doit disparaître. Valls lui-même avec ses amis, comme Alain Bauer (spécialiste du renseignement français), qui se voyait président de la République, a souvent dit qu’il allait me faire mettre en prison… Il avait réussi à faire croire son arrivée à la tête de la France à l’ancien pouvoir algérien qui, soudain, s’est plié aux exigences de l’ancien pays colonial.

    Comment voyez-vous votre retour en Algérie?

    Heureux et le plus vite possible. J’ai un premier devoir, me rendre sur la tombe de ma sœur alors que l’on m’a empêché d’assister à ses funérailles. Je vais découvrir une Algérie différente. Tant mieux. Grâce à Dieu, l’élection de Abdelmadjid Tebboune est une très bonne nouvelle. Elle me va parfaitement. C’est un homme d’expérience qu’il faut laisser travailler. Et même soutenir. C’est un homme de paix, expérimenté. S’il parvient à réaliser 75 pour cent de son programme, ce sera magnifique. Mission accomplie. Je le soutiens et le soutiendrai. On m’a privé de liberté pendant deux ans, fait subir ce traitement cruel et inhumain, mais je vais repartir à l’attaque… A mille pour cent.

    N. B.-E.-M.

    Le Soir d’Algérie, 2 fév 2020

    Tags : France, Alexandre Djouhri, Nicolas Sarkozy, financement illicite, Libye, Kadhafi,

  • Libye : le Maroc exclu du dossier après des années de lobbying

    Alors que Rabat cherchait à se positionner comme acteur incontournable dans le dossier libyen, il vient d’en être totalement exclu. Un échec pour la diplomatie marocaine, qui voit l’Algérie lui ravir sa position

    Malgré d’intenses efforts de lobbying, Rabat a été écarté des négociations dans la crise libyenne. Son exclusion de la conférence de Berlin, qui s’est tenue le 19 janvier, n’a pas manqué de provoquer l’indignation de la diplomatie marocaine.

    « Le Royaume du Maroc a toujours été à l’avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne », s’est étonné, dans un communiqué du 18 janvier, le ministère des Affaires étrangères, non sans exprimer son « profond étonnement quant à son exclusion ».

    Rabat ne comprend pas non plus, souligne le communiqué de Nasser Bourita, « ni les critères ni les motivations qui ont présidé au choix des pays participant à cette réunion », taclant au passage l’Allemagne : « Le pays hôte de cette conférence, qui est loin de la région et des complexités de la crise libyenne, ne saurait la transformer en instrument de promotion de ses intérêts nationaux. »

    La colère du Maroc est si vive qu’Emmanuel Macron a dû, le même jour, appeler Mohammed VI pour éteindre l’incendie. « Le rôle important du Royaume du Maroc et ses efforts reconnus, depuis de longues années, en vue de la résolution de la crise dans ce pays maghrébin ont été soulignés. Ces efforts ont, notamment, produit l’accord de Skhirat, entériné par le Conseil de sécurité [de l’ONU] et soutenu par la communauté internationale », a rappelé un communiqué du cabinet royal le 18 janvier au sujet de la discussion.

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    Tags : Maroc, Algérie, Libye, Sahel, Tripoli,

  • Algérie : Le grand retour de la diplomatie algérienne à la médiation internationale

    Le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a reçu, hier, son homologue émirati Cheïkh Abdullah Bin Zayed Al Nahyan, qui a pu s’entretenir également avec le Premier ministre Abdelaziz Djerad. Le communiqué des Affaires étrangères au sujet de cette visite est laconique.

    Il indique qu’il s’agit d’« évaluation de la coopération bilatérale », mais glisse également qu’il est question pour le ministre algérien, M. Boukadoum, et son hôte, d’« échanger autour des questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation en Libye ».

    Ce pays voisin où, ce n’est un secret pour personne, les Emirats jouent la carte du maréchal autoproclamé Khalifa Haftar et sont donc considérés parmi les pays étrangers s’ingérant dans les affaires libyennes, sans doute même parmi ceux qui continuent, selon l’avertissement de la mission onusienne en Libye, la Manul, avant-hier dimanche, de violer l’embargo sur les armes et d’acheminer des armes et des équipements au bénéfice de l’homme fort de la Cyrénaïque.

    En attendant des indications relatives à ce contact entre les diplomaties algérienne et émiratie sur la question libyenne précisément, qui est sans doute le premier, officiellement, depuis plusieurs mois déjà, le fait que le ministre Abdullah Bin Zayed Al Nahyan fasse le déplacement à Alger confirme le retour de l’Algérie à son action diplomatique traditionnelle et prestigieuse : celle d’un médiateur international, cette fois-ci en particulier sur le terrain sahélo-maghrébin où la réputation qui lui est prodiguée est d’y disposer d’une connaissance et d’une expertise susceptibles de maîtriser, voire d’apaiser et de stabiliser des conflits complexes comme ceux qui empêchent la normalisation politico-institutionnelle en Libye et au Mali dont la question a justement été évoquée hier par le ministre français des Affaires étrangères.

    Lors de ses vœux à la presse au Quai d’Orsay, Jean- Yves Le Drian, a semblé confirmer le retour de la diplomatie algérienne à son rôle de médiateur et au paradigme qui fait sa singularité au moins depuis la négociation de la libération des otages américains en Iran en 1980. « J’ai pu constater lors de mes entretiens (le 21 janvier à Alger) et avec mon homologue Sabri Boukadoum et avec le président Abdelmadjid Tebboune la volonté d’être beaucoup plus actifs dans le règlement de la crise malienne et de la crise du Sahel ».

    Retour diplomatique sur la scène malienne

    «Pendant très longtemps, l’Algérie n’était pas vraiment présente dans ces discussions» autour du suivi de l’accord de paix, a relevé le ministre français des Affaires étrangères. «J’ai le sentiment d’une volonté de coopérer de manière beaucoup plus forte avec l’ensemble des acteurs qu’auparavant et c’est un signe très, très positif », a-t-il ajouté. « On a même envisagé que nous puissions aller ensemble M. Boukadoum et moi-même à un prochain CSA (comité de suivi de l’accord) pour manifester notre volonté de faire en sorte qu’il puisse être mis en œuvre », a-t-il précisé.

    Le 19 janvier dernier, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale et des compétences à l’étranger, a présidé à Bamako où il était en visite la 4e réunion de Haut niveau du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) pour la Paix et la réconciliation au Mali, issu de l’accord d’Alger de 2015. Rachid Bladehane y a souligné « l’importance de tout entreprendre en vue d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord qui reste la seule option pour un retour définitif et durable de la paix et de la stabilité au Mali », selon un communiqué des Affaires étrangères. La réunion de Bamako (la première depuis septembre 2019) a, selon la même source, permis de « définir les principales questions devant figurer à l’ordre du jour de la prochaine réunion du CSA. Il s’agit entre autres de relancer l’accord de paix d’Alger et discuter notamment du retour des soldats maliens à Kidal, ville du Nord aux mains d’ex-rebelles touaregs, et du désarmement de groupes rebelles et leur intégration dans les forces de défense maliennes.

    Reportersdz, 28 jan 2020

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