Étiquette : Maroc

  • L’exclusion du PS d’Emir Kir… ou la « vengeance » de Mohammed Azzouzi

    Peu avant les élections communales de 2018, Kir, en patron incontesté du PS (Ligue ouvrière) ten noodois, avait exigé de ses troupes soumises de sa section PS, de procéder à la mort politique du député-échevin Mohammed Azzouzi.

    Le Marocain avait été jeté comme un chien à la porte par toutes celles et tous ceux qu’écrasait le descendant d’Ataturk.

    Azzouzi doit se délecter présentement du sort qu’a réservé à Kir la Commission de vigilance du PS.

    Un autre ex édile ten noodois doit aujourd’hui se réjouir de l’exclusion de l’actuel maïeur de Saint Josse.

    Il s’agit comme vous pouvez le deviner, de l’ancien bourgmestre de cette entité, le batteur du groupe Amazing Games Jean Demannez.

    C’est que Kir, pour s’asseoir dans le fauteuil jadis occupé par Guy Cudell, à estimé nécessaire de se débarrasser de tous ceux qu’il estimait dangereux pour ses ambitions démesurées.

    D’autant qu’à Saint Josse, aucun militant de la section et « nul » élu PS – turcs et Marocains- n’a osé tenir tête à l’homme aux 20000 voix turques.

    Ceci sans publier le coup fourré qu’avait asséné Kir à Ahmed Laaouej, lorsqu’il avait invité Rachid Madrane seul à un « débat » électoral pour la présidence de la Fédération bruxelloise du PS, alors que la règle établie en cette circonstance précisait clairement que les deux candidats à cette présidence devaient débattre face à face.

    Les dirigeants bruxellois du PS, feu Philippe Moureaux, Charles Picqué, Lauretre Onkelinkx et d’autres, qui avaient introduit le loup (gris) dans la bergerie PS ont trop tardé pour réagir et stopper l’ascension fulgurante de l’homme d’Erdogan dont le négationnisme s’était manifesté il y a belle leurette.

    Kir en a profité pour bétonner son emprise sur la communauté turque de Bruxelles.

    D’autres loups grisonnants et autres extrémistes de droite et islamistes restent bien présents au sein de la fédération bruxelloise du PS.

    Un ex élu PS turc de Schaerbeekois m’a informé pas plus tard que ce matin, que si la décision d’exclure Kir du PS devait être maintenue, un poste de ministre au sein du gouvernement d’Ankara lui est désormais proposé .

    Je me dois de rendre hommage à cette occasion, à Benoît Lutgen, ex président du Cdh, qui n’avait pas hésité à exclure, il y a des années, l’enfoulardée Mahinur Ozdemir, prenant le risque à travers cette décision de perdre des milliers de suffrages à Bruxelles.

    https://bruxellois-surement.blogspot.com/2015/06/benoit-lutgen-mahinur-ozdemir-ne-sera.html?m=1

    Que va faire le massif électorat de Kir aux prochains scrutins qui risquent de se présenter assez tôt s’il s’avère impossible de former un gouvernement fédéral dans des délais raisonnables?

    Je l’ai écrit il y a longtemps sur ce blog: les partis démocratiques doivent obliger leurs élus à rénoncer à la double nationalité dès lors que ces derniers accèdent à des fonctions exécutives.

  • Sahara Occidental : De l’argent marocain pour corrompre l’ONU

    Un mercredi matin, un diplomate auprès de la mission marocaine à l’ONU quitte les salons VIP d’Air France, escorté d’une hôtesse, pour embarquer à bord d’un vol pour New York. Alors que deux téléphones portables tombent de sa sacoche, restée ouverte, il s’aperçoit que 20.000 euros ont disparu. Le diplomate refait alors le chemin en sens inverse, espérant retrouver son argent. En vain. Il signale la perte et embarque à bord de l’avion, alors que la PAF (Police aux frontières) commence son enquête.

    La réponse sera trouvée grâce à la vidéo-surveillance qui a filmé un employé ramassant l’argent par terre dans un couloir de l’aéroport. Bien sûr les services de sécurité ont parlé de l’affaire à la presse pour éviter que d’autres employés ne fassent la même erreur.

    L’histoire a été très commentée sur la toile. Certains expriment leur étonnement de voir qu’un diplomate peut se » balader » avec une somme de 20.000 euros alors que, d’après la loi en France, il est tenu de déclarer à l’entrée comme à la sortie du territoire toute somme supérieure à 10.000 euros.

    D’autres, avec un air burlesque, se demandent si les » diplomates marocains n’ont pas de carte de crédit ? » pour être obligés à porter de grosses sommes dans leur valise. Un autre exprime une remarque très pertinente. » A part dans le banditisme, je ne connais aucune raison de détenir 20 000 euros en liquide « , dit-il. Il ne croyait pas si bien dire, parce que cet argent va tomber entre les mains de l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilal, diplomate qui a prouvé de l’excellence en matière de bakchich, surtout avec les fonctionnaires onusiens.

    Lorsqu’il représentait son pays en Suisse, Omar Hilal avait recruté de gros poissons dans les instituions européennes. Au Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme, il avait mis dans sa poche ni plus ni moins que le directeur des opérations sur le terrain, le Suédois Anders Kompass. Des faits connus grâce à des documents du ministère marocain des Affaires étrangères, révélés par le mystérieux hacker, Chris Coleman.

    Il semble que Kompass, que Hilal appelait » mon ami » dans ses notes, avait des relations très intimes avec l’ambassadeur marocain. Il lui passait de l’information confidentielle sur les activités de l’ONU liée à la question du Sahara Occidental et a réussi à avorter le projet onusien d’élargir les compétences de la Minurso (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental) pour lui permettre de rapporter sur les violations des droits de l’homme.

    Un autre gros poisson qui travaillait pour Hilal était le Pakistanais Athar Sultan Khan, directeur du cabinet de M. Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, Omar Hilale, HCDH, HCR,

  • Répondre aux aspirations de la jeunesse du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

    Depuis quelques mois, les jeunes sont toujours plus nombreux à descendre dans les rues du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) pour réclamer l’amélioration de la gouvernance, de la transparence, des services publics, de l’environnement et des perspectives d’emploi.

    Si ces manifestations nous rappellent les « printemps arabes » de 2010 et 2011, c’est parce qu’elles en sont, pour de nombreux experts, la prolongation et qu’elles trouvent leur origine dans l’attente, trop longtemps insatisfaite, de véritables changements structurels dans la gouvernance économique et sociale. Mais tandis que les manifestations de 2010-11 ont été concomitantes à plusieurs chocs exogènes et endogènes (comme le brusque effondrement des prix du pétrole ou le déclenchement de conflits civils) qui ont bouleversé la région, les mouvements d’aujourd’hui ne doivent pas fatalement produire les mêmes effets déstabilisateurs. De fait, les troubles de l’année 2019 offrent à la région une occasion unique d’accélérer le déploiement de réformes porteuses de transformation et capables de libérer l’incroyable potentiel de l’un de ses meilleurs atouts : sa jeunesse et ses multiples talents. Et c’est exactement ce que la stratégie du Groupe de la Banque mondiale pour la région MENA cherche à obtenir.

    Toute évaluation de la situation des jeunes dans la région doit commencer par un rappel de statistiques qui donnent à réfléchir : deux tiers des habitants ont moins de 35 ans ; le chômage des jeunes (15-24 ans) dépasse les 25 % ; et pratiquement la moitié de ce groupe (40 %) est constitué de femmes, y compris de diplômées de l’enseignement supérieur. C’est d’ailleurs la seule région au monde où la probabilité de se retrouver au chômage augmente avec le niveau d’instruction, alors même que ses pays investissent généreusement dans le système public d’éducation, avec des dépenses médianes supérieures à la moyenne de l’OCDE. Clairement, l’utilisation du capital humain constitue un défi de taille. Tout comme le développement de ce capital : un enfant qui naît aujourd’hui dans un pays de la région MENA aura à 18 ans un niveau de productivité de 55 % inférieur à celui qu’il pourrait atteindre en bénéficiant d’une éducation et de soins de santé de qualité. Et, actuellement, près de 60 % des enfants ne savent pas lire couramment. Le cumul de ces handicaps est inquiétant.

    Face à la gravité de la situation, la Banque mondiale a lancé en 2019 sa stratégie élargie pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. S’appuyant sur celle de 2015, élaborée dans le sillage du Printemps arabe et des différents chocs connexes, la stratégie de 2019 entend créer des débouchés économiques pour les jeunes en axant les efforts sur l’amélioration du capital humain, le levier des technologies numériques et le développement de l’activité du secteur privé, y compris pour les jeunes entrepreneurs, en garantissant une concurrence libre et équitable sur les marchés des biens et des services.

    Le déploiement opérationnel de ces axes est désormais bien engagé. Nous venons de lancer un plan d’action pour le capital humain dans la région MENA, qui définit des objectifs ambitieux en termes d’amélioration de l’éducation, de la santé, de la protection sociale et de l’emploi. Ce plan régional est en train d’être décliné pays par pays. Nous sommes également déterminés à doubler les connexions internet haut débit et, face à leur rôle essentiel pour l’essor d’une nouvelle économie numérique, à généraliser les paiements décentralisés.

    Parallèlement à la mise en œuvre de cette stratégie élargie, nous nous employons à mieux comprendre l’étendue et la diversité des aspirations d’une jeunesse tout sauf monolithique. Ainsi, alors que notre vision pour la région repose sur un rôle plus prononcé du secteur privé dans la création d’emplois durables de qualité, des enquêtes récentes montrent que les jeunes de la région MENA souhaitent voir l’État continuer à jouer un rôle important dans la création d’emplois et la fourniture de biens et de services abordables (comme le logement), signe d’attentes fortes sur le plan de l’égalité des chances et des opportunités mais aussi de l’égalité de traitement. Comme la plupart de ces pays disposent d’une marge de manœuvre budgétaire limitée, il est cependant évident que le secteur public ne peut pas rester la solution de premier recours, ce qui oblige à s’intéresser de plus près au rôle optimal de l’État dans les économies du 21e siècle.

    Pour les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, défis et opportunités vont de pair. Mais tous disposent d’un atout exceptionnel : une jeunesse nombreuse et dynamique ! Dès lors, tout l’enjeu pour ces pays comme pour la communauté internationale tient en une question : comment exploiter au mieux ces incroyables énergies pour assurer une croissance inclusive et durable dans la région MENA et au-delà ?

    Anna Bjerde

    Directrice de la stratégie et des opérations de la Banque mondiale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

    Banque Mondiale-Blogs, 13 jan 2020

    Tags : Afrique du Nord, MENA, Maroc, Tunisie, Libye, Algérie, Mauritanie,

  • Sahara Occidental : la tension monte au poste d’El Guargarat

    Guerguerat : La tension monte et les drapeaux Sahraouis flottent de nouveau

    Un groupe de Sahraouis a fermé ce soir samedi 11 janvier 2020, la traversée de la frontière, au niveau de la zone dénommée El Guerguerat , située au nord de Nouadhibou, brandissant les drapeaux sahraouis et scandant des slogans contre l’occupation par le Maroc de la région.

    Plusieurs tentes ont été dressées dans la zone et des femmes ont participé pour la première fois ,au nouveau mouvement sahraoui.

    Les participants au sit-in tentent d’envoyer un message de protestation ,aux organisateurs du célèbre rally africa race , traversant la région pour la quatrième fois consécutive ,sans la permission du Front Polisario.

    Une tentative de rappeler au monde que la région actuelle est une région sous occupation et le référendum de sa détermination n’est pas encore organisé.

    Il est prévu que la circulation des personnes et des biens sera affectée par le nouveau sit-in, et les prix de certaines denrées alimentaires pourraient augmenter en Mauritanie ,au cours des prochaines heures, avec la perte de certaines exportations marocaines, en raison de l’incapacité des camions marocains à traverser la région sous tension

    Source : http://zahraa.mr/node/22390

    Traduit par adrar.info

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Mauritanie, Guergarat, rally, Africa Eco Race,

  • Déclaration attribuable au porte-parole du Secrétaire général – sur le Sahara occidental

    Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général

    Le Secrétaire général est préoccupé par l’augmentation des tensions au Sahara occidental alors que l’Africa Eco Race s’apprête à traverser Guerguerat.

    Le Secrétaire général appelle tous les acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à désamorcer les tensions.

    Il est important de permettre la poursuite du trafic civil et commercial régulier et de s’abstenir de toute action susceptible de modifier le statu quo de la bande tampon.

    Le Secrétaire général réitère l’engagement des Nations Unies d’aider les parties à trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.

    UNSG, 11 jan 2020

    tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, El Guergarat, Africa Eco Race, rallye,

  • Sahara Occidental : Aminatou Haidar tabassée sous le regard complice de la MINURSO et le silence d’Antonio Guterres

    Samedi 11 janvier 2020, la militantes des droits de l’homme, Aminatou Haidar, a été « tabassée » à El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental.

    « Voilà le tortionnaire marocain qui m’ a tabassée cet après midi à El Aaiún Occupé, il exécute les ordres de ces responsables membres du Régime expansionniste marocain,bénéficiant de l’ impunité totale. MINURSO après 29 ans sans mandat de surveiller les des droits de l’ homme!! », a écrit Mme Haidar dans un tweet pour dénoncer le silence de la MINURSO et du Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, sur les excès de l’administration colonialiste marocaine.

    Dans ce combat humanitaire, les sahraouis sont solitaires. Ils doivent se débrouilller seuls au milieu d’une ambiance de violence inouïe pratiqué par une puissance d’occupation soutenue par une puissance internationale et dont le soutien lui garantit tous les excès et les violations des droits de l’homme imaginables.

    Aminatou Haidar a découvert une amère réalité. A l’intérieur ou à l’extérieur des geôles marocains, la situation est pareille. La différence se trouve dans les dimensions. Ici, il s’agit d’une prison à ciel ouvert et dont les dimensions sont gigantesques. Le Maroc entretient au Sahara Occidental une prison dont les limites se trouvent aux frontières du territoire sahraoui.

    Aminatou Haidar se plaint tout en diffusant la photo de son tortionnaire. Sa douleur sera-t-il écoutée par les responsables de l’ONU. Rien n’est moins sûr!

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Aminatou Haidar, répression, MINURSO, ONU, Antonio Guterres,

  • 15e congrès du Front Polisario: La paix pour sortir de l’impasse

    Fin décembre s’est tenu le 15e congrès du Front Polisario, à Tifariti, dans les territoires libérés. Mille quatre cents délégués participaient aux travaux en présence de nombreuses délégations étrangères1.

    En dépit de la Charte et des résolutions des Nations unies qui appellent de leurs voeux l’organisation d’un référendum d’autodétermination sur l’indépendance, le Maroc occupe illégalement le Sahara occidental depuis 1975 entravant le processus de décolonisation de la dernière colonie d’Afrique. L’enlisement du conflit et le statut-quo actuel constituent une remise en cause flagrante de la légalité internationale, favorisent la violation des droits humains notamment dans les territoires occupés et encouragent le pillage des ressources naturelles du peuple sahraoui.

    L’Espagne, comme ancienne puissance coloniale, porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Pour sa part, la France, par le soutien inconditionnel qu’elle apporte à la monarchie chérifienne, cautionne l’intransigeance marocaine jusqu’à anéantir, par ses prises de positions, tous les espoirs de paix. Le sabotage constant par Paris de l’action de l’émissaire de l’ONU, Horst Kohler, a accéléré sa démission. Rappelons par ailleurs que la France s’est opposée à l’extension des prérogatives de la Minurso sur la protection des droits humains dans les terriroires occupés et use de tout son poids pour promouvoir la prédation coloniale. En effet, le gouvernement français a été à la manoeuvre au sein de l’Union européenne pour imposer l’extension des tarifs douaniers préférentiels aux territoires occupés du Sahara occidental et ce en violation des arrêts de la Cour européenne de justice.

    Le Front Polisario, représentant du peuple Sahraoui a multiplié, en vain ces dernières années, les initiatives de paix en faisant d’innombrables concessions afin de créer les conditions d’une confiance mutuelle. Il s’est heurté à une fin de non-recevoir de Rabat dont le nationalisme expansionniste constitue une source de tension dans la région. Le projet du « Grand Maroc » englobe en effet le Sahara occidental mais aussi une partie de la Mauritanie, le nord du Sénégal, 40% de l’Algérie et le nord-ouest du Mali. Cet état de guerre permet au makhzen d’asseoir sa légitimité sur l’occupation mais de faire subir aussi au peuple marocain l’oppression.

    Ce congrès avait pour objectif de trouver les chemins pour sortir de l’impasse. Le Président de la République et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités en faisant appliquer le droit à l’autodétermination et à l’indépendance qui sont non-négociables. Il a rappelé que le Front Polisario utilisera tous les moyens permis par la légalité internationale pour imposer les droits du peuple saharaoui. Il a exhorté le secrétaire général de l’ONU à nommer sans tarder un nouvel émissaire afin de compléter les efforts de son prédécesseur. Faute de quoi, la reprise de la lutte armée pourrait constituer une pespective.

    Alors que l’Afrique du Nord connaît une période de forte instabilité, que des mécanismes de fragmentations sont à l’oeuvre, que l’autoritarisme brime l’aspiration démocratique des peuples, la France doit changer radicalement de politique au Sahara occidental afin de faire prévaloir une paix juste et respectueuse du droit des peuples. Les Sahraouis forment un peuple pacifique qui font vivre une démocratie moderne respectueuse du droit international. Ils sont un atout pour la stabilité et la coopération régionale. Face aux défis sécuritaires comme le terrorisme, les trafics humains et de drogue, la France ne peut s’appuyer sur le Maroc. Ce pays est l’un des premiers producteurs de drogue au monde et ce trafic qui se structure autour de bandes criminelles et d’organisations terroristes ne fait l’objet d’aucune sanction, n’est jamais inquiété voire protégé.

    Le Parti communiste français a rappelé sa solidarité pleine et entière avec le peuple sahraoui. Il considère que le blocage actuel est avant tout politique et qu’il s’agit de mobiliser avec plus de force les opinions publiques pour que la France réponde à la main tendue par le Front Polisario pour imposer une paix durable.

    Pascal TORRE
    responsable-adjoint du secteur international du PCF
    chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

    PCF-FG, 9 jan 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, 15ème congrès,

  • Comment le Maroc détourne les ressources du Sahara Occidental

    Le Maroc, en refusant la tenue du référendum d’autodétermination décidé par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1991, cherche à gagner du temps dans son conflit avec le Sahara Occidental pour maintenir un statu quo en sa faveur. En effet, cette situation lui permet de détourner les ressources naturelles du peuple sahraoui, en complicité avec des firmes multinationales qui y trouvent leur profit. Loin d’être un simple bout de désert sans intérêt, ce pays est assis sur de grandes richesses, dont l’exploitation de type colonial se poursuit à nos jours. Il s’agit bien d’un cas de décolonisation inachevée.

    Après une guerre de guérilla déclenchée le 4 mars 1976 par l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) contre les forces d’occupation du Maroc et de la Mauritanie, qui ont occupé le Sahara Occidental après le départ des Espagnols en 1975 (Accords de Madrid), un cessez- le-feu entre le Maroc et le Front Polisario (la Mauritanie s’étant retirée du conflit en 1979) est imposé en 1991 par l’ONU, avec un plan de règlement comprenant l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

    56 sociétés internationales autorisées par Rabat à opérer au Sahara occupé

    Depuis la fin d’une guerre qui a duré 16 ans, Rabat tergiverse pour contourner le plan de décolonisation de l’ONU. Alors que le précédent roi du Maroc, Hassan II, l’avait accepté, son héritier, Mohamed VI, le refuse et tente de lui opposer depuis 2006 une autre option : l’autonomie. Mais celle-ci est rejetée à son tour par le Polisario, puisqu’elle ne reconnaît pas l’indépendance et la souveraineté du peuple sahraoui et son droit de choisir son destin et de gérer librement son territoire et ses ressources.

    Pour les Sahraouis, la France, qui soutient le plan marocain d’autonomie, est «le plus grand obstacle» à l’autodétermination. Bassiri Moulay Hassen, membre de la représentation du Front Polisario en Belgique, a déclaré récemment que l’opposition de la France, membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, à la tenue du référendum est dictée par le souci de «préserver ses intérêts économiques» dans la région. Ce soutien français confère une sorte d’impunité à Rabat qui défie ainsi les Nations unies qui ont inscrit depuis 1966 le Sahara Occidental sur la liste des territoires non autonomes, en vertu de la Résolution de 1960 sur l’indépendance aux pays et peuples coloniaux.

    Ce statu quo est mis à profit par les autorités marocaines pour exploiter au maximum les richesses des Sahraouis, qui sont eux réduits à la pauvreté et à l’exploitation sous l’occupation ou à l’exil, vivant de l’aide internationale dans des camps de réfugiés, à Tindouf, en Algérie, pays voisin qui soutient (comme d’autres Etats africains) le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Les ressources naturelles du Sahara Occidental sont ainsi livrées à un pillage organisé par les autorités marocaines, avec la complicité de plusieurs firmes étrangères et l’appui de puissances occidentales, comme la France et l’Espagne, qui y’trouvent leur compte. Aucun embargo, aucun boycott, aucune sanction, pourtant utilisés dans le cas d’autres pays, n’ont été décrétés par la communauté internationale contre des entreprises qui violent le droit international en matière d’exploitation des ressources d’un pays sous occupation.

    Un statu quo qui profite au Maroc et aux multinationales

    «Sans doute que le pillage illégal des ressources naturelles du Sahara Occidental par la monarchie marocaine et ses alliés est un grand obstacle qui alimente la continuité du conflit, car, à travers ces revenus, le Maroc achète les armes, finances les lobbies et achète les positions des pays pour cautionner son occupation. Et ceci ne peut que retarder le référendum et augmenter les souffrances du peuple sahraoui», soutient le président de l’autorité sahraouie du pétrole, le docteur Ghali Zubair.

    Selon lui, pas moins de 56 sociétés, de différentes nationalités et de différents continents, ont signé des contrats avec le Maroc et sont présents dans divers domaines d’activités économiques dans le territoire du Sahara Occidental. Il y a 9 entreprises dans la pêche, 18 dans l’exploration pétrolière et gazière, 7 dans l’électricité et les énergies renouvelables, 18 dans les phosphates, 4 dans l’exploration minière, 2 dans l’agriculture et autant dans le financement et les services.

    Mais le combat mené de longue date par le peuple sahraoui, soutenu par des ONG européennes, contre ce pillage commence à porter ses fruits, comme l’invalidation par la Cour européenne de justice (CJUE) de l’accord de pêche Maroc-UE signé en 2014 permettant à des bateaux de pêche européens d’opérer dans les eaux du Sahara Occidental.

    Cet accord est invalidé le 10 janvier 2017 par l’avocat général de la CJUE, Melchior Wathelet, «du fait qu’il s’applique au Sahara Occidental et aux eaux y adjacentes». Il a estimé qu’en concluant cet accord, l’union, qui a violé son obligation de respecter le droit du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination, «n’a pas mis en place les garanties nécessaires pour assurer que l’exploitation des ressources naturelles du Sahara Occidental se fasse au bénéfice du peuple de ce territoire non autonome».

    Cependant, selon les dernières informations, la Commission européenne a renégocié l’accord en question et signé le 31 janvier 2018 à Bruxelles un avenant avec le gouvernement marocain, sans tenir compte de la décision de la Cour de justice européenne (CJUE) qui, dans son arrêt du 21 décembre 2016, disposait que le Sahara Occidental est un territoire «séparé et distinct» du Maroc, et que, par conséquent, le consentement de ses représentants à tout accord commercial ou d’association de l’UE affectant leur territoire est obligatoire.

    La Commission européenne «fait preuve d’un mépris flagrant pour le jugement de la Cour de justice et entrave les efforts de paix de l’ONU au Sahara Occidental», estime l’Observatoire des ressources du Sahara Occidental (WSRW), qui joue un grand rôle dans la lutte contre le pillage des ressources du Sahara Occidental. Selon l’observatoire, d’autres pays européens, «tels que la Norvège, la Suisse, l’Islande, le Liechtenstein, et les Etats-Unis ont des accords commerciaux légaux avec le Maroc qui ne s’appliquent explicitement pas au Sahara Occidental. L’UE, sous la pression française, hésite à suivre cette voie».

    Le ministre délégué auprès de l’Europe et membre du secrétariat national du Front Polisario, Mohamed Sidati, invité par la Commission européenne à Bruxelles, a exprimé sa «préoccupation» devant «les tentatives en cours pour inclure le Sahara Occidental dans les accords commerciaux UE-Maroc sans le consentement du peuple sahraoui à travers son représentant légitime, le Front Polisario». Ce dernier s’oppose à «tout accord économique entre l’UE et le Maroc qui n’exclut pas explicitement le Sahara Occidental du champ d’application».

    Mais certains pays comme la Suède ont d’ores et déjà exprimé leur rejet de cette reconduction. Le ministre des Affaires rurales, Sven Erik Bucht, a annoncé que son pays votera «non» et qu’il « refusera chaque nouvel accord de partenariat entre l’UE et le Maroc dans le domaine de la pêche tant qu’il inclura les eaux territoriales sahraouies».

    Il pourrait être suivi par le Danemark, dont la ministre de l’Egalité des chances, Karen Ellemann, a indiqué que le gouvernement danois examinera tout accord de partenariat avant son adoption pour s’assurer de sa conformité à la légalité internationale. L’Association danoise des amis de l’ONU avait appelé à voter «non» et exhorté «la Commission européenne à prôner la stabilité et la paix dans la région, à les placer au-dessus des intérêts commerciaux avec le Maroc».

    Après son invasion en 1975, lors de la «marche verte», pour annexer le Sahara Occidental, le Maroc exploite les ressources naturelles de ce pays sans vergogne. Cette exploitation «lui a permis, en partie, de financer la guerre et d’ancrer durablement cette occupation coloniale», estime Sahara Info, le site de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique. En 1998, le Maroc, qui occupe 80% du territoire sahraoui, construit un mur de séparation pour mieux isoler le «Sahara utile» et en exploiter les ressources «en toute sécurité».

    Selon plusieurs témoignages publiés dans la presse internationale, sur la route reliant Laâyoune à Dakhla (où le roi Mohammed VI a inauguré la nouvelle halle au poisson en février 2016), de nombreux camions transportent poulpes et poissons blancs pêchés dans les eaux sahraouies, qui sont parmi les plus poissonneuses au monde. La pêche dans les «provinces du Sud» (nom donné par le Maroc au Sahara Occidental) représente 78% des captures marocaines et «génère une richesse immense», d’après un reportage du mensuel français Le Monde Diplomatique en mars 2014.

    Tout comme les poissons, les produits agricoles sont quotidiennement convoyés au Maroc, avant d’être expédiés vers le marché européen. La tomate de Dakhla est acheminée à Agadir, au Maroc, où elle est conditionnée sous le label «Maroc», puis commercialisée sur les marchés européens sous les marques Etoile du Sud, Idyl, Azura, qui sont des sociétés franco-marocaines. La France est le premier partenaire commercial et le principal investisseur étranger au Maroc (70% des IDE).

    «La France contribue activement à ce statu quo en défaveur des Sahraouis», estime Le Monde Diplomatique, en soulignant que «les autorités marocaines déploient une intense activité pour convaincre que l’exploitation économique profite à la population du territoire». Elles multiplient les annonces de nouveaux programmes d’investissement (…) et «le Makhzen (le palais) fait tout pour accréditer l’idée que les Sahraouis profitent des richesses naturelles».

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    Le Maroc a lancé en 2013 un gigantesque programme d’investissement de plus de 12 milliards d’euros sur une période de dix ans visant à créer 120 000 emplois pour «développer les provinces du Sud». «Le roi Mohammed VI veut développer et pacifier le Sahara Occidental en attendant un règlement du conflit aux Nations unies», note Le Figaro.

    Les firmes Glencore, Kosmos et Capricorn se retirent

    Le retrait de Glencore, multinationale pétrolière suisse, de l’exploration pétrolière a été suivi par celui de Kosmos Energy (Etats-Unis) et Capricorn Exploration & Development Company Ltd (Royaume-Uni), dans le même bloc Boujdour, où elles opéraient depuis plusieurs années avec une licence octroyée par l’Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM).

    Le retrait de Glencore, présente depuis 2013 sur le bloc Boujdour, intervient après les pressions exercées par plusieurs investisseurs internationaux, des banques et des bailleurs de fonds, qui ont refusé de s’impliquer dans ces projets illégaux du fait qu’ils concernent un territoire occupé. L’ONU avait énoncé en 2002 qu’aucune exploration pétrolière ne peut avoir lieu sans le consentement du peuple sahraoui.

    Pour l’observatoire WSRW, le retrait de Glencore «peut contribuer au processus de paix», car «tant que le Maroc continue de signer des accords avec des entreprises étrangères pour l’exploration pétrolière dans le territoire qu’il occupe, il rejettera toute proposition onusienne de négociation».

    Les pressions juridiques et éthiques contre les sociétés étrangères impliquées dans des projets marocains ont fini par avoir gain de cause de la société canadienne Nutrien, «le plus gros importateur» des phosphates, qui a annoncé le 25 janvier dernier son intention d’arrêter ses importations suite à la fin du contrat entre la société canadienne Agrium et l’OCP en 2018. Il faut savoir qu’Agrium et Potash Corp (Etats-Unis) ont été mises sur la liste noire de plusieurs investisseurs institutionnels pour non-respect du droit international et des droits humains au Sahara Occidental.

    Le pillage des phosphates, ressource historique du Sahara Occidental, a rapporté plus de 300 millions de dollars en 2013 à l’Office chérifien des phosphates (OCP) et plus de 200 millions de dollars en 2016, selon WSRW. La mine à ciel ouvert de Boucraâ, qui fournit l’un des meilleurs minerais au monde, est exploitée depuis 1962. «Après le départ des colons espagnols», le Maroc «a pu contrôler Phosboucraâ», en accord avec l’occupant antérieur, l’Espagne, qui en est «restée actionnaire jusqu’en 2002», a révélé Le Monde Diplomatique.

    Sur le plan judiciaire, la lutte menée par le Front Polisario et les ONG contre les acteurs du commerce illégal du phosphate du Sahara Occidental a connu au cours de l’année écoulée plusieurs succès, comme le cas du navire NM Cherry Blossom qui transportait 55 000 tonnes, en route pour la Nouvelle-Zélande et qui a été arraisonné à Port-Elizabeth, en Afrique du Sud. Trois semaines après, en mai 2017, un second bateau, le danois Ultra Innovation, faisant route vers le Canada, a été stoppé au moment où il traversait le canal de Panama.

    Outre les riches gisements de phosphates découverts par l’Espagne en 1947, le sous- sol sahraoui contient d’autres minerais et matières premières qui suscitent bien des convoitises des multinationales, tels que le fer, le titane, le manganèse, l’uranium, le titanium et le vanadium, et probablement, l’antimoine et le cuivre, selon le site de ressources documentaires Irénées. Il faut ajouter le sel et le sable illégalement exportés vers la France et les Iles Canaries.

    Afin de contrer la politique coloniale de spoliation et de pillage, les militants sahraouis, aidés par des ONG européennes solidaires, mènent un combat de longue date. Mais cette résistance va connaître un essor à partir de 2010, avec les nouvelles générations de Sahraouis vivant sous l’occupation, à travers notamment la naissance du mouvement de masse Gdeim Izik de Laâyoune. Celui-ci a mis au centre de ses revendications «la souveraineté sur les ressources naturelles».

    Ce mouvement fut du reste violemment réprimé par les forces d’occupation marocaines et ses animateurs arrêtés, dont le président du Comité sahraoui pour la protection des ressources naturelles au Sahara Occidental, S. Lemjiyed, condamné à la prison à vie. Une campagne internationale de dénonciation est toujours en cours pour exiger sa libération et celle de ses camarades.

    Le Maroc, qui a interdit l’entrée dernièrement à deux avocates françaises venues rendre visite à des détenus politiques, vient d’être interpellé pour manque de respect des droits des 23 prisonniers politiques de Gdeim Izik, dont «le choix des avocats». Des ONG ont rappelé que la condamnation en juillet 2017 de ces prisonniers à de lourdes peines, dont certaines à la réclusion à perpétuité, s’est faite suite à un «procès manifestement inéquitable».

    La résistance sahraouie face à l’occupation ne date pas d’aujourd’hui, elle plonge ses racines dans le combat mené par les tribus berbéro-arabes dès les premières incursions coloniales, notamment françaises et espagnoles, qui dominaient le Sahara et la région de l’Afrique de l’Ouest au XIXe siècle. Le plan de partage établi à la Conférence de Berlin de 1885, qui dessina les nouvelles frontières en fonction des intérêts des empires coloniaux de l’époque, a attribué à l’Espagne le Rio de Oro, qu’elle occupera réellement qu’après 1934, suite à la découverte de la mine de phosphate de Boucraâ.

    Cette résistance, qui s’est radicalisée avec la naissance du mouvement de libération national sahraoui représenté par le Front Polisario, qui a déclenché le 20 mai 1973 la guerre à l’Espagne, puis contre le nouvel occupant marocain, se poursuit aujourd’hui sur le plan politique et diplomatique, avec comme principal enjeu économique, le contrôle des matières premières et des richesses halieutiques.

    Le Maroc, en rejetant le référendum et les négociations directes avec le Polisario, a mis au point mort le plan de paix onusien, avec le risque d’un possible retour aux armes, car le Front Polisario ne peut laisser durer éternellement ce statu quo en sa défaveur. Il menace régulièrement de reprendre la lutte armée, surtout que les nouvelles générations de Sahraouis sont moins patientes et veulent en découdre avec l’occupation et l’oppression.

    Mais une nouvelle guerre est-elle dans l’intérêt des peuples de la région, qui souffrent de la crise économique et sociale, avec ses conséquences sur la jeunesse, comme le chômage et l’émigration clandestine ? La communauté internationale peut peser de tout son poids pour amener les deux parties à reprendre les négociations directes et «sans conditions préalables» afin de trouver une solution à ce conflit, comme l’a recommandé le dernier sommet de l’Union africaine (UA).

    Les efforts du nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, Horst Köhler, l’ancien président allemand, pour relancer le processus de paix seront-ils soutenus par la communauté internationale ? Pour l’instant, il vient de recevoir l’appui du Royaume-Uni, dont le ministre d’Etat chargé des affaires du Commonwealth, Alistair Burt, a indiqué, après un «échange de vues très utile» avec Horst Köhler (en marge de la conférence de Munich sur la sécurité), que «le Royaume-Uni soutient pleinement le processus mené par l’ONU pour parvenir à une solution politique durable et mutuellement acceptable» dans le conflit du Sahara Occidental.

    Un autre pays membre permanent du Conseil de sécurité, et non des moindres ; la Russie, vient également d’annoncer son soutien au processus de paix onusien, par la voix de son chef de la diplomatie. «La Russie soutient la tenue de négociations directes entre les deux parties en conflit du Sahara Occidental, à savoir le royaume du Maroc et le Front Polisario», a indiqué Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, en visite de travail à Moscou.

    Avec de tels soutiens affichés, Horst Köhler pourra-t-il convaincre le Maroc de s’assoir à la table des discussions avec le Polisario ? Si la Chine et les Etats Unis, membres permanents du Conseil de sécurité, décident d’en faire autant, la France ne sera-t-elle pas amenée à revoir sa copié ? La communauté internationale saura-t-elle prendre les mesures qui s’imposent pour contraindre les entreprises qui font du commerce illégal au Sahara Occidental et à contraindre le Maroc à appliquer le droit international ? Il faut l’espérer, car la zone de l’Afrique du Nord Moyen-Orient n’a pas besoin d’une nouvelle guerre, alors que de nombreux foyers sont encore allumés.

    Par Houria Aït-Kaci

    Algérie Patriotique, 24 fév 2018

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ressources naturelles,

  • L’Algérie: une puissance régionale (site du Parlement Européen)

    L’Algérie, dont le PIB s’élève à 215 milliards USD et dont les réserves de change sont estimées à 186 milliards USD, est la plus grande puissance économique de la région. Son économie se porte bien en raison de sa position de principal producteur gazier et pétrolier d’Afrique du Nord, ce qui a permis au régime d’Abdelaziz Bouteflika de rester stable en dépit de l’instabilité de ces deux dernières années dans les pays voisins comme le Mali, la Libye et la Tunisie.

    Son économie reste extrêmement dépendante des hydrocarbures, qui représentent 98 % de l’ensemble de ses exportations et près de 60 % des recettes publiques. Cette richesse a permis à l’Algérie d’investir dans le secteur de la sécurité – le pays possède le plus gros budget militaire du continent africain – et le gouvernement algérien a pour ambition d’améliorer ses équipements et d’être encore plus efficace dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Certains experts considèrent que le Département algérien du renseignement et de la sécurité (2) est « l’un des services de renseignement les plus efficaces pour lutter contre Al-Qaïda au Sahel »(3) .

    Même si certaines personnes font également observer que le DRS emploie des méthodes peu orthodoxes dans ses activités de lutte contre le terrorisme, dont l’infiltration des groupes terroristes(4) , la politique algérienne de lutte contre le terrorisme, délibérément intransigeante, résulte de son expérience en matière de conflit armé intérieur qu’elle a acquise au cours des années 90. D’après les estimations, la guerre civile entre le régime militaire algérien et les groupes islamistes armés a fait à l’époque 200 000 victimes et a façonné l’approche de cet État d’Afrique du Nord en matière de lutte contre les groupes terroristes.

    Compte tenu de cette expérience, l’Algérie est devenue un allié important des États-Unis et de nombreux pays de l’UE, tels que la France, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel depuis le début des années 2000. On peut citer parmi les exemples de collaboration dans ce domaine l’initiative pansahélienne de 2002, qui est devenue le partenariat transsaharien de lutte contre le terrorisme en 2005 et qui est actuellement coordonnée par le commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM) basé à Stuttgart.

    L’Algérie a également participé à certaines initiatives régionales majeures visant à lutter contre le terrorisme. Elle a notamment participé à la décision prise en avril 2010 par les quatre pays les plus directement concernés par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) – l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger – visant à créer le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) (5), qui est basé à Tamanrasset dans le Sud de l’Algérie, à 400 km de sa frontière méridionale. Son mandat est de renforcer la coopération entre ces pays pour lutter contre le terrorisme, les enlèvements et le trafic, et de mener des opérations conjointes dans chacun des États participants.

    En septembre 2011, une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme au Sahel a été organisée en Algérie en vue de renforcer encore la coopération entre les pays.

    Le budget de la défense de l’Algérie est le plus élevé des pays d’Afrique du Nord avec un montant total de 6,41 milliards EUR en 2011, ce qui représente environ 3,1 % du produit intérieur brut (PIB). Ces dix dernières années, les dépenses militaires ont fortement augmenté en Algérie: leur valeur absolue a triplé depuis 2000(6) . Les forces armées algériennes (Armée nationale populaire, ANP) comptent 130 000 soldats. Les effectifs se constituent de 110 000 hommes dans l’armée de terre (contingent), 6 000 hommes dans la marine, 14 000 hommes dans l’armée de l’air, et 150 000 réservistes. On peut ajouter à cela les 187 200 hommes des forces paramilitaires: les 20 000 hommes de la gendarmerie sous le contrôle du ministère de la défense, les 16 000 hommes de la Direction générale de la sûreté nationale, les 1 200 hommes de la garde républicaine du Président, et les 150 000 membres des milices d’auto-défense et des gardes communaux (7) .

    Évaluation de la capacité militaire algérienne

    Les forces armées algériennes sont assez bien équipées par rapport à celles des voisins du Maghreb et notamment par rapport à celles des pays de la CEDEAO dont les forces militaires participent aux opérations au Mali.

    La Russie et la Chine sont les principaux fournisseurs d’armements de l’Algérie. Toutefois, depuis quelques années, l’Algérie diversifie ses stratégies d’armement en s’approvisionnant auprès des pays occidentaux et en mettant en place des partenariats industriels pour développer son industrie de l’armement. Les programmes actuels comprennent l’achat de chars de combat T90, d’avions d’attaque au sol SU-30 et d’avions d’entraînement YAK-130, ainsi que de systèmes de missiles et de défense aérienne S-300 et PANTSIR-S1 à de la Russie, d’une grande plate-forme de guerre amphibie (avec des hélicoptères) et de frégates à l’Italie, ainsi que de corvettes, et d’une usine complète de fabrication de véhicules de combat d’infanterie et de services de formation d’officiers et pour les équipements électroniques à l’Allemagne 8 . L’Algérie investit énormément de ressources dans la modernisation de sa capacité militaire, mais ces investissements ne se sont pas encore traduits par des capacités opérationnelles.

    La majeure partie des forces armées algériennes sert sur la frontière occidentale avec le Maroc et le Sahara occidental. Aucune opération militaire symétrique n’a été menée par l’Algérie depuis la guerre des sables avec le Maroc en 1963, à l’exception de quelques opérations air-air contre les forces de défense israéliennes (FDI) pendant la guerre du Kippour en 1973. Depuis cette période, l’Algérie n’a pas déployé beaucoup de troupes sur des théâtres d’opérations extérieurs 9 . L’armée nationale populaire (ANP) possède une certaine expérience en matière d’opérations internes de lutte anti-insurrectionnelle et antiterroriste, et les forces de l’ANP ont acquis leurs premières expériences dans des opérations conjointes. Les officiers d’état-major et les forces spéciales de l’ANP ont suivi des formations bilatérales auprès de la Belgique, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis. La force de réaction rapide de l’armée de terre a la taille d’une division, mais les moyens de déploiement rapide de cette force ne sont pas adaptés à cette taille 10.

    Les forces armées algériennes sont les plus importantes d’Afrique du Nord et les dépenses en matière de défense sont les plus élevées des quatre pays, mais les récents programmes de modernisation et de transformation ne se sont pas encore traduits en capacités opérationnelles. La stratégie d’acquisition de matériel lourd et sophistiqué pour les opérations militaires conventionnelles est destinée à contrer le Maroc, rival de longue date de l’Algérie, et devrait lui garantir un rôle de chef de file dans la région. Cela pourrait également aider l’Algérie à jouer un rôle plus important, quoique limité, sur la scène internationale. Toutefois, comme le pays ne possède aucune expérience en matière d’opérations extérieures, il ne pourrait développer ce rôle qu’en faisant appel à des partenaires stratégiques et en s’appuyant sur une coopération multilatérale. À l’heure actuelle, comme les derniers événements l’ont démontré au cours de la crise des otages d’In Amenas, les capacités de lutte anti-insurrectionnelle et antiterroriste restent cruciales pour les forces armées algériennes.

    L’armée est un acteur politique important en Algérie et son intervention sur le site gazier d’In Amenas a été perçue comme une réussite dans le pays, même si ces opérations ont été vivement critiquées à l’étranger. Cette intervention a renforcé la réputation de l’armée et pourrait consolider sa position vis-à-vis des autres institutions gouvernementales.

    (2) Département du renseignement et de la sécurité (DRS).

    (3) Citation de John R. Schindler, ancien officier de l’Agence de sécurité nationale des ÉtatsUnis, dans Boukhars, A., « The Paranoid Neighbour. Algeria and the Conflict in Mali ».

    (4) http://www.brookings.edu/research/opinions/2013/02/03-algeriariedel?rssid=sub+saharan+africa 5 Comité d’état-major opérationnel conjoint.

    (6) Base de données des dépenses militaires du SIPRI (http://milexdata.sipri.org/)

    (7) Chapitre sept: Moyen-Orient et Afrique du Nord, The Military Balance, 112:1, pp. 303-360.

    (8) Ibidem 9 http://countrystudies.us/algeria/157.htm 10 Chapitre sept: Moyen-Orient et Afrique du Nord, The Military Balance, 112:1, pp. 303-360.

    Source : Parlement Européen, juin 2013

    Tags : Algérie, Sahel, Mali, Libye, Niger, Maroc, Mauritanie,

  • La Libye vue d’Algérie

    Laurence Aïda Ammour*

    Lorsqu’en 2011, à l’instigation de la France, et en vertu de la résolution1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, les forces de l’OTAN bombardent la Libye, l’Algérie s’oppose à cette intervention qu’elle considère comme le prélude à l’éclatement du pays et à une instabilité régionale incontrôlable.

    Dans un premier temps, l’Algérie affiche une position de neutralité et de non-ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. Elle compte sur la feuille de route proposée par l’Union africaine (UA), acceptée par le régime libyen, prévoyant la cessation immédiate des hostilités, l’acheminement facilité de l’aide humanitaire, le lancement d’un dialogue entre les parties libyennes et le remplacement de Mouammar Kadhafi par son fils Saïf al-Islam en vue d’amorcer une transition politique. Maisla France refuse catégoriquement cette option.

    Bien que les relations d’Alger avec le leader libyen n’aient jamais été sereines, dans la mesure où il était un rival influent en Afrique subsaharienne et au Sahara, les autorités algériennes le soutiennent jusqu’au dernier moment. Après tout le régime libyen relevait de la même parenté idéologique et politique et demeurait un Etat autoritaire garantissant la stabilité au Maghreb et au Sahara. En mai 2011, Sadek Bouguetaya, membre du comité central du Front de Libération Nationale, est dépêché à Tripoli pour représenter l’Algérielors d’une « réunion de soutien des chefs de tribus à Kadhafi, durant laquelle il a clairement exprimé le soutien de son pays auguide libyen » et qualifié l’opposition de « pion des Occidentaux »[2].

    Quand Alger accueille certains membres de la famille Kadhafi, de nombreuses personnalités politico-militaires et tribales libyennes lui refusent un rôle dans le processus de sortie de crise. Mais vu son statut de puissance régionale, la participation de l’Algérie s’imposera d’elle-même.

    Après plusieurs mois d’attentisme, le pouvoir algérien se résout à reconnaître le Conseil National de Transition (CNT) créé le 27 février 2011[3], avec toutefois des réserves sérieuses sur cette entité faible qu’il considère comme une émanation d’Etats désireux de contrôler le processus de transition libyen.Pour Alger, le vide de pouvoir créé par l’effondrement de la gouvernance autoritaire ne peut pas être comblé par deux sources de légitimité antinomiques : celle issue des armes et celle d’un leadership auto-proclamé bénéficiant du soutien occidental et incapable de s’imposer comme sphère du pouvoir. Les relations algéro-libyennes s’enveniment encore quand le CNT accuse les autorités algériennes de livrer des armes, du carburant et de l’équipement militaire aux forces loyales au leader libyen.

    Vue d’Alger, l’intervention occidentale a entraîné la militarisation à grande échelle de la société libyenne et la déstabilisation en chaîne de toute la zone sahélo-saharienne. Les impératifs sécuritaires et stratégiques deviennent alors des éléments déterminants de la position algérienne. Alger doit en effet composer avec plusieurs Etats faibles ou inexistants ainsi qu’avec le djihadisme islamiste dans son voisinage immédiat. Ces nouvelles menaces vont conduire l’Algérie à renforcer considérablement la surveillance de ses frontières et à infléchir sa doctrine de non-intervention lorsque son intégrité territoriale et ses intérêts stratégiques seront directement menacés.

    En conséquence, Alger se fixe deux priorités : préserver sa sécurité nationale par l’endiguement du champ d’action terroriste, et sauvegarder l’unité de la Libye par le dialogue politique inclusif. Comme le dit l’ancien ambassadeur algérien Abdelaziz Rahabi : « C’est toute la différence entre le reste du monde et l’Algérie : nous sommes en faveur d’un accord politique entre toutes les parties parce que nous en serons les premiers bénéficiaires. Nous sommes les premiers à avoir besoin d’une Libye forte. »[4].

    Les autorités algériennes ont conscience que le territoire national sera affecté par les retombées sécuritaires de la guerre civile libyenne et de ses prolongements. La suite des événements confirmera les appréhensions de l’Algérie : fragilisation de la frontière algéro-libyenne longue de près de 1000 km ; explosion des trafics ; et champ libre pour l’installation et le transfert de djihadistes. L’enjeu pour l’Algérie est d’éviter que son territoire ne devienne la base arrière des milices libyennes et/ou de groupes terroristes, et ne soit submergé par les flux d’armes provenant des arsenaux libyens[5].

    En 2012 la frontière avec la Libye est fermée, alors que certaines milices chargées de sa surveillance sont affiliées à l’ancien Groupe islamique combattant libyen (GICL), dont des éléments avaient combattu durant la guerre civile en Algérie au côté du Groupe islamique armé (GIA), avant de se dissocier de ce dernier.

    Malgré l’échec du processus de transition qui avait engendré deux gouvernements rivaux, l’Algérie continue de prôner la réconciliation nationaleen dialoguant aussi bien avec les Frères musulmans (que l’Egypte et les Emirats arabes unis considèrent comme des terroristes) qu’avec des responsables ayant soutenu Kadhafi, mais excluant les entités terroristes comme Ansar al-Charia ou Da’ech qui rejettent tout processus électoral. “La diplomatie(…) de l’Algérie consiste à travailler avec et à exercer un effet de levier sur les factions libyennes non-djihadistes pour les empêcher de recourir à l’affrontement violent à ses frontières“[6].

    Pour Alger, la voie institutionnelle demeure la seule à même de stopper la propagation du jihadisme violent. En visite à Rome en 2015, le Premier ministre Abdelmalek Sellal réitère que“Faute d’accord politique entre toutes les parties, les groupes terroristes finiront par créer un abcès de fixation (…) la démarche est simple et consiste à aboutir à une solution politique inclusive (…) Le terrorisme peut être vaincu par la force, mais on a aussi besoin d’opérations de réconciliation pour l’éradique”[7].

    PRÉSERVER L’UNITÉ DE LA LIBYE

    Dans son environnement régional, l’Algérie a toujours eu une préférence pour les Etats forts et centralisés – qui vont de pair avec la stabilité autoritaire – au vide sécuritaire aspirant groupes terroristes locaux, combattants islamistes étrangers, trafiquants et mercenaires. L’enjeu est de contrer toute velléité de partition[8] et de combattre la fragmentation grandissante de la Libye, issue de légitimités concurrentes[9].

    L’Algérie est accoutumée à traiter avec ses voisins dans une position de leader régional reconnu, même si en coulisse elle a souvent tenté de contrôler certains acteurs non-étatiques, sans succès – par exemple Ansar-eddine au Mali[10]. Fondamentalement, ce qui inquiète Alger c’est l’absence d’interlocuteur étatique véritablement légitime. Comme l’explique en 2014 le ministre algérien chargé des Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel : “L’Etat y est quasiment inexistant, contrairement à la Tunisie ou à l’Egypte. Lorsque vous [à savoir l’OTAN et les rebelles libyens]avez aboli le régime, vous avez aboli l’Etat ; c’était un effondrement de régime, pas un changement de régime. Et il n’y a pas eu d’efforts systématiques pour reconstruire l’Etat depuis la chute de Kadhafi“[11].

    Durant la première médiation de l’ONU entre parlementaires libyens à Ghadamès (septembre 2014), l’Algérie tente en vain de les convaincre de boycotter laChambre des représentants de Tobrouk (élue en juin 2014) et d’opter pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale afin de poursuivre la transition bloquée deux mois plus tôt.

    Conformément à sa doctrine de politique extérieure en vigueur depuis l’indépendance[12], Alger défend le principe de non-interventionnisme militaire, de souveraineté territoriale et d’auto-détermination, comme au Mali ou en Libye, deux pays où elle encourage le dialogue politique inclusif et favorise la distribution d’une aide humanitaire sous l’égide de l’ONU et des organisations internationales. Elle tente de promouvoir cette vision chez ses partenaires au sein des organisations régionales, continentales (Union africaine) ou internationales (ONU, Ligue arabe). Mais cela exige d’avoir plusieurs fers au feu sans perdre la main sur des dossiers complexes dans lesquels interviennent de multiples acteurs dont l’action ne fait qu’aggraver la situation. Lorsqu’une nouvelle intervention militaire est envisagée par la France, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis (EAU) et l’Italie, elle s’y oppose fermement, voyant dans cette perspective le risque d’un effondrement encore pire que celui de 2011.

    L’Algérie connaît bien la Libye. Les réseaux de l’ancien patron du DRS, Mohamed Médiène, qui fut attaché militaire à Tripoli dans les années 1970, sont encore actifs à la fois chez les partisans de Kadhafi et chez les opposants du leader déchu[13].

    La solution politique telle que la conçoit l’Algérie doit aller dans le sens de ses intérêts sécuritaires. Pour cela, elle orchestre des rapprochements politiques et communautaires à travers ses réseaux d’influence qui visent la mise en œuvre d’un processus de réconciliation nationale, une solution peu appréciée par certains acteurs internationaux. S’inspirant de l’accord appliqué à la crise malienne[14], Alger convie aussi des acteurs locaux non institutionnels. Parmi eux, les principales tribus de l’ouest (Warchafana, Ghaddaffa, Warfalla, al-Megharha), longtemps marginalisées pour leur loyauté à l’ancien régime. Leur rôle pourrait être décisif dans la formation d’un gouvernement d’unité nationale dans un pays où les institutions tribales jouissent d’un poids social formel et informel non négligeable et restent un facteur de stabilité. C’est aussi le cas de la tribu des Zintan, qui détenait Saïf al-Islam. Pour Alger, le fils de Mouammar Kadhafi, nommé chef du Conseil suprême des tribus libyennes en 2015, pourrait être une figure de la réconciliation.[15]En avril 2015, l’Algérie réussira même à convaincre les Libyens, toutes tendances confondues, à se parler de manière officieuse, lors d’une rencontre avec les partisans de l’ancien régime.

    Parallèlement, Alger collabore avec les représentants spéciaux successifs des Nations unies pour la Libye, en accueillant les négociations entre les différents partis politiques libyens sous l’égide de l’ONU.Elle reconnaît l’accord inter-libyen de Skhirat (Maroc), de décembre 2015, comme seule base de travail équitable.

    Associée aux cinq pays voisins de la Libye (Tunisie, Tchad, Niger, Soudan et Egypte), elle privilégie les actions émanant de la région. Ainsi, la reconstruction d’une armée nationale et l’unification des forces de police font l’objet d’un dialogue tripartite organisé par Alger, Le Caire et Tunis. Ce qui ne l’empêche pas d’être en désaccord avec l’Egypte qui soutient politiquementet militairement le général Haftar[16]. Notamment quand Le Caire demande une levée partielle de l’embargo sur les armes, en vigueur depuis 2011, et les EAU – ainsi que d’autres pays – violent cet embargo[17]. Dans un récent rapport, le Comité des experts de l’ONU chargé de contrôler l’embargo a indiqué enquêter sur l’implication possible des EAU dans le lancement en avril 2019 de missiles sur des unités fidèles à Tripoli.[18]

    Par ailleurs, l’assistance française à la coalition Haftar par l’envoi de conseillers, d’agents clandestins et de forces spéciales sur le terrain, indispose Alger qui craint que la France et ses alliés arabes ne gagnent en influence au Maghreb et au Sahel[19].

    SANCTUARISER LE TERRITOIRE NATIONAL

    Le 13 janvier 2013, le complexe gazier de Tinguentourine (In Amenas) est attaqué par le groupe “Signataires par le sang” de Mokhtar Belmokhtar. Ce groupe, implanté en Libye dès 2011, avait rallié à sa cause certaines brigades locales.

    Cette surprise stratégique a mis en lumière la vulnérabilité du territoire algérien pourtant bien quadrillé par l’Armée Nationale Populaire (ANP). Cette attaque de grande ampleur a ébranlé la politique jusque-là défensive de l’Algérie, démontrant que les djihadistes implantés dans les pays voisins avaient la capacité de frapper le cœur de l’économie algérienne. Jusqu’alors, habituée à lutter contre les menaces internes, essentiellement dans le nord du pays, l’Algérie a du étendre son champ d’action pour faire face aux menaces transnationales sur l’ensemble de son territoire. Elle a aussi contraint le commandement militaire à réévaluer le principe de non-intervention et à combiner diplomatie régionale et opérations militaires ponctuelles.

    – D’une part, en déployant des forces terrestres supplémentaires aux frontières algériennes appuyées par des forces aériennes (100 000 hommes au total), en fermant les points de passages vers la Libye et le Mali, et en exigeant un laissez-passer militaire pour l’entrée en Algérie.

    – D’autre part, en intervenant militairement hors de son territoire dès lors que son intégrité territoriale et ses intérêts étaient directement mis en cause. En mai 2014, Alger envoie 3 500 parachutistes conjointement aux forces spéciales françaises et américaines au sud du bassin de Ghadamès, “avec pour mission de traiter des positions potentielles des groupes terroristes, dans un rayon de 100 km”. Du côté libyen, l’opération se déroule avec l’aide du maréchal Haftar. Les commandos algériens ciblent Mokhtar Belmokhtar[20]. La zone d’intervention concernée correspond en effet à l’itinéraire emprunté par les djihadistes qui ont attaqué le site de Tiguentourine[21].

    Puis, quand son ambassade est menacée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar au printemps 2014, les forces spéciales algériennes interviennent à Tripoli et déjouent la prise d’otages[22].

    En février 2019, l’Algérie redoute que la prise de contrôle du Fezzan et du champ pétrolier al-Charara par le maréchal Haftar ne soit le prélude à une offensive sur Tripoli, menaçant du même coup la zone située aux confins de l’Algérie, du Niger, du Tchad et du Soudan. Ces craintes sont confirmées en avril 2019 lorsque l’Armée Nationale Libyenne (ANL) entame son avancée sur Tripoli. Deux semaines plus tard, en guise d’avertissement, l’ANP effectue pour la première foisun exercice à balles réelles dans le secteur opérationnel nord-est d’In-Amenas, à quelques encablures de la frontière libyenne.

    CONTRECARRER LA MENACE HAFTAR

    En septembre 2018, Haftar accuse l’armée algérienne de mener des incursions sur le territoire libyen et menace d’exporter la guerre en Algérie[23]. Paradoxalement, “ces propos confortent la solution prônée par la diplomatie algérienne, soit une ‘solution politique’ inclusive (…). Ils offrent à la diplomatie algérienne un argument supplémentaire pour discréditer, du moins officieusement, le maréchal Haftar“[24].

    Alger sait bien que la légitimité de Haftar dépend surtout de ses soutiens étrangers[25], parce qu’il prétend mener la guerre aux terroristes – alors que des milices salafistes constituent une partie de ses troupes-, règne sur les terminaux pétroliers et contrôle près des trois-quarts du pays. Après son AVC en avril 2018, c’est Le Caire qui choisit son successeur, le général Abdessalam Hassi, en accord avec les EAU. Alger perçoit ainsi Haftar comme le dépositaire de la puissance égyptienne alors que l’Algérie craint de voir l’Égypte s’implanter dans l’Ouest libyen.

    Les EAU qui appuient l’avancée des troupes de Haftar vers Tripoli, se rangent du côté de l’Egypte et de la France, comme l’illustrent les propos du chef de la diplomatie émirienne: “Les groupes Islamistes et djihadistes se sont tous alliés pour soutenir Sarraj (à Tripoli)ce qui pose la question comme l’a déclaré Jean-Yves Le Drian récemment de l’ambiguïté qu’entretiennent certains groupes liés à l’islamisme politique avec des groupes djihadistes (…) Les EAU agiront toujours (…) avec des partenaires comme la France, qui partagent la même vision, afin de protéger au mieux les intérêts de la région et de ses peuples“[26].

    Après avoir admis le principe d’élections présidentielles pour décembre 2018 sur l’insistance du Président français (accord de la Celle-Saint-Cloud en juillet 2017, puis conférence de Paris en mai 2018), Haftar rejette tout cessez-le-feu lors de sa visite à Paris le 22 mai 2019. Le GNA fait de même considérant “cette guerre comme une lutte existentielle“[27].

    Sceptiques sur un agenda électoral jugé improbable et décidé unilatéralement par des acteurs extérieurs, l’Italie et l’Algérie accordent peu de crédit à cette solution. Alger considère que sans réconciliation nationale préalable, les élections se réduiraient à un processus technique formel, sans traiter les causes du conflit. Elles pourraient au contraire devenir un vecteur de polarisation, ainsi que le démontrent de nombreux exemples de scrutins en Afrique.

    L’Italie, ancienne puissance coloniale, a d’autres préoccupations : la réactivation des voies de migrations en Méditerranée qu’elle avait réussi à contenir au prix d’accords bilatéraux avec Kadhafi. Rome propose alors une autre conférence internationale à Palerme en novembre 2018 à laquelle l’Algérie participe.

    Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, voit d’un très mauvais œil l’implication de la France aux côtés du maréchal Haftar, qui veut s’imposer par la force et, de facto, internationalise le conflit. Le soutien français est perçu comme une manœuvre de déstabilisation de l’Algérie visant à compromettre ses efforts de médiation. Aux yeux de Gaïd Salah comme des autres généraux algériens, la percée de Haftar menace sérieusement la Libye mais aussi la Tunisie. Paradoxalement, en soutenant Haftar, la France ne fait que “compliquer la lutte déjà ardue (qu’elle mène) contre la menace djihadiste dans la région“[28].

    Pour Alger, Haftar est le fossoyeur de l’accord inter-libyen de Skhirat (qu’il avait qualifié de caduc et avec lui le gouvernement de M. Al-Sarraj en décembre 2017), et l’obstacle principal à la médiation onusienne[29], pour justifier ses ambitions de restauration autoritaire[30].. Ce qui va à l’encontre de la stratégie algérienneconsistant “à faire barrage à toute entité qui chercherait à imposer la ‘stabilité’ dans l’Ouest libyen par la force militaire et par une politique d’exclusion“[31].

    QUELLES PERSPECTIVES ?

    On ne compte plus le nombre d’initiatives, de sommets, de conférences et de réunions initiées par les voisins de la Libye et les parrains étrangers qui cherchent une issue qui leur serait politiquement favorable et économiquement profitable. Du point de vue algérien, la somme de ces interférences politiques et militaires exacerbe les divisons locales et cristallise les rivalités inter-arabes et européennes[32]. L’escalade militaire actuelle ne fait qu’intensifier la livraison d’armement aux deux camps rivaux par les soutiens étrangers[33]. A tel point que l’ONU a récemment renouvelé l’embargo sur les armes[34]. Dans un tel contexte la stratégie algérienne est quasi inaudible.

    A l’heure où la contestation populaire algérienne a jusqu’ici réussi à modifier l’agenda politique, l’Algérie conservera-t-elle son statut de puissance régionale et par la même celui de médiateur dans la crise libyenne ? Quel pourra être le rôle de l’armée algérienne garante de la sécurité intérieure[35] ? Certes l’ANP est une armée professionnelle, moderne et puissante et ses capacités de renseignement sont importantes en matière de contre-terrorisme[36]. Mais encore faut-il qu’elle puisse poursuivre sa mission dans le cadre d’une transition politique pacifique et qu’elle accepte de se retirer de la sphère politique. Pour l’instant, il est illusoire de l’envisager. En “dirigeant sans gouverner” l’armée a toujours su se préserver des turbulences politiques et demeurer le véritable détenteur du pouvoir[37].

    *

    Un changement de régime en Algérie pourrait avoir une incidence sur le contrôle des frontières et sur la lutte contre les groupes djihadistes. Un repli sur les affaires intérieures pourrait bouleverser la donne au niveau de la géopolitique et de la sécurité régionales. En particulier au Sahel où Alger est très sollicitée et souvent incitée à s’investir militairement. L’enjeu n’est donc pas seulement intérieur, puisque les politiques extérieure et de défense restent le domaine exclusif des militaires et des services de sécurité. Mais les puissances étrangères seront prêtes à tout pour éviter la déstabilisation de l’Algérie. La France, l’Union européenne et les Etats-Unis savent que l’Algérie est un pays pivot dans la région, malgré leurs ingérences concurrentes en Libye : “rien ne se réglera au Sahel sans l’Algérie. On ne peut pas concevoir la paix et la stabilité de cette immense région sans l’Algérie (et son armée)(…) L’Algérie a joué un rôle positif quand elle a autorisé le survol de son territoire par des avions de guerre français, quand elle a livré de l’essence, quand elle a parrainé les accords d’Alger en 2015. (…)Pas plus l’Algérie que la France ne souhaitent que les troupes françaises s’éternisent dans la bande sahélo-saharienne. Il faut donc travailler à une collaboration plus active avec l’Algérie“[38].

    Il est trop tôt pour direquelle forme prendra la transition politique en Algérie et quelle place l’ANP occupera dans cette transition. Aujourd’hui, l’armée se retrouve l’arbitre de l’étape actuelle par la voie de son chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, très contesté par les manifestants, qui se pose unilatéralement comme interlocuteur du « hirak ». Tout dépendra des rapports de force internes au sein de l’armée et des services de sécurité, et de la capacité de la société civile et des forces politiques à mettre en œuvre une stratégie de sortie de crise concertée et pacifique.

    [1]Une version de cet article est parue en italien en juillet 2019 sous le titre « L’Algeria vuole riunire la Libia » dans la revue LIMES, Rivista Italiana di Geopolitica, no. 6/2019, Rome, pp. 71-79.

    [2]José Garçon, “Le soutien trouble de l’Algérie à la Libye de Kadhafi “, Libération, 31 août 2011.

    [3]Adoubé “par la communauté internationale” selon l’expression consacrée, ainsi que par l’Union européenne, la Ligue arabe, l’ONU et l’Union africaine

    [4]Mélanie Matarese, « Alger sur tous les fronts pour la Libye », Middle East Eye, 29 janvier 2016.

    [5]Depuis 2011, des convois d’armes sont régulièrement interceptés par l’ANP et par la gendarmerie algérienne dans la région d’Illizi et dans le Tassili n’Ajjer ; voir “Libye : Tunis, Alger et Le Caire dénoncent les flux “continus” d’armes et de “terroristes”, TV5 Monde, 13 juin 2019 ; Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi, Lost in Trans-Nation, Tubu and Other Armed Groups and Smugglers along Libya’s Southern Border, Small Arms Survey, Genève, décembre 2018.

    [6]Jalel Harchaoui, Too Close for Comfort. How Algeria Faces the Libyan Conflict,Briefing Paper, Security Assessment in North Africa, Small Arms Survey, Genève, juillet 2018, p. 15.

    [7]“Sellal: Le temps est compté”, El Watan (Algérie), 28 mai 2015.

    [8]Le 6 mars 2012 est créé un Conseil provisoire de Cyrénaïque à Benghazi.

    [9]Laurence-Aïda Ammour, “La Libye en fragments”, Annuaire Français des Relations Internationales(AFRI), Vol. XIV, Paris, 2013, pp. 653-678.

    [10]Laurence-Aïda Ammour, “Algeria’s Role in the Sahelian Security Crisis”, Stability: International Journal of Security and Development, Ontario, Canada: 2(2), 28, 2013, pp. 1-11.

    [11]Cité par International Crisis Group, L’Algérie et ses voisins, Rapport Moyen-Orient et Afrique du Nord, n°164, 12 octobre 2015, p. 16.

    [12]L’article 26 des Constitutions de 1989 et 1996 stipule que “l’Algérie se défend de recourir à la guerre pour porter atteinte à la souveraineté légitime et à la liberté d’autres peuples. Elle s’efforce de régler les différends internationaux par des moyens pacifiques.”

    [13]Mélanie Matarese, op. cit : « En réalité, l’Algérie a entretenu de très bonnes relations avec la Libye dès la guerre de libération (1956-1962) (…) (Le pays) a servi de base logistique pour l’armement de l’est algérien. Certaines personnalités féodales entretenaient des liens avec les révolutionnaires. En grande partie parce que le roi Idriss Senoussi (roi de Libye de 1951 à 1969) était d’origine algérienne (par son grand-père, Mohammed ben Ali El-Senoussi, né près de Mostaghanem). Et puis les familles touarègues des deux côtés des frontières ont toujours été entremêlées. Si bien que les Algériens sont les seuls à pouvoir intervenir pour apaiser les tensions lors des affrontements entre les milices touarègues et les milices toubous dans le sud de la Libye. »

    [14]Il s’agit des pourparlers tenus à Alger entre legouvernement malien et les factions rebelles du nord, pour stabiliser le pays et empêcher la sécession du pays qui ont abouti aux accords d’Alger de 2015.

    [15]Laurence-Aïda Ammour, “Vers un retour en politique de Saïf Al-Islam Kadhafi ?”, Huffpost-Maghreb, 8 février 2018.

    [16]Laurence-Aïda Ammour, “In the Libyan conflict, Algiers stands up to France and Egypt”, Middle East Eye, 27 mars 2015.

    [17]Olivier Fourt, “Libye : un embargo de l’ONU violé sous le nez des marines européennes”, RFI,19 mai 2019 : “La France, qui perd à l’été 2016 trois membres de la DGSE en Libye, est forcée de reconnaître son implication dans le conflit aux côtés de (Haftar). Puis, c’est au tour de la Russie qui, en 2017, commence à fournir des pièces détachées de chasseurs Mig-23 (…) Encore récemment, des drones d’origine chinoise Wing Loong auraient conduit des missions dans la région de Tripoli. (…) Le 18 mai dernier une trentaine de véhicules blindés en provenance de Turquie sont arrivés au port de Tripoli“.

    [18]Conseil de sécurité : “La Libye sur le point de sombrer dans la guerre civile”, selon le Représentant spécial qui plaide pour un retour au processus politique, CS/13816, 21 mai 2019. Voir aussi “Libya arms embargo must be enforced – UN chief Antonio Guterres”, Al Jazeera, 11 juin 2019 ; “L’ONU renouvelle l’embargo sur les armes en Libye”, BBC Afrique, 11 juin 2019

    [19]Rappelons que les EAUont participé aux bombardements de l’OTAN.L’Egypte et les EAU avaient aussi bombardé la Libye en 2014 ciblant des positions tenues par des milices islamistes libyennes, notamment la coalition Fajr Libya, pour soutenir les forces du général Khalifa Haftar.

    [20]Akram Karief, “L’Algérie a commencé les opérations commando”, El Watan(Algérie), 6 juin 2014.

    [21]Cette opération n’a jamais été reconnue officiellement par le gouvernement algérien, de crainte qu’elle ne soit perçue par l’opinion publique comme un alignement de l’Algérie sur l’agenda militaire occidental.

    [22]Il s’agissait de prendre en otage le personnel de l’ambassade et de l’échanger contre les trois terroristes faits prisonniers lors de l’opération de Tiguentourine.

    [23]“Libye : réactions de colère en Algérie après les menaces de Haftar”, Middle East Eye, 9 septembre 2018; Abla Chérif, “Qui manipule la carte Haftar ?”, Le Soir d’Algérie,11 septembre 2018.

    [24]Lynda Abbou, “Raouf Farrah décrypte les motivations du Maréchal Haftar et la situation en Libye”, Maghreb Emergent, 11 septembre 2018.

    [25]Egypte, EAU, France, Russie et Arabie saoudite. Pour le GNA : Turquie et Qatar.

    [26]Interview de Anwar Gargash, “Notre solution pour la Libye”, Le Journal du dimanche, 18 mai 2019.

    [27]Claudia Gazzini, pour l’International Crisis group, “Libya’s warring rivals in ‘existential fight’ for Tripoli. Forces locked in stalemate at the gates of the city”, AFP, 4 juin 2019.

    [28]Jean-Pierre Filliu, “Déjà deux mois de nouvelle guerre civile en Libye”, Le Monde, 2 juin 2019.

    [29]Conseil de sécurité : “La Libye sur le point de sombrer dans la guerre civile”, CS 21 mai 2019; Lisa Watanabe, UN Mediation in Libya: Peace Still a Distant Prospect,CSS Analysis in Security Policy, no. 246, juin 2019.

    [30]Antoine Malo, Interview du maréchal libyen Khalifa Haftar : “Nous sommes aux portes de Tripoli et nous continuons d’avancer”,Le Journal du Dimanche, 29 mai 2019.

    [31]Jalel Harchaoui, op. cit.

    [32]Karim Mezran et Arturo Varvelli, Foreign Actors in Libya’s Crisis, ISPI-The Atlantic Council, Milan, juillet 2017.

    [33]“Libya: Haftar forces launch airstrike near Tripoli”, Middle East Monitor, 9 juin 2019.

    [34]“L’ONU renouvelle l’embargo sur les armes en Libye”, BBC Afrique, 11 juin 2019.

    [35]Depuis la démission du Président Bouteflika, l’armée et le renseignement militaire ont repris la main sur les services de renseignement qui avaient été accaparés par la Présidence.

    [36]Laurence-Aïda Ammour, “Algeria”, The Military Balance, The International Institute for Strategic Studies, Londres, 2014, pp. 307-313.

    [37]Selon le mot de Steven A. Cook, Ruling but not Governing. The Military and Political Development in Egypt, Algeria and Turkey, John Hopkins University Press, Baltimore, 2007.

    [38]Compte-rendus de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, Paris, avril 2018.

    *Sociologue et analyste en sécurité et défense pour l’Afrique du Nord-Ouest, associée au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Washington D.C.), au Groupe d’analyse JFC-Conseil (France) et membre de la communauté du Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (Dakar, Sénégal)[1].

    Centre de Recherche sur le Renseignement, sept 2019

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