Étiquette : Maroc

  • Maroc leaks révèle comment la banque « attijariwafa » blanchit l’argent de la drogue et finance le terrorisme

    Les sous et les dessous du Makhzen commencent décidément à monter en surface et à être balancés sur la place publique.

    Le site MarocLeaks vient de révéler un nouveau scandale suite à la découverte par la police marseillaise, dans le sud-est de la France, d’un vaste réseau de blanchiment de la drogue produite au Maroc et vendue à travers le monde

    Et c’est Attijariwafa Bank, connue pour être la banque du roi Mohamed VI qui est prise en flagrant délit de dissimulation des fonds engrangés par le trafic de cannabis.

    De fait, l’implication «personnelle» du monarque dans ces «activités criminelles», est clairement établie selon MarocLeaks.

    Tout a commencé quand, en juin 2015, des douaniers français découvrent dans une bourgade du Vaucluse, la somme rondelette de 300 000 euros en espèces à l’intérieur d’un véhicule

    L’affaire est confiée à des enquêteurs de Marseille, membres d’une section spécialisée dans la délinquance financière.

    En coopération avec leurs confrères de plusieurs pays d’Europe, un travail de fourmi permet de remonter la filière aux ramifications importantes et dont le quartier général se situerait au «sommet de l’Etat marocain».

    On y apprend ainsi, de la bouche de Xavier Tarabeux, qui représente le ministère public, cité par l’AFP, qu’une somme faramineuse de 400 millions d’euros a été blanchie durant ces quatre dernières années (2005-2019) et qu’une partie aurait transité par la France où Attijariwafa Bank possède plusieurs agences

    Bien qu’une bonne partie de la presse française, copieusement arrosée par le makhzen ait évoqué une «Hawala (système traditionnel de paiement informel dans la culture arabe), les experts du domaine, eux, pointent la banque marocaine Attijariwafa Bank qui couvre un important flux financier, notamment en Afrique de l’Ouest qu’elle inonde de sa résine de cannabis.

    MarocLeaks précise en effet que les brigades anti terroristes ont repéré, dès l’année 2012, les «mécanismes frauduleux du financement de groupes terroristes proches du Makhzen tel le Mujao dont les mercenaires ont tenté d’infiltrer les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf en même temps qu’ils ont investi le nord du Mali avant de disparaître dans la nature»…En clair, la responsabilité du Makhzen dans le blanchiment de l’argent de la drogue et, pire encore, du financement des groupes armés terroristes pour travailler son agenda diplomatique (dans le dossier du Sahara occidental) n’est plus une simple vue de l’esprit

    Mais MarocLeaks s’attend à ce que le Makhzen sorte son chéquier pour offrir de gros sous pour s’acheter des responsables européens chargés de l’enquête, en les dissuadant de révéler les dessous de cette dangereuse affaire d’Etat

    Ceci, au moment où un coup de filet est lancé en France, en Belgique et aux Pays-Bas, où des dizaines de personnes liés aux narcotrafiquants sont arrêtés

    Tags : Maroc, Marocleaks, Attijari wafabank, Hawala, blanchiment,

  • Lobby marocain en France : « Maroc Leaks » lève le voile

    Le site Maroc Leaks, spécialisé dans le décryptage de l’actualité politique et économique du royaume du Maroc, vient de rendre publique une liste exhaustive de députés français à la solde de Rabat.

    Au nombre de 120, ces élus sont membres du Groupe d’amitié France-Maroc au sein de l’Assemblée nationale et sont pour la plupart, comme on peut le constater, issus du parti du président Macron, Les Républicains en Marche, majoritaire au Parlement, suivi du parti de droite, La République, avec 24 députés. On y trouve plusieurs députés d’origine marocaine, comme Mustapha Laabid, Nadia Hai ou Saïd Ahamada, d’anciens militants socialistes, comme Jacques Maire, et des hommes d’affaires à l’image d’Olivier Dassault.

    Cette présence massive de lobbyistes français pro-marocains au sein de ce parti de création récente illustre l’ampleur de la compromission d’une large partie de la classe politique française avec un régime corrompu et corrupteur. Elle confirme aussi l’entrée en masse des militants du Parti socialiste (PS) dans le parti du Président, après la débâcle de ce dernier à la dernière élection présidentielle. Les socialistes français étaient réputés très engagés dans le lobbying pro-marocain. Les anciens ministres de la Culture, Fréderic Mitterrand et Jack Lang, étaient les figures les plus connues.

    À la tête de l’Institut du monde arabe (IMA) depuis 2012, ce dernier continue à servir le royaume du Maroc avec un zèle qui a fini par le discréditer. Avec des discours à l’emporte-pièce louant «les avancées démocratiques» du royaume alaouite et énumérant les raisons d’«une alliance stratégique» avec le Maroc, les politiques français achètent en réalité le silence des autorités marocaines sur les multiples scandales (pédophilie, homosexualité…) dont ils ont tous été un jour coupables dans les hôtels et autres riyadhs du royaume.

    Et c’est naturellement que les services de renseignements marocains, qui détiendraient des preuves compromettantes pour avoir filmé leurs séjours fastueux, les tiennent en chantage et leur imposent ainsi de promouvoir systématiquement l’image et les intérêts du Maroc dans l’Hexagone.

    Nous reviendrons plus en détail sur les articulations de ce lobby dévoilé dans les moindres détails par le journaliste marocain Omar Brousky, dans son livre La République de sa majesté. Jusqu’à la révélation sur la mise au point du plan mort-né « d’autonomie » élaboré dans le moindre détail dans le bureau du Mae français Dominique de Villepin à la demande de l’ex- président Chirac. Deux soutiens inconditionnels du Maroc. En retour le Makhzen les traitait royalement.

    M.B.

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    Tags : Maroc, Makhzen, lobby, France, Assemblée Nationale,

  • Ephéméride/Maroc : Il y a 5 ans, Lalla Salma rentrait d’une visite en Côte d’Ivoire

    Il y a 5 ans, le 16 mars 2014 plus précisément, la princesse Lalla Salma rentrait au Maroc après un séjour de deux jours à Abidjan en qualité d’Invitée d’honneur du gala de bienfaisance organisée par la Fondation Children of Africa, dont la présidente est Mme Dominique Ouattara, l’épouse du président ivoirien.

    A cette occasion, la Princesse Lalla Salma, épouse du Roi Mohammed VI du Maroc et Présidente de la Fondation Lalla Salma pour la Prévention et Traitement des cancers, a pris le soin d’équiper le Service d’Oncologie ivoirien en matériel médical comme elle entreprendra des démarches auprès des professionnels pharmaceutiques marocains afin d’établir des conventions avec le ministère ivoirien de la Santé et de lutte contre le sida, permettant de bénéficier de tarifs préférentiels sur les médicaments.

    Aujourd’hui, les citoyens marocains se posent des questions sur le sort de leur princesse favorite disparue de la scène publique depuis plus de 2 ans. En effet, depuis décembre 2017, celle qui est désormais connue comme la « princesse fantôme » n’a plus été vue publiquement.

    Quelques semaines après sa disparition, elle a été la cible d’une virulente attaque de la part d’un blog proche du pouvoir qui l’a qualifiée de : « Arrogante », « dédaigneuse et méprisante », « colérique et agressif », ou bien « teintée d’un ego démesuré et d’un souci disproportionné pour l’apparence et l’image ».

    L’éclatement du conflit de l’Emir d’Abou Dhabi avec son épouse, la princesse Haya, sœur du roi de Jordanie, a poussé les autorités marocaines à simuler un voyage en Grèce de Lalla Salma avec son fils Moulay Hassan. L’absence de photos caractérisera toutes les prétendues apparitions de Salma Bennani, de son nom de jeune fille.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, Fondation Lalla Salma-Prévention traitement cancers,

  • Le Brexit GB risque de copier les erreurs de l’UE sur le Sahara

    Le gouvernement britannique est sur le point de conclure un nouvel accord commercial avec le Maroc, qui inclut le territoire du Sahara Occidental, sans tenir compte des récentes décisions de justice de l’UE et du Royaume-Uni, ni du peuple des terres occupées.

    Le gouvernement britannique pourrait bientôt finir par ignorer à la fois sa cour et la Cour de justice européenne, en mettant en œuvre un nouvel accord commercial au Sahara Occidental. Ils le feraient en copiant l’approche de l’UE sur le sujet et en ignorant le résultat d’une longue bataille juridique devant les tribunaux britanniques et européens. Les groupes de la société civile britannique sont préoccupés.

    Le résultat d’un tel processus serait contraire à la clarté géographique dont le Royaume-Uni a fait preuve dans son accord commercial similaire avec Israël.

    En mars 2015, la Campagne Sahara Occidental au Royaume-Uni (WSCUK) a entamé une procédure judiciaire contre le gouvernement britannique, faisant valoir que le Revenue and Customs Service du Royaume-Uni (ou HMRC) agirait illégalement s’il accordait un traitement préférentiel aux produits importés au Royaume-Uni en provenance du Maroc mais venant en fait du Sahara Occidental. WSCUK avait pointé que les produits originaires du Sahara Occidental étaient importés au Royaume-Uni et traités comme marocains sous couvert de « l’accord d’association UE-Maroc ».

    En outre, l’organisation affirmait que le Département britannique de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (DEFRA) ne pouvait pas légalement accorder des quotas de pêche aux navires de pêche britanniques dans les eaux au large du Sahara Occidental.

    La Haute Cour de justice du Royaume-Uni a renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et, le 27 février 2018, la CJUE a jugé que la compétence territoriale marocaine ne s’étend pas au territoire du Sahara Occidental ou à la mer territoriale adjacente au Sahara Occidental. Cette décision a été confirmée par la Haute Cour du Royaume-Uni en avril 2019.

    Dans une affaire distincte intentée par le Front Polisario contre la Commission européenne, la Cour de justice de l’Union Européenne, dans son arrêt (affaire C-104/16 P) du 21 décembre 2016, a déterminé que l’accord 2012 UE-Maroc concernant les mesures de libéralisation réciproques sur les produits agricoles et les produits de la pêche ne fournissaient aucune base juridique pour inclure le Sahara Occidental dans son champ d’application territorial.

    Malgré les décisions de la cour, la Commission européenne a fait passer un nouvel accord commercial et de pêche avec le Maroc qui inclut exactement le Sahara Occidental. Elles n’a fait aucun effort pour obtenir le consentement du peuple du Sahara Occidental, mais ont mené ce qu’elle a appelé un « processus de consultation » avec les institutions marocaines dans le territoire occupé. Le mouvement de libération le Polisario conteste actuellement la décision de conclure l’accord devant la CJE.

    Le gouvernement britannique cherche de nos jours à « reconduire » l’accord d’association UE-Maroc dans la législation britannique.

    L’accord a donc été soumis à la Loi sur la réforme constitutionnelle et la gouvernance du Royaume-Uni (2016), qui exige que le gouvernement soumette l’accord au Parlement et est devenu loi le 11 février 2020.

    Bien qu’il n’y ait aucune garantie d’un débat parlementaire ou d’un vote au Parlement britannique, Barry Gardiner, le secrétaire d’État fictif au Commerce international, a interpelé le 23 janvier de cette année au ministre du Commerce international Conor Burns au sujet de l’accord. Dans sa question, M. Gardiner a déclaré : « Dans sa décision rendue en mars 2019, la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles a confirmé que le territoire du Sahara Occidental est séparé du Maroc en vertu du droit international. Elle a jugé que le gouvernement britannique agissait illégalement en ne faisant pas la distinction entre le territoire du Maroc et le territoire occupé du Sahara Occidental. Pourtant, l’accord commercial entre le Royaume-Uni et le Royaume du Maroc vise à s’appliquer au territoire du Sahara Occidental, malgré l’absence totale de consentement du peuple sahraoui. La secrétaire d’État peut elle en expliquer la raison ? Étant donné que le processus de ratification de l’accord en vertu de la Constitutional Reform and Governance Act 2010 est en cours, a-t-elle l’intention de tenir un débat pour discuter des raisons pour lesquelles le gouvernement procède à la ratification d’un traité qui la Haute Cour a jugé illégale ? « 

    Le ministre britannique du Commerce international, M. Burns, n’a pas répondu à la question. Il a dit que la question avait été soulevée avec le Maroc, cependant, il n’a pas mentionné ce qui avait été fait pour l’obtention de la permission du peuple du Sahara Occidental, qui est un territoire distinct du Maroc.

    Les groupes de la société civile britannique ont exhorté leurs parlementaires à n’accepter l’accord commercial que s’ils sont en mesure d’obtenir des garanties solides que le commerce au Sahara Occidental n’y participe qu’avec le plein consentement du peuple sahraoui, de sorte qu’il décide lui-même qui profite des ressources naturelles de leur territoire.

    Le manque de clarté contraste clairement avec l’accord commercial conclu entre le Royaume-Uni et Israël après le Brexit à partir de 2019. L’exposé des motifs de cet accord stipule :

    « En ce qui concerne Israël, les accords commerciaux UE-Israël s’appliquent à l’État d’Israël. La même position est intégrée dans l’accord commercial entre le Royaume-Uni et Israël (conformément aux articles 3 et 4). Le Royaume-Uni ne reconnaît pas les territoires palestiniens occupés, y compris les colonies, comme faisant partie de l’État d’Israël. Les territoires palestiniens occupés ne sont pas couverts par les accords commerciaux UE-Israël actuels, ni par l’accord Royaume-Uni-Israël.
    Les produits fabriqués dans les colonies israéliennes situées sur les territoires placés sous administration israélienne depuis juin 1967 ne peuvent bénéficier d’un traitement tarifaire préférentiel au titre des accords commerciaux UE-Israël. L’accord par lequel cela sera réalisé sera reproduit dans le cadre de l’accord entre le Royaume-Uni et Israël. « 

    L’accord commercial du Royaume-Uni avec le Maroc ne peut entrer en vigueur qu’à partir de janvier 2021. Jusque-là, une période de transition s’applique pendant laquelle le Royaume-Uni se conformera aux règles de l’UE sur le commerce et les affaires.

    WSRW, 8 mars 2020

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Roayume Uni, Brexit,

  • Au Maroc, l’étouffement des dernières voix dissidentes

    Une vague de répression s’abat depuis quelques mois sur des personnes qui, à l’intérieur du Maroc et de manière tout à fait assumée, critiquent sur les réseaux sociaux le roi Mohamed VI, dont la popularité s’étiole.

    Ils ne sont ni opposants ni journalistes engagés ni militants professionnels, mais pour la plupart des Marocains lambda : jeunes lycéens, chanteurs en herbe, petits commerçants ou encore chômeurs. Tous des jeunes, voire pour certains des adolescents. Leur point commun : ils ont exprimé, via YouTube, le désespoir de la jeunesse marocaine et le fossé qui ne cesse de se creuser entre riches et pauvres, ce qui est assez courant ; mais ils ont également critiqué le roi Mohamed VI et raillé ses discours « qui ne servent plus à rien et qui n’emballent plus », ce qui est inédit. Jusqu’à présent en effet, ceux qui s’en prenaient au roi étaient souvent des « MRE », des Marocains résidant à l’étranger s’exprimant à l’abri d’une loi qui punit de prison toute critique de la monarchie. Il s’agit donc d’un véritable point de basculement dans les formes de contestation politique.

    « Ma vie n’a pas de but »

    Tout a commencé le 29 octobre 2019 par une chanson postée sur YouTube. On y voit trois jeunes rappeurs dénoncer avec des mots crus la corruption, les inégalités sociales, tout en désignant ouvertement le roi Mohamed VI :

    Qui a broyé le pays et qui continue à chercher la richesse ? […] Qui nous a mis dans ce pétrin ? Vous avez violé notre dignité […]. Si on est 40 millions dans ce pays, 30 millions restent avec toi parce qu’ils y sont forcés […]. Ma vie n’a pas de but […]. Je suis celui qui t’a fait confiance et qui a été trahi […]. Je suis le Rifain qui rêve d’un Rif meilleur…

    À l’heure où ces lignes sont écrites, la chanson a recueilli près de 22 millions de vues sur YouTube (les Marocains qui ont voté lors des dernières législatives sont 13 millions seulement…). Ses auteurs ? Trois jeunes rappeurs issus des quartiers populaires de Casablanca surnommés L’Zaar, Weld Legriya et L’Gnawi (Gnawi, Simo Gnawi). Le titre de la chanson est un slogan très en vogue parmi la jeunesse contestataire : Aacha chaab (vive le peuple), une paraphrase subversive de « vive le roi ».

    La machine judiciaire se met aussitôt en branle. L’Gnawi, de son vrai nom Mohamed Mounir est arrêté puis condamné le 24 novembre 2019 à un an de prison ferme. L’accusation ne mentionne aucun motif politique : le rappeur est condamné pour « outrage à la police ».

    Quelques jours plus tard, c’est une véritable avalanche d’arrestations et de condamnations qui se déclenche contre de jeunes Marocains, pour la plupart inconnus.

    Le 15 décembre, un adolescent de 18 ans, Ayoub Mahfoud, écope de trois ans de prison ferme après avoir partagé la chanson Aacha chaab sur sa page Facebook. Cette fois l’accusation est ouvertement politique : le jeune lycéen est condamné pour « atteinte au roi ». Devant l’émoi que cette affaire suscite, le tribunal décide, le 16 janvier, de le remettre en liberté provisoire, mais les poursuites sont maintenues et son procès devrait avoir lieu fin mars.

    Le 26 décembre, Mohamed Sekkaki, surnommé « Moul Kaskita » (l’homme à la casquette), un chômeur de Settat, ville pauvre entre Casablanca et Marrakech est arrêté et accusé d’« outrage à corps constitués ». Le motif politique est là aussi occulté ; en réalité, il a posté une vidéo dans laquelle il se moque copieusement du roi :

    Ces discours que tu lis en tremblant ne nous emballent plus […]. Quand tu tombes malade, tu ne te soignes pas ici, dans ton pays, dans nos hôpitaux, tu vas à l’étranger pour te soigner. Tu dis ‘’mon cher peuple’’ alors que ton peuple souffre le martyre à cause des inégalités et des injustices…

    Il est condamné à quatre ans de prison ferme.

    Le 26 décembre, pour un tweet publié en avril 2019 [1] dans lequel il s’en est pris au juge qui a dirigé les procès du Hirak du Rif, le journaliste Omar Radi est incarcéré à la prison de Casablanca pour « outrage à magistrat ». Là aussi, devant la mobilisation de la société civile, le juge a décidé de le remettre en liberté provisoire le 31 décembre, tout en maintenant les poursuites.

    « On n’a jamais compris »

    Le 1er janvier, un adolescent de 17 ans, Hamza Asbaar, est condamné à quatre ans de prison après avoir posté sur YouTube sa chanson On a compris dans laquelle il attaque ouvertement le roi et ses discours « qu’on n’a jamais compris », chante-t-il :

    On n’arrête pas d’écouter ses discours, qu’on n’a jamais compris […]. La Constitution est taillée sur mesure pour lui […]. Tu as compris, on a compris…

    Le 16 janvier, le tribunal de Lâayoun, au Sahara occidental, a réduit sa peine de quatre ans à huit mois. Il reste donc en prison.

    Cette vague de répression — la liste est longue — contre de jeunes youtubeurs vivant au Maroc et ayant, de manière tout à fait assumée, critiqué le monarque et sa politique s’explique sans doute par la volonté de tordre le cou à toute forme de libération de la parole, et, selon un proche du palais, de « rétablir l’hiba [2] de la monarchie et de l’État », incarné par un monarque de plus en plus impopulaire.

    Pendant des années Mohamed VI a construit sa communication politique sur l’image et le mouvement : celle d’un jeune roi populaire qui va à la rencontre de ses sujets. Des images où on le voit inaugurer des projets locaux ou distribuer des dons en nature (parfois des cartables ou des paniers contenant de l’huile et de farine) à des personnes choisies par les agents du ministère de l’intérieur dans certaines villes ou villages, généralement à la veille du ramadan.

    Il est également présenté par les chaînes officielles (Al-Oula, 2M, Medi1TV… dont les journalistes ressemblent davantage à de petits fonctionnaires de l’état civil qu’à des reporters) comme la seule institution « qui marche, qui bouge », la seule qui vaille. Face au monarque décrit aussi comme « le seul acteur fiable », le gouvernement, les partis politiques ou encore le Parlement incarneraient quant à eux la médiocrité, l’opportunisme et l’inefficacité — ce qui n’est pas tout à fait faux. Dans une rengaine proprement orientale, il est souvent présenté comme le bon calife entouré de mauvais vizirs : Lmalik zouine, lidayrine bih li khaybine (le roi est bon, les méchants, ce sont ceux qui l’entourent).

    Des discours royaux qui « n’emballent » plus

    Aujourd’hui, ces stratégies se sont essoufflées et la popularité de M6 bat de l’aile. Après plus de vingt ans d’un pouvoir absolu, l’image du roi Mohamed VI est abîmée par l’ampleur des problèmes sociaux auxquels fait face une large partie de la population marocaine. Les « projets » de développement maintes fois promis par le souverain dans ses discours, les chantiers dits « structurants » et les promesses de réforme semblent n’avoir profité qu’à une minorité de chanceux, selon les propres aveux du monarque. Sans parler de la réforme de l’enseignement, de la lutte contre la corruption, de la pauvreté et des injustices sociales qui atteignent des proportions dangereuses, y compris pour la stabilité du régime.

    Outre ses discours qui n’« emballent » plus, les décisions du roi manquent de plus en plus de cohérence et de rigueur, ce qui n’arrange pas les choses en termes de popularité. L’arrestation d’Omar Radi a eu lieu quelques jours seulement après la nomination par le roi d’une « commission pour le développement » présidée par l’ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa. Indigné, l’un de ses membres, Rachid Benzine, un universitaire pourtant proche du palais écrit dans un tweet : « La mise en détention d’Omar Radi nous interpelle et nous rappelle qu’aucun modèle de développement ne saurait être défendable ni viable sans la garantie de la liberté d’expression et d’information. Le développement implique la critique et le débat d’idées, ou il n’est pas. »

    Même si elle reste relative en l’absence de sondages sur la monarchie (interdits au Maroc), l’impopularité croissante de Mohamed VI se mesure surtout via les réseaux sociaux où des milliers de Marocains peuvent s’exprimer avec une relative liberté. Le fait, par exemple, qu’Aacha chaab ait été entendue par près de 22 millions de Marocains, et commentée positivement par des milliers d’internautes en dit long sur la popularité abîmée du « roi des pauvres ».

    Une police qui rappelle celle de Ben Ali

    Par ailleurs, si les critiques et les moqueries des jeunes youtubeurs n’épargnent par la personne du roi, ses discours sont particulièrement visés, et pour cause : il est le maître absolu des horloges et les Marocains le savent. C’est ce qui explique qu’au début de son règne, ses paroles généraient de grandes attentes, mais aussi qu’ils suscitent désormais autant de déception.

    Pour faire taire ces voix qui émergent spontanément, critiquent le roi sans le diffamer via les réseaux sociaux, la monarchie s’appuie sur une police qui rappelle l’ancien régime tunisien de Zine El-Abidine Ben Ali et des juges peu respectueux de leur indépendance.

    Depuis la fermeture du Journal hebdomadaire (fleuron de la presse indépendante au Maroc entre 1997 et 2010) il y a juste dix ans, les pressions économiques et la menace judiciaire continuent de peser sur ce qui reste de la presse privée. À ce niveau aussi, le rôle de la justice, inféodée au palais et à l’entourage royal, est crucial.

    Au fur et à mesure que la répression prend de l’ampleur, la justice marocaine est mise à l’index par les ONG (marocaines et internationales) et présentée comme le bras séculier du roi et de son entourage. Non seulement le monarque nomme les magistrats, mais les verdicts sont prononcés en son nom et il est le président du Conseil supérieur de la magistrature. Dans les procès politiques qui continuent de se dérouler à Meknès, Lâayoun ou Casablanca, il est implicitement à la fois juge et partie, constatent avec amertume les défenseurs des droits humains, qui ne cessent d’appeler à une véritable séparation des pouvoirs.

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    Tags : Maroc, Mohammed VI, monarchie, répression,

  • Maroc : Lettre confidentielle filtrée du bureau de Dlamini Zuma

    Les espions de la DGED sont partout en quête de légitimation du pillage des ressources du Sahara Occidental. Le Maroc ne lésine pas dans les moyens dans le but de réaliser ses rêves expansionnistes.
    Ainsi, après avoir piraté les ordinateurs du Secrétariat général de l’ONU en vue d’espionner ses activités de l’, le voilà avec un document subtilisé du bureau de Dlamini Zuma, présidente, à l’époque, de la Commission Africaine.
    Pour cela, le Maroc pouvait compter sur les fidèles services d’un de ses collaborateurs les plus proches, le Burkinabè JeanBaptiste Toubo Tanam Natama, Directeur de cabinet de Nkosazana DlaminiZuma, aujourd’hui décédé.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Jean-Baptiste Natama, Union Africaine, commission africaine, Dlamini Zuma,
  • Maroc : l’histoire de la DGED et le cabinet Global Gerson Advisors

    Gerson Global Advisors (GGA) est un cabinet de conseil créé en 2010 par Russ Gerson et le marocain Rabie Mansouri. Il a été embauché par le Maroc dans le but de faire face à la vague des printemps arabes, promouvoir l’image du Royaume aux Etats-Unis et dénigrer l’Algérie et le Front Polisario.

    Un an plus tard, le cabinet a décidé de limoger Rabie Mansouri, Saad Bendidi, l’ ancien directeur délégué de Saham, et un certain Stephen Norris, accusés d’être impliqués dans une opération de falsification d’emails destinés à la DGED (le service marocain de Renseignement extérieur).

    Une copie de la lettre de licenciement qu’ils ont reçu a été envoyé au directeur général de la DGED, Yassine Mansouri dont voici le texte :

    Au nom de Gerson Global Advisors, LLC («GGA»), que nous servons de conseiller juridique, je vous écris pour confirmer que votre emploi chez GGA a pris fin le 28 janvier 2012.

    GGA nous a demandé de vous rappeler que toutes les informations confidentielles et exclusives auxquelles vous aviez accès restent la propriété exclusive de GGA. Étant donné que votre emploi a pris fin, votre utilisation de ces informations peut vous exposer à une responsabilité légale, notamment en cas de détournement de secrets commerciaux.

    De plus, GGA vous demande de vous abstenir de déclarations qui diffament GGA ou son personnel.

    Enfin, GGA nous a également demandé de vous rappeler que tous ses contrats et relations clients restent également sa propriété exclusive. GGA ne tolérera aucune tentative de perturber indûment les relations contractuelles existantes entre GGA et ses clients – en particulier le Royaume du Maroc et le Groupe OCP – et répondra à des telles tentatives avec tous les moyens de recours légaux.

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    Tags : Maroc, Global Gerson Advisors, GGA, Rabie Mansouri, Saad Bendidi, Stephen Norris, DGED, lobbying,

  • Au Maroc, le coronavirus ne peut plus être stoppé, mais on peut encore sauver des vies

    Par Youssef Oulhote, docteur en épidémiologie et biostatistique, enseignant-chercheur à l’Université du Massachusetts et à l’École de Santé Publique de l’Université de Harvard (USA)
    L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’épidémie du Covid-19 est maintenant une pandémie. A l’heure où ces lignes sont écrites, plus de 138 000 cas et plus de 5 000 décès ont déjà été enregistrés dans 131 pays. Au Maroc, 7 cas ont été déclarés jusqu’à présent. Il est fort probable que le nombre réel de cas soit 10 à 100 fois supérieur, vu que le nombre de cas détectés reflète davantage le nombre de tests effectués par les pouvoirs publics que la réalité de la transmission sur le terrain. Ce qui est certain, c’est qu’il y a déjà des transmissions communautaires, et que le nombre de cas va exploser dans les semaines à venir. L’objectif n’est plus de contenir le virus, mais de retarder sa transmission.
    Pourquoi le Covid-19 est beaucoup plus dangereux que la grippe saisonnière ?
    Le Coronavirus ou SARS-CoV-2 est un danger imminent pour le Maroc et son système de santé déjà fragile. Beaucoup de gens comparent ce virus à la grippe. Cependant, il faut retenir que le nombre de cas de grippe est réparti sur une période de huit mois ou plus, alors que les cas de Covid-19 augmentent de façon exponentielle au cours de quelques semaines, comme on l’observe actuellement.
    On doit donc s’attendre à des dizaines de milliers de cas au Maroc dans les semaines à venir. Les projections les plus pessimistes indiquent que la maladie pourrait se transmettre à plus de la moitié de la population si des mesures préventives sérieuses ne sont pas prises immédiatement. Ces chiffres ne sont pas exagérés, et sont basés sur un taux de reproduction de base « R_0 » de 2 à 3. Autrement dit, l’hypothèse est que chaque personne infectée transmettrait le virus à 2 ou 3 autres personnes en moyenne, contre 1.3 pour la grippe. Dans une telle configuration, le nombre de cas devrait doubler tous les 2 à 3 jours. Autre fait inquiétant, la période d’incubation du virus est d’à peu près 5 jours en moyenne, mais peut varier largement de 2 à 14 jours, avec une période de latence (durant laquelle le malade ne présente aucun symptôme) d’environ 2 à 4 jours. Cela signifie que durant deux à trois jours, le malade peut être asymptomatique mais transmet quand même le virus. C’est une différence importante avec la grippe saisonnière, qui explique en partie le défi supplémentaire posé aux pouvoirs publics.

    Enfin, le Covid-19 pose un défi sérieux dans la mesure où près de 10 à 20% des personnes infectées devront être hospitalisées, selon les derniers chiffres venus de Chine et Italie. Une partie non négligeable aura besoin de soins intensifs. Il est important de souligner qu’entre 60% et 80% des personnes infectées auront des symptômes comparables à ceux de la grippe et ne nécessiteront pas d’hospitalisation.

    Tags : Maroc, coronavirus, pandémie, épidémie, contagion, infection, 
  • Maroc : Rapport de mission (sommet UA de Malabo, 20-27/2014)

    Honneur porter votre attention que nous avons Monsieur Sitri et moi même en présence de l’Ambassadeur eu des entretiens approfondis avec les Ambassadeurs du Senegal et de la Cote d’Ivoire au sujet des préparatifs du Sommet de l’UA.
    Ces entretiens ont permis de savoir que le projet de l’Ordre du Jour adopté par le Comité des Représentants Permanents ne comporte pas de point concernant la question du Sahara.
    Malgré cela il n’y a aucune certitude qu’un Rapport distinct sur le Sahara prévu par la décision de Janvier 2013 ne soit présente par le Conseil Paix et Sécurité (CPS)qui est une instance a composition restreinte et dont le Commissaire est M. Chergui de nationalité algérienne et qui a succédé a Laamamra. C’est un risque toujours d’actualité .
    De commun accord les contacts seront poursuivis notamment avec les représentants des pays amis membres du CPS pour s’informer sur ce point particulier. Les Ambassadeurs du Senegal et de la Cote d’Ivoire nous ont renouvelé leur détermination a contrer toutes les manœuvres tendant a instrumentaliser l’UA sur la question . L’Ambassadeur du Senegal m’a affirmé avoir attiré l’attention de Mme Zuma sur le risque pour elle de s’embarquer dans une croisade contre notre pays .
    En outre un déjeuner de travail sera organisé a la Résidence du Senegal le Samedi auquel seront conviés un grand nombre d’Ambassadeurs des pays amis . Ce déjeuner sera déterminant pour la mobilisation des amis. M.Kadmiri qui a été retenu arrivera Jeudi.
    Une délégation est également attendue pour demain.
    Nous avons également rencontré la délégation du Ministère de l’Energie conduite par le Ministre Aamara venue dans le cadre du volet Énergie du Sommet USA-Afrique. Cette réunion se déroule sans accroc.
    4 juin 2014
    Le CPS pourrait être utilisé afin d’éviter un débat au sein du COREP puisqu’il fait rapport directement a la Conférence des Chefs d’Etat. En effet la matrice de la Décision de Janvier mentionne le CPS comme étant l’organe responsable de sa mise en oeuvre alors que la Décision mandate la Présidente de la Commission . Le recours a cette manœuvre de contournement pour escamoter le débat serait non conforme du point de vue procédural puisque la Décision stipule que le Rapport sur le Sahara doit être présente au Conseil Exécutif(et donc au COREP )par la Présidente de la Commission Cependant , l’UA n’étant pas spécialement connue pour son orthodoxie en matière de respect des procédures il n’est pas exclu que le CPS soit utilise pour atteindre les objectifs qui ne peuvent l’être autrement , c’est a dire en passant par le COREP ou le rapport de forces est assez favorable a notre pays.
    La vigilance est absolument nécessaire pour faire échec a cette éventualité .
    4 juin 2014
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Union Africaine, UA, Sommet de Malabo,
  • Maroc : Au plus beau pays au monde

    Abdelkader a 55 ans, il est analphabète. Père de 7 fillettes, rongé par le diabète. « Butagaz » au dos de sa blouse et « FBI » sur la casquette. Abdelkader est gardien de voitures, malgré son arthrose qui lui interdit les filatures, il collectionne les insolations et les courbatures. Musulman pratiquant, il ne connait que la droiture et dans son parcours rares sont les ratures. Sur les recommandations de l’Imam, Abdelkader a fait 7 gosses à ses 2 femmes. Ce serait une prescription prophétique que de multiplier les handicaps, mais la fertilité dans ce milieu est une soupape : avoir des garçons est un retour d’investissement d’une certaine façon. Les grossesses se suivent mais toujours pas de petit maçon qui annoncerait la saison des moissons; ce n’est qu’au bout de la septième qu’il retiendra la leçon : la méiose ne cède pas aux caprices. La famille ne comptera aucun fils. Tous les midis il se rend au café du coin pour échanger sa petite monnaie, les billets étant moins lourds à transporter. Il passe devant le cyber d’à coté et ce qu’il y voit ne semble plus l’alerter. En face d’un poste, une de ses filles est assise; maquillage et décolleté, la panoplie requise. Sa fille se vend comme une marchandise sur le marché saoudien. Il est loin d’apprécier, mais ne dit rien. C’est cette webcam qui paye ses séances de dialyse. La discrétion est donc de mise. Il baisse la tête avant de sortir, ravale sa fierté et demande le repentir. Depuis des décennies, feue sa dignité est morte, il n’a plus que sa foi pour continuer à trainer cette carcasse qui le porte. Son épaule heurte celle d’un jeune homme pressé à la porte.
    Khalil a 35 ans, handicapé depuis sa tendre enfance suite à des crises convulsives. Devant les récidives successives, ses parents voyant leur enfant s’étouffer dans sa salive, l’emmenèrent aux urgences. Ne voulant pas perdre leur fils par négligence, ils durent soudoyer chacun du personnel de l’hôpital malgré leur indigence. Mais petit bémol, dans l’hôpital il y a que des ampoules de calcium et du paracétamol. Une injection plus tard il fut gardé en surveillance, et depuis Khalil ne pourra apprendre aucun pas de dance. En plus de l’usage de ses pieds, il a perdu tous ses cheveux malgré son jeune âge, Khalil a le cancer du chômage. La beauté intérieure pour seul charme, le courage et la foi pour seule arme, contre une vie au gout mortuaire : le paraplégique habite dans un cimetière. Il ne s’appelle pas Michael, mais vit chaque soir son Thriller. Maintes fois tabassé devant le parlement alors qu’il ne faisait que présenter ses doléances vaillamment; Khalil le militant est désormais vendeur ambulant. Dans son fauteuil à roulettes, derrière sa petite charrette, il prépare des bols d’escargots et du thé à la menthe dont il tient la recette. Fatigué de devoir se contenter des miettes, il ne rêve que de quitter son pays qui l’a condamné aux oubliettes. Ses recettes médiocres, l’empêchent hélas de quitter la ville ocre. Aujourd’hui, garé sous un réverbère à coté d’un café, il est interpellé par deux gendarmes faisant leur ronde dans le quartier qu’ils ont l’habitude de parapher. Ils réclament un billet vert pour ne pas lui confisquer sa cocotte, ses bols et sa théière.
    Tags : Maroc, misère, pauvreté, inégalité,