Étiquette : Maroc

  • Au Sahara Occidental, interdit de soutenir la sélection de football algérienne

    De dimanche 14 juillet 2019, les autorités marocaines ont prévu une grande manifestation à l’occasion du championnat africain de football. Des unités de police et des forces auxiliaires ont investi les rues et avenues de la ville d’El Aaiun pour prévenir toute concentration de soutien à la sélection algérienne qui joue contre le Nigeria.

    A la 95ème minute du jeu, le grand Mahrez marque le point décisif pour que l’Algérie soit qualifié pour la finale de la CAN 2019. Une performance réalisée par l’Algérie pour la première depuis 1990.

    L’euphorie est à son plein dans la capitale occupée du Sahara Occidental. Une foule multitudinaire a marché sur l’Avenue de Smara, Mezouar, Mecka, Tan-Tan et Skeikim et tous les quartiers de la ville militante d’El Aaiun. C’est un joie qui vient du fond des coeurs des sahraouis qui expriment ainsi leur sentiment envers l’allié qui les soutient depuis plus de 45 contre le colonialisme espagnol, d’abord, et ensuite contre l’invasion des hordes sauvages marocaines.

    Ainsi, le slogan « ont, two, three, viva l’Algérie » a été scandé non seulement à Algér, Oran, Annaba, Tizi-Ouzou, mais aussi à El Aaiun, Smara, Dakhla et Boujdour où la population a dù supporter les réactions violentes des forces d’occupation.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, CAN 2019, Algérie, football, 

  • « Abandonné illégalement par l’Espagne, envahi et opprimé par le Maroc : le cas du Sahara occidental est unique au monde »

    Interview du procureur d’Alicante, Felipe Briones

    Le procureur anticorruption d’Alicante, Felipe Briones, en sa qualité de secrétaire général de l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental, passe en revue les dernières nouvelles sur le conflit dans un territoire dont il rappelle que l’Espagne demeure la puissance administratrice.

    Felipe Briones est la figure emblématique du combat contre le fléau de la corruption dans la province d’Alicante en Espagne. Il a traité de nombreux dossiers comme celui de l’affaire Brugal* et il en a d’autres en cours comme procureur anti-corruption. Né en 1959 à Ifni, quand c’était encore une province espagnole, il s’installe rapidement au Sahara espagnol, « où j’apprends à aimer », dit-il. Avec l’invasion marocaine au moment de la célèbre Marche Verte de 1975, il est contraint de partir, ayant assisté à la création du Front Polisario ou à l’arrivée de la Mission des Nations Unies. Mais Briones est aussi connu pour sa dénonciation constante de l’injustice qui afflige ce territoire au sud du Maghreb et qu’il exprime en tant que secrétaire général de l’Association internationale des juristes pour le Sahara occidental. Nous avons passé en revue avec lui les derniers développements d’un conflit enkysté après une conférence qu’il a donné à Villena intitulée « La responsabilité de l’Espagne envers le peuple sahraoui ».

    D’un point de vue juridique, quelle est la responsabilité de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental ?

    La responsabilité de l’Espagne à l’égard du Sahara occidental peut être déduite du droit international et du droit interne espagnol. Du point de vue du droit international, tous les territoires non autonomes du monde, qui sont actuellement au nombre de 17, ont besoin d’une autorité administrative de jure, c’est-à-dire une autorité de droit, qui en même temps informe le Secrétaire général de l’ONU sur les conditions de vie dans ce territoire non autonome et sur les investissements que le pouvoir colonial effectue en matière de santé, d’éducation, sociale et économique afin de percevoir l’avancée et le progrès des conditions sociales de ces habitants et, en outre, comment le pouvoir colonial soutient les mouvements de libération pour qu’à l’avenir ceux-ci puissent commander un référendum ou une négociation avec le pouvoir afin que ce territoire non autonome puisse se prononcer sur son propre destin. C’est le cadre international.

    Sur les 17 territoires non autonomes, ce n’est que dans le cas du Sahara que l’autorité administrative de jure, à savoir l’Espagne, ne coïncide pas avec la puissance qui l’administre et l’occupe de facto, à savoir le Maroc. Ça n’est le cas dans aucun des 16 autres territoires. Naturellement, dans aucun de ces 16 pays, il n’y a de violation systématique des droits humains, le mouvement de libération a mené une guerre contre le pouvoir qui l’occupe, dans le cas du Sahara pendant 16 ans, et dans aucun de ces 16 pays, le pouvoir colonial ne bloque sine die la tenue d’un référendum. Le cas du Sahara est unique au monde, c’est un ghetto où l’on ne peut ni entrer ni sortir et où la violation des droits fondamentaux est devenue une politique systématique de la part de la puissance occupante.

    La puissance occupante en termes de droit international est un euphémisme pour parler d’invasion. L’occupation de facto pour le droit international est illégale si elle se perpétue dans le temps. L’occupation manque d’un statut juridique et politique et c’est ce qui se passe avec le Maroc au Sahara depuis 1975 quand il l’a envahi militairement sans aucune justification juridique, historique ou politique.

    Le droit international interdit à une puissance coloniale d’abandonner ce territoire avant que sa population ne s’autodétermine en organisant un référendum. La puissance coloniale ne peut abandonner unilatéralement le territoire qu’elle administre. Pour cette raison, l’abandon déclaré par l’Espagne à la fin du mois de février 1976 n’a jamais été reconnu par les Nations Unies et, en fait, il y a une résolution en octobre et décembre de cette année-là dans laquelle l’ONU continue à traiter l’Espagne comme une puissance coloniale. C’est-à-dire, après les accords tripartites de Madrid.

    En ce qui concerne le droit interne espagnol, j’imagine que la récente décision de l’Audiencia Nacional pèse comme un boulet.

    Ceci est fondamentalement évident dans la décision de la session plénière de l’Audiencia Nacional du 4 juillet 2014, qui est une leçon de droit sur le Sahara Occidental et qui établit que l’Espagne reste aujourd’hui la puissance coloniale du Sahara Occidental et que les crimes qui peuvent être commis au Sahara occidental sont de la compétence directe des autorités judiciaires espagnoles. Parce qu’en ce qui concerne le Sahara, ce n’est pas le principe de Justice Universelle qui est appliqué comme pour les autres matières de l’Audiencia Nacional, mais le principe de territorialité, c’est-à-dire ce que stipule l’article 23.1 de la Loi organique du pouvoir judiciaire qui correspond à l’article 8 du Code civil disant que les lois pénales sont applicables sur l’ensemble du territoire espagnol.

    Cet ordre établit donc une distinction entre le territoire national et le territoire espagnol et considère que les colonies sont un territoire espagnol mais non un territoire national comme c’était le cas pour Ifni et la Guinée équatoriale. Le fait d’être espagnol et non national n’affecte pas le caractère indissoluble de l’État, l’intégrité territoriale, qui est quelque chose de contingent, accessoire et transitoire. La loi protège les territoires non nationaux, qui relèvent de la catégorie des colonies, afin qu’ils puissent devenir indépendants de la métropole elle-même et puissent être érigés en territoires naissants. C’est pourquoi cela n’a rien à voir, entre parenthèses, avec la Catalogne, qui est un territoire national et espagnol, alors que le Sahara en tant que colonie est un territoire espagnol non national et tant qu’il ne s’autodétermine pas, il restera espagnol. Par conséquent, les articles 73 et 74 de la Charte des Nations Unies, qui établit les obligations des puissances coloniales, l’une de ces obligations est celle de la protection juridictionnelle de la population de ces territoires. Par conséquent, si la puissance coloniale a l’obligation de protéger judiciairement ces citoyens, c’est parce que le territoire reste espagnol jusqu’à son indépendance.

    Quel est donc le sens de la sentence de l’Audiencia nacional ?

    C’est révolutionnaire. Cela signifie simplement que tout ce qui est fait avec le Sahara occidental depuis la sphère politique est mal fait. Et la question est sérieuse parce qu’il n’y a pas de comparaison dans le monde. Nulle part sur la planète n’existe un territoire abandonné depuis 40 ans et plus de facto et illégalement par la puissance administrante, le laissant livré à un pays envahisseur et occupant qui systématise également la politique de répression des droits fondamentaux.

    Alors pourquoi rien n’a-t-il changé depuis ce jugement ?

    Parce que c’est comme presque tout le reste, il n’est pas possible de s’attendre à un automatisme du respect des résolutions judiciaires. Il y a une inaction de la part d’un tas de mouvements, de partis politiques et de médias. Et sans action, les décisions judiciaires en seront pas consolidées, d’autant plus que de nombreuses forces sont à l’œuvre pour faire finir ces résolutions judiciaires en eau de boudin.

    Mais les preuves juridiques de l’Audiencia Nacional entrent en collision avec la version du gouvernement espagnol que nous avons apprise il y a quelques mois.

    Oui, en novembre 2018, un sénateur [Jon Iñarritu de Bildu] a demandé au gouvernement pourquoi il considère que l’Espagne n’est pas la puissance administrante de jure. La réponse du ministère des Affaires étrangères indiquait que la position officielle était celle qui figurait dans la lettre du 26 février 1976, date depuis laquelle l’Espagne ne figure pas comme puissance administrante sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU. Mais si on regarde la liste des territoires non autonomes du monde de l’ONU de mars 2015, l’Espagne apparaît, le Maroc n’apparaît pas.

    Par conséquent, il est évident que l’Espagne ment, vous ne croyez pas ?
    (Silence).

    Le refus de l’Espagne de reconnaître ces faits est-il dû à sa position, qui est de favorisation ses intérêts avec le Maroc ?

    Un ancien ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré que 90% des relations entre le Maroc et l’Espagne concernent le Sahara occidental ; c’est une idée qui n’est pas connue ici mais qui est révélatrice. La relation stratégique doit être défendue en tant que voisine entre l’Espagne et le Maroc, mais elle doit aussi être défendue entre l’Espagne et l’Algérie. Ce n’est pas cela qu’il faut faire. Il faut faire comme l’Australie à l’égard de l’Indonésie à l’occasion du référendum au Timor oriental. L’Australie a maintenu la relation géostratégique et géoéconomique avec l’Indonésie tout en demandant à l’Indonésie de respecter la position du gouvernement australien à l’égard du Timor oriental en ce sens que c’est l’opinion interne de l’Australie elle-même qui exigeait le soutien de son gouvernement au Timor oriental.
    C’est pourquoi l’Australie, en tant que gouvernement démocratique, devait respecter ce que ses citoyens voulaient. Et c’est cette opinion majoritaire qui existe en Espagne en ce qui concerne le Sahara occidental et la grande majorité des gens qui connaissent le conflit du Sahara misent sur la tenue d’un référendum d’autodétermination.

    Mais il semble qu’ils (les Marocains) se cachent derrière des divergences sur le recensement.

    Non. Tout cela est résolu. Le seul problème le blocus marocain consistant à ne pas organiser de référendum sauf si la seule proposition de ce référendum était celle de l’autonomie des Sahraouis au sein du Maroc. C’est-à-dire, éliminer la possibilité de l’indépendance du Sahara occidental.

    Quel serait l’intérêt d’organiser un tel référendum ?

    Ce serait un référendum dénaturé qui ne serait pas valable. L’autonomie vient d’un État unitaire comme, par exemple, le nôtre, qui s’est décentralisé. Le problème du Sahara n’est pas qu’il parte d’un État unitaire, mais qu’il n’a jamais appartenu au Maroc. Il s’agit d’une simple invasion militaire en 1975. Soit dit en passant, ni les Nations Unies ni la communauté internationale ne peuvent sanctifier une solution à la marocaine. Personne ne peut bénir l’invasion d’un territoire et, à long terme, lui donner l’autonomie. Parce que si c’était une formule de règlement des conflits internationaux, le monde serait en danger à toutes les frontières. Nous ne pouvons pas envahir et proposer ensuite l’autonomie parce qu’il y a le principe d’intangibilité des frontières africaines héritées de la colonisation et que la carte de l’Afrique ne peut être touchée. Et contrairement à d’autres territoires, il n’y a ici aucun motif politique ou historique. Il n’existe aucune relation historique entre le Maroc et le Sahara occidental qui puisse avaliser la nouvelle application du principe de la décolonisation.

    Que voyez-vous comme moyen de sortir d’un imbroglio qui a laissé, après plus de 40 ans, des milliers de personnes vivant dans des camps de réfugiés?

    Il y a une issue. Il y a des cycles de négociations. Les USA semblent soutenir une solution raisonnable au conflit et nous devons donc espérer la fin de ce différend, qui touche l’ensemble de la population du Maghreb, les relations entre le Maroc et l’Algérie et les relations de l’Europe avec le Maroc et l’Algérie, qu’il sera réglé. Les relations économiques avec l’Europe et les USA, pour qu’ils puissent commercer avec 60 à 80 millions d’habitants, sont encore en suspens, ce qui suscite de l’intérêt. Par exemple, dans la signature d’un nouvel accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne, désobéissant à l’arrêt de la Cour européenne de justice qui interdisait la signature du nouvel accord de pêche étant donné qu’il ne respectait pas les droits du peuple sahraoui, le Sahara occidental n’avait pas été pris en compte et le bon interlocuteur, qui est le Front Polisario. Et cela a été résolu par le parlement lui-même qui a signé un nouvel accord dans lequel cette fois-ci, en outre, la portée territoriale est indiquée du nord du Maroc au sud du Sahara, les droits du Maroc sont étendus et le nombre de licences de pêche pour pêcher dans les eaux sahariennes est augmenté. La voie est donc libre pour le Front Polisario de revenir devant la Cour de justice.

    Mais ce n’est pas un progrès.

    C’est un pas en arrière, car le nouvel accord représente une désobéissance absolue à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne.

    Alors le Sahara occidental se retrouve plus seul.

    Plus seul mais plus protégé sur le plan juridique, qui donne systématiquement raison à ce peuple et démasque ainsi des actes ignobles de criminalité internationale qui le sont aux yeux de la loi elle-même. L’apartheid et la perpétuation du colonialisme sont des crimes contre l’humanité.

    Nezha Khalidi

    La dernière nouvelle la plus importante est l’expulsion de trois avocats espagnols qui étaient observateurs du procès de la journaliste Nezha Khalidi, qu’en pensez-vous ?

    Oui, c’est une militante de 27 ans qui risque 2 ans de prison et une amende pour avoir enregistré et diffusé en direct une manifestation sahraouie**. L’accusation du Maroc contre elle est celle d’ usurpation alléguée de la profession en ce sens que le Maroc exige une accréditation de presse pour agir en tant que journaliste. Mais en même temps, au Sahara occidental, la presse internationale n’est pas autorisée. Pour ce procès, qui a été reporté en mai et s’est tenu le 24 juin, la veille de l’expulsion des observateurs, avocats et non-avocats espagnols, à leur arrivée à El Ayoun, ils n’ont pas été autorisés à quitter l’aéroport. Nos trois avocats étaient protégés par le Conseil Général des Avocats espagnols. Et c’est l’une des premières fois que l’observation internationale est réprimée. Cette femme aurait été torturée et nous nous attendons à ce qu’elle soit condamnée.

    Mais vu tout ce qui a été dit précédemment, le Maroc n’a pas de compétence juridique sur l’ensemble du territoire, qui relève de l’Espagne et on y punit en vertu de lois internes marocaines des personnes supposées être protégées par le droit à l’autodétermination en matière de création de partis, de liberté d’association, de liberté de la presse et d’expression, etc.

    Que pensez-vous du fait que le gouvernement espagnol n’a pas souhaité se prononcer sur ces expulsions ?

    Il me semble qu’il est clair en droit international et en droit interne que cela ne doit pas être toléré. Parce que nous sommes déjà face à une violation de tous les statuts internationaux, en particulier de la liberté de la presse. Aucun principe ne peut justifier la fermeture du territoire du Sahara occidental aux observateurs internationaux et à la presse libre. Un pays démocratique comme le nôtre a donc l’obligation de protéger les droits fondamentaux des citoyens espagnols et des habitants d’un territoire autonome pour lequel nous conservons aujourd’hui une responsabilité internationale entière.

    NdT

    *Affaire de corruption, d’extorsion et de trafic d’influence dans la gestion des ordures, impliquant des élus du Parti populaire dans la province d’Alicante

    **Entretemps, elle a été condamnée à une amende de 400€ (lire ici).

    Tlaxcala

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, ONU, MINURSO, autodeterminación,

  • Sahara Occidental : Saisie de 1500 kg de haschich au pied du mur marocain

    Avant le cessez-le-feu de 1991, le mur de sable érigé par le Maroc au Sahara Occidental avait le but de défendre les FAR des incursions des combattants sahraouis. Après la fin des hostilités sous les auspices de l’ONU, le mur a changé de fonction. D’abord, il empêche la liberté de circulation et la communication entre les habitants autochtones qui se trouvent des deux côtés du mur de la honte. Ensuite, il est devenu la porte principale des tous les trafics avec lesquels l’armée marocaine s’assure le paiement de ses besoins.

    Le Maroc n’ayant pas les moyens de financer une armée de près de 200.000 soldats déployés le long du mur de 2750 km, les autorités marocains ont donné feu vert à tous les trafics au seinA de l’armée pour s’assurer une autonomie budgetaire.

    Dans les unités marocaines campées au Sahara Occidental se trouvent aussi des officiers de la DGED chargés de l’expédition de chargements de haschich destinés aux camps des réfugiés sahraouis, à la Mauritanie et à toute la région du Sahel où la drogue est devenue le principal moyen de financement des mouvements terroristes.

    Dans ce contexte, l’armée sahraouie vient de capturer un vehicule 4×4 Toyota avec un chargement de 1500 kg de résine de cannabis, un arsenal composé d’une mitrailleuse PKT, 200 balles et 4 contrabandiers.
    Selon le ministère de la défense sahraoui, l’opération a eu lieu dans la région de Timelusa et a été précédée par une autre saisie à Gleybat Elaggaya, le 10 juillet 2019 où 100 kh de haschich ont été saisis et 5 contrebandiers mis sous les verrous.

    La France s’efforce de présenter le Maroc comme un partenaire incontournable dans la lutte contre le trafic de drogues au moment où tous les dangers viennent de ce pays qui n’hesite pas à instrumentaliser les questions du terrorisme et de la drogue pour arriver à ses fins expansionnistes.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, drogues, trafic, haschich, cannabis, marijuana, terrorisme,

  • Mauritanie : Abdallahi Ould Mohamedy voyage aux frais de la DGED marocaine

    La presse française s’est fait écho, dans les derniers jours, d’un fonctionnaire français recruté par les services secrets marocains. Il s’agit d’un agent de la police aux frontières (PAF) de l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) qui a été interpelé le 29 mai 2017 pour filtration de documents confidentiels sur des fichiers « S ». En échange, la DGED marocains lui offrait de l’argent liquide et des voyages au Maroc tous frais payés. Des avantages dont profite aussi le mauritanien Abdallah Mohamdy, le patron du groupe Sahara Media.

    Selon les documents révélés par le hacker Chris Coleman, la DGED était sollicitée par ses collaborateurs en vue d’obtenir des tickets d’avions pour se déplacer au Maroc et ailleurs aux frais des services de Yassine Mansouri.

    Le 18 juin 2011, Ould Mohamdy s’est fait offrir un billet Rabat-Paris-Madrid-Casablanca réservée par Mourad Rhoul en personne, le directeur du cabinet de Yassine Mansouri, le directeur général de la DGED.

    Le nom de Abdallah Ould Mohamdy figure dans toutes les listes des relais de la DGED chargés de diffuser la propagande du Makhzen, y compris les attaques visant à diaboliser le Front Polisario et l’accuser d’organisation terroriste.

    Il a été nommé administrateur de l’agence de presse APA en guise de couverture pour justifier les paiements qu’il reçoit de la DGED.

    Tags : Mauritanie, Maroc, DGED, Abdallahi ould Mohamedy, hacker chris coleman, marocleaks,

  • Maroc-Algérie : A Laayoune occupé, les sahraouis scandent One, two, three, viva l’Algérie ! (vidéo)

    Les sahraouis portent l’Algérie dans leurs coeurs. Ils sont reconnaissants envers le pays qui les a aidés à lutter contre cette abominable injustice qui est l’invasion par le Maroc du territoire pour lequel ils se sont battus contre le colonialisme espagnol soutenu par le régime du roi le plus sanguinaire de l’histoire du Maroc, Hassan II.

    Dans les territoires occupés, ils savent que toute manifestation de sympathie envers l’Algérie sera sévèrement punie. Malgré cela, ils n’ont pas tenu à la tentation et ils sont sortis nombreux dans les rues de la ville d’El Aaiun scandant « One, two, three, viva l’Algérie ! ». Un petit clin d’oeil à l’Algérie depuis la partie occupée du Sahara Occidental.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, football,

     

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=8yRq85lPKVk&w=560&h=315]
  • Claude Mangin de nouveau refoulée par le Maroc!

    Claude Mangin s’est vue une fois de plus refuser l’entrée au Maroc. Elle a de nouveau été privée de son droit de rendre visite à son mari Naâma Asfari, détenu depuis 7 ans pour son combat en faveur du peuple sahraoui.

    En lui refusant l’accès à son époux, le Maroc entrave à la fois à la liberté de Claude Mangin Asfari et le droit pour son époux de recevoir la visite de ses proches.

    Ce nouveau refoulement de Claude Mangin est une énième représailles exercée par le Maroc à l’encontre de Naâma Asfari, pour le punir de dénoncer sans cesse les violations des droits de l’homme.

    Le signe d’un durcissement

    Alors que le Maroc avait autorisé sa visite le 14 et 15 janvier 2019, une décision accueillie comme un signe d’apaisement, ce nouveau refus vient remettre en question la volonté du Maroc de respecter les droits des détenus sahraouis.

    La reprise des visites a fait suite à une intense campagne menée par Claude Mangin-Asfari depuis l’interdiction qui lui avait été faite en octobre 2016, de pénétrer sur le territoire marocain. Pendant 30 jours, elle avait également mené une grève de la faim pour protester contre cette interdiction, n’arrêtant qu’après avoir obtenu l’engagement du gouvernement français de mener une médiation avec les autorités marocaines sur la reprise des visites.

    En 2014, l’ACAT a porté plainte au nom de Naâma Asfari devant le Comité des Nations unies contre la torture. Dans sa décision rendue le 12 décembre 2016, le Comité a condamné le Maroc notamment pour avoir torturé Naâma et pour avoir usé de représailles à son encontre, ainsi qu’à l’encontre de son épouse.

    Contexte

    L’ACAT et ses partenaires ont œuvré pour le respect des droits des détenus sahraouis : l’ACAT a ainsi engagé en 2014 une plainte auprès du Comité contre la torture (CAT), un organe des Nations Unies, pour dénoncer les violations subies par Naâma Asfari. Sur la base de cette plainte, le CAT a condamné le Maroc pour torture, condamnation sur la base d’aveux forcés et pour absence d’enquête malgré la réitération d’allégations de torture. Dans cette même procédure auprès du CAT, l’ACAT avait également signalé l’interdiction qui avait été faite à l’épouse de Naâma Asfari de lui rendre visite.

    Acatt France

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Claude Mangin, Naama Asfari, gdeim izik,

  • Maroc – France : Le fantôme du hacker Chris Coleman plane sur la presse française

    En octobre 2014, un mystérieux pirate informatique a fait irruption sur la toile avec dans son bagage des milliers de documents de la diplomatie marocaine et des services secrets. Ses premières publications ont visé la complaisance de la grande majorité des journalistes français avec le pouvoir au détient les rennes au Maroc.

    Quatre journalistes en particulier ont fait les frais de ces publications : Mireille Duteil, du Point,Dominique Lagarde de l’Express, José Garçon de Libération et Vincent Hervouet, de LCI.

    Selon leurs correspondaces par mail, ils étaient manipulés directement par Ahmed Charaï, directeur du média L’Observateur du Maroc et d’Afrique et haut responsable au sein des services de contrespionnage, la DGED.

    Le hacker Chris Coleman a fait une deuxiéme réapparition en 2017 pour ensuite disparaître à jamais en laissant une grande partie de ses documents extirpés aux autorités marocaines sur le site Calameo.

    Cependant, son esprit est toujours présent du fait que la complaisance de la presse frañçaise avec le Makhzen est toujours de mise. Pour preuve, le dernier torchon publié par Le Point sous le grossier titre de « Maroc : la nouvelle puissance ».

    Malgré le départ de Mireille Duteil, ce média est resté fidèle à ses relations avec le palais royal de Rabat, ce qui dévoile une ligne politique assumée dont la profondeur reste à découvrir.

    Selon un commentateur marocain, « même la « presse » de propagande du régime marocain n’ose être hardcore à ce degré de canular. Mais Le Point a osé ». Mais il a omis de rappeler que le Maroc est un Etat qui n’hésite pas à utiliser la carte terroriste pour réaliser ses desseins en Europe. Non sans raison, la grande majorité des terroristes qui ont sévi dans les dernières années sont originaires du Maroc, le plus grand founisseur de terroristes, de drogues et prostituées dans le monde.

    La nouvelle puissance dont parle Le Point serait probablement ses records en matière d’analphabétisme, pauvreté, tourisme sexuel, pédophilie et violations quotidiennes des droits de l’homme. Tout cela sous la protection de l’Elysée, ce qui pourrait expliquer partiellement la complaisance dont on parle.

    Grâce au hacker Chris Coleman, nous savons que ces journalistes sont gâtés par le Makhzen pour qu’ils édulcorent la monarchie marocaine. Des vacances aux frais de la DGED, des cadeaux en espèces… Des pratiques connues dans la prétendue « patrie des droits de l’homme » où tous les excès sont permis en vue de préserver les intérêts géopolitiques, même au détriment de l’éthique et la morale.

    Coleman a été boudé par les marocains à cause de sa solidarité avec les sahraouis, mais son fantôme les guette partout. Ils pourront l’apercevoir dans les lignes de cet article du Point.

    Tags : Maroc, monarchie marocaine, Sahara Occidental, hacker Chris Coleman,

  • Sept priorités pour l’Union africaine en 2018

    En 2018, l’Union africaine (UA) et son nouveau président d’assemblée, le président rwandais Paul Kagame, ont la possibilité de poursuivre les réformes institutionnelles indispensables. Mais l’UA ne doit pas perdre de vue les conflits et désamorcer les violences électorales potentielles.

    Quel est le problème? Les dirigeants de l’Union africaine se réunissent à la fin du mois de janvier pour leur sommet semestriel. Les réformes institutionnelles et financières essentielles constitueront probablement l’une des priorités de l’agenda 2018 de l’UA, mais l’organisation doit veiller à ce que sa mise en œuvre ne détourne pas l’attention de la prévention et du règlement des conflits.

    Pourquoi est-ce important? Le paysage des conflits en Afrique a changé: de nouvelles menaces, émanant en particulier des réseaux transnationaux djihadistes et criminels, aggravent les formes de conflit plus traditionnelles. Le climat géopolitique est devenu encore plus difficile à naviguer. Et les élections, qui sont souvent le déclencheur de la crise politique et de la violence, auront lieu dans 18 pays africains en 2018.

    Qu’est-ce qui devrait être fait? L’Union africaine doit accorder une attention particulière aux conflits les plus graves en Afrique et à ceux où elle peut avoir un impact réel: le Sud-Soudan, la République centrafricaine et la Somalie. En priorité, il devrait faire progresser les préparatifs en vue des élections en République démocratique du Congo et déployer des équipes d’observation au début du Cameroun, du Mali et du Zimbabwe.

    Vue d’ensemble

    2018 pourrait être une année de bouleversement dramatique pour l’Union africaine (UA), qui poursuit un vaste programme de réformes institutionnelles et financières. Fin janvier, le président rwandais, Paul Kagame – l’auteur et le superviseur principal du processus – a repris la présidence de la Conférence de l’Union africaine, la plus haute instance décisionnelle de l’organisation, ce qui signifie que la réforme sera au premier rang des priorités de l’UA. Les changements sont critiques pour la santé à long terme de l’organisation, mais leur mise en œuvre ne sera ni rapide ni facile. Kagame, travaillant en étroite collaboration avec le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, devrait veiller à ce que leur mise en œuvre ne sape pas trop l’énergie des autres travaux vitaux de l’Union africaine, en particulier la prévention et la résolution des conflits au niveau continental.

    Faki lui-même, depuis son entrée en fonction en mars 2017, a mis résolument l’accent sur la paix et la sécurité, contrastant fortement avec son prédécesseur, Nkosazana Dlamini Zuma, qui avait tenté de réorienter l’organisation vers un développement à long terme. Au cours de sa première semaine au pouvoir, Faki s’est rendu en Somalie, où une force de l’UA se bat contre l’insurrection résiliente d’Al-Shabaab. Lors de sa seconde visite, il s’est rendu au Sud-Soudan, théâtre du conflit le plus meurtrier du continent. Ces visites, ainsi que les visites ultérieures dans les États de la République démocratique du Congo (RDC) et du G5 du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) indiquent clairement à quel point M. Faki pense que les plus grands défis en matière de paix et de sécurité de l’UA se trouvent.

    En outre, il s’est employé à renforcer les relations avec les deux plus importants partenaires stratégiques de l’UA – l’ONU et l’Union européenne (UE). En avril, il a signé le Cadre commun pour le renforcement de la coopération sur la paix et la sécurité entre l’ONU et l’UA, longtemps attendu, qui devrait améliorer la collaboration entre les deux organisations. Faki a contribué à rétablir les relations avec l’UE, qui avait atteint un point bas en 2016 en raison de différends concernant le paiement de troupes à la mission de l’UA en Somalie (AMISOM). Les discussions en vue du sommet UA-UE de novembre suggèrent qu’un accord de coopération similaire à celui conclu entre l’UA et l’ONU sera probablement adopté en 2018. Le groupe de travail conjoint UA-UE-Nations Unies sur la migration, né du dégoût de l’esclave migrant enchères en Libye, est un développement positif qui tire parti des forces de chaque institution. Lorsque l’UA réévaluera ses partenariats avec d’autres organisations multilatérales et des États non africains en 2018, elle devrait s’appuyer sur ces succès et ne pas négliger les relations avec l’UE et l’ONU.

    Le climat géopolitique, déjà difficile lorsque Faki est entré en fonction en mars, est devenu encore plus difficile. Les tensions entre les puissances du Golfe, notamment entre l’Arabie saoudite et ses alliés, et le Qatar, se sont propagées dans la Corne de l’Afrique, aggravant l’instabilité en Somalie et exacerbant les tensions sur le Nil entre l’Égypte et l’Éthiopie qui avaient adopté des positions différentes sur le conflit. Les divisions entre les principales puissances au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies rendent encore plus difficile la recherche d’un consensus sur les crises, y compris celles survenant en Afrique. Bien que le président américain Donald Trump ait largement ignoré l’Afrique, les opérations de plus en plus importantes de son gouvernement dans la lutte contre le terrorisme risquent de compliquer davantage les crises en Somalie et au Sahel en l’absence d’un soutien plus global des États-Unis aux efforts de paix.
    Face à de nombreuses préoccupations concurrentes en matière de paix et de sécurité, l’Union africaine devrait se concentrer sur les crises les plus graves en Afrique et sur celles dans lesquelles l’organe continental ou ses représentants ont un rôle utile à jouer. Gardant cela à l’esprit, cette note présente les priorités de l’UA pour 2018. Celles-ci comprennent les importants efforts de réforme; limiter les perturbations dans le travail de l’institution causées par les frictions entre le Maroc et la République démocratique arabe sahraouie (RASD); aider à résoudre ou à éviter les crises liées aux élections en RDC, au Cameroun, au Mali et au Zimbabwe; et gestion des conflits en République centrafricaine, en Somalie et au Soudan du Sud.

    Direction stratégique

    I. Construire un consensus sur la réforme institutionnelle et financière

    L’UA s’est engagée dans un processus de réforme potentiellement radical, qui, s’il était pleinement mis en œuvre, pourrait s’avérer aussi important que la transformation en 2002 de l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine. Les réformes en cours, menées par Kagame à la demande de l’Assemblée, visent à ramener l’attention de l’UA à quatre domaines seulement: la paix et la sécurité; affaires politiques; l’établissement d’une zone de libre échange continentale; et voix et représentation dans les affaires mondiales. L’autosuffisance financière accrue fait partie intégrante de ce processus, qui devrait rendre l’organisation plus légère et plus efficace. En 2012, alors que l’UA était la plus dépendante du monde, les États membres ne financaient que 3% de son budget de programmation. En 2017, ce pourcentage était passé à 14%, ce qui est encore loin de l’engagement pris par les États membres en juillet 2015 de financer 75% des programmes de l’UA d’ici 2020, plus 25% de ses activités en faveur de la paix et de la sécurité et de toutes ses dépenses d’opérations. . Des ressources supplémentaires doivent être mobilisées au moyen d’un prélèvement de 0,2% sur «tous les produits éligibles» importés sur le continent, dans le cadre d’un plan élaboré par Donald Kaberuka, haut représentant de l’Union africaine pour le Fonds pour la paix.

    2018 est une année charnière pour ces réformes. Fin janvier, Kagame succède à Alpha Condé, président de la Guinée, en tant que président de l’Assemblée. On s’attend à ce qu’il profite de son année à la barre pour mener à bien l’agenda qu’il a élaboré, approuvé par ses collègues dirigeants lors du sommet de l’UA de janvier 2017. Les États membres, la Commission et les communautés économiques régionales (CER) se sont déclarés déçus du processus mis en place à ce jour, invoquant un manque de consultation. Les réformes pourraient être déraillées sans une approche plus inclusive et collaborative.

    En particulier, Kagame doit dissiper les craintes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui a dressé une liste exhaustive de ses préoccupations, notamment le caractère pratique de la taxe à l’importation de 0,2%, le rôle réduit du Comité des représentants permanents composé d’ ambassadeurs des États membres auprès de l’UA et la création d’une troïka des présidents de l’Assemblée actuels, sortants et futurs, chargée de représenter l’Union africaine aux sommets avec les partenaires. Il doit également gagner les cinq plus gros contributeurs au budget de l’UA – l’Algérie, l’Egypte, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud – qui ont tous de sérieux doutes sur les réformes financières, entre autres propositions. Pour ce faire, Kagame devra constituer et mobiliser une coalition d’États favorables, issus de chaque sous-région, afin de vaincre les sceptiques. Lui et Faki devraient envisager des visites communes aux secrétariats de chaque CER reconnue par l’UA ou assister à leurs sommets respectifs pour expliquer les avantages de la réforme. Les États membres auront besoin de temps pour engager des consultations nationales, notamment en ce qui concerne le prélèvement de 0,2% sur les importations, qui nécessitera la ratification du parlement ou d’autres autorités locales de nombreux pays.

    Dans le cadre du processus de réforme, l’UA devrait entreprendre un examen global de l’architecture africaine de paix et de sécurité (APSA). Le paysage des conflits continentaux a considérablement évolué depuis la conception et le développement de l’APSA au début des années 2000. De nouveaux défis sont apparus, notamment l’influence croissante d’acteurs non étatiques, en particulier de mouvements djihadistes et de réseaux criminels qui opèrent au-delà des frontières et exploitent et aggravent souvent des formes de conflit plus traditionnelles. L’UA a approuvé les forces ad hoc que les groupes d’États ont mobilisées pour réagir – l’Équipe spéciale multinationale de lutte contre Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et la Force conjointe du G5 pour le Sahel – n’exerce que peu, voire pas du tout, de contrôle sur leur mandat ou leurs opérations. Un examen de l’APSA permettrait de déterminer si ces forces devraient être intégrées aux structures continentales et, le cas échéant, comment.

    II. Limiter les perturbations causées par les tensions entre le Maroc et la RASD

    Le Maroc a rejoint l’UA en janvier 2017, après 33 ans d’exil auto-imposé, pour protester contre l’admission de la République démocratique sahraouie (RASD). L’Algérie et plusieurs autres États s’opposaient fermement au retour de Rabat au motif que son «occupation» de la RASD contrevenait aux principes de l’UA. Beaucoup pensent que le Maroc tentera d’isoler et éventuellement d’expulser la RASD de l’UA et craignent que sa présence ne soit gênante: avant de le rejoindre, le Maroc a organisé des débrayages lors de plusieurs réunions internationales auxquelles ont assisté des représentants de la RASD. Dans son premier discours à l’Assemblée de l’UA, le roi Mohammed VI a tenté de rassurer ses collègues. « Nous n’avons absolument aucune intention de créer des divisions, comme certains voudraient l’insinuer », a-t-il déclaré, ajoutant: « L’action [du Royaume] contribuera au contraire à favoriser l’unité et le progrès ».

    Beaucoup pensent que le Maroc tentera d’isoler et éventuellement d’expulser la RASD de l’UA et craignent que sa présence ne perturbe la situation.

    Malgré ses assurances, les tensions entre le Maroc et la RASD ont déjà perturbé le travail de l’UA, retardant ou entravant les réunions internes et celles avec des partenaires extérieurs. En août 2017, lors d’une réunion ministérielle de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique à Maputo, au Mozambique, le ministre marocain des Affaires étrangères a été empêché de participer après avoir protesté contre l’inclusion de la RASD, conflit qui a dégénéré en altercation physique. Au cours des préparatifs du sommet UA-UE de novembre, beaucoup de temps et de volonté politique ont été consacrés à convaincre le Maroc de siéger, mais le roi a finalement participé pleinement, en grande partie à cause de l’importance du partenariat avec l’UE Afrique dans son ensemble.

    Les États membres et le personnel de la Commission de l’UA sont de plus en plus frustrés des deux côtés; ils devront faire preuve de diplomatie adroite pour atténuer les frictions. Faki devrait travailler avec les alliés des États membres pour persuader le Maroc, la RASD et leurs partisans respectifs de permettre à l’UA de travailler sans entrave. Des relations plus chaleureuses entre Pretoria et Rabat peuvent aider; Les deux pays ont convenu d’échanger des ambassadeurs après la rencontre entre le roi Mohammed VI et le président Jacob Zuma en marge du sommet UA-UE.

    Transitions contestées

    III. Aider à faire avancer les préparatifs pour les élections en RDC

    En 2017, le président Joseph Kabila a prolongé son mandat au moins jusqu’à la fin de 2018, malgré l’accord conclu avec Saint Sylvester en décembre 2016, qui prévoyait la tenue d’élections en décembre 2017. L’opposition et la société civile continuent de lutter pour se forger un mouvement populaire crédible face à la répression continue. Kabila conserve l’avantage, contrôlant le gouvernement, les forces de sécurité et la commission électorale. Pour le moment, il n’existe aucune garantie ni aucun engagement visible en faveur d’une organisation efficace des élections. La répression meurtrière exercée sur les manifestants le 31 décembre montre que la répression politique se poursuit sans relâche, ce qui renforce la crainte que les préparatifs électoraux ne soient qu’un écran de fumée.

    Cependant, l’économie congolaise est en crise et les pouvoirs du gouvernement sont faibles dans de grandes régions du pays. Un certain nombre de provinces subissent des insurrections locales ou des conflits intercommunautaires, entraînant l’une des pires crises humanitaires dans le monde. Le danger d’escalade de la violence reste élevé: l’expérience vécue au Kasaï, où la politisation de l’installation d’un chef local a provoqué un conflit dans plusieurs provinces, montre à quel point les troubles peuvent se propager rapidement. L’assassinat récent de quinze soldats de la paix de l’ONU à Beni est également un rappel brutal de la dangereuse dynamique dans l’est de la RDC.

    L’engagement international a été terne et incohérent, alors même que le gouvernement de Kabila avait volontairement enfreint les dispositions de Saint Sylvestre. Les États-Unis et l’UE ont été plus critiques et ont imposé des sanctions ciblées aux principaux responsables. L’UA, comme beaucoup d’autres États membres, dénonce les sanctions. Certains dirigeants africains expriment leur frustration à l’égard de Kabila en privé, mais leur soutien public tacite a donné du répit à son gouvernement.

    La commission électorale a reporté les élections présidentielle, législative et provinciale au 23 décembre 2018. Cela offre une occasion pour une diplomatie occidentale et africaine concertée et coordonnée, fondée sur le strict respect du nouvel échéancier, un vote crédible, une ouverture de l’espace politique et une garantie. que la constitution ne sera pas modifiée pour permettre à Kabila un autre mandat. L’opposition devrait s’engager activement dans le processus électoral.

    L’UA, qui a renforcé sa diplomatie en RDC au cours des derniers mois, pourrait utiliser le nouveau calendrier électoral comme base d’un engagement soutenu pour réduire les divisions entre l’Afrique et l’Ouest. Avec les acteurs régionaux (notamment la SADC, l’Afrique du Sud et l’Angola) et la communauté internationale au sens large, l’UA devrait surveiller les progrès de la commission électorale pour éviter de nouveaux retards et faire respecter les principes clés de l’accord de Saint Sylvester.

    Un groupe restreint mais représentatif de représentants des nations et organisations occidentales et africaines, y compris l’Union africaine, pourrait aider à forger un consensus international et limiter les possibilités de Kabila de faire du shopping libre. Ce groupe devrait établir et surveiller des points de repère pour le processus électoral et relier les initiatives aux niveaux local, régional et international. Enfin, l’UA devrait utiliser sa propre influence et sa légitimité, en particulier celle du Conseil de paix et de sécurité, pour inciter l’administration de Kabila à opter pour une transition et l’opposition à s’engager dans le processus électoral.

    Déployer des équipes d’observation bien avant d’autres élections critiques

    En plus de la RDC, dix-sept autres pays africains doivent organiser des élections présidentielle, législatives ou locales en 2018. Parmi eux, au moins treize sont aux prises avec un conflit ou en sortent ou ont des antécédents de conflits électoraux récurrents. Des sondages erronés ou violents, ou une série de votes qui provoquent des crises politiques, pourraient avoir des implications plus larges pour la démocratie et la stabilité sur le continent, dont certaines parties montrent déjà des signes de recul.

    Le Département des affaires politiques, sous-doté en personnel chronique et sous-financé, ne peut pas surveiller efficacement tous ces conflits. il devrait concentrer les efforts sur ceux qui nécessitent le plus d’attention. Outre les équipes à court terme qui surveillent les scrutins et les dépouillements, l’UA devrait déployer des observateurs à long terme, idéalement au moins six mois à l’avance, pour suivre les conditions plus générales des élections et l’environnement de la campagne; des conditions injustes sont souvent créées bien avant le scrutin. L’UA pourrait également envisager de combiner ses opérations d’observation avec celles des communautés économiques régionales.

    Trois sondages, hormis ceux de la RDC, méritent une attention particulière en 2018:

    Le Cameroun est confronté à une crise anglophone croissante dans le sud-ouest. Le gouvernement, déjà aux prises avec Boko Haram dans l’Extrême-Nord et les milices centrafricaines à l’est, semble mal équipé pour le désamorcer. Les troubles dans les zones anglophones montrent des signes d’insurrection naissante et pourraient déclencher une crise politique plus vaste qui risque de perturber les élections prévues pour octobre. L’UA et les autres acteurs internationaux devraient pousser le gouvernement et les militants anglophones à dialoguer et à promouvoir les conditions d’un vote crédible.

    Des élections présidentielles, à l’Assemblée nationale et régionales sont prévues au Mali, mais la mise en œuvre de l’accord de paix négocié par l’Algérie en juin 2015 reste lente. Les groupes armés se sont multipliés, se heurtant plus fréquemment aux forces maliennes et internationales. Le gouvernement reste largement absent du nord et les groupes djihadistes consolident le contrôle dans de nombreuses zones rurales. Les troubles se sont également propagés au centre du Mali, une région longtemps négligée par l’État. Dans ces conditions, administrer un vote crédible en 2018 sera difficile. Mais les élections devraient se tenir: le mécontentement populaire vis-à-vis du gouvernement actuel est élevé et toute tentative de les reporter, en particulier les élections présidentielles, pourrait alimenter les manifestations, en particulier dans la capitale Bamako. L’UA devrait assister les autorités maliennes dans leurs préparatifs électoraux, notamment en encourageant l’ONU et l’UE à appuyer un audit du registre des électeurs.

    Au Zimbabwe, l’euphorie qui a suivi l’éviction du président Robert Mugabe s’est apaisée, son remplaçant, Emmerson Mnangagwa, a consolidé le pouvoir du Front patriotique de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF) et de l’armée, en nommant un cabinet composé de partisans et de hauts responsables de l’armée au lieu de construire une coalition plus large. Lors de son entrée en fonction, le président Mnangagwa a promis que les élections, qui doivent avoir lieu avant septembre 2018, seront libres et équitables, sans toutefois indiquer les réformes nécessaires pour garantir un vote crédible. L’Union africaine, travaillant de concert avec la SADC, devrait inciter le gouvernement à assainir les électeurs, à mettre en place un contrôle indépendant de la Commission électorale zimbabwéenne et à créer un environnement politique exempt de violence, d’intimidation et de propagande. Le Conseil consultatif électoral de la SADC devrait entreprendre une évaluation des conditions électorales et l’UA devrait déployer immédiatement des observateurs à long terme. Les deux institutions devraient également faire pression sur le gouvernement du Zimbabwe pour permettre aux groupes régionaux et internationaux d’observer les élections. La ZANU-PF et Mnangagwa ont intérêt à laisser les observateurs surveiller le processus: sans contrôle, un nouveau gouvernement aurait du mal à prouver qu’il dispose de la légitimité nécessaire pour que les donateurs et les institutions financières internationales soutiennent la reprise économique au Zimbabwe.

    Crises Majeures

    V. Mettre en œuvre la nouvelle feuille de route de l’UA en République centrafricaine

    La crise en République centrafricaine (RCA) s’est aggravée en 2017, la violence ayant fait de nombreuses victimes civiles et provoquant des déplacements massifs. En dehors de la capitale, Bangui, la majeure partie du pays est aux mains de groupes armés qui se disputent les ressources dans des configurations changeantes d’alliances. Dans le nord-ouest, la violence tourne principalement autour de groupes armés rivaux et de conflits perpétuels sur le mouvement du bétail, tandis que dans le centre et l’est, des groupes mènent une guerre de guérilla autour de zones d’influence et de ressources. La stabilisation est improbable à court terme et une victoire militaire sur les groupes armés encore moins. Les perspectives de reprise d’une guerre civile plus vaste ne peuvent être écartées.

    Jusqu’à présent, le gouvernement et ses partenaires internationaux ont été incapables de mettre fin aux troubles ou de trouver des solutions durables à la violence généralisée. Une médiation efficace entre les groupes armés et l’État nécessitera non seulement un dialogue, mais également des pressions, notamment en comprimant les flux de revenus et en renforçant la dissuasion militaire, notamment en débarrassant les villes des armes et en arrêtant les organisateurs d’attaques majeures. Les autorités nationales doivent également rétablir la confiance dans les périphéries, par exemple en répondant aux préoccupations de certaines communautés en matière de citoyenneté.

    Divers acteurs ou organisations internationaux et régionaux ont lancé des efforts de médiation parallèles en 2016 et au premier semestre de 2017. Toutefois, des agendas divergents, des rivalités institutionnelles et des approches divergentes ont envoyé des messages incohérents, notamment en ce qui concerne les amnisties pour les chefs rebelles, l’intégration des combattants dans l’armée et le retour. en RCA des anciens présidents. Bien que l’UA ait pris les devants et élaboré une nouvelle feuille de route pour la paix et la réconciliation en juillet 2017, destinée à promouvoir le dialogue et à conclure un accord sur le désarmement des combattants, peu de progrès ont été accomplis depuis. Pour que cette initiative aboutisse, la Commission de l’Union africaine, le Conseil de paix et de sécurité et représentant spécial, Bédializoun Moussa Nébié, ainsi que les voisins de la RCA, doivent intensifier leur engagement, notamment en poussant les dirigeants des groupes armés et le gouvernement à négocier. L’UA devrait également engager les ressources humaines et financières requises, en veillant à ce que son bureau de liaison dispose de tout le personnel et de toutes les ressources nécessaires.

    L’Union africaine devrait également régler les points de désaccord – notamment au sujet des amnisties et de la nomination de dirigeants rebelles à des postes gouvernementaux lucratifs – parmi les partenaires internationaux de la RCA, qui ont dans l’ensemble salué la récente initiative de l’Union africaine. Tout accord éventuel entre le gouvernement et les groupes armés nécessitera des garants provenant d’États africains et occidentaux, d’organisations continentales et régionales et de l’ONU. Un cadre à travers lequel les donateurs et les autres peuvent apporter un soutien politique et financier est également essentiel. Identifier les options à l’avance serait utile. L’appropriation du processus par les Centrafricains est essentielle à son succès, de sorte que l’UA devra également obtenir une plus grande participation du gouvernement.

    VI. Éviter un retrait précipité de la Somalie

    L’année 2017 a été agitée pour la Somalie. L’euphorie et l’optimisme ont suivi l’élection de Mohammed Abdullahi «Farmajo» à la présidence en février, mais le pays n’a pas subi l’attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire. Deux camions piégés à Mogadiscio ont fait au moins 500 morts en octobre. Les attentats à la bombe illustrent les défis auxquels fait face l’administration de Farmajo: les forces de sécurité nationales sont chroniquement faibles, tandis que l’insurrection al-Shabaab montre une puissance et une résilience constantes, reprenant récemment le territoire situé à l’extérieur de Mogadiscio. Farmajo doit également faire face à des conflits de longue date avec les clans et aux frictions grandissantes du gouvernement avec les États fédéraux, exacerbées par la crise du Golfe. Son administration n’a pas non plus beaucoup progressé dans la lutte contre les déficits chroniques de gouvernance qui sous-tendent l’instabilité de la Somalie.

    La Commission de l’UA pourrait envisager de convoquer un sommet au début de 2018 […] dans le but d’améliorer la coordination, notamment en ce qui concerne la formation et l’assistance des forces de sécurité.

    Peu de gens pensent que Al-Shabaab sera vaincu de sitôt, malgré le rythme grandissant de l’offensive militaire de l’AMISOM dans le sud de la Somalie, appuyée par les frappes aériennes américaines. La mission de l’Union africaine, elle-même sous-financée, souffre du moral des troupes et doit se retirer d’ici fin 2020. Cette date pose un dilemme aigu pour l’UA et les autres partenaires étrangers de la Somalie. Le retrait, qui a commencé en décembre 2017 avec le départ de 1 000 soldats de tous les pays fournisseurs de contingents, constitue un impératif politique. Pourtant, un retrait précipité ouvrirait presque certainement la porte aux gains d’Al-Shabaab, y compris sa possible reconquête de Mogadiscio, étant donné la faiblesse chronique et la corruption de l’Armée nationale somalienne. La Commission de l’Union africaine pourrait envisager de convoquer un sommet début 2018 réunissant des fournisseurs de contingents, des donateurs, des organismes régionaux et les Nations Unies dans le but d’améliorer la coordination, notamment en ce qui concerne la formation et l’assistance des forces de sécurité. Il est essentiel de ne pas précipiter le retrait et de se coordonner avec le gouvernement somalien et ses alliés impliqués dans la réforme du secteur de la sécurité.

    Le retrait imminent intervient à un moment de tension accrue entre Mogadiscio et les régions fédérales somaliennes. Au cours de la crise du Golfe en 2017, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont fortement incité Farmajo à prendre parti pour rompre les relations diplomatiques avec le Qatar. Ses tentatives pour rester neutre – les Saoudiens, les Emiratis, les Qataris et son principal allié international, la Turquie, apportent une aide cruciale à la Somalie – ont conduit les EAU à renforcer leur soutien et à lancer un appel directement aux gouvernements fédéraux, en contrepoids à Mogadiscio. aggraver les frictions entre ces gouvernements et Farmajo et alimenter les factions politiques.

    VII. Aider à remodeler la stratégie de stabilisation du Soudan du Sud

    La fin des hostilités de Noël au Soudan du Sud a échoué, rappelant à quel point les conflits dans le pays sont insolubles. Bien que les combats aient diminué depuis son apogée au début de 2014, la violence reste omniprésente. Les forces gouvernementales ont l’avantage sur l’armée, mais bien que moins de régions fassent l’objet de combats actifs, une grande partie du pays existe toujours entre la guerre et la paix: la pauvreté, la violence et les déplacements sont des défis constants.

    En 2017, le gouvernement de transition, dirigé par la présidente Salva Kiir, s’est lancé dans une stratégie de stabilisation incohérente axée sur: le remaniement de l’accord de paix de 2015 à médiation régionale en sa faveur; lancer des négociations discrètes avec les groupes rebelles, associées à des pressions militaires pour les amener à accepter la paix aux conditions de Juba; et organiser un dialogue national. Grâce à cette stratégie, Kiir a réussi à passer d’un forum sous surveillance internationale à une approche nationale, dirigée par le gouvernement, exempte de toute surveillance externe importune. Les pays voisins ont fourni un soutien discret, mettant fin en grande partie à l’aide fournie aux groupes rebelles, mais les gouvernements occidentaux restent opposés à ce qu’ils considèrent comme les efforts de Juba pour instaurer la paix du vainqueur.

    Les avantages limités de cette stratégie, qui comprend des accords de paix avec plus de 10 000 rebelles armés, sont maintenant menacés. Sous la pression de la troïka (Norvège, Royaume-Uni et États-Unis), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, l’organe sous-régional qui a négocié l’accord de 2015) a lancé un forum de revitalisation pour ressusciter l’accord de paix par un nouveau cessez-le-feu et des délais convenus, retardant spécifiquement les élections prévues pour 2018. Le gouvernement a réagi à la pression internationale en élevant des voix moins compromettantes et plus belliqueuses dans ses rangs. Préserver les quelques avancées réalisées et prévenir une nouvelle détérioration devrait toujours être possible, même si cela nécessitera un engagement politique sérieux.

    Indépendamment d’autres facteurs, le gouvernement de transition contrôle la majeure partie du pays et doit être encouragé à promouvoir la paix et à améliorer les conditions de vie. Cependant, les gouvernements occidentaux ont été réticents à engager Kiir et l’IGAD s’est concentrée sur la prévention des conflits régionaux. Cela offre à l’UA une occasion de soutenir, d’élaborer et de transmettre des messages difficiles au gouvernement de transition – en public et en privé – sur la révision de sa stratégie de stabilisation et l’établissement d’un calendrier réaliste pour les élections. Alpha Oumar Konaré, haut représentant de l’UA, est perçu comme neutre, entretient de bonnes relations avec Kiir et est capable de livrer des vérités dures qui pourraient le pousser à adopter des positions plus modérées. Mais l’engagement de Konaré a été incohérent. Une participation soutenue, y compris des visites plus fréquentes à Juba, augmenterait sa capacité d’influencer les événements au Soudan du Sud.

    L’UA réactive son comité ad hoc de haut niveau sur le Soudan du Sud, connu officieusement sous le nom de UA5, qui comprend l’Algérie, le Tchad, le Nigeria, le Rwanda et l’Afrique du Sud. L’UA5 devrait coopérer étroitement avec les voisins du Sud-Soudan dans le cadre de discussions de chef à chef, en veillant à un équilibre entre atténuer les tensions régionales et soutenir la paix au Sud-Soudan. L’UA5, conjointement avec Konaré, devrait également envisager de faire participer Kiir à la stratégie de son gouvernement. Cela les obligerait à mettre en contact des discussions de haut niveau à l’étranger avec des discussions locales sur le terrain. Pour y parvenir efficacement, Konaré et l’UA5 auront besoin d’un personnel à plein temps capable de voyager fréquemment dans tout le Soudan du Sud.

    Source : Crisis Groupe, 17 jan 2018

    Tags : Afrique, Union Africaine, UA, conflits, Sahara Occidental, Maroc, Congo, RCA, ONU,

  • Brahim Takioullah, les défis XXL de l’homme le plus grand d’Europe

    Impossible de lui adresser la parole sans se tordre le cou. Du haut de ses 2,46 mètres, Brahim Takioullah est l’homme le plus grand d’Europe, le deuxième dans le monde, et doit constamment s’adapter à un univers pas fait à sa mesure.

    Sa taille hors normes, reconnue par le livre Guinness des records, vaut certes au Franco-Marocain d’être invité aux quatre coins du monde. Et quand il déambule dans la rue, il ne manque pas d’attirer l’attention. «On me demande souvent si je suis l’homme le plus grand du monde», dit-il à l’AFP d’un ton rieur. Fier de sa spécificité, Brahim se prête aisément au jeu des photos même s’il lui arrive de s’agacer quand on ne lui demande pas la permission.

    Tout n’est pas rose pour autant dans la vie de Brahim. Se vêtir ou se chausser constitue un défi majeur pour cet homme à la pointure 58, la plus grande au monde. «Un artisan m’a déjà demandé 3.500 euros pour une paire de chaussures !«, déplore-t-il.

    Trop grand pour emprunter le métro, Brahim a obtenu son code de la route voilà trois ans. Mais il n’a jamais pu en profiter : faute de posséder un véhicule à double-commandes calqué sur ses mensurations, il n’a pas pu passer son permis et son code n’est aujourd’hui plus valable. «La préfecture m’a dit : +On ne peut rien faire pour vous+».

    Quant aux moqueries dont il est parfois victime, Brahim affirme avoir su s’en affranchir. Pour la cinquième année consécutive, il a toutefois coorganisé à la mi-juin «une marche des différences» sur les Champs-Elysées en présence d’une poignée d’autres géants issus du monde entier. Leur but : montrer qu’ils existent et porter un message de tolérance.

    Âgé de 37 ans, Brahim a commencé à croître exponentiellement une fois franchi le cap des 12 ans. Il vit alors au Maroc, où il est né. «Je me demandais quand ça allait s’arrêter», sourit l’intéressé.

    Ses mensurations XXL, il les doit à une tumeur bénigne qui sécrète un excès d’hormones de croissance. Aujourd’hui, il assure «manger de la soupe pour rattraper l’homme le plus grand du monde».

    En 2017, diplômé de géographie, il s’envole pour la France. Le trentenaire exerce aujourd’hui un métier sans lien direct avec ses qualifications : il travaille au Parc Saint-Paul, un parc d’attraction basé dans l’Oise. Et il s’y plaît.

    Il bénéficie d’un appartement sur mesure à quelques encablures de son lieu de travail: 3 mètres de hauteur sous plafond, un lit de 2,80 mètres, une baignoire de 2,50 mètres.

    «Je pourrais courir un 100 mètres dans sa baignoire», plaisante Tony, 1,30 mètre, son collègue et ami. Tous ces équipements ont été mis à sa disposition par le directeur du parc, Gilles Campion, qui emploie une poignée de géants. «Il est comme un père pour nous», dit Brahim.

    Son profil singulier a tout de même contribué à lui ouvrir des portes : avec sa troupe «Les chiens de Navarre», il se produit sur les planches partout en France, drapé dans les habits du Général de Gaulle, géant notoire (1,96 m). En parallèle, il travaille avec le magicien Etienne Saglio à la création d’une nouvelle pièce.

    Également attiré par le cinéma, Brahim a déjà décroché quelques seconds rôles, comme dans «Chocolat» avec Omar Sy ou «Alad’2» avec Kev Adams.

    Pour organiser son emploi du temps chargé, le trentenaire bénéfice des services bénévoles de l’agent Benjamin Cian-Grangé, un «passionné de gigantisme» qui a crée la Tall Tale Agency afin d’«apporter une visibilité à des êtres hors du commun». Un défi de taille.

    Source : Bluewin

    Tags : Maroc, Brahim Taquiollah, géant, XXL, Record Guinness,

  • Ces princesses qui ont fui leur royaume

    Elles sont belles, riches et privilégiées; ce sont des princesses du Moyen-Orient. Et pourtant, elles ont décidé de fuir leur palais, leur famille et parfois même leur pays. Lalla Salma, héritière marocaine, Latifa Al Maktoum, des Emirats Arabes unis, et aujourd’hui Haya, qui a quitté Dubaï. Ces princesses ont toutes pris la fuite pour échapper à une vie qui était sans doute loin d’être un conte de fées…

    On les imagine se prélasser au cœur de somptueux palais orientaux… Mais en réalité, leur vie s’apparente plus à une traversée du désert qu’aux fameux contes des «Mille et Une Nuits»! Depuis quelques années, plusieurs princesses orientales ont fui leur pays pour retrouver la sérénité. Privées de liberté dans leur royaume, elles ont préféré trouver refuge en Occident. Qui sont ces héritières qui ont disparu du jour au lendemain?

    La princesse Haya a récemment fui Dubaï

    Epouse de l’émir de Dubaï, Haya Bint al Hussein – dite «Haya de Jordanie» – s’est très récemment échappée pour se réfugier au Royaume-Uni, en passant d’abord par l’Allemagne. Arrivée ce mercredi 3 juillet à Londres, cette cavalière de 45 ans souhaiterait divorcer, mais ce n’est pas aussi simple.

    Elle est la dernière et la plus jeune épouse du Cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, émir de Dubaï, rappelle «Le Point». Actuellement, elle vivrait cloîtrée dans sa luxueuse résidence de Kensington Palace Gardens, accompagnée de ses deux enfants de 11 et 7 ans.

    La presse britannique rapporte en outre qu’elle aurait «peur d’être assassinée ou ramenée de force à Dubaï». Selon «Detained in Dubaï», une ONG qui soutient la libération des prisonniers dans la pays, ce récent exemple de fuite serait «la plus grave mise en accusation de son époux». L’organisation s’interroge aussi sur les motivations profondes qui ont poussé son Altesse Royale Haya, une femme mondaine et engagée, à prendre une décision aussi radicale…

    De son côté, Cheikh Mohammed ne décolère pas, d’autant plus que le couple s’affichait très amoureux jusqu’à récemment. Sur les réseaux sociaux, il s’est publiquement adressé à sa femme avec véhémence: «Vous avez trahi la plus précieuse des confiances», «vous n’occupez plus aucune place pour moi», «je n’ai cure que vous soyez morte ou vivante».

    Cheikha Latifa avait tenté de s’échapper l’an dernier

    En mars 2018, quelques mois seulement avant la disparition de Haya, c’est Cheikha Latifa Al Maktoum, la fille de l’émir dubaïote, âgée de 33 ans, qui avait déjà tenté de prendre la fuite. Les deux disparitions sont-elles liées? Toujours est-il que cette dernière avait tenté de fuir par bateau avec l’aide d’Hervé Jaubert, un ancien espion français; mais son plan d’installation aux Etats-Unis avait finalement échoué. Elle avait alors été interceptée au large de l’Inde et ramenée de force au palais, où d’aucuns prétendent qu’elle est maintenant tenue prisonnière.

    Après sa tentative de fuite en mars 2018, la jeune femme avait publié une longue vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle elle prévoyait le pire: «Si vous regardez cette vidéo, ce n’est pas une si bonne chose. Ou je suis morte ou je suis dans une très, très mauvaise situation», prévenait-elle.

    On sait par ailleurs qu’elle avait déjà tenté de partir adolescente, et qu’elle avait ensuite été maltraitée, prisonnière pendant plusieurs années après son retour. Est-ce à nouveau le cas, est-elle actuellement punie pour cette nouvelle incartade? On reste malheureusement sans nouvelle de Latifa depuis son retour au palais.

    Alors, il se pourrait bien que ce départ avorté de Latifa, la fille du Cheikh, soit corrélé à la récente décision de fuite de Haya, sa belle-mère. L’harmonie du couple royal aurait, peut-être, ainsi volé en éclats, rapporte «Madame Figaro». De plus, selon la BBC, «les sources proches de la princesse Haya ont déclaré qu’elle a récemment découvert des faits troublants derrière le mystérieux retour à Dubaï de la Cheikha». Maintenant libre à l’étranger, Haya de Jordanie dévoilera-t-elle le fin mot de l’histoire? Pour l’instant, le mystère reste entier…

    Lalla Salma, disparue du Maroc depuis deux ans

    Comme Haya et Latifa, l’héritière marocaine Salma Bennani – appelée Lalla Salma – avait aussi pris la poudre d’escampette il y a maintenant deux ans. Femme du roi Mohammed VI, elle avait pourtant été une pionnière, une femme de caractère à qui l’on avait accordé plus de liberté.

    Son époux lui avait en effet permis de paraître dans la presse nationale et internationale, mais avait ensuite souhaité divorcer pour des raisons obscures. Cette souveraine, un vent de modernité dans cette monarchie conservatrice, a pourtant été obligée de partir et de vivre aujourd’hui recluse et dans l’anonymat.

    Cherchant toutefois à la faire revenir, Mohammed VI ne livre aucune information sur la cause qui a poussé Lalla Salma à s’expatrier. Un motif qui semblerait gênant pour le palais royal, qui préfère faire taire les scandales. Le princesse Lalla Salma, elle, reste cependant introuvable depuis bientôt deux ans. Introuvable, mais sans doute libre.

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