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  • Maroc: au royaume de la rente

    Des métaux précieux à la pêche en haute mer, en passant par la manne du phosphate ou encore l’agriculture, le Maroc regorge de ressources naturelles, mais dont l’exploitation et la gestion s’apparentent à celles d’une véritable rente, dont profite, cependant, une infime minorité de puissants.

    Omar Brouksy*

    Cette publication a bénéficié du soutien de Rosa Luxembourg Institute. Ce texte peut être reproduit entièrement ou partiellement à condition de citer sa source.

    Si le Maroc ne dispose pas de pétrole et de gaz naturel, il est, cependant, pourvu de 3 500 kilomètres de côtes poissonneuses et d’importantes richesses naturelles. Des grands gisements des phosphates aux complexes d’extraction et d’exploitation des métaux précieux, en passant par la pêche en haute mer ou encore les innombrables carrières de sable, le royaume regorge de richesses naturelles dont l’exploitation recèle des enjeux économiques certes, mais également politiques.

    Depuis l’indépendance du pays en 1956, la répartition, la gestion et l’exploitation de ces ressources, à défaut d’un cadre juridique reposant sur des textes à la fois rationnels et consensuels, sont l’objet de débats, de questionnements et de controverses récurrentes. Quelle est la nature et le poids de ces richesses ? Comment sont-elles exploitées ? Quels sont les acteurs qui profitent réellement de ces ressources ? Quel est le cadre juridique qui détermine le processus de répartition et de gestion de ces ressources?

    L’héritage colonial

    A la différence de l’Algérie, département français pendant plus de 130 ans, le Maroc était considéré comme un Protectorat dont les structures politiques et religieuses n’avaient pas subi de modifications majeures par l’ancienne puissance coloniale. Aussi bien l’institution du Sultan que les principales structures tribales avaient été plutôt préservées. En revanche, la France n’hésita pas à explorer tout le pays en quête de ressources naturelles exploitables à profusion. Trois domaines représentaient la cible potentielle de ce processus qui devait d’abord de mettre en place toute l’infrastructure nécessaire pour une exploitation efficiente et efficace des richesses naturelles : routes, ports, chemins de fer, etc. Pour le général Hubert Lyautey, le principal artisan de la pénétration française, il fallait distinguer entre le Maroc « utile » et le Maroc « inutile » et agir en conséquence. Les phosphates, la production agricole et les métaux précieux se présentaient comme des ressources naturelles à explorer en priorité.

    – C’est en 1921, neuf ans seulement après l’établissement du Protectorat au Maroc, que les autorités françaises ont commencé l’extraction et le traitement du phosphate après la mise en place de la première mine, près de Khouribga (au centre du ays) où se trouve le gisement le plus riche au monde. C’est pour « gérer » ce secteur, qui connaîtra rapidement une extension fulgurante, que l’OCP, l’Office chérifien des phosphates, a été créé la même année.

    – Les métaux précieux sont l’autre « richesse naturelle » du Maroc qui avait été très tôt exploitée par les autorités coloniales, après la découverte en 1928 à Bou-Azzer, dans le Haut-Atlas, d’un important gisement de cobalt. Deux ans plus tard, en 1930, la société Managem voit le jour et elle évoluera, elle aussi, très rapidement. Aujourd’hui contrôlée par la famille royale, elle compte plus de 5000 salariés et une douzaine de sites miniers au Maroc et en Afrique noire.

    – Enfin, le domaine agricole et l’exploitation des terres fertiles étaient un enjeu économique majeur pour les autorités du Protectorat français afin de permettre, d’un côté, à une partie de ses ressortissants de s’installer au Maroc .A l’instar de l’Algérie, les meilleurs terrains, les plus fertiles, ont ainsi été mis à la disposition des colons français. Près de 55 000 migrants français se sont installés au Maroc entre 1912 et 1923, dont plus de 8 000 en milieu rural, selon les statistiques coloniales.

    L’exploitation des terres agricoles par les colons français avec l’appui matériel et politique des autorités françaises a favorisé l’émergence de plusieurs fermes modernes qui deviendront, à la fin de l’occupation, de grandes unités de production agricoles, parmi les plus modernes et les mieux équipées.

    Un acteur central: la monarchie

    Au lendemain du départ des autorités coloniales en 1956, ces trois domaines (agriculture, métaux précieux et phosphates) faisaient partie des structures d’exploitation des ressources naturelles les plus en vue, mais également les plus convoitées par les nouvelles élites politiques du Maroc fraîchement indépendant.

    Rapidement, la monarchie marocaine et les notables qui lui sont proches s’imposent comme des acteurs déterminants dans l’administration et l’exploitation de ces richesses : soit en s’octroyant le pouvoir de nomination aux entreprises publiques chargées de la gestion de ces ressources, soit en contrôlant directement ces dernières via des opérations de privatisation. Le cas le plus emblématique est celui de Managem.

    C’est à partir des années 1990, au cours d’une opération de grande envergure de privatisation des entreprises publiques menée par le roi Hassan II (1929-1999) que la monarchie marocaine a pu acquérir Managem. Celui-ci sera aussitôt rattaché à l’ONA (Ominum nord-africain), puis à la SNI (Société nationale d’investissement), devenue aujourd’hui Al-Mada, le principal groupe financier contrôlé par la famille royale.

    Managem devient en quelques années en un mastodonte dont le siège international est à Zoug, en Suisse, la capitale mondiale du courtage des matières premières et où la politique fiscale très favorable aux grandes entreprises. Le groupe pèse aujourd’hui 500 millions d’euros de chiffre d’affaires selon les chiffres publiés en 2018, et il compte une bonne dizaine de complexes miniers très riches en or et en argent notamment, au Maroc et en Afrique noire. (Voir la plaquette de présentation de Managem et les cartes des sites miniers au Maroc et à l’international).

    D’une entreprise publique, Managem est devenue une société privée contrôlée par Mohammed VI, un monarque de droit divin aux pouvoirs politiques et administratifs absolus. Parmi ces pouvoirs, celui de la nomination des hauts fonctionnaires, selon la constitution, permet à ses entreprises d’avoir plus facilement les marchés de l’Etat, et, dans le cadre de ce secteur, les permis d’exploitation et d’extraction des métaux précieux. Résultat, Managem détient dans ce sens un monopole quasi-écrasant par rapport aux autres entreprises, marocaines ou étrangères.

    Mais si le groupe royal profite de ces ressources avec autant de facilités, les régions où les complexes miniers sont situés vivent à l’âge de pierre. Dans le Haut-Atlas marocain, par exemple, le village d’Imider, à deux kilomètres de la plus grande mine d’argent du pays (240 tonnes par an) exploitée par Managem, aucune infrastructure n’existe : pas d’hôpital, pas d’école, la seule route date de la période coloniale, etc. Les habitants d’Imider mènent depuis 2011 le plus long sit-in de l’histoire du Maroc pour protester contre leur condition de vie et les conséquences écologiques désastreuses sur leur région dues à l’exploitation et l’extraction du minerai.

    Les phosphates, mauvaise gestion et catastrophes écologiques
    Le phosphate est une autre richesse sous-terraine dont l’exploitation et la gestion font l’objet de polémiques récurrentes. C’est l’OCP, devenue une entreprise publique depuis 1975, qui pilote tout le processus d’extraction et d’exploitation du phosphate, considéré par les observateurs comme « pétrole du Maroc ». Avec la Chine, le royaume en est l’un des plus grands producteurs mondiaux, et il dispose de 75% des réserves mondiales de ce minerai, selon les chiffres officiels. Des réserves tellement importantes qu’il faudrait sept siècles pour les exploiter toutes, assurent les responsables de l’OCP.

    Première source d’entrées en devises, les exportations du Maroc en phosphates et dérivés avaient été évaluées à 5,1 milliards d’euros en 2018. Mais la manière dont l’OCP est administré et le mode de désignation de ses dirigeants font souvent l’objet de critiques. Même si le conseil d’administration est présidé par le chef du gouvernement, c’est le directeur général, nommé par le roi, qui gère le groupe et ne rend compte qu’au chef de l’Etat. Il n’y a aucun mécanisme juridique permettant, par exemple, au parlement marocain de contrôler le fonctionnement de l’OCP. En 2007, le célèbre cabinet américain Kroll a dressé un constat accablant sur la « gestion catastrophique » du groupe, décrivant « une direction qui n’a pas de véritable stratégie industrielle et commerciale».

    Par ailleurs, l’OCP est devenue une sorte « vache à lait » que la monarchie utilise fréquemment pour faire sa promotion auprès d’organismes étrangers, notamment français. Exemple, l’OCP accorde chaque année plus de 700 000 euros à l’Institut français des relations internationales (IFRI), un think-thank basé à Paris, pour réaliser « des études » favorables au royaume et à ses dirigeants. Plus, la présence de l’OCP au sein de l’IFRI ne se limite pas à l’organisation des rencontres internationales ou au financement des programmes académiques : Mostafa Terrab, l’actuel PDG de l’OCP, est membre du conseil d’administration de l’IFRI…

    Agissant sans le moindre contrôle indépendant, l’OCP ne respecte pas les normes internationales en matière de respect de l’écologie et de la lutte contre la pollution. Conséquence, des violations systématiques du droit à la santé des travailleurs et des riverains. Un rapport publié en juin 2019 par l’ONG suisse Suissaid note que « les deux fabriques d’engrais de l’OCP (Safi et Jorf Lasfar) sur la côte atlantique marocaine émettent de grandes quantités de gaz toxiques, polluent l’air et violent le droit à la santé des travailleurs et des riverains. De nombreux travailleurs souffrent de maladies respiratoires et de cancers suite à une exposition prolongée aux polluants et aux poussières fines. De nombreux cas de décès de travailleurs sont rapportés suite à ces maladies. La pollution de l’OCP affecte également les riverains (maladies respiratoires et fluorose dentaire) ainsi que l’agriculture et l’élevage dans les villages autour des sites de l’OCP».

    La mer, le désert et la terre

    Avec une côte de plus de 3 500 kilomètres parmi les plus poissonneuses au monde, la pêche en haute mer et l’exploitation des carrières de sable sont un enjeu économique important qui prend la forme d’une véritable rente dont bénéficient les puissants du pays. Pour s’assurer de leur « allégeance », la monarchie marocaine a accordé des « agréments », des sortes de des « licences » d’exploitation sans critères juridiques objectifs pour profiter des richesses maritimes, à de hauts-gradés de l’armée et à des notables proches du palais. Une manne financière qui ressemble à une véritable « poule aux œufs d’or».

    Dans le sillage du Printemps arabe de 2011-2012, le parti islamiste justice et développement (PJD) avait promis, à la veille de son arrivée au gouvernement en janvier 2012, de publier, dans un souci de « transparence », la liste de tous les bénéficiaires de ces agréments. Mais il n’en fut rien. Une liste a en effet été publiée mais aucun nom n’y figurait. Seuls les noms d’un certain nombre de sociétés (dont les noms qui se cachaient derrière étaient impossibles à identifier) avaient en effet été diffusés ici et là, sans conséquences.

    Dans une enquête publiée par le site indépendant lakome.com, le journaliste Omar Radi a publié en 2012 quelques noms de bénéficiaires de tels agréments, pour la plupart des militaires, des hommes politiques et des notables issus de la région du Sahara occidental (administrée par le Maroc depuis1975 et dont l’indépendance est réclamée par le front Polisario). Cette enquête avait malgré tout révélé quelques noms emblématiques : le général Abdelaziz Bennani, cité par les documents de Wikileaks sur la corruption au sein de l’armée, les généraux Hosni Benslimane, l’un des hommes les plus puissants du royaume et abdelhak Kadiri, l’ancien inspecteur général de l’armée, avaient ainsi bénéficié d’une licence de pêche en haute mer dans le cadre d’une société appelée « Kaben pêche ». Mais, s’accordent les observateurs, ce n’était là que la partie visible de l’iceberg.

    A côté des haut-gradés, les notables sahraouis bénéficient eux aussi d’importantes licences pour l’exploitation des carrières de sable et la pêche en haute mer. Parmi eux, d’anciens dirigeants du Polisario (le mouvement indépendantiste sahraoui) ayant relié le Maroc comme Hassan Derhem, Mme Gajmoula ben Ebbi, Hibatou Maelainine ou encore la famille Ould Errachid.

    Le roi-fellah

    Enfin, l’agriculture est une autre rente dont profitent à plein régime la monarchie et les grands propriétaires terriens. Le roi Mohammed VI, faut-il le rappeler, est le plus grand propriétaire terrien, même s’il est difficile d’évaluer avec exactitude le nombre d’hectares qu’il possède : « Il posséderait en tout et pour tout plusieurs milliers d’hectares, souligne l’économiste Najib Akesbi. Au reste, s’il n’en possédait que 12 000, comme l’ont écrit certains journalistes, il serait déjà le plus grand propriétaire. On ne connaît pas d’autre propriétaire qui possède un tel nombre d’hectares. L’un des plus importants est Zniber, qui n’atteint pas cette superficie. Les groupes Kebbaj (Agadir, dans le sud-ouest) et Nouiji (la région du Gharb) n’atteignent pas les 10 000 hectares (1)».

    La structure qui gère l’essentiel de l’activité agricole du roi a un nom : les Domaines, dont la production est très diversifiée : des fromages aux fruits exotiques en passant par les légumes, la truite de l’Atlas, le miel, l’huile d’olive extra vierge, les plantes aromatiques ou encore les produits laitiers. Une grande partie de ces produits est destinée à l’exportation, vers l’Europe notamment (c’est le marché le plus important), suivie par les pays du Golfe et surtout l’Arabie saoudite.

    Une rente fiscale

    En 1984, Hassan II a décrété l’exonération totale d’impôt des revenus agricoles jusqu’en 2010. En d’autres termes, les agriculteurs, y compris les grands propriétaires terriens, ont été exonérés par le fisc. En 2008, soit deux ans avant l’échéance, Mohammed VI a décidé à son tour, dans un discours à la Nation, de prolonger cette mesure – jugée « injuste » par la plupart des économistes – jusqu’en 2014. « Les estimations qui sont régulièrement faites ici, à l’Institut agronomique, aboutissent à peu près au même chiffre : l’État perd chaque année 1,92 % de PIB, ce qui correspond aujourd’hui à près de 15 milliards de dirhams (1,4 milliard d’euros) de manque à gagner annuel pour le Trésor marocain, ajoute M. Akesbi. Est-il normal aujourd’hui qu’un salarié qui touche 3 000 dirhams (270 euros) paye ses impôts, et qu’un exploitant agricole qui gagne des millions ne paye rien à l’État»?

    A l’heure où ces lignes sont écrites, cette « rente fiscale » n’est toujours pas supprimée…

    *Journaliste indépendant et professeur universitaire – Maroc.

    Source : Assafir Aalarabi, 13 jui 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, monarchie, économie de rente, rente, corruption, monopole,

  • Maroc : Le bilan du roi des pauvres, 20 ans après

    Le bilan du roi des pauvres, 20 ans après

    Le dictateur fête bientôt ses 20 ans de règne, un règne sans partage, conformément à la tradition de ses ancêtres. Il est évident que rien n’a changé dans le bagne alaouite à ciel ouvert, ses sujets désormais ne rêvent que d’une chose, traverser la Méditerranée qui est devenue un cimetière, les deux décennies noires de son arrivée au pouvoir n’ont fait qu’aggraver la situation et le despote lui même avait reconnu les faits dans l’un de ses discours creux, histoire de se moquer de ses esclaves, en les interrogeant sur la richesse disparue de la nation alors qu’il continue de la transférer dans les paradis fiscaux du monde entier, là où il construit ses projets faramineux et sans vergogne.

    Ses caprices extravagants n’ont plus de limite, commandeur des croyants et homosexuel à la fois, une insulte obscène à la foi, mais le royaume alaouite a toujours été un havre de paix pour les pédophiles et les pervers de toute espèce, ils y sont même décorés royalement.

    En effet, la monarchie n’a guère changé, d’ailleurs un certain politicien français avait déclaré que :« le Maroc est une maîtresse qu’on n’aime pas trop, mais on doit la protéger » ce qui explique que toute tentative de changement est une cause perdue, le harem bien cadenassé depuis l’époque de Caligula II, mort Dieu merci , les crimes et les assassinats politiques sont d’actualité, les disparitions, les fusillades en terre ou mer, les suicides vrais et faux, les siècles de prison pour qui ose dire non, bref, un Maroc tel qu’on connaît depuis la nuit des temps : un enfer absolu pour les marocains et un paradis fascinant pour les traîtres et les étrangers au frontière de l’ Europe !

    Et quand je lis, par exemple, un certain rapport du magazine « Le Point » consacré au bilan du despote en décrivant sa monarchie comme « une nouvelle puissance de l’Afrique », quand j’entends un journaliste politique chevronné de « Mediapart » dire au festival des « droits de l’homme » à Essaouira que les condamnations du Rif ont été « un PEU exagérées » !…Franchement, en tant que marocain exilé en France, je crois que je ne suis pas sorti de l’auberge.

    Mahatma Ghandi avait dit : « celui qui veut servir, ne gaspillera pas une seule seconde pour son confort personnel », le roi des « selfies » quant à lui, s’offre justement une montre à un million d’euros, car ses secondes sont comptées !

    Vive le peuple, et vive la république marocaine

    Abdellatif Zeraïdi

    Source: Blogs Mediapart, 14 jui 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, dictature, répression, homosexualité, gay,

  • Maroc : De la selectivité dans les droits de l’Homme

    Par Rachid Oufkir

    Je ne comprends pas cette ambivalence et cette conception « communatariste » absurde, venant de ceux qui empruntent le langage des droits de l’Homme clament à haute voix, publiquement, les principes de justice , d’équité et qui luttent pour l’égalité, exclusivement pour leur catégorie d ‘appartenance , qu’elle soit idéologique ou ethnique tout en s’amusant à réclamer l’opposée (le déni de droit , la répression, l’état policier, la prison…) pour autrui !

    Cette visée sectariste se traduit dans les formules utilisées :
     » tout ce que je demande , c’est de m’épargner moi, et mes semblables mais tu peux réprimer les autres, tu peux même les écraser . Je m’en branle ! Ils le méritent. Cela ne me regarde pas ! »

    Ou quand on observe un sahraoui porter le drapeau sahraoui en plein casablanca, le reflexe est de dire : « le makhzen aurait dû emprisonner ce dernier et relacher le militant rifain, pacifiste et patriote qui luttent pour ses droits légitimes « .

    Ou encore ceux qui appércient les miltiants rifains en fonction de leur conviction politique et de leur orientation. A ce propos, je cite Farid A.L.
    « le makhzen n’a arrêté ni le marxiste, ni le léniniste, ni le trotskiste, ni les Guevariste, ni le salafiste, ni l’adhérent d’une officine politique, ni l’ internationaliste, ni non plus l’amazigh .Le makhzen a arrêté les enfants du devoir rifain … les enfants de Mulay Muhand, [ Le makhzen ne fait pas de distinction, il réprime le rifain parce qu’il est rifain] »

    Un principe d’action se doit d’être tout terrain, général, universel applicable à tous, ou ne l’est pas.

    Est-il juste de revendiquer auprés d’un Etat policier, un traitement préférentiel pour soi, pour une catégorie spécifique à l’exclusion de l’autre, sachant que tout le monde est logé à la même enseigne !???

    Est-il juste d’éprouver de l’indifférence et du je-m’enfoutisme envers une réprssion policière qui ne se passe pas chez soi ? Est il juste de souhaiter le déni de droit, le durcissement de l’oppression d’une population parce qu’on n’en fait pas partie ?

    Au moins sur le plan formel, sur le plan de la profession de foi, quand on plaidoie pour l’état de droit, on ne doit pas chipoter cette condition exclut le de sectarisme et la mise en équation des droits universels

    Quand cette attitude vient des professionnels de droit, c’est la grande catastrophe.

    Je conçois le fait qu’on ne peut s’impliquer partout ( pour des questions de compétence d’énergie et de temps), de revendiquer des droits subjectifs/catégoriels mais je ne conçois nullement le fait de se placer sur le terrain du droit, et de réclamer pour autrui , qui sont tout aussi vulnérables, l’opposé de ce qu’on réclame pour soi !

    Pour moi cela relève d »une certaine collaboration , de la délation et d’une bassesse sans nom.

    Tags : Maroc, Makhzen, Rif, Hirak, droits de l’homme, Sahara Occidental, répression,

  • Comment le Makhzen détourne l’argent de l’UE destiné aux Marocains démunis

    MarocLeaks, le site des révélations de Chris Coleman, a publié vendredi 3 mars un document authentifié du ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale qui confirme une fois de plus que le Makhzen n’a aucun scrupule lorsqu’il s’agit de se remplir les poches. Le célèbre hacker révèle que des fonctionnaires ont détourné sans vergogne des fonds de donateurs étrangers destinés aux couches marocaines les plus défavorisées. Cette fois, l’odieux et scandaleux détournement qui remontre à 2012 s’est fait au détriment d’un programme de soutien s’inscrivant dans le cadre d’un partenariat Maroc-UE. Le préjudice financier se chiffre à plusieurs millions d’euros. Et ce n’est que la face émergée de l’iceberg. Le site MarocLeaks désigne comme principal responsable de ce détournement le directeur de l’Unité d’appui au programme d’appui au plan d’action Maroc-UE, un cadre ayant des liens familiaux avec Aziz Akhannouch qui est passé ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime. C’est d’ailleurs après une intervention d’Aziz Akhanouch, indique le hacker marocain, que cette personne indélicate a été recrutée.

    Outré par de telles pratiques, Bruxelles a décidé de ne pas rester les bras croisés. Il a sur le champ sollicité la délégation de l’Union européenne à Rabat de demander des comptes au gouvernement marocain. Une délégation de l’UE, composée de Mario Mariani, premier conseiller chef des opérations, et Paolo Zingali, premier secrétaire chef de la section finances et contrats, s’était d’ailleurs rendue le 4 juillet 2012 à Rabat pour faire part aux responsables du Makhzen des irrégularités relevées dans la gestion des fonds de l’Unité d’appui au programme.

    D’après MarocLeaks, les responsables européens «ont également informé les responsables du Makhzen que l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) ainsi que l’Inspection générale des finances (IGF) allaient être saisis». Il n’était pas question pour Bruxelles que le responsable véreux continue à gérer les fonds communautaires.

    Gênés, les responsables du Makhzen ont demandé platement aux responsables européens la «discrétion» dans le traitement de cette affaire scabreuse afin d’éviter son ébruitement médiatique. La partie marocaine avait, par ailleurs, insisté, mais en vain, pour que le responsable marocain pris la main dans le sac ne soit pas limogé au motif que son contrat était sur le point d’expirer.

    Cette affaire met au jour la manière avec laquelle est dépensé l’argent des contribuables européens initialement destiné à améliorer le niveau de vie des Marocains vivant dans la précarité. Selon Maroc Leaks, Bruxelles injecte chaque année des sommes importantes dans l’économie marocaine. Des rapports prouvent qu’une grande partie de cet argent est cependant détourné pour finir dans des banques telles que HSBC de Genève où Mohammed VI possède un compte dont le montant avoisine les 1,5 milliard d’euros.

    Khider Cherif

    Source: Algérie Patriotique, 3 mars 2017

    Tags : Maroc, UE, Union Européenne, Makhzen, marocleaks,

  • Quand le magazine français « Le Point » fait ridiculement la propagande superlative pour le régime marocain

    Édito. Le magazine français « Le Point » annonce que le Maroc est « une nouvelle puissance ». Quand un magazine est au service d’un régime répressif et policier, il n’exerce pas le journalisme, mais le mercenariat.

    Ce n’est pas le cas. La réalité est tout une autre. Il n’est pas à la Une des pages de couverture; ce n’était jamais en tête des bulletins d’information; ce n’était jamais le sujet des débats des experts de la télévision. Mais le magazine français « Le Point » connu pour ses prises de position en faveur du régime marocain et ses articles maniérés pour embellir l’image du palais royal a annoncé sur la largeur de sa couverture de cette semaine: « Maroc. La nouvelle puissance ». Une blague ? Un canular ? Une fumisterie ? Non, c’est ce que vraiment « Le Point » fait connaître, il s’agit d’une enquête, le Maroc est la nouvelle puissance.

    Oui, le Maroc qui est devancé par des pays exsangues et en guerre comme la Palestine, l’Irak ou la Libye dans le classement de développement humain publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est une nouvelle puissance, c’est « Le Point » qui le dit, le porte-drapeau du régime marocain au sein de la presse française, un torchon peu soucieux de sa crédibilité, mais également peu scrupuleux. N’est ce pas le même magazine qui a tenté un procès contre deux médias français indépendants pour avoir dénoncé la collusion entre certains journalistes français et le pouvoir marocain en 2015 ? Oui, c’est « Le Point » qui -contre toutes les normes déontologiques- a voulu réduire au silence ses confrères « Orient XXI » et « Arrêt Sur Images ». Une affaire qui en dit long de l’ampleur de l’idylle entre « Le Point » et le pouvoir marocain.

    Peut-être, « Le Point » qui voit vaches noires en bois brûlé quand il s’agit du régime marocain, veut faire croire à ses lecteurs que les 70 % des Marocains qui veulent quitter leur pays à cause de la corruption et de la pauvreté selon le sondage international réalisé par Arab Barometer est un signe avant-coureur de la venue d’une nouvelle puissance.

    Il convient de souligner également à cet égard, que lors de la violente répression qui s’est abattue sur la population rifaine en 2017 pour éradiquer le mouvement du Hirak et les centaines d’arrestations des militants pacifistes, « Le Point » a publié un article de Tahar Ben Jelloun qui n’a aucune pertinence et rempli de stéréotype et de mensonges pour tordre les faits.

    En fin de compte, les journalistes du magazine « Le Point » qui trahissent sciemment l’honneur de leur métier, doit-on leur rappeler que le journalisme, le vrai, c’est celui qui est au service des dominés, des persécutés et des sans-voix. Le « journalisme » qui est au service d’un régime répressif et policier, ce n’est absolument pas du journalisme, mais ça s’appelle le mercenariat. De rien.

    Source : Le Courrier du Rif, 11 jui 2019

    Tags : Maroc, Makhzen, Le Point, marocleaks, Mohammed VI, répression,

  • Maroc : La princesse Lalla Salma en Grèce avec son fils

    L’anécdote de la princesse Haya a contraint le roi du Maroc à lâcher Lalla Salma

    Par crainte d‘être mouillé par le scandale soulevé par la fuite de la princesse Haya de Jordanie, Mohammed VI a libéré son ex-épouse.

    En effet, selon des médias grecs, Lalla Salma est arrivé hier après-midi à l’ìle grecque de Skiathos accompagnée de son fils, le prince héritier Hassan Alaoui.

    Selon la même source, la princesse marocaine s’est également rendue à Corfou et d’après des nouvelles non confirmées, Lalla Salma auraie visité l’île de Kea où ella a achete une luxueuse villa en 2015. Le tout dans une atmosphère de sécurité strice mais discrète.

    Pour rappel, Lalla Salma a divorcé du roi du Maroc il y a près de 2 ans. Leur divorce n’a pas été confirmé par le palais ni par aucune voix officielle.

    A l’instar de la princesse Haya de Jordanie, Lalla Salma a disparu de la scène publique. Après son absence lors des visites des rois d’Espagne et du prince Harry. La presse internationale a commencé à se poser des questions sur son sort.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, Makhzen, divorce,

  • Le Maroc pourrait être le suivant après le Soudan et l’Algérie

    Le Maroc pourrait-il le scánario du prochain soulèvement, après le Soudan et l’Algérie?

    Un vaste sondage de la BBC montre que près de la moitié des Marocains envisagent d’émigrer et souhaitent un changement politique immédiat. Ainsi, le Maroc pourrait suivre les traces du Soudan et de l’Algérie et renverser son chef, demande Tom de Castella.

    Sur un balcon surplombant les toits de Casablanca, un homme tire sur sa cigarette et songe au rêve qui lui a été volé. Saleh al-Mansouri n’a que vingt ans, mais il sait ce que signifie traverser la mer pour se rendre en Europe. Il a vécu en Allemagne pendant plusieurs années jusqu’à ce que sa demande d’asile soit rejetée et qu’il soit contraint de rentrer chez lui au Maroc.

    « Les gens y vont pour certaines choses qu’ils n’ont pas ici », a déclaré M. Mansouri. Certaines sont économiques – il parle de vêtements que vous pouvez vous permettre, d’un meilleur style de vie – mais d’autres sont moins tangibles. « Comme la liberté », dit-il, avant d’ajouter: « Il y a beaucoup de choses … comme le respect.

    « Il n’y a pas de soins accordée à la population ici au Maroc. C’est le manque de soins qui oblige les gens à migrer. »

    Près de la moitié des Marocains envisagent d’émigrer. La proportion est en forte hausse après une décennie de déclin, indique une enquête pour BBC News Arabic.

    Une enquête qui couvre le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2018 et 2019 et a été réalisée par le réseau de recherche The Arab Barometer, soulève une question intrigante: le Maroc est-il en ligne de mire pour des troubles?

    Les manifestations de masse contre le gouvernement au Soudan et en Algérie ont entraîné un changement politique soudain en avril dans ce que l’on a appelé le Printemps arabe 2.0. Alors que les renversements d’Omar al-Bashir au Soudan et d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie ont choqué la plupart des gens, les indices étaient déjà à voir dans l’enquête de BBC News Arabic.

    Quelques mois avant que les manifestations de masse décapitent leurs gouvernements, les publics soudanais et algérien interrogés donnaient des réponses montrant qu’ils étaient en colère, craintifs et désespérés.

    Les trois quarts des Soudanais ont déclaré que leur pays était plus proche de la dictature que de la démocratie, la plus haute de la région. En Algérie, il était de 56%, troisième derrière la Libye.

    Près des deux tiers des Algériens ont déclaré que les dernières élections dans ce pays n’étaient pas libres ni équitables, plus que dans tous les autres pays sondés. Seulement un quart des Soudanais et un tiers des Algériens pensent que la liberté de parole existe dans leur pays.

    Un autre pays s’est démarqué dans les données – le Maroc.

    Désespoir et frustration

    La plupart des endroits enquêtés indiquent un désir de réforme progressive. Au Maroc, cependant, la moitié des répondants souhaitaient un changement politique immédiat.

    « Il y a un réel sentiment de désespoir et de frustration chez les jeunes », a déclaré le journaliste et militant d’opposition Abdellatif Fadouach.

    Environ 45% de la population a moins de 24 ans et sur la plupart des problèmes, le pays est divisé en générations. Quelque 70% des adultes de moins de 30 ans souhaitent émigrer contre 22% des personnes âgées dans la quarantaine. Alors que la moitié des plus de 60 ans ont une vision positive du gouvernement, celle des 18-29 ans est de 18%.

    Le Printemps arabe a suscité des espoirs chez les jeunes que la société allait changer.

    Le Maroc est une monarchie et après les manifestations qui ont éclaté en 2011, le roi Mohammed VI a annoncé un programme de réformes. Une nouvelle constitution a été introduite, élargissant les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre, tout en laissant au roi une large autorité sur le gouvernement. Un grand nombre des réformes promises n’ont jamais été pleinement mises en œuvre, a déclaré M. Fadouach.

    S’attaquer aux élites politiques

    Le favoritisme sur le marché du travail empêche une véritable économie de marché, a-t-il déclaré, soulignant que les opportunités d’emploi – telles que l’obtention de permis de taxi ou de permis de pêche – constituaient le cadeau des politiciens au pouvoir et du Palais royal.

    « Même une lueur d’espoir pour demain est malheureusement coupé court et les choses redeviennent comme avant », dit-il. L’appétit est là pour faire tourner l’élite politique, estime-t-il. « Le Maroc peut à tout moment être le scénario de ce qui s’est passé en Algérie et au Soudan et avant lui en Syrie, en Égypte, en Libye ou en Tunisie ».

    Parlez à l’ancienne génération et vous entendrez le désir de continuité.

    Abdallah al-Barnouni est un comptable retraité résidant à Casablanca. Il ne partage pas l’empressement des jeunes générations à un changement immédiat: «La génération d’aujourd’hui, ses enfants, veulent y arriver rapidement. Ils veulent tout, la voiture, la maison, le travail, ils veulent rapidement atteindre un niveau de vie élevé. »

    Il n’y a aucun signe d’un soulèvement violent. Du moins pas pour l’instant.

    Mais l’enquête indique que les Marocains étaient fortement impliqués dans des manifestations pacifiques, derrière le Yémen et les territoires palestiniens, des lieux ravagés par la guerre ou les conflits. Plus du quart des personnes interrogées ont déclaré avoir participé à une manifestation, une marche ou un sit-in pacifique. A un niveau plus large, le Maroc est un pays et une culture en mutation. Le nombre de Marocains qui se disent non religieux a quadruplé depuis 2013 – le taux le plus rapide de la région.

    Les manifestations contre la corruption et le chômage ont secoué les régions marginalisées du nord du Maroc en 2016 et 2017 dans le cadre du mouvement Hirak Rif. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues et des centaines ont été arrêtées. Il y a eu d’autres manifestations en avril dernier lorsqu’un tribunal a confirmé les peines de prison de 20 ans infligées aux dirigeants du mouvement.

    La BBC a contacté le gouvernement marocain pour commenter les résultats de l’enquête, mais n’a pas reçu de réponse.

    Au Soudan et en Algérie, le mécontentement populaire a commencé dans les régions pauvres avant de s’étendre à la capitale. Cela pourrait-il se reproduire?

    « C’est très difficile à prédire », a déclaré Abderrahim Smougueni, journaliste à l’hebdomadaire marocain TelQuel Arabi. Certains des mêmes ingrédients existent au Maroc. « Il existe un mécontentement populaire et une frustration vis-à-vis du gouvernement et du Premier ministre. » Les gens s’attendaient à ce que le gouvernement lutte contre la corruption, a-t-il déclaré. Au lieu de cela, ils taxent les classes moyennes, aliénant un segment clé de la population.

    Cependant, il existe des différences cruciales. Le Soudan et l’Algérie ne sont pas des monarchies.

    Armée loyale

    Au Maroc, toutefois, le consensus était que le roi se tenait au-dessus de la politique et constituait un frein aux manifestations de masse. La question est de savoir si cette situation est toujours valable. « Peu importe ce que les gens pensent du gouvernement, ils font confiance au roi », a déclaré M. Smougueni. D’autres disent que c’est moins clair. « Avant [le printemps arabe], il y avait un consensus autour de la monarchie », a déclaré M. Fadouach. « Mais aujourd’hui, cette croyance en la monarchie pourrait ne pas persister. »

    Une fois devenu claire l’ampleur des manifestations contre M. Bashir, la puissante armée soudanaise a destitué le président de la République suite à un coup d’État et engagé une répression violente contre les manifestants. Mais au Maroc, l’armée semble fidèle au roi.

    Pour M. Smougueni, il ne s’agit pas encore d’un mouvement de masse, mais plutôt d’une série de manifestations et de grèves techniques contre la réforme dans des secteurs spécifiques de l’économie, comme la santé et l’éducation.

    Et pourtant, une région qui semblait insensible au changement pendant des années est maintenant définie par l’instabilité. Depuis le début du Printemps arabe en décembre 2010, au moins une demi-douzaine de pays ont vu leur président tomber ou la guerre éclater. En d’autres termes, la protestation populaire peut se répandre comme une traînée de poudre dans le monde arabe. Et il n’y a aucune garantie que cela finira bien.

    Drapeau rouge

    Le moment du printemps arabe n’a pas encore sonné au Maroc: le mouvement de protestation du 20 février 2011 n’a pas entraîné de changement fondamental. Le roi tire toujours les ficelles et la réforme politique est limitée.

    Michael Robbins, de Arab Barometer, se méfie de l’idée d’un renversement de la monarchie. Mais les données devraient lever le drapeau rouge pour le gouvernement marocain, a-t-il déclaré. « Les Marocains, en particulier la jeune génération, sont plus enclins à vouloir des réformes rapides que les citoyens d’autres pays. Ils semblent également plus proches d’une étincelle pour s’enflammer. »

    Si ce n’est pas au bord du gouffre, le Maroc est à la croisée des chemins. Beaucoup dépend maintenant de ce que la majorité des jeunes exige de leur roi et de son gouvernement impopulaire.

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Printemps Arabe,

  • Les Moqaddems du Maroc, une fonction du Makhzen détestée des marocains

    Les chioukhs et les moqaddems sont une vieille institution régalienne du Makhzen qui date d’avant l’époque du régime du Protectorat au Maroc, qui assumaient une fonction de «représentation sociale» au bénéfice du Makhzen, mais c’est le Protectorat qui les a enrôlés dans l’administration territoriale pour mieux surveiller les gens et rapporter des informations sur les citoyens. Ce sont des gens supposés connaître leur environnement jouissant d’une sorte de notoriété symbolique ou sociale qui leur permettait d’encadrer et de disposer de l’information en temps réel afin que le pouvoir puisse agir en conséquence. C’est donc dans un esprit de commandement et dans un souci de maintien de l’ordre et de sécurité que ces auxiliaires de l’administration sont recrutés et engagés. Ils deviennent, au fil du temps, des auxiliaires incontournables dans la collecte des informations surtout à une époque où la sécurité constituait la priorité absolue de l’Etat. Leur recrutement ne se faisait sur aucune base juridique ou procédurière, mais sur la base de cooptation et des garanties que ces agents donnent pour assumer les tâches auxquelles ils seront chargés. Aucun niveau académique n’était exigé d’eux, il suffisait juste qu’ils présentent des gages de confiance et qu’ils soient de bons informateurs ayant l’œil sur tout ce qui se passe dans leur territoire.

    Et leur statut après l’indépendance ?

    Ni «laârifa» ni les moqaddems ni les chioukhs n’étaient incorporés à la fonction publique, ils n’avaient pas un salaire ni un numéro de SOM, mais uniquement des indemnités par rapport à leur fonction stratégique d’information. Mais ce statut a quelque peu évolué avec le temps.

    Mais leur fonction n’a pas changé, ils sont toujours derrière l’information sur les citoyens…

    Ils ont continué en effet à être le relais entre l’administration et le citoyen, et tous les jours ils informent directement ou indirectement par le truchement d’autres relais leurs supérieurs. Mais, actuellement, ils posent un problème d’utilité et d’efficacité par rapport à un environnement qui a beaucoup évolué et à une administration qui se modernise. L’Etat est appelé à faire des choix, plus particulièrement dans ce contexte de réformes marqué par la mise en place d’une régionalisation avancée et d’une Constitution nouvelle qui exige la mise en place des fondements de bonne gouvernance territoriale. Le territoire n’est plus aujourd’hui un enjeu de commandement et de pouvoir, mais un lieu où se fabriquent et se produisent des politiques publiques qui exigent la maîtrise du savoir, de la connaissance, de l’expertise et des qualifications professionnelles reconnues pour gérer et développer le territoire. L’ère des chioukhs et des moqaddems, comme celle des adouls, est révolue parce qu’ils pérennisent l’image d’une administration néopatrimoniale anachronique et empêchent le territoire d’évoluer. L’urgence aujourd’hui est d’inverser les rôles, l’information comme la confiance doivent venir d’en haut, l’autorité et la souveraineté d’en bas. Tous ces relais traditionnels secrètent pour l’instant plus un climat de méfiance et de suspicion qu’un climat d’apaisement entre les citoyens et l’Etat. Ils véhiculent une image négative du pays et des institutions marocaines.

    Abdessamad Mouhieddine

    LE MAKHZEN : C’EST QUOI AU JUSTE ?

    Le Makhzen n’est pas n’importe quel vocable. Il constitue (et constituera longtemps), selon moi, un sujet emblématique de la schizophrénie endémique qui caractérise le système politique marocain. Un sujet très sérieux donc. En ce qui me concerne, il ne s’agit nullement de quelque volatile « sensation » ou encore une vue de l’esprit, mais bel et bien d’une réalité tangible. Il poursuit son « sujet » de la naissance à la mort. Des senteurs fumigènes (bkhour) de la naissance, à la lecture de la sourate « Yassine » à la mort, en passant par les « Sla ou slam ‘la rassoul allah » et autres « Allah y nsor sidna Mohammed !» criés à la faveur d’un mariage. Ainsi donc, le Makhzen traverse transversalement nos attitudes, nos postures sociétales, nos réflexes, notre solitude comme notre pluralité, notre sens du…sens, nos peurs de type chtonien, vous savez, ces espèces d’angoisses qui paralysent jusqu’au « désir d’appartenance », qui plus est au moyen de…l’allégeance !

    Comment une citoyenneté assumée et, par conséquent, pleinement consciente des devoirs avant les droits, peut-elle émerger lorsqu’elle se trouve ainsi ceinturée – que dis-je ? neutralisée – par les signes et les signaux, les signifiants comme les signifiés, les symboles et les actes, tous relevant moins d’une volonté politique modernitaire que de l’assujettissement ?

    Les outils de l’assujettissement – transformer ou garder les citoyens sous le statut de sujets – traversent très concrètement, souvent autoritairement, la totalité du sociogramme du Royaume. La boîte d’outils de cette domestication ne comprend pas seulement ces personnages sortis du fond des âges, tragiquement pittoresques et éminemment moyenâgeux, que sont le moqaddem et le cheikh, mais aussi une foultitude d’ingrédients de la société seigneuriale infantilisante – le seul journal télévisé du monde où l’on implore Dieu, à chaque fois qu’on prononce le nom du chef de l’Etat, de glorifier celui-ci, le protocole avilissant, les sermons du vendredi si visqueux, les fameuses causeries ramadanesques dites « hassaniennes », cette culture de la mendicité assise sur une véritable économie de rente (« affame ton chien pour qu’il te suive ! »), « lahdiya », « lahlaoua », l’entretien des zaouyas au moyens de dons, les tentes caïdales des meetings partisans, l’habit ample sultanal…etc.). Oui, « le monstre » est bel et bien « tapi dans les entrailles de l’Etat ». Increvable, il a un instinct de préservation des plus imaginatifs. « Le Makhzen est mort », avait proclamé le pauvre Mohamed El Yazghi sans jamais indiquer à quel niveau politique, éthique ou économique se situerait sa tombe.

    En vérité, grâce à la dextérité juridico-démagogique de Hassan II et à la boulimie financière du « cabinet noir » de Mohammed VI, le Makhzen s’est remis d’aplomb. Il a aujourd’hui ses généraux, au sens propre comme au sens figuré, ses troufions, ses idéologues, ses porte-voix, ses obligés, ses affidés, sa nomenclatura, sa nomenclature servile, les théoriciens de son monoïdéisme, ses « phénomènes » comme ses « noumènes », ses esclaves bien noirs, sa haute administration centrale prête à extrapoler décrets, arrêtés, circulaires et autres us et modus operandi managériaux. Le Makhzen a aussi ses codes, ses burnous si agréables à enfiler et si désagréables à désenfiler, ses parfums, son Dieu, ses saints, ses caprices ou encore ses bouderies. Le pire est que le Makhzen, contrairement au confusionnisme délirant de la presse à manchettes aguichantes, n’est pas l’exact synonyme de la personne ou de la fonction royale. Un alambic terrifiant ! Car, en vérité, en sus des attributs et privilèges cités précédemment, le Makhzen a aussi une adresse. Oui, oui, une adresse : c’est bel et bien au coeur de notre subconscient collectif qu’il réside. Il en constitue même le rhizome. Le plus miséreux de nos compatriotes commande à tout bout de champ à sa femme, à ses enfants ou à ses subordonnés -encore plus dépouillés que lui – de lui tendre tel ustensile ou se dépêcher de le nourrir…etc. Le servir, en fait.

    « Un épouvantail » ? Plutôt « un ogre » : Entiché de business, le néo-Makhzen peut pousser ses concurrents à la faillite en provoquant les redressements fiscaux nécessaires à cela, en lançant des OPA foudroyantes ou en fermant tout simplement les robinets de son bras financier. Pire : il n’hésite point à maquiller ses assauts sur tel ou tel pan de l’économie en motifs de fierté nationale.

    La désillusion m’a conquis à cet égard. Cette désillusion ne se nourrit en moi d’aucune rancune, d’aucune haine, ni même de quelque dépit que ce soit. Simplement une colère qui n’est pas prête à s’estomper. A mon âge, l’avenir se trouve derrière moi. Le comput étant impitoyable, je sauvegarde le plus longtemps possible les seuls outils qui, pour moi, vaillent la peine ici-bas : ma plume et mon libre-arbitre. Ma capacité d’indignation constitue de facto ma seule motivation. Je suis en colère parce qu’on a insulté copieusement l’intelligence de nos compatriotes : le projet dit « démocratique » et « modernitaire » qu’ »on » nous a vendu, et qu’on a chaudement applaudi, propulsant certains d’entre nous -j’en ai fait malheureusement et malencontreusement partie- dans une bien imprudente euphorie apologétique, ce « projet »-là s’est peu à peu volatilisé, cédant la place à une farce dont les dindons ne comptent et ne se comptent plus. Oui, le Makhzen est, en ce début du troisième millénaire, bel et bien une honte. Une réalité amplement honteuse.

    Ahmed Benani @Abdessamad Mouhieddine. Sans doute une des meilleures analyses lue ces derniers mois. J’aime votre croisement des champs psychanalytique et anthropologique pour rendre compte de ce qu’est et pourrait encore être, cette néo-boîte de Pandore: Le Makhzen! Bravo et bien à vous, Ahmed Benani

    Source : Last Night in Orient

    Tags : Maroc, Makhzen, Moqaddem,

  • Le Maroc, un pays dangereux pour les touristes

    La pauvreté et l’analphabétisme engendrent une société dont la violence est une des principales caractéristiques. Une fois enraciné dans la société, elle devient une réalité très difficile à changer ou à surmonter. Une société entrée dans l’engrenage de la violence, elle en sort difficilement. Il n’est pas possible de créer une communauté équilibrée si vous vivez dans un environnement caractérisé par l’agressivité. La violence représente tout acte qui implique une agression physique ou verbale de la part d’autrui, causant des dommages volontaires ou accidentels. La principale caractéristique de l’attitude violente est l’utilisation de la force, qu’elle soit psychologique ou physique, pour obtenir certaines réactions chez les personnes agressées, telles que la soumission ou l’attitude passive.

    Au Maroc, la violence est doublement enracinée : dans la vie individuelle et dans la collectivité. Elle commence au sein de la première cellule de la société, la famille. Les parents et les membres de la famille utilisent l’agression physique contre les conjoints, les enfants, les personnes âgées. La famille n’hésite pas à brûler le visage de la fille qui ose s’aventurer dans une histoire d’amour.

    Au niveau sociétal, les membres de la collectivité n’ont pas les valeurs suffisantes pour assurer une conduite adéquate, même l’État est devenu impuissant face au phénomène de la violence de la rue communément appelé « tcharmil » dont les principales données sont les actes de vandalisme, les harcèlements, les abus, agressions et intolérance entre les individus. Les gangs de la rue agissent sous le double effet de la mentalité et la consommation d’une puissante drogue : le karkoubi, un mélange de dépresseurs, de cannabis et de colle qui font agir dans la violence et la démence. Pour eux, égorger un individu comme un mouton devient la tache la plus simple du monde.

    Parmi les types de violence qui peuvent altérer l’harmonie d’une société se trouve aussi la violence de l’État. Au Maroc, la répression est l’unique réponse du pouvoir aux nombreuses manifestations pacifiques des citoyens sortis pour revendiquer des droits fondamentaux.

    Le tourisme compte parmi les principales sources de vie pour une grande partie de la population. Le Makhzen compte sur le tourisme pour régler ses factures, un secteur vital mais constamment menacé par la violence devenue un élément inséparable de la vie des marocains au point de rendre la sécurité citoyenne un espoir imaginaire.

    Les conditions de vie imposées par la politique du régime poussent les marocains à la débrouille qui est souvent synonyme de violence, vol, crime. Ainsi, le touriste, les femmes âgées en particulier, sont une source d’argent pour des millions de jeunes qui n’ont jamais fréquenté une école et qui ignorent tout des régles de connivence les plus élémentaires. Après le goût, ces femmes sont condamnées au dégoût. Apràs la jouissance, la répentance si l’on sort indemne d’une relation basée sur des instincts animaux et des sentiments de profit et misogynie.

    L’Etat, acculé par les dettes et la crise financière, tente, contre vents et marées, de déguiser le crime en acte terroriste afin de sauver cette importante manne pour le Maroc et dissimuler la réalité de la société marocaine, une réalité forgée par les besoin, la précarité et la distance qui sépare les institutions étatiques du citoyen lamabda.

    Tags : Maroc, Makhzen, violence, analphabétisme, karkoubi, misogynie, tourisme sexuel,

  • Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau*

    En Algérie, en l’espace de 17 semaines de mobilisation le peuple souverain est entrain de nettoyer tout doucement mais sûrement les plus hautes sphères de l’État algérien corrompu, ils ont dégagé à peu prés tous les tout-puissants d’hier, le président qui voulait être roi, ses ministres, ses hommes de confiance, les hommes d’affaire crapuleux qui gravitent dans son entourage et les oligarques qui se sont enrichis sous son règne. d’autres ont été poursuivis, traqués mis en prison,

    Des centaines d’enquêtes visant de hauts responsables et leurs acolytes dans le milieu des affaires ont été déclenchées pour « dilapidation de deniers publics, d’abus de fonction et conflit d’intérêts », le processus est toujours en cours,

    Le bilan de 2 ans de mobilisations, au Maroc et dans le RIF :
    pas de nouvelle donne

    L’état , la société sont livrés à des prédateurs encore plus féroces

    Le passé ne fait que se prolonger dans le futur

    Les clans honnis au pouvoir honni sont toujours là

    Le roi se maintient au pouvoir , toute la dynastie alaouite aussi
    saad eddine el othmani est toujours là ,

    La majorité gouvernementale est toujours là

    Les prédateurs connus et non connus , ne bougent pas et n’ont jamais été inquiétés

    Le responsable de l’assassinat crapuleux de Mohcine FIKRI., et businessman notoire, Aziz Akhennouch, est toujours là, il est même prédit pour devenir le futur premier ministre,… rien n’a changé

    Entre temps, le pouvoir tout puissant est entrain de dépecer le rif, destructurer sa société , exilé ses enfants

    Le peuple dans sa majorité est nargué méprisé, tout le monde a peur pour sa sécurité, tout le monde acquiesce au statu quo, la gauche, les islamistes et les amazighistes, aprés avoir trahit leurs idéaux, espèrent toujours l’avènement d’une démocratie et la réforme du makhzen pour devenir une institution démocratique, entre temps ils sont devenus des clients du pouvoir

    Est-il vrai que le peuple est en colère contre le pouvoir? Elle est où cette colère ? Où est cette indignation ? Elle est où cette crise sociale chaotique ?

    Le renversement du pouvoir en place est une perspective lointaine, le régime est parti pour durer, ke grand changement est une illusion !

    *Louis Antoine Léon de Saint-Just

    Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, système, régime,