Étiquette : Migration

  • « La Turquie n’empêchera plus les migrations vers l’Europe »

    Les ambassadeurs de l’Otan vont se réunir à la demande d’Ankara, suite à la mort d’une trentaine de soldats turcs tués par des frappes syriennes. La Turquie menace de ne plus retenir le flux de migrants syriens vers l’Ouest.

    34 militaires turcs sont décédés sous des frappes aériennes des forces gouvernementales syriennes jeudi, dans la province d’Idlib. Ankara a rapidement riposté en bombardant des positions de Damas, faisant craindre une escalade et un nouveau désastre humanitaire.

    L’offensive des forces syriennes, avec l’appui de l’aviation russe, pour reprendre la province d’Idlib aux rebelles soutenus par la Turquie a déjà fait près d’un million de déplacés depuis décembre dernier, dont beaucoup cherchent à passer en Turquie. Il s’agit de la pire crise humanitaire depuis le début du conflit en 2011.

    La Turquie menace

    Le directeur des communications de la Turquie a déclaré que suite à cette attaque, toutes les cibles gouvernementales syriennes « connues » sont désormais sous le feu de l’aviation turque soutenue par des unités au sol.

    Tous les réfugiés, dont les Syriens, sont désormais invités à pénétrer dans l’Union européenne. (Haut responsable turc sous couvert d’anonymat)

    Un haut représentant turc a aussi affirmé qu’Ankara allait cesser d’empêcher les réfugiés syriens de rejoindre l’Europe; police, gardes-côtes et personnel de sécurité aux frontières auraient reçu l’ordre de se retirer des passages terrestres et maritimes utilisés par les migrants. Ce qui reviendrait à rompre l’engagement pris en 2016 en vertu duquel l’Union a fourni plusieurs milliards d’euros d’aide à la Turquie pour que celle-ci endigue l’afflux de migrants vers l’Europe. Cela changera-t-il l’attitude des puissances occidentales face au conflit?

    Source: lecho.be, 28 fév 2020

    Tags : Turquie, migration, Europe, Union Européenne, Syriem Idleb,

  • Sentiment de rejet, les raisons qui tuent l’intégration du migrant au Maroc

    La communauté subsaharienne résidente au Maroc de manière générale, est reconnaissante du fait de l’amélioration de ses conditions de vies, dut à son installation au Maroc. Cependant dans cette même communauté il y a un nombre important de marginaux la grande majorité. La marginalisation et le ressentiment de rejet émane d’un certain nombre de faits qui de manière profonde stigmatisent et dressent la communauté dans son ensemble.

    LA GESTION ET LE SUIVI DU PROGRAMME INTÉGRATION DES MIGRANTS EN SITUATION JADIS RÉGULIÈRE AUJOURD’HUI IRRÉGULIÈRE.

    Lors de son lancement en fin 2013 début 2014 tous les migrants de manières générales y ont cru au point d’avoir pour le grand nombre prévu de s’installer définitivement au Maroc, bien que quelques-uns soient restés sceptiques. La première étape qui consistait à donner des cartes de séjours aux migrants restera dans l’histoire comme l’une des plus porteuses des politiques d’immigration dans le continent de manière générale en Afrique du nord en particulier.

    Car dans les faits des milliers de migrants auront leurs cartes de séjours. Cette carte de séjour permettra donc à un nombre important d’avoir accès légalement à l’ouverture des comptes bancaires, l’accès à la mobilité d’abord vers le sud pour rendre visite à leurs familles desquelles ils auront été pour longtemps séparer. Puis vers le nord une mobilité en toute légalité qui sauvera à coup sur des milliers de migrants de la mort certaine par des noyades en méditerrané la preuve depuis le lancement de la campagne vous pouvez constater la baisse des chiffres et du taux de mortalité.

    En effet en obtenant des visas des pays de l’Europe de l’est les migrants par un contour simple procédait à ce qu’ils appellent dans leur jargon le ‘’ coupé d’écalé ‘’ regagnant donc ainsi l’Europe centrale.

    Seulement un nombre extrêmement élevé de migrants ne parviennent pas à renouveler leurs cartes de séjours faute de contrats de bail. Ajouté à cette liste les migrants ayant essayé de faire un transfert de dossiers d’une ville à une autre cas , ou encore simplement la dernière vague de régularisation qui voit les recours trop lent, et surtout la condition du contrat de bail insurmontable d’autant plus que les attestations de bail établies par les migrants ayant des contrats de bail sont systématiquement rejetés.

    Le problème est pourtant simple ces migrants vivent dans des maisons et leurs bailleurs marocains refusant catégoriquement de produire des attestations d’hébergements à défaut de contrat de bail soit disant par peur du fisc , car parait-il que suite à ce document leurs noms rentrerons dans des bases de données qui produiront un effet boomerang.

    Pour le migrant cependant c’est juste un moyen de le désarmer juridiquement , car sans carte de séjour le bailleur peut aisément violer les droits du migrant en le jetant à la porte impunément.

    Sans carte de séjour dans les lieux de travail les employeurs abusent de leurs droits en les payant en monnaies de singe.

    Dans les banques ceux qui avaient ouvert leurs comptes bancaires sont dans l’incapacité de retirer leur argent.

    Univers des travailleurs dans les centres d’appels.

    La carte de séjour a permis à un nombre important de migrant d’intégrer le monde du travail notamment l’univers des centres d’appels. Seul secteur qui emploi des migrants avec plus ou moins un salaire régulier, un contrat de travail, la sécurité sociale CNSS.

    Cet univers reste néanmoins vicieux pour les migrants car leur progression est très souvent stoppée par des renvois arbitraires qui interviennent habituellement alors que ce dernier à force de progresser atteint le niveau de salaire avoisinant 9000 à 1000 DH dans cet inter-val pour la plupart des cas c’est le renvoi ce qui empêche à des migrants de pouvoir faire un plan de carrière demeurant alors en éternel recommencement. Gros motif de frustration qui crée un malaise profond.

    L’univers associatif

    Le Maroc après le lancement de la nouvelle politique migratoire a autorisé massivement les associations portées par les migrants. Au départ Afrique culture Maroc, le centre culturel africain, Kirikou seront soutenues franchement par le ministère des MRE. Afrique culture Maroc avec son appui conduira un programme l’intégration par la formation au final 30 infirmières seront formées avec diplôme une fierté communautaire, le centre culturel africain permettra à moult groupes d’artistes de pouvoir faire des scènes avoir des dates de spectacles. Kirikou appuyé par un financement espagnol mettra sur pied des crèches extrêmement utiles pour les enfants migrants ayant pour monitrices autant des marocaines que des femmes d’origines subsahariennes créant pour ainsi dire les tous et les seuls programmes d’intégrations de formations réussies .

    Malheureusement tous ses programmes vont être tués comme ont dit , laissant la nouvelle politique migratoire à des loups, des rapaces qui broient tout argent donné pour l’intégration des migrants.

    En occurrences les associations et ONG dites leaders qui pillent autant l’argent de la migration et des migrants que leurs idées. La preuve, elles reprennent tous les projets et idées des associations des migrants tués. Elles pompent des millions sans le moindre impacte dans la vie des migrants. Elles ont clochardisé la plateforme des migrants qui est faites de leaders migrants vivant dans la misère au point d’être tous devenus à quelques exceptions prêtes eux-mêmes des trafiquants de migrants qu’ils conduisent directement à la mort dans la méditerranée. Aujourd’hui cette même plateforme ASCOM a un bureau qui a détourné l’argent, financement dédiés aux migrants pour servir les intérêts des membres corrompus de son bureau.

    Univers des entrepreneurs

    Bon nombre de migrants se sont lancés dans entrepreneuriat d’aucun ont ouvert des boutiques africaines dans lesquels ont retrouve les produits cosmétiques dédiés aux femmes noires, des mèches de cheveux pour extensions, des produits alimentaires. Activités jadis lucratives aujourd’hui tous tirent le diable par la queue l’une des raisons étant les restrictions imposées par la douane sans véritables motivations logiques. Les migrants estimant qu’ils sont victimes d’une guerre économique qui ne dit pas son nom. Comme désormais certains des produits cosmétiques en occurrence les savons éclaircissant jadis importés des pays du sud sont tout simplement fabriqués sur place bien que ne répondant pas au besoin des migrants. Idem pour les importations des farines et autres produits par des migrants. Le plus dure vient des cas des migrants ayant monté leurs projets sur la base d’une idée lumineuse une fois en contact avec un autochtone il verra son idée, son projet tué par tous moyens (complot, jalousie, renseignement, piège frauduleux) au finish son projet lui est volé et le migrant aux abois avec une seule idée en tête quittée le Maroc.

    Accès aux soins de santé & Tourisme médical

    Les cas sont légions ceux des migrants qui après avoir été victime d’une agression arriveront aux urgences saignant et gravement blessés, mais qui finalement ne seront pas pris en charge immédiatement, mais plus tard souvent carrément le lendemain.

    Cas Le 19 juillet 2018 Moussa Coulibaly d’origine Malienne est poignardé par un Marocain qui lui reprochait d’avoir refusé de coudre ses chaussures gratuitement au quartier Takadoum. Apres plus d’un mois de lutte il meurt à l’hôpital Ibn Sina bête noire des migrants le 29 Août dernier. Une crise cardiaque surprenante car entré suite à des blessures profondes sur l’abdomen.

    Obia maxime un réfugie de nationalité camerounaise est agressé par une bande de voyous dans la nuit du 17 décembre 2018 à youssoufia terminus 37 arrivée aux urgences il règle tous les frais les médecins refuserons de lui faire les premiers soins parce que lui exigeants de faire un nouvel examen radio affirmant que blessé au bras il aurait son os touché .Ce qu’il refusera car disait t-il , sa blessures n’est pas profonde d’ou le pourquoi d’une radio ?

    Dans les faits les migrants ne font pas confiance au corps médical qu’il soupçonne de trafic d’organes, ils lancent régulièrement des accusations contre les médecins lors des obsèques de migrants d’avoir délibérément mis un terme aux vies des migrants à des fins criminels.

    6. L’ AVEM

    Le Maroc a instauré, à partir du 1er novembre 2018, une nouvelle procédure pour les ressortissants de trois pays africains désireux de se rendre au Maroc. Il s’agit du Congo Brazzaville, de la Guinée-Conakry et du Mali. Toujours exemptés de visas, les voyageurs originaires de ces pays doivent à présent remplir une demande d’« autorisation de voyage électronique » (AVEM), au moins 96 heures avant la date prévue de leur déplacement.

    Voilà une procédure qui est tombée à contre-courant pour les migrants vivant au Maroc. Car pour les migrants et les africains au-delà du Maroc c’est une incongruité, un manque de respect. « Désirer les bijoux des bijoutiers et faire montre de manière scandaleuse d’une attitude de rejet pour ces derniers est un fait déjà vu et vécu par nos parents bien des millénaires par le biais des esclavagistes, puis des colons » disent ils en sourdines entres eux mais en montrant grandement un sourire trompeurs qui cache bien mal une frustration profonde.

    Source : Identité africaine

    Tags : Maroc, Afrique, migration, subsahariens, racisme, discrimination, visa, circulation, Union Africaine,

  • Le Portugal refuse l’asile à huit Marocains arrivés à bord d’une patera

    Ces huit personnes n’étaient pas considérées comme des réfugiés

    Le Service des étrangers et des frontières a rejeté la demande d’asile des huit personnes originaires du Maroc arrivées illégalement en décembre à Monte Gordo.

    L’évaluation a considéré qu’il n’y avait pas de cadre pour le statut de réfugié. La nouvelle est tombée le lendemain de l’arrivée des 11 migrants à Algarve et qui ont également demandé la protection du Portugal.

    Expresso, 30 jan 2020

    Tags : Maroc, Portugal, migration, asile, Algarve,

  • Maroc : étalage de luxe royal en mer pendant que les Marocains émigrent en masse

    La diffusion de chiffres, en général tenus secrets, sur l’augmentation de l’émigration clandestine marocaine vers l’Espagne rappelle une douloureuse réalité qui contraste avec les vacances de la famille royale en Méditerranée, entre yacht et voilier

    Ignacio Cembrero

    Ils étaient à peu près une centaine de convives, le dimanche 14 juillet, à bord du Badis 1, le nouveau bateau du roi Mohammed VI, qui avait jeté l’ancre face à la résidence royale de M’diq, sur la côte nord du Maroc, pas loin de Tétouan.

    Le souverain âgé de 55 ans avait invité le gratin de Casablanca et de Rabat à venir assister, pieds nus pour que leurs semelles noires ne salissent pas le pont, à l’inauguration de ce voilier de 70 mètres de longueur, parmi les dix plus grands du monde.

    En fait, ces hôtes de marque ont dû se rendre deux fois à M’diq. D’abord le samedi, le jour fixé pour l’invitation. Une fois sur place, on leur a indiqué, sans autre explication, qu’elle était repoussée de 24 heures. Ils sont donc revenus, vêtus de leurs plus beaux costumes, le lendemain.

    Cette fois, le roi était bien là pour les accueillir, accompagné de ses trois fidèles amis depuis quatorze mois, les frères Azaitar, trois boxeurs allemands d’origine marocaine avec qui il passe le plus clair de son temps.

    Mohammed VI possédait déjà une vielle goélette retapée, El Boughaz 1, longue de 62 mètres, mais pour le vingtième anniversaire de sa montée sur le trône, il s’est offert un autre voilier encore plus long et bien plus moderne.

    Combien l’a-t-il payé ? L’hebdomadaire Tel Quel de Casablanca signale que son ancien propriétaire, le milliardaire américain Bill Duker, l’avait mis en vente pour 88 millions d’euros. On ne saura cependant pas son prix de vente car le palais royal ne communique pas sur ce sujet.

    Un yacht qui se loue jusqu’à 600 000 euros la semaine

    Pendant que Mohammed VI recevait ses invités à bord, son fils, le prince héritier, Moulay Hassan (16 ans), sa fille, Lalla Khadija (12 ans), et son ex-femme, Lalla Salma (41 ans), étaient eux aussi en vacances à l’autre bout de la Méditerranée, en mer Égée, d’après la presse grecque.

    De l’île de Skiathos, ils ont appareillé le 7 juillet pour une croisière de dix jours à bord du Serenity, un yacht de luxe dont la location coûte entre 550 000 et 600 000 euros la semaine, un chiffre donné également par la presse grecque et repris par certains médias marocains.

    Cet étalage de luxe maritime a coïncidé avec la divulgation de chiffres, en général tenus secrets, sur la montée en puissance de l’émigration clandestine marocaine par mer vers l’Espagne.

    Au cours de l’année 2018, les Marocains ont représenté un peu moins de 22 % des 57 498 harragas (sans papiers) arrivés à bord de 2 109 rafiots sur les côtes espagnoles.

    Au cours du premier semestre 2019, le nombre total d’immigrés irréguliers a certes baissé (- 27 %), mais la proportion de Marocains a grimpé jusqu’à 29,9 %. Au moins de mai, ils ont même atteint un pourcentage record (48,08 %).

    Ces statistiques ne figurent pas sur le site du ministère de l’Intérieur espagnol, qui se refuse à donner un décompte des arrivées par nationalité pour ne pas froisser les autorités à Rabat en pointant du doigt l’épidémie migratoire dont souffre le Maroc.

    Mais Madrid communique les données qu’elle recueille à des organismes comme Frontex (l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières) qui, à son tour, les transmet à la Commission européenne. Ils figurent donc dans un rapport du Service européen pour l’action extérieure daté du 9 juillet.

    Ces statistiques ne prennent en compte qu’une partie du phénomène migratoire marocain. Quand les immigrés subsahariens posent le pied sur les plages andalouses, ils cherchent à se faire prendre, sachant qu’ils vont être logés et nourris pendant près de deux mois et que leurs chances de se faire expulser sont minimes.

    Il en va tout autrement des Marocains et des Algériens dont 36 % et 32 % des harragas appréhendés à leur arrivée ont été rapatriés en 2018. Une fois débarqués, ils cherchent donc à tout prix à passer entre les mailles du filet des forces de sécurité espagnoles. Combien sont-ils à y parvenir ?

    À ceux-là s’ajoutent ceux qui rentrent légalement en Espagne mais qui y restent de façon irrégulière une fois leurs économies expirées.

    À peu près 17 % des 15 000 saisonnières marocaines embauchées en 2017 pour la cueillette des fraises dans la province de Huelva (sud-ouest) ne sont pas rentrées au pays, selon une enquête de l’agence de presse espagnole EFE. Revenir chez soi était pourtant une condition indispensable pour toucher une partie du salaire qui leur est retenu jusqu’à leur retour.

    L’Espagne est certes la principale porte d’entrée des Marocains en Europe, mais elle n’est pas la seule. « Les émigrés marocains arrivant en Libye confirment que la route aérienne du Maroc vers l’Algérie et, ensuite, vers la Libye, en traversant la frontière terrestre, reste active », signale le rapport européen. Pour les clandestins qui veulent rejoindre l’Europe, la Libye est cependant devenue un cul de sac.

    Un changement politique rapide dans leur pays

    Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Marocains soient de plus en plus nombreux à quitter le royaume. Le baromètre du monde arabe publié par la BBC fin juin indique que 44 % d’entre eux souhaitent émigrer – 17 % de plus qu’il y a trois ans – mais ce pourcentage grimpe jusqu’à 70 % quand la question est posée aux moins de 30 ans. Les Marocains étaient aussi, parmi les Arabes, ceux qui souhaitaient en plus grand nombre (49 %) un changement politique rapide dans leur pays.

    Si les autorités marocaines cherchent à endiguer, surtout depuis février, l’émigration des subsahariens vers l’Europe, elles ne montrent pas le même empressement quand il s’agit de leurs propres citoyens. Les statistiques espagnoles le démontrent, mais aussi les témoignages de certains harragas, surtout des Rifains, qui racontent souvent aux officiers de police qui les interrogent à quel point il leur a été facile de partir par la mer.

    Au ministère de l’Intérieur à Rabat, on doit sans doute tenir le raisonnement suivant : moins les jeunes contestataires resteront au Rif, plus la région la plus frondeuse sera tranquille. C’est dans la baie d’Al Hoceima, la capitale du Rif, que le Badis 1 mouille, avec le roi à bord, depuis la nuit du mercredi.

    « Est-ce qu’après le Soudan et l’Algérie, la prochaine révolte aura lieu au Maroc ? », se demandait la BBC en analysant les résultats marocains de son sondage sur le monde arabe. La question est plus que jamais d’actualité après l’étalage de luxe maritime à M’diq et en mer Égée pendant que d’autres Marocains traversent cette même mer sur des barques de fortune.

    Un peu plus de 200 clandestins, en majorité subsahariens mais aussi quelques Marocains, se sont déjà noyés cette année sur le chemin de l’Espagne d’après Frontex.

    La presse marocaine est discrète sur l’ostentation de la famille royale, quand elle ne l’ignore pas complètement. Elle ne traite presque pas non plus le phénomène migratoire. Les réseaux sociaux foisonnent, en revanche, de commentaires scandalisés qui versent parfois dans l’insulte. Les plus prudents comparent simplement le prix supposé du voilier avec certaines parties du budget de la santé publique ou de l’éducation au Maroc.

    L’image de la monarchie en prend encore un coup, comme ce fut le cas lors des longs séjours du roi à l’étranger ou durant l’épisode de la montre à plus d’un million de dollars que le roi afficha à la fin de l’été dernier. Est-ce suffisant pour que le Maroc suive le chemin du Soudan ou de l’Algérie ? Difficile à dire, même si bon nombre de Marocains vivent depuis février les yeux rivés sur ce qui se passe chez leur voisin de l’est.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Ignacio Cembrero

    Ignacio Cembrero est un ancien journaliste des quotidiens espagnols El País et El Mundo pour lesquels il a couvert le Maghreb entre 1999 et 2016. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres sur les relations entre l’Espagne et le Maroc et sur l’immigration musulmane en Espagne. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @icembrero

    Middle East Eye, Samedi 20 juillet 2019

    Tags : Maroc, migration, Mohammed VI, Lalla Salma, yacht, luxe,

  • Maroc : une experte de l’ONU appelle à agir pour lutter contre la discrimination raciale

    Le Royaume du Maroc doit mettre en œuvre un plan global pour s’acquitter de ses obligations d’éliminer la discrimination et de parvenir à l’égalité raciale, a déclaré lundi l’experte de l’ONU sur le racisme et les droits humains.

    Dans un rapport adressé au Conseil des droits de l’homme, la Rapporteure spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, E. Tendayi Achiume a indiqué que les engagements du Maroc en matière de droit international relatif aux droits de l’homme et les dispositions constitutionnelles louables resteront lettre morte en l’absence de l’application par le gouvernement d’un cadre juridique et politique national.

    Mme Achiume a loué la Constitution du gouvernement marocain de 2011 pour sa « vision d’une société diverse mais unifiée, où tous pourront jouir pleinement des droits de l’homme et d’une pleine appartenance politique et sociale. ». Mais c’est « une vision que le gouvernement du Maroc – comme tous les autres gouvernements – doit continuellement s’astreindre à mettre en œuvre », a-t-elle prévenu.

    « L’égalité en droit n’assure pas l’égalité de fait », a rappelé la Rapporteure Spéciale. « Des défis majeurs persistent et un travail important reste à faire afin d’assurer l’égalité raciale et le droit de chacun à la non-discrimination raciale. ».

    Selon Mme Achiume, l’absence d’un cadre global de lutte contre le racisme entrave l’exercice des droits de l’homme au Maroc. « Contrairement aux recommandations formulées par diverses parties prenantes internationales et nationales, le Maroc ne dispose pas d’une législation complète contre la discrimination ou d’une loi spécifique interdisant la discrimination raciale », a-t-elle déploré.

    Cet échec et l’absence d’un plan d’action national de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ont privé les acteurs gouvernementaux à tous les niveaux des orientations dont ils avaient grand besoin.

    Une nouvelle loi ou des amendements à la législation pour mettre en œuvre le cadre d’égalité raciale

    La Rapporteure spéciale estime que « l’adoption d’une nouvelle loi, ou des amendements de la législation existante, sont d’une nécessité urgente afin de mettre en œuvre pleinement le cadre d’égalité raciale contenu dans la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ».

    Pour l’experte des Nations Unies, la discrimination persistante à l’encontre des communautés Amazigh souligne davantage les carences légales. Selon elle, ces groupes autochtones sont victimes de discrimination, de l’exclusion structurelle et des stéréotypes racistes du fait de leur langue et de leur la culture.

    « Les femmes Amazigh ont signalé qu’elles faisaient face à des formes multiples et intersectionnelles de discrimination en raison de leur genre et de leur identité Amazigh », a précisé Mme Achiume.

    La Rapporteure spéciale a appelé Rabat à « garantir immédiatement » aux individus avec un héritage Amazigh la jouissance de leurs droits, notamment l’égalité d’accès à la justice, la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de réunion pacifique et d’association, ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels. Elle a également soutenu une adoption immédiate de la loi organique nécessaire à la mise en œuvre de l’article 5 de la Constitution marocaine, relatif au statut de langue officielle de la langue Amazigh.

    Mettre fin aux discriminations raciales a l’encontre des migrants et réfugiés
    Davantage de réformes sont aussi nécessaires afin d’assurer aux migrants et aux réfugiés le droit à l’égalité raciale et le droit à la non-discrimination raciale, estime l’experte onusienne. « Même si la loi et les politiques nationales garantissent un échantillon de droits aux migrants et aux réfugiés sur une base égale dans tous ces contextes, les violations persistantes des droits et la discrimination restent un obstacle clé à l’intégration », a-t-elle expliqué.

    « Certains migrants et réfugiés, notamment ceux d’origine noire, sub-saharienne, ont rapporté des incidents de racisme et de stéréotypage xénophobe lors de l’accès aux soins, au logement, à l’éducation, à l’emploi et dans d’autres secteurs », a-t-elle précisé.

    Mme Achiume a également émis des inquiétudes concernant des informations reçues sur des déplacements forcés, des évictions, et des profilages raciaux et d’autres formes de discrimination contre les populations migrantes et réfugiées.

    Le rapport de la Rapporteure spéciale a félicité le Maroc pour son leadership et les « avancées spectaculaires des droits des migrants et réfugiés » et a ajouté qu’elle se réjouissait de la « volonté politique » et des « engagements louables » du gouvernement dans la protection et l’intégration de ces populations vulnérables.

    « L’Europe doit prendre des mesures proactives afin de créer des voies légales de migration »

    L’experte onusienne a également loué le rejet par le gouvernement des tentatives de l’Union européenne de créer des centres offshores de procédures d’asile ou de « débarquement régional » sur le territoire marocain.

    Mme Achiume a encouragé le Maroc à mettre fin à toutes les politiques d’immigration qui causent de graves violations des droits de l’homme, y compris dans les forêts du nord et dans les autres régions proches des frontières européennes.

    « Parallèlement, les acteurs régionaux et internationaux, en particulier l’Union européenne et ses Etats membres, doivent reconnaitre leur responsabilité dans le rôle qu’ils doivent prendre pour garantir les droits humains des migrants au Maroc », a dit la Rapporteure spéciale.

    « L’Europe doit prendre des mesures proactives afin de créer des voies légales de migration, y compris pour les Marocains et autres migrants africains qui souhaitent émigrer », a-t-elle ajouté, soulignant que les organisations internationales, « y compris l’Organisation Mondiale pour les Migrations (OIM) », doivent faire en sorte que les droits de l’homme soient au cœur de leur travail national et local, avec les migrants réguliers et irréguliers.

    NOTE :

    Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des « procédures spéciales » du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.

    Tags : Maroc, racisme, migration, subsahariens, E. Tendayi Achiume, discrimination raciale, xénophobie, intolérance,

  • Carola Rackete, le symbole de la dignité,

    Un tribunal d’Agrigente a levé l’assignation à résidence de Carola Rackete, la capitaine allemande arrêtée ce week-end à Lampedusa après avoir accosté de force avec 41 migrants.

    Une juge italienne s’est prononcée, mardi 2 juillet, en faveur de la libération de Carola Rackete, la capitaine allemande du navire humanitaire Sea-Watch 3 arrêtée samedi pour avoir accosté de force dans la petite île de Lampedusa avec quarante et un migrants à bord.

    La juge chargée de l’enquête préliminaire a en effet indiqué aux médias italiens qu’un décret italien sur la sécurité n’était « pas applicable aux actions de sauvetage ».

    Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, qui a vivement déploré la décision de la magistrature italienne, a précisé que la capitaine allemande allait faire l’objet d’une mesure d’expulsion vers l’Allemagne, car elle est « dangereuse pour la sécurité nationale ».

    La mesure d’éloignement du territoire italien, avec accompagnement à la frontière, doit encore être confirmée par les autorités judiciaires, a-t-il précisé.« Elle retournera dans son Allemagne, où ils ne seraient pas aussi tolérants avec une Italienne si elle devait attenter à la vie de policiers allemands », a commenté celui qui est aussi vice-premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite). « L’Italie a relevé la tête : nous sommes fiers de défendre notre pays et d’être différents des autres petits leadeurs européens qui pensent pouvoir encore nous traiter comme leur colonie », a-t-il ajouté.

    DÉFENSE DES DROITS DE L’HOMME

    L’ONG Sea-Watch a, pour sa part, exprimé son soulagement dans un tweet : « Nous sommes soulagés que notre capitaine soit libre ! Il n’y avait aucune raison de l’arrêter, car elle était engagée dans la défense des droits de l’homme en Méditerranée et prenait ses responsabilités là où aucun gouvernement européen ne le faisait. »

    L’Allemande de 31 ans avait été arrêtée dans la nuit de vendredi à samedi, placée samedi matin aux arrêts domiciliaires à Lampedusa, puis transférée lundi matin à Agrigente, la ville de Sicile dont dépend la petite île italienne. Lundi, elle avait été entendue pendant trois heures par la juge chargée de vérifier la validité de son arrestation.

    Tags : Italie, migration, subsahariens, ONG, Sea Watch, Carola Rackete, Mateo Salvini,

  • L’honneur de désobéir : Carola Rackete, capitaine du Sea-Watch 3

    Gad Lerner

    Cette fois, Salvini se retrouve face à un os dur : Carola Rackete

    On en vient à se demander : mais que pensera la mère de Salvini de son fils? Quand, face à ce qui, quoiqu’on on en pense, reste un drame humain, son Matteo écrit : « Personne ne débarque, ils m’ont cassé les couilles. Que cette petite frimeuse se le tienne pour dit ».

    Face à cette énième exhibition génitale viriloïde pour égratigner la Capitaine du Sea-Watch 3, Carola Rackete, qui, elle, est prête à prendre un risque réel, cette jeune femme redonne à Salvini sa vraie dimension, celle d’un tout petit capitaine. Petite frimeuse ? On n’a pas plutôt affaire à un ministre matamore de café du commerce ?

    Comme dans les jeux vidéo dont il se délecte en pleine nuit, le reponsable de l’ordre public singe la parodie de la défense des frontières nationales en bloquant un bateau de 50 mètres de long avec 42 naufragés à son bord. Et puis il menace d’ériger des barrières physiques (flottantes ?) à l’imitation de ses modèles Orbán et Trump, ou au contraire (ce serait déjà mieux) d’arrêter d’identifier et d’enregistrer les migrants à leur débarquement, pour qu’ils puissent continuer leur voyage vers l’Europe du Nord, d’où, ce faisant, ils ne pourraient plus être renvoyés de force en Italie.

    Mettant le chapelet d’ordonnance dans sa poche, Salvini demande « le respect pour les prêtres » et se moque de l’archevêque de Turin, Cesare Nosiglia, coupable d’avoir offert l’hospitalité aux 42 naufragés ; il lui envoie dire qu’il utilise ses ressources pour 42 pauvres Italiens car de toute façon ceux-là (les migrants) ne débarquroent même pas à Noël.

    Oui, on se demande, sans vouloir lui manquer de respect, ce que la mère de Salvini pense dans son cœur de ce fils qui se réjouit de l’exhibition publique des moqueries et des méchancetés sur des gens qui souffrent. Notre ministre de la propagande est convaincu, à tort, que ceux qui applaudissent en ricanant à ses bravades sur les réseaux sociaux, représentent le sentiment commun de la nation. Il fait mal ses comptes.

    Même si nous admettons que les 9 millions de votes liguistes – ainsi que ceux des Frères d’Italie et une partie des berlusconiens – vivent comme une libération l’indifférence envers les rescapés des camps de prisonniers libyens, ce n’est également qu’une minorité en colère d’un pays de 60 millions d’habitants qui reste bien meilleur que l’image qu’en donne Salvini chaque soir sur les écrans de télévision.

    Il devra faire face à une Italie certainement intimidée, réduite au silence par l’acharnement avec lequel viennent liquidées les figures de référence qui prêchent l’humanitarisme et la solidarité, une Italie qui vit dans l’inconfort croissant la spirale de la violence verbale et du cynisme.

    La fable selon laquelle ceux qui pratiquent le sauvetage en mer sont « complices de trafiquants d’êtres humains », est un poison répandu depuis des années sans une seule preuve contre les ONG. Les complices des trafiquants d’êtres humains sont les hommes politiques de toutes les couleurs qui, à partir de la loi Bossi-Fini, qui interdit toute forme d’immigration légale, ont accordé aux organisations criminelles un monopole sur ces routes.

    Les complices des trafiquants d’êtres humains sont les dirigeants qui ont révoqué le patrouillage des eaux internationales par notre marine. Complicité d’autant plus odieuse qu’ ils prétendent l’avoir fait pour le bien des migrants qui meurent de plus en plus de soif et de faim, au lieu de se noyer, déchargés sur les pistes du Sahel et du Sahara, ou asservis dans des camps de concentration sous la garde des mêmes trafiquants.

    « Je suis responsable des 42 personnes sauvées en mer et elles n’en peuvent plus. Leur vie est plus importante que tout jeu politique ».

    Cette fois, Salvini se retrouve face à un os dur : Carola Rackete. Il sera difficile de propager que la commandante du Sea-Watch 3 est un rouage de la finance mondialiste ennemie du peuple italien, ou peut-être une aventurière bolchevique. La désobéissance civile par laquelle la capitaine a décidé de défier le tout petit capitaine et son décret de sécurité bis qui criminalise le sauvetage en mer, est la forme la plus classique d’hommage à la légalité substantielle, fondée sur le respect des règles internationales consacrées par le droit de la mer. Salvini prétend ne pas le savoir, mais pendant des semaines devant le port tunisien de Zarzis, le remorqueur Maridive 61 a été bloqué par les autorités locales avec 75 migrants à son bord, avant d’être autorisé à les débarquer.

    On est loin de « la Tunisie endroit sûr pour débarquer ». Quelqu’un croit-il vraiment que le problème des migrants sera résolu en les renvoyant en Afrique ? Bien sûr, il est vrai que le gouvernement jaune et vert a beau jeu de rappeler des manquements coupables des autres pays de l’UE, mais depuis quand les manquements des autres peuvent-ils justifier les nôtres ?

    Carola Rackete est une citoyenne européenne qui tente courageusement, à ses propres risques, de racheter le déshonneur des gouvernants de l’Union. De nous tous. Il faut le rappeler aux dirigeants du Parti démocrate qui se précipitent aujourd’hui à Lampedusa, mais dont le dernier gouvernement a inauguré l’œuvre de dénigrement des ONG qui a produit les dégâts qui font aujourd’hui l’objet de leur répulsion morale. Il y a des valeurs indérogeables : une jeune femme capable d’écouter les voix de ceux qui souffrent, a dû venir nous le rappeler, en pleine mer.

    Tlaxcala

    Tags : Carola, Rackete, Italie, Allemagne, migration, Sea Watch,

  • El Atlántico : el otro cementerio de los saharauis

    El joven rapero Said Allili tenía una beca para estudiar en Canadá y estaba esperando obtener el visado. Por eso, la noticia de su muerte ahogado en las aguas del Atlántico saharaui fue más que sorprendente. Inmediatamente, la mayoría pensó que se trata de una venganza del Majzen marroquí. Allilli fue recientemente la estrella de un documental sobre el Sáhara occidental y el tinte nacionalista de su música era muy popular y motivo de inspiración para muchos jóvenes.

    Nadie se imaginaba que algún día se encontrarían con su cuerpo tirado sobre las arenas doradas de la bella ciudad de Dajla, la capital de la región de Río.

    De la noche a la mañana, la playa que los marroquíes quieren presentar como un paraíso para el surfing se convirtió en un cementerio para un grupo de saharauis que no se sabe cómo decidieron aventurarse hacia lo desconocido. Entre ellos, une mujer con su bebé entre brazos. Se llamaba « Amal », palabra árabe que significa esperanza. Tenía la esperanza de llegar a Canarias y soñaba con una vida nueva en la otra orilla a la que nunca llegará. Una vida en la que se le miraría como un ser humano en la que garantizaría un avenir respetable para su hijo.

    Su sueño y el de todos los tripulantes de esa embarcación de fortuna fue abortado por las olas del mar y el viento que soplaba con fuerza sacudiendo violentamente la barcaza en la que habían embarcado.

    De esta manera, el Atlántico se convirtió en un agente al servicio de Marruecos cuya misión es ejecutar la pena de muerte a todos aquellos jóvenes que rechazan resignarse frente a la ocupación.

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, Said Allili, migration,

  • Maroc : Dans les forêts de Nador, les migrants vers l’Europe soumis à la loi de la jungle

    Violences, vols, arrestations à caractère raciste par la police. Dans les 15 camps installés autour de Sebta (Ceuta) et Melilla, les migrants à destination de l’Espagne sont de plus en plus exposés au chantage des trafiquants et aux politiques de sécurité qui garantissent au Royaume l’argent de l’UE. Reportage

    Une famille longe le mur frontalier entre le port de Beni Ensar et Melilla. Photo Lorenzo De Blasio

    Aux premières lueurs de l’aube, le poste frontière entre Beni Ensar et Melilla est rempli de travailleurs journaliers qui font la queue pour se rendre dans l’enclave espagnole et gagner quelques dirhams de plus que le salaire offert au Maroc. Ils sont accompagnés par des centaines de femmes qui se rendent en Europe pour faire le plein de produits destinés à être revendus dans les épiceries locales à un prix plus élevé. Ce sont les habitants de la province de Nador, les seuls avec ceux de Tétouan qui sont autorisés à se rendre dans les énclaves voisines de Melilla et Sebta sans passeport. Pour tous les autres, Marocains et migrants de pays tiers, franchir les quatre barrières qui délimitent la frontière est la seule alternative à la traversée de la mer d’Alboran pour rejoindre l’Europe.

    La MILITARISATION de la frontière – le long de laquelle tous les 50 mètres alternent entre les barbelés, les caméras et les capteurs nocturnes, les guérites marocaines et les tours de guet espagnoles – a rendu le passage par voie terrestre de plus en plus difficile, ce qui a fait augmenter le nombre de départs par mer et de morts de ceux qui tentent de la traverser, avec une croissance exponentielle des vols et violences contre les migrants.

    C’est ce que dénonce dans son rapport annuel l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (Amdh) de Nador, qui s’engage depuis des années dans la détection et la lutte contre la violence qui sévit dans les 15 camps situés dans la forêt qui entoure la ville frontalière, et où environ 3 000 personnes en transit trouvent refuge.

    « Depuis 2015, année de l’installation de la quatrième barrière de barbelés du côté marocain de la frontière, les tentatives de passage par voie terrestre – qui se déroulaient de manière autoorganisée et spontanée – ont été considérablement réduites en faveur de celles par voie maritime, organisées presque entièrement par des trafiquants qui demandent aux migrants des sommes pouvant atteindre 5 000 euros. Ce changement a attiré beaucoup de criminalité dans la forêt, car les migrants ne sont plus considérés aujourd’hui comme des gueux démunis, mais comme une cible facile pour des vols et des extorsions », dit Omar Naji, déclarant qu’en 2018 il y a eu une augmentation spectaculaire des attaques contre les migrants. De 40 en 2015, on est passé à 90 en 2016, 92 en 2017 et 340 en 2018.

    Selon l’AMDH, les nouvelles politiques « ont favorisé la transition vers une migration payante en permettant la croissance d’un réseau de trafiquants qui bénéficient de ce nouveau marché, faisant du droit à la libre circulation un bien à acheter ». C’est pour cette raison, poursuit Naji, que « nous avons dénoncé à plusieurs reprises ces organisations, en fournissant aux autorités des photos, des noms et des numéros de téléphone des trafiquants opérant dans la région, contribuant à une série d’arrestations qui n’ont en aucune façon affecté les organisations qui dirigent leur trafic en toute discrétion depuis Rabat, Casablanca et Tanger ».

    Comme si cela ne suffisait pas, les migrants sont en même temps victimes d’incursions répétées des forces auxiliaires et de la gendarmerie royale dans les camps, victimes d’épisodes répétés de profilage racial, d’arrestations effectuées sur la base de la couleur de la peau. Le dernier épisode à ce sujet a été dénoncé par l’ONG Droit et Justice le 20 juin, lorsqu’un membre d’origine guinéenne de l’ONG a été arrêté alors qu’il était en possession d’une carte de séjour valide.

    Selon l’Amdh, ce type d’arrestation n’est pas le seul abus de pouvoir de la police, puisque les arrestations effectuées ne sont jamais notifiées aux personnes directement concernées, ce qui va à l’encontre des dispositions de l’article 23 de la loi 02/03, selon lequel « qui fait l’objet d’une décision d’expulsion à la frontière peut, dans les 48 heures suivant sa notification, demander son annulation » et empêche ainsi les destinataires de la mesure de former un véritable recours. Cette situation est d’autant plus grave si les personnes concernées sont des femmes enceintes ou mineures, qui sont également victimes d’arrestations et d’expulsions aux frontières, alors que l’article 28 dispose explicitement qu’ « aucune femme enceinte ou mineure ne peut être reconduite à la frontière pour expulsion ».

    Mais ce ne sont pas ces informations qui parviennent en Europe, pour laquelle le Maroc reste un partenaire fiable dans la gestion du dossier migratoire.

    Les chiffres que le Royaume envoie chaque année à Bruxelles pour justifier les fonds investis dans la soi-disant prévention de la migration irrégulière en sont la preuve. Il importe peu que ces chiffres ne reflètent pas pleinement la réalité : sur les 89 000 arrestations déclarées par Rabat en 2018, 9 000 (et 700 expulsions) ont eu lieu à Nador seulement, alors que seuls 3 000 migrants étaient présents dans la province.

    CE MYSTÈRE S’EXPLIQUE RAPIDEMENT : de nombreuses personnes sont arrêtées et déportées jusqu’à 6 fois en un an, puis retournent ponctuellement dans le nord du pays en attendant de tenter à nouveau la traversée. « Quelle est l’utilité de ces refoulements « , se demande Omar Naji, concluant qu’il s’agit de « mesures cosmétiques qui servent à justifier auprès de l’UE le montant élevé des financements versés annuellement » et expliquant comment cette situation permet au Maroc de continuer à jouer le rôle du gendarme qui veille avec succès à la sécurité à la frontière Sud-Ouest de l’Union européenne. Une fois de plus, ce sont les migrants qui en font les frais.

    Ouvrir le rapport (in arabe et en français)

    Source : Tlaxcala, 28 juin 2019

    Tags : Maroc, migration, subsahariens, racisme, discrimination,

  • L’honneur de désobéir : Carola Rackete, capitaine du Sea-Watch 3

    Par Gad Lerner, Traduit par Fausto Giudice

    Cette fois, Salvini se retrouve face à un os dur : Carola Rackete

    On en vient à se demander : mais que pensera la mère de Salvini de son fils? Quand, face à ce qui, quoiqu’on on en pense, reste un drame humain, son Matteo écrit : « Personne ne débarque, ils m’ont cassé les couilles. Que cette petite frimeuse se le tienne pour dit ».

    Face à cette énième exhibition génitale viriloïde pour égratigner la Capitaine du Sea-Watch 3, Carola Rackete, qui, elle, est prête à prendre un risque réel, cette jeune femme redonne à Salvini sa vraie dimension, celle d’un tout petit capitaine. Petite frimeuse ? On n’a pas plutôt affaire à un ministre matamore de café du commerce ?

    Source: Tlaxcala

    Tags : Migration, Carola Rackete, Italie, Salvini, extrême droite,