Étiquette : Mohammed VI

  • Mientras su pueblo muere de hambre, el rey de Marruecos se ofrece un yate de lujo

    Lleva aparcado en el muelle de Casablanca desde el pasado día 14 de junio. Es un Sybaris de lujo « diseñado, según su catálogo, por el equipo de Perini Navi para marcar una nueva revolución en las líneas estilísticas del astillero, con Philippe Briand optimizando la arquitectura naval y el diseño de PH esculpiendo los espacios interiores y exteriores, todo ello en mástiles de 70 m de longitud y carbono que se eleva a más de 72 m por encima de la línea de flotación. Sybaris, varias veces premiado, ha dado un nuevo paso ».

    Precisamente el soberano alauita se preguntaba hace unos años « ¿dónde está la riqueza nacional de Marruecos »?. En el valor de su yate encontraría de la respuesta a su pregunta.

    Mohammed VI y el lujo, dos amigos inseparables y no duda en enseñárselo a su hijo a quien recientemente ofreció un Gulfstream G650, un regalo que costó ni más ni menos que 67.4 millones de dólares (57.5 millones de euros).

    Etiquetas: Marruecos, Mohammed VI, Badis, Sybaris, yate, lujo,

  • Maroc : Mohammed VI s’offre un nouveau yacht à 1 milliard de dirhams

    A l’occasion des festivités du 20ème anniversaire de son intronisation, le roi du Maroc s’est offert un joyeux de bateau pour la coquette somme de 1 millirad de dirhams.

    Il s’appelle « Sybaris », il est sixième plus grand yacht du monde et il est ancré dans le port de Casablanca depuis le 14 juin dernier.

    Selon sa brochure, « l’expression du voilier de rêve d’un homme – une coutume conçue par l’équipe Perini Navi pour marquer une nouvelle révolution dans les lignes stylistiques du chantier naval, avec Philippe Briand optimisant l’architecture navale et PH Design sculptant les espaces intérieurs et extérieurs – le tout englobé dans 70 m mâts de longueur et de carbone s’élevant à plus de 72 m au-dessus de la ligne de flottaison. Sybaris, plusieurs fois primé, a franchi une nouvelle étape ».

    Et dire que le souverain a soulevé, il y a quelques années la question « où est la richesse nationale du Maroc » ?

    Mohammed VI et le luxe, deux amis inséparables et il n’hésite pas à apprendre à son fils à qui il a offert dernièrement un Gulfstream G650, un cadeau qui a coûté ni plus ni moins que 67,4 millions de dollars (57,5 millions d’euros).

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Badis, Sybaris, yacht, luxe,

  • Maroc : Lalla Salma, privée de liberté de mouvement (presse)

    Le cas de la princesse Lalla Salma est appellant. Le 12 décembre 2017, l’épouse du roi du Maroc a été vue pour la dernière fois en public inaugurant une exposition au musée d’art contemporain de Rabat. Trois mois plus tard, le 21 mars 2018, le magazine espagnol «Hola! annonça, en exclusivité, le divorce du couple royal marocain. Depuis lors, elle n’a dooné aucun signal de vie avant avril dernier.

    Lalla Salma est disparue pendant un an et demi, complètement retirée de la vie publique. Les dernières apparitions de la princesse, si elle garde encore le titre qui lui a été octroyé en 2012, à Marrakech ou à Beni Mellal, ne sont pas synonymes de liberté de mouvement. Tout ce qu’elle fait est soumis à l’autorisation du monarque alaouite.

    Vanitatis, 15 juin 2019

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, princesse,

  • Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau*

    En Algérie, en l’espace de 17 semaines de mobilisation le peuple souverain est entrain de nettoyer tout doucement mais sûrement les plus hautes sphères de l’État algérien corrompu, ils ont dégagé à peu prés tous les tout-puissants d’hier, le président qui voulait être roi, ses ministres, ses hommes de confiance, les hommes d’affaire crapuleux qui gravitent dans son entourage et les oligarques qui se sont enrichis sous son règne. d’autres ont été poursuivis, traqués mis en prison,

    Des centaines d’enquêtes visant de hauts responsables et leurs acolytes dans le milieu des affaires ont été déclenchées pour « dilapidation de deniers publics, d’abus de fonction et conflit d’intérêts », le processus est toujours en cours,

    Le bilan de 2 ans de mobilisations, au Maroc et dans le RIF :
    pas de nouvelle donne

    L’état , la société sont livrés à des prédateurs encore plus féroces

    Le passé ne fait que se prolonger dans le futur

    Les clans honnis au pouvoir honni sont toujours là

    Le roi se maintient au pouvoir , toute la dynastie alaouite aussi
    saad eddine el othmani est toujours là ,

    La majorité gouvernementale est toujours là

    Les prédateurs connus et non connus , ne bougent pas et n’ont jamais été inquiétés

    Le responsable de l’assassinat crapuleux de Mohcine FIKRI., et businessman notoire, Aziz Akhennouch, est toujours là, il est même prédit pour devenir le futur premier ministre,… rien n’a changé

    Entre temps, le pouvoir tout puissant est entrain de dépecer le rif, destructurer sa société , exilé ses enfants

    Le peuple dans sa majorité est nargué méprisé, tout le monde a peur pour sa sécurité, tout le monde acquiesce au statu quo, la gauche, les islamistes et les amazighistes, aprés avoir trahit leurs idéaux, espèrent toujours l’avènement d’une démocratie et la réforme du makhzen pour devenir une institution démocratique, entre temps ils sont devenus des clients du pouvoir

    Est-il vrai que le peuple est en colère contre le pouvoir? Elle est où cette colère ? Où est cette indignation ? Elle est où cette crise sociale chaotique ?

    Le renversement du pouvoir en place est une perspective lointaine, le régime est parti pour durer, ke grand changement est une illusion !

    *Louis Antoine Léon de Saint-Just

    Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, système, régime,

  • Maroc : Photo de Bihman, l’amour de jeunesse de Mohammed VI

    En 2005, Al Jarida Al Oukhra a essayé d’aborder un sujet liée à la famille royale avec un article sur la vie privée de la princesse Lalla Salma. Les menaces du palais royal n’ont pas tardé è se faire sentir. « Je vous préviens que les conséquences de votre comportement peuvent être néfastes », avait précisé le ministre de la maison royale dans une lettre adressée au directeur de ce média, Ali Anouzla.

    Ainsi, les marocains ont découvert que les activités du marketing de la monarchie n’ont pas de place à l’intérieur des frontières du Maroc. Un marketing en flagrante contradiction avec l’image interne de « commandeur des croyants » et le caractère sacré du roi.

    Dans ce système, le roi est l’acteur unique et prédominant dans la vie politique du pays. Aucun autre élément du puzzle marocain n’a de poids à côté de lui.

    L’absence de communication du palais sur ces sujets ouvre la porte aux rumeurs les plus folles et contraint la presse locale à se lancer dans un jeu d’interprétation sans fin des gestes du monarque. C’est ce qui est arrivé après la publication de la MAP d’un communiqué sur une infection de rotavirus supposée rattrapée par le souverain marocain lors d’un de ses voyages en Asie. Des médias marocains ont été ensuite punies à cause de leurs publications sur la santé de Mohammed VI. Depuis, lors la presse a découvert qu’il s’agit d’un tabou.

    Un autre tabou que les médias marocains n’osent pas traiter est l’orientation sexuelle de leur roi. Cependant, l’ancien correspondant au Maroc du journal espagnol El Pais, Ferran Sales Aige n’a pas oublié de mentionner cette question dans son livre sur le souverain alaouite « Mohammed VI, le prince qui ne voulait pas être roi ». Il aborde le sujet sur la pointe des pieds, malgré que son homosexualité était un « secret de polichinelle » notamment lors de son stage à Bruxelles sous les conseils de l’ancien président de la Commission Européenne, Jacques Delors.

    A cette époque, de nombreuses soiyrces le situent dans des bars à ambiance gay dans la capitaale belge. Cependant, Sales a expliqué que son père Hassan II a engagé un espion pour suivre les pas de son fils et qu’il recevait beaucoup de rapports à cet égard. Hassan II était très inquiet à cause de nombreuses visites masculines que son fils recevait dans son manoir du palais des « Sablons », à Salé, près de Rabat.

    Il ne racompte pas non plus que dans le différend de la succession, le secteur le plus conservateur lui préférait son frère cadet Moulay Rashid parce qu’il se méfiait d’un Mohamed très libéral et moderne, entre autres pour ces soupçons d’homosexualité qui sont très graves aux yeux de ces secteurs. Ce n’est peut-être pas un hasard, que de nombreux conseillers et ministres actuels soient des compagnons d’étude et des amis habituels de cette époque de jeunesse de fêtes à l’étranger et de nuits à la discothèque Amnesia de Rabat, où il avait un espace réservé. Il n’est peut-être pas un détail indicatif de quoi que ce soit, mais il faut le dire. Il a personnellement détruit le harem officiel de son père Hassan, de plus de 50 femmes qui pullulent dans le palais en dehors des deux épouses “officielles”la première qui ne lui a pas donné d’enfants et la deuxième, sa mère. Pour de nombreux commentateurs, les yeux de Mohammed VI ne supportaient pas de voir autant de femmes dans son entourage. A ce la s’ajoute, sa manie de poser pour les magazines people « comme une gonzesse », quelque qu’aucun monarque du monde ne fait.

    En 2014, un ancien officier de l’armée marocaine réfugié en Espagne publie « Mémoires d’un soldat marocain » dans lequel y apporte un détail inconnu sur la vie privée du souverain marocain. Au-delà des affaires de corruption qui gangrène dans l’armée, le doigt accusateur d’Issou s’élève plus haut et pointe vers le monarque Mohamed VI et ses préférences sexuelles. En effet, il prétend être l’auteur d’un rapport sur les tendances du monarque alaouite. «Pour ma part, j’ai présenté à J.M. un rapport sur l’orientation sexuelle du prince héritier, l’actuel roi Mohamed VI, et son amitié avec Abderrahmane Alaoui, Bihmane pour ses proches, qui fut mon compagnon de promotion à l’Académie royale militaire».

    Selon son récit, Alaoui, meilleur ami du monarque, était le «petit-fils d’un esclave noir qui avait servi au palais (les descendants de ces esclaves vivent encore, dans un état de semi-esclavage, dans la ville royale de Touarga, une commune au statut spécial qui fait partie de la préfecture de Rabat, située au Méchoaur). Abderrahmane était un ami et compagnon de jeu du jeune prince, plus tard un de ses confidents et compagnon de soirée, mais nous n’avons trouvé aucune trace de lui dans les annales officielles vu la relation embarrassante pour le palais».

    Selon lui, Bihman a été tué par Driss Basri à cause de ses relations sentimentales avec le prince héritier Mohammed.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, gay, Abderrahman Alaoui, Bihmane, homosexualité,

     

  • Maroc : Mohammed VI, un roi faible et incompétent, selon Foreign Policy

    Mohammed VI jugé sévèrement dans la prestigieuse revue (Foreign Affairs)

    La prestigieuse revue de relations Internationales « Foreign Affairs » a publié dans son édition de Mai 2011, une série d’articles consacrés au printemps arabe. Parmi ces articles, celui intitulé « Quatrième vague ou faux départ ? » écrit par l’un des plus grands spécialistes des transitions démocratiques, Larry Diamond. il y analyse la situation politique de différents pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord.

    Son évaluation de la situation au Maroc est pour le moins critique à l’égard de Mohammed VI. Il qualifie le roi de faible et incompétent. Il stigmatise sa mansuétude à l’égard des affairistes qui l’entourent. Selon Larry Diamond, Les réformes sont avortées à cause d’une coalition formée de sécuritaires et d’affairistes proches du Roi.

    Larry Diamond est professeur à l’Université de Stanford. Il est aussi le directeur du Centre de la Démocratie, du Développement et de la Règle de Droit, centre auquel est affilié le cousin du Roi, Hicham Benabdallah Alaoui. Voici la traduction du paragraphe extrait de l’article de Larry Diamond concernant le Maroc :

    « Le Roi Du Maroc, Mohammed VI est toujours vénéré dans son pays et considéré comme un réformateur à l’étranger, mais il est encore plus faible et plus incompétent que Abdullah (Roi de Jordanie). Il n’a montré aucune volonté pour maitriser les intérêts vénaux qui entourent la monarchie, ou réduire l’extraordinaire concentration des richesses dans son pays. Au lieu de cela, son appareil sécuritaire, son cercle restreint d’amis, et les milieux oligopolistiques des affaires qui lui sont proches, bloquent les demandes de réformes, isolant encore plus le roi, et aggravant la tempête politique qui se prépare sous une surface de calme apparent. »

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    Pour lire l’article dans intégrale en anglais, cliquez ici

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    Source: Lakome, 03.06.2011

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Foreign Policy, Printemps Arabe,

  • Maroc – Constitution : on n’est pas sortis de l’auberge alaouite

    Lors de son allocution de vendredi soir, le roi du Maroc a planté le décor de la nouvelle charte qui devrait parachever « la construction de l’Etat de droit et des institutions démocratiques ». Un discours historique ? Peut-être. Même si depuis l’avènement sur le trône de Mohamed VI, les « discours historiques » et les proclamations capitales ont eu tendance à se multiplier.

    Une déclaration à un quotidien étranger informant que le conflit du Sahara était réglé, une allocution télévisée annonçant la prétendue découverte de pétrole dans le sud du pays, et maintenant l’annonce d’une nouvelle constitution et de lendemains qui chantent. Premier constat involontaire, après pratiquement 12 ans de règne (trois mandats présidentiels américains), on remarque qu’il est toujours question de « parachèvement » et de « construction » de la démocratie.

    Des avancées, il y en a bien évidemment dans le nouveau texte constitutionnel. L’égalité homme-femme qui sera inscrite dans la loi, le renforcement des attributs de la cour des comptes (dont le dernier rapport nous a révélé qu’il y avait beaucoup de voleurs à la tête des administrations publiques) et la protection, voilée, de la liberté de conscience. Un joli pied de nez au Parti de la justice et du développement (PJD) d’Abdelillah Benkirane, l’ex-militant radical de la Chabiba islamiya devenu ces derniers mois, comme tant d’autres ex mordus des extrêmes, plus royaliste que le roi.

    Le tamazight, la langue ancestrale des Marocains, devient langue officielle. Le souverain a mis fin au folklore de la langue « nationale », qui n’avait aucune validité juridique et n’était pas contraignante. Mais il y a tout de même un léger doute quant à sa mise en place. Le roi a prévenu que « son officialisation effective devra s’inscrire dans un processus graduel ». Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il faudrait attendre qu’une nouvelle génération émerge des écoles bilingues où le tamazight, qui n’est toujours pas unifié linguistiquement, serait enseigné.

    Autre avancée concrète, l’interdiction de la transhumance parlementaire. Cette pratique, qui était pourtant interdite, a bénéficié avant tout ces dernières années à un certain Fouad Ali El Himma, l’« ami du roi » et fondateur du « parti du roi », le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), qui a débauché pratiquement tous les parlementaires de sa formation politique.

    En ce qui concerne la diaspora marocaine à l’étranger, le nouveau texte évoque généreusement une « représentation parlementaire » pour les Marocains de l’étranger, mais Mohamed VI a immédiatement souligné que celle-ci serait effective « dès que la formule démocratique y afférente aura muri ». C’est-à-dire qu’elle est renvoyée aux calendes grecques.

    Par contre, la consécration dans le projet de constitution de « tous les droits de l’homme, notamment la présomption d’innocence, la garantie des conditions d’un procès équitable, la criminalisation de la torture, des disparitions forcées, de la détention arbitraire et de toutes les formes de discrimination et des pratiques humiliantes pour la dignité humaine », sonne évidemment faux.

    Car comme Hassan II, mais dans une moindre mesure, Mohamed VI possède aussi son petit jardin secret (le centre de détention clandestin de Témara) et ses petites années de plomb faites de disparitions forcées, de séquestrations et de tortures, le tout dans une mer de « pratiques humiliantes ». Est-ce que c’est sûr qu’avec un nouveau texte on puisse changer de mentalité ? Pas si sûr.

    La violente répression du mouvement du 20 février, qui a été la cause première de la mort de Kamal Ammari à Safi, a mis en évidence que les réflexes d’antan n’ont pas disparu. Pour preuve, quand Mohamed VI explique que la nouvelle constitution garantit « la liberté de la presse, d’expression et d’opinion, et le droit d’accès à l’information », il semble oublier qu’il vient d’envoyer en prison l’un de ses plus fidèles journalistes qui a eu le malheur de critiquer les méthodes de ses services secrets et a révélé une affaire de corruption impliquant son « ami » El Himma.

    Quant aux nouveaux pouvoirs du premier ministre, s’ils sont réels, il faut dire sans ambages qu’on en attendait plus. Certes, le premier ministre, qui sera issu des urnes devient « chef du gouvernement » et aura des pouvoirs renforcés comme de proposer ses ministres et de mettre fin à leurs fonctions, ainsi que nommer par décret ses hauts fonctionnaires. Mais, le roi continue de présider le conseil des ministres dont les pouvoirs de décision sont autrement plus amples et plus importants que ceux du conseil de gouvernement.

    Le roi garde aussi, mais ce n’est pas une surprise, la haute main sur les nominations dites sensibles. Ainsi, si le chef du gouvernement, qui n’aura aucune autorité sur l’élément militaire, paramilitaire ou policier pourra « choisir » les noms des walis, gouverneurs et ambassadeurs (c’est-à-dire les cadres issus des ministères de l’intérieur et des affaires étrangères) ces derniers devraient être « nommés » par le roi. Un nom qui déplait au souverain, dont on connait la rancune tenace, et c’est la trappe.

    Même chose pour les responsables des« administrations de la sécurité intérieure et des institutions nationales stratégiques », en clair la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), la Direction générale de la sécurité du territoire (DGST ou DST, la principale police politique), et la Direction générale des études et de la documentation (DGED) dont l’actuel patron, Mohamed Yassine Mansouri, est un autre « ami du roi ». Il est plus que probable que les noms des titulaires de ces postes seront soufflés au premier ministre par le cabinet royal. Car la sécurité et les forces armées vont rester entre les mains du roi. « Etant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du roi, chef suprême, chef d’Etat-major général des Forces armées royales » prévient-il.

    Pour boucler la boucle, il y aura bien, comme l’avait annoncé Demain, un « Conseil supérieur de la sécurité », dont le but sera de coordonner les différents corps sécuritaires. En somme de contrôler la force armée. Au cas où…

    L’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des pouvoirs exécutif et législatif sera consacrée, dit-on. Mais n’est-ce pas le cas avec l’actuelle constitution ? Même chose pour la « pénalisation constitutionnelle » de toute ingérence de l’autorité, de l’argent ou de tout autre forme de pression, dans les affaires de justice, dont les principaux bénéficiaires ces dernières années ont été des proches du pouvoir. Et ceux qui s’y sont opposés ont été éloignés de leurs postes ou expulsés de la magistrature.

    Demandez au juge Jaâfar Hassoun pourquoi il a été expulsé de la magistrature. Pour avoir informé un journaliste des prochaines nominations décidées par le conseil supérieur de la magistrature dont il était membre, pourrait nous répondre vigoureusement le ministre de la justice, Mohamed Naciri. Pour avoir été le premier juge marocain à avoir eu le courage de s’opposer au PAM dans une affaire d’élections truquées à Marrakech, devrait-on lui rétorquer.

    Mais enfin, nous dira-t-on, le roi n’est plus sacré, c’est une extraordinaire avancée. Quelle divine surprise ! Il a fallu attendre 2011 pour que l’être marocain se rende compte enfin qu’un homme, tout roi qu’il est, ne peut être sacré. Ne peut être comparé à dieu. Disons alors que jusqu’en 2011 nous étions des arriérés consentants et qu’en 2011 nous nous sommes rendus compte que nous avons été des arriérés consentants.

    Et pour ceux qui croient que nous sommes sortis de la monarchie exécutive dont l’un des fondements réside dans la religion, il faut signaler que Mohamed VI reste le « commandeur des croyants ». Ce n’est certes pas du Ali Khamenei, l’actuel guide suprême de la révolution islamique en Iran, pays avec lequel le Maroc a rompu ses relations pour marquer sa différence, mais cela lui ressemble fort.

    Enfin, pour ne pas faire trop dans la critique, on ne peut que saluer la « constitutionnalisation du Conseil de la concurrence et de l’Instance nationale de la probité et de lutte contre la corruption », en espérant que ces deux organismes vont avoir maintenant suffisamment de courage pour s’opposer à la concurrence déloyale et hégémonique de la SNI (Société nationale d’investissement), dont le capital est détenu à plus de 60% par la famille royale et dont le principal dirigeant, Hassan Bouhamou, a été accusé de corruption devant un tribunal américain.

    Dernière remarque. La preuve que les choses ne vont pas tellement changer avec la nouvelle charte a été faite vendredi dernier, tout de suite après le discours royal. Immédiatement après que le roi ait demandé solennellement à ses sujets de voter « oui » au référendum, des milliers de marocains, officiellement de manière spontanée, mais en réalité fortement encadrés par des fonctionnaires de l’administration caïdale et quelques partis politiques, se sont jetés dans la rue pour proclamer leur adhésion à un texte dont ils n’ont pourtant que sommairement pris connaissance.

    Dans leur hâte à crier « vive le roi ! » et à proclamer éternelle fidélité à la monarchie, ces fidèles téléguidés ne s’étaient pas rendus compte que lors de son allocution télévisée le roi avait commis un léger lapsus en parlant de « constitution imposée ».

    En résumé, et en trois quatre mots, c’est pas la nouvelle constitution qui va nous sortir de l’auberge alaouite.

    Demain Online

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, monarchie alaouite, palais royal,

  • Maroc : Mohammed VI plus riche que l’Emir du Qatar

    Mohamed VI, 7ème plus riche fortune personnelle des monarchies du monde… est plus riche que l’émir du Qatar

    Casablanca.- L’hebdomadaire français Point de vue, une revue de grande diffusion de la presse du cœur francophone, spécialisée dans la vie des têtes couronnées, a publié cette semaine un dossier sur la fortune des « royals ». « Fortune des rois : secrets, fantasmes et réalités », tel est l’intitulé du dossier que cette publication a consacré aux nobles fortunés.

    Contrairement à ces malveillantes et roturières publications qui défendent les principes républicains, Point de vue ne l’est point. Elle est plutôt royaliste puisqu’elle s’intéresse de très près aux querelles dynastiques qui oppose la maison d’Orléans aux Bourbons pour savoir qui des deux chefs de ces deux rames devrait occuper le trône de France l’improbable jour où la monarchie serait rétablie dans l’Hexagone. C’est-à-dire quand les poules auront des dents.

    Pour ne pas faire dans l’amateurisme, Point de vue est donc allée recueillir les lumières de Pascal Dayez-Burgeon, un agrégé d’histoire spécialiste en sang bleu et qui vient de publier un livre sur « La fortune des rois ».

    Comme on s’y attendait, ce qui ressort de cette interview et de l’enquête menée par le magazine, la monarchie marocaine n’est pas très raisonnable en ces temps de vaches maigres et de crise économique endémique.

    Sur une liste de 15 monarques, Mohamed VI est classé 7e, avec une fortune personnelle estimée à 2,5 milliards de dollars. Or, de toutes les monarchies présentes sur la liste, seul le Swaziland peut-être considéré comme moins favorisé économiquement que le Maroc. Le reste de la liste est constitué de pétromonarchies ou de riches Etats occidentaux.

    Si le souverain le plus riche de la planète est celui de la Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, le roi du Maroc, Mohamed VI, est plus riche que l’émir du Qatar, ce qui est tout de même paradoxal. L’émir du Qatar est assis sur des barils de pétrole alors que son homologue marocain est installé sur des mares de pauvreté et de chômage [sans oublier les phosphates, le poisson et le sable du Sahara occidental, qui rapportent de juteux dividendes, NDLR SOLIDMAR].

    L’expert français explique que beaucoup de monarchies arabes, dont la marocaine, « perçoivent des allocations publiques pour mener leur mission de souveraineté à bien : liste civile, dotations annexes, palais de fonction.

    Mais pour vivre lorsqu’ils ne sont pas en représentation, les princes détiennent également des biens privés. Ces deux sources de revenus sont en principe distinctes, mais s’avèrent souvent poreuses, c’est-à-dire que les fonds publics servent à financer la vie privée, voire permettent aux princes d’accroître leur fortune personnelle ». « C’est cet amalgame qui passe de moins en moins bien auprès de l’opinion, au Maroc notamment », rajoute Dayez-Burgeon.

    Point de vue rappelle qu’avec l’astronomique somme de 254 520 000 euros touchée chaque année, la monarchie marocaine est celle qui reçoit le plus d’argent public. C’est trop de « générosité », signale sarcastiquement l’hebdomadaire.

    Par exemple, la monarchie hollandaise touche de l’Etat la somme de 39 millions d’euros par an, la belge 31 millions, la norvégienne 22,6 millions, la suédoise 13 665 000 euros et la pauvre luxembourgeoise 8,8 millions. Une vraie misère comparée à ce que touche Mohamed VI.

    Avec ces chiffres, on a la fâcheuse impression que la monarchie marocaine se sert plus qu’elle ne sert.

    Car 254 millions d’euros par an, ce n’est plus une rente, c’est un hold-up permanent si on prend en compte le fait que tous les collègues européens de Mohamed VI dirigent des États riches et développés.

    Mohamed VI possède un yacht, El Boughaz I, de 70 mètres. Au Maroc, il a la jouissance d’une trentaine de palais et de résidences dont les lourds frais de fonctionnement sont assumés par l’Etat en ces temps de misère. Et en France, outre le célèbre château de Betz, dans l’Oise, le souverain possède l’hôtel de Broglie, rue de Varennes, l’une des plus belles et des plus grandes résidences de Paris.

    Et la famille n’est pas loin. « Lalla Latifa, la mère de Mohammed VI se repose dans un hôtel particulier à Neuilly, boulevard Maurice Barrès », commente Point de vue qui affirme que les sœurs du roi habitent, avenue Foch, à Paris, mais pas très loin de leur mère.

    Un vrai contre de fée, certes, sauf que le Maroc n’a plus vocation à continuer d’entretenir autant de besoins colossaux et gargantuesques.

    Et puis enfin, si effectivement le souverain a cédé une partie de ses prérogatives à son chef de gouvernement, la logique ne voudrait pas qu’il lui cède également une partie de l’argent perçu ?

    Une chose est sûre, avec ce dossier sur les fortunes arabes, au beau milieu des révolutions arabes, c’est pas demain la veille que le directeur de Point de vue sera invité à notre fête du trône.

    Source : Solidarité Maroc, février 2012

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, fortune,

  • Maroc : Les américains n’aiment pas le couscous ni le thé à la menthe

    Les américains mettent de la menthe au tabou

    Si Mohamed VI et son Majzén pensaient que, contrairement à certains journalistes espagnols et français, l’ambassade des États-Unis à Rabat et son consulat à Casablanca avaient envoyé à Washington des reportages sur la beauté naturelle et historique du royaume, la variété des couleurs et les odeurs de ses marchés, les délices du couscous et du thé à la menthe, l’humour et l’hospitalité de ses habitants, le luxe et le confort de ses grands hôtels, son engagement sans faille à la combinaison de la tradition et de la modernité, si c’est ce qu’ils pensaient, ils auront connu une déception monumentale en lisant les textes datés de 2008 et 2009 obtenus par Wikileaks et publiés par EL PAÍS et quatre autres journaux internationaux.

    Il s’avère que l’ambassade et le consulat d’un pays aussi ami, d’un protecteur aussi indispensable, d’un pouvoir si amoureux de l’ordre, d’un promoteur aussi vigoureux des affaires, ont été envoyés à la ville de Potomac, faisant état de corruption, de bureaucratie et d’inefficacité. Tout comme ces fichus journalistes. En fait, ces deux câbles ressemblaient à des chroniques journalistiques qui essayaient même d’imiter leur style et comprenaient des titres tels que Tous les hommes du roi (All the King’s Men) et Un conte de proportions royales (A tale of royal proportions).

    Car oui, et c’est cela qui fait mal, les diplomates américains au Maroc ont parlé dans leurs câbles du tabou: le roi en personne. Ils ont osé dire, et avec des exemples concrets, que le monarque et son peuple avaient une « honteuse gourmandise » – oui, tels étaient ses mots – lorsqu’il s’agissait de prendre des commissions pour des projets immobiliers dans le royaume. Non, les diplomates yankees ne se sont pas livrés à des discours ds guides et des vendeurs de tapis des souks. Ils ne se sont pas bornés à racompter des choses aussi connues que le trafic de haschisch double même les revenus du tourisme. Même pas pour signaler le méfait de cet officier de la police qui était dédié à importer des motos BMW alors qu’il savait que ce sont ceux-là qui allaient équiper les forces de sécurité. Sans oublier que pour obtenir des permis de construire à Casablanca, il fallait donner un bon coup de pouce aux fonctionnaires plus ou moins haut. Les diplomates américains, ces gens qui avaient été invités tant de fois au couscous et au mechui, ont pointé leur doigt sur le roi et ses grands amis, Fouad Ali l’Himma et Mounir Majidi.

    En faisant preuve d’irrespect pour le plus sacré, l’Ambassadeur Riley a envoyé en août 2008 une dépêche à Washington décrivant l’état des Forces armées royales comme étant en voie de modernisation, bien sûr, mais accablé de corruption, oui encore l’inefficacité bureaucratique, le faible niveau d’éducation et le risque élevé de radicalisme.

    Les diplomates américains sont-ils devenus communistes? C’en a tout l’air, Majesté. Parce que, sinon, comment expliquer qu’en mai 2008, le consulat de Casablanca ait envoyé à Washington un câble dans lequel, après avoir reconnu le réveil urbain et économique de cette métropole, ajoutait l’observation selon laquelle il serait nécessaire que la prospérité soit  » partagés plus largement « au profit de « tous les segments de la société ».

    Le Palais royal, le gouvernement et la presse accro à ces révélations réagiront-ils avec la même sensibilité que les articles publiés dans certains journaux à Madrid et à Paris? Ou, déjà mis aux résolutions du Congrès espagnol. Affaire à suivre.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, palais, royal, wikileaks, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi,

  • Agustin Gomez Acosta (CGT-E) : « Le Maroc est émaillé de luttes réprimées violemment »

    Agustin Gomez Acosta, militant de la CGT espagnole, y anime la commission Maghreb. Petit tour d’horizon avec lui de l’actualité des résistances sociales et syndicales au Maroc.

    Alternative libertaire : Comment expliquer qu’au Maroc la mobilisation populaire n’ait jamais atteint le niveau de la Tunisie ou de l’Égypte ?

    Agustin : En premier lieu, la monarchie alaouite est le principal et plus fidèle allié des États-Unis, de la France et de l’Union européenne dans la zone. Bien que Moubarak et Ben Ali l’aient été aussi, dans le passé la Tunisie et surtout l’Égypte sont passés par des phases de nationalisme en conflit ouvert avec l’Occident, à l’époque de Nasser en particulier. Cette réalité a laissé dans la conscience collective du peuple de ces pays un important sentiment anti impérialiste. Le Maroc, au contraire, a toujours été un allié fidèle.

    En deuxième lieu, l’État marocain a cultivé l’ignorance, l’analphabétisme et la marginalisation de l’identité amazigh, pourtant majoritaire au sein de la population marocaine. Le niveau culturel des peuples égyptiens et tunisiens est à cet égard substantiellement supérieur.

    En troisième lieu, le Mouvement du 20 Février n’a pas eu la force suffisante de renverser la monarchie alaouite. Au Maroc, les revendications sociales étaient les mêmes qu’en Tunisie et en Égypte mais ne demandaient pas la chute de la monarchie.

    Pourquoi ?

    Agustin : L’État marocain comporte des caractéristiques particulières qui permettent au pouvoir des marges de manœuvres plus importantes. Sa base de soutien, à la différence des dictatures de Ben Ali et Moubarak, n’est pas seulement le fait d’un État moderne centralisé à outrance avec ses institutions répressives (police, justice, armée, bureaucratie). Le régime marocain repose sur la permanence des coutumes héritées du sultanat, de ses relations féodales et de vassalisation.

    Ces pratiques pénètrent toute la société à travers un réseau large de « petits roitelets » aux ordres du monarque. C’est ce concept de fidélité aveugle et inébranlable que l’on nomme le Makhzen. Au Maroc, il existe officiellement de nombreux partis, syndicats, associations. Des élections ont lieu régulièrement. Toute une démocratie de façade, selon les critères occidentaux, prévaut. En même temps, le Makhzen, système hybride entre l’État moderne, hérité du colonialisme, et le sultanat, basé sur un pouvoir théocratique et la vassalité, est un pouvoir absolu avec un roi au dessus des lois et de toute constitution. Mohamed VI est le prince des croyants et son pouvoir ne peut être remis en cause.

    Ces facteurs expliquent que la réponse du roi face au Mouvement du 20 Février ait été la répression. Dans le même temps, en promulguant une réforme constitutionnelle, le roi s’est assuré l’image d’un monarque éclairé, à l’écoute des revendications du peuple. Par l’entremise de cette nouvelle constitution plus « libérale » (du moins en apparence), il a réussi à diviser l’opposition et à gagner à sa cause nombre de partis de « gauche ». Un exemple : à la tête du récent Conseil national des droits de l’homme a été nommé un ancien prisonnier politique d’Hassan II et des « années de plomb ». Le message est en tout cas très clair : les espaces démocratiques au Maroc sont ceux que le roi tolère. Un autre exemple symptomatique de cet état de fait : au Maroc, tu peux assister à une répression violente dans les manifestations, comme ce fut le cas cet été, à l’occasion de la libération du pédophile espagnol Diego Galan. Quelques jours après, le roi ayant reconnu qu’il s’agissait là d’un erreur (évidemment pas la sienne mais celle d’un de ses sujets, en l’occurrence le ministre de la Justice), les manifestations sur le même thème ont été soudainement encouragées.

    Pour résumer, il est clair que rien ne bouge au Maroc sans l’assentiment royal. Le Makhzen n’est pas remis en cause par la collaboration active de la grande majorité des partis, syndicats, associations, mais aussi caciques, indics de la police dans les quartiers. Un réseau qui est présent à travers tout le pays dans l’unique et seul but de servir le roi.

    En dépit de cette réalité, personne ne peut bâillonner les luttes du peuple. Luttes qui ont poussé Mohamed VI à faire voter, via un référendum, cette nouvelle constitution. Une constitution sans légitimité aucune, avec un taux d’abstention record de 70 %. Le Mouvement du 20 Février continue à agir dans la rue, à se mobiliser. La réponse invariable du Makhzen à son égard, intimidations, terreur et répression, mettent à nue sa vraie nature et son caractère dictatorial.

    Peux-tu nous dresser un panorama du mouvement social et syndical marocain ?

    Agustin : Tout d’abord, il faut avoir en tête que la plupart des luttes populaires au Maroc sont spontanées, auto-organisées et avant tout locales. Le Mouvement du 20 Février a constitué le plus important changement au sein de la situation politique marocaine depuis des décennies. Mobilisations de masse dans plus de cent villes, actions coordonnées et création de comités de soutien dans les quartiers. Le peuple marocain exprimait, malgré la répression, son désir de changement, de liberté, de dignité et de justice sociale. Bien que la répression ait fait un certain nombre de morts (par exemple à Safi ou à Ait Bouayach), le pouvoir a pris soin d’éviter un bain de sang. Le pouvoir a, par une nouvelle constitution, tenté de répondre politiquement à la colère. Il a aussi facilité l’accession au pouvoir des islamistes modérés du Parti pour la justice et la démocratie (PJD), pour désamorcer une des composantes du mouvement social marocain. Ces facteurs expliquent la perte de vitesse de ce Mouvement du 20 Février. Malgré tout, la lame de fond de cette mobilisation persiste. Et le 22 février prochain une journée d’action, sur tout le territoire, a été proposée.

    Au niveau des mouvements sociaux, l’ANDCM (Association nationale des diplômés chômeurs du Maroc) continue à résister et maintient au niveau local un militantisme actif. L’AMDH (Association marocaine des droits de l’homme) poursuit, de son côté, son inlassable travail de dénonciation des violations continues des Droits de l’Homme et apporte son soutien aux luttes sociales et populaires.

    Au sein du mouvement ouvrier, la consolidation de secteurs anti bureaucratiques et combatifs au sein du syndicat majoritaire, l’UMT (Union marocaine du travail) a été réelle notamment dans l’enseignement, l’agriculture et l’administration publique. Les luttes de défense de la réforme agraire et contre la marginalisation de ce que l’on appelle le « Maroc oublié » (zones de l’Est du pays essentiellement) sont permanentes. Dans les universités aussi ont eu lieu des grèves mais les divisions au sein du mouvement estudiantin, du fait du sectarisme de certains secteurs, a fait que cela a manqué de coordination.

    La résistance amazigh (berbère), très divisée et diverse, a perdu de son intensité, notamment du fait de la reconnaissance de son identité et de sa langue par la nouvelle constitution.

    En résumé, les luttes et résistances sont avant tout spontanées, dispersées. Cette réalité est due avant tout à la nature même des organisations syndicales, sociales et politiques caractérisées par son allégeance au régime alaouite et au fait qu’elles demeurent, majoritairement, autoritaires, bureaucratiques et corrompues.

    Peux-tu revenir, plus en détail, sur les luttes significatives de ces derniers mois ?

    Agustin : En dépit de la pesanteur des appareils syndicaux, ce qui est positif c’est que les luttes sociales et syndicales sont constantes. Elles se terminent ici, elles commencent ailleurs. Ces derniers mois, des révoltes ont eu lieu à Targuist, dans la province de Al Hoceïma ou encore à Demnate, Khenifra ou Taza. A Ouarzazate, les mineurs se sont mis en grève. En 2012, c’était le quartier populaire de Sidi Youssef Ben Ali de Marrakech qui se soulevait. Tout le territoire est émaillé de ces luttes réprimées violemment à chaque fois par le pouvoir.

    Le problème c’est que ces luttes manquent de coordination et ne s’étendent pas à cause des bureaucraties syndicales qui font tout pour freiner les mouvements. A Ouarzazate, par exemple, les instances de la CDT (Confédération démocratique du travail) sont intervenues directement dans le conflit pour paralyser la grève des mineurs et ont négocié avec les patrons en lieu et place de la CDT locale beaucoup trop offensive.

    Une autre lutte significative a été celle des habitants et habitantes d’Imider contre la pollution des nappes phréatiques par la Société métallurgique d’Imider (SMI), qui appartient à Managem (holding royale) et qui exploite une mine d’argent. Cette lutte, longue de plusieurs années, est exemplaire à plus d’un titre : fonctionnement assembléiste, solidarité active et implication des femmes.

    Un dernier exemple de lutte, celle menée par le secteur agricole de l’UMT qui a réussi ces derniers mois à imposer aux patrons des exploitations des droits nouveaux pour les ouvriers et ouvrières agricoles (revalorisations salariales, inscription à la sécurité sociale, respect des droits syndicaux).

    Dans ce Maroc en lutte, existe-il des organisations se réclamant du mouvement libertaire et de ses pratiques ?

    Agustin : Il n’existe pas à proprement dit d’organisation au niveau national. Par contre, ici et là, des libertaires font des choses. Il y a eu de nombreuses tentatives, par exemple, de mise sur pied des centres culturels libertaires. Dernièrement, à Casablanca et à Rabat ont été créés des collectifs libertaires qui agissent sur le terrain culturel et musical, et dans l’art en général. Un collectif « Guérilla Cinéma » fait des choses pertinentes. Plus généralement, ce qui est intéressant c’est qu’au sein de la jeunesse avancent les idées d’autonomie, d’auto-organisation, les réflexes de fonctionnement horizontal et de rejet des logiques de partis.

    Dans les zones berbères (dans le Rif en particulier), enfin, les pratiques de fédéralisme et d’assembléisme font partie intégrante de la tradition populaire. Des concepts comme parlementarisme, partis, syndicats, y sont perçus comme étrangers car hérités artificiellement du colonialisme.

    Propos recueillis par Jérémie Berthuin (AL Gard)

    Source : Alternative Libertaire, 3 déc 2013

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, répression, Mouvement 20 février, printemps arabe,