Étiquette : Maroc

  • Sahara Occidental : El Guergarat fermée par des manifestants sahraouis

    Selon plusieurs sources, le passage de El Guergarat a été fermé ce mercredi matin par des manifestants sahraouis provenant des camps des réfugiés en Algérie et des territoires libérés.

    L’initiative de fermer la brèche illégale d’El Guergarat, vient en réponse aux trente ans de promesses creuses de l’ONU et de son échec à décoloniser le Sahara occidental et à organiser un référendum pour lequel une mission (MINURSO) a été créée en 1991.

    La mesure vient également en réponse aux provocations marocaines et aux violations répétées du cessez-le-feu dans une tentative de légaliser l’occupation du Sahara occidental au détriment de la souveraineté sahraouie.

    D’après les déclarations d’un responsable sahraoui cité par le site mauritanien Mounsif, la fermeture du passage cette fois-ci diffère des occasions précédentes et pourrait être définitive ajoutant que la région pourrait connaître des dévéloppements graves. Le responsable sahraoui a indiqué que la patience des sahraouis est arrivé à ses limites et la communauté internationale est invitée à agir en vue d’empêcher un affrontement militaire éminent.

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, violations, El Guergarat, passage, brèche,

  • Sahara Occidental occupé : Des centaines de manifestants au pied du mur de la honte et à Guerguerat

    Depuis lundi, dans la zone bordant le mur marocain de la honte dans la ville sahraouie libérée de M’heris, des dizaines de Sahraouis se sont rassemblés au pied d’un poste militaire marocain et ont manifesté leur rejet de la situation actuelle de blocage au Sahara occidental.

    Une situation de passivité de l’ONU et de blocage du processus de paix du fait notamment de la nomination d’un envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour faire avancer le processus à travers des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. Une autre caravane de la societe civile sahraouie se dirige vers la brèche illégale d’El Guerguerat, au sud du Sahara occidental, pour organiser une manifestation populaire avec le même objectif: dénoncer le blocus dans le plan de paix. Dans cette zone en particulier (El Guerguerat), il existe une brèche illégale ouverte par l’occupant marocain depuis 2000 et à travers laquelle des milliers de véhicules passent quotidiennement avec des marchandises à vendre dans toute l’Afrique, en plus d’être l’un des principaux points que les mafias font le trafic de drogues en provenance du Maroc et les acheminent sur tout le continent. Aujourd’hui, les Sahraouis disent assez, ils le disent au Maroc, qui envahit le territoire sahraoui depuis plus de 45 ans, ils disent à l’ONU qui traite ce conflit avec passivité et parti pris envers l’occupant colonial marocain. Une position scandaleuse accentuée depuis le mandat du SG de l’ONU.

    Les Sahraouis disent aussi honte aux puissances qui soutiennent le Maroc dans son occupation du Sahara occidental, et elles le disent aussi à tous ceux qui, avec le Maroc, exploitent les ressources naturelles du Sahara occidental. Les manifestants qui se rendent vers la brèche de guéguerre sont soutenus et accompagnés par des dizaines de citoyens sahraouis qui résident habituellement dans les zones libérées du Sahara occidental et il n’est pas exclu que davantage de Sahraouis se joignent également à eux. Pour le moment, tout indique que Guerguerat sera la destination finale où les militants planteront leur camp de base et matérialiseront leur protestation dans le but de combler complètement ce fossé illégal et d’envoyer un message clair au Maroc et à la communauté internationale, et le message est le même que celui qui se répète depuis plus de quatre décennies: les Sahraouis ne renonceront pas à leur terre ou à leurs droits légitimes d’étendre leur souveraineté sur l’ensemble de leur territoire.

    Cette caravane, va protester et fermer temporairement toutes les brèches illégales ouvertes par le Maroc le long du mur de la honte qui divise le Sahara occidental, et sa protestation aboutira enfin dans la région d’El Guerguerat , avec pour objectif de montrer le soutien et la fraternité de la société civile sahraouie avec les troupes de l’armée nationale sahraouie présentes dans la zone.

    Pour rappel le président sahraoui Brahim Ghali avait assuré dans un entretien à la télévision algérienne que toute attaque des forces d’occupation marocaines contre des civils sahraouis dans la région d’El Guerguerat serait considérée comme une déclaration de guerre.Le président sahraoui a également rappelé que les troupes de l’armée nationale sahraouie sont plus que préparées et pleinement disponibles pour engager tout acte militaire nécessaire à la défense de l’intégrité des civils sahraouis. La tension est montée en flèche après que cette semaine des dizaines de civils sahraouis – y compris des responsables de la société civile sahraouie – se soient déplacés vers le mur militaire marocain pour protester contre l’occupation et l’incapacité de l’ONU à résoudre le conflit. . Pour calmer les manifestations, des membres de la mission des Nations unies (Minurso) ont essayé de dissuader les manifestants sahraouis de protester. Pour rappel après la démission inattendue de l’ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, le processus de paix et l’élan créé après les deux cycles de négociations à Genève sont au point mort.

    Le président sahraoui, dans une lettre adressée à l’ONU, demande une plus grande implication du Conseil de sécurité pour sortir de l’impasse actuelle au Sahara occidental. Le Front Polisario demande la nomination d’un nouvel émissaire de l’ONU pour réactiver le dialogue tandis que le Maroc préfère un blocage pour perpétuer l’occupation du Sahara occidental.
    M. Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 21 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, El Guergarat, mur de la honte, ONU, MINURSO, spoliation pillage, ressources naturelles,

  • Sahara Occidental : Premier examen au Conseil de Sécurité du projet de résolution

    CONSEIL DE SÉCURITÉ- SAHARA OCCIDENTAL : Premier examen du projet de résolution

    Le Conseil de sécurité des Nations unies devait se réunir, hier, pour examiner le projet de résolution proposé par les États-Unis sur la prolongation du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).

    Selon le site électronique sahraoui El confidentiel sahraoui qui a eu une copie du texte, le projet de résolution présenté par les États-Unis au «Groupe des amis du Sahara occidental» demande une prolongation du mandat de la mission jusqu’au 31 octobre 2021. Le texte proroge le mandat de la MINURSO pour une autre année et « se concentre sur le besoin urgent pour les parties de poursuivre le processus actuel dirigé par les Nations unies pour parvenir à une solution juste » réaliste, pratique et crédible « au conflit au Sahara occidental.

    Le projet des États-Unis souligne également que toute solution au problème doit être fondée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Au cours de la semaine prochaine, des experts des quinze membres du Conseil de sécurité se réuniront pour tenter de parvenir à un consensus sur une résolution finale qui serait mise aux voix le 28 de ce mois. Selon le texte , « Le Conseil de sécurité réaffirme son engagement d’aider les parties au conflit à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur un compromis qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’accords compatibles avec les principes et les objectifs de la Charte des Nations unies, et en observant le rôle et les responsabilités des parties à cet égard. »

    Le projet de résolution souligne également « l’importance d’améliorer la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis, et encourage les parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc à travailler davantage avec la communauté internationale pour développer et mettre en œuvre des mesures indépendantes et crédibles pour garantir le plein respect des droits de l’Homme, en tenant compte de leurs obligations pertinentes en vertu du droit international. » Le projet de résolution indique que le Conseil de sécurité appelle « les parties à poursuivre leurs efforts respectifs pour améliorer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental » (…) et encourage une meilleure coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), notamment en facilitant les visites dans la région ».

    Le Conseil de sécurité, selon le projet, demande au Secrétaire général de faire rapport périodiquement au Conseil de sécurité, et à tout moment qu’il juge approprié pendant la durée du mandat, y compris dans les trois mois suivant le renouvellement de ce mandat et à nouveau avant son expiration, l’état et les progrès des négociations sous ses auspices, sur la mise en œuvre de cette résolution, les défis pour les opérations de la MINURSO.

    Le projet souligne qu’après examen du rapport du Secrétaire général du 2 octobre 2020, la résolution américaine décide notamment :

    « – De prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2021. – Souligne la nécessité de parvenir à une solution politique réaliste, viable et durable à la question du Sahara occidental fondée sur l’engagement et l’importance d’aligner l’approche stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin.

    – Exprime son plein soutien aux efforts en cours du Secrétaire général et à son soutien au processus de négociations pour parvenir à une solution au conflit au Sahara occidental.

    – Réaffirme la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu et appelle les parties à adhérer pleinement à ces accords, à honorer leurs engagements envers l’Envoyé personnel et à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre les efforts de l’ONU.

    – Prie instamment les parties de respecter leurs obligations et garanties pertinentes et de s’abstenir de toute action qui pourrait saper les négociations facilitées par l’ONU ou déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental.

    – Demande à toutes les parties de coopérer pleinement avec les opérations de la MINURSO, y compris leur libre interaction avec tous les interlocuteurs, et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, la liberté de mouvement et l’accès immédiat de l’ONU et du personnel associé pour remplir leur mandat, conformément aux accords existants. ».

    Ce premier projet de résolution pourrait connaitre des modifications, d’autant qu’il n’apporte aucune observation critique du rapport du Secrétaire général, fortement critiqué par le Front Polisario et sur la part belle qu’il fait au Maroc qui bloque le processus de paix et ses violations des droits de l’Homme, notamment à El-Ayoun où est assiégée l’icône du peuple sahraoui Aminatou Haider.
    Mokhtar Bendib

    AIDE HUMANITAIRE AUX RÉFUGIÉS SAHRAOUIS
    L’Union européenne appuie l’action du HCR

    L’Union européenne soutient le HCR (Haut-commissariat pour les réfugiés) pour poursuivre la distribution d’eau aux réfugiés sahraouis, selon L’Agence des Nations unies pour les réfugiés, indique un communiqué du HCR- Alger. L’organisation humanitaire s’est félicitée de la contribution de 600 000 € de l’Union européenne (UE) pour une aide humanitaire essentielle aux réfugiés sahraouis dans les cinq camps de réfugiés dans la région de Tindouf, ajoute le communiqué. “Il est prioritaire pour l’UE d’assurer à tous les réfugiés sahraouis l’accès à l’eau potable pour leur usage domestique.

    La menace du coronavirus étant toujours présente, une quantité d’eau suffisante est plus que jamais nécessaire afin de maintenir un niveau d’hygiène minimal, permettant le lavage des mains de manière fréquente ‘’, estime le HCR. ‘’ L’UE est pleinement engagée à continuer de soutenir les réfugiés sahraouis », a déclaré Patrick Barbier, Responsable des opérations d’aide humanitaire de l’UE en Algérie. L’UE est un donateur humanitaire actif et de longue date dans les camps. Elle soutient les activités humanitaires vitales de nombreuses organisations des Nations unies et partenaires dans divers domaines, allant d’une assistance alimentaire et des soins de santé à l’eau, l’assainissement et l’hygiène (WASH)’’.

    “Le HCR tient à remercier l’UE pour son soutien continu à la population réfugiée sahraouie, en particulier pour l’approvisionnement en eau potable de la communauté sahraouie », a déclaré de son côté le Représentant du HCR, Agostino Mulas. Les services et infrastructures WASH sont en cours d’amélioration dans les camps de Tindouf.

    Le HCR fournit environ 700,000 m3 d’eau potable par an en assurant en permanence le fonctionnement et l’entretien des installations existantes, en installant de nouvelles et en contrôlant la qualité de l’eau. Pour son programme 2020, le HCR Algérie est actuellement financé à 44%, avec environ 16,6 millions de dollars US reçus sur un total de 37,4 millions de dollars US requis.
    M. Bendib

    Le Courrier d’Algérie, 20 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,


  • Tensions géostratégiques, sécurité collective et nouvelles conflictualités dans la région sahélienne

    par Abderrahmane Mebtoul*

    Les tensions actuelles à nos frontières interpellent l’Algérie pièce maîtresse de la stabilité de la région, à travers les actions de l’ANP et les différents services de sécurité.

    C’est que les enjeux au Maghreb et au Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible, rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale, à laquelle l’Algérie ne saurait échapper et d’une manière générale toute l’Afrique. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiales actuelles qui devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. La « sécurité collective », expression dont l’usage s’est développé, dans les années 1930, constitue une tentative de réponse au déchaînement de violence des deux guerres mondiales, du xxe siècle. Intiment quant à la formation à la paix (CP), elle soulève des défis politiques, économiques sécuritaires et notamment la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits et notamment la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles, mondiale et locales et leurs influences pour une paix durable, fondée sur la dialogue des cultures , la tolérance facteur de stabilité de toute l’Humanité pour un monde solidaire.

    1. Problématique de la sécurité collective au Maghreb et au Sahel

    1.1- Préambule : quelques éclaircissements sur le concept de sécurité collective

    Aux antipodes de la sécurité par l’équilibre des puissances qui avait marqué le système international au xixe siècle, la sécurité collective repose, elle, sur le « déséquilibre des forces. Ce système a d’abord été institutionnalisé, au lendemain de la Grande Guerre, par la Société des Nations (SDN), puis a été repris en 1945 par l’Organisation des Nations unies (ONU). Loin d’avoir donné les résultats que ses promoteurs avaient placés en lui ; il marque néanmoins un tournant dans l’histoire des relations internationales. Une approche globale comme facteur d’adaptation, selon les experts militaires, est nécessaire au nouveau contexte : la cohérence, l’anticipation, l’adaptabilité, la permanence, la « légitimation » et la « résilience ». C’est que les crises internationales ont toujours concerné de nombreux acteurs. Mais traditionnellement, en dehors de l’organisation de sécurité collective à vocation universelle et à compétence générale qu’est l’ONU, leur gestion revenait, avant tout, aux États. Or de nombreux autres acteurs y participent désormais notamment les organisations non gouvernementales et les organisations d’intégration régionale. On le constate, le champ est composé d’une multitude d’acteurs et d’approches qui implique, de facto, un morcellement des actions et une difficulté à avoir un impact significatif sur le terrain. De nombreuses études tentent de catégoriser les principaux acteurs de ces conflictualités émergentes. La plupart d’entre elles opposent les États, dotés de forces armées régulières, à des acteurs non-étatiques, laissant apparaître de nouveaux adversaires. Cette opposition, selon les experts en géostratégie entre États et acteurs non-étatiques, ne semble pas totalement satisfaisante car elle ne reflète pas l’ensemble des systèmes asymétriques. En effet, une typologie des acteurs ne peut se faire qu’en prenant en compte plusieurs critères : les motivations, l’organisation et les modes d’action. De nouvelles conflictualités sont apparues où leurs acteurs se caractérisent souvent par l’illisibilité de leur organisation, l’imprévisibilité de leurs actions multiformes qui privilégient la violence dûment mise en scène par la recherche du sensationnel et de la médiatisation. Grâce aux nouvelles technologies et à leur prolifération non maîtrisée, ces conflictualités sont susceptibles d’utiliser toute la panoplie des capacités actuelles : armement sophistiqué, maîtrise de l’information, diversité des types d’agression (capacité d’exporter une menace n’importe où dans le monde), générant des menaces (cyber-délinquance, cyber-criminalité, etc.) qui mettent en évidence l’insuffisance des systèmes de sûreté ou de substitution dans les sociétés modernes. En effet, les moyens modernes de communication facilitent l’expression libre et la circulation, via les réseaux, des idées les plus extrêmes, dans un but revendicatif, subversif ou prédateur. Elles peuvent atteindre tous les pans de la société : cohésion sociale, légitimité de l’autorité, pertinence du modèle économique, sociétal ou religieux. Ainsi véhiculées, les techniques d’« agression » de toutes natures se propagent, et contribuent d’autant plus à la fragilisation des « cibles » potentielles qu’elles s’appuient souvent sur l’image, support d’émotion et propice aux comparaisons.

    1.2- Le Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales

    Devant privilégier, en premier lieu, ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d’agir en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région, que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’Otan, en fait avec les USA, ou avec les structures de défense que l’Union européenne entend mettre en place, également avec la Russie et la Chine pour ne citer que les principaux acteurs mondiaux. Les derniers évènements au Sahel, faute d’une coordination, montrent son incapacité à agir sur des évènements majeurs. La fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis, le 11 septembre 2001 représentent un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d’un monde né un demi- siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite, des décennies durant, par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour le Maghreb ? Interpellée et sollicitée, le Maghreb s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, le Maghreb devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. C’est dans ce cadre que doit être placée la stratégie du Maghreb dans le dialogue méditerranéen de l’OTAN. Le cadre défini au sommet de l’Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l’Otan, au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d’Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaitent, ceux qui sont membres du Conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranà ©enne par le truchement d’un certain nombre d’actions au nombre de cinq qui se veulent complémentaires avec d’autres actions internationales : a.- le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ; b.- l’appui au processus de réformes de la défense ; c.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières ; d.- la réalisation de l’interopérabilité ; e- la contribution à la lutte contre le terrorisme.. Face à ces propositions quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ? Les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb à se doter d’une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre. Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité, de manière juste et durable. C’est sur cette base, me semble-t-il, que les pays du Maghreb doivent s’engager dans le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous-régionales notamment européennes. Car face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union européenne d’avoir une stratégie de défense et de sécurité qui concerne le Maghreb. Sur le plan militaire et géostratégique c’est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être apprécié, aujourd’hui, la réalité d’une telle évolution. C’est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer, ensemble, une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. Pour le cas du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui ont (qui a signé) l’Accord de libre échange avec l’Europe, en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives à la mise en place d’un dialogue entre le Maghreb et l’Union européenne ont lieu sous forme de consultations informelles et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’OTAN et la coopération de lutte contre le terrorisme avec l’UE dans le cadre de la PESD. – D’une manière générale et au vu de ce qui se passe au Sahel, il y a urgence pour l’Algérie et le Maghreb d’une stratégie d’adaptation. Pour ma part lors d’un déplacement aux USA lors d’une rencontre avec un grand responsable au département du Trésor US à Washington, j’avais émis cette hypothèse naïvement que l’Algérie et le Maghreb devaient tirer profit des divergences entre la France et les Etats-Unis d’Amérique. Il m’avait répondu clairement : «il n’y a parfois que des divergences tactiques de court terme mais aucune divergence stratégique entre les Etats-Unis d’Amérique et la France et plus globalement avec l’Europe». J’en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques alors que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali, se croyant encore aux années 1960/1970 de la confrontation des blocs. Il est entendu qu’à la fin de toute guerre ce sera la diplomatie qui prendra la relève.

    1.3.-La problématique sécuritaire au Sahel

    La situation actuelle au Sahel pose la problématique de la sécurité de l’Algérie et fondamentalement l’urgence d’une coordination régionale notamment l’intégration de la sphère informelle qui dépasse les % de la superficie économique posant la problématique de l’intégration du Maghreb (plus globalement de l’Afrique du Nord) (2) pont entre l’Europe et l’Afrique afin de faire de cette zone une région tampon de prospérité. Le terrorisme menace planétaire, se nourrit fondamentalement de la misère, en se livrant au trafic de tous genres, rançons, drogue, armes, etc. Le Maghreb, pour peu que les dirigeants dépassent leurs visions étroites d’une autre époque, a toutes les potentialités pour devenir une grande puissance régionale avec une influence tant économique que militaire, dans la mesure où en ce XXIème siècle l’ère des micros Etats étant révolue et que la puissance militaire est déterminée par la puissance économique. Pour cela, des stratégies d’adaptation au nouveau monde pour le Maghreb sont nécessaires, étant multiples, nationales, régionales ou globales mettant en compétition/confrontation des acteurs de dimensions et de puissances différentes et inégales. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités car évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent, aujourd’hui, à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. Cette région est l’objet de toutes les convoitises (notamment USA via Europe / Chine) car incluse dans une sous-région qui n’en finit pas de vouloir se construire. Le continent Afrique est un enjeu géostratégique majeur au XXIème siècle avec plus de 25% de la population mondiale, avec d’importantes ressources non exploitées, sous réserve d’une meilleure gouvernance et d’intégration sous régionales à l’horizon 2030 l’axe de la dynamisation de la croissance de l’économie mondiale devant se déplacer de l’Asie vers l’Afrique, expliquant en partie les tensions actuelles (3). Le Maghreb, sous segment de ce continent, est appelé de se déterminer par rapport à des questions cruciales et de relever des défis dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils dépassent en importance et en ampleur les défis qu’il a eu à relever jusqu’à présent. Pour l’Algérie, les puissances occidentales reconnaissent que rien ne peut se faire durablement sans l’Algérie par sa position géographique, étant, par ailleurs, une grande puissance militaire régionale. D’autant plus que ce conflit peut avoir des répercussions sur toute la région Europe/Afrique via le Maghreb, que sur la sécurité intérieure de l’Algérie, notamment toute la zone Sud où sont concentrés les principaux gisements pétroliers et gaziers sans compter que bon nombre de familles, notamment Touaregs du Sud ont des liens étroits souvent familiaux avec les familles au niveau du Sahel et notamment au Mali.

    2.- Face aux mutations géostratégiques, axes directeurs pour la construction de la paix mondiale

    2.1- Quelques éclaircissements sur le concept de CP

    La Construction pour la paix (CP) est un champ qui se développe rapidement et dont la valeur ajoutée est reconnue au niveau des institutions internationales, des Etats, de la société civile. Comme tout autre type de formation, la formation à la paix soulève de nombreuses questions auxquelles nous nous devons de répondre, afin de garantir sa qualité Les défis politiques touchent à la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits. Cela inclut leurs objectifs et leurs programmes. Les défis politiques comprennent également la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles mondiale et locales et leur influence sur la formation. Il convient également de mentionner les défis politiques inhérents au processus d’apprentissage lui-même.

    Les défis politiques sont très étroitement liés au débat sur l’objectif de la form ation à la paix, qui est de préparer des individus à avoir une influence positive sur le conflit. Les différents acteurs ont des points de vue disparates quant à la manière de réaliser cela le plus efficacement possible. Par conséquent, il existe parfois une tension entre, d’une part, les processus de paix traditionnels menés par les États (la diplomatie officielle) et par l’armée et d’autre part, les processus engagés par des civils, qui résultent de traditions telles que la non-violence active et le dialogue à la base. Les deux approches luttent chacune à sa façon, pour trouver des solutions aux problèmes contemporains de violence généralisée et de guerre. Dans sa résolution intitulée ‘Projet de programme mondial pour le dialogue entre les civilisations’ (A/56/L.3), l’Assemblée générale présente solennellement ce Programme mondial. Le dialogue entre les civilisations y est décrit comme un processus engagé entre les civilisations et en leur sein, fondé sur l’inclusion et le désir collectif de tirer enseignement d’hypothèses, de mettre en évidence les valeurs communes essentielles et d’y intégrer diverses perspectives. Au nombre des objectifs du dialogue énoncés dans le programme, figurent notamment la recherche de terrains d’entente entre les civilisations afin de relever les défis qui menacent les valeurs communes, les droits de l’Homme et les acquis de l’Humanité dans divers domaines. Le dialogue entre les civilisations, est-il indiqué dans le Programme, peut contribuer à des progrès dans différents domaines dont la promotion du renforcement de la confiance aux échelons local, national, régional et international. Il est également précisé que la participation à ce dialogue doit inclure des membres de toutes les civilisations. Le programme d’action invite les Etats, le système des Nations unies et les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile à mettre en œuvre, notamment des programmes visant à développer le dialogue et la compréhension et à bannir l’intolérance, la violence et le racisme entre les peuples, en particulier les jeunes. Il invite également les gouvernements, les organismes de financement, les organismes de la société civile et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires à la promotion du dialogue entre les civilisations en contribuant, notamment au Fonds d’affectation spéciale créé à cette fin par le Secrétaire général en 1999. C’est que les conflictualités du monde contemporain et la solution finale, la Paix, ne sont pas seulement économiques ou sécuritaires, mais également et surtout ont, pour essence, une profonde crise morale devant se fonder sur une profonde rénovation de la perception du monde. Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d’utopie. Comme le dit l’adage populaire « l’espoir fait vivre.» D’ailleurs, au niveau des sociétés, nous assistons à une pièce de théâtre où chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales en sont le contrepoids. Les messages de paix, de tolérance fondés sur le dialogue productif, tant au niveau planétaire qu’au sein des sociétés, sont-ils des messages d’utopie ou seront-ils concrétisés dans un avenir proche pour éviter, par exemple, que la religion ne soit utilisée à des fins de tension entre le monde musulman et l’Occident, comme arme de guerre fratricide ? C’est que les guerres de religion ont fait recette – rappelons les guerres entre catholiques et protestants, la persécution des juifs – et l’on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques de « guerre sainte », alors que les livres saints ont pour fondement tolérance et respect d’autrui. Or, depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, que la symbiose des apports du monde musulman et de l’Occident par le dialogue des cultures – Islam, Judaïsme et Christianisme étant des religions de tolérance, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes -, devant respecter toute croyance de chacun, permettront d’éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l’avenir de l’Humanité. Le renforcement des relations entre le monde musulman et l’Occident, la promotion des synergies culturelles, économiques, politiques sont seules à même d’intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce, afin de faire de notre univers un lac de paix d’où seront bannis l’extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, ce berceau des civilisations où les populations juives et arabes partagent une histoire millénaire de cohabitation pacifique.

    2.2-Sociétés civiles et fécondation réciproque des cultures

    Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car elles sont source d’enrichissement mutuel, permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés auxquels la société civile – intellectuels, diplomates, entrepreneurs, médias grâce au rôle important de l’Internet – doit jouer une fonction stratégique, car les nouvelles relations internationales, fondées sur les relations personnalisées entre chefs d’État, ont de moins en moins d’effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les aires de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’action éducative, car l’homme pensant et créateur devra être à l’avenir le bénéficiaire et l’acteur principal du processus de développement. C’est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et de centres de recherches) loin de tout esprit de domination, comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles.

    Le monde musulman et l’Occident représentent deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d’ouverture et d’enrichissements mutuels, tant sur le plan économique que culturel. Certes, nous avons assisté au déclin du monde musulman, notamment sur le plan de la recherche scientifique, alors que par le passé il était pionnier. Pour un devenir commun, il est indispensable que la majorité des dirigeants du monde musulman – qui ont une lourde responsabilité de la situation de misère de leur population faute d’une bonne gouvernance, bien qu’il existe des exceptions, certains pays étant devenus émergents – et l’Occident développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l’intérieur de cet ensemble, et ce, afin de favoriser six objectifs solidaires.

    Premièrement : l’État de droit et la démocratie politique, en tenant compte des anthropologies culturelles car une société sans sa culture et son histoire est comme un corps sans âme.

    Deuxièmement : l’économie de marché concurrentielle à vocation sociale, loin de tout monopole, qu’il soit public ou privé.

    Troisièmement : la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires.

    Quatrièmement : la mise en œuvre d’affaires communes, en n’oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et que dans la pratique des affaires il n’y a pas de sentiments. Mais l’on doit éviter que la logique du profit ne détruise les liens sociaux, d’où l’importance stratégique de l’État régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés.

    Cinquièmement : intégrer l’émigration. Ciment des liens culturels, elle peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération et de ce dialogue nécessaire, de ce rapprochement du fait qu’elle recèle d’importantes potentialités cultuelles, économiques et financières. La pro motion des relations entre l’Orient et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d’intervention l’initiative de l’ensemble des parties concernées.

    Sixièmement : tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique, l’Occident doit favoriser la libre circulation des personnes, tout en engageant un véritable co-développement – à ne pas confondre avec l’assistanat – au profit des pays musulmans en retard, tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles, voire politiques.

    2.2-Un monde cruel et dangereusement déséquilibré

    L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial, et donc la représentation au niveau des institutions internationales, le système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l’avenir de l’Humanité avec des poches de pauvreté croissantes même dans les pays développés, un phénomène d’ailleurs accéléré par les gouvernances les plus discutables de la part de certains dirigeants du Sud. La population mondiale s’élève actuellement à 7,6 milliards et devrait atteindre 8,6 milliards en 2030, 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100, selon un récent rapport des Nations unies. Or, sur plus de 7 milliards d’âmes, les 2/3 sont concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30 % des richesses mondiales : en ce début du XXIe siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres, situés en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud et en Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de 2 milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’Humanité si rien de décisif n’est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, le sous-développement d’une grande partie de l’Humanité constituera, au cours des années à venir, une menace pour les pays développés et, d’une manière générale, pour l’ensemble du monde. Pour une paix durable, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Certes, les relations entre l’Occident et le monde musulman, sont souvent passionnées, surtout récemment avec l’avènement du terrorisme que l’on impute à tort à la religion de tolérance qu’est l’Islam. Espérons que les tensions seront dépassées, dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation, notamment sur le plan sécuritaire, car le terrorisme étant une menace planétaire. Le devenir solidaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune. Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d’inéluctables tensions sociales. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concernent l’Humanité, comme une gouvernance rénovée à l’échelle mondiale et concernant l’ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité. En effet, avec l’interdépendance accrue de nos sociétés, les nouvelles mutations mondiales – avec l’avènement de la quatrième révolution économique – préfigurent, à l’horizon 2020/2030, un important bouleversement géostratégique avec la montée en puissance des pays de l’Asie, dont la Chine au premier rang. Face à cette fin de l’unilatéralisme et confrontés aux pressions sociales, les gouvernants ne sont-ils pas toujours enclins à inventer un ennemi à combattre ? Dans la nature innée des hommes ne se trouve-t-il pas le penchant vers la tyrannie et l’oppression mutuelle, comme l’a rappelé le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun? Pourtant, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Comme le dit l’adage arabe avec une profonde philosophie, « une seule main ne saurait applaudir ». C’est le modeste message de cette contribution.

    2.3.- La philosophie diplomatique et sécuritaire de l’Algérie, éviter les fractures contemporaines

    L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l’Emir Adkeldader, les apports algériens à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. L’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. Évitons toute intolérance où certaines civilisations sont supérieures à d’autres: car, il y a de bonnes et de mauvaises civilisations, où en ce monde interdépendant , nous assistons à la formation de plus en plus étendue d’une civilisation de l’universel qui n’est que la résultante et le fruit des apports et des contributions des différentes civilisations humaines depuis la nuit des temps. Pour terminer je citerai Voltaire « Monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez toujours le dire et Roger Garaudy, « il n’y a de véritable dialogue des civilisations que si chacun est pénétré de cette certitude que l’autre homme, c’est ce qui manque pour être pleinement un homme ».

    *Dr – Professeur des Universités, expert international en management stratégiste :

    Références

    Pr Abderrahmane Mebtoul

    Ministère de la Défense Nationale -Institut Militaire de Documentation, d’Evaluation et de Prospective IMDEP 08/01/2019 Alger Séminaire international « Sécurité collective et nouvelles conflictualités : les défis contemporains de la construction de la paix Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul expert international « Mutations géostratégiques, conflictualités et sécurité collective au Maghreb et au Sahel ».

    Contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). L’Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires » site Afrik Press Paris France deux parties 24/27 juin 2018

    4.- Sur les mutations géostratégiques militaires, politiques sociales et économiques au niveau du Maghreb et de la région méditerranéenne – voir la Revue IEMed 2017 -Barcelone -Espagne , un important collectif analysant la sécurité, le politique, l’économique, le social et le culturel de la région méditerranéenne auquel a contribué le professeur Abderrahmane Mebtoul sur le thème « impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-financiers et macro-sociaux de l’économie algérienne : urgence d’une nouvelle politique économique », sous la direction du professeur Senen Florensa, ancien diplomate et ministre espagnol, Président de l’ Annuaire IEMed (516 pages), préfacé par Johannes Hahn Commissaire européen à la Politique de voisinage aux négociations d’élargissement. Ont contribué 51 personnalités internationales (ministres- diplomates- politiques, militaires, économistes , sociologues, historiens-écrivains ) des deux rives de la Méditerranée en huit chapitres interdépendants : 1.-le conflit arabo-israélien revisité -2.-les défis à venir de l’Union européenne -3.-l’avenir de l’Islam 4.-(Dé) Radicalisation et sécurité et leurs effets – sur la région méditerranéenne – 5.-Bilan et partenariat des pays -les pays méditerranéens / Union européenne -Balkans occidentaux -Maghreb -Moyen Orient et Turquie -Les autres acteurs 6.-secteurs stratégiques (sécurité et politique) -7.-Economie et territoire – 8.-Société et culture

    Le Quotidien d’Oran, 20 oct 2020

    Tags : Algérie, Maroc, Sahel, Libye, Mali, France, Barkhane, terrorisme,

  • Sahara Occidental : Une caravane de civils sahraouis se dirige vers El Guergarat

    Une caravane de protestation avec des centaines de Sahraouis se dirige des camps de réfugiés, des territoires libérés et de la Mauritanie vers la brèche illégale d’El Guergarat, rapporté lundi le site Por un Sahara libre.

    « Après des années de protestations du Front Polisario et de la population sahraouie contre la brèche illégale que le Maroc a ouvert entre les territoires occupés et libérés d’El Guergerat et qui fonctionne comme un couloir pour le trafic de drogue, la traite des êtres humains et le soutien au pillage des ressources naturelles sahraouies, et sans aucune action des Nations Unies, le peuple sahraoui a décidé de réaliser cette caravane », indique la même source.

    Selon ce site sahraoui, « la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Sahara occidental), qui doit surveiller le respect du cessez-le-feu, en plus de tenir le référendum, n’agit pas contre cette ouverture illégale comme c’est son devoir ».

    « Les Sahraouis ont maintenant décidé de lancer une méga caravane de protestation composée d’hommes et de femmes civils qui, en route vers El Guergarat, remettent des lettres de protestation à la MINURSO », a-t-il ajouté.

    Une action qui met en lumière la position de la population sahraouie, qui a totalement perdu confiance dans un processus politique et dans la communauté internationale.

    La population sahraouie des territoires occupés a connu ces derniers mois une recrudescence de la répression brutale des occupants marocains et de graves représailles contre les prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines.

    Au cours des 12 et 14 dernières réunions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental ont eu lieu, qui, le 24 octobre, devra se prononcer sur la prorogation du mandat de la MINURSO.

    S’il n’y a pas de changement radical dans la position du Conseil de sécurité et que des mesures pratiques sont prises pour protéger la population sahraouie, la fermeture de la brèche illégale et la programmation du référendum, les sahraouis sont prêts à rompre avec le processus politique après 29 des années de résistance non violente et une offensive croissante de l’occupant marocain.

    « La communauté internationale ne peut pas s’attendre à ce que tout un peuple continue d’être victime d’un génocide silencieux et lent et avec la complicité des Nations Unies, dont l’inaction a contribué au renforcement de l’occupation illégale marocaine et du statu quo », conclue-t-il.

    Pour un Sahara libre, 19 oct 2020

    Tags: Sahara occidental, Front Polisario, Maroc, El Guergarat, pillage, ONU, MINURSO,

  • Les migrants de Grande Canarie dorment désormais dans des lits touristiques

    Iles Canaries.- Plus de 8 200 migrants sont venus aux Canaries cette année, huit fois plus qu’en 2019. Alors que le flux de touristes se tarit, les migrants africains occupent leurs lits vides.

    Les jeunes Africains vont et viennent à Vista Flor. Les touristes quittant en masse la Grande Canarie cet automne en raison de la couronne, le complexe d’appartements de Maspalomas est utilisé par quelque 500 invités inattendus: des migrants africains à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Pour le moment, ils sont bloqués aux îles Canaries.

    Ils fournissent au directeur Domingo Espino Hernández via la Croix-Rouge 45 euros par personne et par jour. « Cela peut sembler étrange, mais de cette façon je peux empêcher la faillite de mon entreprise. » Les migrants, à leur tour, sont agréablement surpris par l’accueil. «Je suis sur un bateau depuis des semaines. C’était l’enfer en mer, mais ici, je regarde lentement vers l’avenir », déclare Souleymane Sané, 24 ans, sénégalais, qui a quitté la Gambie le mois dernier, pour un complexe d’appartements appelé Vista Oasis.

    Les complexes Vista Flor et Vista Oasis offrent une solution inventive, mais pas très structurelle, à deux problèmes inattendus auxquels les îles Canaries sont confrontées cette année. D’une part, l’épidémie de Covid-19 – un Allemand sur l’île de Gomera est devenu le premier patient corona d’Espagne – a entraîné une perte de milliards pour l’industrie du tourisme (15,1 millions de clients en 2019). D’autre part, une ancienne route des migrants de l’Afrique vers l’archipel a été mise en route pour diverses raisons. Plus de 8200 migrants sont venus dans les îles cette année, huit fois plus qu’en 2019. Grâce aux mesures corona, 700 migrants ont été amenés sur le continent jusqu’à présent.

    Le nombre de bateaux augmente désormais si vite que les autorités locales craignent une répétition de «la crise migratoire» de 2006 lorsque 32 000 migrants ont atteint les îles Canaries. À l’époque, l’Espagne a réussi à arrêter le flux en apportant une aide à des pays comme la Mauritanie, le Sénégal et le Maroc sur différents fronts.

    Ces accords ont souvent été édulcorés et un nouveau conflit a éclaté au Mali, entre autres, ce qui alimente le flux migratoire. En outre, la coopération entre l’Espagne et le Maroc pour fermer le détroit de Gibraltar – par lequel un nombre record de 60000 migrants sont venus en Europe en 2018 – se déroule si bien qu’en plus des Subsahariens, de jeunes Marocains choisissent également de traverser vers les îles Canaries. Les deux groupes sont méticuleusement séparés par les autorités espagnoles. Pour éviter la contamination par corona, mais aussi parce que les Marocains illégaux peuvent être renvoyés par l’Espagne sans trop de procédures. Les migrants nord-africains voient leur opportunité maintenant que le Maroc ne reprend personne à cause du virus corona.

    Sous le radar

    La plupart des migrants dans les cayucos ou pateras – surnoms respectivement de « pirogues » africaines et de « chaloupes » marocaines – sont ramassés en mer par les autorités espagnoles une fois à l’intérieur des eaux territoriales et débarqués à bord de grands navires. Parfois, un groupe parvient à rester sous le radar et à atteindre la plage par lui-même. Comme ce vendredi matin à Gran Canaria, où dix-neuf Marocains de la région de Marrakech ont mis les pieds au Castillo Romeral. La police nationale ne tarde pas à les arrêter et à s’en débarrasser. Tout d’abord, ils reçoivent des masques.

    Frissonnants, les jeunes maghrébins, dont trois mineurs, attendent entre des tas de pierres. Leur bateau est désert sur la plage. Ils enveloppent leurs smartphones hors du plastique. Lorsqu’un des hommes allume une cigarette, l’un des agents prend immédiatement des mesures. Il est interdit de fumer à proximité d’autrui selon les mesures corona. Après une première bouffée rapide, le cul s’éteint. «Nous voulons aller à Barcelone ou à Madrid», explique Hamid El Araoui, 39 ans, dans un mélange de français et d’arabe, avant que la police ne l’emmène à Arguineguín en camionnette avec les autres.

    La ville portuaire méridionale de Gran Canaria est, tout comme il y a quatorze ans, le premier lieu d’accueil des migrants. Ces derniers jours, les bateaux orange de Salvamento Marítimo ont largué des centaines de migrants sur le quai entièrement bouclé. Sous la direction de la Croix-Rouge, les Africains se livrent à une opération presque militaire dans laquelle les contrôles de santé et les tests corona sont la première priorité. La presse est maintenue à une distance appropriée.

    Les tentes de la zone portuaire d’Arguineguín sont l’hébergement des migrants pendant les 72 premières heures. À intervalles réguliers, ils reçoivent des couvertures, de l’eau et de la nourriture en prévision de la prochaine étape. Les îles Canaries ne sont guère la destination de personne. Ces dernières années, l’arrivée de migrants a été si limitée que les migrants ont pu se rendre temporairement dans des centres d’accueil. Ces complexes sont trop petits et dépassés pour répondre à l’afflux soudain d’hommes du Mali, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Gambie et du Maroc. Alors que le flot de touristes se tarissait en août, le refuge était inondé de migrants qui risquaient leur vie lors d’un voyage de plusieurs semaines en mer.

    Suspicion au sein de la population locale

    Début septembre, Domingo Espino Hernández, avec d’autres entrepreneurs, a pris l’initiative de transformer son logement d’un paradis de vacances en un abri sobre. Cela n’a pas été sans lutte. Le plan a suscité la méfiance parmi les habitants et le maire de Maspalomas, Conchí Narváez, a tenté en vain de l’empêcher. Le Néerlandais Tom Smulders a joué le rôle de porte-parole important des entrepreneurs locaux, qui ont su convaincre les autorités régionales. «C’est bien sûr une très bonne solution. La population montre non seulement qu’elle se sent solidaire des migrants, mais elle aide en même temps les entrepreneurs dans le besoin », déclare le vice-président néerlandais de la Fédération de l’hôtellerie et du tourisme (FEHT) de Gran Canaria. « L’abri est maintenant si bon que le gouvernement national de Madrid considère les protocoles comme un modèle pour les autres. »

    Il faut un certain temps pour s’habituer à Espino Hernández pour recevoir des visiteurs de différentes régions d’Afrique, qui, en raison de la crise corona, ne savent pas combien de temps attendre avant d’entamer une procédure d’asile sur le continent. Espino est heureux depuis longtemps que 480 des 800 lits soient désormais occupés. Comme une sorte de pater familias, l’Espagnol parcourt son complexe et veille sur ses hôtes. Outre un lit, il leur donne également trois repas par jour.

    Néanmoins, Vista Flor a une apparence différente de ce qu’il était il y a quelques mois. «La piscine et les courts de tennis sont fermés», explique Espino. «Avant que vous ne le sachiez, des images circulent dans le monde de migrants en vacances. Et ce n’est bien sûr l’intention de personne. Mais pourquoi ne pas offrir aux personnes dans le besoin une solution humaine en ces temps difficiles? »

    Source : NRC.NL, 19 oct 2020

    Tags : Canaries, migration, pateras, subsahariens, Maspalomas, Vista Flor, Senegal, Maroc, Mauritanie,

  • Italie : Le Sahara Occidental au rendez-vous au Festival du film de Lugano

    Mastromatteo au Festival du Film de Lugano: « Je parle du mur le plus long »

    ANCONA – Gilberto Mastromatteo, d’Ancône, est un ancien collaborateur de notre journal. Il met son nez là où certains disent qu’il ne devrait pas, mais c’est exactement ce qu’un journaliste devrait faire. Dénicher des histoires qui, sans lui et quelques autres collègues, resteraient ensevelies en silence. Avec Fiorella Bendoni, il réalise le documentaire «Le mur – La blessure du Sahara». Le court-métrage a été produit par l’association Ben Slout Larbi de Sesto Fiorentino, parrainé par Amnesty International et présenté hier après-midi au cinéma Plaza de Mendrisio dans le cadre du Festival du film des droits humains de Lugano. Il sera examiné dans d’autres revues à travers le monde. Il raconte le drame du peuple sahraoui. Avez-vous déjà entendu parler des Sahraouis?

    Nous demandons à Mastromatteo qui ils sont, dans quelles conditions ils vivent.

    «Je vais le rendre aussi court que possible. Le peuple sahraoui vit au Sahara occidental, entre le Maroc et la Mauritanie. Une zone colonisée jusqu’en 1975 par l’Espagne. Après la mort de Franco, l’Espagne part. Depuis 1979, le Maroc occupe tout le territoire. Une partie était déjà annexée en 1976, la partie sud était mauritanienne. Certains Sahraouis, environ 200 000 personnes, se réfugient dans un camp de réfugiés dans le sud-est de l’Algérie, d’autres, 50 000 personnes, restent sur leur territoire pour lutter contre la domination marocaine. La guerre a duré de la fin des années 70 à 1991, lorsque la trêve voulue par les Nations Unies est intervenue ».

    Dans les années 80, le Maroc a construit un mur contre les Sahraouis.

    «Un mur de sable de 2720 km de long, seule la Grande Muraille de Chine est plus longue. Et autour du mur, il place plus de 5 millions de mines antipersonnel et antichar: le plus grand champ de mines du monde. En 2010 un camp sahraoui rebelle, le Maroc réprime la révolte. Pour Noam Chomsky, c’est le début du printemps arabe. Je m’occupe des Sahraouis depuis ».

    Avez-vous rencontré des obstacles lors du tournage?

    «On ne pouvait tirer que du côté des sahraouis, dans les territoires libérés, en s’approchant le plus possible du mur. J’ai été expulsé des territoires occupés en 2013, les autorités marocaines m’ont embarqué dans une voiture et je suis parti. Le même sort est arrivé à quiconque a tenté de témoigner du sort des sahraouis. Même des membres du Parlement européen ont été expulsés, même la fille de Prodi ».

    Comment voyez-vous l’avenir des Sahraouis?

    «Question difficile. La situation actuelle est sombre. Les Sahraouis attendent la reconnaissance de leurs droits sur leurs terres depuis 45 ans. De nombreux jugements rendus par des organes internationaux, dont le Tribunal de La Haye, ont déclaré leur demande légitime. L’ONU fait pression pour la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, mais la France, puissance décisive dans la région et alliée du Maroc, veut laisser la situation incrustée. Une solution à court terme paraît peu probable. Cela viendra plus tard, j’espère ».

    La France est avec le Maroc. Qui est avec les Sahraouis, à part l’ONU avec ses appels ignorés?

    «De nombreuses associations. Ils se battent de toutes leurs petites forces. Il y en a aussi dans les Marches, Rio de Oro par exemple, et en parlant de notre région j’aime rappeler la sensibilité à la cause sahraouie de l’ancien maire de Macerata Carancini « .

    Source : corriereadriatico.it, 18 oct 2020

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, mur de sable, mur de la honte, mur de défense,

  • Algérie : La visite de Le Drian écourtée

    Malgré la rude concurrence des puissances émergentes, Paris veut garder la haute main dans cette région du nord de l’Afrique. Jean-Yves Le Drian est venu à Alger solliciter le soutien d’Alger qui condamne pourtant les interventions militaires comme moyen de règlement des conflits.

    Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian était invité pour un séjour de deux jours à Alger, les jeudi 15 et vendredi 16 octobre courant. À l’invitation de Sabri Boukadoum. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, « cette visite permettra de faire le point sur les avancées enregistrées, de part et d’autre, dans la coopération bilatérale ».

    Elle donnera également lieu à un échange de vues sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation au Sahara Occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye, dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties », souligne le communiqué.

    L’éminence grise du Quai d’Orsay, accompagnée d’une forte délégation, n’est pas venue à Alger avec sous le bras des accords économiques ou la relance d’autres actuellement en souffrance, comme le projet de construction automobile Peugeot ou la question de la fermeture de l’usine de montage Renault.

    Au demeurant, il se contentera de revenir sur le nombre des entreprises françaises implantées en Algérie et leur « contribution à l’emploi et à la prospérité de l’économie algérienne », donc à défaut d’une annonce qui pèsera dans le futur sur les rapports entre les deux pays, longtemps dans l’ornière de l’attentisme.

    Le diplomate français, à son arrivée à l’aéroport d’Alger, sera accueilli tout juste par un cadre du ministère des Affaires étrangères. Il déclarera, néanmoins : « Je suis venu à Alger marquer la solidité des liens d’amitié entre nos deux pays », car pour la France, l’Algérie est un partenaire incontournable et de premier plan dans le règlement des crises régionales, dira-t-il. C’est la troisième visite qu’effectue à Alger Jean-Yves Le Drian et sera reçu par le Président Abdelmadjid Tebboune, ainsi que le Premier ministre Abdelaziz Djerad.

    Cette escale, qui devait durer deux jours vu l’acuité des questions à l’ordre du jour, sera écourtée d’une journée, la partie algérienne exprimant de la sorte son courroux, quand bien même on n’en sait pas plus sur les raisons des divergences de vues. Si le premier diplomate français a esquivé la conférence de presse qu’il devait tenir en janvier dernier au siège du ministère des Affaires étrangères, pour cette fois-ci, il se contentera d’une déclaration lue à sa sortie de la présidence de la République.

    Il évoquera notamment le Hirak dont seuls les Algériens sauront traduire les revendications, une clarification qu’il tenait à faire, sachant que ce fut une pomme de discorde entre Alger et Paris suite aux déclarations du Président Emmanuel Macron quant à la légitimité du scrutin présidentiel qui n’ont pas été du tout du goût du nouveau locataire du palais d’El-Mouradia, et n’a pas manqué de l’exprimer publiquement, haut et fort. Un épisode qui poussera Jean-Yves Le Drian à tenter de réparer les dégâts pour aboutir à une réconciliation entre les deux chefs d’État, à la faveur du Congrès de Berlin sur la crise libyenne.

    Dans la foulée de cette prédisposition à l’endroit des autorités du pays, dans sa déclaration, il exprimera le soutien au référendum du 1er novembre sur la révision de la Constitution chère au Président Tebboune. Mais au-delà des déclarations de bonnes intentions, dans le fond diplomatique, l’on reproche à Paris son jeu trouble tant dans ses relations de deux poids deux mesures avec les pays du Maghreb, avec une forte propension à s’aligner sur les positions marocaines, en particulier sur la question du Sahara Occidental, question inscrite dans l’agenda de cette nouvelle rencontre d’Alger.

    Cette préférence, estime-t-on, ne saurait cacher des soubassements politiques. Il est donc juste de revendiquer des rapports exempts de toute discrimination. L’embellie que semblait dessiner la restitution des restes mortuaires de premiers résistants algériens à la colonisation devait aller dans le sens du travail de mémoire, loin des passions et dans le cadre de la vérité historique. Si cette question a été rappelée dans la déclaration de l’hôte français, il est clair que pour Alger, il faut aller vers des « excuses officielles » de l’État français afin de refermer, une fois pour toutes, les querelles de mémoires qui pèsent de tout leur poids pour des relations apaisées entre l’Algérie et la France. Cette reconnaissance a toute son importance, s’il faut considérer les rapports entre les deux pays sur un pied d’égalité et de respect de la souveraineté. Or, c’est loin d’être le cas.

    La France a à son actif plusieurs points de litiges avec son voisin de la rive sud de la Méditerranée qui ne facilitent guère le règlement de contentieux qui tendent plutôt à prendre le dessus sur les bonnes intentions d’Alger. Parce que Paris entend, sur nombre de questions, garder la main haute. À commencer par le Mali et le Sahel où les autorités françaises successives prennent un malin plaisir à saborder les efforts d’Alger à établir la paix et réussir à rapprocher les positions des belligérants qui ont fini par signer les Accords d’Alger de 2016.

    L’ingérence militaire de la France au Mali a débouché sur la grave crise en cours et la radicalisation des groupes armés qui sèment la mort dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Idem en Libye, devenue un pot-pourri des ingérences étrangères et de trafiquants d’armes, un tremplin de l’immigration clandestine, cauchemar de l’Europe. S’il va de soi que l’Élysée veut sauvegarder ses intérêts économiques dans la région qu’il considère comme zone d’influence exclusive, l’évidence montre que les rapports de force ne sont plus en sa faveur.

    Paris est en perte de vitesse dans de plusieurs de ses anciens bastions, que ce soit au Mali ou en Syrie, sans oublier le Sahel. Les aventures militaires sont fermement dénoncées par Alger qui n’a de cesse d’appeler au règlement des crises politiques par le dialogue.

    À Alger, Jean-Yves Le Drian rejoint les thèses algériennes, et tout en reconnaissant son rôle, ne cherche pas moins son soutien ! Sans aucune contrepartie. La réponse d’Alger est cinglante, l’Algérie ne veut pas d’un rôle de sous-traitant au service de la France. La visite de travail est alors réduite à une seule journée, Le Drian est rentré dans son pays hier vendredi matin.

    Brahim Taouchichet

    Le Soir d’Algérie, 17 oct 2020

    Tags : Algérie, France, Jean-Yves Le Drian, mémoire, colonisation, Sahara Occidental, Maroc,

  • De Volkskrant recherche un nouveau correspondant pour l’Espagne, le Portugal et le Maroc

    De Volkskrant est à la recherche d’un correspondant polyvalent pour l’Espagne, le Portugal et le Maroc, qui travaille depuis Madrid. Les candidats ont un bon stylo, un œil curieux et un grand intérêt, y compris pour les opportunités en ligne.

    L’Espagne était à peine sortie de la crise financière lorsqu’elle a été durement touchée par la pandémie corona. L’économie a été assommée, la deuxième vague balaie actuellement le pays et l’état d’urgence a de nouveau été déclaré. Nous recherchons un correspondant qui, à travers des actualités, des reportages, des analyses et des interviews, montre au lecteur comment l’Espagne a du mal à rester à flot. Il est important de montrer non seulement les problèmes, mais aussi la résilience de la population.

    Bien que l’actualité soit dominée par la pandémie, nous voulons aussi continuer à dire à nos lecteurs ce qui se passe ensuite. La famille royale espagnole survivra-t-elle au dernier scandale de corruption? Comment se porte Ronald Koeman en tant qu’entraîneur du FC Barcelone? Que feront les Britanniques de leurs maisons de vacances en cas de Brexit? Où l’Espagne place ses moulins à vent et ses cellules solaires? Combien de temps la corrida existera-t-elle? Les Espagnols parviendront-ils enfin à mettre le douloureux passé de Franco derrière eux? La politique progressive du Portugal en matière de drogue est-elle une réussite à long terme? Et que pensent les gens de ces pays du sud de l’UE de l’économie et des réformes que des pays comme les Pays-Bas veulent leur imposer via Bruxelles?

    Le correspondant se rendra également régulièrement au Maroc, un pays à la population hospitalière mais avec un gouvernement peu soucieux de la liberté de la presse. Le mécontentement dormant au Maroc va-t-il éclater? Pourquoi l’économie marocaine fonctionne-t-elle si bien – du moins jusqu’à récemment? Combien de temps le pays arrêtera-t-il les boat people qui veulent aller en Europe? Comment les femmes marocaines modernes revendiquent-elles lentement mais sûrement plus de droits? Et quelles sont les conséquences du changement climatique dans cette région déjà très sèche?

    Nous recherchons quelqu’un qui aime sortir et se déplacer, et en plus des histoires politiques, économiques et sociales, a aussi un œil pour l’art, le sport et la religion. Une expérience de la rédaction de journalisme et une maîtrise de tous les genres sont requises, tout comme la maîtrise de l’espagnol.

    C’est une correspondance indépendante.

    Pour plus d’informations, veuillez contacter la chef de la Section de l’Etranger Marjolein van de Water (m.vandewater@volkskrant.nl). Les candidatures peuvent être soumises jusqu’au 24 octobre à la rédactrice en chef adjointe Annieke Kranenberg (a.kranenberg@volkskrant.nl).

    Source : De Volkskrant, 13 oct 2020

    Tags : De Volkskrant, presse, correspondant, Maroc, Espagne,

  • Sahara Occidental : Unité nationale et défense des ressources naturelles sahraouies

    Lundi 12 octobre 2020, des militants se sont réunis pour célébrer dans les rues d’El Aaiun le jour de l’unité nationale sahraouie.
    Empêchés par la répression militaire marocaine, ils se sont retrouvés chez l’un d’eux pour marquer ensemble le‫ 45ème anniversaire de ce jour important pour le peuple sahraoui.

    En cet honneur, les manifestants avaient préparé des affichettes portant les revendications qu’ils entendaient affirmer, et parmi celles-ci, une protestation contre le pillage illégal des ressources naturelles de leur pays.
    On pouvait lire : « Ne touche pas les ressources naturelles du Sahara Occidental. Sur terre, sous terre, dans la mer, sous la mer, nos ressources nous appartiennent »

    L’activiste sahraoui Hamad Hamad, participant de la manifestation – devenue une réunion-, a apporté des informations sur le droit relatif aux ressources naturelles sahraouies, droit international, droit européen. Il a souligné que sans la consultation et l’accord du peuple sahraoui, les entreprises‫ ‬européennes et étrangères sont totalement illégales au Sahara Occidental occupé et doivent partir.

    Pour la sécurité physique de chacun, il est de plus en plus fréquent, en territoire occupé du Sahara Occidental, que les sahraouis revendiquant leur identité se réunissent dans des lieux privés, faute de pouvoir s’exprimer librement dans la rue.

    Équipe Média, El Aaiun, le 13 octobre
    Sahara Occidental occupé

    Tags : Sahara Occidental, Front Polisario, Maroc, Unité national, union,