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  • Maroc : Mohammed VI plus riche que l’Emir du Qatar

    Mohamed VI, 7ème plus riche fortune personnelle des monarchies du monde… est plus riche que l’émir du Qatar

    Casablanca.- L’hebdomadaire français Point de vue, une revue de grande diffusion de la presse du cœur francophone, spécialisée dans la vie des têtes couronnées, a publié cette semaine un dossier sur la fortune des « royals ». « Fortune des rois : secrets, fantasmes et réalités », tel est l’intitulé du dossier que cette publication a consacré aux nobles fortunés.

    Contrairement à ces malveillantes et roturières publications qui défendent les principes républicains, Point de vue ne l’est point. Elle est plutôt royaliste puisqu’elle s’intéresse de très près aux querelles dynastiques qui oppose la maison d’Orléans aux Bourbons pour savoir qui des deux chefs de ces deux rames devrait occuper le trône de France l’improbable jour où la monarchie serait rétablie dans l’Hexagone. C’est-à-dire quand les poules auront des dents.

    Pour ne pas faire dans l’amateurisme, Point de vue est donc allée recueillir les lumières de Pascal Dayez-Burgeon, un agrégé d’histoire spécialiste en sang bleu et qui vient de publier un livre sur « La fortune des rois ».

    Comme on s’y attendait, ce qui ressort de cette interview et de l’enquête menée par le magazine, la monarchie marocaine n’est pas très raisonnable en ces temps de vaches maigres et de crise économique endémique.

    Sur une liste de 15 monarques, Mohamed VI est classé 7e, avec une fortune personnelle estimée à 2,5 milliards de dollars. Or, de toutes les monarchies présentes sur la liste, seul le Swaziland peut-être considéré comme moins favorisé économiquement que le Maroc. Le reste de la liste est constitué de pétromonarchies ou de riches Etats occidentaux.

    Si le souverain le plus riche de la planète est celui de la Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, le roi du Maroc, Mohamed VI, est plus riche que l’émir du Qatar, ce qui est tout de même paradoxal. L’émir du Qatar est assis sur des barils de pétrole alors que son homologue marocain est installé sur des mares de pauvreté et de chômage [sans oublier les phosphates, le poisson et le sable du Sahara occidental, qui rapportent de juteux dividendes, NDLR SOLIDMAR].

    L’expert français explique que beaucoup de monarchies arabes, dont la marocaine, « perçoivent des allocations publiques pour mener leur mission de souveraineté à bien : liste civile, dotations annexes, palais de fonction.

    Mais pour vivre lorsqu’ils ne sont pas en représentation, les princes détiennent également des biens privés. Ces deux sources de revenus sont en principe distinctes, mais s’avèrent souvent poreuses, c’est-à-dire que les fonds publics servent à financer la vie privée, voire permettent aux princes d’accroître leur fortune personnelle ». « C’est cet amalgame qui passe de moins en moins bien auprès de l’opinion, au Maroc notamment », rajoute Dayez-Burgeon.

    Point de vue rappelle qu’avec l’astronomique somme de 254 520 000 euros touchée chaque année, la monarchie marocaine est celle qui reçoit le plus d’argent public. C’est trop de « générosité », signale sarcastiquement l’hebdomadaire.

    Par exemple, la monarchie hollandaise touche de l’Etat la somme de 39 millions d’euros par an, la belge 31 millions, la norvégienne 22,6 millions, la suédoise 13 665 000 euros et la pauvre luxembourgeoise 8,8 millions. Une vraie misère comparée à ce que touche Mohamed VI.

    Avec ces chiffres, on a la fâcheuse impression que la monarchie marocaine se sert plus qu’elle ne sert.

    Car 254 millions d’euros par an, ce n’est plus une rente, c’est un hold-up permanent si on prend en compte le fait que tous les collègues européens de Mohamed VI dirigent des États riches et développés.

    Mohamed VI possède un yacht, El Boughaz I, de 70 mètres. Au Maroc, il a la jouissance d’une trentaine de palais et de résidences dont les lourds frais de fonctionnement sont assumés par l’Etat en ces temps de misère. Et en France, outre le célèbre château de Betz, dans l’Oise, le souverain possède l’hôtel de Broglie, rue de Varennes, l’une des plus belles et des plus grandes résidences de Paris.

    Et la famille n’est pas loin. « Lalla Latifa, la mère de Mohammed VI se repose dans un hôtel particulier à Neuilly, boulevard Maurice Barrès », commente Point de vue qui affirme que les sœurs du roi habitent, avenue Foch, à Paris, mais pas très loin de leur mère.

    Un vrai contre de fée, certes, sauf que le Maroc n’a plus vocation à continuer d’entretenir autant de besoins colossaux et gargantuesques.

    Et puis enfin, si effectivement le souverain a cédé une partie de ses prérogatives à son chef de gouvernement, la logique ne voudrait pas qu’il lui cède également une partie de l’argent perçu ?

    Une chose est sûre, avec ce dossier sur les fortunes arabes, au beau milieu des révolutions arabes, c’est pas demain la veille que le directeur de Point de vue sera invité à notre fête du trône.

    Source : Solidarité Maroc, février 2012

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, fortune,

  • Maroc : Les américains n’aiment pas le couscous ni le thé à la menthe

    Les américains mettent de la menthe au tabou

    Si Mohamed VI et son Majzén pensaient que, contrairement à certains journalistes espagnols et français, l’ambassade des États-Unis à Rabat et son consulat à Casablanca avaient envoyé à Washington des reportages sur la beauté naturelle et historique du royaume, la variété des couleurs et les odeurs de ses marchés, les délices du couscous et du thé à la menthe, l’humour et l’hospitalité de ses habitants, le luxe et le confort de ses grands hôtels, son engagement sans faille à la combinaison de la tradition et de la modernité, si c’est ce qu’ils pensaient, ils auront connu une déception monumentale en lisant les textes datés de 2008 et 2009 obtenus par Wikileaks et publiés par EL PAÍS et quatre autres journaux internationaux.

    Il s’avère que l’ambassade et le consulat d’un pays aussi ami, d’un protecteur aussi indispensable, d’un pouvoir si amoureux de l’ordre, d’un promoteur aussi vigoureux des affaires, ont été envoyés à la ville de Potomac, faisant état de corruption, de bureaucratie et d’inefficacité. Tout comme ces fichus journalistes. En fait, ces deux câbles ressemblaient à des chroniques journalistiques qui essayaient même d’imiter leur style et comprenaient des titres tels que Tous les hommes du roi (All the King’s Men) et Un conte de proportions royales (A tale of royal proportions).

    Car oui, et c’est cela qui fait mal, les diplomates américains au Maroc ont parlé dans leurs câbles du tabou: le roi en personne. Ils ont osé dire, et avec des exemples concrets, que le monarque et son peuple avaient une « honteuse gourmandise » – oui, tels étaient ses mots – lorsqu’il s’agissait de prendre des commissions pour des projets immobiliers dans le royaume. Non, les diplomates yankees ne se sont pas livrés à des discours ds guides et des vendeurs de tapis des souks. Ils ne se sont pas bornés à racompter des choses aussi connues que le trafic de haschisch double même les revenus du tourisme. Même pas pour signaler le méfait de cet officier de la police qui était dédié à importer des motos BMW alors qu’il savait que ce sont ceux-là qui allaient équiper les forces de sécurité. Sans oublier que pour obtenir des permis de construire à Casablanca, il fallait donner un bon coup de pouce aux fonctionnaires plus ou moins haut. Les diplomates américains, ces gens qui avaient été invités tant de fois au couscous et au mechui, ont pointé leur doigt sur le roi et ses grands amis, Fouad Ali l’Himma et Mounir Majidi.

    En faisant preuve d’irrespect pour le plus sacré, l’Ambassadeur Riley a envoyé en août 2008 une dépêche à Washington décrivant l’état des Forces armées royales comme étant en voie de modernisation, bien sûr, mais accablé de corruption, oui encore l’inefficacité bureaucratique, le faible niveau d’éducation et le risque élevé de radicalisme.

    Les diplomates américains sont-ils devenus communistes? C’en a tout l’air, Majesté. Parce que, sinon, comment expliquer qu’en mai 2008, le consulat de Casablanca ait envoyé à Washington un câble dans lequel, après avoir reconnu le réveil urbain et économique de cette métropole, ajoutait l’observation selon laquelle il serait nécessaire que la prospérité soit  » partagés plus largement « au profit de « tous les segments de la société ».

    Le Palais royal, le gouvernement et la presse accro à ces révélations réagiront-ils avec la même sensibilité que les articles publiés dans certains journaux à Madrid et à Paris? Ou, déjà mis aux résolutions du Congrès espagnol. Affaire à suivre.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, palais, royal, wikileaks, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi,

  • Agustin Gomez Acosta (CGT-E) : « Le Maroc est émaillé de luttes réprimées violemment »

    Agustin Gomez Acosta, militant de la CGT espagnole, y anime la commission Maghreb. Petit tour d’horizon avec lui de l’actualité des résistances sociales et syndicales au Maroc.

    Alternative libertaire : Comment expliquer qu’au Maroc la mobilisation populaire n’ait jamais atteint le niveau de la Tunisie ou de l’Égypte ?

    Agustin : En premier lieu, la monarchie alaouite est le principal et plus fidèle allié des États-Unis, de la France et de l’Union européenne dans la zone. Bien que Moubarak et Ben Ali l’aient été aussi, dans le passé la Tunisie et surtout l’Égypte sont passés par des phases de nationalisme en conflit ouvert avec l’Occident, à l’époque de Nasser en particulier. Cette réalité a laissé dans la conscience collective du peuple de ces pays un important sentiment anti impérialiste. Le Maroc, au contraire, a toujours été un allié fidèle.

    En deuxième lieu, l’État marocain a cultivé l’ignorance, l’analphabétisme et la marginalisation de l’identité amazigh, pourtant majoritaire au sein de la population marocaine. Le niveau culturel des peuples égyptiens et tunisiens est à cet égard substantiellement supérieur.

    En troisième lieu, le Mouvement du 20 Février n’a pas eu la force suffisante de renverser la monarchie alaouite. Au Maroc, les revendications sociales étaient les mêmes qu’en Tunisie et en Égypte mais ne demandaient pas la chute de la monarchie.

    Pourquoi ?

    Agustin : L’État marocain comporte des caractéristiques particulières qui permettent au pouvoir des marges de manœuvres plus importantes. Sa base de soutien, à la différence des dictatures de Ben Ali et Moubarak, n’est pas seulement le fait d’un État moderne centralisé à outrance avec ses institutions répressives (police, justice, armée, bureaucratie). Le régime marocain repose sur la permanence des coutumes héritées du sultanat, de ses relations féodales et de vassalisation.

    Ces pratiques pénètrent toute la société à travers un réseau large de « petits roitelets » aux ordres du monarque. C’est ce concept de fidélité aveugle et inébranlable que l’on nomme le Makhzen. Au Maroc, il existe officiellement de nombreux partis, syndicats, associations. Des élections ont lieu régulièrement. Toute une démocratie de façade, selon les critères occidentaux, prévaut. En même temps, le Makhzen, système hybride entre l’État moderne, hérité du colonialisme, et le sultanat, basé sur un pouvoir théocratique et la vassalité, est un pouvoir absolu avec un roi au dessus des lois et de toute constitution. Mohamed VI est le prince des croyants et son pouvoir ne peut être remis en cause.

    Ces facteurs expliquent que la réponse du roi face au Mouvement du 20 Février ait été la répression. Dans le même temps, en promulguant une réforme constitutionnelle, le roi s’est assuré l’image d’un monarque éclairé, à l’écoute des revendications du peuple. Par l’entremise de cette nouvelle constitution plus « libérale » (du moins en apparence), il a réussi à diviser l’opposition et à gagner à sa cause nombre de partis de « gauche ». Un exemple : à la tête du récent Conseil national des droits de l’homme a été nommé un ancien prisonnier politique d’Hassan II et des « années de plomb ». Le message est en tout cas très clair : les espaces démocratiques au Maroc sont ceux que le roi tolère. Un autre exemple symptomatique de cet état de fait : au Maroc, tu peux assister à une répression violente dans les manifestations, comme ce fut le cas cet été, à l’occasion de la libération du pédophile espagnol Diego Galan. Quelques jours après, le roi ayant reconnu qu’il s’agissait là d’un erreur (évidemment pas la sienne mais celle d’un de ses sujets, en l’occurrence le ministre de la Justice), les manifestations sur le même thème ont été soudainement encouragées.

    Pour résumer, il est clair que rien ne bouge au Maroc sans l’assentiment royal. Le Makhzen n’est pas remis en cause par la collaboration active de la grande majorité des partis, syndicats, associations, mais aussi caciques, indics de la police dans les quartiers. Un réseau qui est présent à travers tout le pays dans l’unique et seul but de servir le roi.

    En dépit de cette réalité, personne ne peut bâillonner les luttes du peuple. Luttes qui ont poussé Mohamed VI à faire voter, via un référendum, cette nouvelle constitution. Une constitution sans légitimité aucune, avec un taux d’abstention record de 70 %. Le Mouvement du 20 Février continue à agir dans la rue, à se mobiliser. La réponse invariable du Makhzen à son égard, intimidations, terreur et répression, mettent à nue sa vraie nature et son caractère dictatorial.

    Peux-tu nous dresser un panorama du mouvement social et syndical marocain ?

    Agustin : Tout d’abord, il faut avoir en tête que la plupart des luttes populaires au Maroc sont spontanées, auto-organisées et avant tout locales. Le Mouvement du 20 Février a constitué le plus important changement au sein de la situation politique marocaine depuis des décennies. Mobilisations de masse dans plus de cent villes, actions coordonnées et création de comités de soutien dans les quartiers. Le peuple marocain exprimait, malgré la répression, son désir de changement, de liberté, de dignité et de justice sociale. Bien que la répression ait fait un certain nombre de morts (par exemple à Safi ou à Ait Bouayach), le pouvoir a pris soin d’éviter un bain de sang. Le pouvoir a, par une nouvelle constitution, tenté de répondre politiquement à la colère. Il a aussi facilité l’accession au pouvoir des islamistes modérés du Parti pour la justice et la démocratie (PJD), pour désamorcer une des composantes du mouvement social marocain. Ces facteurs expliquent la perte de vitesse de ce Mouvement du 20 Février. Malgré tout, la lame de fond de cette mobilisation persiste. Et le 22 février prochain une journée d’action, sur tout le territoire, a été proposée.

    Au niveau des mouvements sociaux, l’ANDCM (Association nationale des diplômés chômeurs du Maroc) continue à résister et maintient au niveau local un militantisme actif. L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) poursuit, de son côté, son inlassable travail de dénonciation des violations continues des Droits de l’Homme et apporte son soutien aux luttes sociales et populaires.

    Au sein du mouvement ouvrier, la consolidation de secteurs anti bureaucratiques et combatifs au sein du syndicat majoritaire, l’UMT (Union marocaine du travail) a été réelle notamment dans l’enseignement, l’agriculture et l’administration publique. Les luttes de défense de la réforme agraire et contre la marginalisation de ce que l’on appelle le « Maroc oublié » (zones de l’Est du pays essentiellement) sont permanentes. Dans les universités aussi ont eu lieu des grèves mais les divisions au sein du mouvement estudiantin, du fait du sectarisme de certains secteurs, a fait que cela a manqué de coordination.

    La résistance amazigh (berbère), très divisée et diverse, a perdu de son intensité, notamment du fait de la reconnaissance de son identité et de sa langue par la nouvelle constitution.

    En résumé, les luttes et résistances sont avant tout spontanées, dispersées. Cette réalité est due avant tout à la nature même des organisations syndicales, sociales et politiques caractérisées par son allégeance au régime alaouite et au fait qu’elles demeurent, majoritairement, autoritaires, bureaucratiques et corrompues.

    Peux-tu revenir, plus en détail, sur les luttes significatives de ces derniers mois ?

    Agustin : En dépit de la pesanteur des appareils syndicaux, ce qui est positif c’est que les luttes sociales et syndicales sont constantes. Elles se terminent ici, elles commencent ailleurs. Ces derniers mois, des révoltes ont eu lieu à Targuist, dans la province de Al Hoceïma ou encore à Demnate, Khenifra ou Taza. A Ouarzazate, les mineurs se sont mis en grève. En 2012, c’était le quartier populaire de Sidi Youssef Ben Ali de Marrakech qui se soulevait. Tout le territoire est émaillé de ces luttes réprimées violemment à chaque fois par le pouvoir.

    Le problème c’est que ces luttes manquent de coordination et ne s’étendent pas à cause des bureaucraties syndicales qui font tout pour freiner les mouvements. A Ouarzazate, par exemple, les instances de la CDT (Confédération démocratique du travail) sont intervenues directement dans le conflit pour paralyser la grève des mineurs et ont négocié avec les patrons en lieu et place de la CDT locale beaucoup trop offensive.

    Une autre lutte significative a été celle des habitants et habitantes d’Imider contre la pollution des nappes phréatiques par la Société métallurgique d’Imider (SMI), qui appartient à Managem (holding royale) et qui exploite une mine d’argent. Cette lutte, longue de plusieurs années, est exemplaire à plus d’un titre : fonctionnement assembléiste, solidarité active et implication des femmes.

    Un dernier exemple de lutte, celle menée par le secteur agricole de l’UMT qui a réussi ces derniers mois à imposer aux patrons des exploitations des droits nouveaux pour les ouvriers et ouvrières agricoles (revalorisations salariales, inscription à la sécurité sociale, respect des droits syndicaux).

    Dans ce Maroc en lutte, existe-il des organisations se réclamant du mouvement libertaire et de ses pratiques ?

    Agustin : Il n’existe pas à proprement dit d’organisation au niveau national. Par contre, ici et là, des libertaires font des choses. Il y a eu de nombreuses tentatives, par exemple, de mise sur pied des centres culturels libertaires. Dernièrement, à Casablanca et à Rabat ont été créés des collectifs libertaires qui agissent sur le terrain culturel et musical, et dans l’art en général. Un collectif « Guérilla Cinéma » fait des choses pertinentes. Plus généralement, ce qui est intéressant c’est qu’au sein de la jeunesse avancent les idées d’autonomie, d’auto-organisation, les réflexes de fonctionnement horizontal et de rejet des logiques de partis.

    Dans les zones berbères (dans le Rif en particulier), enfin, les pratiques de fédéralisme et d’assembléisme font partie intégrante de la tradition populaire. Des concepts comme parlementarisme, partis, syndicats, y sont perçus comme étrangers car hérités artificiellement du colonialisme.

    Propos recueillis par Jérémie Berthuin (AL Gard)

    Source : Alternative Libertaire, 3 déc 2013

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, répression, Mouvement 20 février, printemps arabe,

  • Mohammed VI, le Pablo Escobar du Maroc

    Cannabis : l’enquête qui dérange

    Le gouvernement refuse de collaborer avec l’ONUDC pour réaliser une nouvelle enquête sur la culture et la production de cannabis dans le Rif.
    Si, depuis quelques années, les reportages journalistiques se multiplient dans le Rif, les données fiables et exhaustives sur la production de cannabis au Maroc restent rares. La dernière enquête menée par les autorités marocaines en collaboration avec l’ONUDC (Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime) a été réalisée il y a six ans (cartographie complète des cultures, calcul des rendements, enquête sociologique, etc.). Mais depuis 2005, plus rien…

    Une nouvelle enquête conjointe devait être réalisée en 2010 afin d’actualiser ces données. Mais elle n’a pas vu le jour, comme le regrette l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), dans son rapport annuel rendu public le 2 mars dernier. L’OICS « encourage le Gouvernement et l’UNODC à prendre toutes les mesures nécessaires pour que cette enquête soit réalisée dès que possible ».

    Que s’est-il passé ? Contacté par Lakome.com, le siège de l’ONUDC (basé à Vienne) s’explique :

    “En 2010, les préparatifs pour la nouvelle enquête étaient bien avancés. Cependant, et malgré un accord initial, le gouvernement marocain n’est pas allé au bout de son engagement. Aucune explication supplémentaire n’a été fournie par le gouvernement ».

    Egalement contacté par Lakome.com, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations.

    Culture en hausse pendant la transition monarchique

    Les chiffres du rapport 2010 de l’OICS (56 000 hectares de culture au Maroc en 2009) sont annoncés au conditionnel et correspondent aux chiffres distillés périodiquement par le ministère de l’Intérieur. Ils montrent que les campagnes d’éradication menées par les autorités semblent porter leurs fruits.

    Estimée à 70 000 hectares en 1993, 90 000 hectares en 1999 ¹ et 173 000 en 2003, la culture de cannabis au Maroc serait retombée à fin 2010 à 46 000 hectares². Des données encourageantes mis qui, justement, interrogent sur le refus des autorités marocaines de mener cette nouvelle enquête conjointe.

    Concernant la culture du cannabis, les rapports entre le Maroc et les différents organismes internationaux ont toujours été tendus, les autorités considérant les données récoltées comme étant « hautement confidentielles » rapporte l’OFDT ¹. La première enquête complète réalisée dans le royaume remonte à 1994. Deux ans plus tôt, Hassan II lançait sa « guerre contre la drogue » et l’Europe, qui examinait la demande marocaine d’adhésion à l’UE, commandait un rapport à l’Observatoire géopolitique des drogues (OGD).

    La publication par le journal français Le Monde en novembre 1995, d’un article à propos de la version originale de ce rapport eu l’effet d’une véritable bombe. Extraits :

    « La volonté politique de s’attaquer à la drogue semble se limiter à des effets d’annonce, destinés à maintenir l’image du pays », affirme le document. Contrairement à la version de Rabat, « le développement du commerce international du haschisch marocain n’est pas le seul fait de trafiquants européens, arrivés dans le royaume chérifien sur les pas des hippies des années 70 », note l’OGD […]

    « La corruption assure aux réseaux de trafiquants l’appui des « protecteurs, que l’on peut trouver associés au trafic à tous les niveaux, du plus humble fonctionnaire des douanes aux proches du Palais, en passant par tous les échelons de l’administration centrale, des administrations locales, des organisations politiques ou des institutions élues », précise encore le rapport. « Aucun des réseaux qui sont parvenus à conquérir un réel poids économique et politique n’a pu le faire sans la bienveillance des autorités », note l’étude.

    A l’en croire, « de hauts représentants ou des proches du pouvoir », apparaissant « tantôt comme protecteurs ou comme commanditaires », sont impliqués dans les filières d’exportation du cannabis. Un ancien gouverneur de Tanger, Karim Laalj, aurait ainsi « joué un rôle déterminant dans la structuration des réseaux de trafiquants », avant d’être écarté, dès les débuts de la « guerre à la drogue », pour être nommé à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale.

    Parmi « les principaux protecteurs » supposés de réseaux de trafiquants, le rapport, dans une première version remise en février 1994, citait une liste de personnalités, établie « par ordre d’importance politique ».

    Y figuraient notamment les noms de deux membres de la famille royale un beau-frère, une cousine, de deux anciens ministres, d’un député devenu ministre. Les patronymes d’une série de présidents de chambres locales de commerce et d’industrie, de dirigeants de sociétés, de maires et de députés, complétaient cette liste. Mais, à sa lecture, l’UE a commandé une version édulcorée du rapport d’où les noms de ces personnalités jamais condamnées par la justice ont disparu. « Le quadrillage efficace du territoire par l’administration interdit à tout autre pouvoir de s’exercer », constate néanmoins l’étude qui souligne la place essentielle du trafic de drogue dans l’économie nationale. »

    Cet article valu à son auteur, Erich Inciyan, ainsi qu’au directeur de la publication, Jean-Marie Colombani, un procès au pénal intenté en France par le Palais royal pour « offense à un Chef d’Etat étranger ». L’avocat d’Hassan II sur cette affaire n’était autre que l’actuel ministre de la Justice, Mohammed Naciri.

    Condamnés par les tribunaux français en appel en 1997 et en cassation en 1998, à l’issue d’un procès kafkaïen, les journalistes du Monde ont finalement eu gain de cause en 2002 grâce à un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, qui estimait que cette condamnation était contraire à la liberté d’expression et au droit d’informer. Cette décision européenne obligea la France en 2004 à supprimer de son code pénal le délit « d’offense à un Chef d’Etat étranger ».

    L’Observatoire géopolitique des drogues (OGD), lui, fut fermé et son fondateur, Alain Labrousse, intégra l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), pour qui il réalisa un nouveau rapport en 2001 sur le cannabis au Maroc, en collaboration avec Lluis Romero du Centre d’Etude Rurale et d’Agriculture Internationale (CERAI).

    Enquêtes avec l’ONUDC

    En février 2003, le gouvernement et l’ONUDC ont signé un accord de coopération pour réaliser la première enquête conjointe. Il y en eu trois au total (2003, 2004, 2005). Mais en 2005, le bureau de l’ONUDC à Rabat ferma sans explications et les enquêtes, pourtant réalisées annuellement dans les autres régions productrices de drogue, s’arrêtèrent elles-aussi.

    Ce qui ne veut pas dire que le travail est complètement stoppé depuis. Les autorités disposent toujours du matériel mis à disposition à l’époque pour ces enquêtes, notamment les images satellite SPOT, et les directions provinciales de l’Agriculture continuent leur travail sur le terrain, dans le cadre d’une politique plus globale de « développement intégré » de la région, menée par l’Agence de Promotion et de Développement du Nord (APDN).

    L’OICS, toujours dans son dernier rapport, félicite le Maroc pour ses efforts mais « l’engage » aussi à partager ces données avec la communauté internationale.

    La susceptibilité des autorités marocaines sur la problématique du cannabis – et sur celle, plus large, de la « question rifaine » – ne touche pas que les organismes internationaux. Certains habitants de la région en font toujours les frais, lorsqu’il s’agit de dénoncer la corruption liée au trafic ou d’aider les journalistes à enquêter sur le terrain. Il y a eu notamment le cas d’Hamid Naïmi, fondateur d’un journal local à Nador en 1998 et exilé à l’étranger depuis 2005 après avoir été condamné à trois ans de prison pour « diffamation ». Mohammed Bouhcini, humble commerçant à Ouazzane qui, en 2004, goûta aux joies de l’arrestation et de l‘emprisonnement arbitraires pour avoir servi de « guide » à une journaliste de Tel Quel.

    Plus près de nous, il y a bien sûr l’affaire Chakib El Khyari, infatiguable militant rifain arrêté en février 2009, peu de temps après le « coup de filet de Nador » (arrestation de plusieurs responsables sécuritaires locaux). Dans la ligne de mire du régime pour avoir dénoncé sans relâche la corruption et l’implication de hauts responsables dans les trafics de la région, il a été victime lui aussi d’accusations fantaisistes de la part des autorités. Au terme d’un procès inique, digne d’une époque pourtant officiellement révolue, Chakib El Khayri a été condamné à trois ans de prison et continue aujourd’hui de purger sa peine à la prison de Meknès.

    ¹ Rapport sur la situation du cannabis dans le Rif marocain (2001) – OFDT

    ² Taieb Charkaoui, ministre de l’Intérieur, devant la Chambre des Conseillers le 6 décembre 2010

    Source : Lakome

    Tags : Maroc, Mohammed VI, cannabis, Kif, haschich, drogue, trafic, ONUDC,

  • Maroc : Annahj Addimocrati : marxisme à la marocaine

    La voix radicale

    Abdellah El Harif, Secrétaire national d’Annahj Addimocrati depuis 2004.

    Extrême gauche. Le parti marxiste-léniniste Annahj Addimocrati s’apprête à rendre hommage aux martyrs qui ont marqué son histoire. Retour sur un courant politique qui a su faire entendre sa voix, malgré les intimidations des pouvoirs publics.

    «Aujourd’hui, le Maroc est victime d’une crise politique très grave, parce que le peuple n’est pas représenté», déplore Abdellah El Harrif, secrétaire national d’Annahj Addimocrati (la Voie Démocratique). Avec tous les membres de son parti, cet ancien militant de l’organisation marxiste Ilal Amam prépare activement «La journée des martyrs» qui aura lieu le 5 décembre prochain. «Nous avons beaucoup de mal à obtenir une salle afin de tenir ce meeting, les autorités nous mettent les bâtons dans les roues, se plaint El Harrif. Au pire des cas, la rencontre n’aura pas lieu dans une salle publique». Ce rendez-vous annuel aura pour thème central les martyrs d’Annahj et leur combat. Le cas de Abdelatif Zeroual sera tout particulièrement mis en avant. Ce dernier faisait partie des principaux dirigeants d’Ilal Amam. Arrêté et transféré à la prison de Derb Moulay Cherif en 1974, il a été torturé à mort. Jusqu’à présent, personne ne sait où se trouve son corps. Annahj compte une cinquantaine de sections éparpillées dans différentes villes du royaume. Mais «notre poids ne se mesure pas à notre nombre car nos militants sont très actifs», précise Mohamed Belatik, membre du secrétariat national du parti. Ce syndicaliste à la CDT (Confédération démocratique du travail) ajoute : «notre force, c’est que nos militants sont des hommes de terrain. Ils travaillent dans des organismes comme l’AMDH (Association marocaine des droits humains). Il y a beaucoup de fédérations que nous dirigeons». Ceci explique en partie que, lors des communales de 2009, Annahj avait fait entendre ses opinions politiques alors qu’il avait pourtant boycotté les élections.

    Les islamistes et eux

    A l’époque, ce parti de la gauche radicale s’était vu interdire l’accès à la télévision et aux médias officiels et avait distribué des tracts à tout va. «Cette année, nous avons fait une campagne plus active que les années précédentes. Nous avons appelé à des sit in qui se sont déroulés en même temps dans les différentes régions du pays», explique El Harrif. «Au début, les gens ne voulaient pas de tracts, ils pensaient que nous voulions les inciter à voter, mais lorsqu’on leur expliquait qu’on boycottait les élections, ils étaient très intéressés», poursuit celui qui est à la tête du parti depuis 2004 et en est à son deuxième mandat. Seuls les islamistes d’Al Adl Wal Ihssane (Justice et spiritualité) ont également boycotté les dernières élections. Mais ils n’ont entrepris aucune action pour faire entendre leur voix. «Nos idéaux sont radicalement opposés, mais Annahj a le mérite d’avoir maintenu ses idées, c’est pourquoi ils ont boycotté les élections», nous déclare Fathallah Arsalane, porte-parole d’Al Adl Wal Ihssane. Pour El Harrif, il n’y a pas suffisamment de forces capables de faire converger le champ politique vers un changement. «Al Adl Wal Ihssane a une idéologie bourgeoise qui n’est pas anti-capitaliste et où l’islam n’est qu’une couverture». Il pense donc qu’Al Adl Wal Ihssane ne représente pas les vrais intérêts des marginalisés. «C’est leur point de vue. Ils ne nous enlèveront pas que notre premier principe est l’équité», rétorque Arsalane. Pour résumer la situation, le militant Mohamed Belatik indique que les islamistes et les partis en général ne se soucient pas du problème de la lutte des classes qui est «le véritable enjeu de la démocratie, ce n’est pas eux la contradiction principale : au niveau politique, c’est le régime, au niveau économique, c’est le capitalisme.»

    A cause de leurs idées qui contrecarrent le régime, les membres d’Annahj sont de moins en moins tolérés. Plusieurs militants avaient été arrêtés puis relâchés, le 4 avril dernier lors d’un sit-in de protestation contre les grandes puissances capitalistes. Lors des élections, des membres du parti ont également été intimidés. «Nous ne sommes pas d’accord avec leur position aux élections. Le boycott n’est pas un choix politique envisageable dans la durée, c’est mauvais pour le pays», pense Sâadeddine El Othmani, président du Conseil national du PJD (Parti de la justice et du développement). Pour l’ancien secrétaire général, «un parti politique ne peut pas avoir une crédibilité en dehors des élections, même si elles sont biaisées.» Tout comme Al Adl Wal Ihssane, les doctrines du PJD et d’Annahj sont fondamentalement différentes. Toutefois, «la différence est un droit. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec eux», tempère El Othmani. Et pour cause, contrairement à des partis de l’Administration comme le PAM (Parti authenticité et modernité), Annahj n’a jamais eu pour but ultime d’éliminer les islamistes. Mais quels rapports entretient cette alliance marxiste-léniniste avec les principaux partis marocains ?

    Divergences gauchistes

    «Nous avons des rapports avec la gauche. Mais qu’est-ce que la gauche ?», se demande El Harrif, qui considère que «l’USFP (Union socialiste des forces populaires) et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) ne font plus partie de la gauche. Ils sont allés très loin dans le sens de devenir des partis liés à l’Administration comme le parti de l’Istiqlal.» Contacté par Le Journal Hebdomadaire, Ismaïl Alaoui, secrétaire général du PPS, assimile ces propos à des «insultes». Il réplique : «Ils ne font pas partie de la gauche, nous ne sommes la marionnette de personne, nous sommes un parti qui opère en toute objectivité et en toute indépendance. Leurs déclarations ne nous empêcheront pas de dormir». Ismaïl Alaoui rappelle qu’Annahj est un parti issu d’anciens du PPS qui avaient quitté le parti au moment de la grande crise du gauchisme au Maroc. «Il y a certainement eu un renouvellement de génération et ce sont des militants que je ne connais pas.» Et d’approfondir : «Ce sont des gauchistes déclarés, ils ont des attitudes extrémistes. Ils considèrent que le Maroc reste un pays de dictature et que tout ce qui se fait ne vaut pas la peine d’être fait. C’est un point de vue que nous respectons, mais auquel nous n’adhérons absolument pas.» L’ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement Youssoufi, ajoute tout de même qu’Annahj a sa place sur la scène politique car tous les partis ont droit à la parole. «Nous estimons que nous sommes des démocrates convaincus et nous essayons d’être des démocrates conséquents.»

    Hassan Tariq, membre du bureau politique de l’USFP, ne «peut pas imaginer une carte politique sans Annahj. Il existe une gauche de la gauche dans le monte entier, elle est très intéressante et aide à redéfinir la mouvance sociale démocrate», soutient, visiblement très convaincu, cet ancien secrétaire général de la Chabiba Ittihadia. Il affirme qu’en tant que socialiste et social démocrate «je n’ai définitivement pas de problème avec l’existence d’une gauche de la gauche aux discours de principes de valeurs humaines très importants.» De son côté, El Harrif estime qu’«il n’est pas exclu qu’il y ait des militants honnêtes au sein de l’USFP. Nous ne sommes pas sectaires dans la lutte. C’est le parti lui-même qui nous pose problème puisqu’il est très makhzénien.»

    Sans pour autant condamner Annahj, les principaux partis n’entretiennent aucune relation avec lui. Mais en quoi ses positions virulentes turlupinent-elles les grands partis ? En liberté depuis 1992 après avoir passé dix-sept ans derrière les barreaux, que pense El Harrif du système monarchique en place ? «Je me bats pour un régime démocratique. Je pense que le régime actuel n’est pas démocratique», se contente de répondre l’intéressé. Concernant l’épineuse question du Sahara, les positions d’Annahj n’ont pas bougé d’un iota : «La question du Sahara est importante. Mais elle détourne le peuple des vrais problèmes du Maroc, avance Mohamed Belatik, ce qui intéresse le peuple, c’est sa situation sociale, son pouvoir d’achat et l’Enseignement». Pour conclure, El Harrif préfère citer ses mentors : «Lénine disait que toutes les nations opprimées par l’empire tsariste avaient le droit à l’auto-dermination. C’est exactement notre position.»

    Hicham Bennani

    Le Journal Hebdomadaire, novembre 2009

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, gauche, Annahj Addimocrati, La Voie Démocratique,

  • Maroc – Mohamed VI, roi divorcé avec 5,7 milliards de dollars, 600 véhicules et 12 palais

    Le roi du Maroc n’a jamais caché son mode de vie ostentatoire ni son désir de ressembler à un roi moderne, loin du conventionnalisme. À plus d’une occasion, il a fait les gros titres à cause de ses caprices opulents (comme la montre aux mille diamants qu’il portait il y a quelques jours), de sa façon de s’habiller et même de son mariage raté avec la princesse Lalla Salma, qui n’a pas été vue depuis un an.

    Il est le fils de Hassan II et depuis son intronisation il y a 19 ans, sa fortune ne fait qu’augmenter. Selon le magazine Forbes, il possède 5,7 milliards de dollars, ce qui en fait l’un des monarques les plus riches du monde, le cinquième homme le plus riche du continent africain et, bien entendu, l’homme qui a le plus d’argent au Maroc.

    Mohamed VI possède également un autre type de patrimoine: les palais, symbole de la magnitude des fortunes monarchiques depuis des années, et possède douze sous son nom et son domaine. Le plus grand, Dar-al-Mahkzen, est situé dans la capitale, Rabat, et se dresse comme une ville à part entière. Il est conçu de manière à satisfaire tous les besoins de la famille: cimetière, centre médical, abattoir, écuries, piscines, terrains de tennis ou de golf et même une forêt.

    À cela s’ajoute sa collection de plus de 600 véhicules. Tout cela dans un pays où, malgré sa croissance économique au cours de la dernière décennie, la population est toujours soumise à la pauvreté, au machisme et à un faible niveau d’éducation.

    Sa vie privée n’est pas à l’abri du scandale non plus. Son mariage raté avec la princesse Lalla Salma a suscité toutes sortes de rumeurs. L’arrivée à la cour de Salma marqua un avant et un après dans les coutumes rigides du palais. En fait, elle est devenue la première épouse d’un souverain marocain à qui un titre royal a été accordé et qu’il a présentée sans voile. Un autre détail qui a impressionné les Marocains est la décision du roi de dissoudre le harem royal, symbole historique du pays. Toutes les concubines de son père, feu Hassan II, ont dû quitter le palais et ont été relogées dans des maisons et des appartements, avec une pension viagère inclue.

    Pour l’instant, Lalla Salma est «disparue» depuis le 12 décembre 2017, bien qu’une journaliste marocain ait affirmé l’avoir vue il y a quelques semaines à Portofino, en Italie, avec ses deux fils: l’héritier du trône, Moulay Hassan et Lalla Khadija. En outre, il y a quelques mois, ils ont déclaré que le roi Mohamed VI et son clan lui avaient donné une fortune pour vivre splendidement, dans un ostracisme absolu, bien sûr, et sans pouvoir parler de sa relation avec le monarque.

    Source : Informalia

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma

  • Ce que Nelson Mandela a appris auprès de l’Algérie

    18 Mars 1962. A Evian, les négociateurs viennent de signer les accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Le jour même, Nelson Mandela prend le train entre Rabat et Oujda. Il voyage clandestinement afin d’avoir des discussion politiques avec les indépendantistes algériens et acquérir une formation militaire.

    Son instructeur militaire n’est autre que Mohamed Lamari, celui qui sera chef-d’état major de l’armée algérienne pendant la guerre civile jusqu’à 2005.

    Au lendemain des accords d’Evian, les cinq leaders historiques du Front de Libération Nationale dont Ahmed Ben Bella sont libérés. Ils se rendent au Maroc pour avoir une vue d’ensemble de la situation alors que des dissensions se font jour entre l’état-major de l’ALN et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En réalité, une lutte acharnée pour le pouvoir avait déjà commencée.

    Malgré les précautions prises, Mandela est surveillé au Maroc par les services secrets occidentaux. Il voyage avec un faux passeport éthiopien sous le nom de David Motsomayi. En avril 1962, il se rend au Mali durant son périple de retour.

    Revenu en Afrique du Sud, il est arrêté le 5 août 1962. Son arrestation a été rendue possible par une aide de la CIA, qui avait transmis des informations à la police sud africaine sur sa fausse identité. Il est accusé d’avoir quitté le pays clandestinement. Mais inspiré par la lutte des indépendantistes algériens, c’est désormais un homme déterminé. Le combat contre l’injustice raciale doit passer par la confrontation armée. A son procès en novembre 1962, il déclare « S’il fallait le refaire, je ferais exactement la même chose. Ainsi aurait fait tout homme digne de ce nom. » Il est alors condamné à cinq ans de prison.

    Deux ans plus tard, il passe de nouveau en justice pour avoir auparavant créé une branche clandestine armée au sein de l’ANC. Accusé de rébellion armée, il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Au cours de ce procès en 1964, il assume son parcours.

    « En Afrique, le soutien m’a été promis par de tels hommes… Ben Bella, l’actuel président de l’Algérie. C’est Ben Bella qui m’a invité à visiter à Oujda le quartier général de l’armée algérienne de Libération Nationale. »

    L’Algérie n’est pas seule à l’aider. La Tunisie de Bourguiba lui donne une aide financière.

    En décembre 1974, l’Algérie préside l’assemblée générale de l’ONU. Après des débats acharnés, l’Afrique du Sud ségrégationniste est exclue des Nations Unies. Le jeune ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika venait de réaliser un exploit diplomatique. Mais la victoire diplomatique africaine n’était pas totale. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne opposent leur veto à toute sanction économique contre Pretoria.

    Soumis à la pression internationale, le régime d’apartheid cherche à obliger Nelson Mandela à renoncer à l’option de la lutte armée. Ce dernier répond en février 1985 « Seuls des hommes libres peuvent négocier ; des prisonniers ne peuvent contracter des accords. »

    Avec le cours des événements, le monde change. Le bloc soviétique s’écroule. Le régime d’apartheid finit par disparaître. Enfin libre, Nelson Mandela deviendra le premier président noir d’Afrique du Sud. Un rêve exprimé dès 1952 se réalise. Et c’est un homme qui a appris des erreurs des autres. Il a étudié l’histoire contemporaine d’autres pays dont l’Algérie et le Zimbabwe.

    Véritable homme d’Etat, il prendra des décisions et suivra une démarche pour réconcilier les sud-africains de toutes races, de toutes ethnies, de toutes classes sociale.

    Tags : Algérie, Maroc, Mandela, Madiba, appartheid, racisme, Pretoria, FLN,

  • Un livre sur la guerre d’espionnage entre l’Espagne et le Maroc

    Une publication qui est en train de faire un tabas. Ignacio Cembrero vient de publier « El agente oscuro » (l’agent obscur. En fait, il n’a écrit que le prologue, mais c’est le seul nom que vous trouverez en couverture.

    Avec le sous-titre de « Mémoires d’un espion infiltré par le CNI », les services de renseignements espagnols.

    El Agente oscuro est un document de première importance pour comprendre les méandres de l’histoire de l’ombre mais il peut être lui aussi comme un véritanle roman. Dans un comme dans l’autres, il est à lire absolument.

    Source : RTVE

    Tags : Maroc, Espagne, DGED, services secrets, CNI,

     

  • Visite de Le Drian au Maroc : consultations sur la question du Sahara Occidental

    Le chef de la diplomatie française est arrivé vendredi à Rabat. Une visite pour faire le point sur la situation suite à la démission de Horst Köhler, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental.

    La démission de l’allemand a pris Rabat et Paris au dépourvu. Le Drian a besoin de rencontrer les dirigeants marocains pour mettre en place une nouvelle stratégie face à la nouvelle politique américaine qui ne laisse aucune place au statu quo dont s’accomodaient les ennemis du peuple sahraoui, la France et le Maroc.

    Si la menace des Etats-Unis de mettre fin au financement de la MINURSO a mis Washington et Paris en confrontation sur la situation de la MINURSO, la démission de Horst Köhler rend difficile la tache de trouver une nouvelle personnalité prête à assumer la responsabilité de reprendre le processus de paix.

    La démission de Köhler a mis la France dans une situation peu enviable. Paris tente d’instrumentaliser les diplomates onusiens en vue d’imposer une solution favorable au Maroc et au détriment du droit d’autodétermination invoqué dans toutes les résolutions du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, Horst Köhler, autodétermination,

  • France : Benkirane poursuivi pour diffamation envers Mustafa Adib

    Coup de tonnerre à Paris. La Cour d’appel de Paris renvoie l’ancien chef du gouvernement marocain Abdelillah Benkiran devant une cour de justice française afin qu’il soit jugé (après audition) pour diffamation envers l’ancien capitaine et dissident marocain Mustapha Adib.

    La Cour d’appel casse ainsi une première ordonnance de non-lieu.

    Résumé. Pour faire plaisir au Palais royal, qui suit de très près les mouvements d’Adib, comme nous avons pu le constater dans les papiers « Chris Coleman », Benkiran avait cru bon, le 24/6/2014, de publier sur le site officiel du gouvernement un communiqué traitant l’ancien militaire de « repris de justice notoire ».

    La veille, le 23/6/2014, Adib avait fait irruption à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce de Paris pour tenter de remettre au général Abdelaziz Bennani, inspecteur général des FAR et commandant de la zone Sud (décédé depuis), une orchidée et un mot d’injures.

    Contrairement à ce qu’avait alors avancé la presse marocaine, Adib n’avait pas pu mener à bien son expédition parce qu’il n’avait pu s’approcher du général Bennani.
    Il ne l’avait pas non plus insulté, selon une vidéo publiée par « Demain online ».

    Cette réalité des faits, n’avait pas empêché Benkiran d’injurier Adib dans une inusuelle diatribe peu habituelle pour un chef de gouvernement, en le traitant de « repris de justice notoire ».

    Mais voilà, la Cour d’appel de Paris vient de conclure qu’Adib n’est pas un « repris de justice » et encore moins un « repris de justice notoire » et que les propos proférés par Abdelillah Benkiran sont constitutifs d’un délit de diffamation.

    Résultat : Pour la première fois de l’histoire du Maroc un chef de gouvernement va être jugé pour diffamation en France.

    Nous avons les gouvernants que nous méritons.

    Source : Ali Lmrabet

    Tags : Maroc, Mustafa Adib, Benkirane, France, diffamation,