Étiquette : Makhzen

  • Quand la télévision française célébrait la dictature marocaine

    J’ai découvert avec surprise cette émission datant de 1989 où le roi Hassan II était interrogé par les grands journalistes de l’hexagone (Alain Duhamel, Jean Daniel…). Incroyable leur docilité à l’égard de ce dictateur! Durant la première moitié de l’émission la discussion tourne autour de…la religion, la place du voile, l’immigration, l’intégration des Marocains en France… Passionnant! Certes il était « commandeur des croyants », mais tout de même Hassan II était surtout chef d’Etat!

    Il faut attendre la 45ème minute (plus exactement à 44:50) pour qu’enfin une question sur le respect des droits de l’homme soit posée (ici sur le rapport d’Amnesty International de 1989 traitant des tortures dans les prisons marocaines). D’ailleurs Hassan II répond habilement! On a également droit à une question sur la liberté de la presse où le souverain ment bien sûr, mais reconnait tout de même une certaine censure en affirmant qu’un journal comme le Canard Enchaîné ne serait pas possible au Maroc.

    L’entretien est tout de même intéressant car il nous renseigne sur la politique internationale de cette période (accord de Taëf pour régler la crise libanaise) et nous montre le talent du monarque pour la propagande.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=vUIybWsYx-I&w=560&h=315]

    Tags : Maroc, Makhzen, Hassan II, dictature, France,

    Source : Blog-notes

  • Maroc – Constitution : on n’est pas sortis de l’auberge alaouite

    Lors de son allocution de vendredi soir, le roi du Maroc a planté le décor de la nouvelle charte qui devrait parachever « la construction de l’Etat de droit et des institutions démocratiques ». Un discours historique ? Peut-être. Même si depuis l’avènement sur le trône de Mohamed VI, les « discours historiques » et les proclamations capitales ont eu tendance à se multiplier.

    Une déclaration à un quotidien étranger informant que le conflit du Sahara était réglé, une allocution télévisée annonçant la prétendue découverte de pétrole dans le sud du pays, et maintenant l’annonce d’une nouvelle constitution et de lendemains qui chantent. Premier constat involontaire, après pratiquement 12 ans de règne (trois mandats présidentiels américains), on remarque qu’il est toujours question de « parachèvement » et de « construction » de la démocratie.

    Des avancées, il y en a bien évidemment dans le nouveau texte constitutionnel. L’égalité homme-femme qui sera inscrite dans la loi, le renforcement des attributs de la cour des comptes (dont le dernier rapport nous a révélé qu’il y avait beaucoup de voleurs à la tête des administrations publiques) et la protection, voilée, de la liberté de conscience. Un joli pied de nez au Parti de la justice et du développement (PJD) d’Abdelillah Benkirane, l’ex-militant radical de la Chabiba islamiya devenu ces derniers mois, comme tant d’autres ex mordus des extrêmes, plus royaliste que le roi.

    Le tamazight, la langue ancestrale des Marocains, devient langue officielle. Le souverain a mis fin au folklore de la langue « nationale », qui n’avait aucune validité juridique et n’était pas contraignante. Mais il y a tout de même un léger doute quant à sa mise en place. Le roi a prévenu que « son officialisation effective devra s’inscrire dans un processus graduel ». Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il faudrait attendre qu’une nouvelle génération émerge des écoles bilingues où le tamazight, qui n’est toujours pas unifié linguistiquement, serait enseigné.

    Autre avancée concrète, l’interdiction de la transhumance parlementaire. Cette pratique, qui était pourtant interdite, a bénéficié avant tout ces dernières années à un certain Fouad Ali El Himma, l’« ami du roi » et fondateur du « parti du roi », le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), qui a débauché pratiquement tous les parlementaires de sa formation politique.

    En ce qui concerne la diaspora marocaine à l’étranger, le nouveau texte évoque généreusement une « représentation parlementaire » pour les Marocains de l’étranger, mais Mohamed VI a immédiatement souligné que celle-ci serait effective « dès que la formule démocratique y afférente aura muri ». C’est-à-dire qu’elle est renvoyée aux calendes grecques.

    Par contre, la consécration dans le projet de constitution de « tous les droits de l’homme, notamment la présomption d’innocence, la garantie des conditions d’un procès équitable, la criminalisation de la torture, des disparitions forcées, de la détention arbitraire et de toutes les formes de discrimination et des pratiques humiliantes pour la dignité humaine », sonne évidemment faux.

    Car comme Hassan II, mais dans une moindre mesure, Mohamed VI possède aussi son petit jardin secret (le centre de détention clandestin de Témara) et ses petites années de plomb faites de disparitions forcées, de séquestrations et de tortures, le tout dans une mer de « pratiques humiliantes ». Est-ce que c’est sûr qu’avec un nouveau texte on puisse changer de mentalité ? Pas si sûr.

    La violente répression du mouvement du 20 février, qui a été la cause première de la mort de Kamal Ammari à Safi, a mis en évidence que les réflexes d’antan n’ont pas disparu. Pour preuve, quand Mohamed VI explique que la nouvelle constitution garantit « la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, et le droit d’accès à l’information », il semble oublier qu’il vient d’envoyer en prison l’un de ses plus fidèles journalistes qui a eu le malheur de critiquer les méthodes de ses services secrets et a révélé une affaire de corruption impliquant son « ami » El Himma.

    Quant aux nouveaux pouvoirs du premier ministre, s’ils sont réels, il faut dire sans ambages qu’on en attendait plus. Certes, le premier ministre, qui sera issu des urnes devient « chef du gouvernement » et aura des pouvoirs renforcés comme de proposer ses ministres et de mettre fin à leurs fonctions, ainsi que nommer par décret ses hauts fonctionnaires. Mais, le roi continue de présider le conseil des ministres dont les pouvoirs de décision sont autrement plus amples et plus importants que ceux du conseil de gouvernement.

    Le roi garde aussi, mais ce n’est pas une surprise, la haute main sur les nominations dites sensibles. Ainsi, si le chef du gouvernement, qui n’aura aucune autorité sur l’élément militaire, paramilitaire ou policier pourra « choisir » les noms des walis, gouverneurs et ambassadeurs (c’est-à-dire les cadres issus des ministères de l’intérieur et des affaires étrangères) ces derniers devraient être « nommés » par le roi. Un nom qui déplait au souverain, dont on connait la rancune tenace, et c’est la trappe.

    Même chose pour les responsables des« administrations de la sécurité intérieure et des institutions nationales stratégiques », en clair la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST ou DST, la principale police politique), et la Direction générale des études et de la documentation (DGED) dont l’actuel patron, Mohamed Yassine Mansouri, est un autre « ami du roi ». Il est plus que probable que les noms des titulaires de ces postes seront soufflés au premier ministre par le cabinet royal. Car la sécurité et les forces armées vont rester entre les mains du roi. « Etant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du roi, chef suprême, chef d’Etat-major général des Forces armées royales » prévient-il.

    Pour boucler la boucle, il y aura bien, comme l’avait annoncé Demain, un « Conseil supérieur de la sécurité », dont le but sera de coordonner les différents corps sécuritaires. En somme de contrôler la force armée. Au cas où…

    L’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des pouvoirs exécutif et législatif sera consacrée, dit-on. Mais n’est-ce pas le cas avec l’actuelle constitution ? Même chose pour la « pénalisation constitutionnelle » de toute ingérence de l’autorité, de l’argent ou de tout autre forme de pression, dans les affaires de justice, dont les principaux bénéficiaires ces dernières années ont été des proches du pouvoir. Et ceux qui s’y sont opposés ont été éloignés de leurs postes ou expulsés de la magistrature.

    Demandez au juge Jaâfar Hassoun pourquoi il a été expulsé de la magistrature. Pour avoir informé un journaliste des prochaines nominations décidées par le conseil supérieur de la magistrature dont il était membre, pourrait nous répondre vigoureusement le ministre de la justice, Mohamed Naciri. Pour avoir été le premier juge marocain à avoir eu le courage de s’opposer au PAM dans une affaire d’élections truquées à Marrakech, devrait-on lui rétorquer.

    Mais enfin, nous dira-t-on, le roi n’est plus sacré, c’est une extraordinaire avancée. Quelle divine surprise ! Il a fallu attendre 2011 pour que l’être marocain se rende compte enfin qu’un homme, tout roi qu’il est, ne peut être sacré. Ne peut être comparé à dieu. Disons alors que jusqu’en 2011 nous étions des arriérés consentants et qu’en 2011 nous nous sommes rendus compte que nous avons été des arriérés consentants.

    Et pour ceux qui croient que nous sommes sortis de la monarchie exécutive dont l’un des fondements réside dans la religion, il faut signaler que Mohamed VI reste le « commandeur des croyants ». Ce n’est certes pas du Ali Khamenei, l’actuel guide suprême de la révolution islamique en Iran, pays avec lequel le Maroc a rompu ses relations pour marquer sa différence, mais cela lui ressemble fort.

    Enfin, pour ne pas faire trop dans la critique, on ne peut que saluer la « constitutionnalisation du Conseil de la concurrence et de l’Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption », en espérant que ces deux organismes vont avoir maintenant suffisamment de courage pour s’opposer à la concurrence déloyale et hégémonique de la SNI (Société nationale d’investissement), dont le capital est détenu à plus de 60% par la famille royale et dont le principal dirigeant, Hassan Bouhamou, a été accusé de corruption devant un tribunal américain.

    Dernière remarque. La preuve que les choses ne vont pas tellement changer avec la nouvelle charte a été faite vendredi dernier, tout de suite après le discours royal. Immédiatement après que le roi ait demandé solennellement à ses sujets de voter « oui » au référendum, des milliers de marocains, officiellement de manière spontanée, mais en réalité fortement encadrés par des fonctionnaires de l’administration caïdale et quelques partis politiques, se sont jetés dans la rue pour proclamer leur adhésion à un texte dont ils n’ont pourtant que sommairement pris connaissance.

    Dans leur hâte à crier « vive le roi ! » et à proclamer éternelle fidélité à la monarchie, ces fidèles téléguidés ne s’étaient pas rendus compte que lors de son allocution télévisée le roi avait commis un léger lapsus en parlant de « constitution imposée ».

    En résumé, et en trois quatre mots, c’est pas la nouvelle constitution qui va nous sortir de l’auberge alaouite.

    Demain Online

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, monarchie alaouite, palais royal,

  • Maroc : Merci Monsieur « Coleman » !

    Pendant des années, que dis-je ?, quasiment vingt ans pour l’auteur de ces lignes, nous avons été accusés, les deux pelés et trois tondus qui avons essayé de faire du journalisme indépendant dans ce pays, d’être des agents de l’étranger, d’être soudoyés par tel Etat, tels services secrets ou tel mouvement ou organisation.

    Nous sommes passés d’être des agents de la DST, la police politique marocaine, à travailler pour le CNI espagnol, en passant par la DRS, les services secrets algériens et le Mossad israélien. Accusation suprême : nous étions également des agents du Polisario.

    Sans la moindre preuve bien évidemment, sinon on n’en serait pas là.

    Franchement, et si je devais un jour travailler pour un « sévice secret » je travaillerais avec celui de mon pays. Il paye bien. Les journalistes étrangers touchent 6000 euros par mois, avec en prime quelques séjours tous frais payés à Marrakech. Quant aux Marocains ils ont droit à des pages de publicité à gogo, des prébendes faites de facilités pour l’obtention d’un appartement ou d’une imprimerie, d’un prêt bancaire (que certains oublient de payer) et de généreux cadeaux en sous-main.

    Je connais le directeur d’un hebdomadaire francophone casablancais qui a acheté à l’Etat une villa où il a installé son torchon pour quelques dirhams. Son confrère d’un autre hebdomadaire, tout aussi francophone et pourri, a obtenu le même cadeau, sauf qu’il utilise la villa pour y habiter.

    Le premier, une barbouze journalistique qui a travaillé pour Dlimi quand il sillonnait les pays arabes et africains pour le compte d’un autre hebdomadaire francophone, celui-là français, a depuis quelques années les pires difficultés du monde pour boucler les finances de son brinquebalant et boiteux canard. Sans ses « amis », cela fait longtemps qu’il aurait fermé boutique. Mais à titre personnel, il est très riche. Il y a peu il négociait la vente d’un terrain dans l’un des quartiers les plus huppés de Casablanca pour un prix millionnaire. Il avait obtenu ce terrain pour des bricoles de la main d’un organisme étatique.

    Enfin, tout cela pour dire que sans aucune preuve, certaines officines de l’Etat marocain, appuyées par la presse aux ordres, déversent sur nous un tombereau d’accusations et d’affirmations mensongères dans le seul dessein de salir notre réputation et de nous signaler à un quelconque fou pour qu’il nous trucide avec un couteau dans la rue, alors que les vrais corrompus sont ceux qui hurlent avec les loups.

    Mais voilà, un hacker, ou plusieurs, publie depuis des mois une impressionnante pile de documents, scannés pour la plupart, et de mails compromettants qui prouvent par A+B que nos diplomates, en plus de leur labeur ordinaire de lobbying et de défense des intérêts de l’Etat, soudoient des fonctionnaires internationaux, de prétendus experts et une kyrielle de profiteurs comme ce pauvre fonctionnaire international sénégalais qui a vendu sa conscience pour quelques dirhams et un séjour au Maroc où il a visité un marabout local.

    On me rétorquera que cette corruption se fait au nom de la défense de la cause du Sahara. Je réponds qu’il faudrait alors préparer un bon chéquier et se hâter de gagner cette bataille parce que celui qui a vendu son âme une première fois la vendra une deuxième fois, et pas forcément au même camp, sinon au plus offrant.

    On découvre aussi dans les papiers du hacker que sous couvert d’un empire médiatique, un ex-commercial de publicité est en fait un responsable de la DGED, les services de contre-espionnage marocains, qui se fait passer pour un journaliste et entretient de coupables relations avec les pires organisations d’extrême droite pro-israélienne. Il est aussi le grand corrupteur d’une demi douzaine de journalistes français dont certains travaillent sur le Maroc depuis très longtemps.

    Merci donc à ce « Chris Coleman », pas pour la guerre qu’il mène contre le Makhzen au nom de ses propres intérêts (soukou hadak !), mais pour nous avoir permis de voir plus clair dans cette grande grotte où se tapit l’ogre qui nous opprime.

    Ali Lmrabet

    Demain Online, 15/12/2014

    Tags : Maroc, Makhzen, presse, DGED, Ahmed Charaï, Chris Coleman, corruption, Sahara Occidental,

  • Maroc : Mohammed VI plus riche que l’Emir du Qatar

    Mohamed VI, 7ème plus riche fortune personnelle des monarchies du monde… est plus riche que l’émir du Qatar

    Casablanca.- L’hebdomadaire français Point de vue, une revue de grande diffusion de la presse du cœur francophone, spécialisée dans la vie des têtes couronnées, a publié cette semaine un dossier sur la fortune des « royals ». « Fortune des rois : secrets, fantasmes et réalités », tel est l’intitulé du dossier que cette publication a consacré aux nobles fortunés.

    Contrairement à ces malveillantes et roturières publications qui défendent les principes républicains, Point de vue ne l’est point. Elle est plutôt royaliste puisqu’elle s’intéresse de très près aux querelles dynastiques qui oppose la maison d’Orléans aux Bourbons pour savoir qui des deux chefs de ces deux rames devrait occuper le trône de France l’improbable jour où la monarchie serait rétablie dans l’Hexagone. C’est-à-dire quand les poules auront des dents.

    Pour ne pas faire dans l’amateurisme, Point de vue est donc allée recueillir les lumières de Pascal Dayez-Burgeon, un agrégé d’histoire spécialiste en sang bleu et qui vient de publier un livre sur « La fortune des rois ».

    Comme on s’y attendait, ce qui ressort de cette interview et de l’enquête menée par le magazine, la monarchie marocaine n’est pas très raisonnable en ces temps de vaches maigres et de crise économique endémique.

    Sur une liste de 15 monarques, Mohamed VI est classé 7e, avec une fortune personnelle estimée à 2,5 milliards de dollars. Or, de toutes les monarchies présentes sur la liste, seul le Swaziland peut-être considéré comme moins favorisé économiquement que le Maroc. Le reste de la liste est constitué de pétromonarchies ou de riches Etats occidentaux.

    Si le souverain le plus riche de la planète est celui de la Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, le roi du Maroc, Mohamed VI, est plus riche que l’émir du Qatar, ce qui est tout de même paradoxal. L’émir du Qatar est assis sur des barils de pétrole alors que son homologue marocain est installé sur des mares de pauvreté et de chômage [sans oublier les phosphates, le poisson et le sable du Sahara occidental, qui rapportent de juteux dividendes, NDLR SOLIDMAR].

    L’expert français explique que beaucoup de monarchies arabes, dont la marocaine, « perçoivent des allocations publiques pour mener leur mission de souveraineté à bien : liste civile, dotations annexes, palais de fonction.

    Mais pour vivre lorsqu’ils ne sont pas en représentation, les princes détiennent également des biens privés. Ces deux sources de revenus sont en principe distinctes, mais s’avèrent souvent poreuses, c’est-à-dire que les fonds publics servent à financer la vie privée, voire permettent aux princes d’accroître leur fortune personnelle ». « C’est cet amalgame qui passe de moins en moins bien auprès de l’opinion, au Maroc notamment », rajoute Dayez-Burgeon.

    Point de vue rappelle qu’avec l’astronomique somme de 254 520 000 euros touchée chaque année, la monarchie marocaine est celle qui reçoit le plus d’argent public. C’est trop de « générosité », signale sarcastiquement l’hebdomadaire.

    Par exemple, la monarchie hollandaise touche de l’Etat la somme de 39 millions d’euros par an, la belge 31 millions, la norvégienne 22,6 millions, la suédoise 13 665 000 euros et la pauvre luxembourgeoise 8,8 millions. Une vraie misère comparée à ce que touche Mohamed VI.

    Avec ces chiffres, on a la fâcheuse impression que la monarchie marocaine se sert plus qu’elle ne sert.

    Car 254 millions d’euros par an, ce n’est plus une rente, c’est un hold-up permanent si on prend en compte le fait que tous les collègues européens de Mohamed VI dirigent des États riches et développés.

    Mohamed VI possède un yacht, El Boughaz I, de 70 mètres. Au Maroc, il a la jouissance d’une trentaine de palais et de résidences dont les lourds frais de fonctionnement sont assumés par l’Etat en ces temps de misère. Et en France, outre le célèbre château de Betz, dans l’Oise, le souverain possède l’hôtel de Broglie, rue de Varennes, l’une des plus belles et des plus grandes résidences de Paris.

    Et la famille n’est pas loin. « Lalla Latifa, la mère de Mohammed VI se repose dans un hôtel particulier à Neuilly, boulevard Maurice Barrès », commente Point de vue qui affirme que les sœurs du roi habitent, avenue Foch, à Paris, mais pas très loin de leur mère.

    Un vrai contre de fée, certes, sauf que le Maroc n’a plus vocation à continuer d’entretenir autant de besoins colossaux et gargantuesques.

    Et puis enfin, si effectivement le souverain a cédé une partie de ses prérogatives à son chef de gouvernement, la logique ne voudrait pas qu’il lui cède également une partie de l’argent perçu ?

    Une chose est sûre, avec ce dossier sur les fortunes arabes, au beau milieu des révolutions arabes, c’est pas demain la veille que le directeur de Point de vue sera invité à notre fête du trône.

    Source : Solidarité Maroc, février 2012

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, fortune,

  • Maroc : Les américains n’aiment pas le couscous ni le thé à la menthe

    Les américains mettent de la menthe au tabou

    Si Mohamed VI et son Majzén pensaient que, contrairement à certains journalistes espagnols et français, l’ambassade des États-Unis à Rabat et son consulat à Casablanca avaient envoyé à Washington des reportages sur la beauté naturelle et historique du royaume, la variété des couleurs et les odeurs de ses marchés, les délices du couscous et du thé à la menthe, l’humour et l’hospitalité de ses habitants, le luxe et le confort de ses grands hôtels, son engagement sans faille à la combinaison de la tradition et de la modernité, si c’est ce qu’ils pensaient, ils auront connu une déception monumentale en lisant les textes datés de 2008 et 2009 obtenus par Wikileaks et publiés par EL PAÍS et quatre autres journaux internationaux.

    Il s’avère que l’ambassade et le consulat d’un pays aussi ami, d’un protecteur aussi indispensable, d’un pouvoir si amoureux de l’ordre, d’un promoteur aussi vigoureux des affaires, ont été envoyés à la ville de Potomac, faisant état de corruption, de bureaucratie et d’inefficacité. Tout comme ces fichus journalistes. En fait, ces deux câbles ressemblaient à des chroniques journalistiques qui essayaient même d’imiter leur style et comprenaient des titres tels que Tous les hommes du roi (All the King’s Men) et Un conte de proportions royales (A tale of royal proportions).

    Car oui, et c’est cela qui fait mal, les diplomates américains au Maroc ont parlé dans leurs câbles du tabou: le roi en personne. Ils ont osé dire, et avec des exemples concrets, que le monarque et son peuple avaient une « honteuse gourmandise » – oui, tels étaient ses mots – lorsqu’il s’agissait de prendre des commissions pour des projets immobiliers dans le royaume. Non, les diplomates yankees ne se sont pas livrés à des discours ds guides et des vendeurs de tapis des souks. Ils ne se sont pas bornés à racompter des choses aussi connues que le trafic de haschisch double même les revenus du tourisme. Même pas pour signaler le méfait de cet officier de la police qui était dédié à importer des motos BMW alors qu’il savait que ce sont ceux-là qui allaient équiper les forces de sécurité. Sans oublier que pour obtenir des permis de construire à Casablanca, il fallait donner un bon coup de pouce aux fonctionnaires plus ou moins haut. Les diplomates américains, ces gens qui avaient été invités tant de fois au couscous et au mechui, ont pointé leur doigt sur le roi et ses grands amis, Fouad Ali l’Himma et Mounir Majidi.

    En faisant preuve d’irrespect pour le plus sacré, l’Ambassadeur Riley a envoyé en août 2008 une dépêche à Washington décrivant l’état des Forces armées royales comme étant en voie de modernisation, bien sûr, mais accablé de corruption, oui encore l’inefficacité bureaucratique, le faible niveau d’éducation et le risque élevé de radicalisme.

    Les diplomates américains sont-ils devenus communistes? C’en a tout l’air, Majesté. Parce que, sinon, comment expliquer qu’en mai 2008, le consulat de Casablanca ait envoyé à Washington un câble dans lequel, après avoir reconnu le réveil urbain et économique de cette métropole, ajoutait l’observation selon laquelle il serait nécessaire que la prospérité soit  » partagés plus largement « au profit de « tous les segments de la société ».

    Le Palais royal, le gouvernement et la presse accro à ces révélations réagiront-ils avec la même sensibilité que les articles publiés dans certains journaux à Madrid et à Paris? Ou, déjà mis aux résolutions du Congrès espagnol. Affaire à suivre.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, palais, royal, wikileaks, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi,

  • Agustin Gomez Acosta (CGT-E) : « Le Maroc est émaillé de luttes réprimées violemment »

    Agustin Gomez Acosta, militant de la CGT espagnole, y anime la commission Maghreb. Petit tour d’horizon avec lui de l’actualité des résistances sociales et syndicales au Maroc.

    Alternative libertaire : Comment expliquer qu’au Maroc la mobilisation populaire n’ait jamais atteint le niveau de la Tunisie ou de l’Égypte ?

    Agustin : En premier lieu, la monarchie alaouite est le principal et plus fidèle allié des États-Unis, de la France et de l’Union européenne dans la zone. Bien que Moubarak et Ben Ali l’aient été aussi, dans le passé la Tunisie et surtout l’Égypte sont passés par des phases de nationalisme en conflit ouvert avec l’Occident, à l’époque de Nasser en particulier. Cette réalité a laissé dans la conscience collective du peuple de ces pays un important sentiment anti impérialiste. Le Maroc, au contraire, a toujours été un allié fidèle.

    En deuxième lieu, l’État marocain a cultivé l’ignorance, l’analphabétisme et la marginalisation de l’identité amazigh, pourtant majoritaire au sein de la population marocaine. Le niveau culturel des peuples égyptiens et tunisiens est à cet égard substantiellement supérieur.

    En troisième lieu, le Mouvement du 20 Février n’a pas eu la force suffisante de renverser la monarchie alaouite. Au Maroc, les revendications sociales étaient les mêmes qu’en Tunisie et en Égypte mais ne demandaient pas la chute de la monarchie.

    Pourquoi ?

    Agustin : L’État marocain comporte des caractéristiques particulières qui permettent au pouvoir des marges de manœuvres plus importantes. Sa base de soutien, à la différence des dictatures de Ben Ali et Moubarak, n’est pas seulement le fait d’un État moderne centralisé à outrance avec ses institutions répressives (police, justice, armée, bureaucratie). Le régime marocain repose sur la permanence des coutumes héritées du sultanat, de ses relations féodales et de vassalisation.

    Ces pratiques pénètrent toute la société à travers un réseau large de « petits roitelets » aux ordres du monarque. C’est ce concept de fidélité aveugle et inébranlable que l’on nomme le Makhzen. Au Maroc, il existe officiellement de nombreux partis, syndicats, associations. Des élections ont lieu régulièrement. Toute une démocratie de façade, selon les critères occidentaux, prévaut. En même temps, le Makhzen, système hybride entre l’État moderne, hérité du colonialisme, et le sultanat, basé sur un pouvoir théocratique et la vassalité, est un pouvoir absolu avec un roi au dessus des lois et de toute constitution. Mohamed VI est le prince des croyants et son pouvoir ne peut être remis en cause.

    Ces facteurs expliquent que la réponse du roi face au Mouvement du 20 Février ait été la répression. Dans le même temps, en promulguant une réforme constitutionnelle, le roi s’est assuré l’image d’un monarque éclairé, à l’écoute des revendications du peuple. Par l’entremise de cette nouvelle constitution plus « libérale » (du moins en apparence), il a réussi à diviser l’opposition et à gagner à sa cause nombre de partis de « gauche ». Un exemple : à la tête du récent Conseil national des droits de l’homme a été nommé un ancien prisonnier politique d’Hassan II et des « années de plomb ». Le message est en tout cas très clair : les espaces démocratiques au Maroc sont ceux que le roi tolère. Un autre exemple symptomatique de cet état de fait : au Maroc, tu peux assister à une répression violente dans les manifestations, comme ce fut le cas cet été, à l’occasion de la libération du pédophile espagnol Diego Galan. Quelques jours après, le roi ayant reconnu qu’il s’agissait là d’un erreur (évidemment pas la sienne mais celle d’un de ses sujets, en l’occurrence le ministre de la Justice), les manifestations sur le même thème ont été soudainement encouragées.

    Pour résumer, il est clair que rien ne bouge au Maroc sans l’assentiment royal. Le Makhzen n’est pas remis en cause par la collaboration active de la grande majorité des partis, syndicats, associations, mais aussi caciques, indics de la police dans les quartiers. Un réseau qui est présent à travers tout le pays dans l’unique et seul but de servir le roi.

    En dépit de cette réalité, personne ne peut bâillonner les luttes du peuple. Luttes qui ont poussé Mohamed VI à faire voter, via un référendum, cette nouvelle constitution. Une constitution sans légitimité aucune, avec un taux d’abstention record de 70 %. Le Mouvement du 20 Février continue à agir dans la rue, à se mobiliser. La réponse invariable du Makhzen à son égard, intimidations, terreur et répression, mettent à nue sa vraie nature et son caractère dictatorial.

    Peux-tu nous dresser un panorama du mouvement social et syndical marocain ?

    Agustin : Tout d’abord, il faut avoir en tête que la plupart des luttes populaires au Maroc sont spontanées, auto-organisées et avant tout locales. Le Mouvement du 20 Février a constitué le plus important changement au sein de la situation politique marocaine depuis des décennies. Mobilisations de masse dans plus de cent villes, actions coordonnées et création de comités de soutien dans les quartiers. Le peuple marocain exprimait, malgré la répression, son désir de changement, de liberté, de dignité et de justice sociale. Bien que la répression ait fait un certain nombre de morts (par exemple à Safi ou à Ait Bouayach), le pouvoir a pris soin d’éviter un bain de sang. Le pouvoir a, par une nouvelle constitution, tenté de répondre politiquement à la colère. Il a aussi facilité l’accession au pouvoir des islamistes modérés du Parti pour la justice et la démocratie (PJD), pour désamorcer une des composantes du mouvement social marocain. Ces facteurs expliquent la perte de vitesse de ce Mouvement du 20 Février. Malgré tout, la lame de fond de cette mobilisation persiste. Et le 22 février prochain une journée d’action, sur tout le territoire, a été proposée.

    Au niveau des mouvements sociaux, l’ANDCM (Association nationale des diplômés chômeurs du Maroc) continue à résister et maintient au niveau local un militantisme actif. L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) poursuit, de son côté, son inlassable travail de dénonciation des violations continues des Droits de l’Homme et apporte son soutien aux luttes sociales et populaires.

    Au sein du mouvement ouvrier, la consolidation de secteurs anti bureaucratiques et combatifs au sein du syndicat majoritaire, l’UMT (Union marocaine du travail) a été réelle notamment dans l’enseignement, l’agriculture et l’administration publique. Les luttes de défense de la réforme agraire et contre la marginalisation de ce que l’on appelle le « Maroc oublié » (zones de l’Est du pays essentiellement) sont permanentes. Dans les universités aussi ont eu lieu des grèves mais les divisions au sein du mouvement estudiantin, du fait du sectarisme de certains secteurs, a fait que cela a manqué de coordination.

    La résistance amazigh (berbère), très divisée et diverse, a perdu de son intensité, notamment du fait de la reconnaissance de son identité et de sa langue par la nouvelle constitution.

    En résumé, les luttes et résistances sont avant tout spontanées, dispersées. Cette réalité est due avant tout à la nature même des organisations syndicales, sociales et politiques caractérisées par son allégeance au régime alaouite et au fait qu’elles demeurent, majoritairement, autoritaires, bureaucratiques et corrompues.

    Peux-tu revenir, plus en détail, sur les luttes significatives de ces derniers mois ?

    Agustin : En dépit de la pesanteur des appareils syndicaux, ce qui est positif c’est que les luttes sociales et syndicales sont constantes. Elles se terminent ici, elles commencent ailleurs. Ces derniers mois, des révoltes ont eu lieu à Targuist, dans la province de Al Hoceïma ou encore à Demnate, Khenifra ou Taza. A Ouarzazate, les mineurs se sont mis en grève. En 2012, c’était le quartier populaire de Sidi Youssef Ben Ali de Marrakech qui se soulevait. Tout le territoire est émaillé de ces luttes réprimées violemment à chaque fois par le pouvoir.

    Le problème c’est que ces luttes manquent de coordination et ne s’étendent pas à cause des bureaucraties syndicales qui font tout pour freiner les mouvements. A Ouarzazate, par exemple, les instances de la CDT (Confédération démocratique du travail) sont intervenues directement dans le conflit pour paralyser la grève des mineurs et ont négocié avec les patrons en lieu et place de la CDT locale beaucoup trop offensive.

    Une autre lutte significative a été celle des habitants et habitantes d’Imider contre la pollution des nappes phréatiques par la Société métallurgique d’Imider (SMI), qui appartient à Managem (holding royale) et qui exploite une mine d’argent. Cette lutte, longue de plusieurs années, est exemplaire à plus d’un titre : fonctionnement assembléiste, solidarité active et implication des femmes.

    Un dernier exemple de lutte, celle menée par le secteur agricole de l’UMT qui a réussi ces derniers mois à imposer aux patrons des exploitations des droits nouveaux pour les ouvriers et ouvrières agricoles (revalorisations salariales, inscription à la sécurité sociale, respect des droits syndicaux).

    Dans ce Maroc en lutte, existe-il des organisations se réclamant du mouvement libertaire et de ses pratiques ?

    Agustin : Il n’existe pas à proprement dit d’organisation au niveau national. Par contre, ici et là, des libertaires font des choses. Il y a eu de nombreuses tentatives, par exemple, de mise sur pied des centres culturels libertaires. Dernièrement, à Casablanca et à Rabat ont été créés des collectifs libertaires qui agissent sur le terrain culturel et musical, et dans l’art en général. Un collectif « Guérilla Cinéma » fait des choses pertinentes. Plus généralement, ce qui est intéressant c’est qu’au sein de la jeunesse avancent les idées d’autonomie, d’auto-organisation, les réflexes de fonctionnement horizontal et de rejet des logiques de partis.

    Dans les zones berbères (dans le Rif en particulier), enfin, les pratiques de fédéralisme et d’assembléisme font partie intégrante de la tradition populaire. Des concepts comme parlementarisme, partis, syndicats, y sont perçus comme étrangers car hérités artificiellement du colonialisme.

    Propos recueillis par Jérémie Berthuin (AL Gard)

    Source : Alternative Libertaire, 3 déc 2013

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, répression, Mouvement 20 février, printemps arabe,

  • Maroc : Annahj Addimocrati : marxisme à la marocaine

    La voix radicale

    Abdellah El Harif, Secrétaire national d’Annahj Addimocrati depuis 2004.

    Extrême gauche. Le parti marxiste-léniniste Annahj Addimocrati s’apprête à rendre hommage aux martyrs qui ont marqué son histoire. Retour sur un courant politique qui a su faire entendre sa voix, malgré les intimidations des pouvoirs publics.

    «Aujourd’hui, le Maroc est victime d’une crise politique très grave, parce que le peuple n’est pas représenté», déplore Abdellah El Harrif, secrétaire national d’Annahj Addimocrati (la Voie Démocratique). Avec tous les membres de son parti, cet ancien militant de l’organisation marxiste Ilal Amam prépare activement «La journée des martyrs» qui aura lieu le 5 décembre prochain. «Nous avons beaucoup de mal à obtenir une salle afin de tenir ce meeting, les autorités nous mettent les bâtons dans les roues, se plaint El Harrif. Au pire des cas, la rencontre n’aura pas lieu dans une salle publique». Ce rendez-vous annuel aura pour thème central les martyrs d’Annahj et leur combat. Le cas de Abdelatif Zeroual sera tout particulièrement mis en avant. Ce dernier faisait partie des principaux dirigeants d’Ilal Amam. Arrêté et transféré à la prison de Derb Moulay Cherif en 1974, il a été torturé à mort. Jusqu’à présent, personne ne sait où se trouve son corps. Annahj compte une cinquantaine de sections éparpillées dans différentes villes du royaume. Mais «notre poids ne se mesure pas à notre nombre car nos militants sont très actifs», précise Mohamed Belatik, membre du secrétariat national du parti. Ce syndicaliste à la CDT (Confédération démocratique du travail) ajoute : «notre force, c’est que nos militants sont des hommes de terrain. Ils travaillent dans des organismes comme l’AMDH (Association marocaine des droits humains). Il y a beaucoup de fédérations que nous dirigeons». Ceci explique en partie que, lors des communales de 2009, Annahj avait fait entendre ses opinions politiques alors qu’il avait pourtant boycotté les élections.

    Les islamistes et eux

    A l’époque, ce parti de la gauche radicale s’était vu interdire l’accès à la télévision et aux médias officiels et avait distribué des tracts à tout va. «Cette année, nous avons fait une campagne plus active que les années précédentes. Nous avons appelé à des sit in qui se sont déroulés en même temps dans les différentes régions du pays», explique El Harrif. «Au début, les gens ne voulaient pas de tracts, ils pensaient que nous voulions les inciter à voter, mais lorsqu’on leur expliquait qu’on boycottait les élections, ils étaient très intéressés», poursuit celui qui est à la tête du parti depuis 2004 et en est à son deuxième mandat. Seuls les islamistes d’Al Adl Wal Ihssane (Justice et spiritualité) ont également boycotté les dernières élections. Mais ils n’ont entrepris aucune action pour faire entendre leur voix. «Nos idéaux sont radicalement opposés, mais Annahj a le mérite d’avoir maintenu ses idées, c’est pourquoi ils ont boycotté les élections», nous déclare Fathallah Arsalane, porte-parole d’Al Adl Wal Ihssane. Pour El Harrif, il n’y a pas suffisamment de forces capables de faire converger le champ politique vers un changement. «Al Adl Wal Ihssane a une idéologie bourgeoise qui n’est pas anti-capitaliste et où l’islam n’est qu’une couverture». Il pense donc qu’Al Adl Wal Ihssane ne représente pas les vrais intérêts des marginalisés. «C’est leur point de vue. Ils ne nous enlèveront pas que notre premier principe est l’équité», rétorque Arsalane. Pour résumer la situation, le militant Mohamed Belatik indique que les islamistes et les partis en général ne se soucient pas du problème de la lutte des classes qui est «le véritable enjeu de la démocratie, ce n’est pas eux la contradiction principale : au niveau politique, c’est le régime, au niveau économique, c’est le capitalisme.»

    A cause de leurs idées qui contrecarrent le régime, les membres d’Annahj sont de moins en moins tolérés. Plusieurs militants avaient été arrêtés puis relâchés, le 4 avril dernier lors d’un sit-in de protestation contre les grandes puissances capitalistes. Lors des élections, des membres du parti ont également été intimidés. «Nous ne sommes pas d’accord avec leur position aux élections. Le boycott n’est pas un choix politique envisageable dans la durée, c’est mauvais pour le pays», pense Sâadeddine El Othmani, président du Conseil national du PJD (Parti de la justice et du développement). Pour l’ancien secrétaire général, «un parti politique ne peut pas avoir une crédibilité en dehors des élections, même si elles sont biaisées.» Tout comme Al Adl Wal Ihssane, les doctrines du PJD et d’Annahj sont fondamentalement différentes. Toutefois, «la différence est un droit. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec eux», tempère El Othmani. Et pour cause, contrairement à des partis de l’Administration comme le PAM (Parti authenticité et modernité), Annahj n’a jamais eu pour but ultime d’éliminer les islamistes. Mais quels rapports entretient cette alliance marxiste-léniniste avec les principaux partis marocains ?

    Divergences gauchistes

    «Nous avons des rapports avec la gauche. Mais qu’est-ce que la gauche ?», se demande El Harrif, qui considère que «l’USFP (Union socialiste des forces populaires) et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) ne font plus partie de la gauche. Ils sont allés très loin dans le sens de devenir des partis liés à l’Administration comme le parti de l’Istiqlal.» Contacté par Le Journal Hebdomadaire, Ismaïl Alaoui, secrétaire général du PPS, assimile ces propos à des «insultes». Il réplique : «Ils ne font pas partie de la gauche, nous ne sommes la marionnette de personne, nous sommes un parti qui opère en toute objectivité et en toute indépendance. Leurs déclarations ne nous empêcheront pas de dormir». Ismaïl Alaoui rappelle qu’Annahj est un parti issu d’anciens du PPS qui avaient quitté le parti au moment de la grande crise du gauchisme au Maroc. «Il y a certainement eu un renouvellement de génération et ce sont des militants que je ne connais pas.» Et d’approfondir : «Ce sont des gauchistes déclarés, ils ont des attitudes extrémistes. Ils considèrent que le Maroc reste un pays de dictature et que tout ce qui se fait ne vaut pas la peine d’être fait. C’est un point de vue que nous respectons, mais auquel nous n’adhérons absolument pas.» L’ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement Youssoufi, ajoute tout de même qu’Annahj a sa place sur la scène politique car tous les partis ont droit à la parole. «Nous estimons que nous sommes des démocrates convaincus et nous essayons d’être des démocrates conséquents.»

    Hassan Tariq, membre du bureau politique de l’USFP, ne «peut pas imaginer une carte politique sans Annahj. Il existe une gauche de la gauche dans le monte entier, elle est très intéressante et aide à redéfinir la mouvance sociale démocrate», soutient, visiblement très convaincu, cet ancien secrétaire général de la Chabiba Ittihadia. Il affirme qu’en tant que socialiste et social démocrate «je n’ai définitivement pas de problème avec l’existence d’une gauche de la gauche aux discours de principes de valeurs humaines très importants.» De son côté, El Harrif estime qu’«il n’est pas exclu qu’il y ait des militants honnêtes au sein de l’USFP. Nous ne sommes pas sectaires dans la lutte. C’est le parti lui-même qui nous pose problème puisqu’il est très makhzénien.»

    Sans pour autant condamner Annahj, les principaux partis n’entretiennent aucune relation avec lui. Mais en quoi ses positions virulentes turlupinent-elles les grands partis ? En liberté depuis 1992 après avoir passé dix-sept ans derrière les barreaux, que pense El Harrif du système monarchique en place ? «Je me bats pour un régime démocratique. Je pense que le régime actuel n’est pas démocratique», se contente de répondre l’intéressé. Concernant l’épineuse question du Sahara, les positions d’Annahj n’ont pas bougé d’un iota : «La question du Sahara est importante. Mais elle détourne le peuple des vrais problèmes du Maroc, avance Mohamed Belatik, ce qui intéresse le peuple, c’est sa situation sociale, son pouvoir d’achat et l’Enseignement». Pour conclure, El Harrif préfère citer ses mentors : «Lénine disait que toutes les nations opprimées par l’empire tsariste avaient le droit à l’auto-dermination. C’est exactement notre position.»

    Hicham Bennani

    Le Journal Hebdomadaire, novembre 2009

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, gauche, Annahj Addimocrati, La Voie Démocratique,

  • Maroc : 40 militants du mouvement rifain, y compris les principaux dirigeants, sont toujours incarcérés

    Quarante militants du mouvement rifain Hirak, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après « la troisième grâce accordée aux Rifains », selon l’agence espagnole EFE qui dit avoir l’information de sources des familles des détenus.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par des parents des prisonniers rifains, ont confirmé à EFE qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les graciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politique.

    Ainsi, les Rifains graciés hier (5 juin) soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de célébration qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Al Hoceima, où des cris de « Vive le Rif » ou de « Plutôt la mort que l’humiliation » ont été entendus, observe EFE.

    Le vice-président de Tafra, Bubker Yauhari, a expliqué à EFE qu’il n’y avait pas eu une demande de grâce de la part des libérés ou une mesure de grâce de la part du roi, une demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Et quant aux leaders de la contestation du Rif, il n’y a pas eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Nasser Zefzafi, ainsi que Nabil Ahamjik ou Mohamed Jellul, note l’agence espagnole.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rangée, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Al Hoceima, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcement du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à briser les dirigeants du Hirak: Zefzafi s’est cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict rendu en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison, atteignant -certains d’entre eux- ( Mohamed Al Asrihi et Rabie Al Ablaq) un état critique, témoigne la même agence.

    Source : Courrier du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Makhzen, Mohammed VI, répression,

  • La monarchie marocaine et sa conception de la constitution

    Hassan Zouaoui

    Depuis les premières années de l’indépendance, la question constitutionnelle pèse sur le rapport entre la monarchie et les partis du mouvement national. L’ensemble des crises politico-institutionnelles se ramènent pour l’essentiel à la problématique générale du pouvoir constituant du Roi, c’est-à-dire à sa conquête, à son exercice et à son aboutissement. En témoigne l’élaboration de toutes les constitutions marocaines.

    La fabrication royale de la constitution a permis au Roi, en sa qualité de Commandeur des croyants, de disposer de pouvoirs qui font de lui le centre de toute décision politique. La pratique politico-institutionnelle du Roi Hassan II a érigé la commanderie des croyants en institution stratégique dont la fonction principale est de conforter le monarque dans sa position de maître du jeu politico-institutionnel. Il en résulte que le Roi demeure l’auteur de la constitution qui met en action, préserve et consacre son pouvoir suprême. C’est pourquoi il est inconcevable de penser que la constitution est susceptible d’inhiber sa liberté et son action politiques, alors qu’elle est faite « par et pour lui ».

    On retrouve, dans la révision constitutionnelle approuvée par référendum du 13 septembre 1996, les constantes précédemment observées : la fabrication royale de la constitution et l’absence d’assemblée constituante ou d’organe constituant non contrôlé par le Roi. Le contenu de cette réforme ne touche en rien à l’article 19. Sur le plan strictement juridique, cet article 19 de la constitution marocaine a une fonction de localisation du Pouvoir. Il détache le roi par rapport aux autres organes de l’Etat en l’isolant pour bien montrer qu’il est le lieu géométrique du ‘’Pouvoir agissant ».

    Tout comme Hassan II, le Roi Mohamed VI insiste sur la croyance en une fonctionnalité de la commanderie des croyants, c’est-à-dire en l’existence de son utilité politique, de sa raison d’être et de son rôle légitime d’institution. Dans un entretien accordé à la presse étrangère, publié par Le Figaro du 4 septembre 2001, le nouveau monarque Mohamed VI a bien défini le cadre institutionnel de son action politique : « Les Marocains veulent une monarchie forte, démocratique et exécutive. Notre monarchie est constitutionnelle avec un texte fondamental datant de 1962 qui avait été élaboré en étroite concertation avec les formations politiques de l’époque. Mais chez nous, le roi ne se contente pas de régner… ». On ne s’étonne donc pas dans ces conditions de constater que le fond reste le même, le rôle du roi
    « Amir Al Mouminine et représentant suprême de la Nation » étant immuable.

    L’analyse de ce discours du nouveau monarque révèle une volonté manifeste de ne pas se démarquer d’un schéma institutionnel qui semble visiblement promouvoir une conception des valeurs traditionnelles et ancestrales d’exercice du pouvoir monarchique. C’est ainsi que la monarchie agissante, qui fait désormais partie de l’identité politique marocaine, a pour fondement l’article 19. Cet article qui donne au Commandeur des croyants un pouvoir général d’action et d’interprétation s’impose à tous parce qu’il est de nature supérieure et sacrée. Le modèle de la monarchie exécutive voulue par le nouveau règne présente en effet une certaine continuité avec la base constitutionnelle. Celle-ci se rapporte ici aux diverses sources de l’autorité -religion, tradition, charisme- et aux finalités politiques poursuivies par l’institution royale.

    L’analyse du régime politique marocain reste marquée par le poids historique et institutionnel de la Commanderie des croyants. Sa prépondérance a des conséquences directes sur toutes les institutions constitutionnelles. D’où il serait difficile de reconnaître à ce régime son caractère parlementaire. Parce que les réformes constitutionnelles de 1992 et de 1996, bien qu’elles modifient le mode de désignation du gouvernement qui a favorisé une « symbiose » entre le gouvernement et la majorité au parlement, n’ont pas permis au Premier ministre de devenir « l’homme fort » du régime politique marocain. La structure constitutionnelle aussi bien que la pratique politique du gouvernement conservent la marque de cette intention dans la mesure où la véritable clef de voûte de l’édifice est le Roi, le premier ministre en étant plutôt « la flèche ».

    Dans sa version marocaine, le présidentialisme favorise le principe selon lequel le Roi en sa qualité d’Amir Al-Mouminine « empoche tout » et n’associe pas toujours le Premier ministre au processus de décision politique. C’est le Roi -Commandeur des croyants qui s’est largement approprié les fonctions gouvernementales. Ainsi, cette analyse nous permet de dégager une « conception marocaine » de la monarchie constitutionnelle qui ne présente aucun rapport avec l’expression de « monarchie constitutionnelle » en droit constitutionnel classique. Selon cette expression, il s’agit d’un type de régime dans lequel le monarque règne mais ne gouverne pas. Le cas marocain reste spécifique du fait qu’Imarat Al Mouminine ne favorise pas une « parlementarisation » de la monarchie. Cette perspective est d’autant plus claire qu’il est hors de question de mettre en équation ce particularisme du pouvoir monarchique : un roi fort aux antipodes de la représentation à l’espagnole.

    De ce point de vue, la question principale est celle de l’impact de la Constitution sur la formation du régime politique marocain. Force est de rappeler que la spécificité du système constitutionnel marocain viendrait du fait qu’on y trouve au niveau supérieur, un droit public musulman plus efficace et au niveau inférieur un droit constitutionnel d’inspiration occidentale, perturbé dans son existence, voit son domaine d’application toujours aussi réduit. Il en découle que la construction de la valeur constitutionnelle marocaine en particulier se trouve intimement associée elle-même à la mise en valeur constitutionnelle du droit public musulman qui va servir de critère à la constitutionnalité. C’est à partir de ce critère que sera jugée la légitimité ou l’illégitimité. Les normes de ce droit public musulman, qui disposent d’une force juridique supérieure, constitueraient les fondements essentiels de l’autorité monarchique. Elles contribueraient en effet à légitimer le pouvoir royal.

    L’institution monarchique est ainsi perçue comme détentrice d’une réalité propre où la suprématie et la domination royale se fondent principalement sur le dispositif religieux, par lequel le Roi se voit réserver le droit de gouverner en vertu des qualités qui lui sont reconnues. Ce fait explique pourquoi le cadre constitutionnel marocain, depuis l’élaboration de la première constitution en 1962, n’est pas laissé au hasard tant que les règles de la constitution implicite sont érigées en repères le balisant. Dans cette perspective, l’article 19 a pour effet de réaffirmer les attributs fondamentaux de la royauté, qui font de son titulaire (le monarque) le support d’une légitimité religieuse.

    En raison de la prédominance du sacré, la séparation du religieux et du politique n’existait pas. Au contraire, le sacré et le politique avaient la même finalité : assurer l’un et l’autre le maintien de l’ordre institutionnel établi. Or, l’articulation entre le mécanisme religieux et le mécanisme constitutionnel, et leur rôle dans le maintien de la domination monarchique, signifient que la religion comme la politique ne meurent pas de la constitution. Elle impose souvent une logique qui sert le contrôle politique et institutionnel exercé par la monarchie. Elle repose sur la prise en compte d’une raison divine sans laquelle, il est impossible de comprendre la justification qui fait de la monarchie marocaine une monarchie gouvernante.

    En somme, la fonction politique de la constitution implicite, continue à alimenter le débat politique au Maroc. Après l’annonce de réformes institutionnelles par le discours royal du 9 mars 2011, la démocratisation du régime politique est d’actualité. La place de la commanderie des croyants dans la constitution suscite une large partie de discussion. De sorte qu’on ne peut pas penser la démocratisation sans mettre en question l’hégémonisme politique de cette institution. Deux questions se posent donc : Quel type de monarchie va-t-elle accoucher de la prochaine réforme institutionnelle ? Est-elle capable d’engager le Maroc dans une transition démocratique ?

    On entend par constitution implicite, une série de prescriptions qui ne figurent pas explicitement dans le texte constitutionnel mais qui s’imposent néanmoins aux acteurs institutionnels en tant que règles à respecter.
    Docteur en sciences politiques

    Source : Lakome, 1er juin 2011

    Tags : Maroc, Makhzen, Constitution, Printemps Arabe, 

  • Au Maroc, le changement est difficile : la preuve par la TVM

    Après une constitution, finalement mi-figue mi-raisin, apportant beaucoup d’améliorations par rapport à sa précédente et capitalisant sur les acquis, beaucoup de marocains, enfin ceux que je connais peut être, s’attendait à ce que les choses changent.

    Les prémices d’une amertume, le conservatisme a la peau dure, ont déjà commencé lors de la campagne pour ladite constitution : des moussems (comprenez carnaval de mauvais goût), des hayaha (comprenez des gens payés pour faire de la « festivité politique »), des non-débats … ont envahi la scène nationale.

    A-t-on vraiment besoin de cela au 21ème siècle et surtout à un tournant historique où le pays s’accrochait, tant bien que mal, à dépasser les turpitudes et les mésaventures du « printemps » arabe et de passer, avec beaucoup de prudence ( J ) à une démocratie telle qu’universellement reconnue ( j’adore l’expression ) ?

    Au moment où plus de 99% des « forces » politiques ont approuvé le projet de constitution et le reste a tout bêtement boycotté le référendum, pourquoi tout ce folklore ? Il y a certainement des « poches de résistance » qui ont vu que leur « rôle » dans la nouvelle société allait être marginal, alors ont-ils eu l’immense intelligence à faire croire « à qui de droit » qu’ils sont indispensables ? Peu importe, il faut que nos « progressistes » s’essaient de comprendre, car si le là a été donné en cette période, les prémices ne sont pas de bonne augure ! Ne parlons pas de la cérémonie d’allégeance ou de la première séance des « dourouss hassanya » (causeries religieuse de Ramadan) où le ministre des habouss et des affaires islamiques tentait de faire le parallèle entre la démocratie et la bay’a ( allégeance ) !

    Pas plus loin que ce soir, en famille, je m’essaie de regarder notre auguste première chaine de télévision « al oula » (traduisez la première), baromètre de l’Etat et son « porte parole audiovisuel ». Voici les premières impressions du journal télévisé principal de ce jour:

    42 minute pour un journal télé est vachement beaucoup !

    Le Roi est toujours à la UNE des journaux télévision avec la même voix sordide qui accompagne en commentaire : « des actions qui dépassent l’égo pour aboutir à une bienfaisance collective multiservices suivant une approche collective apportant le bien-être … bla bla » (vous imaginez cette dissertation dans un journal télé au 21ème siècle !).

    Le Roi inaugure (et on nous montre les détails même de sa tournée avec les enfants) un espace pour enfants handicapés mentaux à Yaacoub El Mansour à Rabat ( bien sur avec tous les détails sur la superficie, le nombre de tables, de chaises, les financements, … )

    Le Roi inaugure un centre d’insertion socio-économique se basant sur le principe de la solidarité collective pour créer des activités lucratives … bla bla, toujours à Yaacoub Elmansour (toujours avec les mêmes détails « techniques » et non « techniques »).

    Après les images d’inauguration, un grand responsable de la fondation Med V (d’ailleurs, est-elle un établissement gouvernemental ou ONG ou quoi au juste ? #justeunequestion) pour la solidarité vient expliquer bien entendu, puis la voix magique revient pour donner des « explications complémentaires » en montrant des intervenants dans le projet.

    12 congressmen ont adressé une lettre au Roi que les réformes sociales et économiques sont importantes et apportent leur soutien au réformes lancées par le Roi.

    16mn30 pour les activités royales !

    Au même moment, Niny est toujours en prison, jugé par le code pénal, d’autres journalistes sont poursuivis pour « diffusion de fausses informations » concernant la relation du PAM et certains gouverneurs/Walis.

    Qu’est ce qui a changé depuis la promulgation de la constitution ? Finalement, il faut que le changement passe par les têtes de certains !

    Source : Des maux à dire

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, presse, RTVM,