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  • Rapport annuel du SG sur le Sahara Occidental : Une volonté politique pour aller à l’autodétermination

    Alors qu’une troisième table ronde pour lancer le processus de négociations entre le Front Polisario et le Maroc est attendue avant l’été à Genève, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé les parties au conflit à « des gestes pour progresser vers une solution qui est possible ».

    Dans son rapport annuel sur le Sahara occidental transmis au Conseil de sécurité, avant sa réunion fin avril pour proroger le mandat de la MINURSO, le Secrétaire général de l’ONU, a appelé à « une volonté politique forte » des partis au conflit et de la communauté internationale pour appuyer une solution prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui. « Une solution au conflit est possible. Trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », réaffirme le SG de l’ONU dans les recommandations de son nouveau rapport sur le Sahara occidental.

    Selon Guterres, une solution qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui » exige une volonté politique forte, non seulement de la part des parties au conflit et des États voisins, mais également de la part de la communauté internationale ». « J’appelle donc les membres du Conseil de sécurité, les amis du Sahara occidental et les autres acteurs concernés à encourager le Maroc et le Front Polisario à saisir cette fenêtre d’opportunité et à continuer de s’engager de bonne foi et sans condition préalable dans le processus de table ronde lancé par mon envoyé personnel », ajoute Guterres dans son rapport.

    Le SG de l’ONU soutient que la recherche d’une solution au long conflit qui oppose le Front Polisario au Maroc se heurte au « problème central » de « manque de confiance » de toutes les parties. « Construire la confiance prendra du temps, mais tous les partis au conflit et pays voisins ainsi que la communauté internationale, peuvent contribuer à un processus qui nourrit cette confiance », estime-il. Ainsi il demande des « gestes de bonne foi » qui démontrent la volonté des partis de progresser dans les négociations. « Avec la destruction de son dernier stock de mines terrestres, le Front Polisario a déjà fait un premier pas louable à cet égard », se félicite le chef de l’Onu.

    Dans ses observations, le SG de l’Onu affirme que la Minurso « demeure un élément fondamental pour l’Onu afin de parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable du conflit au Sahara occidental qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Il recommande au Conseil de sécurité de renouveler le mandat de cette mission onusienne, mais sans en préciser la durée. Le mandat de la Minurso devrait arriver à échéance le 30 avril prochain.

    En octobre dernier, le Secrétaire général a demandé une prorogation d’une année, alors que l’administration américaine a poussé pour obtenir un renouvellement de six mois pour maintenir la pression sur les partis au conflit, appelés à revenir à la table des négociations.

    Dans le nouveau rapport le SG de l’Onu propose un budget de 56,4 millions de dollars pour financer le fonctionnement de la mission du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020. Des réunions sont prévus ce mois d’Avril à New York pour l’évaluation de la situation au Sahara occidental et la mission du représentant du secrétaire général , l’ancien chef d’État allemand Horst Köhler qui a réuni en Suisse , prés de Genève, la seconde table ronde entre le Maroc et le Front Polisario, avec la participation de l’ Algérie et de la Mauritanie, pays observateurs du processus de paix au Sahara occidental, devant conduire à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui .

    Mokhtar Bendib

    Le Courrier d’Algérie

  • Pays-Bas : L’Agence Nationale Antiterroriste NCTV met en garde contre une campagne de financement pour un orphelinat au Maroc

    La Coordination Nationale Antiterroriste NCTV [Le Coordinateur National pour la Sécurité et la Lutte Contre le Terrorisme] qui dépend des services néerlandais, a mis en garde plusieurs municipalités néerlandaises contre une campagne de collecte « douteuse » pour un orphelinat au Maroc.

    Selon NCTV, un extrémiste saoudien est impliqué dans ce projet mené par la fondation Salaam Foundation Eindhoven. En outre, selon l’autorité de sécurité, il est difficile de savoir d’où provient l’argent. 300.000 euros ont déjà été levés en peu de temps.

    L’organisation humanitaire islamique Salaam Foundation d’Eindhoven a collecté 300 000 euros pour la construction de l’orphelinat en peu de temps. Dans une vidéo de recrutement, de nombreux prédicateurs hollandais salafistes demandent que de l’argent soit donné au projet. L’objectif est de « donner l’impression » que l’argent a été collecté par des musulmans néerlandais, alors que selon la NCTV, il est généralement admis que « ces organisations et leurs partisans ne sont pas suffisamment décisifs pour réunir un tel montant ». Dans son message, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme suggère que l’argent vient de l’étranger.

    Pas de transparence

    Le responsable de la Fondation Salaam, Amar Nejjar, est décrit par la NCTV comme « une personne importante qui parvient à mobiliser des fonds en Arabie saoudite et dans les États du Golfe ». En outre, il n’y a « aucune transparence sur la manière dont le montant a été collecté et sur l’identité des donateurs ». La raison pour laquelle les financiers étrangers souhaitent financer un projet au Maroc via les Pays-Bas reste floue.

    L’extrémiste saoudien Mohammed al-Arifi est considéré par le NCTV comme le promoteur du projet. Dans une vidéo de la Fondation Salaam, il a appelé ses partisans à donner de l’argent. Al-Arifi avait précédemment exprimé son soutien au djihad armé en Syrie.

    La collecte de fonds est organisée par Islaam.tv, une chaîne Internet qui organise chaque année des dizaines d’événements caritatifs et en collecte souvent des tonnes. Sadaqa TV est un autre acteur majeur de la collecte de fonds islamique aux Pays-Bas. Cette chaîne Internet provient de la famille Salam à Tilburg, qui fait l’objet d’un blanchiment d’argent. Le FIOD étudie, entre autres, l’origine de l’argent que la famille a recueilli.

    Questions du conseil de Rotterdam

    À Rotterdam, un événement bénéfice de Sadaqa TV a soulevé des questions précédentes. La conseillère Tanya Hoogwerf, très vivable, a mis en doute la collecte pour une mosquée de Rotterdam. Le conseil municipal n’a vu aucune raison pour une enquête plus approfondie. Hoogwerf se sent renforcée par le message de la NCTV auquel elle a été confrontée. « Maintenant que le coordinateur du terrorisme pense également qu’il est irréaliste de lever des montants aussi élevés, il est temps de soumettre ces collections à une enquête sur Bibob, afin d’empêcher la collecte de fonds étrangers avec lesquels les salafistes renforcent leur position ».

    La NCTV a envoyé un message pour informer les municipalités des développements nationaux, a déclaré un porte-parole. « Les municipalités jouent un rôle majeur dans la prévention de la radicalisation. Si nous rencontrons des informations dans des sources ouvertes qui les intéressent, nous les partageons. »Cependant, les municipalités peuvent difficilement prendre des mesures contre le financement étranger. Tout au plus peuvent-ils demander aux organisations du financement.

    Ahmed Oulhaj, de la Salaam Foundation, a déclaré dans une réaction que les doutes concernant les fonds recueillis étaient « déplacés ». « Apparemment, la NCTV sous-estime l’implication humanitaire de la communauté musulmane aux Pays-Bas. » La fondation invite la NCTV à un entretien.

    nrc.nl, 3 avr 2019

  • WikiLeaks : Ce que pense Bouteflika du roi du Maroc

    Un fossé d’incompréhension et de préjugés sépare les dirigeants algérien et marocain. Les télégrammes révélés par le site WikiLeaks montrent à quel point les divergences sont profondes. En plus du conflit sur le Sahara occidental qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat, les deux dirigeants ne s’apprécient guère.

    Le président algérien voit en Mohammed VI un homme non ouvert et qui manque d’expérience.

    L’aversion de Abdelaziz Bouteflika pour le roi marocain est telle qu’il promet, dans une confidence à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, de ne pas «lui serrer la main».

    Le président algérien dit avoir une préférence pour le frère du roi, Moulay Rachid, avec lequel il affirme avoir «plaisanté et discuté agréablement» lors d’une rencontre à Séville, en Espagne, selon un autre mémo américain. «Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour», a-t-il déploré. Concernant le Sahara, le chef de l’Etat algérien assure que s’il pouvait résoudre le problème, il le ferait. «Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis», dit-il. «Ce qu’il faut c’est que le Maroc et le Polisario trouvent une solution et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains», aurait ajouté le président algérien.

    En février 2008, selon un autre télégramme émis après un entretien avec un diplomate américain, Abdelaziz Bouteflika a jugé qu’au lieu de faire preuve d’une approche «élégante» en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu «contrôler» ou «superviser», les Marocains souhaitent en réalité « un «anschluss» (un rattachement) comme Saddam Hussein avec le Koweït». Le «plan d’autonomie» voulu par Rabat à la place du référendum d’autodétermination n’offre, d’après Bouteflika, qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont davantage vis-à-vis d’Alger, soutient-il.

    Les visées malsaines de Paris

    A en croire les mémos diffusés par WikiLeaks, le président algérien rumine sa rancune auprès de la France qui n’aurait, selon ses mots repris par Le Monde, «jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne» et tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc».Les Français, «du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit» du Sahara, a-t-il aussi estimé lors d’une rencontre avec Frances Fragos Townsend, conseillère du président George W. Bush pour les affaires de sécurité, selon ces mémos rendus publics par Le Monde. Il semble que le président français a été assez maladroit dans sa diplomatie envers les pays du Maghreb. Alors que le président algérien lui attribue des visées malsaines, le Maroc s’est senti «trahi» par le fait qu’il ait réservé son premier déplacement hors d’Europe à l’Algérie.

    Si le président critique sans ménagement le royaume chérifien, les proches du roi lui rendent la pareille. Ils expliquent, en juin 2009, au représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, que «le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques», «pétrifiés» à l’idée du plan d’autonomie pour le Sahara présenté par Rabat. L’Algérie est décrite comme une «menace», un pays qui ferait barrage au Maroc pour lutter efficacement contre le terrorisme et qui chercherait à se doter de l’arme nucléaire.

    Dans la note du 31 juillet 2007, Fouad Ali Himma, adjoint du ministre de l’Intérieur, souligne, après un voyage effectué à Alger, que «les efforts marocains répétés pour réduire le fossé diplomatique ont été rejetés». «Nous avons dit aux Algériens que le Maroc était prêt à rouvrir sa frontière et à prendre d’autres mesures pour rétablir la confiance, mais les Algériens ne nous ont jamais dit ce qu’ils voulaient», prétend-il. Les Américains jugent, eux aussi, sévèrement le Maroc.

    Un câble diplomatique daté du 4 août 2008 et provenant de l’ambassade américaine à Rabat, répercuté par El Pais, Thomas Riley, ambassadeur des Etats-Unis au Maroc de 2003 à 2009, est longuement revenu sur la «coopération exemplaire» entre les armées des deux pays. Mais il insiste également sur la corruption au sein de l’armée marocaine en citant nominativement un général.D’autres mémos évoquent des pratiques frauduleuses dans le secteur immobilier au Maroc.

    El Watan, 5 déc 2010

  • Bouteflika méprise le roi du Maroc à qui il ne serrera jamais la main

    Abdelaziz Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. Et il l’a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia, selon des documents du site WikiLeaks révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par le quotidien espagnol El Pais. Mais le président algérien a assuré à ses interlocuteurs que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Sahara Occidental, a expliqué le président Bouteflika.

    « Je ne serrerai pas la main du roi ». Le président Bouteflika a fait cette déclaration en juin 2006 à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger. Avant de décrire le monarque marocain comme « pas ouvert » et « sans expérience », selon la même source.

    Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, sont plus ouverts. Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. « Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour », a-t-il déploré.

    Selon un document daté du 1er juillet 2006, le président Boutelika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à Alger, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc. Mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI.

    Les présidents Bush et Chirac ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard du roi. Le président algérien a rappelé que le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie. Mais le roi a fait subir un affront au président Bouteflika en annulant à la dernière minute une visite du Premier ministre à Rabat. « Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue », avait alors déclaré Bouteflika.

    Samir Allam

    Source: OSSIN, 21/12/2010

    Tags : Algérie, Maroc, Bouteflika, Mohammed VI, Wikileaks, Sahara Occidental,

  • Sahara : Le Maroc, acculé par le rapport de Guterres

    Loin des rapports précédents qui louaient les prétendus efforts et progrès réalisés par le Maroc, le dernier rapport du Secrétaire Général de l’ONU était tout sauf tendre avec le Maroc.

    Antonio Guterres a sévèrement critiqué la construction par le Maroc de deux nouveaus murs de sable au nord et au sud du trerritoire du Sahara Occidental.

    Il a indiqué que « l’armée royale marocaine a construit un nouveau mur de sable près de Mahbes, qui s’étend actuellement sur 80,26 km du nord au sud, parallèlement à la berme existante, sur une distance de 8 à 15 km ».

    « Ceci, a-t-il ajouté, est une violation significative de l’accord militaire n ° 1. Comme l’a demandé la MINURSO, les travaux sur le mur sont maintenant terminés et les postes d’observation sur toute sa longueur ont été abandonnés par l’armée royale marocaine (S / 2018/889, par. 34 et 35). Cependant, le mur est toujours opérationnel, avec quatre portes chacune gardée par 4 soldats non armés, alors que la MINURSO avait averti qu’un tel mur constituait une violation de l’Accord militaire n ° 1. L’Armée royale marocaine continue de contester l’évaluation de la MINURSO (S / 2018/889, par. 35) et n’a pas donné suite à son appel à la désopérationnalisation du mur ».

    « Un second, signale-t-il, renforcement de la position de défense du Maroc au niveau du mur de dôme a eu lieu près d’Aousserd, à un endroit où les travaux d’entretien du mur avaient été approuvés par la MINURSO le 12 décembre 2018. Une inspection par les observateurs militaires de la MINURSO, le 2 février, révéla la construction d’un deuxième mur parallèle à celui existant, à environ 15 mètres de l’ancien mur, de 30 kilomètres de long, 3 mètres de haut et 6 mètres de large, avec un fossé parallèle à celui-ci. Comme il s’agit d’un élargissement important, plutôt que du maintien prévu à l’Accord militaire n ° 1, il a été déclaré une violation le 20 février. L’armée royale marocaine soutient que le nouveau mur est nécessaire pour protéger le mur de sable des inondations et des vents, ainsi que des passeurs, une affirmation qui ne respecte pas les règles énoncées dans l’Accord militaire N° 1 ».

    Selon le rapport, « au cours de la période considérée, la MINURSO a enregistré 16 nouveaux postes d’observation de l’armée royale marocaine dans la zone réglementée, à environ 15 km du mur de sable de Bir Gandouz, dans le sud du territoire. Cela porte le nombre total de nouveaux messages
    Trente-huit nouveaux postes d’observation de l’armée royale marocaine ont également été découverts dans deux zones distinctes près d’Oum Dreyga, également dans la zone réglementée. Le groupe de travail sur les violations a déclaré que chacun de ces postes était en violation de l’accord militaire Nº1 ».

    Il signale que « l’Armée royale marocaine a été informée à plusieurs reprises de ces violations. Le 16 janvier, le commandant de la force de la MINURSO les a de nouveau soulevées devant le commandant du secteur sud de l’Armée royale marocaine, le général Belkhir El Farouk. Le commandant de la force a réitéré la demande de la MINURSO de démanteler le mur de sable de Mahbes et les nouveaux postes d’observation de Bir Gandouz et d’Oum Dreyga, rétablissant ainsi le statu quo ante. Il a également insisté sur l’abandon de tout projet de construction de nouveaux postes d’observation. Le major-général El Farouk a répété l’argument du Maroc selon lequel ces
    les installations n’avaient aucune finalité militaire ou opérationnelle et étaient uniquement nécessaires pour prévenir le trafic de drogue et d’autres activités criminelles. La MINURSO a de nouveau expliqué que, quelles que soient leurs intentions, ces installations militaires constituaient des violations de l’accord militaire n ° 1. Les efforts déployés par mon Représentant spécial pour convaincre le Maroc de mettre fin à ces violations n’ont pour l’instant porté aucun fruit ».

    Le Chef de l’ONU dénonce l’attitude du Maroc qui « empêche la MINURSO de contacter des interlocuteurs locaux.  « Les interprétations divergentes du mandat de la MINURSO par les parties continuent de poser un défi majeur aux opérations de la Mission, qui entraînent souvent des critiques virulentes et systématiques de ses activités. Un des résultats de ces interprétations est le manque d’accès de la Mission aux interlocuteurs locaux à l’ouest du mur de sable, ce qui continue de limiter la capacité de la MINURSO de réaliser une évaluation indépendante de la situation au Sahara Occidental, à des fins d’analyse ou de sécurité, et de s’acquitter de ce fait de la tâche qui lui a été confiée. d’aider mon envoyé personnel. Ces restrictions ne se sont que resserrées au cours de la période à l’examen, malgré les demandes de mon Envoyé personnel pour que mon Représentant spécial l’aide à maintenir des contacts avec certains interlocuteurs locaux. Cette demande a eu pour résultat que le Maroc a de nouveau objecté catégoriquement, invoquant les contacts sont incompatibles avec le mandat de la MINURSO ».

    Guterres dénonce aussi l’imposition par Rabat des plaques marocaines. « L’impartialité de la MINURSO reste également compromise par l’imposition par le Maroc, depuis longtemps, de plaques d’immatriculation marocaines sur les véhicules de la MINURSO à l’ouest du mur de sable (ibid., Par. 56), contrairement à l’accord de principe conclu avec le Gouvernement marocain à 2015 ».

    Le SG de l’ONU a aussi demandé un mécanisme pour la supervision des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental. « Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, dit-il, est préoccupé par la tendance persistante à la restriction des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association au Sahara occidental. Au cours de la période considérée, le HCDH a continué de recevoir des informations faisant état de harcèlement, d’arrestations arbitraires, de confiscation de matériel et de surveillance excessive de journalistes, de blogueurs et de défenseurs des droits de l’homme couvrant des violations des droits de l’homme sur le territoire ».

    « L’accès au Sahara occidental, affirme-t-il, est resté limité à certaines personnes. Selon les informations reçues par le HCDH, au moins 15 personnes au cours de la période considérée ont été expulsées du territoire du Sahara occidental ou en ont été empêchées, parmi lesquelles des défenseurs des droits de l’homme, des chercheurs, des avocats et des représentants d’organisations internationales non gouvernementales ».

    Guterres a fait état « des actes de torture et des mauvais traitements infligés à des prisonniers sahraouis au Maroc ont continué d’être signalés. Le Haut-Commissariat a reçu plusieurs communications d’avocats et / ou de membres de la famille du groupe de prisonniers de Gdeim Izik, selon lesquelles plusieurs membres du groupe auraient été soumis à la torture, à l’isolement prolongé, à la négligence médicale, au refus de rendre visite à leur famille et à l’accès à des mécanismes de surveillance indépendants. Selon des sources, au cours de la période considérée, au moins quatre des prisonniers sont entrés ou ont poursuivi une grève de la faim d’une durée allant de 48 heures à plus de 30 jours. Certains de ces prisonniers ont par conséquent développé des conditions de santé critiques ».

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Antonio Guterres, Horst Kohler,

  • Turin: Un Marocain poignarde à mort un Italien “parce qu’il avait l’air heureux”

    Cinq semaines après le crime, le meurtre de Stefano Leo a été éclairci. Le vendeur, âgé de 33 ans, avait été poignardé à mort le 23 février alors qu’il se rendait à Turin, sur le front de mer du Pô de Said Mechaout, un Marocain âgé de 27 ans. Saïd Mechaout, qui ne connaissait pas la victime, a rejoint la police dimanche. Son prétendu motif – “Je l’ai choisi parce qu’il avait l’air heureux” – a rendu les policiers présents sans voix.

    “Je suis le meurtrier de Stefano Leo. Je suis venu ici pour me livrer. Je me sentais hanté par la peur des carabinieri. Je ne voulais pas faire d’autre mal. Entre tous les passants, j’ai choisi ce jeune homme car il semblait heureux. Et j’ai décidé de tuer son bonheur”, a déclaré Said Mechaout dimanche peu après 15 heures à l’officier de police en devoir à l’entrée des questeurs de Turin. Les policiers, qui ne faisaient guère confiance à leurs oreilles, ont d’abord cru que le Marocain de 27 ans était un mythomane. Mais cela a vite changé.

    Lors de l’interrogatoire, qui a duré jusqu’aux heures du soir en présence des carabinieri, qui enquêtaient sur le meurtre de Stefano Leo, de plus en plus de détails sont apparus que seul le meurtrier du vendeur originaire de Biella pouvait connaître. Plus tard, le meurtrier avoué a conduit les carabinieri à l’endroit où il avait caché l’arme du crime, un long couteau.

    Il y a environ cinq semaines – le samedi 23 février, vers 11 heures – le Marocain Stefano Leo, âgé de 27 ans, qui se rendait au travail, avait été tué à la nuque par un seul coup mortel. “Je l’ai vu, il m’a regardé et je pensais qu’il devrait souffrir comme je le suis à présent”, a déclaré Saïd Mechaout aux enquêteurs incrédules et sans voix.

    Stefano Leo, qui a passé plusieurs années en Australie dans une communauté de Hare Krishna, et Said Mechaout, d’origine marocaine, ne sont à Turin que depuis quelques mois. Saïd Mechaout, qui a quelques casiers judiciaires mineurs, était sur la mauvaise voie après la fin de son mariage. “Ma vie est mauvaise. Je ne connaissais pas Stefano “, a déclaré le carabiniero, âgé de 27 ans, confirmés dans leurs premiers soupçons. Après le meurtre, les enquêteurs ont vite compris que le jeune homme de 33 ans avait été victime d’un meurtre commis au hasard en raison de certains témoignages selon lesquels un homme agressif en fuite était en fuite. Dimanche soir, Said Mechaout a été arrêté et transféré dans un centre de détention.

    Même des enquêteurs aguerris et vétérans ont laissé l’assassinat de cet homme toujours aussi populaire, âgé de 33 ans, sans voix. Après que les proches eurent appris la confession et l’arrestation, un chagrin amer se mêlait à leur chagrin.

    “S’il le fait, je veux savoir pourquoi il l’a fait maintenant. Je n’ai pas de réponse claire à propos de Stefano”, déclare le père de Stefano, Maurizio Leo.

    Source : swavelos

    Tags : Italie, Maroc, assassinat, poignarder, crime, meurtre, Turin, Torino, Stefano Leo, Said Mechaout,

  • Sahara Occidental : Guterres appelle à une « volonté politique forte » des parties et de l’ensemble de la communauté internationale

    Dans un rapport transmis lundi au Conseil de Sécurité, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à une « volonté politique forte » des parties et de l’ensemble de la communauté internationale en vue de trouver une solution au conflit du Sahara Occidental.

    Pour lui, cette solution est « possible » mais elle précise »des gestes » de la part des parties en conflit et elle doit permettre d’aboutir à une « auto-détermination de la population du Sahara occidental » mais il faut pour cela une « volonté politique forte » des parties et de l’ensemble de la communauté internationale, indique Antonio Guterres.

    Après avoir déploré le « manque de confiance » de chaque partie dans « la volonté de l’autre de s’engager sérieusement et équitablement dans le processus », le secrétaire général affirme que « bâtir de la confiance prend du temps ».

    Tout en félicitant le Front Polisario de sa décision de se débarrasser de son dernier stock de mines, Guterres a exhorté les parties «  à montrer activement des gestes de bonne foi démontrant leur volonté de faire des progrès ».

    Le Chef de l’ONU n’a pas oublier de rappeller « le coût du conflit au Sahara occidental, en termes de souffrance humaine, de manque de perspectives pour les jeunes et de risques sécuritaires est trop élevé pour être accepté ».

    Guterres a demandé le renouvellement du mandat de la MINURSO tout en gardant sa distance de la durée de ce mandat au moment où les Etats-Unis insistent pour qu’il soit de 6 mois et non pas un an comme souhaité par la France, soutien indéfectible du Maroc au Conseil de Sécurité.

    Il indique dans le même temps avoir proposé à l’Assemblée générale de l’ONU un budget pour la Minurso de 56,4 millions de dollars pour la période allant du 1er juillet au 30 juin 2020. Le budget des opérations de paix de l’ONU est adopté chaque année en juin.

    La MINURSO surveille le cessez-le-feu depuis 1991 après avoir été déviée de sa mission principale, l’organisation d’un référendum d’autodéterminatin au Sahara Occidental.

    Fin mars, à l’issue de la seconde table ronde entre Maroc, Front Polisario, Algérie et Mauritanie organisée en Suisse depuis décembre 2018, après six ans d’absence de dialogue, l’émissaire de l’ONU Horst Kohler avait fait état de positions « fondamentalement divergentes ».

    « Personne ne devrait s’attendre à un résultat rapide », avait-il précisé. Une troisième table ronde est attendue avant l’été.

    Source: VOA

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, Conseil de Securité, Horst Kohler,

  • Résolution d’urgence sur le Sahara occidental – 14e Congrès des Jeunes Socialistes Européens

    Traduction de la résolution adoptée par les Jeunes Socialistes Européens (Young European Socialists, YES) à l’occasion de leur 14ème Congrès du 28 au mars mars 2019.

    La résolution a été présentée par les Jeunes Socialistes Belges et les Social Democratic Youth of Denmark.

    « Suite au récent vote au Parlement européen approuvant le partenariat de pêche UE-Maroc et la deuxième table ronde de négociation sous les auspices des Nations unies, qui s’est tenue à la fin du mois à Genève entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Polisario, les Jeunes socialistes européens jugent nécessaire de réaffirmer toutes les résolutions antérieures de l’Internationale Socialiste, d’IUSY et d YES sur le Sahara Occidental.

    Considérant les résolutions des Nations Unies et de l’Union africaine sur le Sahara occidental et leurs efforts communs visant à trouver une solution juste, politique et durable au conflit du Sahara occidental, fondées sur l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination, YES réaffirme son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire général des Nations Unies et son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, le président Horst Köhler, en vue de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable qui permettrait l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    YES exprime sa profonde préoccupation devant le fait que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui n’a pas encore été organisé et appelle le Maroc et le Front POLISARIO à coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) en vue de l’accomplissement de ses objectifs sans plus tarder.

    YES exprime, en outre, sa profonde préoccupation quant à la situation des droits humains au Sahara occidental et souligne l’importance primordiale de respecter les droits politiques, économiques et culturels du peuple du Sahara occidental.

    Puisque le Sahara occidental est considéré par les Nations Unies comme un territoire non autonome, aucun accord de pêche conclu entre le Maroc et l’Union européenne ne peut s’appliquer aux eaux adjacentes au Sahara occidental.

    Considérant l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 reconnaissant le statut distinct et séparé du territoire du Sahara occidental en vertu du principe d’autodétermination, se félicite de l’arrêt de la Cour, de justice de l’UE du 27 février 2018, qui confirme que puisque le Sahara occidental est considéré par les Nations Unies comme un territoire non autonome, aucun accord de pêche conclu entre le Maroc et l’Union européenne ne peut s’appliquer aux eaux adjacentes au Sahara occidental.

    La Cour a, à nouveau, clairement indiqué à la Commission européenne que tout accord avec le Sahara occidental qu’il s’agisse de poisson, d’autres produits ou d’aviation nécessite le consentement du Front POLISARIO. Ignorer cette considération est illégal.

    YES demande instamment à toutes les parties concernées de respecter le droit du peuple sahraoui à la souveraineté permanente sur ses ressources naturelles.

    YES demande instamment à toutes les parties concernées de respecter le droit du peuple sahraoui à la souveraineté permanente sur ses ressources naturelles. Considérant que le représentant légitime du peuple sahraoui, le Front POLISARIO, s’est félicité de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne et est disposé à engager des négociations directes avec la Commission de l’Union européenne en vue d’établir un cadre juridique pour les relations commerciales et bilatérales avec Sahara Occidental.

    Les Jeunes Socialistes Européens:

    Invitent la Commission européenne à respecter les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne concernant le Sahara occidental et à prendre les mesures nécessaires pour que tous les navires européens bénéficiant illégalement des ressources halieutiques dans les eaux sahraouies se retirent immédiatement.

    Demandent à l’ONU de mettre immédiatement en place un mécanisme de surveillance afin de mettre un terme à l’exploitation des ressources du Sahara occidental. Le mécanisme devrait prévoir des sanctions et d’autres mesures correctives pour remédier à toute violation du moratoire sur l’exploitation des ressources du Sahara occidental;

    Appellent au plein respect du droit international et des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental et exhortent le Conseil de sécurité des Nations Unies à inclure un mécanisme de surveillance du respect des droits humains dans le mandat de la MINURSO, dans le but de mettre fin à l’impunité de telles violations et abus actuellement non monitorés;

    Prennent note de l’admission du Maroc en tant que membre de l’Union africaine, ce qui offre une occasion de réactiver le processus politique engagé sous l’égide de l’Union africaine en vue de parvenir à une solution durable, juste et politique au problème de décolonisation du Sahara occidental ».

    Source : Comité Belge de Soutien au Peuple Sahraoui, 1 avril 2019

  • Conseil de Sécurité : Le Sahara Occidental au mois d’avril

    Source : What’s In Blue

    Action attendue du Conseil

    En avril, les membres du Conseil s’attendent à tenir une réunion de consultations sur le Sahara occidental et à renouveler le mandat de la mission des Nations unies pour la Référendum au Sahara occidental (MINURSO) avant son expiration le 30 avril. Le rapport du Secrétaire général de l’Envoyé personnel pour le Sahara occidental, Horst Köhler, devrait faire un exposé sur ses dernières activités et Colin Stewart, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, devrait faire, début avril, un exposé sur le rapport de la MINURSO.

    Principaux développements récents

    Le Sahara occidental fait l’objet de différends territoriaux depuis le retrait de l’Espagne en 1976. Au départ, le Maroc et la Mauritanie présentaient tous deux des revendications, mais la Mauritanie y renonça en 1979. Le mouvement indépendantiste est dirigé par le Front Polisario. L’ONU participe activement à la recherche d’une solution à ce conflit depuis 1985. Le Conseil a créé la MINURSO en 1991, par sa résolution 690 (1991). Depuis lors, peu de progrès ont été réalisés et le référendum mentionné dans le nom de la mission n’a pas eu lieu.

    Les 5 et 6 décembre 2018, le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie ont participé à une table ronde à Genève. Il s’agissait de la première table ronde avec les parties prenantes depuis les dernières discussions informelles en 2012. La dernière ronde officielle de négociations a eu lieu en mars 2008. Les participants ont adopté un communiqué dans lequel il est indiqué que  » les délégations ont fait le point sur l’évolution récente de la situation, examiné les questions régionales et discuté des prochaines étapes du processus politique concernant le Sahara occidental « . Pour la première fois depuis plusieurs années, l’année s’est terminée sur une note positive.

    Le 29 janvier, les membres du Conseil se sont réunis en consultations pour entendre Köhler faire le point sur la réunion de Genève et ses efforts ultérieurs. Le 31 janvier, les membres du Conseil ont publié un communiqué de presse, le premier sur le Sahara occidental depuis le 4 février 2008. Dans cette déclaration, le Conseil a exprimé son soutien unanime aux efforts de M. Köhler et s’est félicité de la table ronde de décembre et de la participation du Maroc, du Front Polisario, de l’Algérie et de la Mauritanie. Il a également noté qu’une deuxième table ronde était prévue pour le premier trimestre de 2019.

    Tout au long du mois de mars, Köhler a continué à travailler sur l’étape suivante des discussions. Il a eu des entretiens bilatéraux avec les parties prenantes à Berlin et à Paris début mars. A l’issue de ces discussions, une deuxième table ronde s’est tenue les 21 et 22 mars près de Genève. Selon les informations diffusées avant la réunion, l’objectif de cette étape était simplement d’approfondir l’échange d’idées, et les responsables ont mis en garde contre l’attente de percées.

    Dans ses déclarations après la table ronde, M. Köhler a  » encouragé les délégations à explorer les gestes de bonne foi et les actions concrètes qui vont au-delà de la table ronde « . Il a déclaré que la table ronde a montré que toutes les parties prenantes veulent créer une meilleure situation pour leurs mandants. Les participants ont publié un communiqué dans lequel ils ont convenu de poursuivre les discussions en vue de trouver une solution politique mutuellement acceptable mais n’ont présenté aucune mesure concrète.

    Le mandat de la MINURSO a été renouvelé pour la dernière fois le 31 octobre 2018 par l’adoption de la résolution 2440.

    Principaux enjeux et options

    Les membres veulent voir de réels progrès dans ce dossier vieux de près de 30 ans. L’un des sujets de préoccupation est de savoir comment s’entendre sur des mesures de confiance, ce qui serait une prochaine étape logique dans les discussions. Les positions des parties sur une solution politique restent mutuellement exclusives. La position du Polisario a été que le statut final du Sahara Occidental ne peut être décidé que par un référendum incluant l’indépendance comme option, tandis que le Maroc a proposé que le Sahara Occidental soit une région autonome au sein du Maroc. Les membres voudront voir l’impact de la deuxième table ronde, sachant que la situation demeure difficile avec ces positions très différentes.

    En ce qui concerne le mandat, il convient de noter que le processus politique et la mission de maintien de la paix sont deux parties distinctes de la question du Sahara occidental. L’envoyé personnel – le poste existe depuis 1997 – est nommé directement par le Secrétaire général et ne fait pas partie de la MINURSO; les résolutions successives qui renouvellent le mandat de la MINURSO ne font généralement que saluer et encourager les efforts des envoyés spéciaux. Les États-Unis ont plaidé en faveur d’un lien entre les deux mécanismes afin de déterminer si la MINURSO s’acquitte de son mandat sur le terrain.

    Le Conseil et la dynamique plus large

    Dans un contexte d’optimisme prudent, le Conseil devra décider comment les récentes séries de discussions entre les parties prenantes affectent le mandat de la MINURSO. Les États-Unis ont fait valoir que sans le processus politique, il ne devrait pas y avoir de MINURSO, et ils ont réussi en 2018 à obtenir deux renouvellements de mandat de six mois plus courts. L’objectif était de faire davantage pression sur les partis pour qu’ils relancent le processus politique. Cependant, cette idée a été controversée et, lors de l’adoption, la Bolivie, l’Éthiopie et la Russie se sont abstenues (lors du vote sur le renouvellement du mandat en avril 2018, la Chine, l’Éthiopie et la Russie se sont abstenues). Ces membres estimaient que la résolution ne reflétait pas adéquatement leurs positions. La Russie a également déclaré que le processus de négociation du projet n’était pas positif. On peut s’attendre à ce que les États-Unis poursuivent leur approche de 2018, et peuvent citer le dialogue accru comme preuve que cette méthode de pression fonctionne pour relancer le progrès vers un processus politique fiable. Toutefois, compte tenu de la dynamique apparemment positive, la France voudra peut-être revenir à un renouvellement d’un an de la MINURSO. C’était la pratique depuis 2008, et la France a été le principal promoteur d’une prolongation de 12 mois lors du dernier renouvellement du mandat. Cela reflète également son ferme soutien au Maroc, qui n’a pas souhaité que les rapports et les réunions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental soient plus fréquents en raison des prorogations plus courtes de son mandat. Bien que la France ait voté en faveur du dernier renouvellement du mandat, elle a indiqué dans sa déclaration après le vote qu’elle aurait préféré un renouvellement d’une durée d’un an.

    L’Afrique du Sud, qui a rejoint le Conseil en janvier, a maintenu son ferme soutien à la position du Front Polisario. Les membres africains du Conseil n’ont pas de position commune sur le Sahara occidental, seule l’Afrique du Sud ayant reconnu une République démocratique arabe sahraouie indépendante, comme l’a proclamé le Polisario en 1976.

    Dans l’ensemble, les membres du Conseil ont appuyé les efforts de l’envoyé personnel, et toute division sur le mandat pourrait être préjudiciable. Son mandat repose sur la capacité d’établir la confiance entre les parties, et l’appui du Conseil est essentiel pour sa légitimité à suggérer des voies à suivre. M. Köhler s’est également employé activement à tenir le Groupe élargi des pays amis particulièrement intéressés par cette question, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé.

    Les Etats-Unis sont le porte-plume sur le Sahara Occidental. Les résolutions sont d’abord discutées au sein du Groupe des Amis, comprenant la France, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, rejoints par l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale et un pays qui fournit un soutien logistique important aux Sahraouis à Tindouf. L’Espagne fournit également une aide humanitaire importante et reste préoccupée par toute réduction de l’aide financière des donateurs.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, Conseil de Sécurité, ONU, Horst Kohler, MINURSO,

  • Livres interdits au Maroc

    Marrakech: C’est un Marrakech qui est loin d’être le symbole de la simplicité et de la quiétude, un Marrakech qui enfouit parmi ses arcanes les secrets du monde politique: des réseaux, des alliances, des pactes dont restent témoins muets les murs rougeâtres de la cité !

    C’est ce Marrakech dont parle le livre de Ali Amar et Jean-Pierre Tuquoi « Paris-Marrakech: Luxe, pouvoir et réseaux » (Calmann-Lévy). C’est « une enquête fouillée, menée sur place et côté français, les auteurs de ce Paris-Marrakech dévoilent les relations quasi incestueuses et extravagantes qui unissent la France et le Maroc. », selon la présentation faite au livre.

    La relation entre la capitale des lumières et la cité ocre date de bien longtemps. L’on parle de « Marrakech, le XXIe arrondissement de Paris? «Le Paris du Sahara», comme le disait Churchill qui adorait ses moments passés à peindre dans le balcon de sa suite à la Mamounia.

    Marrakech est le lieu de rencontre des grands « décideurs » dans le monde politique, économique, même artistique. « De Nicolas Sarkozy à Dominique Strauss-Kahn, de Bernard Henri-Lévy à Jean-René LIVRES CENSURES ET INTERDIT AU MAROC 1ere PARTIEFourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi, les hommes politiques, de droite comme de gauche, les intellectuels de tous bords, les patrons du CAC 40, sans parler des vedettes du show-biz, se retrouvent à Marrakech. »

    Les auteurs du livre dévoilent aussi le côté « luxe » de la cité, et ce « Marrakech qui, sur fond de misère, offre des plaisirs sexuels interdits en Europe. »

    L’ouvrage de Ali Amar et Jean-Pierre Tuquoi s’interroge, toutefois, sur le devenir de « l’engouement des Français pour Marrakech » après l’attentat meurtrier du café l’Argana et l’arrivée des islamistes au pouvoir au Maroc.
    Pour rappel, Ali Amar est l’un des fondateurs de l’ancien hebdomadaire marocain indépendant Le Journal. Il collabore aujourd’hui au site d’information Slate. Il a publié « Mohammed VI, le grand malentendu » (Calmann-lévy, 2009).

    Jean-Pierre Tuquoi, ancien journaliste au Monde, est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les pays du Maghreb dont « Majesté, je dois beaucoup à votre père » (Albin Michel, 2006).

    Le dernier combat du captain Ni’mat

    Mettre en lumière le meilleur de la littérature marocaine francophone. La Mamounia, mythique palace de Marrakech, s’y emploie en décernant un prix, attribué cette année à Mohamed Leftah (1946-2008) pour son dernier roman, publié il y a quelques mois. L’histoire d’un officier de l’armée de l’air égyptienne, menant une vie bourgeoise paisible au Caire, entre sa femme et le club privé où il retrouve ses anciens collègues.

    Jusqu’au jour où le captain Ni’mat tombe sous le charme d’Islam, son jeune boy nubien. C’est l’Egypte de Moubarak qu’ausculte ici Leftah. Un monde de classes et de privilèges tenu par les militaires, hanté par les défaites contre Israël, gangrené par les islamistes. Mais derrière ce roman à l’écriture érotique raffinée se cache surtout une œuvre hautement subversive. Car l’homosexualité est considérée en Egypte – et dans le reste du monde arabe -, « comme une perversion extrême, grave, mettant en cause les fondements de la religion et de la société, une diffamation insultante pour la virilité des Egyptiens ». Le « Printemps » y changera-t-il quelque chose ? Dommage que Leftah, installé au Caire depuis 2000 avant d’être emporté par un cancer, ne soit plus là pour le dire.

    Le captain Ni’mat, réserviste de l’armée égyptienne vaincue par les Israéliens en 1967, se retrouve vieillissant et désoeuvré à passer ses journées dans un luxueux club privé du Caire avec d’anciens compagnons. Une nuit, le captain Ni’mat fait un rêve magnifique et glaçant : il voit la beauté à l’état pur sous la forme de son jeune domestique nubien. Eveillé par ces images fulgurantes, il se glisse jusqu’à la cabane où dort celui-ci. La vision de son corps nu trouble si profondément le captain Ni’mat que son existence monotone en est brusquement bouleversée. Il découvre, en cachette de son épouse, l’amour physique avec le jeune homme ; cette passion interdite dans un pays où sévit chaque jour davantage l’intégrisme religieux va le conduire au sommet du bonheur et à la déchéance.

    Mohammed VI, le grand malentendu

    En fait, dans Mohammed VI, le grand malentendu, Ali Amar ne révèle rien de fondamental sur la gouvernance, la politique et autres faits économiques et sociaux du Maroc, se limitant le plus souvent à des anecdotes qui, si elles ont savoureuses, n’apprennent au final, aux lecteurs, rien qu’ils ne sachent déjà et souvent secret de Polichinelle. Une fois refermé, le livre nous laisse malgré tout sur une certaine faim, du fait que le mystère Mohammed VI demeure entier.

    Un portrait du roi du Maroc, mais aussi celui de son père dont Mohamed VI n’a pas totalement renié l’héritage. Une partie du livre est en effet consacrée à Hassan II, décrit (ce qui a rarement été fait) dans son univers quotidien. Le livre analyse aussi les espoirs déçus par l’arrivée d’un nouveau roi, ainsi que l’avenir de la dynastie (sous-titre : Crépuscule d’une dynastie).
    La meilleure partie du livre, et la plus inattendue, est sans doute celle qui évoque l’ancien roi.

    « Jamais l’ordinaire des jours du feu roi n’avait été révélé avec un tel luxe de détails; jamais sa personnalité intime n’avait été placée sous un jour aussi cru. L’auteur nous fait entrer jusque dans les appartements secrets du monarque, peuplés de dizaines de femmes, concubines et servantes, et nous initie à un cérémonial qui  » emprunte à la cour du Grand Moghol autant qu’à celle de Louis XIV « . Où J.-P. Tuquoi a-t-il trouvé des informatrices aussi sûres ? Comment a-t-il su les convaincre de parler ? Les nombreux services de sécurité du royaume s’emploieront, les prochaines semaines, à obtenir les réponses, avec, on l’espère, le plus vif insuccès. Au détour de ces promenades époustouflantes dans les arcanes du palais (quel romancier oserait imaginer pareilles intrigues ?), une révélation dont les historiens feront leur miel : la preuve, document à l’appui, que le général Dlimi, successeur d’Oufkir dans la confiance royale et dans la rébellion, ne mourut pas d’un fâcheux accident de voiture, comme l’affirme la version officielle, mais fut bel et bien assassiné après avoir été interrogé en présence de Hassan II. » (extrait de la critique de Gilles Perrault, Le Monde, 1er novembre 2001).

    « Tuquoi évoque longuement les premiers pas du jeune roi Mohamed VI  » condamné à une jeunesse impossible sous la férule d’un père jupitérien, drapé dans l’étiquette figée du Palais et un mode de vie anachronique « .

    Dans un chapitre sur le  » Printemps de Rabat « , le journaliste raconte les premiers espoirs des Marocains en ce jeune roi qui pratique le jogging et le jet-ski,  » règle par chèque l’addition comme un client ordinaire  » au restaurant et limoge les  » barons  » en place sous le règne d’Hassan II. Mais, selon l’auteur, l’opinion  » petit à petit (…) comprend que Mohamed VI endosse volontiers les habits de son père  » et plusieurs  » entailles au contrat moral entre le roi et son peuple font douter de la réalité d’un changement « . » (extrait de la critique de l’AFP, 27 octobre 2001).

    La réaction des autorités marocaines a été plus mesuré que lors de la parution de Notre ami le roi de Gilles Perrault, en 1990, le livre de Jean-Pierre Tuquoi n’en a pas moins été interdit.

    « L’hebdomadaire indépendant marocain Le Journal, qui a récemment publié des extraits du livre, soulignait avec raison, dans son commentaire, que la réaction des autorités en dirait davantage sur l’évolution du Maroc que la prose de Jean-Pierre Tuquoi. Et les autorités ont d’ailleurs plutôt bien réagi : les journaux, marocains ou étrangers, qui ont choisi d’évoquer l’ouvrage ont jusqu’ici pu le faire sans être inquiétés. » (extrait de la critique de Dominique Lagarde, L’Express, novembre 2001).

    « Selon les informations recueillies par RSF, le numéro de l’hebdomadaire français Le Canard enchaîné, daté du 31 octobre 2001, est retenu chez le distributeur Sochepresse depuis le 31 au soir. Ce numéro contenait un article intitulé Sa Majetski M6 qui commentait le dernier ouvrage de Jean-Pierre Tuquoi sur le Maroc Le dernier roi (Grasset). Le journaliste écrivait notamment :  » Après deux ans et demi de règne, son fils n’a pas fait grand-chose sinon réprimer la presse, céder aux islamistes sur les droits des femmes, gérer son immense fortune et faire du sport… » »

    En novembre 2001, Ali Lmrabet était poursuivi pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public ou susceptibles de lui porter atteinte ». Selon lui, les véritables raisons de ces poursuites sont, entre autres, la publication (dans le numéro du 27 octobre) des bonnes feuilles du dernier ouvrage de Jean-Pierre Tuquoi sur le Maroc, Le Dernier roi. L’hebdomadaire Demain Magazine a été saisi par la police après sa mise en vente. Ali Lmrabet, directeur de la publication, avait pourtant payé l’amende de 30 000 dirhams à laquelle il avait été condamné.

    À une année du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Maroc, Les Trois Rois retrace l’histoire politique du royaume depuis la fin du Protectorat, histoire qui se confond avec celle des trois derniers représentants de la dynastie alaouite. C’est que, au centre du système marocain, comme le souligne l’anthropologue Abdallah Hammoudi, se trouve  » la figure bipolaire du monarque qui, selon les circonstances, peut aussi bien incarner la sainteté qu’être source de violence, et cela sans transition aucune ni contradiction apparente « .  » Père de l’indépendance « , Mohammed V vénéré par ses sujets, a laissé le souvenir d’un saint homme.

    La réalité, si l’on se fie à ceux qui l’ont bien connu ou aux archives diplomatiques, est beaucoup plus complexe. Hassan II, au contraire, a longtemps véhiculé une image déplorable.  » L’image que j’avais au départ de Hassan Il était tellement négative que j’ai confondu l’immoralité et l’inintelligence « , note jean Daniel dont l’opinion a beaucoup évolué en rencontrant régulièrement le monarque. Chez Hassan II, la réalité est donc également plus nuancée. Chez lui, le meilleur – la  » Marche verte « , les médiations au Proche-Orient, une certaine vision du monde – a côtoyé le pire : un déficit social considérable, la corruption, le bagne de Tazmamart et les multiples atteintes aux droits de l’homme. En fait, Hassan II a surtout conforté l’institution monarchique mais, malheureusement, le progrès social n’a pas accompagné la stabilité politique. Quant au chef actuel de la dynastie, Mohammed VI, il n’a pas encore été véritablement confronté aux épreuves de la vie. Appelé à ses débuts  » roi des pauvres « , il a depuis rectifié le tir en affirmant qu’il était le roi de tous les Marocains,  » y compris des riches « . Des entretiens avec quelques-uns des hommes qui ont le plus marqué la vie politique marocaine (les femmes n’y ont fait que tardivement leur entrée) ainsi qu’avec un certain nombre d’hommes politiques et de diplomates étrangers nourrissent abondamment ce travail qui a bénéficié par ailleurs des recherches et des multiples contributions de politologues, d’historiens ou de journalistes, marocains en majorité, mais aussi européens ou américains. Enfin, la consultation des archives du Quai d’Orsay, hélas limitée dans le temps puisque les dernières trente années ne sont pas encore ouvertes, a permis à l’auteur de mieux mesurer le poids de la France dans les années décisives qui ont suivi l’indépendance. Une synthèse irremplaçable sur un demi-siècle d’histoire du royaume chérifien, maillon fort de  » l’Occident arabe « .

    Les Trois Rois

    A une année du cinquantième anniversaire de l?indépendance du Maroc, Les Trois Rois retrace l?histoire politique du royaume depuis la fin du Protectorat, histoire qui se confond avec celle des trois derniers représentants de la dynastie alaouite. C?est que, au centre du système marocain, comme le souligne l?anthropologue Abdallah Hammoudi, se trouve « la figure bipolaire du monarque qui, selon les circonstances, peut aussi bien incarner la sainteté qu?être source de violence, et cela sans transition aucune ni contradiction apparente ».

    « Père de l’indépendance », Mohammed V, vénéré par ses sujets, a laissé le souvenir d?un saint homme. La réalité, si l?on se fie à ceux qui l?ont bien connu ou aux archives diplomatiques, est beaucoup plus complexe.

    Hassan II, au contraire, a longtemps véhiculé une image déplorable. « L?image que j?avais au départ de Hassan II était tellement négative que j?ai confondu l?immoralité et l?inintelligence », note Jean Daniel dont l?opinion a beaucoup évolué en rencontrant régulièrement le monarque. Chez Hassan II, la réalité est donc également plus nuancée. Chez lui, le meilleur – la « Marche verte », les médiations au Proche-Orient, une certaine vision du monde – a côtoyé le pire : un déficit social considérable, la corruption, le bagne de Tazmamart et les multiples atteintes aux droits de l?homme. En fait, Hassan II a surtout conforté l?institution monarchique mais, malheureusement, le progrès social n?a pas accompagné la stabilité politique.

    Quant au chef actuel de la dynastie, Mohammed VI, il n?a pas encore été véritablement confronté aux épreuves de la vie. Appelé à ses débuts « roi des pauvres », il a depuis rectifié le tir en affirmant qu?il était le roi de tous les Marocains, « y compris des riches ».

    Des entretiens avec quelques-uns des hommes qui ont le plus marqué la vie politique marocaine (les femmes n?y ont fait que tardivement leur entrée) ainsi qu?avec un certain nombre d?hommes politiques et de diplomates étrangers nourrissent abondamment ce travail qui a bénéficié par ailleurs des recherches et des multiples contributions de politologues, d?historiens ou de journalistes, marocains en majorité, mais aussi européens ou américains.

    Enfin, la consultation des archives du Quai d?Orsay, hélas limitée dans le temps puisque les dernières trente années ne sont pas encore ouvertes, a permis à l?auteur de mieux mesurer le poids de la France dans les années décisives qui ont suivi l?indépendance.

    Une synthèse irremplaçable sur un demi-siècle d?histoire du royaume chérifien, maillon fort de « l?Occident arabe ».

    Les officiers de Sa Majesté

    Pour la première fois depuis l’indépendance du royaume, voici cinquante ans, un officier marocain ose parler de l’armée marocaine. Avec une franchise brutale, à la mesure de ses désillusions Créées au printemps 1956 et placées immédiatement sous les ordres du Prince héritier Moulay Hassan, futur Hassan II, les Forces armées royales (FAR) comptent alors de nombreux officiers de valeur, monarchistes sans états d’âme. Mais, rapidement, un profond malaise s’installe dans cette armée de qualité dont une partie importante de la hiérarchie supporte de plus en plus mal les excès et dérives du jeune Hassan II. Ces fortes tensions sont à l’origine des deux tentatives de coup d’Etat en juillet 1971 et en août 1972. C’est à cette époque que le lieutenant Mahjoub Tobji, alors âgé de 26 ans, entend avec stupéfaction un monarque miraculeusement épargné « conseiller » à plusieurs centaines d’officiers de « faire de l’argent, pas de la politique ». Un nouveau type d’officier, affairiste et opportuniste, fait ainsi son apparition. Patriote exigeant, Mahjoub Tobji assiste, impuissant et révolté, à la lente dégradation d’une institution qui représentait toute sa vie. Sur le front du Golan ou au Sahara occidental, il tente d’oublier la triste réalité, mais est presque toujours rattrapé par les combines et les petites ou grandes lâchetés de sa hiérarchie. Aide de camp, à son corps défendant, du très puissant général Dlimi, il est arrêté quelques jours après l’assassinat de ce dernier en janiver 1983. Il découvre alors la face la plus sombre du régime : tortures, harcèlement, manipulations, corruption… Une rencontre étonnante avec Hassan II, à Paris où il a réussi à fuir, lui permet de regagner le Maroc en décembre 1985. Mais sa carrière militaire est terminée. Il ne recevra plus jamais d’affectation ou de promotion et restera commandant plus de vingt-cinq ans jusqu’à sa retraite, en 2002. Ces vingt dernières années ont laissé à Mahjoub Tobji beaucoup de temps pour réfléchir à son expérience passée. Les contacts qu’il a conservés avec différents camarades lui ont permis d’être tenu régulièrement informé de l’état de la troupe. Pour pouvoir écrire librement, il s’est installé en Europe. Il espère de tout coeur que le jeune roi Mohammed VI, fort de sa légitimité, pourra enfin donner un coup d’arrêt aux calamités qui frappent le pays et menacent ses institutions les plus représentatives, à commencer par son armée.

    Le Roi prédateur 

    Mohammed VI, roi du Maroc, est désormais le premier banquier, le premier assureur, le premier entrepreneur de bâtiments de son pays. Il y joue un rôle dominant dans l’agro-alimentaire, l’immobilier, la grande distribution, l’énergie et les télécom. La fortune personnelle du souverain a quintuplé depuis son accession au trône, et le magazine Forbes le classe désormais parmi les personnalités les plus riches du monde. Que s’est-il donc passé au Maroc depuis l’avènement du fils d’Hassan II ?

    Par le biais des holdings que contrôle la famille royale, avec l’aide du secrétaire particulier de Sa Majesté et la complaisance de la Cour, c’est à une véritable mise en coupe réglée de l’économie du royaume que l’on assiste depuis plus de dix ans. Et si l’absolutisme royal selon Hassan II visait à assurer la pérennité de la monarchie, la structure de gouvernement mise en place par son fils est tout entière tendue vers l’accaparement privé.

    Au terme d’une minutieuse enquête de terrain, d’un examen fouillé des dossiers sensibles, de nombreuses rencontres avec les principaux témoins de cette royale prédation, voici ce système, et les hommes qui en tirent les ficelles, pour la première fois mis au jour. Voici comment le souverain d’un des régimes désormais les plus menacés par la vague démocratique dans les pays arabes a transformé ses sujets en clients, l’Etat en machine à subventionner les intérêts de la famille royale, et notre pays en complice d’un désastre politique et moral auquel contribue, à son corps défendant, le contribuable français.

    Catherine Graciet et Eric Laurent sont journalistes. Elle est l’auteur (avec Nicolas Beau) de Quand le Maroc sera islamiste (2006) et de La Régente de Carthage (2009). Il a notamment publié La Guerre des Bush (2003) et La Face cachée du pétrole (2005).

    Tags: Maroc, Mohammed VI, Hassan II, livres interdits, censure, presse,