Étiquette : MINURSO

  • Maroc : Qui se souvient encore du hacker Chris Coleman?

    Le « Wikileaks marocain » qui secoue le Makhzen

    En octobre 2014, un « Julian Assange » marocain a réussi à mettre sens dessus dessous les autorités du pays, en mettant en ligne sur Twitter les secrets du Makhzen.

    Les révélations de celui qui se fait appeler Chris Coleman, ou le Wikileaks marocain, mettent le Makhzen dans l’embarras, selon des médias européens.

    La publication de câbles de la diplomatie marocaine et de mails des renseignements marocains, la Direction générale des études et de la documentation (DGED), diffusés via Twitter et Facebook, ont révélé que des journalistes français, des think-tanks français, italiens et américains ont été instrumentalisés par le Maroc, moyennant des payements sonnants et trébuchants.

    Ces derniers produisent des articles et des analyses favorables aux thèses du Maroc et préjudiciables à l’Algérie et au Front Polisario, le mouvement de libération reconnu par l’ONU comme seul et unique représentant du peuple sahraoui, une réalité que les marocains, poussés par leur excès d’ambition, rêvent de lui arracher ce titre.

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    Un journaliste du New York Times confirme l’authenticité des documents

    Le journaliste Nick Kristof, un journaliste du New York Times, a confirmé l’authenticité des documents «confidentiels» publiés par le hacker marocain qui se fait appeler «Chris Coleman», dévoilant le vaste complot marocain contre l’ Algérie et les tentatives de corrompre des diplomates occidentaux dans le dossier du Sahara occidental.

    Dans un e-mail envoyé le 7 juin 2011, Aziz Mekouar, ancien ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, annonce à Taïeb Fassi Fihri, MAE à l’époque, que le journaliste du New York Times, Nick Kristof, se rendra au Maroc le 16 juin et qu’il «souhaite interviewer une importante personnalité marocaine».

    «Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire savoir si M. le ministre Fassi Fihri pourrait accorder une interview à M. Kristof. Il souhaiterait également rencontrer des mourchidate», a-t-il ajouté dans le même message pour ensuite rappeler qu’il «s’agit d’un journaliste important qui avait fait référence il y a quelques mois à l’affaire du Sahara en parlant de double standards», en soulignant que l’on critiquait Israël alors que le Maroc occupait le Sahara depuis 35 ans et puisait dans ses ressources. J’avais alors répondu et ma réponse avait été publiée dans le New York Times.

    Les groupes pro-Polisario avaient envoyé une lettre à la suite de la mienne qui n’a pas été publiée. Depuis, nous avons pris contact avec Kristof notamment par l’intermédiaire de notre entreprise de relations publiques (Keith Zakheim). Il a écrit par la suite que Bahrein devait s’inspirer du Maroc pour résoudre ses problèmes».

    Nick Kristof a confirmé les faits dans un commentaire publié sur Twitter. «Oui, je me rappelle cette visite. J’espérais interviewer le roi. Je n’ai eu aucune interview», dit-il. Cette confirmation vient mettre davantage mal à l’aise la diplomatie marocaine qui, faut-il le noter, n’a pas démenti l’authenticité des documents publiés par le «Julian Assange marocain» et qui, rappelle-t-on, font état de tentatives marocaines de corrompre des diplomates occidentaux pour mener une cabale contre l’Algérie.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, Chris Coleman, Nick Kristof,

  • Sahara occidental : La lancinante attente d’un nouveau médiateur onusien

    Le conflit du Sahara occidental attend toujours son médiateur onusien. Depuis la démission de l’envoyé personnel du secrétaire général, Horst Köhler, en mai 2019, les parties belligérantes, Maroc et Front Polisario surtout, attendent toujours son successeur.

    Avec son départ, ce conflit aura consommé quatre médiateurs après les Américains James Baker et Christopher Ross et le néerlandais Peter Van Walsum. Face à cette situation, qui s’explique par la position du Maroc qui refuse toute discussion de la question de l’autodétermination pourtant inscrite dans les différentes résolutions onusiennes et le droit international, le Polisario met l’ONU devant ses responsabilités. En octobre, et après s’être plaint du retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental, le Polisario avait condamné les «conditions imposées» par le Maroc dans l’opération de désignation d’un remplaçant à Horst Köhler.

    Dans une lettre adressée au secrétaire général Antonio Guterres, il a assuré que le mouvement «n’acceptera pas ( ) que le processus de paix sous l’égide des Nations unies, y compris la désignation du nouvel envoyé personnel du secrétaire général, soit otage des conditions préalables du Maroc, qui rejette la légalité internationale». Jeudi dernier, lors des festivités du 44e anniversaire de la création du Polisario, son secrétaire général et président de la RASD a déploré que «le retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel a paralysé le processus politique». Il a réitéré son appel aux Nations unies et au Conseil de sécurité à «assumer l’entière responsabilité» pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.

    A Smara, dans les camps de réfugiés sahraouis, Brahim Ghali a réitéré que «le Front populaire de libération de la Seguia El Hamra et de Rio de Oro (Polisario) ne pouvait être impliqué dans aucun effort qui ne respecte pas pleinement les droits sacrés du peuple sahraoui à l’autodétermination, comme tous les peuples et pays coloniaux». Il a ajouté que «le peuple sahraoui est déterminé à défendre ses droits légitimes par tous les moyens garantis par la légitimité internationale», appelant la communauté internationale à «assumer ses responsabilités» face à la poursuite des provocations de l’occupant marocain qui pourraient conduire, a-t-il dit, «à une confrontation militaire».

    Il a encore exhorté l’ONU à «exercer la pression nécessaire pour appliquer immédiatement la Charte et les résolutions des Nations unies» en tête desquelles l’indépendance des pays colonisés, et à permettre à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) d’«accomplir la tâche pour laquelle elle a été créée». «Il est temps de mettre fin aux souffrances du peuple sahraoui qui a fait preuve de beaucoup de patience et de persévérance», a-t-il dit dans le même contexte.

    «Ne pas jeter l’huile sur le feu»

    Dans ce contexte, marqué également par une rude concurrence politique et diplomatique en Afrique et dans le monde entre le Polisario et le Maroc, ressurgit à nouveau le contentieux algéro-marocain avec son cortège de déclarations, de piques et de polémiques.

    Les plus récentes ont concerné l’ouverture de bureaux consulaires de pays africains à Laâyoune dans les territoires sahraouis sous domination marocaine. S’élevant contre ces bureaux, l’Algérie, qui défend le droit à la décolonisation et à l’autodétermination en cohérence avec
    les résolutions onusiennes, s’est vue critiquer par le Maroc qui l’a accusé par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nacer Bourita de faire du Sahara occidental sa «première cause nationale». Pour répondre à cette accusation, le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum a déclaré que l’Algérie s’attache à «ne pas jeter l’huile sur le feu, notamment lorsqu’il s’agit de ses rapports avec le Maroc, pays frère».

    «Nous n’avons jamais tenu de propos inappropriés concernant le Maroc et le peuple marocain. Nous établissons nos relations sur l’avenir et non sur les insultes et le langage inconvenant», a affirmé M. Boukadoum. «Il existe des résolutions onusiennes claires et une loi internationale concernant la question du Sahara occidental, membre fondateur de l’Union africaine (UA). La position de l’Algérie est constante. Nous n’allons pas avoir des propos désobligeants à l’égard de nos frères marocains», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, ajoutant que les campagnes médiatiques menées contre l’Algérie «sont fomentées».

    Evoquant les pays ayant ouvert des consulats à Laayoune, il a fait savoir qu’il aurait aimé voir ces pays ouvrir des consulats dans la capitale marocaine, Rabat, au lieu de les ouvrir dans une région où «ils n’ont ni ressortissants ni intérêt».

    ReportersDZ, 2 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental Front Polisario, ONU, MINURSO, Maroc, envoyé personnel,

  • L’inefficacité de la MINURSO et la complicité des USA et de la France dans la poursuite de l’occupation marocaine du Sahara occidental

    Je me suis senti terriblement déçu de l’adoption « unanime » (2 abstentions : la L’inefficacité de la MINURSO et la complicité des États-Unis et de la France

    Texte de la lettre envoyée à tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le 2/11/2019, au sujet de la Résolution 2494 (2019) concernant le Sahara occidental

    À L’ATTENTION DE MM. L’AMBASSADRICE, M. L’AMBASSADEUR MEMBRE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU

    Avec tout mon respect :

    Je me suis senti terriblement déçu de l’adoption « unanime » (2 abstentions : la Russie et l’Afrique du Sud, fort heureusement) de la récente Résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara occidental.

    Le fait qu’il n’y ait à ce jour aucun représentant spécial ou personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental ne peut servir de justification ou d’alibi pour une résolution-farce. Cela fait maintenant 44 ans que le Maroc a envahi le Sahara occidental. Et ce, sans résultats justes et efficaces de la part du Conseil de sécurité. Beaucoup de discours, mais rien n’a changé : le statu quo favorable au Maroc et aux intérêts qui soutiennent cet État envahisseur, maître chanteur, corrupteur et criminel, alors que le peuple sahraoui résiste en supportant la répression systématique et la spoliation de ses ressources de la part d’un État envahisseur — d’occupation — illégal, qui a enfreint en toute impunité toutes les règles du Droit international, tandis que vous, année après année, continuez de lire un papier qui ne sert à rien, si ce n’est à éviter de s’engager en faveur des principes de la Charte des Nations Unies et de la légalité internationale en vigueur, établie par ce même Conseil à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. En effet, il sert à maintenir l’occupation du Maroc, avec, immanquablement, toutes ses conséquences néfastes pour le peuple sahraoui et pour la paix et la sécurité dans la région, peut-être même dans d’autres lieux.

    Il ne fait aucun doute que le Conseil soit en mesure d’adopter des décisions correctes et opportunes, et ce, même en l’absence d’un envoyé spécial ou personnel du Secrétaire général.

    En tant que citoyens du monde nous estimons que le fait de laisser les choses en l’état pour contenter le Maroc, la France et, le cas échéant, les États-Unis, constitue une injustice terrible, une lâcheté sournoise, une cruauté impassible et une myopie absolue. Tandis que vous exercez la paralysie, le peuple sahraoui quant à lui souffre. Cela n’a-t-il aucune importance pour vous ? Dormez-vous tranquilles ?

    Nous sommes tous conscients que l’invasion est un subterfuge. La CIJ de La Haye a estimé que le Maroc ne détient aucun titre de souveraineté sur le territoire sahraoui du Sahara occidental, conformément aux principes et règles de l’ONU. Qu’attendez-vous pour imposer la loi ?

    Le Maroc est l’envahisseur, avec un potentiel de guerre impressionnant ; un État qui exerce un chantage sur l’Europe en envoyant des embarcations de migrants ou en s’opposant à la coopération judiciaire et antiterroriste, quand bon lui semble.

    La France porte une part de responsabilité et de culpabilité particulières dans cette situation et le maintien de l’occupation et son corollaire, la répression systématique et atroce.

    Les États-Unis, également. Rappelez-vous que ce fut Henry Kissinger qui donna le feu vert à l’invasion du Maroc à travers son fameux télégramme envoyé depuis le Liban. Et ensuite, Kissinger et le président Gerald Ford, lors d’une réunion dans le Bureau ovale, ont convenu de renvoyer l’affaire devant l’ONU pour, par la suite, éliminer l’exigence du référendum d’autodétermination, comme cela avait déjà été fait lors d’un cas précédent. Complicité, responsabilité et culpabilité des É.-U.

    Kissinger a trompé le président Gerald Ford ; et celui-ci s’est laissé duper (Jacob Mundy dans Le Monde diplomatique). Le président des États-Unis avait l’obligation de mieux s’informer, de façon appropriée. Mais c’était plus facile pour lui de « se laisser duper ». Vous êtes encore, ainsi que les É.-U, en mesure d’arrêter ce crime contre l’humanité ; mais cela ne vous intéresse pas, évidemment. L’ONU dispose de suffisamment d’instruments juridiques. Il s’agit de la plus haute autorité mondiale. Mais elle préfère « accoucher d’une souris », comme l’a dénoncé l’ambassadeur et vice-président de la MINURSO, Frank Rudy.

    Tous les envoyés spéciaux ou personnels « échouent » ou démissionnent en raison de l’impunité que vous accordez au Maroc et de la corruption et des chantages auxquels vous vous soumettez.

    Le Sahara occidental et son peuple éprouvé et meurtri sont utilisés comme monnaie d’échange dans les intérêts des gouvernements que vous représentez. La loi du plus fort, qui va totalement à l’encontre des principes établis dans la Charte des Nations Unies et la Résolution 1514, adoptée précisément pendant les années de la décolonisation. Nous sommes au XXIe siècle, et celui-ci est déjà bien avancé ! Cependant, nous devons encore lutter pour la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique. En effet, n’est-il pas vrai que le Maroc a exercé un chantage sur la Suède afin que celle-ci ne reconnaisse pas la RASD ? Et n’était-il pas aussi vrai qu’il a exercé un chantage sur le gouvernement français, en refusant pendant un an tout type de coopération judiciaire et antiterroriste ? Alors, qu’attendez-vous ? Plus de sang, plus de guerre, à nouveau ? D’après vous, que croyez-vous que vous êtes en train d’encourager à travers ces résolutions dilatoires et en prolongeant l’occupation jusqu’à ce que les Sahraouis cèdent et se rendent face au crime, au pouvoir, au chantage et à l’injustice ?

    Vous n’y parviendrez jamais, en dépit de toutes les lectures d’autant de papiers vains lors de la réunion du Conseil, avec une diplomatie archaïque, pusillanime et soumise. Et vous n’y parviendrez jamais — sans, en outre, risquer d’entraîner de graves conflits — car chaque jour de plus en plus de citoyens du monde, à travers le monde entier, s’unissent afin de vous exiger de vous tenir à votre propre légalité, que vous-mêmes ou vos prédécesseurs avez établie et qu’aujourd’hui vous n’osez pas appliquer.

    Pourquoi le Chapitre VII de la Charte des Nations unies a-t-il été appliqué lorsque l’Iraq a envahi le Koweït et que les dirigeants des États-Unis ont trompé le monde entier en présentant une salière pleine de poudre comme une arme de destruction massive dont l’inexistence a été ensuite prouvée ? Pourquoi ce Chapitre VII ne s’applique-t-il pas au Maroc ? Pourquoi cette politique ambivalente, cette duplicité, cette hypocrisie à l’égard des envahis, cette lâcheté et cette cruauté de vos résolutions injustes ?

    Comment pensez-vous parvenir à un « accord mutuellement acceptable » entre l’envahisseur-maître chanteur et l’envahi expulsé de sa terre et dépourvu de ses droits inaliénables ? Pourquoi ne pas appliquer le plan de paix adopté par les parties et par ce Conseil ? Comment pouvez-vous consentir que le Maroc puisse imposer ses conditions préalables, le fameux « plan d’autonomie » sous la souveraineté du Maroc, en violation de la Charte des Nations unies, la Charte de l’Union africaine, l’avis de la CIJ, les arrêts de la CJEU et les réclamations de la citoyenneté internationale consciente, qui aspire à un monde meilleur et qui, tout comme le peuple sahraoui, perd peu à peu la foi en l’ONU et son Conseil de sécurité ?
    Vous ne parlez que du plan du Maroc. Et jamais du plan du Front POLISARIO, représentant légitime du peuple sahraoui, un plan très généreux, également présenté en 2007 au Secrétaire général. Pourquoi ne l’analysez-vous pas ? N’avez-vous pas suffisamment de temps pour cela ? N’êtes-vous pas payés pour faire justice ? Qu’attendez-vous ? Que le Maroc persiste dans son obstination, en faisant démissionner les envoyés personnels ou spéciaux du Secrétaire général, et que le problème se poursuive éternellement, en démontrant au monde l’inefficacité de l’ONU/MINURSO ?

    Pourquoi la MINURSO est-elle la seule mission de paix sans compétences en matière de contrôle du respect des droits de l’homme ?

    Le cas du Timor oriental était similaire à celui du Sahara occidental.

    Beaucoup de sang a coulé, mais aujourd’hui c’est un pays libre et indépendant. Il est également vrai que le gouvernement portugais de l’époque en avait l’intention ; et, il y est parvenu. Ce qui n’est pas le cas des gouvernements espagnols successifs et hypocrites, dont l’État demeure la puissance administrante de jure du Sahara occidental et a une énorme dette historique, morale et politique envers le peuple sahraoui ; le seul peuple du Maghreb qui maintient l’espagnol comme seconde langue officielle et qui, en dépit des difficultés et obstacles rencontrés, et de toutes les trahisons, a bâti un État qui est un exemple pour l’Afrique et le monde.

    Ces réflexions et appels d’un citoyen espagnol, de l’UE et du monde devraient, d’une certaine manière, vous interpeller comme l’expression de nombreux citoyens du monde qui, comme moi, ressentent, pensent et sont convaincus : que la légalité internationale ne doit pas être une utopie.

    Mais pour tout vous dire, je ne vous fais pas confiance, je ne crois pas dans votre honnêteté indispensable ni que vous ayez la capacité suffisante pour suivre l’exemple et les recommandations qu’un homme aussi digne que Dag Hammarskjöld a faites aux fonctionnaires publics internationaux lorsqu’il dirigeait l’ONU. Et, à cet égard, j’estime être extrêmement proche de l’opinion qu’attache à cette affaire le peuple sahraoui et son représentant légitime, le Front POLISARIO, compte tenu de ce qu’il a affirmé à propos de la voie sans issue dans laquelle vous les avez entraînés :

    « En ne respectant pas son engagement de mettre fin au statu quo et exiger que le Maroc mette fin à son occupation illégale du Sahara occidental, le Conseil de sécurité a manqué une autre occasion d’empêcher l’effondrement du processus de paix de l’ONU.

    Face à l’échec répété du Secrétariat de l’ONU et du Conseil de sécurité à empêcher le Maroc d’imposer les termes du processus de paix et le rôle de l’ONU au Sahara occidental, le Front POLISARIO n’a d’autre choix que de reconsidérer sa participation dans l’ensemble du processus de paix.
    Le Front POLISARIO a toujours agi avec modération malgré la politique d’intransigeance, d’obstructionnisme et de chantage du Maroc. Au fil des ans, nous avons fait d’énormes concessions pour que le processus de paix de l’ONU progresse et réussisse.

    Cependant, l’incapacité du Conseil de sécurité à intervenir fermement face aux tentatives flagrantes du Maroc de transformer la MINURSO en un outil de normalisation de son occupation illégale de notre territoire national a miné l’intégrité et la crédibilité du processus de paix de l’ONU pour notre peuple. »

    Merci beaucoup de votre attention,

    Cordialement,

    Luis Portillo Pasqual del Riquelme (Espagne)

    Russie et l’Afrique du Sud, fort heureusement) de la récente Résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara occidental.

    Tlaxcala

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, France, Etats-Unis, Front Polisario,

  • Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    JACOB MUNDY, AU « MONDE DIPLOMATIQUE » : Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    Dans un long article paru dans l’édition anglophone du Monde Diplomatique du mois de janvier 2006, Jacob Mundy a démontré, en se basant sur des documents déclassifiés de l’administration américaine, que les Etats-Unis ont aidé le roi Hassan II à s’emparer du Sahara occidental.

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le rôle du gouvernement des USA lors de la crise d’octobre-novembre 1975 a été le sujet de beaucoup de spéculations, alors que peu de faits sont connus. Avec peu d’arguments, souvent circonstanciels, divers observateurs ont accusé les USA de toute une gamme d’attitudes, allant de la passivité à la complicité.

    Ces accusations de complicité n’étaient pas totalement infondées. Trois ans après la crise, le Parlement espagnol a enquêté sur l’affaire. Plusieurs fonctionnaires ont déclaré que la France et les USA avaient fait pression sur Madrid pour accéder aux demandes de Hassan II. Et le directeur adjoint de la CIA à l’époque, le lieutenant-général Vernon Walters, a laissé entendre qu’il était intervenu au nom des USA pendant la crise, déclaration reprise plus tard par d’autres sources dans le New York Times en 1981. Etant donné les étroites relations de Walters avec Hassan II, datant du débarquement allié à Casablanca, le journaliste Bob Woodward l’a décrit une fois comme l’agent personnel du monarque au sein de la CIA, écrit Jacob Mundy dans cet article paru dernièrement dans la dernière l’édition anglophone du Monde diplomatique.

    Selon Mundy, qui a repris des documents officiels de l’administration américaine ainsi que des déclarations de hautes personnalités, Hassan II aurait reçu le feu vert pour s’emparer du Sahara occidental durant l’été 75 lors d’une rencontre avec Henry Kissinger. Les documents officiels ne révéleront jamais toute la vérité tout était possible à cette époque, note-t-il en rapportant les propos de Richard Parker, ambassadeur des USA en Algérie durant cette période.

    Accord ou pas, l’administration Ford était au courant des velléités du Maroc de s’approprier le Sahara occidental dès le départ de l’occupant espagnol. Rappelons que le Maroc avait requis un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) portant sur l’existence de liens entre le Sahara occidental et le royaume du Maroc. Ce dernier a finalement été débouté par cette institution internationale qui a conclu que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n’établissent l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental, d’une part, le royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien, d’autre part. La « marche verte » de Hassan II est donc une réponse à l’avis formulé par la CIJ.

    Rencontrant Hassan II lors d’un voyage préprogrammé pour discuter du conflit israélo- arabe, le vice-secrétaire d’Etat, Alfred Atherton, a rapporté le 22 octobre que le Maroc et l’Espagne avaient conclu un accord permettant la marche tout en sauvant la face. Ils utiliseraient par la suite l’Onu pour légitimer l’occupation marocaine au moyen d’un plébiscite contrôlé, permettant ainsi « l’Espagne de se retirer avec élégance », explique Mundy. Mais l’invasion des territoires sahraouis ne se déroule pas comme l’avait prévu le commandement marocain.

    Les FAR et les marcheurs plusieurs centaines de civils marocains font face aux troupes du Polisario. « La situation devient critique pour Hassan II. Hassan II s’est retiré du Sahara. Mais s’il ne l’obtient pas, il est fini. Nous devrions maintenant travailler à ce qu’il l’obtienne. Nous allons agir au sein de l’Onu (pour) assurer un vote favorable », a indiqué Kissinger au président Ford, le 10 novembre 1975. « Malheureusement pour Kissinger, l’Onu n’a pas été capable d’organiser un vote « truqué » durant l’administration tripartite transitoire (Maroc, Mauritanie et Espagne), qui a vu la moitié de la population indigène fuir vers le désert avant le retrait de l’Espagne en février 1976. La sanction des urnes étant refusée, le Polisario a essayé de réaliser l’autodétermination par le fusil », indique Jacob Mundy. Il en conclut que les Etats-Unis ont largement favorisé le Maroc dans l’invasion du Sahara occidental.

    « En 1976, le spécialiste renommé du droit international, Thomas Franck, a décrit avec justesse la politique des USA pendant la crise comme « un acte d’opportunisme politique fondé sur des alliances est/ouest ». On pourrait en dire autant aujourd’hui de la politique américaine de « neutralité » par rapport au conflit du Sahara occidental, ainsi qu’à d’autres conflits touchant à la négation de l’autodétermination nationale. La seule différence entre 1975 et 2005 réside dans le contexte géopolitique justificateur. On est passé de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme, ce qui nous amène à croire que notre neutralité proclamée est un luxe que nous ne pouvons pas encore nous permettre. Mais la persistance du conflit du Sahara occidental démontre les imperfections de la politique américaine de « neutralité » au Sahara. Durant les 30 dernières années, Washington ne s’en est pas rendu compte », conclut Jacob Mundy. T. H.

    Texte traduit de l’anglais par ARSO.

    Membre fondateur de l’Association « Friends of the Western Sahara », Jacob Mundy poursuit des études en post-graduation à l’université de Washington. Il est coauteur, avec Stephen Zunes, de Western Sahara: war, nationalism and conflict irresolution, Sahara occidental: guerre, nationalisme et conflit irrésolu), à paraître prochainement aux Editions Syracuse University Press.

    Le Soir d’Algérie, 4 fév 2006

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, France, Etats-Unis, USA, décolonisation,

  • Les enjeux économiques au Sahara occidental

    Le conflit du Sahara Occidental revient dans l’actualité récente, marqué notamment par la montée des tensions entre le Maroc et le Polisario à cause de l’ouverture de consulats aux territoires occupés sahraouis et le langage sur la désignation d’un nouvel envoyé onusien pour l’ancienne colonie espagnole.

    Ce territoire présente, officiellement, plusieurs enjeux ; la question de la sécurité dans le Sahel, la défense des droits de l’homme et le droit à l’autodétermination des peuples. Mais officieusement, ce conflit a surtout des intérêts économiques, stratégiques et territoriaux. Au vu de la crise et de la situation difficile de pays comme le Maroc, l’Espagne ou encore l’Algérie, les zones inexploitées du Sahara Occidental sont une aubaine pour ces acteurs, ce qui dicte leur politique en fonction de ce territoire.

    Un territoire potentiellement riche en matières premières…

    Les provinces du sud ou le Sahara Occidental selon les différents points de vue, possèdent des sous sols qui regorgeraient de matières premières. La première richesse de ce territoire est le phosphate, qui est la ressource principale du Maroc. Il a été découvert d’importantes réserves de fer et de phosphate dans la région, ce qui arrange fortement le Maroc, plongé dans de graves problèmes économiques. Des récentes découvertes d’hydrocarbures le long des côtes du Sahara Occidental vont également être au centre de conflits, car au-delà du fait que le Maroc s’administre ces richesses au détriment du Sahara, l’Espagne peut également entrer en conflit avec le Maroc. En effet, les côtes sahraouies sont bordées par les Canaries, qui peuvent également revendiquer le pétrole au large car les réserves sont à cheval sur les ZEE espagnoles et marocaines (ou sahraouie selon le point de vue), ce qui peut laisser penser qu’il y aura un gain de tensions entre l’Espagne et le Maroc, mais également l’Espagne et le Polisario.

    …mais encore peu exploité.

    Les réserves sont cependant difficiles à estimer, et il faut donc attendre les inspections des différents groupes pétroliers avant de donner un ordre de grandeur des richesses d’un point de vue pétrolier. Des sociétés marocaines du secteur énergétique ont signé des contrats d’exploration de pétrole avec des entreprises comme Total au large de la côte, ce qui a provoqué la colère du Front Polisario. Le Maroc avait prévu de réalisé ses premiers forages dans la région pendant l’été 2014 (pas d’actualisation de ces données aujourd’hui).

    Les entreprises marocaines exploitent d’autres richesses au Sahara, comme la pêche par exemple. En effet, ces accords incluent les eaux territoriales du Sahara Occidental et ne profite donc en rien à la population locale. M. Mokhtar déclare le 3 décembre 2013 à Alger, que « les richesses naturelles spoliées actuellement par le Maroc sont estimées à 4,5 milliards dollars par an ». Ces revenus sont « utilisés pour l’acquisition d’armes pour réprimer brutalement la lutte du peuple sahraoui qui revendique son droit légitime à l’autodétermination ».

    Dans ce conflit, il est officiellement rarement question de matières premières dans les discours des acteurs. Mais avec la description du territoire et ses richesses, on comprend vite que le Sahara Occidental prend une autre dimension.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO,

  • L’Algérie annule pour la deuxième fois la visite de la ministre espagnol des Affaires étrangères au dernier moment

    L’Algérie semble se réveiller d’un long sommeil dans lequel la France, le Maroc et l’Espagne ont fait preuve d’une insolence sans mesure.

    Plus de 45 ans après, cette meute de charognards n’a pas perdu l’espoir de s’accaparer des ressources naturelles du Sahara Occidental. Au contraire, ils sont devenu de plus en plus agressifs grâce à la complicité de l’institution onusienne, devenu une boîte qui veille sur leurs intérêts dans l’ancienne colonie espagnole.

    Cependant, il semble que cette époque de mépris et humiliation est révolue. Le président Abdelmajid Tebboune n’est pas prêt à se laisser faire par des pays qui se trouvent derrière l’instabilité, la pauvreté et le terrorisme vécus par les peuples de la région.

    Alger vient d’annuler, pour la deuxième fois, la visite de la ministre espagnole des affaires étrangères d’un pays devenu une marionnette de l’État narco-terroriste du Maroc. Après avoir semé la zizanie, les espagnols osent déclarer qu’ils veulent parlent sécurité avec l’Algérie.

    Selon les fabulations du journal El País, la ministre se rendra en Mauritanie mardi pour participer pour la première fois à une réunion des cinq pays qui composent le G-5. « González Laya a souhaité ouvrir son agenda aux deux quartiers qui posent le plus de défis à l’Espagne, le Maghreb et le Sahel. Dans cette nouvelle étape, la diplomatie espagnole vise à «étendre et diversifier» les liens avec ces régions stratégiques ».

    En fin, à Alger le sentiment d’amertume est fort suite aux nombreuses trahisons de ces pays sans scrupules et qui ont poussé l’UE à octroyer un « statu avancé » à un pays dont les accointances avec le terrorisme et le trafic de drogue sont plus que prouvées.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, ONU, MINURSO,

  • Maroc : retirer sa confiance à Christopher Ross a créé des « énergies négatives » (ambassadeur UK)

    Un compte-rendu d’une réunion avec l’ambassadeur britannique Tim Morris à Rabat révèle l’état d’esprit de la communauté internationale suite à la décision des autorités marocaines de désavouer le diplomate américain Christopher Ross lors de sa mission en tant qu’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental.

    Les arguments marocains à ce sujet ont été qualifiés « horribles », « dure et contreproductive » et a déclaré qu’elle a créé une « énergie négative ».

    TEXTE DU COMTE-RENDU

    Compte rendu interne de la rencontre de M. le Ministre Délégué

    avec M.Tim Morris, Ambassadeur du Royaume Uni

    Le Ministre Délégué a reçu, le 28 Mai 2012, M. Tim Morris, Ambassadeur du

    Royaume Uni au Maroc. A cette occasion, la Question Nationale a été au centre des discussions.

    Après avoir informé l’Ambassadeur britannique de la teneur de sa conversation téléphonique avec M. Alistair Burt, vendredi dernier, M. le Ministre a réitéré le soutien du Maroc au Secrétaire Général de l’ONU, M. Ban Ki Moon, et au processus de négociation mené par l’ONU. M. Amrani a ajouté que la priorité pour le Maroc était de maintenir et de préserver le processus politique enclenché en redonnant aux négociations une dynamique positive, ce qui implique de mettre un terme aux différentes dérives qui ont été constatées et de renouer avec les paramètres clairs censés encadrer et guider le processus politique. Le statu quo n’est pas tenable, le temps est venu de sortir de l’impasse et d’aller de l’avant a-t-il poursuivi, en faisant remarqué que le Maroc n’avait épargné aucun effort pour contribuer positivement à ce processus. Qu’ont fait les autres parties ? Qu’ont-elles amené sur la table, s’est-il interrogé en s’adressant à M. Morris. Il a également souligné qu’il était aujourd’hui nécessaire d’impliquer concrètement l’Algérie dans ce processus en expliquant que ce pays détient la clé de la solution.

    L’Ambassadeur Morris a répondu combien Alistair Burt était enthousiaste quant au potentiel de développement des relations bilatérales. Selon l’Ambassadeur britannique, M. Burt se félicite de l’évolution positive de cette relation et affirme qu’il y a aujourd’hui une véritable volonté d’aller de l’avant. Concernant la Question Nationale, M. Morris a dit qu’il y avait des divergences entre le Maroc et le Royaume Uni, mais également des positions qui se rejoignent, notamment en ce qui concerne le caractère intenable du statu quo.

    Il a poursuivi en affirmant que dans le court terme il y aura une situation difficile à gérer. Nous comprenons la décision du Maroc de dire « enough is enougn », cependant, a-t-il ajouté, à l’exception de la France, la décision inattendue et soudaine du Maroc a engendré beaucoup d’incompréhension, y compris au niveau du Groupe des Amis (GOF) et du Secrétaire Général. Selon le représentant britannique, l’approche conflictuelle décidée par le Maroc est dans l’ensemble considérée comme 1étant dure et contreproductive. Il a également noté qu’il est difficile de distinguer le SG et le Conseil de Sécurité de cette défiance concernant C. Ross.

    L’Ambassadeur Tim Morris a par ailleurs qualifié d’horrible (« awful ») l’aide-mémoire justifiant la décision du Royaume de retirer sa confiance à C. Ross. Il a en outre fait savoir que le Royaume Uni ne pouvait pas soutenir un tel document dans la mesure où il ne partage pas certains des arguments avancés, et que ledit document révèle par ailleurs une démarche scientifique défaillante. M. Morris a répété une nouvelle fois que la situation sera difficile pour le Maroc sur le court terme et ce pour plusieurs raisons, en prenant soin de préciser : « mais vous vous êtes mis dans cette situation tout seul, vous devrez donc traverser cette période difficile ». Il a ensuite affirmé « Que les choses soient claires, nous allons soutenir le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyé Personnel quoi qu’il fasse. Nous ne voulons surtout pas donner l’illusion que nous sommes d’accord ».

    Au sujet de la Minurso, Tim Morris a dit comprendre le point de vue du Maroc sur la nécessité de ne pas polluer le mandat de la mission onusienne tout en notant que le Royaume Uni considérait qu’il devait y avoir une certaine flexibilité dans la mise en œuvre du mandat de la Minurso, notamment en ce qui concerne l’accès de la mission onusienne aux personnes résidant sur ce territoire. Il a ensuite déclaré soutenir tous les rounds informels de l’Envoyé Personnel du SG, tout en « comprenant que cela devait mener quelque part ». Il a en outre précisé que le Royaume Uni compte favoriser une approche équilibrée, « si vous êtes dans le jury, vous ne pouvez pas prendre partie ».

    Monsieur le Ministre a répondu à son interlocuteur en lui posant une série de question. Y a-t-il un problème avec le Royaume Uni ? Avons-nous failli dans la mise en œuvre de nos engagements ? Etes vous satisfait de la stagnation du processus de négociation ? Etes vous satisfait des résultats obtenus dans le cadre des réunions informelles? Voulez vous voir l’impasse se poursuivre ? Voulez vous vraiment préserver ce processus ? Comment voyez vous les perspectives d’évolution de ce processus politique ?

    M. Amrani a poursuivi en faisant savoir que le Maroc avait le sentiment d’être pénalisé malgré tous les efforts déployés pour soutenir ce processus et pour parvenir à une solution pacifique dans le cadre des paramètres de négociation arrêtés. Le statut quo est intenable a-t-il rappelé, avant de réitérer la volonté du Maroc de préserver le processus en le sortant de l’enlisement et en mettant un terme aux dérives répétées et inacceptables qui ont été constatées à plusieurs reprises malgré les mises en garde du Royaume.

    M. Amrani a également relevé que C. Ross était censé être le facilitateur, ce que le Maroc n’a malheureusement pas constaté. Par ailleurs, M. Ross n’a pas su ou pu impliquer l’Algérie alors que tout le monde sait, y compris à l’ONU, que cette question concerne directement le Maroc et l’Algérie. M. le Ministre a ensuite insisté 2sur le fait que la pression ne doit pas s’exercer uniquement sur le Maroc, ce qui est également une cause de frustration pour le Royaume.

    L’ambassadeur anglais a rétorqué qu’il n’y avait pas de moyen de mettre la pression sur l’Algérie. Il a encouragé le Maroc à envisager une nouvelle approche et offert dans ce cadre l’aide du Royaume Uni. Il a ajouté « nous savons où sont nos amis, vous avez notre intérêt, nous voulons aider ». Dans ce sens, il a précisé qu’il était réaliste et qu’il n’envisageait pas de demander au Maroc de faire « marche arrière », mais de faire preuve de psychologie afin de changer la donne créée par la décision marocaine de retirer sa confiance à C. Ross. Si votre position est rigide a-t-il poursuivi, elle ne sera pas perçue comme étant crédible. L’Ambassadeur a soutenu que le Maroc « devra faire des compromis » pour rectifier le tir et évacuer les « énergies négatives » générées par la décision marocaine. Il a ajouté que son « sentiment personnel c’est qu’il faudra un certain temps pour dépasser cette phase ».

    Le responsable britannique a réitéré à plusieurs reprises la disposition du Royaume Uni à contribuer à l’élaboration d’une nouvelle approche se concentrant sur les questions politiques. Dans ce cadre, Tim Morris a proposé d’envisager quatre initiatives en particulier :

    -Accepter que la France fasse du lobbying à l’adresse du Maroc et de l’Algérie. Tim Morris a suggéré de mettre en œuvre cette idée «immédiatement ».

    -Organiser une rencontre avec le polisario à Rabat, comme cela a déjà été le cas auparavant, pourrait créer un message positif. Cela permettrait selon T. Morris de donner plus de visibilité aux mesures de confiance et de les intégrer dans une certaine vision.

    -La mise en œuvre de la régionalisation constitue selon l’Ambassadeur « une autre voie intéressante ».

    -« La liberté de mouvement de la Minurso ». Selon le représentant britannique, la véritable question au sujet de la mission onusienne ce n’est pas les drapeaux ou les immatriculations, mais la liberté de mouvement pour la Mission de l’ONU. Selon lui, les membres de la mission ne sont pas en mesure d’entrer en contact avec les personnes sur place. Il a ajouté à ce sujet que « si vous faites une différence entre ce que vous permettez au corps diplomatique et ce que vous permettez à l’ONU ça pose un problème car l’ONU c’est aussi nous ».

    Revenant sur les événements de Gdim Izik, il a considéré que de ne pas avoir laissé la Minurso effectuer un rapport sur ce qui s’est passé a alimenté une perception négative.

    M. Amrani a souligné que le Maroc est transparent et de bonne foi, mais cela ne doit pas pour autant le conduire à tout accepter et à laisser la Minurso faire tout ce qu’elle veut sans considération pour le cadre précis de son mandat. Il a ajouté qu’il était établi que certaines personnes tentaient d’instrumentaliser la situation dans les 3 provinces du Sud, ce que le Royaume ne peut accepter. L’Ambassadeur Morris a qualifié de contreproductive l’interprétation stricte du Maroc relative au mandat de la MINURSO.

    Monsieur le Ministre a réitéré la détermination du Maroc à poursuivre le processus de négociation avec le concours d’un médiateur impartial. Il a également ajouté que le Royaume veut créer une nouvelle dynamique pour aller de l’avant vers une solution dans le cadre du processus actuel. Nous voulons continuer à travailler dans le respect des paramètres arrêtés, et nous comptons sur le soutien de nos amis, a-t-il fait savoir à son  interlocuteur en réitérant la nécessité d’impliquer l’Algérie. Il a par ailleurs noté que le projet de communiqué du GoF n’était pas constructif, tout en faisant observer la différence de traitement avec le cas de M. Van Walsum, lorsque ce dernier a perdu la confiance des autres parties.

    Il a conclut en affirmant que le Maroc avait le droit d’exprimer son point de vue et que personne ne pouvait être imposé. « Le Maroc ne veut plus perdre son temps. Le statu quo est intenable. Nous avons toute confiance en le SG Ban Ki Moon, et restons confiants quant à la décision qu’il prendra pour relancer les négociations en renouant avec une dynamique positive.

    Commentaires

    -Tim Morris a précisé à plusieurs reprises qu’il n’était pas porteur d’un message de Londres et qu’il souhaitait avoir cette rencontre avec Monsieur Amrani pour échanger de façon informelle. Cependant, malgré l’insistance de certaines questions, T. Morris n’a pas répondu et avait manifestement un message à passer ;

    -La position de l’ambassadeur Morris est de toute évidence figée ;

     -Le Royaume Uni semble penser que le moment est opportun pour faire pression sur le Maroc pour le forcer à accepter une certaine politisation tacite du mandat de la Minurso, à travers l’octroi d’une plus grande marge de manœuvre aux membres de cette mission ;

    -Dans une approche opportuniste, le Royaume Uni semble vouloir utiliser l’évolution récente du contexte pour imposer ses vues et négocier le renvoi de C. Ross contre des concessions politiques ;

    -Le Royaume Uni semble également vouloir renforcer le statut du polisario en promouvant des rencontres au Maroc, et à terme, obtenir du Maroc plus de concessions ;

    -L’Ambassadeur a lui-même avoué que le GoF n’avait pas les moyens de faire pression sur l’Algérie, ce qui revient à dire que les seules initiatives visant à faire évoluer cette situation pèseront sur le Maroc ;

    -La proposition de demander à la France de jouer un quelconque rôle de lobbying entre le Maroc et l’Algérie apparaît, dans la nouvelle configuration politique actuelle comme un piège. Le Président Hollande, et le parti socialiste en particulier ayant mis l’emphase sur le respect des droits de l’homme dans leur politique étrangère, il sera difficile au Maroc de refuser de faire des concessions sur ce plan sans en payer le prix en terme de soutien de son principal allié. L’objectif recherché serait donc de fissurer le rempart français protégeant le Maroc d’un élargissement du mandat de la Minurso.

    Rabat, le 29 mai 2012

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Tim Morris, Royaume Uni, Christoper Ross,

  • Sahara Occidental : Le régime de Bouteflika a rendu la France et le Maroc agressifs

    Dans une déclaration faite à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, Bouteflika a clairement accusé la France de « tenter de régler ses comptes avec l’Algérie  » en   appuyant le « Maroc » parce qu’elle « n’a jamais accepté l’indépendance algérienne ». Mais il y a aussi la question des visées colonialistes qui n’épargnent aucun pays de l’Afrique, notamment l’Afrique centrale et occidentale.

    En dépit de sa méfiance, Bouteflika a voulu donner une chance aux relations bilatérales en mettant de côté la question de la mémoire et les crimes de guerre commis par l’Hexagone contre la population algérienne. C’est ainsi que les dirigeants des deux pays n’ont pas hésité à parler de lune de miel malgré que le président algérien voyait d’un mauvais œil la la « marocanisation de la vie politique française. Selon Mondafrique, Saïd Bouteflika en aurait exprimé sa désapprobation auprès d’un conseiller de François Hollande. Et malgré les ingérences de la France dans le dossier du Sahara Occidental.

    En dépit des voyages de réconciliation, le ce ciel bleu et les prétendues relations exceptionnelles, le pont entre la France et l’Algérie n’a jamais été vraiment construit. La raison ? Paris et le Rabat devenaient de plus en plus arrogants et agressifs au point d’ignorer l’existence de l’Algérie.

    Théoriquement, au Conseil de Sécurité, il appartient aux Etats-Unis de rédiger le brouillon de la résolution sur le Sahara Occidental. Cependant, l’empreinte de la France dans le texte est plus que visible. Sans l’ombre d’un doute, elle pousse les sahraouis à la capitulation, à renoncer à leur droit à l’autodétermination. Même aux droits de l’homme les plus fondamentaux puisque la France empêche la MINURSO d’étendre ses prérogatives à la surveillance de la situation des droits humains au Sahara Occidental. Décomplexée, Paris n’hésite plus à prouver que le Maroc est toujours un protectorat de la France, voire un Département français, ce qui a poussé tous les émissaires onusiens à la démission. Le Maroc, pour sa part, se vante publiquement du soutien inconditionnel de la France à ses mésaventures expansionnistes ainsi que ses pratiques violentes contre la population sahraouie.

    La France et le Maroc ont mal interprété la bonne foi des autorités algériennes quant à leur volonté d’enterrer le passé et ouvrir une nouvelle page. Ensuite, la maladie de Bouteflika a fait le reste.

    L’agression française contre le peuple sahraoui n’est pas limité aux coulisses des Nations Unies. Paris s’est engagé aussi à soutenir l’offensive marocaine en Afrique visant à faire imploser l’Union Africaine à l’aide du soutien de certains pays francophones qui n’arrivent pas à se débarrasser de la tutelle gauloise.

    A cet égard, notre confrère Maamar Farah, du Soir d’Algérie, a écrit l’article suivant :

    La France entre macronisation et marocanisation

    Personne n’ignore qu’entre la France et le Maroc, les liens sont étroits, inaltérables — quelle que soit la couleur politique du régime à Paris — et soudés par les relations personnelles entre le roi et ses amis d’outre-Méditerranée. Les quelques nuages passagers qui traversent le ciel de cette belle entente et qui naissent du courage de quelques hommes politiques français dénonçant le silence de Paris sur les atteintes aux droits de l’Homme ou encore des écrits courageux des rares plumes libres non inféodées à Rabat, ces nuages ne peuvent remettre en cause les énormes intérêts français dans un pays encore colonisé. Un pays qui a une apparence de souveraineté mais qui n’est, en réalité, qu’une succursale de l’impérialisme et un haut lieu du sionisme international.

    Ce protectorat est dirigé par une oligarchie occidentalisée composée de courtisans affairistes dont les intérêts sont intimement liés aux grandes compagnies françaises et américaines notamment qui possèdent pratiquement tout le Maroc ! Au cours de deux visites effectuées en 1988-1989, nous avons parcouru des centaines de kilomètres entre Oujda, Fès, Casa, Rabat, Marrakech, Essouira et Béni Mellal et, partout, nous avons pu constater la mainmise des sociétés occidentales sur les richesses et l’économie marocaines. Nos hôtes ne s’en cachaient pas même s’ils ne disaient pas tout ! Les parts qui revenaient au roi, par exemple, n’étaient pas divulguées alors que le monarque possède des actions dans pratiquement toutes les grandes entreprises. Des amis bien informés ont évalué cette part à 10%. Sans compter, bien sûr, ses biens personnels car, ici, il s’agit des entreprises semi-publiques de grande importance.

    Qu’ils soient de gauche ou de droite, les pouvoirs successifs français ont toujours évité de critiquer le Maroc. Dans les moments de grande répression intérieure,  comme celui qu’a connu récemment le Rif ou sur le dossier du Sahara Occidental, les Français font preuve d’un étrange alignement sur le régime de Rabat. Même constat pour une presse dont les patrons ont des intérêts énormes au Maroc, à l’instar d’un Drahi, citoyen franco-maroco-israélien, propriétaire de BFM, de la chaîne sioniste i24 et de l’Express, entre autres. Quand ils ne sont pas patrons, beaucoup de journalistes français se laissent séduire par quelques faveurs sous forme d’avantages divers.

    Mais les journalistes ne sont pas les seuls privilégiés du système de lobbying marocain. Beaucoup d’hommes politiques, des membres influents de la société civile, des têtes d’affiche du monde des arts et du spectacle, sont également conviés à goûter aux plaisirs charnels qu’offrent les nuits chaudes de Marrakech. Pour certains, cela va plus loin puisque le «tourisme» local n’est pas très regardant sur les excès lubriques de quelques libertins en mal d’exotisme,  excès qui vont jusqu’à la pédophilie et l’esclavage sexuel d’enfants issus de la classe pauvre. Faut-il, pour ne pas être taxé de «comploteur antimarocain», citer les témoignages de l’amant d’Yves Saint-Laurent sur les soirées agitées de la villa Bleue impliquant des gosses ou les cas des ministres Jacques Lang et Frédéric Mitterand ou encore celui de ce pédophile espagnol condamné par la justice marocaine et gracié par le roi ?

    La permissivité du Makhzen vis-à-vis de ce désordre moral qui donne à Marrakech les allures d’un Sodome moderne est vivement appréciée par les milieux dominants français qui ont le double avantage d’être les vrais patrons de cette «province» et d’utiliser des «sujets» locaux pour jouir de plaisirs tabous et punis par la loi chez eux.

    Je fais encore appel à la mémoire pour citer un lieu que nous avons visité près de Marrakech, un immense camp de débauche collective où nous avons été invités pour un méchoui. Je ne suis pas un islamiste obscurantiste et je n’ai rien contre les cabarets et les boîtes de nuit que je fréquentais assidûment durant ma jeunesse, mais ce que j’ai vu et entendu à «Aliwood», près de Marrakech, m’a confirmé tout le mal que je pensais de ce «paradis sexuel» couru par les dépravés et les pédophiles du monde entier. Je passe sur les détails du «programme» pour ne pas choquer les âmes sensibles, m’arrêtant juste à ce moment fatidique où quelques fillettes en tenue légère furent introduites sous notre tente, pour une danse qui n’avait rien de folklorique.  Nous étions mal à l’aise, gênés par ce spectacle insolite et chacun de nous voyait sa propre fille parmi ces pauvres créatures. Mais l’honneur des Algériens fut sain et sauf. A l’invite d’un accompagnateur marocain qui nous proposait,  ni plus, ni moins, de «profiter» de l’occasion, Rezigui, vieux journaliste émérite de l’hebdomadaire arabophone El Moudjahid, se leva et en fit voir de toutes les couleurs à ces «organisateurs», pour une fois mal tombés : «Vous nous prenez pour qui ? Ces gosses ont l’âge de nos propres filles ! Vous ne connaissez pas l’Algérien ! Ne le confondez pas avec ces affamés sexuels, ces touristes dépravés qui profitent de votre bassesse…» Au moment de quitter notre tente, nous aperçûmes les fillettes agglutinées autour des restes de nos méchouis, s’arrachant les morceaux de viande comme des animaux ! Triste moment qui me fit réfléchir à ce Maghreb de l’impossible que nous voulions bâtir… Je pensais à Boumediène et à ce qu’il disait à propos de la féodalité marocaine…

    Pour revenir aux relations franco-marocaines, il n’y a pas que ce côté apparent des choses. Depuis quelque temps, les «représentants» et autres espions déclarés ou pas du Maroc pullulent en France,  grimpant rapidement les échelons du pouvoir politique. Il y eut Dati, Najet-Vallaud Belkacem, Azoulaï et bien d’autres. Leur rôle est de servir les thèses monarchiques et influer sur les positions françaises. Parfois, il s’agit de jonctions entre les intérêts du royaume et ceux d’Israël qui a certes des défenseurs de plus en plus nombreux en France, mais qui aura toujours besoin d’une forte présence en Afrique du Nord, dans un pays aux relations «intimes» avec l’ancienne Métropole.

    Le nouvel épisode de ce long feuilleton et qui a pour titre «Benalla et les Macron» traduit on ne peut mieux cette omniprésence marocaine dans les hautes sphères parisiennes. Une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets mais qui aura le mérite — nous l’espérons — d’ouvrir les yeux de l’opinion française sur des dérives qui n’ont que trop duré. L’intérêt de la France n’est pas et ne sera jamais dans ces arrangements douteux qui servent une caste éphémère mais pas les deux peuples. Les intérêts des deux oligarchies empêchent la vérité et la justice d’imprégner ces relations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne veulent pas sortir du sordide, depuis ces temps pas très lointains où des barbouzes du Quai des Orfèvres enlevaient Ben Barka,  au cœur de Paris, sur ordre de Hassan II.

    M. F. 

    P. S. : lorsqu’il est conçu sans arrière-pensées, le Partenariat public-privé peut effectivement rendre d’énormes services à l’économie algérienne. Mais la version corrigée et revue par le FCE et… l’UGTA (!) n’était qu’une énième tentative de brader le secteur public au profit de patrons à la soudaine richesse ! Ces pistonnés, de plus en plus nombreux au fil des mandats, lorgnent du côté des entreprises propriétaires de foncier important, bien installées et rentables.

    Un exemple édifiant : celui de GTH, grande société de travaux hydrauliques qui eut ses heures de gloire. Ayant une grande expérience dans le domaine des transferts hydriques et des constructions de stations et de barrages, cette société a, curieusement, de moins en moins de marchés au moment où, paradoxalement, quelques rares sociétés privées croulent sous les commandes ! Les travailleurs de GTH éprouvent des difficultés à percevoir leurs salaires et l’entreprise est en voie de disparition. Mais les «sauveurs» guettent…

    Ce n’est plus du  partenariat mais du «pousse-toi de là que je m’y mette !»

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, France, Union Africaine, françafrique,

  • Sahara Occidental : La malédiction des ressources

    En temps de crise économique et de chômage durable en Afrique du Nord, les ressources naturelles du Sahara Occidental deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement. La nouvelle répartition des pouvoirs engendrée par les processus politiques actuels au sein de la région pourrait conduire à de nouvelles négociations du conflit.

    Susanne Kaiser

    Il s’agissait à peine plus que d’une rumeur : lors de la visite du roi marocain Mohammed VI à Tunis fin mai, une critique exprimée par la jeune démocratie tunisienne concernant les pratiques antidémocratiques du Maroc au Sahara Occidental et les mauvaises relations avec le pays voisin qu’est l’Algérie, a fait l’objet d’une discorde diplomatique entre le roi marocain et le président tunisien Moncef Marzouki. C’est du moins ce que rapporte le journal électronique tunisien businessnews.com.tn en se référant à des « sources diplomatiques », sans préciser les détails. Le démenti est arrivé aussitôt du palais présidentiel.

    Il est bien possible qu’il s’agissait seulement d’une rumeur, cependant, cela est un signe de plus qui montre que les choses bougent au sein de ce conflit qui dure depuis 40 ans et qui était surtout marqué ces dernières 25 années, par la stagnation : la dispute au Sahara Occidental fait partie des crises oubliées de notre époque.

    Pourtant, elle est à l’origine d’histoires semblables, parlant d’expulsion, de séparation de familles, d’oppression et de marginalisation, de nouveaux colons et de générations ayant grandies dans des camps de réfugiés. Ces histoires parlent aussi de discrimination, de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de violations des droits de l’homme, de terrorisme et d’une installation de barrages qui coupent le territoire en plein cœur et empêchent toute liberté de déplacement. Elles parlent également d’élites dirigeantes qui ne semblent pas être intéressées à une solution du conflit, d’une communauté internationale sans pouvoirs et sans moyens qui ne peut que regarder ce qui se passe, sans pouvoir intervenir. Mais, il existe une différence essentielle : le Sahara Occidental est riche en ressources naturelles et c’est pourquoi il s’agit d’un terrain convoité ; ces ressources deviennent une malédiction.

    L’ancien groupe de rebelles du Front Polisario pour une « République Arabe Sahraouie Démocratique » et le Maroc sont les principales parties du conflit. Mais, en réalité, il existe d’autres parties mêlées au conflit et chacune d’entre elles poursuit des intérêts opaques : l’Algérie, la Mauritanie, l’Espagne ou bien les Etats-Unis.

    L’indicateur le plus frappant pour montrer à quel point la situation était bloquée jusqu’à présent, est le mandat des Nations Unies MINURSO (« Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un Référendum au Sahara Occidental »), qui est renouvelé inlassablement chaque année, depuis 1991, alors qu’aucun résultat politique n’a été observé.

    Ressources contre identité et autodétermination

    Au centre du conflit se trouve l’exploitation de ressources précieuses comme le phosphate, le poisson et le pétrole que le Maroc revendique pour lui seul et qui deviennent des trésors pour lesquels on se bat férocement en temps de crise économique et d’augmentation du chômage. Par ailleurs, la situation géo-stratégique de la région joue aussi un rôle. Pour les sahraouis, l’enjeu est beaucoup plus élevé, il s’agit d’identité, d’appartenance, de liberté de circulation et d’autodétermination sur un territoire national.

    Mis à l’écart et oublié : depuis la moitié des années soixante-dix, beaucoup de sahraouis se sont installés dans les camps de réfugiés autour de Tindouf, dans la partie occidentale de l’Algérie. L’organisation de protection des droits de l’homme UNHCR estime à 120.000 le nombre de réfugiés qui vivent à cet endroit, le gouvernement algérien pense quand à lui que ce chiffre est bien plus élevé, estimant qu’il s’agit de plus de 150.000 personne.

    Les efforts de logistique engendrés par l’occupation valent la peine pour le Maroc, car l’exploitation des réserves de poissons et l’attribution de licences de pêche à l’UE, le pillage des plus grands gisements mondiaux de phosphate et l’exportation de tomates ou de sel contribuent à augmenter le PIB du Maroc.

    Par ailleurs,il existerait des réserves considérables de pétrole et de gaz le long de la côte qui s’étend sur 2200 km. Des grands groupes énergétiques, parmi eux l’entreprise française Total ont déjà acheté des licences de forage il y a des années. Sur cette toile de fond, le Maroc est prêt à accepter la mauvaise image qui se dessine. Il est rare que les sahraouis bénéficient d’une partie du chiffre d’affaire ou qu’ils obtiennent des emplois ; ils sont en effet réservés aux colons marocains.

    Un mur en plein désert

    Pour protéger ses bénéfices, le Maroc a construit au début des années 80, un mur de sable (« Berm ») de trois mètres de haut, en plein désert. Il sépare la partie du Sahara Occidental occupée et gérée par le Maroc de la « zone libre » contrôlée par le mouvement de libération Front Polisario. Celle-ci s’étend sur 2500 km, allant au nord, de la région où se trouve les frontières du Maroc avec l’Algérie et avec la Mauritanie, jusqu’au sud du Sahara Occidental. Le mur de sable est surveillé dans sa totalité par des soldats marocains et est souvent couvert de mines.

    Les sahraouis le nomment « Al-jidar », le mur, et c’est pour cela qu’il a souvent été comparé avec l’installation de barrages israélienne ou avec le mur de Berlin. Il empêche aux familles vivant dans les territoires séparés de se rendre visite. Et cela concerne presque tous les sahraouis, puisqu’au temps des combats armés avec le Maroc de 1975 à 1991, presque toutes les familles ont été déchirées. Par ailleurs, dans la mémoire collective des sahraouis, on trouve aussi des histoires parlant de corps ayant perdu un membre ou de personnes tuées par des mines.

    Dans la « zone libre », les expulsés se sont installés depuis la moité des années 70, dans des camps de réfugiés, autour de Tindouf, tout à l’ouest de l’Algérie. L’organisation pour les réfugiés UNHCR estime à 120.000 le nombre de personnes qui vivent à cet endroit. Le gouvernement algérien pense que ce nombre est supérieur à 150.000. Par conséquent, plusieurs générations ne connaissent pas d’autre patrie que ces camps. Au moins, les noms des villes formées de tentes et de cabanes portent les noms des lieux de la côte atlantique dont les parents et grands-parents ont été expulsés à l’époque : El Aaiun, Smara, Aousserd, Dakhla.

    Des jouets pour les puissants

    C’est sur leur dos que les Etats puissants se disputent qu sujet d’argent, d’influence et d’intérêts politiques. Les Etats-Unis, par exemple, se sont longtemps laissés impressionner par la rhétorique du Maroc, selon laquelle l’annexion du Sahara Occidental et la construction d’un mur servaient aux intérêts des Etats-Unis : pendant la guerre froide, contre le communisme (rebelles du Front Polisario) et qujourd’hui, contre le terrorisme (rebelles du Front Polisario).

    C’est pourquoi la demande de résolution de Monsieur Obama auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, selon laquelle le respect des droits de l’homme devait être surveillé dans le cadre du mandat de la MINURSO, a surpris le Maroc en 2013.

    Cela semble, cependant absolument nécessaire en raison des informations relatant l’existence de prisons dans lesquelles la torture est pratiquée et de camps d’internements. Le Maroc a réagi en stoppant les exercices communs des troupes, par la suite, les Etats-Unis ont retiré leur proposition et ainsi la MINURSO reste la seule mission pour la paix des Nations Unies n’ayant pas de clause relative aux droits de l’homme.

    Pas de référendum en vue

    Jusuq’à présent, la référendum permettant aux habitants du Sahara Occidental de voter pour une future forme d’État et en même temps pour le rapatriement des expulsés, ce qui était l’objectif d’origine du mandat, n’a pas encore eu lieu. La mise en place du référendum a échoué à cause de discussions au sujet des frontières territoriales et des critères donnant droit de vote. Qui a le droit de voter ? Seulement les Sahraouis ou bien aussi les colons marocains qui aspirent à une majorité en nombre ?

    L’élite dirigeante du Polisario qui est soutenue par l’Algérie, tente d’imposer ses intérêts personnels en matière de pouvoir et ne représente pas une exception dans ce contexte. Elle est critiquée dans les propres rangs où elle est parfois considérée comme une troupe vieillissante de rebelles qui s’est installée confortablement dans la diaspora et qui n’est plus intéressée à résoudre le conflit.

    C’est surtout au sein de la jeune génération de Sahraouis et de manière la plus connue au sein du « mouvement de la jeunesse pour le changement », que l’on reproche à la vieille garde de trop s’orienter en fonction de l’Algérie et d’être prête à accepter la corruption et le maintien du pouvoir.

    Le Maroc craint perdre son terrain d’influence

    En avril 2014, un signe d’espoir annonçant un changement se dessinait. Peu avant l’adoption de la nouvelle résolution sur la MINURSO, la France a déclaré vouloir s’abstenir concernant la clause relative aux droits de l’homme. Malgré le fait que cela correspondait au comportement traditionnel de la France depuis 1980, le Maroc a considéré cette décision comme étant un affront politique auquel il a réagi avec des conséquences diplomatiques.

    La nervosité marocaine donne l’impression que des changements sont dans l’air. Les processus politiques actuels ont modifié les rapports de force dans la région ; la démocratisation de la Tunisie, la stabilité extrêmement fragile en Algérie, la menace de guerre civile en Libye, le soulèvement des minorités. Cela pourrait conduire à une nouvelle négociation du conflit du Sahara Occidental. Par contre, tant que tous les acteurs influents au sein du conflit s’arrangent avec un statu quo, une république indépendante semble bien lointaine. Et cela retombe á nouveau sur les Sahraouis.

    Susanne Kaiser

    Qantara, 2014

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, ressources naturelles,

  • Sahara Occidental : l’UE inflige un sacré camouflet au Maroc

    La Commission européenne a déclaré mercredi que les produits originaires du Sahara Occidental doivent être étiquetés comme tels. Une déclaration qui risque de faire un tollé au Maroc, qui, soutenue par la France, occupe ce territoire depuis 1975.

    L’UE a récemment conclu des accords commerciaux avec le Maroc qui s’étendent sur le Sahara Occidental, territoire non autonome selon les résolutions des Nations Unies. Dans ce contexte, la commission européenne reconnaît que l’étiquetage des produits agricoles du Sahara Occidental doit mentionner l’origine de ces produits.

    Dans une réponse à une question posée par la député Heidi Hautala, Janusz Wojciechowski , le commissaire européen à l’Agriculture, considère que les produits originaires du Sahara occidental et les envois contenant ces produits sont conformes aux exigences qui imposent l’obligation de fournir des informations exactes et non trompeuses sur le pays d’origine ou la provenance de ces produits.

    Selon le responsable européen, « le règlement d’exécution (UE) no 543/2011 de la Commission établissant les modalités d’application du règlement (CE) no 1234/2007 du Conseil en ce qui concerne les secteurs des fruits et légumes et des fruits et légumes transformés prévoit les critères à respecter pour la commercialisation de ces produits. Tous les produits importés, y compris ceux originaires du Sahara occidental, doivent se conformer à la législation pertinente, y compris l’obligation de fournir des informations exactes et non trompeuses sur le pays d’origine ou la provenance de ces produits, qui dans ce cas doit donc être «Sahara Occidental».

    « Conformément à l’article 15.4 du règlement (UE) n ° 543/2011 de la Commission, le Maroc est l’un des pays tiers où les contrôles de conformité ont été approuvés par la Commission. Les autorités marocaines sont chargées de contrôler la conformité aux normes de commercialisation des fruits et légumes frais sous leur contrôle et ces autorités sont responsables des contacts avec l’Union », a-t-il ajouté dans sa réponse écrite.

    « À la suite de l’arrêt de la Cour de justice du 21 décembre 20162, l’Union européenne et le Royaume du Maroc ont conclu un accord sur la modification des protocoles nos 1 et 4 de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les deux parties, qui est entré en vigueur le 19 Juillet 2019 », précise-t-il.

    Concernant les modalités à suivre à cet égard, M. Wojciechowski indique qu’il attend encore le verdict de la Cour Européenne de Justice. « La décision relative à la conclusion de cet amendement fait actuellement l’objet d’une procédure devant le Tribunal (affaire T-279/19 Front Polisario / Conseil). Dans l’attente de l’arrêt de la Cour, la Commission n’est pas en mesure de commenter plus en détail l’interprétation ou la mise en œuvre de l’accord modifié », dit-il.

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