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  • Maroc : «Le makhzen rabaisse les partis et les hommes» (Mohamed Lahbabi)

    Intellectuel, homme de principes, enseignant et leader historique de l’UNFP (Union nationale des forces populaires) puis de l’USFP (Union socialiste des forces populaires), Mohamed Lahbabi, de par son honnêteté et son expérience, bénéficie du respect de la gauche marocaine et de la classe politique en général. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la politique marocaine et l’économie. Si ses détracteurs tentent de le marginaliser, celui qui est aujourd’hui âgé de 85 ans a le mérite de ne pas user de la langue de bois tout en adoptant un discours modéré et cohérent.

    La déportation de Mohammed V en août 1953 fait partie des événements qui ont marqué la vie de ce militant chevronné. En mars 1965, il a fait une intervention au Parlement pour dénoncer les exactions du régime. Ce qui a provoqué la colère de l’ancien monarque qui a demandé au ministre de l’Enseignement de rayer Mohamed Lahbabi des cadres de son département. Mais Lahbabi était avant tout l’ami intime de Aberrahim Bouabid, membre fondateur de l’USFP, avec qui il a passé six mois derrière les barreaux à Missour en 1981 pour avoir remis en cause le référendum de Hassan II sur le Sahara.

    L’Ittihadi a une vision plutôt optimiste pour le Maroc des trente prochaines années. Pour lui, l’affaire Aminatou Haidar aurait très bien pu être menée par l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri. A l’occasion du 66è anniversaire du manifeste de l’Indépendance, Mohamed Lahbabi a envoyé une lettre au Premier ministre Abbas El Fassi demandant la transformation de la monarchie makhzenienne en monarchie citoyenne par le biais d’un nouveau parti de la gauche musulmane. Selon lui, la croyance est une affaire personnelle qui se négocie directement avec Dieu. Ce qui explique qu’il applaudisse devant les militants du MALI qui voulaient rompre le jeûne publiquement. Dans cette interview accordée au Journal Hebdomadaire, Mohamed Lahbabi tire à boulets rouges sur Mohamed El Yazghi, Driss Lachgar et Fathallah Oualalou et imagine ce que serait une USFP avec Aberrahim Bouabid.

    Interview :

    Comment évaluez-vous la situation politique du pays ?

    Depuis l’accession de Mohammed VI au trône, il y a une bataille entre la monarchie citoyenne et la monarchie makhzenienne. L’une pousse et l’autre la retient. Le conflit n’est pas gagné, mais la victoire est en marche. Cela prendra vingt ou trente ans, ce qui n’est rien pour un pays qui a vécu sous une monarchie makhzenienne très forte depuis des centaines d’années.

    Est-ce que le rôle du makhzen a changé ?

    Le peuple marocain veut un Pouvoir monarchique. Il veut que l’on respecte sa religion de façon moderne. En même temps, il est assoiffé de progrès et de dignité. Le makhzen rabaisse les partis et les hommes à la soumission et non pas à la dignité. Environ dix ans avant sa mort, Hassan II nous avait reçus à Ifrane, Bouabid, Radi et moi-même pour discuter de la situation politique du pays. Radi et moi avons été accueillis par Driss Basri dans un grand hôtel de la ville et il nous avait dit : «Notre politique est de discuter avec des gens soumis, vous devez vous soumettre pour obtenir des choses !» Aujourd’hui on ne peut plus dire ça. Il y a donc davantage d’espoir…

    La politique vis-à-vis du Sahara vous paraît-elle logique ?

    En 1981, nous avons fait six mois de prison, avec Aberrahim Bouabid, parce que nous avions en tant que bureau politique de l’USFP, publié un communiqué en disant que le référendum que demande le Maroc était inacceptable. Si le Sahara est marocain, on ne doit pas faire un référendum ! Driss Basri a appliqué les années de plomb au Sahara. Récemment, Aminatou Haidar a été renvoyée comme si elle était étrangère. C’est une aberration qu’aurait pu commettre D. Basri. On ne chasse pas quelqu’un de son pays ! Toutefois, je pense que grâce à la régionalisation avancée, le problème du Sahara sera résolu dans cinq ans.

    Qu’en est-il des partis politiques ?

    Les partis, c’est la soumission et la voracité pour bénéficier des biens matériels et politiques. L’exemple de Lachgar est totalement manifeste. Il était pro-El Yazghi parce qu’il lorgnait un poste de ministre. Lorsqu’il ne l’a pas eu, il a changé de discours. Il a parlé du PJD pour faire peur et pour allécher. Il n’a pas été élu au conseil de la ville. Et ce, parce qu’il ne voulait pas rendre visite aux gens des quartiers populaires comme Takaddoum.

    La nomination de Lachgar est-elle une manière d’isoler le PJD ?

    Oui. Mais c’est plus profond que cela. C’est pour lui faire peur. Lui dire qu’il peut être maté à tout moment.

    Etes-vous en faveur d’un rapprochement avec le PJD pour obtenir une constitution démocratique ?

    A l’heure actuelle, l’USFP est incapable de prendre une orientation politique précise. Lachgar s’est fait désirer par le PAM. L’USFP n’a pas été capable de le remettre à sa place. Autre chose : Bouabid et moi-même n’aurions jamais accepté d’être maire de la capitale du Maroc avec moins de cinq pour cent des voix. Ce n’est pas représentatif du peuple puisque ce pourcentage ne représente pas les votants. Si Bouabid était encore en vie, nous serions ouverts à toutes les discussions avec n’importe quel parti. Même avec le PAM. Mais sur un programme précis, aussi bien dans les objectifs que dans les actes.

    Même avec Al Adl Wal Ihssane ?

    Je pense que le PJD va fusionner avec Al Adl Wal Ihssane après la mort de Cheikh Yassine. Nous pouvons encourager Al Adl Wal Ihssane à donner à Nadia Yassine le rôle de porte-parole. Les prises de positions de cette femme sont très importantes. Voilà un point d’accord.

    Radi devrait-il quitter la direction de l’USFP ?

    C’est un honnête homme. Mais du juste milieu. Il devrait se retirer pour laisser la place aux jeunes. Il pourrait alors les conseiller de par son expérience. Il ne doit pas y avoir des gens de plus de 60 ans au bureau politique.

    Et que pensez-vous d’El Yazghi ?

    C’est un petit Staline. Avec tous les défauts de Staline et sans ses qualités. Je l’ai dit à l’avant-dernier conseil national. Je me souviens que Hassan II nous avait convoqués à Skhirat, El Yazghi, Radi et moi-même. Nous devions parler de Youssoufi qui était à Cannes. Au cours de la discussion, El Yazghi avait lâché à Hassan II : «Majesté, vos paroles sont pour nous une constitution» ! Avec Radi, nous étions outrés. Par la suite, El Yazghi a été nommé ministre…

    A votre avis, qu’est-ce qui a poussé Youssoufi à rentrer au Maroc ?

    L’objectif d’El Yazghi était que Youssoufi ne soit pas Premier ministre. Driss Slaoui m’avait appelé et dit : «Boby, la situation est très grave, même la monarchie peut être touchée. Vous nous avez fait du mal et on vous a fait du mal. Sa Majesté est prêt à effacer le passé. Va voir Youssoufi à Cannes pour le convaincre de prendre la tête du gouvernement.» Le lendemain, j’ai pris l’avion et je l’ai convaincu.

    La gauche est-elle morte aujourd’hui ?

    La gauche traditionnelle est morte. Elle ne peut revivre qu’en intégrant l’islam et la démocratie. Il y a des gens valables noyés dans une masse d’arrivistes. Pour la décennie 2010-2020, la vie politique va se redresser par la constitution de trois grands partis : un parti de la gauche musulmane (USFP, Istiqlal, PPS), un parti de la droite musulmane (PJD, Al Adl Wal Ihssane) et un parti de la modernisation du makhzen (PAM). Ils seront entourés de petits partis. Le premier est un nouveau concept basé sur une lecture du Coran sur la base de la foi, de la science et de la raison et non pas sur la base d’une soumission absolue à la tradition de lecture. La Koutla n’a rien donné, ce n’est pas une solution. Je propose le parti de la citoyenneté et de la modernité. Nous ne voulons pas de makhzen, ni modernisé ni archaïque. Nous voulons une monarchie de citoyenneté. L’islam est par définition laïc. L’islam, c’est la relation entre l’homme et Dieu. Beaucoup de choses qui ont été écrites dans le Coran l’étaient uniquement pour la société arabe du VIIè siècle.

    Vous voulez dire que l’Etat n’a pas à intervenir dans la religion ?

    L’homme est libre de faire et de penser ce qu’il veut. Il y a l’enfer et le paradis. Je soutiens les jeunes du MALI. Si une jeune femme a décidé de manger dans la rue pendant le ramadan, c’est entre elle et Dieu. Nous, gauche musulmane, nous applaudissons. L’affaire du MALI est une bombe contre la droite musulmane.

    Propos recueillis par Hicham Bennani

    Le Journal Hebdomadaire, janvier 2010

    Tags : Maroc, Makhzen, USFP, UNFP, gauche marocaine, Abderrahmane El Youssoufi,

  • Hichem Aboud et Abdou Semmar poignardent l’Algérie depuis le Maroc

    Ils soutenaient pourtant, il y a seulement quelques jours, la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat. Hichem Aboud, patron d’Amel TV, et Abdou Semmar, propriétaire d’Algérie Part, sont des spécialistes des coups de poignard dans le dos.

    En effet, outre leurs médias respectifs, c’est depuis le Maroc qu’ils lancent leur tentative de déstabiliser le pays. Un homme les dérange : Le Général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd-Salah, Chef d’Etat major de l’ANP.

    Pourquoi le Chef d’Etat major de l’ANP ? C’est parce que l’Armée est le garant de la démocratie en Algérie, le premier rempart contre toutes les manoeuvres malsaines et hostiles qui visent à semer le chaos et le désordre en Algérie. Pis, l’Armée est le porte-voix du peuple et l’interaction entre le peuple et son armée garantit à l’Algérie de sortir indemne de la crise politique actuelle.

    Ils accordent leurs violons, alors que les fonds viennent du Makhzen. Le site « Maghreb Intelligence », qui se décrit comme étant « maghrébin », mais dont la seule obsession et le seul souffre-douleur est l’Armée algérienne.

    Ce mardi, « Maghreb Intelligence » se met au diapason avec Amel TV et Algérie Part en s’attaquant au Vice-ministre de la défense algérien, Ahmed Gaïd-Salah. Trois articles sponsorisés en un jour, comme l’on peut constater sur les captures jointes à l’article.

    Après investigation, nous avons appris que ces articles et d’autres, signés par les pseudonymes Skander Salhi et Caterina Lalovnovka, ne sont autre que l’oeuvre de Hichem Aboud et Abdou Semmar.

    Si cela fait déjà des mois que Abdou Semmar utilise le pseudonyme « Skander Salhi » sur ce site Marocain, Hichem Aboud n’a rejoint que très récemment le troupeau, sous « Caterina Lalovnovka ».

    Par M.M

    Source : Algérie Confidentiel, 12 mars 2019

    Tags : Algérie, Maroc, Abdou Semmar, Hichem Abboud, Makhzen, Skander Salhi, Caterina Lalovnovka,

  • Maroc : Deux militants rifains condamnés à des peines de 30 mois à 3 ans de prison.

    Le tribunal de première instance de la ville d’Al Hoceima (nord du Maroc) a condamné lundi le militant rifain Achraf El Bakali à 30 mois de prison pour, entre autres charges, avoir participé à des manifestations pacifiques du Mouvement populaire du Rif.

    Dans la même journée, la Chambre de première instance de la Cour d’appel de la même ville a condamné à trois ans de prison le militant Mourad Orahou du Rif pour les mêmes accusations, à savoir sa participation aux manifestations.

    Pour rappel, les protestations sociales du mouvement populaire du Rif ont éclaté en octobre 2016 après l’assassinat du marchand de poisson Mohsin Fikri, qui a été écrasé à mort dans un camion à poubelle après que les autorités aient saisis sa marchandise.

    La campagne de répression qui s’en est suivi dans le but de mettre fin aux manifestations et éteindre la colère populaire a eu comme résultat l’emprisonnement de plus de 872 militants, dont une grande majorité de la ville d’Al Hoceima, pendant que les faux procès et les condamnations se poursuivent jusqu’à nos jours.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Makhzen, répression, Mohcine Fikri,

  • Maroc : L’UE finance une dictature qui fait fuir ses citoyens vers l’Europe

    L’Union Européenne a encore accordé 200.000.000 d’euros à la dictature marocaine qui n’a jamais justifié de l’usage des fonds alloués par les européens ni les USA et le Japon d’ailleurs.

    Ces capitaux logiquement sont versés à la tyrannie marocaine pour qu’elle aide les démunis et les pauvres miséreux et de les sortir du désespoir, mais le chef d’état Mohamed VI et ses copains vont les détourner vers leurs comptes bancaires ouverts à l’étranger pour s’offrir des accessoires de luxes qu’ils exhiberont tôt au tard sans complexe.

    Mohamed VI (roi des riches) ne se soucie point du sort des millions de miséreux marocains, ni lui ni sa famille des alaouites déconnectés de la réalité que vivent des millions de gueux et de pauvres affamés marocains.

    Les européens continuent de soutenir LA DICTATURE MAROCAINE contre les pauvres marocains qui fuient la répression, l’embargo qui leur est imposés par décret royal Makhzenien. Les européens ne devraient pas s’étonner de voir des millions d’exilés que Mohamed VI force se sauver vers L’EUROPE.

    Jamais un pays n’a reçu d’aides internationales comme le régime marocain des alaouites les a reçu depuis des décennies, et jamais cet argent versé par des pays développés n’est arrivé dans les poches de nous les pauvres citoyens. Ce régime mafieux au Maroc est vraiment UNIQUE AU MONDE ! On lui verse de l’argent par milliards de dollars sans qu’on lui demande les comptes !

    Avec les 200 Millions d’euros, beaucoup de criminels économiques makhzeniens frotteront les mains de voir cette généreuse baraka européenne arrivée comme une aubaine pour financer quelques villas luxueuses et les derniers 4X4 …

    Tags : Maroc, Makhzen, Union Européenne,

  • Mon père, le Maroc et moi

    Perdre son père est aussi vieux que le monde. C’est un drame personnel quelle que soit la religion et la culture. Mon père lui est mort brutalement sur la voie publique au Maroc, je me trouvai 8 000 km plus loin, au Brésil, le pays où j’ai élu domicile. Je lui avais rendu visite quelques jours plus tôt à Rabat et nous nous sommes faits nos adieux sans le savoir sur le pas de la porte un dimanche radieux d’octobre.

    La mort, la police, le cimetière, la mosquée, l’administration, la banque, ces mots vont prendre une connotation particulière dès la disparition de mon père. Sans la protection et la médiation de mon père, je serai déniaisé. Tout va s’effondrer à commencer par l’image du pays où je suis né et que j’ai quitté à mes vingt ans.

    J’ai ouvert les yeux sur une société archaïque, saturée de corruption et de faux-semblants. Et peut-être que la découverte la plus douloureuse a été de ressentir dans ma chair cette décadence morale ancienne et sans cesse ravalée derrière des couches et des couches de mensonges faits à soi-même et au monde. Il a fallu que mon père parte pour que je voie clair : le mal est profond et va bien au-delà des élites, il a emporté le peuple en entier.

    Mon père aimait les juifs du Maroc, il faisait partie d’une génération qui chérissait toutes les composantes du Maroc : sa terre, ses arbres, ses fleuves et ses habitants dans toute leur diversité. Tout petit, à Séfrou, il côtoyait les juifs qui étaient là depuis la naissance du Maroc. Plus tard, il les a vus partir en grand nombre vers Israël, la France et l’Amérique du Nord.

    En partant ils ont emporté avec eux des compétences et un mode de vivre qui font cruellement défaut au Maroc d’aujourd’hui. Ils étaient comme mon père, c’étaient des Marocains exceptionnels, capables d’assumer leurs traditions et d’évoluer dans la modernité. C’est facile à dire et à écrire mais c’est extrêmement difficile à réaliser sur le terrain.

    Petit à petit, les Marocains de la trempe de mon père tirent leur révérence. Et l’effet se ressent à l’œil nu pour ceux qui, comme moi, acceptent de voir le réel. Y’aura-t-il une relève ?

    Mon père, le Maroc et moi est une chronique sociale, elle paraît le 05 février aux Editions de l’Artilleur. Prix : 15 euros en librairie et 8.99 euros en format kindle (Amazon).

    Source

    Tags : Maroc, Driss, Ghali, mon père le maroc et moi, Makhzen, juifs,

  • Maroc : Mohammed VI sévèrement critiqué dans revue Foreign Affairs

    Le bimestriel, mondialement connu, publié à New York, par le Conseil des relations étrangères, depuis 1922 et diffusé à plus de 100 000 exemplaires « Foreign Affairs » a publié dans son édition de mai 2011, une série d’articles consacrés au printemps arabe. Parmi lesquels « Quatrième vague ou faux départ ? » écrit par un éminent spécialistes des transitions démocratiques, Larry Diamond qui a brillamment analysé la situation politique de plusieurs états du Maghreb et du Moyen Orient.

    Son évaluation de la situation au Royaume chérifien est pour le moins critique à l’égard de Mohammed VI et va qualifier le monarque alaouite de faible et incompétent en détaillant sont indulgencce à l’égard des affairistes et mafieux qui l’entourent. Selon l’auteur de l’article, les réformes sont avortées à cause d’une coalition formée de sécuritaires et de mafieux proches de la dynastie.

    Larry Diamond est un professeur, auteur, conférencier, conseiller sur la politique étrangère, l’aide internationale et la diplomatie américaine et enseigne à l’Université de Stanford. Il est aussi le directeur du Centre de la Démocratie, du Développement et de la Règle de Droit, centre auquel est affilié le cousin du Roi, Hicham Benabdallah Alaoui. Voici la traduction du paragraphe extrait concernant la situation du Maroc:

    « Le Roi Du Maroc, Mohammed VI est toujours vénéré dans son pays et considéré comme un réformateur à l’étranger, mais il est encore plus faible et plus incompétent que Abdullah (Roi de Jordanie). Il n’a montré aucune volonté pour maitriser les intérêts vénaux qui entourent la monarchie, ou réduire l’extraordinaire concentration des richesses dans son pays. Au lieu de cela, son appareil sécuritaire, son cercle restreint d’amis, et les milieux oligopolistiques des affaires qui lui sont proches, bloquent les demandes de réformes, isolant encore plus le roi, et aggravant la tempête politique qui se prépare sous une surface de calme apparent. »

    Last Night in Orient, 4 Juin 2011

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, rente, clientélisme, népotisme, printemps arabe,

  • Maroc : Akhanouch en situation très gênante à Madrid

    Lors du Congrès des marocains du monde organisé samedi à Madrid par le RNI, le ministre Aziz Akhannouch s’est retrouvé dans une situation très peu confortable lorsqu’une citoyenne marocaine a pris le micro pour se plaindre du manque de sécurité au Maroc.

    « J’ai une fille très belle qui a peur de se rendre au Maroc, une blondinette très mignonne, si elle va au Maroc, on va me la dévorer. Pourquoi ? », a-t-elle dit.

    J’aimerais me rendre au Maroc, rouler sur scooter, comme je fais ici en Espagne sans que personne ne me harcèle. Pourquoi pas au Maroc ? », a-t-elle ajouté précisant que « nos enfants veulent se rendre au pays mais ils ont peur parce qu’il n’y a pas de sécurité ».

    « En Espagne, nous avons tout. Je viens de subir une césarienne gratuitement, parce qu’en Espagne la santé est garantie », dit-elle avant de crier « Vive l’Espagne , Vive l’Espagne ! ».

    Source: Achkayen

    Tags: Maroc, Makhzen, RME, diaspora, insécurité, Aziz Akhannouch,

  • Liberté de croyance au Maroc: la patate chaude

    Le Conseil Supérieur des Oulémas, dont le président est le roi en sa qualité de commandeur des croyants, est consacré par la constitution dans son article 41 comme étant « la seule instance habilitée à prononcer des consultations religieuses (fatwas) devant être officiellement agréées, sur les questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l’islam ».

    Ce Conseil Supérieur comprend un comité scientifique chargé d’émettre des fatwas. Ce dernier a publié récemment un livre-recueil comportant notamment une « fatwa » appelant à l’exécution de l’apostat. Le livre-recueil indique que cette «fatwa» a constitué la réponse à la demande écrite du ministère des Habous et des affaires islamiques, qui a reçu lui-même une sollicitation d’éclaircissement de la part de la délégation ministérielle des droits de l’homme à propos de la position de l’Islam au sujet de la « liberté de religion », dans le cadre de la préparation du sixième rapport périodique de la mise en œuvre du Pacte international sur les droits civils et politiques.

    Cette fatwa a provoqué une polémique pour ne pas dire une panique. En effet, le prédicateur de la mosquée Ouhoud à Safi, a consacré son prêche du vendredi 18 avril, en présence du roi Mohammed VI, au thème de la liberté de croyance dans l’islam.

    Dans ce qui ressemble à une tentative de réparer le tort causé par cette instance royale sensée s’inspirer des desseins tolérants de l’islam, le prédicateur a souligné devant le roi, Commandeur des croyants, que la liberté de croyance dans l’islam occupe une place très importante car elle constitue l’origine des libertés, soulignant que l’islam ne s’arrête pas seulement à l’adoption de cette liberté, mais ne comporte aucune sorte de contrainte en la matière. L’Homme embrasse volontairement la foi qu’il veut par la réflexion et la méditation et la raison consciente, en citant les paroles de Dieu Tout-Puissant « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement ». Il a ajouté que le Saint Coran a tranché la question de la liberté en soulignant que l’homme est libre, sinon il ne serait pas responsable de ses actes.

    Cependant, l’imam a glissé dans le même sermon du vendredi, (qui est validé par le ministère des Habous et des Affaires islamiques, dirigé par le ministre Ahmed – 21-04-2013Toufiq qui ne représente aucun parti politique et ne rend compte qu’au roi) que l’institution de la commanderie des croyants est la seule habilitée à réguler par la loi les conditions d’exercice de cette liberté pour éviter qu’elle ne soit prise comme prétexte pour tenter de jeter le trouble sur la marche du pays, attenter à sa dignité, car, a-t-il dit, « la nation est sacrée et transcende les individus ».

    Est-ce que cela signifie que le commandeur des croyants dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour réguler la liberté de croyance des non-croyants, et qu’encore une fois les autres institutions qui font un Etat moderne, comme la constitution ou le parlement, se trouvent hors jeu ? Notre brave imam ne s’aventure pas sur ce terrain.

    Comment a réagi le champ politique, surtout islamiste, à cette fatwa plutôt ennuyeuse ?

    Le cheikh Mohamed Fizazi, figure symbolique du salafisme pur et dur, et qui a déjà exprimé son intention de fonder un parti politique, s’est précipité de remercier le conseil des Oulémas pour cette fatwa qui selon lui représente une vérité absolue et ne saurait souffrir la moindre nuance.

    De son coté, Le mouvement Justice et Bienfaisance (Al Adl Wa Al Ihssan), par la voix de Omar Iharchane, s’est démarqué de cette fatwa :«Très clairement et sans hésitation, Al Adl Wa Al Ihssan est pour la liberté de croyance. Notre position est basée sur les principes de la Charia et nous considérons la liberté de croyance comme l’un de ses éléments centraux. D’ailleurs, les nombreuses sourates du Coran qui évoquent le sujet et affirment la liberté de conscience fournissent les principes fondateurs de la Charia.»

    M. Iharchane considère qu’il «n’existe qu’un seul hadith qui fait dire au prophète « tuez celui qui change de religion ». Or il n’y a jamais eu de consensus sur ce Hadith qui n’est plus pris en considération aujourd’hui que par les Ouléma les plus traditionalistes. » Il ajoute que « le régime instrumentalise l’islam et l’utilise pour fuir ses obligations internationales en matière de respect des droits de l’Homme. C’est bien le régime qui salit la religion en l’utilisant sélectivement pour justifier sa politique autoritariste.»

    Dans le même sillage, le Parti Oumma (à sensibilité islamiste démocratique, et qui tout comme Al Adl Wa AlIhssan, n’est pas en odeur de sainteté chez le Pouvoir) est surpris par cette fatwa. Pour M. Abkrim, professeur universitaire et membre du parti, «le Conseil s’est probablement appuyé sur un hadith rapporté uniquement dans le recueil Sahih Muslim (l’un des six plus grands recueils de hadith de l’islam sunnite) autorisant l’exécution de l’apostat. Ce hadith ne figure pas dans Sahih al-Bukhari (le plus grand recueil de hadiths). Il explique que les oulémas spécialistes, après avoir examiné ce hadith, se sont aperçus qu’il a été rapporté par un homme de la branche des Kharidjites et, par conséquent, ne l’ont pas pris en considération comme source de droit islamique. Il a rappelé qu’en de telles circonstances, c’est le texte du Coran qui est la référence, et ce dernier ne mentionne pas l’exécution de l’apostat.

    Quant au Parti de la Justice et du Développement (PJD), sa position sur le sujet n’est pas constante et semble évoluer en fonction de la conjoncture politique. Alors que ses documents officiels du VIIème congrès indiquaient clairement son adhésion au principe de liberté de croyance avant le début du processus de réforme constitutionnelle, le PJD a subitement changé de position pour s’y opposer durant les consultations sur la rédaction de la nouvelle Constitution.

    Et puis revirement lors de VIIIème Congrès tenu en juillet 2012. Dans le chapitre VIII de son manifeste doctrinal consacré au projet de société, il est écrit que : «Fidèle à ses documents de référence, notre parti confirme que sa compréhension de l’islam s’appuie sur la même vision ouverte et qui a constitué un point fort dans l’expérience historique et civilisationnelle de la Nation. Cette vision consacre la diversité, le pluralisme, la coexistence entre les religions et la liberté de croyance et considère la base de la citoyenneté comme fondement de la construction de l’État et de la Société».

    Ce grand écart n’est pas surprenant, il confirme simplement que le PJD n’est pas à une contorsion près.

    Pour sa part, l’association Bayt Al Hikma (Maison de la Sagesse) présidée par la parlementaire Khadija Rouissi (membre du PAM, fondé par Fouad Ali Himma, ami et conseiller du roi), a condamné la fatwa en la considérant obscurantiste.

    Ainsi, les amis de l’ami du roi ne sont pas tendres avec une institution présidée par le roi. Mais Bayt Al Hikma, qui prétend défendre les valeurs de modernité et de rationalité se fait discrète lorsqu’il s’agit de protester, par exemple, contre le protocole humiliant de la cérémonie d’allégeance ou contre le budget colossal de la cour royale.

    Enfin, et à titre de comparaison, signalons qu’en Egypte, l’institution religieuse Al Azhar a tranché cette affaire de liberté de croyance en publiant en janvier 2012 un manifeste conjoint avec un ensemble d’intellectuels, consacré aux libertés fondamentales. Il y est mentionné que « la liberté de religion et le droit qui lui est associé, relatif à la citoyenneté pleine et entière pour tous, fondée sur l’égalité des droits et devoirs, constitue la pierre angulaire de la construction d’une société moderne. Elle est garantie aussi bien par les textes religieux clairs que par les textes constitutionnels et juridiques ». Le document va plus loin en criminalisant toute tentative de contrainte ou de persécution en matière de religion.

    Il refuse avec force toutes les tendances d’exclusion et d’expiation, celles qui s’attaquent aux croyances d’autrui et les tentatives de vouloir inspecter les consciences des gens en rappelant le hadith du prophète: « As-tu ouvert son cœur ? ». Il rappelle aussi la règle d’or selon laquelle « si le texte heurte la raison, il faut privilégier la raison et interpréter le texte » et cite aussi la règle de droit adoptée par l’Imam Malik : «Si une parole d’un homme comporte cent parts d’incroyance et une seule part de croyance, on doit privilégier cette seule part de croyance ».

    En Egypte, dans le sillage de la révolution, aussi bien le Mufti de la république et le Cheikh Al Azhar ne seront plus nommés par le président de la république mais élus par les Oulémas.

    L’imam Malik est le fondateur du rite Malékite, qui est le rite officiel du…Maroc

    Ahmed Benseddik, 21 avril 2013

    Tags: Maroc, Makhzen, religion, liberté de croyance,

  • Maroc : La face cachée de Marrakech

    Derrière sa clinquante vitrine, la ville ocre abrite encore de nombreux quartiers défavorisés où une grande population de démunis tente en vain de vivre dignement.

    Par Hicham Bennani

    Le Pacha. Une des plus grandes discothèques d’Afrique qui attire des visiteurs du monde entier. Entrée : 200 dirhams. Prix d’une bouteille de vodka : 1 200 dirhams. Il est 3 heures du matin. Plus de deux mille fêtards se trémoussent dans une ambiance house-électro. Danseurs et danseuses professionnels à moitié nus aguichent la foule. L’euphorie et le faste sont de mise. Parfois même à l’extrême. On se croirait en Europe.

    A l’extérieur, sur l’avenue Mohammed VI, l’artère principale de Marrakech qui regroupe palaces, grands hôtels, restaurants et cafés de luxe, des enfants font la manche. Parmi eux, Aïcha quémande désespérément une petite pièce. Cette Marrakchia âgée de huit ans n’a pas le choix. Elle habite Diour El Boune, un quartier populaire en plein Marrakech. En ce 17 mars 2009, à l’aube, Aïcha rapporte un maigre butin (65 dirhams) à son père, maçon de son état. Situé à cinq kilomètres de la place Jamaâ El Fna, Diour El Boune est constitué de 13 000 habitations. Construites dans l’anarchie totale, elles sont toutes plus laides les unes que les autres. «Il suffit de donner un pot-de-vin au moqqadem de la région pour construire sa maison», dénonce un passant.

    Les parias. Ici, il n’y a pas d’école, pas d’hôpital et un seul poste de police qui ne peut couvrir à lui seul toute la p1000308sécurité. Les enfants sont désœuvrés et livrés à eux-mêmes. «Pas étonnant que des mômes disparaissent de temps en temps, ils sont sans doute attirés par la richesse des étrangers», pense un habitant, en faisant référence à la pédophilie qui sévit à Marrakech. Ce dernier travaille comme porteur dans un grand hôtel juste derrière Diour El Boune. Le plus grave, c’est que ce patelin dans la ville est loin d’être le plus mal loti. Encore plus proche du centre, on trouve Douar Al Fakhara dans le quartier de Aïn Etti. Plus de 30 000 personnes y vivent dans des conditions exécrables. «Nous sommes entassés à dix dans un cinquante mètres carrés», témoigne un jeune chômeur.

    Les revenus d’un foyer vont de 500 à 3 000 dirhams. Ceux qui en ont les moyens installent l’électricité, les autres vivent, le soir, à la bougie. Bâties en terre ou en pisé, les demeures ne garantissent aucun confort ni sécurité. Il y a un peu plus d’un mois, un homme de 75 p1000367ans et sa petite fille de 12 ans ont trouvé la mort à Douar Al Fakhara suite à l’effondrement du toit de leur maison après les fortes pluies de cet hiver. «Comme les ruelles sont mal conçues et non goudronnées, l’ambulance ne peut approcher certains endroits», constate un officier de police.

    Dans un terrain vague parsemé d’ordures, un homme en guenilles puise l’eau d’un puits. «Venez voir où nous vivons, personne ne se soucie de nous. Jugez par vous-même, c’est la Somalie !». Il est vrai que l’allée où survit sa famille, située en face des résidences de luxe d’un certain Miloud Chaâbi, est digne des pays les plus pauvres. Pas d’eau, pas d’électricité, pas d’égoûts pour une soixantaine de personnes. Une simple bouteille de gaz et une moquette en piteux état, c’est ce que possèdent Mohamed et sa famille. «Toute la rue a étép1000373 inondée pendant les intempéries», raconte sa femme, indignée. La liste des lieux dont ne parlent jamais les circuits touristiques pourrait s’arrêter là. Malheureusement, le pire est à venir… Toujours à «Kech» (comme l’appelle les jeunes branchés), à Sidi Youssef Ben Ali, non loin du Golf Royal, le Douar Slitine qui borde la route, n’a rien à envier aux quartiers insalubres de Casablanca. Qui a dit qu’il n’y avait plus de bidonvilles à Marrakech ? Plus de 300 personnes vivent au milieu d’immondices dans des cabanes en tôle sans aucun service de base. «Toutes les maladies du monde se trouvent ici.

    Le soir, dans le noir total, on a peur, parce qu’il n’y aucune sécurité et nos enfants se font régulièrement mordre par des serpents», déplore une vieille dame. «Heureusement que nous pouvons avoir de l’eau potable, mise à notre disposition par le propriétaire d’un ryad, à trois kilomètres d’ici», explique son mari. En plein cœur du douar, un homme au visage très marqué par la misère, enchevêtré dans un taudis fait de poubelles et d’objets en tout genre, hurle son désespoir : «Ils ont rasé ma maison et j’ai été obligé de m’installer ici. Ils m’ont donné 5000 dirhams de dédommagement. Je respecte tout le monde et je n’ai jamais rien fait de mal», avant de conclure, en sanglots : «Dieu, la patrie, le roi!»

    Affreux, sales et méchants. Pendant que l’immobilier ne cesse de se développer à p1000380Marrakech, d’autres zones délaissées par les pouvoirs publics restent figées. C’est le cas de Mhamid, une région d’environ 20 000 habitants qui jouxte les logements flambant neuf du groupe Addoha. Au Douar Soltane, on se croirait au Moyen Age. Les badauds doivent se rendre au château d’eau pour s’approvisionner. Il n’y a aucun conduit souterrain pour évacuer les eaux usées. Les constructions en terre tombent en ruine.

    «Si le sultan Moulay Hassan voyait dans quel état est devenu son palais, il se retournerait dans sa tombe», rumine un septuagénaire qui a grandi dans le douar. Autre lieu, autre paysage déplorable. Le Douar Iziki offre un décor pathétique. Toujours à 5 ou 6 kilomètres de Jamaâ Al Fna, cet endroit est connu pour abriter des garages automobiles bon marché. Plus de 2000 personnes y vivent dans l’insalubrité. De petites ruelles où le cambouis et les eaux usées se déversent en un sillon mènent à un petit local en carton où s’effectuent toutes sortes de trafics. «L’endroit est réputé pour son haschich et les filles qui habitent ici sont des prostituées», confie un gaillard enduit de graisse de voiture.

    En plein cœur du douar, une mare vert-noirâtre de déchets toxiques, mélange de bitume et d’excréments, est laissée à l’abandon. Ici, le réalisateur italien Ettore Scola aurait trouvé un décor idéal pour ses films mettant en scène des pouilleux. Pourtant, nous sommes loin de la fiction. Toutes les zones évoquées font partie intégrante de Marrakech. Mais il n’existe aucun plan d’urbanisme qui leur soit associé. Chômeurs, employés dans la restauration ou dans de grands hôtels, ouvriers, prostituées, dealers et gredins y cohabitent. Le pauvre côtoie le riche.

    «La situation de Marrakech représente ce que le Maroc est en train de vivre : de plus en plus de développement alors que les couches défavorisées sont laissées pour compte», constate un marchand de la place Jamaâ Al Fna. Même le centre de la ville ocre n’est pas épargné par le fossé entre les différentes classes sociales qui ne cesse de s’aggraver. Dans le mellah, ancien quartier juif de la médina, les vols, agressions et cambriolages sont monnaie courante. Comme dans toutes les villes des pays en voie de développement, Marrakech n’échappe pas à la règle des quartiers insalubres. Pourvu qu’ils ne se développent pas à la même vitesse que les investissements.

    Le Journal Hebdomadaire, numéro 388, mars 2009.

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  • Maroc : L’instinct de conservation est la véritable motivation historique du Makhzen (Maati Mounjib )

    «Le mahhzen est un système pragmatique qui ne pense qu’à se perpétuer. L’histoire nous enseigne que ce système ne s’est jamais préoccupé du développement du pays et ne manifeste de patriotisme que dans la perspective de sa survie», explique l’historien Maati Mounjib.

    Lors de la séance inaugurale de l’université d’été organisée par Cap Démocratie Maroc (CAPDEMA) dans l’enceinte de la faculté des sciences juridiques Souissi de Rabat, l’historien Maati Mounjib a soutenu que «le mahhzen est un système pragmatique qui ne pense qu’à se perpétuer. L’histoire nous enseigne que ce système ne s’est jamais préoccupé du développement du pays et ne manifeste de patriotisme que dans la perspective de sa survie».

    Pour illustrer son propos, Mounjib cita l’exemple du sultan Moulay Abdelhafid qui a dû prétendre être nationaliste pour obtenir l’adhésion populaire. L’acte de la Beia comportait un article clair qui obligeait le Sultan à consulter les marocains pour les questions relatives à la souveraineté du pays mais Abdelhafid, craignant d’être écarté, a accouru vers la signature de l’accord du protectorat qui lui garantira sa pérennité sur le trône.

    Plus tard, lors de la période coloniale, Mounjib explique comment le makhzen, toujours fidèle à son patriotisme opportuniste, a pu garantir sa pérennisation à travers le rôle d’intermédiation qu’a joué Mohammed V entre la puissance coloniale et la résistance marocaine.

    «Après l’indépendance, le makhzen a continué dans la même stratégie. Il s’est alors heurté au mouvement nationaliste et a alimenté les conflits entre les différentes compsantes de la société marocaine. Ce qui lui a permis de s’octroyer le rôle d’arbitre suprême et apparaître ainsi comme la seule entité capable de garantir la stabilité de l’État», poursuit Mounjib. Le nationalisme est depuis devenu synonyme d’allégeance à la monarchie au point qu’Hassan II qualifiait les chansons faisant son éloge de «chansons nationalistes».

    L’intervention du professeur Mounjib s’inscrivait dans le cadre d’une réflexion sur la thématique du makhzen à laquelle ont pris part d’éminents spécialistes comme le professeur Mohammed Sassi ou encore le professeur Nabil Mouline. Tous deux ont traité respectivement de la situation du makhzen entre 1944 et 1999 et de l’évolution du concept à l’aune des différentes dynasties qui ont gouverné le Maroc.

    Lakome, 29 juin 2013

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