Étiquette : Makhzen

  • Le Maroc, ce bateau ivre !

    Une fois, un de mes amis européens, anthropologue de profession, me demanda de lui expliquer en quelques mots ce pays inexplicable, ineffable, inénarrable qu’est le Maroc. Je ne sus que répondre et puis, de fil en aiguille, une allégorie s’est imposée à moi comme une évidence : celle du bateau ivre. Un navire fantôme surgis des ténèbres, un monstre des mers venu depuis la nuit des temps par un beau jour de printemps. On ne sait rien sur ses origines ni où il va, on a juste une idée plus ou moins approximative sur la faune humaine qui le peuple, une faune bariolée, une humanité bigarrée d’origines diverses et de fortunes inégales.

    Perdu dans un océan agité, le bateau ivre avance sans vraiment avancer, sans gouvernail ni boussole. Ses seuls repères se résument, pourrait-on dire, au sens du lever et du coucher du soleil et ce n’est pas négligeable pour les pratiquants de la prière musulmane – même s’ils ne savent plus s’ils prient en direction de la première ou de la seconde Qibla : la mosquée d’Al-Aqsa ou la Ka‘ba, Jérusalem-Est ou la Mecque ! Quant à la science des étoiles, personne à bord n’y comprend rien à leurs configurations ; les quelques rares astronomes qui pouvaient les interpréter ont été chassés manu militari, jetés en mer depuis bien longtemps au motif de troubles à l’ordre public. On leur reprochait de réfléchir un peu plus que la moyenne générale, d’entretenir des idées subversives dans les esprits, d’introduire même des velléités de sédition dans les rangs de la plèbe.

    Pourtant, ces mêmes idées ont fini par bourgeonner dès les débuts du printemps. En témoigne, la dernière mutinerie menée par une vingtaine d’esclaves sous-alimentés et régulièrement violentés. Fait inédit, la répression qui s’en est suivie a provoqué une vague d’indignation et une large solidarité avec les victimes, ce qui a forcé la chefferie de l’équipage à inventer quelques subterfuges pour calmer les ardeurs des mutins et de leurs soutiens. Quelques promesses leur ont été miroitées et notamment la suppression de l’usage abusif du fouet (par les matons et les sous-fifres), une augmentation significative des rations alimentaires, ainsi que plus de repos et plus de distractions. Pour les persuader d’accepter le nouvel arrangement, les Consciences corrompues ont été mobilisés.

    Pourtant, sous la pression des éléments, les règles du jeu ont sensiblement changé en faveur des rebelles. On approchait dangereusement de l’hiver austral et il fallait absolument acheter la paix sociale, unir les forces en vue d’affronter les violentes houles de l’hémisphère sud qui s’annonçaient déjà. Bref, l’équipage devait coûte que coûte recréer une illusion d’unité, consentir des efforts, quelques souplesses, quelques largesses avec, à la clef, un peu plus de vin et d’opium, de musique et autres amusements pour ceux qui le souhaitent, mais aussi prêches et prières, morale puritaine et stricte encadrement spirituel pour les autres.

    Encore fallait-il reprendre la main, briser l’union sacrée de tous les mutins qui, pourtant, ne faisaient que défendre leurs droits légitimes : dignité et égalité, justice et liberté. Et pour atteindre le cœur de la rébellion et le corrompre de l’intérieur, rien ne valait les vieilles recettes que l’équipage a recyclé pour l’occasion, en tournant les uns contre les autres : les Blancs contre les Noirs, les Amazighones contre les Arabophones, les fanatiques contre les laïcs, les femmes contre les hommes etcætera.

    Passées les tempêtes de l’hiver austral et ses monstres-vagues, les vieilles méthodes de répression ont repris de plus belle et, pendant ce temps, une autre inquiétude s’est peu à peu installée à bord. On ne sait plus où on va, le capitaine ne fait plus acte de présence. Même l’équipage, qui passe le clair de son temps à se tourner les pouces entre deux repas somptueux, n’en sait pas davantage. Des ordres contradictoires, dont on peine à identifier la source, tombent régulièrement : le bateau ivre vire tantôt vers l’est, tantôt vers l’ouest, Orient et Occident à la fois, parfois il tourne en rond quant il n’évite pas de justesse quelque obstacle.

    En ces moments de grande incertitude, le bateau ivre est toujours à la dérive sur une mer qui s’annonce de plus en plus déchaînée ! Seule nouveauté, à la surprise générale, quelques fanatiques aveugles se relayent désormais pour occuper le haut du mat avec la bénédiction de l’équipage. Mais à défaut d’annoncer la terre ferme, ils y organisent des concours de Muezzin. Désormais, outre les prières réglementaires de la journée, ils en font l’appel pour d’autres, en inventent de nouvelles auxquelles ils donnent toutes sortes de noms tirés des vieux grimoires aux pages jaunes. Ainsi va le bateau ivre …

    Karim R’Bati : Berne, le 12 juin 2013.

    Source 

    Tags : Maroc, monarchie marocaine, Makhzen,

  • Coronavirus : Le Maroc donne-t-il les vrais chiffres ?

    Conscients que le Maroc est loin d’être un modèle de transparence, les citoyens marocains se posent des questions sur les véritables chiffres des victimes du coronavirus.

    Le pouvoir marocain a toujours été sensible à la publication des statistiques dans des sujets vitaux tels que l’économie, les dettes et le nombre de chômeurs au Maroc, ce qui amène à remettre en question la crédibilité des statistiques publiés par le Makhzen. La réalité fait craindre le pire.

    C’est la raison pour laquelle, les statistiques sur l’expansion du covid19 ont donné lieu à des critiques de la part des connaisseurs de la monarchie marocaine et de nombreux internautes remettent en cause les chiffres et les estiment «mensongers».

    Tags : Maroc, coronavirus, covid19, pandémie, Makhzen, statistiques, chiffres,

  • L’affaire «Marocleaks», connaissez-vous ?

    L’affaire «Marocleaks», connaissez-vous ? Il s’agit seulement du cas (dénoncé le 1er décembre 2014 et donc poursuivi pour diffamation – par le site d’informations en ligne français «Arrêt sur images» ; site qui avait repris et analysé des informations diffusées par un «corbeau marocain» ) de journalistes français très, très proches du pouvoir marocain : José Garçon (de «Libération», que les Algériens connaissent très bien, tout particulièrement pour ses positions anti-régime durant la décennie noire), Mireille Duteil (ancienne du «Point»… et collaboratrice de «l’Observateur du Maroc», que les Algériens des années 80 connaissaient très bien et,elle aussi, toujours bien accueillie… d’autant qu’elle est ou était l’épouse d’un haut fonctionnaire français ), Dominique Lagarde («L’Express») et Vincent Hervouet («Lci»)… Ils auraient été «achetés» pour produire des articles favorables au Maroc, soutenant la colonisation du Sahara Occidental.

    Il est certain que le lobbyisme déployé, depuis toujours, par le Maroc est «infatigable et tentateur»… et payant, en tout cas auprès de bien des journaux et de journalistes (et d’hommes politiques) français, entre autres.

    Le 3 octobre 2014, le compte Twitter de celui qu’on présente comme le «Snowden» marocain révèle des documents présentés comme confidentiels, visant notamment des responsables de la diplomatie marocaine et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), les services de renseignement marocains, notamment sur le dossier sensible du Sahara occidental.

    Si dans un premier temps, le gouvernement marocain s’est contenté, du bout des lèvres, de démentir ce flux d’informations en provenance d’un compte dont le propriétaire reste encore inconnu, il est passé à la contre-offensive, ce jeudi, en accusant, comme à son habitude, l’Algérie d’être derrière cette «campagne enragée».

    Ainsi, et hormis la ministre déléguée aux Affaires étrangères, M’barka Bouaïda, qui a accusé des «éléments pro-Polisario» d’être derrière la divulgation de ces centaines de documents de la diplomatie marocaine et aussi des courriels où apparaissent des think tanks, des sociétés de relations publiques, des journalistes, marocains et étrangers, et des collaborateurs de la DGED, avec l’appui de l’Algérie, aucune partie officielle marocaine n’avait réagi. Il n’y a eu, par ailleurs, aucun démenti de l’authenticité des câbles.

    Salaheddine Mezouar, le chef de la diplomatie marocaine à l’époque, a été cité par ces révélations. Il y est accusé de «trafic d’influence», car il aurait «engagé la société McKinsey pour réaliser une étude destinée à relancer l’économie marocaine». Le cabinet de conseil américain emploie, selon Coleman, la fille du responsable de la diplomatie marocaine, ce qui permettrait «des versements de commissions».

    Tags : Maroc, Makhzen, wikileaks marocain, marocleaks, chris coleman, diplomatie marocaine, lobbying,

  • Ephéméride / Maroc  : Il y a 5 ans, Lalla Salma présidait une réunion du Conseil d’administration de sa Fondation

    Il y a 5 ans, le 20 mars 2015 plus précisément, la princesse Lalla Salma occupait la page de la presse locale à l’occasion de la réunion à Rabat, sous sa présidence, du Conseil d’administration de la Fondation Lalla Salma pour la prévention et le traitement des cancers.

    Il y a lieu de se poser des question sur le sort de cette fondation depuis la disparition de sa fondatrice, l’ancienne épouse du roi du Maroc.

    En effet, depuis décembre 2017, celle qui est désormais connue comme la « princesse fantôme » n’a plus été vue publiquement.

    Quelques semaines après sa disparition, elle a été la cible d’une virulente attaque de la part d’un blog proche du pouvoir qui l’a qualifiée de : « Arrogante », « dédaigneuse et méprisante », « colérique et agressif », ou bien « teintée d’un ego démesuré et d’un souci disproportionné pour l’apparence et l’image ».

    L’éclatement du conflit de l’Emir d’Abou Dhabi avec son épouse, la princesse Haya, sœur du roi de Jordanie, a poussé les autorités marocaines à simuler un voyage en Grèce de Lalla Salma avec son fils Moulay Hassan. L’absence de photos caractérisera toutes les prétendues apparitions de Salma Bennani, de son nom de jeune fille.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, Makhzen,

  • Maroc : Le Makhzen poursuit ses attaques contre Maati Monjib

    Les autorités marocaines ont interdit le 5 mars une conférence à laquelle devait participer l’historien Maati Monjib les 17-18 mars 2020. La conférence, qui porte sur “les mouvements de contestation dans l’histoire du Maroc” devait se tenir dans les locaux de l’Université Hassan II. Le professeur Monjib devait traiter du Hirak du Rif en le situant dans l’histoire des mouvements sociaux du Maroc.

    Cette interdiction [qui, précisons-le, a été prise bien avant les mesures contre le Coronavirus] vise à fermer l’un des derniers espaces d’expression de M. Monjib et à l’isoler de la communauté académique. Elle s’inscrit dans une série d’attaques qui visent notamment à le discréditer.

    En effet, M. Monjib est continuellement diffamé dans une presse proche des services sécuritaires (des centaines d’articles de diffamation sont recensés dont certains qui attaquent sa famille et ses proches). Il a également subi un espionnage électronique systématique (voir le rapport d’Amnesty International daté du 10 octobre 2019).

    Nous tenons également à rappeler que M. Monjib est accusé injustement, depuis 2015, d’“atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat”. Pour cela, il a été convoqué 19 fois par le tribunal de Rabat depuis cette date sans qu’un procès ne s’ouvre. Le but de ces multiples convocations est de faire peser sur lui une véritable épée de Damoclès afin de l’intimider et de l’empêcher de s’exprimer.

    L’association Justice et Liberté au Maroc rappelle que l’article 25 de la Constitution marocaine garantit les libertés de pensée, d’opinion et d’expression, la liberté de recherche scientifique et la liberté de publication.

    L’association Justice et Liberté au Maroc condamne cette nouvelle interdiction et exige des autorités marocaines de faire respecter l’Etat de droit en garantissant à M. Monjib et à tous les citoyens marocains la liberté d’information et d’expression.

    Fait à Paris, le 17 mars 2020

    Association Justice et Liberté au Maroc

    Tags : Maroc, Makhzen, répression, Maati Monjib, Association Justice et Liberté au Maroc,

  • Maroc : Le jour où le peuple a été dupé par le Makhzen

    Maroc : De la Constitution secrète et octroyée à la Constitution « baltagique » imposée

    Après trois mois de concoction d’une Constitution secrète, et après la divulgation de ce bouillon, qui est plus enfoncé dans la tyrannie et la suppression du pouvoir du peuple, celui-ci est sorti, aujourd’hui dimanche 19 juin, dans des marches imposantes pour annoncer son rejet de la constitution octroyée, de manière despotique quant à la méthode, la forme et le contenu, et continuer d’exiger toutes les revendications levées depuis le 20 février, et qui ont été complètement ignorées par le Pouvoir.

    La réponse officielle a été le débarquement des « voyous du pouvoir », communément connus sous le nom de « Baltagiya », soutenus par les forces de sécurité, et utilisant les moyens publics.

    Ainsi, l’Etat révèle que la méthode adoptée est l’imposition de la Constitution, pour passer de la Constitution secrète à la Constitution « Baltagique ».

    Mais, malgré tout cela, la détermination du peuple a été la plus forte. Ainsi des milliers de personnes ont marché pacifiquement dans plus de 70 villes, ne laissant pas d’opportunité aux fomenteurs de troubles, et révélant la vérité de la Constitution octroyée et de ses promoteurs et les fausses allégations de démocratie et de ses dérivés comme l’entend le makhzen à sa manière.

    Tags : Maroc, Makhzen, printemps arabe, constitution, baltagiya,

  • Lobby marocain en France : « Maroc Leaks » lève le voile

    Le site Maroc Leaks, spécialisé dans le décryptage de l’actualité politique et économique du royaume du Maroc, vient de rendre publique une liste exhaustive de députés français à la solde de Rabat.

    Au nombre de 120, ces élus sont membres du Groupe d’amitié France-Maroc au sein de l’Assemblée nationale et sont pour la plupart, comme on peut le constater, issus du parti du président Macron, Les Républicains en Marche, majoritaire au Parlement, suivi du parti de droite, La République, avec 24 députés. On y trouve plusieurs députés d’origine marocaine, comme Mustapha Laabid, Nadia Hai ou Saïd Ahamada, d’anciens militants socialistes, comme Jacques Maire, et des hommes d’affaires à l’image d’Olivier Dassault.

    Cette présence massive de lobbyistes français pro-marocains au sein de ce parti de création récente illustre l’ampleur de la compromission d’une large partie de la classe politique française avec un régime corrompu et corrupteur. Elle confirme aussi l’entrée en masse des militants du Parti socialiste (PS) dans le parti du Président, après la débâcle de ce dernier à la dernière élection présidentielle. Les socialistes français étaient réputés très engagés dans le lobbying pro-marocain. Les anciens ministres de la Culture, Fréderic Mitterrand et Jack Lang, étaient les figures les plus connues.

    À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA) depuis 2012, ce dernier continue à servir le royaume du Maroc avec un zèle qui a fini par le discréditer. Avec des discours à l’emporte-pièce louant «les avancées démocratiques» du royaume alaouite et énumérant les raisons d’«une alliance stratégique» avec le Maroc, les politiques français achètent en réalité le silence des autorités marocaines sur les multiples scandales (pédophilie, homosexualité…) dont ils ont tous été un jour coupables dans les hôtels et autres riyadhs du royaume.

    Et c’est naturellement que les services de renseignements marocains, qui détiendraient des preuves compromettantes pour avoir filmé leurs séjours fastueux, les tiennent en chantage et leur imposent ainsi de promouvoir systématiquement l’image et les intérêts du Maroc dans l’Hexagone.

    Nous reviendrons plus en détail sur les articulations de ce lobby dévoilé dans les moindres détails par le journaliste marocain Omar Brousky, dans son livre La République de sa majesté. Jusqu’à la révélation sur la mise au point du plan mort-né « d’autonomie » élaboré dans le moindre détail dans le bureau du Mae français Dominique de Villepin à la demande de l’ex- président Chirac. Deux soutiens inconditionnels du Maroc. En retour le Makhzen les traitait royalement.

    M.B.

    Source

    Tags : Maroc, Makhzen, lobby, France, Assemblée Nationale,

  • Maroc : les autorités du pays éclipsées par Abu Zaitar

    Selon le journal La Razón, lors des fêtes commémorant le 44ème anniversaire de la dénommée « marche verte », les autorités du pays ont été éclipsées par la présence des frères Zaitar.

    « Le 6 novembre, les frères Abubakr et Ottman Azaitar, âgés de 33 et 29 ans, se sont rendus à El Aaiún, la capitale du Sahara occidental, pour célébrer le 44e anniversaire de la Marche verte. Loin de se cacher des médias, les frères sont devenus les véritables protagonistes des célébrations, éclipsant les principales autorités du pays », écrit le média espagnol.

    « Ils ont été les premiers à descendre de l’avion du roi et à saluer les hauts fonctionnaires qui les ont accueillis, comme le gouverneur de la province, Abdeslam Bekrate, ou le ministre marocain de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Hassan Abyaba. Avec eux, ils ont monté la voiture dirigée par la délégation officielle, ce qui les a conduits aux différents actes avec lesquels a été célébrée l’annexion de l’ancienne colonie espagnole du Sahara au royaume du Maroc », a-t-il ajouté.

    « Les images d’Abu et Ottman, au stade Sheikh Mohamed Laghdaf, où un gala a été célébré pour commémorer l’anniversaire et dans les dunes du désert avec le drapeau à la main, ont été diffusées à la télévision nationale. Et cette proéminence des frères Azaitar, amplifiée par la télévision, qui a éclipsé les autres autorités, a provoqué une gêne chez les hauts fonctionnaires et des critiques dans la presse », précise-t-il.

    « Ainsi, le journal numérique « Goud », a critiqué le rôle stellaire de l’ami intime du Roi dans un acte pour lequel sa présence n’a pas de sens et dans lequel il a même fait des déclarations aux télévisions réunies là-bas: «Abu Azaitar doit rester à l’écart du Sahara parce qu’il n’est pas utile pour une cause que l’État marocain considère comme la première de la nation», écrit-il.

    « Bien que la presse marocaine évite de spéculer sur la nature de la relation qui unit le monarque à ce champion des Arts Martiaux Mixtes (MMA), le traitement spécial qu’il dispense commence à être fortement remis en cause. Une chose est que vous maintenez votre amitié dans la sphère privée et une autre qui affecte la sphère publique. Pour cette raison, selon certains médias locaux, le monarque serait en train d’étalonner la possibilité de l’inclure parmi le personnel de son équipe de sécurité. De cette façon, sa présence auprès du roi serait justifiée », conclue-t-il.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Abu Zaitar, Makhzen,

  • Maroc révélation : Ben Barka, Hassan II et les autres

    L’avocat de la famille Ben Barka vient de publier un livre témoignage pour dire ce qu’il sait du célèbre Mehdi, mais aussi de Hassan II, De Gaulle, Castro, etc. Le résultat, dont TelQuel publie de larges extraits, vaut le détour.

    “S’il vous plaît, laissez le prince gagner !”

    Ma première rencontre avec le futur roi Hassan II aurait dû avoir lieu à Ifrane, au cours de l’été 1942 ou 1943. J’avais 13 ou 14 ans. Je jouais au tennis avec un ami lorsqu’un capitaine de l’armée française se présente à la porte du court et m’interpelle : “Accepteriez-vous de jouer avec le prince ?”. Je ne comprends pas sa question.

    – Avec quel prince ?

    – Le fils aîné de Sa Majesté
    le Sultan, le prince Moulay Hassan.

    – Je joue assez mal et le prince ne sera sans doute guère intéressé par nos échanges de balles, lui réponds-je étonné.

    – Bien sûr que si, car le prince ne joue que depuis peu. Mais une condition s’impose. Si vous acceptez de jouer avec lui, vous devez le laisser gagner.

    La condition émise par l’officier me dresse les cheveux sur la tête ! Tout mon tempérament de “Sagittaire” me porte exactement au contraire… Il m’arrivera souvent de perdre au cours de ma vie, mais jamais dans aucun jeu, dans aucun sport, dans aucun procès, je ne l’ai fait ou accepté volontairement. Ma réponse fuse : “Prince ou pas, il n’en est pas question”.

    L’accident-attentat contre la Volkswagen

    Novembre 1962, Mehdi Ben Barka est victime d’un “accident”, véritable attentat contre sa personne. Il a quitté Rabat pour Casablanca, accompagné d’un futur député, Mehdi Alaoui, dans une Volkswagen, conduite par un chauffeur membre du parti. Le véhicule est suivi de près par une Peugeot 403 des services de police chargés de surveiller, depuis plusieurs jours, tous ses déplacements. A bord ont pris place des agents du CAB 1. Brusquement, dans une longue courbe surplombant un ravin non loin de Bouznika, la 403 accélère, passe devant la Volkswagen et se rabat devant elle, commettant ainsi, délibérément, ce qu’on appelle une “queue-de-poisson”. Pour éviter l’accrochage et la chute dans le ravin, le chauffeur de la Volkswagen donne un coup de volant brutal à gauche, renversant son véhicule de l’autre côté de la route, dans le fossé. Le chauffeur et Mehdi Alaoui se sont évanouis sous le choc. Ben Barka, éjecté du véhicule, non. Appelant de l’aide, il est entendu par des ouvriers agricoles proches qui viennent aussitôt lui porter secours, ainsi qu’à ses compagnons. Les policiers sont descendus de la 403 et reviennent en arrière. Constatant la présence de témoins, ils prennent immédiatement le chemin inverse et disparaissent avec leur véhicule ! Une voiture de passage transporte les victimes à Rabat. Par le plus grand des hasards, elle est conduite par le procureur du roi près la Cour Suprême ! Il est donc le premier informé de ce qui vient d’arriver. Sur le coup, Ben Barka ne s’est pas plaint. Mais, dès son retour chez lui, une douleur à la nuque le terrasse. Transporté d’urgence dans une clinique de la ville, la fracture d’une vertèbre cervicale est diagnostiquée. Cet établissement est le plus réputé de Rabat, mais son directeur entretient des relations étroites avec le Palais… Le parti place donc des gardes devant la porte de la chambre de Ben Barka, qui se relayent jour et nuit. Inquiet des soins qui lui sont prodigués et des allées et venues de “particuliers douteux”, son frère décide de l’emmener en Allemagne. Le 22 novembre, ils arrivent à Cologne. Après quinze jours de soins intensifs, Ben Barka est de retour, avec une “minerve”.

    “Jamais il ne remettra les pieds au Maroc !”

    Le roi, selon certains, a tenu au palais royal, dès le 25 mars 1965, un conseil restreint avec Oufkir, Dlimi, Moulay Hafid et Driss M’Hammedi, le directeur général du cabinet royal, pour évoquer le “cas Ben Barka”, peut-être beaucoup plus nocif à l’étranger que s’il était au pays. Son retour au Maroc s’imposait donc, d’une manière ou d’une autre, de son plein gré – ce que le roi savait impossible – ou de force. En même temps qu’il reçoit les représentants des partis en avril, Hassan II cherche donc à prendre contact avec Mehdi Ben Barka. Espère-t-il ainsi diviser les dirigeants de l’UNFP ou songe-t-il, réellement, à lui confier une responsabilité importante dans la grave crise que vit le Maroc ? Ne va-t-il pas simplement tenter de l’appâter, de le piéger, pour le convaincre de rentrer de son plein gré servir le pays ? En fait, pour l’arrêter, voire le liquider, dès son arrivée ? Le roi n’a-t-il pas averti le 13 avril : “Tous ceux-là doivent comprendre que le temps des complots et des troubles est révolu… J’attire leur attention que notre clémence n’aura d’égal que notre fermeté” ? Simone Lacouture raconte dans L’Evénement, en octobre 1966 : “Il y a deux ans lorsque je fus reçue pour la dernière fois par le roi, on parlait du retour de Ben Barka, à la suite de la mesure royale d’amnistie des condamnés du complot de juillet. Lorsque je lui ai demandé si cette éventualité était envisageable, il bondit comme sous l’effet d’une insulte : ‘Ben Barka ? Jamais, vous entendez ! Jamais il ne remettra les pieds au Maroc. Souvenez-vous de ce jour et de ce que je vous dis : jamais Ben Barka ne rentrera ici. Je vous en donne ma parole d’honneur’”.

    Quand Castro dit non

    Avant le “retour de force” de Ben Barka au Maroc, Hassan II tente de lui couper ses “élans révolutionnaires”. Au moment même où, pour l’inviter à rentrer de son plein gré, il envoie le prince Moulay Ali à Francfort, il prie Fidel Castro de ne plus le recevoir à Cuba…au risque de voir abandonné par le Maroc l’important contrat signé début 1965 pour l’importation d’environ 150 000 tonnes de sucre, chaque année. Le coup est très dur pour Cuba, qui risque alors de perdre un gros client : le Maroc. Mais c’est mal connaître le “lider maximo”. Fidel Castro n’accepte pas le marchandage hassanien : “Que le Maroc cesse d’acheter son sucre à Cuba, s’il le veut, mais pas de chantage à l’égard de mon ami le président Ben Barka”. En revanche, Fidel Castro avertit fin septembre le leader marocain de la requête du gouvernement marocain à son encontre. La “démarche” de Hassan II est connue des services français. Je l’ai retrouvée dans le dossier du SDECE (contre-espionnage français). Un deuxième avertissement lui est donné, indirectement, au cours de l’été. Sa famille en résidence au Caire reçoit conseil de déménager dans un quartier plus résidentiel, plus surveillé par la police égyptienne. Ce qu’elle fait.

    De Gaulle n’a pas tenu promesse

    Novembre 1965, quelques jours après la disparition de Ben Barka, Hassan II reçoit, à Fès, le colonel Albert Touya, émissaire français. Celui-ci lui remet le rapport arrivé de Paris et l’informe de la requête de la France : le départ de Mohamed Oufkir ! Le souverain, qui a reçu son ministre dès son retour de Paris, le défend. Il reçoit finalement l’ambassadeur de France vers 18h. Le roi montre d’abord qu’il est très vexé : “L’affaire est grave… Donnez-moi un délai de trois jours. Lorsqu’on attaque un ministre, c’est moi-même que l’on attaque. Comment peut-on supposer vrai tout ce que vous me racontez, alors que je devais aller à Paris le 11 novembre, qu’Aherdane en revient, que votre ministre Pisani allait venir ? Et, c’est dans ces conditions qu’Oufkir et Dlimi seraient allés à Paris pour faire le coup, comme l’on dit ? Croit-on que moi-même, j’ai pu avoir participé en quelque manière à toute cette affaire ? Mon éthique est l’honneur, la tradition de ma famille… La raison d’État doit l’emporter… Qu’y a-t-il en balance dans tout cela ? D’un côté, une affaire de truands, de l’autre les rapports entre la France et le Maroc… Tout ce que je demande, c’est la vérité. Ce qu’on insinue est impossible”. En bref, Hassan II écarte toute idée de se séparer d’Oufkir. De Gaulle a été informé, dès le matin, de la position intransigeante du roi. Il n’en est que plus irrité. Est-ce la raison du message en retour qu’il a adressé à la mère de Mehdi Ben Barka ? Je suis convoqué à l’ambassade de France en fin d’après-midi. Le conseiller juridique m’apprend la réponse. Je lui demande de me remettre le texte. “Il n’en est pas question, me dit-il. Mais vous êtes autorisé à l’apprendre par cœur !” Après discussion, j’obtins le droit de le recopier, d’en faire état à ma seule cliente, mais de ne pas le communiquer à des tiers ! “Veuillez faire savoir à la mère de Mehdi Ben Barka que le général de Gaulle a bien reçu la lettre qu’elle lui a adressée et qu’il tient à l’assurer que la justice exercera son action avec la plus grande rigueur et la plus grande diligence”.

    J’en fais part sur-le-champ à la mère de Mehdi Ben Barka et à Abderrahim Bouabid. L’engagement solennel du chef de l’État français leur redonne courage. La France n’est-elle pas le pays des droits de l’homme, des libertés, de la justice ? Hélas, Fatouma Bouanane décèdera le 20 octobre 1970, quelques jours après le Général, sans en savoir plus sur le sort de son fils.

    Le show de Dlimi

    Octobre 1967 : le directeur général de la Sûreté nationale marocaine, Ahmed Dlimi, se présente au palais de justice et se constitue prisonnier ! Une véritable comédie policière, avec même des barrages aux abords des aérodromes, a précédé son arrivée…alors qu’il dormait tranquillement dans un bon lit parisien. Il a voyagé dans la nuit du 17 au 18 sous le nom de “M. Ben Mokhtar, commerçant” ! Depuis son débarquement, la nouvelle a été soigneusement cachée par ses avocats. Suprême plaisanterie, l’audience de la Cour du 19 octobre a commencé à l’heure prévue, sans qu’aucune information ne soit donnée sur “l’arrivée de Dlimi”. A 16 h, une grande agitation se produit aux grilles du palais. Les chuchotements augmentent dans la salle d’audience… A 16 h 30, une 404 franchit les grilles. L’homme qui en descend déclare, au premier gendarme qui l’interroge, qu’il est bien Ahmed Dlimi. Pourquoi lui avoir laissé tant de temps depuis son passage à Orly ? Sans doute pour lui permettre d’organiser sa défense. On sait aujourd’hui qu’un arrangement a même été passé avec lui avant son départ de Rabat ! Dlimi, en plein accord avec Hassan II, qui lui a donné l’ordre formel de se taire, joue les innocents. Son avocat sollicite de la Cour sa mise en liberté provisoire immédiate ! Offusqués, nous décidons avec le représentant de la partie civile de quitter l’audience en signe de protestation… De l’autre côté, à Rabat, pour que la comédie soit complète, Hassan II condamne Dlimi à 120 jours d’arrêt de rigueur pour “abandon de poste”. Mais il décide, en même temps, de le nommer lieutenant-colonel, une promotion !

    Ils avaient le même tailleur…

    Hassan II raconte qu’il était très intime de Ben Barka dans sa jeunesse : “C’était un bon compagnon, un vieux copain…” Et d’ajouter : “C’est à Ben Barka que je dois de m’habiller avec élégance… Plus tard nous avions le même tailleur, M. Kamps. A l’époque le costume coûtait 150 000 anciens francs”. Or, par le plus grand des hasards, j’acquis ces dernières années un costume chez un commerçant de l’avenue Félix Faure à Paris, qui me dit être un ancien ouvrier tailleur chez M. Kamps. Et il me raconta que “le prince Moulay Hassan était venu un beau jour commander cent costumes”. Pas Ben Barka !

    Maurice Buttin. Une affaire, un homme

    D’origine marocaine, puisqu’il est né à Meknès en 1928, Maurice Buttin s’est inscrit au barreau de Rabat dès 1954. Onze ans plus tard, il fait son entrée dans la grande histoire en acceptant, au nom de la mère de Mehdi Ben Barka, de prendre l’affaire en main. 45 longues années de lutte acharnée, entre Rabat (où il a longtemps été interdit de séjour) et Paris, n’ont pas suffi à faire éclater tous les verrous, toute la vérité. Buttin, bon pied bon œil, n’a toujours pas renoncé et ne le fera sans doute jamais. C’est l’histoire de ce demi-siècle d’espoirs et de frustrations, mêlée à la petite histoire de la gauche marocaine, qu’il nous raconte dans son livre Hassan II, De Gaulle, Ben Barka : ce que je sais d’eux, qui vient de paraître aux éditions Karthala.

    Editing TelQuel No 446, 12 nov 2010

    Tags : Maroc, Makhzen, Mehdi Ben Barka, Oufkir, Hassan II, Mossad, SDECE, 

  • Maroc : Le Makhzen dissimule sa brouille avec la France

    Après s’être battu contre l’Algérie, la Mauritanie et l’Espagne, les relations du Maroc avec la France se trouvent en crise. La raison ? Difficile à savoir, puisque les deux parties tentent de dissimuler le froid traversée par leurs relations.

    En 2014, Paris et Rabat ont connu une situation semblable suite à la décision de la justice française d’interroger Abdellatif El Hammouch car il est visé par plusieurs plaintes pour torture et complicité de tortures par plusieurs associations et ressortissants franco-marocains.

    Le Makhzen suspend aussitôt sa coopération judiciaire avec la France et remet en cause de nombreux accords bilatéraux.

    A Paris c’est l’affolement aux Affaires étrangères qui vont tout faire pour débloquer cette situation.

    Le 31 janvier 2015 un nouvel accord sur la coopération judiciaire, quasi secret, est signé. Selon Le Canard Enchaîné vient, pour qu’il n’y ait plus d’affaire comme celle concernant Hammouchi, chacun des deux pays doit immédiatement informer l’autre des procédures et des faits pénalement punissables. Les plaintes déposées en France contre un marocain doivent être transmises sans délai à Rabat, et inversement. Il appartiendra au pays concerné de décider des suites à donner, soit l’ouverture d’une procédure, soit son renvoi dans l’autre pays. Ainsi le pays concerné pourra décider unilatéralement la « clôture » du dossier. Les magistrats saisis du cas Hammouchi n’ont plus qu’à classer le dossier. »

    Jusqu’à présent la France s’est incliné devant le Maroc pour des raisons économiques et stratégiques. Cependant, avec la configuration de la situation mondiale, au Sahel notamment, Paris est contraint de changer de politique. La nouvelle configuration exige l’amélioration des relations avec l’Algérie, ce qui implique la résolution du conflit du Sahara Occidental qui empoisonne l’atmosphère entre Al Mouradia et l’Elysée.

    Selon des experts, le roi du Maroc fait la tête parce que la France n’est plus en mesure de soutenir la position du Maroc sur le contentieux sahraoui, notamment au Conseil de Sécurité.

    Ainsi, le statu quo tant défendu par le Maroc a fini par se retourner contre lui. La France lui tourne le dos et l’Algérie a repris sa position de puissance et son poids dans l’échiquier régional. Acculé par sa politique de chantage et de fait accompli, le Makhzen se retrouve seul. Même ses pseudo-démocrates ne peuvent s’envoler à son secours.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, France, ONU, Makhzen,