Étiquette : Maroc

  • La Guinée Bissau selon le ministère marocain des affaires étrangères (document confidentiel)

    En octobre 2014, un mystérieux hacker a réussi à pirater des comptes de responsables de la diplomatie et des services secrets du Maroc. Parmi les documents confidentiels qu’il a publié sur la toile, un courrier de Moha Tagma, l’ambassadeur du Maroc à Abuja. A l’époque, il était le « monsieur Afrique » du Ministère marocain des affaires étrangères.

    Dans ce courrier, il dresse un portrait très peu flatteur de la Guinée Bissau. Voici son texte:

    ——– Message d’origine ——–
    De : Moha Tagma <m.ouali.tagma@gmail.com>
    Date : 22/10/2013 12:50 (GMT+00:00)
    A : Mohammed sitri <sitri@maec.gov.ma>
    Objet : GUINEE BISSAU</sitri@maec.gov.ma></m.ouali.tagma@gmail.com>

    Guinée Bissau

    La Guinée Bissau, ancienne colonie portugaise, depuis son indépendance le 10 Septembre 1974 connaît une instabilité chronique et une succession de Coups d’Etat et des retours épisodiques a l’ordre constitutionnel qui ne durent guère que quelques années.

    Cette situation assez atypique par rapport a la sous région de la CEDEAO trouve son origine dans la période post- guerre de libération. Les guérilleros du PAIGC, mouvement de libération fondé par Amilcar Cabral, n’ont en réalité jamais déposé les armes même après l’indépendance.

    Le pays est devenue depuis ces dix dernières une plaque tournante pour le trafic de la drogue en provenance de l’Amérique Latine et à destination de l’Europe.

    La Guinée Bissau, qui a une frontière commune avec le Sénégal a également pendant longtemps abrité les indépendantistes Casamançais, région du sud du Sénégal ou un mouvement indépendantiste, le MFDC, a mené des actions armées contre l’armée sénégalaise.

    Le pays est actuellement dirigé par un Président intérimaire, M . Manuel Serifo Nhamadjo après un Coup d’Etat militaire qui a interrompu le processus électoral organisé après le décès du Président Malam Bacai SANHA. Les résultats ayant donné la victoire à l’ex Premier Ministre Carlos Gomes Junior, actuellement en exil au Portugal, ont été contestés par l’ex Parti au pouvoir ( PAIGC).

    Des nouvelles élections sont prévues le 24 Novembre 2013. La CEDEAO, l’Union Européenne et les Nations Unies font pression pour que les élections aient lieu à la date prévue.

    Le financement, soit 20 Millions de Dollars sera assuré par les pays de l’Union Européenne et par la CEDEAO.

    Le Sénégal met cependant un veto à ce que Carlos Gomes Junior puisse se présenter en raison du soutien affiché qu’il apporte au mouvement séparatiste Casamançais.

    Le Portugal et les autres pays lusophones, l’Angola notamment, sont des parties prenantes incontournables dans tout ce qui concerne la Guinée Bissau.

    Tags : Maroc, Guinée Bissau, Angola, Portugal, Casamance, CEDEAO,

  • Mauritanie : Sahara Media, une création de la DGED marocaine

    Dans un article paru le 22 avril 2013, le magazine Jeune Afrique exprimait son étonnement face aux agissements de deux sites mauritaniens : L’Agence Nouakchott d’information (ANI) et Sahara Media. Alors que les attentats terroristes et les enlèvements d’étrangers faisaient rage dans la région, les deux sites jouissaient de scoops qui avaient immédiatement suscité les soupçons sur l’origine de ces communiqués dont ils étaient les premiers destinataires. Selon The New York Times, ils sont devenus des chasseurs de scoops.

    Un an plus tard, en octobre 2014 plus précisément, un mystérieux hacker qui sévissait sous le pseudonyme de Chri Coleman apportait les réponses aux doutes et interrogations qui restaient suspendues dans les airs.

    Grâce aux correspondances confidentielles des services secrets marocains, nous avons appris que le directeur de Sahara Media, Abdallahi Ould Mohamedy, était en contact permanent avec Mourad El Ghoul, le chef de cabinet de Yassine Mansouri, directeur général de la DGED (Direction Générale d’Etude et Documentation), les services de renseignement extérieur du Royaume du Maroc. Il faisait partie des « relais médiatiques », selon le lexique utilisé par la DGED.

    Le Maroc a créé plusieurs agences de presse en Afrique en vue de relayer sa propagande médiatique sur le Sahara Occidental et l’Algérie. Parmi ces agences, l’Agence de Presse Africaine (APA) dont Ould Mohamedy était l’administrateur, selon les révélations de Coleman.

    Sachant qu’Abdallahi Ould Mohamedi, était un ancien correspondant de l’agence marocaine de presse MAP et qu’il dispose de bureaux à Dakar et à Casablanca et possède un studio de télévision ultramoderne à Nouakchott, il y a lieu de demander si Sahara Media n’est une créature de la DGED marocaine. Les indices qui poussent à cette déduction sont nombreux :

    -Selon le site mauritanien Al Bayane, entre 1986 et 2003, il travailla pour le quotidien arabophone édité à Londres, Al Sharq Al Awsat, dont les accointances avec le Maroc ont été dévoilées par Hicham Al Mandari, opposant marocain (ayant un lien de parenté avec le roi Mohammed VI) mystérieusement assassiné en 2004 en Espagne.

    -L’origine des matériaux avec lesquels il a fondé sa société

    – Son poste en tant qu’administrateur d’une agence marocaine basée à Dakar et dont le directeur est un marocain.

    – La fluidité des correspondances avec Mourad El Ghoul

    – Les séjours en Espagne et les Etats-Unis aux frais de la DGED dans le cadre d’une campagne médiatique contre le Front Polisario et l’Algérie.

    – Sahara Media a fait preuve de porte-parole du MUJAO, un mouvement terroriste créé par les marocains et dont les cibles sont uniquement algériennes et sahraouies.

    – Abdallahi, ajoute Al Bayane, peut être considéré comme l’un des espions les plus efficaces grâce à Sahara Média, entreprise financée par le Maroc et dont les employés ont profité de stages de formation au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara Occidental. L’une des missions de cette pseudo agence sera la surveillance de près de tous les mouvemments du Front Polisario dans le nord de la Mauritanie, promouvoir les soi-disant opposants du Polisario, à l’instar du dénommé Parti Khat Chahid et Mustafa Sidi Mouloud, et lier le mouvement sahraoui à la mouvance terroriste et le trafic des drogues.

    Il y a lieu de rappeler que de nombreux observateurs, ont fait des remarques à propos du silence de la presse mauritanienne sur  tout ce qui a été dit sur Sahara Media. Mais c’est connu, en Mauritanie, il suffit de distribuer quelques milliers d’ouguiyas pour faire taire les voix les plus critiques.

    Tags : Mauritanie, Sahara Media, presse, terrorisme, Abdellahi Ould Mohamedy, ANI, médias, Maroc, lobbying,

  • 33e Sommet UA : Allocution de Moussa Faki Mahamat

    Allocution de S.E. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine à la 33eme Conférence ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement

    Allocution de S.E. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine à la 33eme Conférence ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement

    Excellence Monsieur le Président,

    Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat, Chefs de Gouvernement et Chefs de délégations,

    Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

    Mesdames et Messieurs les Ministres,

    Distingués Invités de l’Union Africaine,

    Mesdames et Messieurs,

    C’est avec un réel plaisir que je vous souhaite la bienvenue dans ce creuset de l’unité africaine où nous bâtissons collectivement, année après année, l’avenir de l’Afrique. Je voudrais en même temps saisir l’occasion pour vous adresser mes souhaits sincères d’une heureuse année, pour vos Etats, pour nos peuples et pour notre Continent.

    اسمحوا لي قبل اي حديث ان اعرب عن عظيم التقدير لفخامة السيد عبد الفتاح السيسي رئيس جمهورية مصر العربية للعمل الجبار الذي قام به طيلة توليه رآسة اتحادنا السنة
    المنصرة. و انها لسانحة متميزة لاثمن عاليا طيب العمل مع فخامته و حسن تعامله معنا خدمة لقضايا القارة ولدفع مختلف مشاريعنا ذات الصبغة الاستراتيجية انني لامل ان نظل نستفيد من تجربته و حكمته في المستقبل

    I wish to congratulate His Excellency President Cyril Ramaphosa on being elected as Chairman of the Union for the current year 2020 and assure you of my full support. As we are in the Mandela Hall, the spirit of Madiba is watching over us. I imagine him telling you, Cyril, you are loyal to our struggle for Africa. You know that Africa needs leadership. I look forward to you, doing your best.

    Je saisis également cette occasion pour exprimer mes chaleureuses félicitations au Premier ministre de l’Ethiopie, Son Excellence Dr. Abiy Ahmed, pour sa distinction par le prestigieux Prix Nobel de la Paix, édition 2019.

    Monsieur le Président,

    Mesdames et Messieurs,

    L’année qui vient de s’achever n’a pas été une année de pleine paix et d’harmonie dans le monde. Celle qui s’ouvre n’annonce pas non plus que nous sommes au bout de nos peines. Elle nous appelle à la nécessité d’une constante mobilisation de toutes les énergies pour relever des défis ardus.
    Aux portes orientales de l’Afrique, la tension autour de la Mer rouge et surtout des détroits de passage de presque un tiers du commerce mondial, ne saurait nous laisser indifférents, eu égard à la gravité de ces tensions et de leur proximité avec l’Afrique.

    Ces vives tensions internationales nous rappellent la précarité du monde dans lequel nous vivons et l’inanité des engagements auxquels nous avons tous souscrits, pour préserver l’humanité des horreurs de la guerre.

    Le cas de la Palestine est celui qui illustre le mieux la fragilité des engagements internationaux. Le plan américano-israélien qualifié de «deal du siècle» conçu et élaboré en dehors de toute concertation internationale et pire encore, en l’absence des principaux concernés, les Palestiniens, est une énième violation des multiples résolutions des Nations Unies et de l’Union africaine et, un mépris supplémentaire des droits légitimes du peuple palestinien.

    Il faut craindre que ce plan censé résoudre le conflit israélo-palestinien, ne contribue au contraire, à aggraver la tension dans la région et au-delà.

    En Afrique, la persistance des foyers du terrorisme dans de nombreuses régions et leur inquiétant développement a rappelé, à la conscience africaine et internationale, que ce cancer est loin d’avoir été éradiqué. L’hydre est toujours là, en éveil actif, menaçant d’effondrement certains Etats. Il a pris pied dans les profondeurs du Continent, bien au-delà de ses foyers traditionnels, comme l’atteste les crimes odieux commis par des groupes terroristes sur les populations civiles au Mozambique, en Tanzanie et à l’Est de la RDC, où les principales victimes de la barbarie sont les femmes et les enfants.

    La Corne de l’Afrique, le Sahel et le bassin du lac Tchad sont aujourd’hui en guerre, une vraie guerre où des militaires et civils, meurent par dizaines, presque toutes les semaines. Des milliers d’enfants ont vu leurs écoles fermées, soit parce qu’elles sont détruites, soient parce que maîtres et écoliers se sont trouvés obligés de fuir.

    Dans la riposte à cet ennemi particulièrement sanguinaire et aveugle, le déficit de solidarité africaine est déconcertant. Comment échapper à l’insoutenable questionnement sur nos silences au sujet de la situation de ces pays frères ? Pour parler sans détours, en dehors des pays victimes eux-mêmes, du Rwanda et de l’annonce de la CEDEAO, aucun autre Etat africain, à notre connaissance, y compris ceux de notre Union qui disposent d’importants potentiels économique, financier, industriel, logistique et militaire, n’a fait le geste de solidarité que les frères, en péril, sont en droit d’attendre.

    Ce déficit de solidarité agissante est l’une des grandes fragilités de nos systèmes de résistance et de nos capacités globales de résilience continentale.

    Je souhaite vivement que cette solidarité africaine soit le fer de lance de la coalition internationale pour le Sahel qui nous unit avec nos amis et partenaires dans le monde.

    Cette résilience a été mise à rude épreuve par les différentes calamités naturelles : inondations au Zimbabwe, au Malawi, au Mozambique, à Madagascar pour ne citer que ceux-là ; les invasions de criquets en Ethiopie et au Kenya et les menaces de famine dans certaines régions d’Afrique australe.

    En ce moment, comment ne pas penser, avec compassion à nos amis de la République Populaire de Chine aux prises avec la redoutable pandémie du Coronavirus, auxquels nous adressons, à nouveau, nos sentiments de solidarité pleine et entière.

    Mesdames Messieurs,

    Distingués Invités,

    Nos pays font des efforts significatifs en réponse aux attentes d’une jeunesse de plus en plus nombreuse et exigeante. Ces efforts méritent d’être maintenus et renforcés, afin d’éviter que cette jeunesse n’emprunte les chemins périlleux de l’émigration ou le refuge dans les doctrines extrémistes.

    En complément des initiatives prises par chacun de nos Etats que je voudrais saluer ici, j’entends, accorder, en concertation avec le Conseil consultatif de la Jeunesse et mon Envoyée spéciale Aya Chebbi, une attention particulière à la question dans les programmes de l’Union, à travers «l’initiative de 1 million d’ici 2021». Cette initiative que j’ai lancée en Avril 2019 vise à offrir à un million de jeunes des opportunités dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de l’entreprenariat d’ici l’année 2021.

    L’évolution de la femme sur le Continent, qu’il s’agisse de son statut, de son autonomisation, de la parité du genre ou de la violence qu’elle subit est une préoccupation essentielle de l’Union africaine.

    L’année 2020 est une année charnière pour l’égalité des genres et la parité sur lesquelles travaille mon Envoyée spéciale Mme Bineta Diop. Nos Etats ont fourni ici beaucoup d’efforts : l’autonomisation, l’accès des femmes entrepreneurs aux marchés publics, dans la chaîne de valeur agricole, les lois promulguées et les solutions proposées pour éradiquer à jamais les violences contre les femmes. Pour réussir ce combat, je souhaite travailler avec les Etats membres pour déclarer la décennie 2020-2030 celle de l’inclusion financière de la femme africaine. Les femmes demandent davantage. Je les soutiens dans cette ambition légitime!

    Mesdames et Messieurs,

    Un troisième fléau perturbe l’évolution harmonieuse de nombreux pays africains et remet en cause l’équilibre social ancestral, ce sont les conflits intercommunautaires. Ce regain de communautarisme a lui-même prospéré sur le terreau de la faiblesse de l’Etat et des facteurs amplificateurs divers.

    La dégradation des conditions climatiques et la dislocation des systèmes économiques traditionnels accroissent les compétitions pour la protection et la conquête des espaces de survie, de plus en plus en deçà des besoins de millions d’êtres humains.

    La conjugaison de ces facteurs objectifs avec les manipulations et les velléités de certaines élites d’enfourcher ces phénomènes à des fins politiciennes, tout comme le feraient selon une autre logique, les terroristes, crée les conditions de vrais désastres pour l’harmonie de nos populations. Cette problématique interpelle autant les dirigeants politiques du continent que ses universitaires, chercheurs et académiciens.

    Aux défis globaux dont les précédents ne sont que des exemples illustratifs et non exhaustifs, je voudrais ajouter deux questions spécifiques qui élargissent nos responsabilités à de nouvelles ardentes obligations. Il s’agit de la question du Sahara Occidental et celle du sort de la Libye.

    Le conflit du Sahara occidental reste le plus ancien conflit non résolu sur le continent et demeure préoccupant tant pour le fonctionnement de notre Organisation que pour les populations. Je suis déterminé à poursuivre mes efforts pour une mise en œuvre efficace de la décision de Nouakchott consistant à charger la Troïka d’«apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies», auxquelles les parties ont volontairement confié la recherche d’une solution durable et juste du différend.

    Sur la Libye, l’Afrique a constamment rappelé de la voix la plus audible son rejet de la solution militaire de cette crise, sa préférence pour un processus politique authentiquement inclusif, articulé sur une véritable appropriation par les libyens de leur destin national dans le cadre de leur organisation continentale.

    Je salue et soutiens la décision du Comité de Haut Niveau pour le lancement rapide d’une initiative de paix et de réconciliation en Libye en harmonie avec les décisions de la Conférence de Berlin et conformément au principe de la solution des problèmes africains par les africains, loin des ingérences extérieures, aux agendas rivaux et périlleux pour l’Afrique.

    En affirmant ces principes, nous n’avons jamais cessé de souligner que la plénitude du rôle de l’Afrique dans la recherche de solution à cette crise, n’est pas exclusive d’une coopération active et efficace avec tous nos partenaires internationaux, notamment les Nations unies.

    A l’évidence, une telle orientation ne saurait se concrétiser que si le continent est uni et parle d’une seule voix.

    Excellences,

    Mesdames, Messieurs,

    Si l’année qui s’achève a été celle des défis dont je viens de décrire prosaïquement certains, elle a été aussi, en dépit des difficultés, celle de grandes réalisations

    Dans le domaine de la paix et de la sécurité, nous avons poursuivi nos efforts, en concertation avec l’IGAD pour la consolidation de la paix et la réconciliation au Soudan du Sud, où les parties ont été vigoureusement encouragées à accélérer le processus de pacification et de réconciliation au pays. La formation d’un Gouvernement d’union nationale dans les délais impartis aux protagonistes est une exigence et une nécessité pour l’instauration de la paix.

    En Somalie, l’AMISOM, continue de se déployer dans un contexte particulièrement difficile pour combattre le terrorisme et soutenir les efforts de stabilisation et de reconstruction entrepris par le gouvernement. Je voudrais ici rendre un vibrant hommage aux membres civils et militaires de notre dispositif en place et aux pays contributeurs de troupes pour les sacrifices consentis et les résultats obtenus.

    En République Centrafricaine, nos efforts conjugués à ceux du Gouvernement centrafricain, de la CEEAC et des Nations Unies se sont intensifiés pour veiller à une application rigoureuse des accords de paix et de réconciliation. Je me réjouis de constater que les progrès sont ici significatifs, en dépit des accès de violence enregistrés ces derniers temps.
    Au Cameroun, en dépit de la tenue du dialogue politique national, la situation mérite une attention soutenue. La Commission reste disposer à l’accompagner dans le processus de consolidation de la paix et de la réconciliation.

    Au Soudan, la médiation africaine a réalisé un succès retentissant avec l’accord ayant abouti à la mise en place des institutions de la transition, notamment le Conseil souverain et le gouvernement civil, appelés à travailler en bonne intelligence. Cette expérience montre que si les Africains, en toute indépendance, s’attèlent à la solution de leurs problèmes, en bonne harmonie avec leurs partenaires internationaux, l’Afrique fait la différence.

    Les nouvelles autorités du Soudan se sont engagées dans un courageux processus de négociation avec les groupes armés Nous les soutenons sans réserve dans cette démarche et appelons la communauté internationale à redoubler d’efforts en soutien à la transition démocratique et consensuelle au Soudan. Dans cet esprit, nous invitons les Etats unis d’Amérique, à se joindre à cet effort en sortant le Soudan de la liste des Etats parrains du terrorisme.

    Mesdames et Messieurs

    Sur le chantier de la réforme, l’année 2019 a été une année de progrès significatifs. Ces progrès ont touché la restructuration et l’obligation redditionnelle de la Commission, la gouvernance et la cohérence entre les différents organes, la division du travail entre l’Union et les Communautés Economiques Régionales, la question des partenariats ainsi que la mise en œuvre du nouveau système de financement de l’Union.

    Cette recherche de l’indépendance budgétaire va de pair avec une gestion administrative et financière plus rigoureuse, laquelle s’est traduite par l’application de sanctions infligées aux responsables d’abus et d’irrégularités et par une réduction drastique du volume du budget pour 2020.

    Le troisième chantier où les progrès ont été dignes de mention est l’Accord sur la Zone de Libre Echange Continentale Africaine. C’est un accord historique en ce sens qu’il consacre l’un des grands rêves des pères fondateurs de notre organisation et se situe au cœur des aspirations à l’intégration économique du continent.

    Le succès de ce projet-phare reste tributaire du développement des piliers de sa promotion dont le plus déterminant sont les infrastructures. Malgré les efforts fournis, un gap important reste à combler. À cela s’ajoute la libre circulation des personnes et des biens, dont le protocole n’a été signé que par 33 Etats et ratifié seulement par 4 Etats. J’exhorte les Etats qui ne l’ont pas encore fait de le faire en toute diligence.

    La vraie mission du Secrétaire général de la ZLECAf que nous devons nommer sans délais et installer dans ses fonctions sera précisément d’opérationnaliser cette grande réalisation. Je voudrais à ce niveau exprimer en votre nom notre infinie gratitude au Président du Ghana, Son Excellence Nana Akufo-Adoh qui a gracieusement offert le siège devant abriter le Secrétariat général.

    L’intégration africaine que nous voulons passe aussi par la facilité des échanges, notamment aériens. C’est pour cette raison que nous avons instauré un Marché Unique du Transport Aérien. 30 Etats se sont solennellement engagés pour sa mise en place, tandis que 18 ont décidé de le mettre en œuvre.

    Sur le plan politique, 2019 a été témoin de profondes transformations en matière institutionnelle. En 2019 et 2020, 40 élections pluralistes auront été organisées ou s’organiseront dans 31 pays du Continent.

    L’organisation des élections apaisées est un levier décisif dans nos stratégies pour une évolution sereine du Continent, d’où l’extrême importance de les conduire dans les délais et le respect des constitutions, loin de toute volonté de manipulation et de détournement de la volonté populaire. Il est grand temps qu’ici encore l’Afrique atteste d’une authentique modernité institutionnelle.

    Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernements,
    2020 a été proclamée l’année de «Faire taire les armes sur le Continent». Comment réussir cette prouesse dans un continent aux prises avec des phénomènes prégnants tels que le terrorisme, les conflits intercommunautaires, les crises pré et post électorales ou encore les différends entre Etats ? En agissant de manière concrète sur tous ces sujets et leurs causes profondes, en se donnant les moyens politiques, militaires et diplomatiques, le pari de faire taire les armes pourrait être gagné.

    L’année 2020 est également la dernière du mandat de l’actuelle commission. Nous prenons l’engagement solennel de redoubler d’efforts pour que la prochaine Commission mieux centrée, trouve une situation plus assainie et plus propice à de nouveaux exploits sur la voie tracée par l’agenda 2063, pour une Afrique pacifique, unie et prospère.

    Je vous remercie de votre aimable attention.

    Tags : Union Africaine, UA, 33e sommet, Addis Abeba, Moussa Faki Mahamat, Libye, Sahara Occidental, Maroc,

  • Le Maroc et la RASD, côte à côte à Addis Abeba

    Que le régime et sa population le veuillent ou pas, le Maroc se trouve bel et bien sur la voie de la reconnaissance officielle et à haute voix de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). Pour ceux qui cherchent encore des preuves sur cette vérité, elle est là devant leurs yeux : la présence du premier ministre marocain, Saadeddine El Othmani et du président sahraoui, Brahim Ghali, côte à côte à l’intérieur de la salle de conférences du 33e sommet de l’Union africaine (UA) dont les travaux ont débuté ce matin à Addis Abeba.

    Si l’ancien premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane s’est retiré de la cérémonie des obsèques du président algérien Ahmed Ben Bella, son successeur a dû avaler la couleuvre parce que l’ordre vient du roi.

    En plus de la présence du leader sahraoui, El Othmani est aussi condamné à accepter le discours du nouveau président de l’Union Africaine qui n’est autre que le président sudafricain Cyril Ramaphosa qui lors de son intervention n’a pas oublié de réaffirmer le soutien de son pays au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental et sa solidarité qu’il a qualifié de « État souverain et indépendant ».

    « Faire taire les armes » étant le thème du Sommet, Moussa Faki, président de la Commission Africaine, a souligné la nécessité de résoudre les deux conflits libyen et sahraoui.  « Je voudrais ajouter deux questions spécifiques qui élargissent nos responsabilités à de nouvelles ardentes obligations, il s’agit de la question du Sahara Occidental et celle du sort de la Libye », a-t-il déclaré.

    Parmi ceux qui ont brillé par leur absence, le président togolais Faure Gnassingbé, le président du Gabon, Ali Bongo, le président Talon du Bénin, Paul Biya du Cameroun et le roi du Maroc.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Union Africaine, UA, RASD,

  • CAF : Ahmad Ahmad, l’ami du Maroc, dans la tourmente

    Il vient de toucher une belle somme d’argent pour avoir donné au Maroc le feu d’organiser le championnat de futsal dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Mais, apparemment, son esprit corrompu va au-delà de la simple complicité avec Rabat. Une enquête interne menée par le cabinet d’avocats PWC a révélé des malversations de plusieurs millions de dollars.

    Selon le site Inside World Football, « Les premiers rapports de l’audit indépendant des finances de la Confédération africaine de football (CAF) pour la période 2017 à 2019 semblent être la dynamite attendue depuis longtemps qui explose à la fois le mandat du président de la CAF, Ahmad Ahmad, ainsi que nombre de ses lieutenants les plus proches ».

    Ce rapport « ne peut être comparé qu’aux crimes contre l’humanité », a déclaré l’ancien membre du comité exécutif de la CAF Musa Bility. Il parlait d’un « vol en plein jour de la CAF et de l’avenir du football des Africains » avec « des dizaines de millions » dépensés – en grande partie en espèces – sans aucune pièce justificative.

    Il pointe également du doigt d’autres fédérations nationales africaines qui n’ont pas utilisé toute l’étendue de leurs pouvoirs pour exiger des comptes complets à l’Assemblée générale de la CAF 2019 qui, selon lui, aurait montré qu’il était impossible de cacher les dépenses inexpliquées de millions de dollars. «Je suis fermement convaincu que l’Assemblée générale de la CAF peut avoir commis un crime et avoir manqué à ses devoirs en acceptant que de tels comptes lui soient présentés de manière aussi désinvolte.»

    Beaucoup de blâme est jeté à la porte de la FIFA, et son président Gianni Infantino, dont il dit que la crédibilité est maintenant remise en question pour avoir permis « à ses lieutenants de confiance et aux membres du Conseil de la FIFA de piller ouvertement l’organisation… L’histoire se rappellera comment Infantino s’est donné la peine d’utiliser la FIFA et ses organes pour protéger les mêmes personnes qui ont maintenant tordu les bras du jeu africain. »

    Plus en détail, Bility, qui a vu une copie du rapport, a déclaré: «Des dépenses ont été engagées pour payer les dépenses des épouses des responsables de la CAF, les funérailles des membres de la famille et même le mariage d’une fille d’un haut fonctionnaire de l’Exco de la CAF. Le rapport d’audit, brillant par sa clarté, montre un crime manifeste, le blanchiment d’argent, le vol, la destruction de pièces justificatives officielles pour couvrir leur piste d’audit et l’abus de pouvoir. »

    Le mandat d’Ahmad au sein des FAC a été controversé et parfois brutal – sur les plans politique, commercial et social. Il a politiquement renvoyé quiconque a contesté son autorité, a dépensé l’argent des CAF comme s’il s’agissait de son propre argent, a été accusé de multiples actes de corruption autour de l’attribution de contrats commerciaux, en plus d’être sous le feu de plusieurs chefs d’accusation de harcèlement sexuel contre des femmes au sein de l’organisation des CAF – des femmes qui se sont manifestées et ont porté plainte, mais sur lesquelles la FIFA d’Infantino a agi de façon honteuse. Les accusations de harcèlement sexuel à elles seules auraient dû suffire pour que la FIFA suspende immédiatement Ahmad en attendant l’enquête.

    Insideworldfootball a d’abord dévoilé les allégations de corruption et de harcèlement sexuel présumées d’Ahmad en mars et avril 2019. Les preuves étaient claires, les plaintes ont été déposées auprès des enquêteurs déontologiques de la FIFA, mais Ahmad et ses hommes de main n’ont pratiquement pas été obstrués.

    Avec Inside World Football 

    Tags : Maroc, FIFA, CAF, Ahmad Ahmad, corruption, détournement, malversation, PWC,

  • Quitter l’Algérie avec regrets

    Il fallait bien que tout ait une fin, après douze ans j’étais devenu à moitié algérien à tel point que j’avais les cheveux frisés et une moustache. Je me demandais quand même ce que j’allais bien pouvoir regretter après avoir quitté ce pays d’adoption. En fait il ne m’a pas été difficile d’en faire une liste (mais non exhaustive) :

    – La mer Méditerranée, tout d’abord, près de laquelle j’ai passé beaucoup de temps, dedans en chasse sous-Marine, en surface à la nage ou au-dessus en planche à voile.

    – Le climat qui me permettait de rester en chemisette tout au long de l’année.

    – Les paysages grandioses du Sud et les nombreuses missions que j’y ai effectué (un professeur de biologie ne fait pas de tourisme mais effectue des missions de terrain).

    – Les étudiants, très attentifs, qui buvaient mes paroles lorsque je leur faisais cours ce qui était très agréable et très motivant, et que je n’ai malheureusement pas retrouvé en France.

    – Les coopérants et les coopérantes de toutes nationalités, française, belges, béninois mais ex dahoméen, polonais, égyptiens, indien, corses, (hé oui, pays amis depuis les dernières régionales !) expatriés comme moi et avec lesquels j’ai vécu les multiples aventures que je vous ai racontées mais je crains d’en avoir oubliées quelques unes (n’hésitez pas à me le signaler).

    – Quelques collègues algériens que je fréquente encore, surtout celui avec qui j’écris des ouvrages scientifiques à succès. Pour la plus part, ils ne m’ont pas oublié; je le vérifie à chaque fois que je rencontre l’un ou l’autre de mes anciens étudiants devenus universitaires, en visite à l’université du Maine.

    – Les lacs salés ou sebkhas dans lesquels j’ai passé pas mal de temps à torturer une petite plante qui ne m’avait rien demandé, mais pour une bonne cause, la Science, mais du coup, elle est passée à la postérité et devrait me remercier.

    – L’aventure qui est souvent au coin de la rue quand on est expat !

    – Les souks surtout ceux du Maroc dans lesquels j’adorais fureter.

    – Le couscous viandes à 3 dinars que je consommais au début de mon séjour dans les gargotes de Ville Nouvelle alors que ma femme prenait un couscous légumes à 1 dinar 50 afin de respecter les traditions locales.

    – Les parties de tennis qui occupaient mes fins de journées.

    – Les voyages en classe affaires sur Air France lors desquels j’ai souvent dégusté du caviar et du champagne millésimé (époque malheureusement révolue, maintenant sur Air Frances on a droit à un sandwich en pain tout mou pour ne pas faire de miettes, d’un autre coté il y a bien longtemps que je n’ai plus voyagé en classe affaire !).

    – Ma jeunesse, bien sûr, alors pleine d’espoir et d’idéal, allant participer au développement d’une jeune université dans un jeune pays, mais vite déçu par la vie de tous les jours dans un pays en construction se voulant socialiste, mais s’inspirant un peu trop du régime soviétique.

    En effet, en Algérie, dans les années 70 tout était centralisé et à la charge de l’état, les logements lui appartenait, les sociétés nationales très nombreuses et très inspirées du système soviétique contrôlaient toute l’économie, l’armée était une entreprise de travaux publics, l’unique banque était publique. La presque totalité des travailleurs étaient rémunérés par l’état; même les paysans ce qui pour eux n’était pas très stimulant et expliquait en partie les fréquentes pénuries de légumes.

    Ce jeune pays, jadis grenier à blé de la France, avait des difficultés avec l’agriculture ce qu’avait bien repéré l’agronome René Dumont lors d’une sortie sur le terrain dans la région de Mostaganem. Pour l’anecdote accompagnant une délégation de l’ITA (institut de technologie agricole) il avait été le seul à prévoir des bottes pour aller dans les champs alors que tous les jeunes ingénieurs avec leurs chaussures cirées étaient restés sur la route goudronnée. À partir de cet événement, il avait émis des réserves sur l’avenir de l’agriculture en Algérie. La fonctionnarisation des fellahs lors de la construction intensive des villages socialistes voulue par le président Houari Boumediene n’a pas amélioré la situation.

    Dans l’industrie la gestion était trop centralisée, le président appliquant le principe de l’industrie industrialisante des soviétiques, Il y avait une surproduction d’acier et pour l’utiliser on installait autour des immeubles des grilles massives ce qui n’était pas du meilleur effet d’un point de vue urbanistique. Seul la Sonatrach (le gaz et le pétrole) indépendante et état dans l’état, tirait son épingle du jeu grâce à ses grosses rentrées d’argent.

    La population manquait cruellement de logements aussi l’Algérie était un vaste chantier mais qui manquait de ciment et pourtant une grande cimenterie très moderne avait été construite près d’Oran par une société française dont je fréquentais quelques cadres. Malheureusement trop sophistiquée elle était souvent en panne, heureusement pour sauver la mise des responsables, sur le même site, l’ancienne cimenterie reliquat de la colonisation avait été conservée et fonctionnait toujours produisant l’essentiel du ciment mais en quantité bien insuffisante.

    Toutefois l’Algérie, grâce aux revenus gaziers et pétroliers, nourrissait sa population en soutenant le prix des produits alimentaires de première nécessité comme la farine, l’huile, le beurre, la semoule, le sucre ou le café. Par contre d’un point de vue nutritionnel, ce n’est pas excellent.

    Dans la cité populaire des Amandiers, où j’ai vécu les trois premières années de mon séjour, le père de famille algérien achetait chaque jour chez le « soussi » (l’épicier) autant de « tipana » (baguettes de pain) qu’il avait d’enfants, 100 g d’olives pimentées et deux ou trois litres de lait reconstitué; un tipana sur lequel l’enfant frottait son olive, un verre de lait et c’était le repas pour la journée. Le dimanche, pardon le vendredi, le père allait acheter chez le boucher de la cité (un peu escroc) quelques dizaines de grammes de poulet que cet honnête commerçant pesait avec précision en le plaçant sur du papier très épais si bien que le père de famille payait surtout du papier. Ce petit morceau de poulet était ensuite placé dans le couscous, ainsi les enfants avaient le goût de la viande mais c’était le père qui la mangeait. 30 ans après, l’Algérie continue à soutenir le prix de ces produits, ce qui crée un trafic important avec les pays voisins où ils sont beaucoup plus chers. C’est ce que m’ont expliqué mes collègues nutritionnistes lors de mon dernier séjour. Logés ensuite en centre ville dans un appartement mal orienté (il fallait se pencher pour voir la mer), j’ai perdu le contact avec cette population miséreuse, mais j’espère que depuis leur situation c’est améliorée.

    Cette fois c’est terminé pour l’Algérie mais pas totalement avec le Maghreb où je suis retourné professionnellement de temps en temps mais dans les deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie donc des anecdotes à venir. Mais tout d’abord, mon intégration à l’université du Maine, ce sera la saison 3 dès la semaine prochaine.

    Source : PRGG, 12 mars 2016

    Tags : Algérie, Maroc, Tunisie, Maroc, Maghreb,

  • Jusqu’à 1973, le Maroc soutenait l’autodétermination au Sahara (Le Monde diplomatique)

    Fardeau pour l’Espagne, casse-tête pour l’ONU – Le Sahara occidental suscite les convoitises de ses voisins

    Le Sahara occidental sous domination espagnole sera-t-il une « nouvelle Palestine » comme certains l’ont hâtivement avancé ou un « nouveau Katanga » ? En tout cas, le problème est complexe ; il risque de provoquer une crise grave dans la région et la façon dont il sera résolu modifiera le visage du Maghreb.

    Ces « quelques arpents de sable », convoités par le Maroc et par la Mauritanie tandis que l’Algérie, qui ne revendique rien, soutient le F. POLISARIO (Front populaire pour la libération de Seguiet-El-Hamra et du Rio-de-Oro), partisan de l’indépendance pure et simple, sont devenus un fardeau pour l’Espagne, un casse-tête pour l’ONU, un sujet épineux pour l’O.U.A. et la Ligue arabe, et un objet de préoccupations pour les intérêts occidentaux qui y ont fait des investissements. Des mouvements de libération affirment que le sort du Sahara occidental ne laisse pas les Etats-Unis et l’OTAN indifférents parce qu’il est lié à l’avenir des îles Canaries. De leur côté, les Africains se sentent menacés du fait que l’archipel risque de plus en plus de devenir une puissante base américaine.

    Il suffit de regarder la carte pour constater que les frontières établies par les puissances coloniales sont d’une perfection géométrique bien théorique pour les nomades qui, de tout temps, ont suivi des zones de parcours à la recherche de pâturages, sans se soucier de ces « lignes conventionnelles » artificiellement tracées. Le territoire – 284 000 kilomètres carrés – est divisé en deux grandes zones : Seguiet-El-Hamra au nord, avec El Aïoun comme capitale, et le Rio-de-Oro (Ouadi-El-Dhahab en arabe) au sud, dont l’agglomération principale est Villa-Cisneros.

    La population est formée d’une vingtaine de tribus qui se rattachent à quatre grands groupes : les Reguibat, les Tekna, les Maquils et les Ouled Delim. Combien sont-ils ? Les Espagnols, qui ont procédé l’an dernier à un recensement, avancent le chiffre de soixante-dix mille à quatre-vingt mille, mais ils admettent qu’ils n’ont pu, évidemment, comptabiliser les Sahraouis qui se sont réfugiés dans les pays limitrophes et ceux qui y nomadisent. Des dirigeants du F. POLISARIO estiment, quant à eux, que le chiffre oscille entre deux cent cinquante mille et trois cent mille (1).

    Se serait-on avisé de l’importance de ce désert, position stratégique mise à part, si l’Espagne n’avait commencé à exploiter en 1963 les fabuleux gisements de phosphates (découverts en 1947) de Seguiet-El-Hamra ? Longs de 75 kilomètres sur 1 à 15 kilomètres de large, ils s’étendent sur 250 kilomètres carrés. Les réserves, réparties en cinq zones, sont évaluées à 10 milliards de tonnes. Celle de Bou-Kraa, où l’extraction se fait à ciel ouvert, renferme 1,7 milliard de tonnes exploitées par l’ENMINSA (Empressa Nacional Mineras del Sahara). Fondée en 1962, elle fut rebaptisée, en 1969, Fosfatos de Bu-Craa lorsque son capital a été porté à 5 milliards de pesetas et qu’elle a associé à son entreprise des intérêts occidentaux, notamment américains, allemands et français.

    Le sous-sol recèle également du fer, du cuivre, de l’uranium et du gaz. Au large de la côte se trouve un des plus riches réservoirs de poissons du monde et la nappe pétrolifère sous-marine ne serait pas négligeable. Les sociétés pétrolières se montrent discrètes sur les résultats obtenus ou minimisent les réserves. Selon le M.P.A.I.A.C. (Mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance de l’archipel canarien), les forages commencés en 1959-1960 auraient été prometteurs. Toutefois, à l’époque, priorité aurait été donnée au brut libyen dont l’extraction était moins onéreuse, « le Sahara atlantique étant conservé comme réserve stratégique ». Fait troublant, c’est en 1969 – année du renversement du roi Idriss et de l’accession au pouvoir du colonel Kadhafi – que les sociétés éprouvent de nouveau un penchant pour le Sahara, et l’Union Carbide Petroleum conclut, en juillet 1970, un contrat de deux ans avec Madrid, renouvelé depuis, pour des forages en mer ; le permis est octroyé pour une zone de 1 600 000 hectares à une de ses filiales espagnoles qui s’engageait à investir 147 millions de pesetas. Des filiales de la Standard Oil, de la Gulf Oil et d’autres « sœurs » du cartel se sont aussi mises sur les rangs.

    Si le Maroc, dépourvu de pétrole mais premier exportateur mondial de phosphates, récupérait le Sahara occidental, sa puissance serait considérablement accrue. Si la Mauritanie, moins bien lotie, voyait tout ou partie de ce territoire lui revenir, ses capacités économiques en seraient d’autant renforcées. En revanche, un Sahara indépendant, républicain et non aligné aurait tendance à se tourner vers l’Algérie, à moins que les trois voisins ne s’entendent pour aider le jeune Etat à se structurer et à exploiter ses richesses. Le jeu de l’Espagne a consisté à organiser une indépendance qui se fasse dans sa mouvance ; ses espoirs s’étant estompés, il semble qu’elle s’accommoderait d’un régime non aligné qui, tout en lui retirant les bases militaires, maintiendrait avec elle une coopération économique et culturelle.

    « Droits historiques » et autodétermination

    L’enjeu est de taille. Quant à la complexité du dossier, elle ne s’explique que dans sa perspective historique. Puissance coloniale en Mauritanie et en Algérie, la France avait obtenu entière liberté d’action au Maroc par la convention du 8 avril 1904 signée avec la Grande-Bretagne ; le 3 octobre suivant, elle concluait une convention secrète avec Madrid reconnaissant les prétentions espagnoles sur le Rio-de-Oro et Seguiet-El-Hamra. Toutefois, ce n’est qu’en 1934-1935 que l’Espagne, de connivence avec Paris, qui s’inquiétait de la résistance des Berbères du Haut-Atlas, réussit à occuper la totalité du territoire, transformé en province par la loi du 19 avril 1961.

    En 1956, Si Allal El Fassi, leader de l’Istiqlal, qui avait précédemment élaboré une carte du « grand Maroc » s’étendant jusqu’au Sénégal et au Niger, proclame les droits de son pays sur la région occupée par l’Espagne. Le roi Mohammed V donne un caractère officiel à cette revendication le 25 février 1958 en affirmant, dans un discours prononcé à M’hamid, dans le Sud, sa volonté « de poursuivre son action pour la restitution du Sahara au Maroc ». Quelques dates vont alors jalonner le contentieux saharien (2).

    Le 1er avril 1958, Madrid signe l’accord de Cintra, qui restitue à Rabat la zone de Tekna, située entre le cap Juby et l’oued Draa. Mais, le 28 novembre de la même année, la République islamique de Mauritanie est proclamée au sein de la Communauté française, et, deux ans plus tard jour pour jour, elle accède à l’indépendance. Coup dur pour le gouvernement et les partis politiques marocains qui reprochent à la France d’avoir créé un Etat factice en amputant le Maroc d’un territoire qui a fait partie de l’empire chérifien et qui lui a donné certains de ses plus prestigieux monarques. En octobre 1963, un conflit oppose Rabat et Alger au sujet de Tindouf, et l’opposition marocaine ne s’est jamais consolée depuis de ce que la souveraineté algérienne se soit étendue à cette région. Le roi Hassan II finit cependant par admettre les réalités : le 15 janvier 1969, il signe avec le président Boumediène un traité de fraternité et de bon voisinage qui met officiellement fin au litige, puis il invite le président Ould Daddah au « sommet » islamique de septembre à Rabat, ce qui revient à reconnaître la Mauritanie, l’Algérie ayant joué un rôle non négligeable pour favoriser cette réconciliation.

    Entre-temps, le 6 juillet 1963, Hassan II avait eu avec le général Franco, sur l’aérodrome madrilène de Barajas, une entrevue qui détendit l’atmosphère et permit, après de longues et laborieuses négociations, la signature, le 4 janvier 1969, du traité de Fès, par lequel l’Espagne rétrocédait au Maroc l’enclave d’Ifni. Parallèlement, le Sahara occidental faisait régulièrement l’objet de résolutions à l’ONU, à l’O.U.A. et au sein du mouvement des non-alignés. Hassan II et M. Boumediène décident, lors d’une visite à Tlemcen le 27 mai 1970, de se concerter avec M. Ould Daddah. Les trois chefs d’Etat se rencontrent à Nouadhibou (14 septembre 1970) et à Agadir (24 juillet 1973), tandis que leurs ministres des affaires étrangères siègent à Alger (5 janvier 1972) et à Nouakchott (9 mai 1973). Dans toutes ces instances, le principe de l’autodétermination est proclamé ; la résolution 1514, intitulée Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, et adoptée par l’ONU le 14 décembre 1960, sert de référence.

    D’une façon plus précise, en 1966, l’Assemblée générale de l’ONU « réaffirme le droit inaliénable des peuples d’Ifni et du Sahara espagnol à l’autodétermination conformément à la résolution 1514 ». Le 16 décembre 1969, elle « invite à nouveau la puissance administrante à arrêter le plus tôt possible, en conformité avec les aspirations de la population autochtone du Sahara dit espagnol, et en consultation avec les gouvernements marocain et mauritanien et toute autre partie intéressée (3), les modalités de l’organisation d’un référendum tenu sous les auspices de l’ONU afin de permettre à la population autochtone du territoire d’exercer librement son droit à l’autodétermination… »

    De même, le communiqué publié à Agadir déclare :« Les trois chefs d’Etat ont consacré une attention particulière à l’évolution de la question du Sahara encore sous domination espagnole. Ils ont réaffirmé leur attachement indéfectible au principe de l’autodétermination et leur souci de veiller à l’application de ce principe dans un cadre qui garantit aux habitants du Sahara l’expression libre et authentique de leur volonté conformément aux déclarations des Nations unies dans ce domaine. »

    La solidarité maghrébine à l’épreuve

    Les textes sont clairs et le règlement de l’affaire paraît relativement simple. D’où vient alors l’inquiétude brusquement éprouvée par les Marocains au printemps 1974 ? Les partis de l’opposition, principalement l’Istiqlal, l’U.S.F.P. (Union socialiste des forces populaires) et le P.P.S. (Parti du progrès et du socialisme) de M. Ali Yatta, qui ont mal accepté de « perdre » la Mauritanie et la région de Tindouf, craignent de voir le Sahara occidental leur échapper à son tour. En effet, des mouvements favorables à l’indépendance se manifestent, tandis que l’Espagne, qui a modifié sa tactique, donne l’impression de vouloir accélérer son départ. Elle entend organiser, avant la fin de l’année, un référendum qui aboutirait, selon Rabat, à mettre en place un régime fantoche manipulé par Madrid. L’opposition presse le roi d’agir. La récupération du « Sahara spolié » leur permet de se rapprocher en faisant « l’union sacrée » : le souverain dépêche ses ministres et les chefs de parti comme émissaires à travers le monde pour exposer la thèse marocaine. Ils font valoir que le Maroc a des droits historiques sur le territoire sahraoui et que, si la population est consultée, l’alternative proposée devrait être : maintien sous la « férule du colonialisme » espagnol ou retour à la mère patrie. Missions aux résultats mitigés, les capitales visitées ne souhaitant pas se brouiller avec un des protagonistes en prenant trop nettement parti.

    La Mauritanie, qui ne dispose pas des moyens de ses deux voisins, se montre discrète et cherche à maintenir la balance égale entre Alger et Rabat tout en préservant ses intérêts. Elle finit cependant par élever la voix pour rappeler qu’elle aussi a des droits. Mais, plus que sur la terre, elle met l’accent sur les hommes : « Nous ne pourrons, quant à nous, montrer des camps de réfugiés (4), pour la bonne raison que ce sont les mêmes populations qui, de tout temps, ont habité de part et d’autre de cette frontière artificielle », déclare le président Ould Daddah. L’Algérie, de son côté, se contente de réaffirmer son hostilité au « colonialisme espagnol et son « attachement au principe de l’autodétermination ».

    Au cours de l’été, la presse marocaine s’en prend vivement à l’Algérie ; elle l’accuse de faillir à la solidarité maghrébine et de jouer un double jeu qui en fait l’alliée objective de l’Espagne. Alger évite d’alimenter la polémique et se contente de rappeler ses positions de principe par le truchement d’un article paru dans la République d’Oran. En privé, de hauts fonctionnaires font remarquer que c’est le Maroc qui a modifié son attitude en renonçant à la concertation tripartite et en donnant une interprétation unilatérale au principe et aux modalités de l’autodétermination. En outre, dit-on, le processus de décolonisation a été accéléré à la suite de la participation de l’Algérie à la concertation tripartite de Nouadhibou.

    Le Maroc va-t-il envahir le Sahara, où l’Espagne a envoyé des renforts et maintient cinquante-six mille hommes ? La question se pose quand Hassan II révèle, au cours d’une conférence de presse tenue le 17 septembre 1974, qu’il va demander à la Cour internationale de La Haye de dire le droit. Sa démarche réduit la tension et entraîne l’ajournement du référendum annoncé par l’Espagne à qui le roi tend la perche : ayant à l’esprit les précédents de Cintra, de Barajas et de Fès, le souverain, qui semble avoir donné quelques gages à Nouakchott, suggère à Madrid de régler directement cette affaire avec lui à l’amiable. Il laisse entendre que des arrangements sont possibles pour les bases militaires espagnoles au Sahara et pour l’exploitation en commun des phosphates. Madrid fait la sourde oreille.

    Un diable sort de sa boîte

    La tension remonte au printemps 1975, en particulier lorsque la mission d’enquête de l’ONU, présidée par M. Siméon Ake, représentant de la Côte-d’Ivoire à l’ONU, se rend fin mai-début juin en Espagne, au Sahara, au Maroc, en Algérie et en Mauritanie. Il se produit un coup de théâtre qui fait craindre au Maroc d’être coiffé au poteau malgré les points marqués au cours des mois écoulés : le F. POLISARIO, dont on connaissait vaguement l’existence mais qui n’avait guère fait parler de lui, sort de sa boîte comme un diable. La mission d’enquête se trouve à El-Aïoun ; le P.U.N.S. (Parti de l’unité nationale sahraouie), seul mouvement légalement reconnu et qui a la bénédiction de Madrid, décide de manifester. Or, à la grande surprise des autorités locales, les militants déploient des drapeaux du F. POLISARIO et se révèlent être de ses partisans. Quelques jours plus tard, lorsque la mission se rend à Tindouf, le Front lui présente quinze militaires espagnols faits prisonniers et une partie du matériel capturé. Enfin, en Mauritanie, une nouvelle manifestation se produit en faveur du Front.

    « Nous sommes l’émanation authentique du peuple sahraoui, nous a dit un de ses dirigeants. Si on nous a ignorés jusqu’ici, c’est parce que, tant Espagnols que Marocains, on fait le silence autour de nous. De plus, nous étions davantage préoccupés d’organiser la lutte que de mener une campagne publicitaire. Il faut que l’on sache toutefois que notre mouvement ne date pas d’aujourd’hui. »

    Dès 1968, explique-t-il, le Front de libération du Sahara (F.L.S.) (5) entame son action qui débouche, le 17 juin 1970, sur une grande manifestation à El-Aïoun. A l’époque, le mouvement se contente de réclamer l’autonomie interne, de contester l’autorité des cheikhs « aux ordres de l’Espagne » et les interventions étrangères, d’où qu’elles viennent. Les autorités réagissent : il y a des morts et des blessés ; quelque cinq cents personnes sont arrêtées, dont le chef du mouvement, M. Mohamed Sid Ibrahim Bassiri. Ce dernier, après des études de journalisme au Caire et à Damas, avait gagné Rabat en 1967 et y avait fondé un journal, Al Chihab (le Flambeau), avant d’aller animer le F.L.S.

    La répression du 17 juin conduit le F.L.S. à revoir sa stratégie. Il se transforme en mouvement embryonnaire de libération et, au cours des années 1971-1972, amasse des armes tout en se livrant à un travail de réflexion qui aboutit à la tenue, le 10 mai 1973, du Congrès constitutif du F. POLISARIO. Ce dernier élabore une plate-forme politique fondée sur l’indépendance et décide de passer à la lutte armée pour atteindre ses objectifs. Dix jours plus tard, il déclenche sa première opération contre le poste militaire de Khanga. Les maquisards arrêtent des soldats sahraouis servant dans l’armée espagnole, leur exposent les buts de la « Révolution du 20 mai » – qui a donné son nom au journal du Front – et les renvoient pour en témoigner.

    Le Front, qui ne dispose pas de beaucoup de matériel, déploie un intense effort de mobilisation politique et tient son deuxième congrès du 25 au 31 août 1974, en plein désert, sous des tentes gardées par des guérilleros. Un bureau politique est constitué. L’état-major du mouvement, composé de six membres, est divisé en deux directions chargées respectivement des affaires politiques et des opérations militaires. Le secrétaire général, que nous avons rencontré à Tindouf, s’appelle Ouali Mustapha Siyed, dit Lulei. Agé de vingt-huit ans, il serait né en Mauritanie, appartiendrait à la fraction Tahalat de la tribu des Reguibat et aurait étudié le droit au Maroc avant de rejoindre la clandestinité. Les autres cadres se recrutent parmi une centaine d’étudiants sortis des universités espagnoles – dont une dizaine d’ingénieurs et de médecins, – les militants formés dans la lutte ou dans d’autres pays et les déserteurs de l’armée espagnole.

    Les slogans lancés à El-Aïoun, puis à Tindouf, puis en Mauritanie par les Sahraouis résument parfaitement les tendances du Front : « Le F. POLISARIO est le seul représentant légitime du peuple sahraoul », « Non au paternalisme marocain et mauritanien », « Nous voulons l’indépendance complète », « République arabe sahraouie », « Un régime national républicain et non aligné. » En politique étrangère, les mots d’ordre affirment le soutien du Front aux révolutions palestinienne et vietnamienne, réclament la levée du blocus de Cuba et proclament : « Le golfe Arabique est arabe ». Le drapeau – trois bandes horizontales noire, blanche, verte, un triangle rouge près de la hampe et un croissant et une étoile rouges sur la bande médiane – est également significatif. Les différentes couleurs, le croissant et l’étoile sont une combinaison des pavillons des pays progressistes du Proche-Orient et du Maghreb tandis que le triangle rouge évoque celui des Palestiniens, précise un responsable.

    Quant au Programme d’action nationale adopté par le deuxième Congrès, il se propose, entre autres, de « réaliser l’unité nationale authentique », de « nationaliser les ressources minières », de « suivre une politique d’industrialisation », de favoriser le développement de l’agriculture et de l’élevage, de « protéger les ressources maritimes et d’annuler toutes les formes d’exploitation ». Le mémorandum adressé au comité de décolonisation de l’ONU démontre que les tribus ont toujours eu leur organisation propre, qu’elles ne se sont pas confondues avec les populations marocaine et algérienne, qu’elles n’ont jamais fait acte d’allégeance au souverain du royaume chérifien – ce qui est absolument exact (6) – et qu’elles ont opposé, depuis le seizième siècle, une vigoureuse résistance aux envahisseurs européens – Portugais, Espagnols et autres.

    Un des dirigeants à qui nous faisions remarquer que les arguments juridiques marocains paraissaient au moins aussi solides, nous a répondu : « Les droits historiques sur la terre sont un droit féodal qui ne vaut que s’il est entériné par le consensus populaire. Sinon, on nierait le droit des peuples à évoluer et à s’autodéterminer. Pourquoi, dès lors, l’Angleterre ne revendiquerait-elle pas l’Amérique, les Arabes le sud de l’Espagne, etc. C’est le peuple qui donne son identité au sol, non le contraire. » Il rejette également l’argument selon lequel le territoire, faiblement peuplé, ne serait pas viable. « L’autodétermination est un principe proclamé par l’ONU. Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures ; des Etats moins riches et ayant moins d’habitants – comme les îles Maldives – ont bien accédé à l’indépendance. »

    Rappelle-t-on l’existence du F.L.U. (Front de libération et de l’unité), les dirigeants du F. POLISARIO affirment qu’il s’agit d’une « troisième force » constituée « principalement de militaires marocains détachés » qui n’auraient réussi jusqu’ici aucune opération d’envergure. L’argument est accueilli avec colère par les Marocains qui rétorquent avec raison qu’une partie de l’armée du Sud est composée d’anciens réfugiés sahraouis. Le F. POLISARIO, ajoutent-ils, bénéficie de la complaisance des autorités espagnoles, ce que nient les responsables du Front en rappelant que leurs militants sont pourchassés et emprisonnés ; ils précisent aussi que le secrétaire général du P.U.N.S. s’est réfugié au Maroc après avoir emporté la caisse de l’organisation. Quant au Morehob (Mouvement révolutionnaire des hommes bleus), il accuse tout simplement son chef d’être un « flic » dont le nom, Eduardo Moha, n’a rien de sahraoui et n’a pas rallié grand nombre de partisans. Le fait est que le comportement d’Eduardo Moha n’est pas limpide : il affirmait, début 1973, à Alger, qu’il avait eu des ennuis avec les autorités marocaines parce qu’il défendait l’indépendance du Sahara ; il disparut au moment du « sommet » des non-alignés, en septembre, après avoir emporté du matériel et contracté des emprunts, jamais remboursés, auprès de mouvements de libération. On l’a vu, depuis, dans diverses capitales arabes et occidentales, notamment à Bruxelles, et il a récemment refait surface à Rabat où il défend la thèse marocaine, pour le moment…

    Que la mission de l’ONU ait considéré le F. POLISARIO comme « partie au débat » et que M. Kurt Waldheim ait rencontré ses chefs n’ont fait qu’accroître l’irritation des Marocains et nourrir leur suspicion à l’égard d’Alger qu’ils accusent de « vouloir faire la Grande Algérie plutôt que le Grand Maghreb ».

    Sortant de son mutisme, le président Boumediène a longuement répondu dans le discours prononcé à l’occasion du dixième anniversaire de son accession au pouvoir, le 19 juin. Les thèses algériennes peuvent se résumer ainsi : l’Algérie n’a pas modifié son attitude et s’en tient aux principes qui l’ont toujours guidée. Elle a précisé à maintes reprises qu’elle établit une distinction entre les presides de Ceuta et Melilla, « partie intégrante du territoire marocain », et le Sahara occidental au sujet duquel elle ne formule d’ailleurs aucune revendication. Cependant, ayant une frontière commune avec lui, elle est considérée par l’ONU comme « partie intéressée » et elle s’est prononcée pour l’autodétermination. Pour les Algériens, cela signifie que les Sahraouis ont plusieurs choix possibles : demander leur rattachement au Maroc ou à la Mauritanie ; accepter le partage de leur territoire entre les deux ; opter pour l’indépendance. S’ils avaient voulu semer la zizanie dans la région, les Algériens n’auraient pas déployé des efforts pour réconcilier Rabat et Nouakchott et inciter la Mauritanie à adhérer au Maghreb. Fidèle à la lutte menée par le F.L.N., l’Algérie a aidé tous les mouvements de libération authentiques : il n’y avait pas de raison qu’elle refuse de répondre aux demandes du F. POLISARIO. L’argument selon lequel elle voudrait obtenir un couloir territorial ne tient pas : elle avait proposé l’exploitation en commun des gisements de fer de Gara-Djebilet et il était question que le minerai soit évacué par rail – tout comme l’oléoduc qui traverse la Tunisie évacue du pétrole, – le chemin le plus court vers l’Atlantique passant par le Maroc et non par le Sahara occidental. Les Marocains n’ayant pas donné suite au projet, M. Boumediène a voulu couper court aux spéculations en décidant qu’une ligne de chemin de fer reliera Gara-Djebilet à la Méditerranée.

    Dans l’intervalle, on apprend qu’un accord secret a été conclu après le « sommet » arabe de Rabat (octobre 1974) entre le Maroc et la Mauritanie, aux termes duquel les deux pays se seraient entendus pour se partager le Sahara occidental et exploiter en commun les gisements de phosphate de Seguiet-El-Hamra, zone qui serait placée sous la souveraineté de Rabat. Le président Bourguiba révèle publiquement à Tunis qu’il a personnellement conseillé à Hassan II et à Ould Daddah de s’entendre directement. Il précise qu’il n’y a pas lieu, selon lui, de procéder à un référendum au Sahara, « ni de créer un Etat indépendant qui serait sous l’influence de l’Espagne ou d’un Etat maghrébin ». Le président Senghor, du Sénégal, a fait une déclaration qui va dans le même sens. L’un et l’autre semblent craindre qu’un Sahara indépendant ne contribue à accroître le poids déjà grand de l’Algérie dans la région.

    Dans le même temps, une partie de la classe politique mauritanienne se pose des questions sur le danger d’un partage du Sahara ; certains n’hésitent d’ailleurs pas à condamner cette formule, et d’autres l’auraient dit en privé aux membres de la mission d’enquête de l’ONU. Ils font remarquer que le Maroc a reconnu leur pays à contrecœur et parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, le Sahara occidental servant de zone tampon. Le jour où les deux Etats auront une frontière commune, le Maroc ne cherchera-t-il pas à récupérer le Rio-de-Oro, voire la Mauritanie ? « Le partage, disent-ils, nous donne un avantage dans l’immédiat, mais nous risquons d’être perdants à moyen terme. »

    Pour leur part, les dirigeants algériens réagissent vivement à l’accord secret (7). Retournant l’argument de ceux qui craignent le poids de l’Algérie, ils se demandent si, en coulisse, les Etats-Unis ne tirent pas les ficelles pour affaiblir le Maghreb en attisant des dissensions, isoler le gouvernement Boumediène et renforcer des régimes moins radicaux.

    « On ne peut dissocier, disent-ils, les agissements autour du Sahara de la position militante adoptée par l’Algérie dans le domaine de l’énergie. On cherche à porter des coups aux options socialistes de notre pays et à son non-alignement actif et réel. »

    Quoi qu’il en soit, quelques jours plus tard M. Bouteflika, ministre algérien des affaires étrangères, est envoyé en mission à Rabat pour détendre l’atmosphère. Il y réussit si bien que les diplomates s’interrogent : l’Algérie a-t-elle modifié ses positions, a-t-elle consenti un recul stratégique ou tout simplement tactique ? Quelques faits apportent des éléments de réponse. Le 10 juillet, deux des militaires espagnols faits prisonniers par le F. POLISARIO ont été remis, sous l’égide du Croissant Rouge algérien, aux autorités de Madrid et les dirigeants du Front venus pour la circonstance à Alger nous ont laissé entendre qu’ils continuent à bénéficier du soutien de l’Algérie. D’autre part, l’ambassadeur d’Algérie, M. Bedjaoui, a développé devant la Cour internationale de La Haye l’argumentation de son pays dans toute sa rigueur.

    Les Canaries, enjeu stratégique

    Les Espagnols affirment, de leur côté, qu’ils souhaitent une concertation avec les trois pays. N’ayant pas réussi, ils ont suggéré à l’ONU de l’organiser. Mais Madrid estime aussi que le F. POLISARIO est majoritaire sur les deux tiers du territoire et qu’il peut constituer un interlocuteur valable. « Nous serions prêts à avoir des conversations avec ses dirigeants, à condition qu’ils s’identifient », nous a dit un diplomate. « En attendant, a-t-il ajouté, nous ferons tout pour parvenir à une solution pacifique. Toutefois, nos moyens étant limités, si nous devions recevoir des coups de tous les côtés, nous demanderions à l’ONU de prendre la relève et d’envoyer éventuellement des casques bleus pour assurer le maintien de l’ordre jusqu’au référendum préconisé par l’Assemblée générale. »

    Pour le moment, aucune des parties intéressées ne se hasarde au moindre pronostic, le nombre d’inconnues étant trop grand. Les milieux diplomatiques n’excluent cependant pas l’hypothèse d’une confrontation. De toute façon, le problème de la « décolonisation » des territoires administrés par l’Espagne rebondira à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre.

    Madrid affirme que Ceuta et Melilla ne sont pas négociables et que l’archipel des Canaries ne lui donne pas plus de souci que la Corse à la France. La situation pourrait bien changer. Le comité de libération de l’O.U.A., qui s’est réuni à Rabat du 9 au 15 juin, a décidé d’apporter un soutien accru et fort important au M.P.A.I.A.C. Son secrétaire général, M. Antonio Cubillo, un avocat installé à Alger, a toujours souligné que le problème du Sahara occidental était lié à celui des Canaries et il a fini par convaincre. La décision tendant à autoriser le mouvement à ouvrir une agence régionale au Maroc devrait être soumise à la prochaine réunion du comité de libération, les chefs d’Etat africains ayant pris conscience de l’importance stratégique de l’archipel que les Etats-Unis sont en train de transformer en base militaire. A partir des îles, qui servirent toujours de point d’appui à la colonisation espagnole, il est non seulement possible de neutraliser une offensive marocaine contre Ceuta et Melilla, mais aussi d’exercer un contrôle sur l’ensemble du Maghreb et de l’Afrique occidentale et équatoriale, affirme le M.P.A.I.A.C. Il a été entendu. En plus du Sahara occidental, la question des Canaries est désormais posée par l’O.U.A. Affaire à suivre.

    Paul Balta

    Auteur de La Méditerranée réinventée, La Découverte, Fondation René Seydoux, Paris, 1992.

    (1) Le mémorandum adressée par l’organisation au comité de décolonisation de l’ONU écrit cependant : « La population est d’environ sept cent cinquante mille habitants, sans les exilés ». Il semble, sans que cela soit clairement précisé, que le F. POLISARIO avance ce chiffre en y incluant les populations de territoires restitués au Maroc par l’Espagne, notamment la région de Tarfaya et peut-être aussi celle d’Ifni.

    (2) En 1957, des unités de l’Armée de libération marocaine avaient franchi Seguiet-El-Hamra et traversé le Rio-de-Oro, menaçant la frontière mauritanienne et refoulant les Espagnols sur une mince bande côtière. A la suite de cette alerte, la France, après avoir redressé la situation par l’opération « Ecouvillon », accélérait la constitution de l’Etat mauritanien tandis que l’Espagne s’apprêtait à rendre à Rabat la zone de Tarfaya pour assurer sa tranquillité dans le reste du Sahara.

    (3) Il s’agit de l’Algérie.

    (4) Le Monde des 23 mai, 3 et 6 juin 1975.

    (5) La création du P.U.N.S. est nettement postérieure.

    (6) Les Algériens font remarquer que ces actes d’allégeance étaient d’ordre spirituel et non politique, comme cela arrivait à l’époque dans le monde musulman où la notion d’Etat moderne n’existait pas encore.

    (7) Le Monde du 1er juillet.

    Le Monde diplomatique, août 1975

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Mauritanie, ONU, autodétermination,

  • Sahara occidental :L’UE oblige le Maroc d’indiquer l’origine des produits

    La Commission européenne a affirmé que tous les produits importés vers l’Union européenne, y compris ceux originaires du Sahara occidental, occupé par le Maroc, doivent respecter la législation pertinente, y compris l’obligation de fournir des informations exactes, et non trompeuses, sur le pays d’origine ou de provenance de ces produits.
    En réponse à la question de l’eurodéputée, Heidi Hautala, du groupe des Verts/Allaince libre européenne, l’agence sahraouie SPS a indiqué jeudi dernier que Janusz Wojciechowski, au nom de la Commission européenne, a souligné que le Maroc est dans l’obligation d’indiquer «l’origine des produits», originaires du Sahara occidental exportés vers l’UE. «Règlement d’exécution (UE) n 543/2011 de la Commission, qui définit les modalités d’application du règlement (CE) n1234/2007 du Conseil en ce qui concerne les secteurs des fruits et légumes et des fruits et les légumes transformés, établissent les critères qui doivent être remplis pour commercialiser ces produits», a déclaré Janusz, soulignant que «tous les produits importés, y compris ceux originaires du Sahara occidental, doivent respecter la législation pertinente, y compris l’obligation de fournir des informations exactes, et non trompeur, sur le pays d’origine ou de provenance de ces produits, qui dans ce cas doit être Sahara occidental».
    La Cour de justice de l’UE a affirmé, à trois reprises, que le Sahara occidental est un territoire séparé et distinct qui ne peut être inclus dans les accords UE-Maroc, sauf si le peuple du Sahara occidental donne explicitement son consentement. «La Commission a indiqué que le Maroc est l’un des pays dans lesquels la Commission a approuvé les contrôles de conformité. Les autorités marocaines sont chargées d’effectuer les contrôles conformément aux normes de commercialisation des fruits et légumes frais sous leur surveillance et de celles des autorités et sont responsables des contacts avec l’Union Européenne», a indiqué le responsable européen.
    Depuis plus de 40 ans, le Maroc pille des ressources naturelles du territoire sahraoui occupé et sans le consentement du peuple sahraoui. Pendant des décennies, l’UE a non seulement ignoré le conflit, mais l’a également alimenté par des accords qui ne profitent qu’au Maroc, tout en se limitant à prêter attention aux efforts de résolution du conflit entrepris par l’ONU, selon plusieurs organisations.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Union Européenne, étiquetage, 
  • Le Maroc espionnait l’Algérie à travers le Secrétariat Général de l’ONU (document confidentiel)

    Dans un document révélé par le hacker Chris Coleman, un mail envoyé par Lotfi Boucharaa, à l’époque représentant permanent du Maroc aux Nations Unies, au ministre marocain des affaires étrangères, souligne le caractère « internet et confidentiel » de ce document onusien.

    Bouchaara indique qu’il s’agit des « éléments de langage preparés pour Ban Ki-moon pour sa rencontre avec le chef de la délégation algérienne en marge de l’AG de l’ONU ».

    Texte intégral du mail :

    Tr : algerie /onu

    Lotfi Bouchaara

    Date d’envoi : mardi 2 septembre 2014 17:47

    À : SALAHEDDINE MEZOUAR

    Doc interne et conf de l onu.Les elements de langage prepares pour ban kemon pour sa rencontre avec chef de delegation algerienne en marge de l ag de l onu.lotfi

    Envoyé depuis mon smartphone Samsung Galaxy.

    ——– Message d’origine ——–

    De : I T

    Date :02/09/2014 17:37 (GMT+00:00)

    A :

    Objet : Fwd:

    pour info. (TP pour le voisin)

    [Objectives of the meeting: (i) To inquire about the implementation of political reforms; (ii) encourage Algeria to continue to support the mediation process for Western Sahara and MINURSO; (iii) thank Algeria for leading the Malian peace process and advocate for an inclusive peace process ; (iv) to discuss the situation in Libya and (v) the Sahel.]

    Political Reforms

    · Quels sont les derniers développements dans la mise en œuvre des réformes constitutionnelles lancées par le Président ? [What are the latest developments in the implementation of the constitutional reforms launched by the President?]

    Western Sahara

    · Je remercie l’Algérie de son soutien constant au processus de médiation sur le Sahara occidental mené par mon Envoyé personnel, M. Christopher Ross. Je m’inquiète du manque de progrès dans les négociations et espère que mon Envoyé personnel pourra bientôt relancer le dialogue entre les parties avec l’appui des pays voisins. Que pouvons-nous faire pour rendre le processus de médiation plus efficace? [I thank Algeria for its continued support to the mediation process on Western Sahara led by my Personal Envoy, Mr. Christopher Ross. I am concerned by the lack of progress in the negotiations and hope that my Personal Envoy will soon be able to renew the dialogue between the parties with the assistance of the neighboring States. What more can we do to make the mediation process more efficient?]

    · Je remercie également l’Algérie de sa coopération avec la MINURSO et encourage la poursuite de relations constructives entre les autorités algériennes et la Mission. [I would also like to thank Algeria for its cooperation with MINURSO and look forward to continued, constructive relations between the Algerian authorities and the Mission.]

    · J’espère sincèrement que le Maroc et l’Algérie poursuivront leurs efforts pour améliorer leurs relations bilatérales. Les Nations Unies demeurent prêtes à continuer à soutenir ce processus. [It is my sincere hope that Algeria and Morocco will resume their efforts to improve bilateral relations. The UN remains ready to continue to support this process.]

    Mali (See also generics)

    · L’Algérie joue un rôle clé dans le processus de paix au Mali. Je me réjouis de la collaboration de l’Algérie, des pays voisins du Mali, des organisations régionales et de mon Représentant spécial dans l’élaboration d’une feuille de route à Alger. Il est essentiel que tous les acteurs concernés continuent à travailler ensemble pour soutenir le processus politique. [Algeria is playing an important role in supporting Mali’s peace process. I was encouraged to see Algeria and Mali’s neighbours, regional organizations and my Special Representative working together in Algiers to produce a roadmap. It is essential that all actors involved continue to coordinate their support to the political process.]

    · Seul un processus inclusif peut déboucher sur une paix durable. Nous espérons que les parties et l’équipe de médiation incluront l’ensemble de la société malienne dans les pourparlers. [Only an inclusive process can create sustainable peace. We hope the parties and the mediation team will ensure that broader Malian society is included in the talks.]

    · Je comprends que le calendrier des pourparlers est ouvert. Avez-vous établi avec la médiation des jalons ou des mesures spécifiques provisoires qui pourraient aider à faire avancer les discussions? [I understand that the timetable for the talks is open-ended. Have you and the mediation established milestones or specific interim steps that could help advance the discussions?]

    The Sahel (See generics)

    Libya (See also generics)

    · J’encourage l’Algérie à soutenir les efforts de mon nouveau Représentant spécial, M. Bernardino León, pour parvenir à un accord d’ensemble sur le futur de la transition en Libye. Il est important d’accroître la coopération régionale pour sécuriser les frontières. [I would like to encourage Algeria to support the efforts of my new Special Representative, Mr. Bernardino León, to facilitate broad agreement on the way forward for the transition in Libya. Increased cooperation with neighbours on border security is important.]

    Source : Maroc Leaks, 7 fév 2020

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, ONU, Ban Ki-moon, Secrétariat Général de l’ONU, espionnage, Mali, Libye,

  • L’Italie octroie une aide de 500.000 € aux réfugiés du Sahara Occidental

    ALGER – Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies accueille favorablement une contribution de 500 000 € (570 000 $ US) du gouvernement italien pour fournir une aide vitale aux réfugiés du Sahara occidental en Algérie.

    La contribution italienne permet au PAM de couvrir les besoins alimentaires de base de milliers de familles de réfugiés sahraouis; leur fournir une ration alimentaire mensuelle comprenant des céréales (riz, orge et farine de blé), des légumineuses, de l’huile végétale, du sucre et des aliments composés enrichis.

    Le PAM utilisera une partie de la contribution pour son programme d’alimentation scolaire qui vise à encourager environ 40 000 enfants des écoles et jardins d’enfants des camps à s’inscrire et à fréquenter les cours régulièrement. Chaque enfant reçoit une collation en milieu de matinée qui comprend des biscuits nutritifs et du lait pour éviter la faim qui affecte la capacité des enfants à se concentrer pendant la journée.

    «Le timing de cette contribution est extrêmement opportun pour couvrir les besoins urgents au début de l’année», a déclaré Imed Khanfir, représentant du PAM et Directeur Pays en Algérie. «Le PAM est très reconnaissant au peuple et au gouvernement italiens pour leur soutien continu qui nous permet d’aider des milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants sahraouis.»

    L’Italie a été un partenaire important du PAM Algérie, donnant un total d’environ 2,5 millions de dollars EU au cours des cinq dernières années.

    «La Coopération Italienne est fortement engagée dans l’aide humanitaire aux populations les plus vulnérables du monde, dans le but de contribuer à répondre à leurs besoins fondamentaux, tels que l’accès à la nourriture et à l’eau», a affirmé Pasquale Ferrara, ambassadeur d’Italie en Algérie. «C’est pourquoi nous avons confirmé notre contribution annuelle au PAM – ainsi qu’à l’UNICEF – pour soutenir leurs activités remarquables ciblant les réfugiés sahraouis à Tindouf. Nous remercions chaleureusement le PAM et toutes les organisations internationales ainsi que les ONG qui opèrent avec engagement et humanité dans les camps. Nous espérons renforcer encore notre coopération avec le PAM afin d’améliorer les conditions de vie des réfugiés, en particulier de la jeune génération ».

    Depuis plus de 40 ans, les Sahraouis vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans le désert du Sahara au sud-ouest de l’Algérie. Hébergées dans cinq camps de réfugiés, près de la ville algérienne de Tindouf, les familles de réfugiés dépendent principalement de l’assistance du PAM pour leurs besoins alimentaires, car les possibilités d’emploi et de subsistance sont limitées.

    Le PAM soutient les réfugiés du Sahara occidental en Algérie depuis 1986. Les opérations du PAM en Algérie sont menées et surveillées en collaboration avec des organisations nationales et internationales pour garantir que l’aide alimentaire parvienne aux personnes auxquelles elle est destinée.

    Source : PAM 

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, réfugiés, Tindouf, PAM, Italie, aide humanitaire,