Étiquette : Mohammed VI

  • Maroc : La nationalisation des holdings royaux s’impose

    Orilio Bahia

    Le roi Mohamed VI, choque les marocains en demandant « Ou es la richesse? ».En revanche les citoyens marocains demandent la nationalisation des Holdings « AL MADA », « SIGER », « ONA », « SNI » Qui sont de l’argent de peuple marocain !

    Le holding royal SNI de roi Mohamed VI change de nom et devient Al Mada. Al Mada entend continuer à diversifier ses activités en Afrique. C’est la signature choisie par le conseil d’administration de prédateur Mohamed VI pour accompagner le nouveau nom du holding royale. Il traduit une volonté du fonds d’investissement de produire sur le long terme en Afrique. Le nom aussi ne doit rien au hasard. Al Mada, littéralement Perspective en arabe, accentue un peu plus le souhait de la société portefeuille de se positionner dans les investissements africains.

    L’entité hérite d’ailleurs d’un ancrage dans 24 pays africains dans lesquels elle a investi ” 574 millions d’euros en 2017″ Banque, assurance, construction ou encore les mines, l’ex SNI a diversifié ses investissements depuis déjà quelques années.

    Le résultat hors Maroc de son activité, est aujourd’hui estimé à 26% “le résultat est l’aboutissement du cap fixé depuis 2014 par les actionnaires, ayant eu pour objectif de moderniser la gouvernance et d’engager la transformation en fonds d’investissement panafricain à long terme.

    Al Mada a engagé ces dernières années une transformation pour passer de société industrielle à société de portefeuille, cédant le contrôle de ses sociétés. Son plan d’action concorde avec celui du gouvernement marocain dont la stratégie est de se tourner vers l’Afrique en s’appuyant sur les secteurs clés de son économie.

    Qui contrôle la holding royale SNI ? Quelle est la part de chacun des actionnaires du prédateur Mohammed VI et de la famille royale ? Une infographie exclusive d’Orilio. Contrairement à la perception générale, le pouvoir de marché de la holding royale, lié à l’étendue de ses participations et à la faiblesse de l’environnement concurrentiel, a un impact négatif sur l’économie marocaine.

    Orilio Bahia

    Tags : Maroc, ONA, SNI, Al Mada, holding royal, monopolisation, prédateur, SIGER, Mohammed VI,

  • Les restrictions que Mohamed VI impose à Lalla Salma, son ex-femme

    Par Ignacio Cembrero

    Cheikha Mozah bint Nasser, l’une des épouses de l’émirat émirite du Qatar, a essayé un jour de parler au téléphone avec la princesse Lalla Salma, 40 ans, qui était en pratique la première dame du Maroc jusqu’à son divorce du roi Mohamed VI, 55 ans, annoncé il ya un an, le 21 mars 2018, par l’édition numérique du magazine « Hello !

    La cheikha a alors appris que Lalla Salma n’était pas disponible. Il y avait d’autres femmes, d’autres maisons royales arabes, qui ont également essayé ces derniers mois de la contacter, mais elles n’ont pas réussi, selon des sources proches de la famille royale. Les appels auxquels elle n’a pas été autorisée à répondre ne sont qu’une des restrictions auxquelles l’épouse du Roi du Maroc est désormais soumise : elle a été pendant 16 ans l’épouse du Roi du Maroc.

    Il y a un an,’Hola !’ annonçait la rupture du mariage, mais en réalité, trois mois auparavant, Lalla Salma avait déjà disparu de la vie publique. Sa dernière apparition a eu lieu le 12 décembre 2017 lorsque, au Musée Mohamed VI d’art moderne de Rabat, elle a inauguré une exposition du peintre Mohamed Amine Bemnati, mort en 1971. C’était la dernière fois que son image, reconnaissable à ses cheveux roux et légèrement bouclés, est apparue dans un média marocain.

    Comme il n’a jamais été annoncé officiellement, la Maison Royale n’a divulgué la nouvelle qu’à ‘Hola’, beaucoup de Marocains doutaient jusqu’au mois dernier que leur roi ait divorcé. Le magazine espagnol préféré du palais l’a reconfirmé avec un article intitulé  » Ceci est la vie de la princesse Lalla Salma un an après son divorce du roi du Maroc « , publié le 13 février. Elle coïncide également avec le début de la première visite d’État du Roi et de la Reine d’Espagne au Maroc, au cours de laquelle l’ex-épouse n’a pas été présente. Lors de la précédente visite d’État en Espagne, dirigée dans ce cas par Don Juan Carlos et Doña Sofía, en janvier 2005, Lalla Salma avait été omniprésente. Les derniers doutes ont ainsi été levés.

    Le magazine a à peine donné des détails sur la vie quotidienne de Lalla Salma qui, dit-elle, « restera en dehors de la sphère publique, mais pas de la sphère privée, car elle continue à être très présente dans la vie de ses enfants ». Un an après la publication de l’exclusivité, on ne sait même pas si l’ex-femme jouit encore du titre de princesse qui a été attribué à la jeune informaticienne le 21 mars 2002, lorsqu’elle a épousé le souverain alaouite au Palais Royal à Rabat. L’épouse de l’ancien roi Hassan II, Latifa Amahzoune, 72 ans, n’a atteint que le rang de  » mère des princes « .

    Le cadeau de Lalla Salma

    Lalla Salma vit aujourd’hui dans la résidence de Dar es Salaam, à la périphérie de la capitale, où elle a toujours été logée depuis son mariage avec Mohamed VI. A la fin des années cinquante, le roi Mohamed V, grand-père du monarque actuel, y vivait également. Pour couronner le départ de son ex-femme de la famille royale, le souverain a eu l’idée de la transférer dans une propriété sans rapport avec l’histoire de la dynastie alaouite.

    A cette fin, il a acquis la villa de Mustafa Sahel, ancien ministre de l’Intérieur décédé en 2012, à l’extérieur de Rabat. Mais début 2018, Mohamed VI s’est fait de nouvelles amitiés, notamment avec le boxeur allemand d’origine marocaine Abu Zeitar et ses deux frères, et comme ils n’avaient pas de maison dans la capitale, il a décidé de mettre la maison à leur disposition. Les trois trentenaires sont nés et vivent à Cologne (Allemagne).

    Le roi continue donc de rechercher un logement décent pour son ex-femme et sa fille, la princesse Khadija, 11 ans. Tous deux vivent toujours à Dar es Salaam et sont rejoints le week-end par le prince héritier Moulay Hassan, 15 ans, qui revient de Marrakech, la ville où il s’est installé en septembre. Il a ensuite choisi de quitter le Collège Royal de Rabat pour rejoindre le Collège Préparatoire en Techniques Aéronautiques de Marrakech qui enseigne un baccalauréat spécialisé. Moulay Hassan veut être pilote et son père ne s’y est pas opposé tant qu’il suit une formation parallèle qui le prépare à être Roi.

    C’est peut-être à cause de cette surcharge de travail, des voyages à l’étranger où il accompagne son père, du travail de représentation qu’il effectue au Maroc ou de l’inconfort causé par le divorce brun entre ses parents, mais la vérité est que les résultats scolaires de l’héritier se sont dégradés ces derniers mois. les resultats de sa soeur ont suivi le même chemin. L’agression médiatique contre Lalla Salma, qualifiée de femme  » mesquine « ,  » méprisante « ,  » dédaigneuse « ,  » en colère  » et  » agressive  » par Le Crapouillot Marocain, une publication créée par le régime pour l’attaquer, ne contribue en rien au calme mental du petit royal.

    Du centre commercial à Portofino

    Lalla Salma est vue de temps en temps à Rabat avec la princesse Khadija et, rarement, également avec Moulay Hassan. Ils vont au cinéma Atlas, font leurs courses au Mega Mall ou déjeunent dans un restaurant donnant une impression de normalité qui n’est pas tout à fait réelle. La vie de l’ex-femme est soumise à de multiples restrictions. Chacun de leurs départs doit, par exemple, être autorisé par le monarque, comme l’ont été, en juillet de l’année dernière, les vacances que les trois hommes ont passées en mer Egée et à Nice. A Portofino (Italie), très proche de cette dernière ville française, la journaliste marocaine Mariam Said, qui anime une émission sur une télévision du Golfe, les a croisés et n’a pas hésité à le raconter dans une vidéo. « Je suis surpris que vous me reconnaissiez », a dit Said. « Elle est très jolie, » dit-il.

    Toute la famille royale, à commencer par les sœurs du monarque, a tourné le dos à Lalla Salma depuis la rupture du mariage. Quelques amis et même des membres de sa famille éloignée – pas la plus proche, composée de son père et de ses quatre sœurs – se sont probablement aussi distancés, convaincus qu’ils ne pourraient plus obtenir de faveurs du palais par son intermédiaire ou que ce qui la concernait serait préjudiciable à leurs intérêts.

    Cet éloignement des amis et de la famille lointaine était évident en novembre dernier lorsque Fatima Abdellawi, la grand-mère de Lalla Salma, la femme qui l’a vraiment élevée parce que sa mère est morte quand elle avait seulement trois ans, est morte. Quelques-uns d’entre eux n’ont même pas présenté leurs condoléances ou l’ont fait presque en secret. Moulay Hicham, 55 ans,  » cousin rouge  » de Mohamed VI et confronté à lui, s’est une nouvelle fois distingué en lui adressant  » ses plus sincères condoléances  » sur Twitter. Le prince héritier s’est tourné vers sa mère pour l’aider à préparer les funérailles.

    Mohammed VI n’a pas aimé l’attitude honteuse de tous ceux qui avaient auparavant rendu hommage à la princesse. Il a ensuite donné des ordres 40 jours après sa mort, lorsque les pieux musulmans se sont rassemblés pour lire le Coran et se souvenir du défunt, presque personne ne manquait au rendez-vous funéraire.
    Lalla Salma a également dirigé une fondation contre le cancer qui porte toujours son nom. Celui-ci n’a pas disparu, mais il fonctionne à un rythme lent depuis l’année dernière. Dans les quelques événements qu’elle a organisés en 2018, comme la journée internationale des volontaires à Marrakech ou la signature d’un accord avec l’Institut Marie Curie en France, celle qui, en théorie, est toujours la présidente de la fondation n’apparaît plus. Il est remplacé par Latifa Elabida, secrétaire général de l’entité.

    « Il n’y a pas d’événement ordinaire parmi les amis ou les familles qui a suscité plus de commentaires au Maroc qu’un vrai divorce », dit un petit homme d’affaires de Casablanca. La nouvelle s’est répandue au printemps 2018 comme une traînée de poudre à canon, même si la presse marocaine, craignant la réaction du palais, ne l’a pas reprise dans ses pages. Mohamed Siali, journaliste à l’agence EFE, a interrogé Mustafa el Khalfi, porte-parole du gouvernement marocain, en mars 2018, sur la véracité du divorce et lui a répondu qu’il devait s’adresser au cabinet royal. En vain.

    Mariage annoncé, rupture silencieuse

    Palacio est silencieux, ce que seuls quelques médias marocains, tels que les journaux Akhbar al Youm, Goud ou Alif Post, édité en Espagne, ont osé critiquer. Ce dernier se demandait en février comment le palais pouvait annoncer, il y a 17 ans, le mariage royal dans une déclaration, et omettre maintenant de signaler la rupture du mariage. « (…) le minimum aurait été de publier une brève note sur le divorce (…) et d’expliquer quel sera le rôle de[Lalla Salma] à l’avenir (…) « , dit-il. Non seulement elle est toujours une  » princesse « , mais son statut sera aussi celui d’une  » princesse « .

    Il y a dix-sept ans, la monarchie marocaine s’est donné un vernis de modernité non seulement en annonçant le mariage et en organisant une célébration avec style, mais aussi en faisant connaître la future épouse et en l’élevant au rang de princesse. Les Marocains se sont habitués à voir une première dame qui, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, a ouvert des séminaires sur la médecine et le cancer, prononcé des discours en plusieurs langues et développé des activités culturelles. Son protagonisme était en phase avec le discours du palais royal visant à promouvoir le rôle des femmes dans le contexte conservateur du monde arabo-musulman.

    Le mutisme actuel de la Maison Royale Alaouite met fin à cette touche novatrice qui a donné lieu à des politiciens et commentateurs européens à prévoir pour le Maroc une évolution ouverte qui n’a pas eu lieu. Au contraire, la monarchie alaouite a maintenant des traits plus autoritaires que lorsque Lalla Salma allait se marier en 2002.

    Source

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, divorce,

  • Maroc : Des royautés arabes tentent, en vain, de parler à la princesse disparue Lalla Salma

    Selon les informations révélées par El Confidencial, la princesse Mozah Bint Nasser, l’une des épouses de l’émir émérite du Qatar, a essayé une fois de parler au téléphone avec la princesse Lalla Salma.

    La réponse du palais royal marocain a été, ajoute la source, « que Lalla Salma n’était pas disponible ».

    Dans un article paru mercredi, Ignacio Cembrero, ancien correspondant d’El País à Rabat, qui cite des sources marocaines proches de la famille royale, précise qu’ »il y avait d’autres femmes, d’autres maisons royales arabes, qui ont également essayé ces derniers mois de la contacter, mais sans succès. Les appels auxquels elle n’était pas autorisée à répondre ne sont qu’une des restrictions auxquelles l’épouse du roi du Maroc est désormais soumise.

    Cembrero rappelle que le magazine Hola !, celui qui a annoncé le premier divorce du couple royal marocain et a été le premier à signaler que, après la rupture, Lalla Salma « restera en dehors de la sphère publique, mais pas de la vie privée, du fait qu’elle est encore très présente dans la vie de ses enfants. « Un an après la publication de l’exclusivité, on ne sait même pas si l’ex-femme jouit encore du titre de princesse qui a été donné à la jeune informaticienne le 21 mars 2002, lorsqu’elle a épousé le souverain alaouite au Palais Royal à Rabat », a-t-il précisé.

    « Le mutisme actuel de la Maison Royale Alaouite met fin à cette touche novatrice qui a donné un motif à des politiciens et commentateurs européens pour prévoir pour le Maroc une évolution ouverte qui n’a pas eu lieu. Au contraire, la monarchie alaouite a maintenant plus de traits autoritaires que lorsque Lalla Salma se préparait pour le mariage de 2002 », a-t-il indiqué.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, divorce,

  • Mohammed VI : Relations dangereuses – Le Roi du Maroc et la Secrétaire d’Etat

    Atenea ACEVEDO

    Rire ensemble est une des manières infaillibles de resserrer des liens d’amitié. Que ne donneraient ceux qui voient cette photo pour savoir quelle a été la blague de Mohamed VI qui a motivé l’élégant éclat de rire de Hillary Clinton ?

    Lui aurait-il raconté que ce 6 novembre se déroule la commémoration du trente-quatrième anniversaire du début de la Marche Verte tandis que le Maroc reste impuni et l’ONU indifférente ? C’est impossible. Car il est difficile d’imaginer que les connaissances de la Secrétaire d’État soient au point lorsqu’il s’agit d’exactions anciennes de puissances plus petites.

    Nous devons observer l’image avec attention pour pouvoir faire des hypothèses. Le mouchoir assorti dans la poche du roi et les insignes qui ornent la cravate et le revers de veste, l’index de la main droite qui pointe son interlocutrice. Les immanquables perles et le buste penché pour tenter de sympathiser avec discrétion dénotant ainsi la classe de Clinton. Le récepteur avec les oreillettes pour l’interprétation simultanée qui menacent de glisser, démontrent que lui, parle anglais, mais qu’elle ne comprend pas l’arabe.

    Je me risque à dévoiler les possibles motifs du rire : le Prix Nobel de la Paix décerné à Barack Obama, la chatoyante politique étrangère d’un gouvernement incapable d’abandonner la realpolitik, les dérapages diplomatiques de Clinton, la poudre aux yeux de la dernière visite de l’UNHCR (Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU) aux camps de la population sahraouie réfugiée en Algérie, les mensonges de Felipe González sur le Sahara Occidental, la vulgaire complicité entre le sultanat alaouite et la monarchie espagnole ou les longs tentacules qui lient l’État espagnol avec l’État français et l’État israélien.

    Rien de ceci ne serait de nature à provoquer le rire mais plutôt l’indignation de tout être humain ayant un minimum de conscience morale. L’agence presse espagnole EFE publie la photographie dans son contexte : dans le cadre du sommet international du Forum pour le Futur, le Maroc a présenté un projet pour la construction de cinq centrales solaires grâce à un accord stratégique passé avec l’Espagne et l’Allemagne. Le projet sera mis en chantier en novembre 2010 et deux de ces centrales seront construites au Sahara Occidental sous occupation militaire marocaine. Mohamed VI a certainement informé Hillary Clinton qu’une d’elles sera installée à Laâyoune, la Secrétaire d’État a du tenter sans succès de prononcer le nom d’une ville aussi exotique si bien que le roi a été obligé de se servir de son index pour l’aider à le formuler. Elle s’est mise à rire de sa propre ignorance, et lui, chevaleresque, il a souri.

    Je suis soulagée : nous avons de la chance, ce ne sont que deux personnes confortablement installées dans l’opulence du pouvoir, réunies pour un acte officiel prévu pour faire des projets et des alliances communes. Heureusement.

    Source : Le Tacle, 11 août 2009

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Hillary Clinton, Etats-Unis, USA, Sahara Occidental,

  • Mohammed VI, le Pablo Escobar du Maroc

    Le général Manuel Antonio Noriega, né à Panama le 11 février 1934 et mort incarcéré dans son pays le 29 mai 2017 fut une personnalité politique panaméenne. De 1984 à 1990, en tant que chef des forces armées panaméennes, il exerça de facto le pouvoir dans le pays, sans avoir constitutionnellement le titre de chef de l’État. Détenu aux États-Unis pour trafic de drogue et blanchiment, il a été condamné au Panama par contumace pour meurtres. En 1987, Manuel Noriega est l’homme fort du Panama, dont il est dirigeant de fait. Il bénéficie du soutien des États-Unis et de bien d’autres pays. Il est ainsi fait commandeur de la Légion d’honneur par François Mitterrand le 22 janvier 1987, sur proposition du ministère des affaires étrangères du gouvernement Chirac.

    … qui protège et autorise la production de 2 000 tonnes de drogue vers l’Europe. Le Maroc demeure le «principal producteur et fournisseur mondial de haschich, dont la production est destinée principalement aux marchés européen et africain», indiquait le Rapport mondial 2013 sur les drogues devant la Commission des stupéfiants de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic et l’abus de drogues.

    Le Maroc s’est forgé un statut de plaque tournante du trafic mondial de drogue. 72% du cannabis saisi dans le monde produit au Maroc.

    Au Maroc, la région montagneuse du Rif tire l’essentiel de ses revenus des champs de cannabis. En dehors de quelques opérations de destruction destinées aux médias, le makhzen ferme les yeux.

    D’après le chercheur Pasqual Moreno, le retour des profits du cannabis dans l’économie marocaine était de 2 milliards d’euros en 1997, soit presque le double de la manne touristique. Le cannabis est 40 fois plus rentable que les cultures de céréales : quand un hectare de maïs rapporte 800 euros, un hectare de cannabis peut rapporter dans des conditions optimales jusqu’à 30000 euros.

    Le chiffre d’affaires généré par le narcotrafic est particulièrement difficile à estimer : il va de 80 ou 200 milliards de dollars par an selon certains chercheurs (respectivement Peter Reuter et Alain Labrousse) à 800 milliards selon certaines institutions internationales.

    Il est clair que chaque agence gouvernementale américaine qui avait une relation avec Noriega a fermé les yeux à sa corruption et au trafic de drogue, alors même qu’il était en train de devenir un acteur clé au nom du cartel de Medellin (dont un des membres était le notoire Pablo Escobar). « Noriega a été autorisé à établir la première narcokleptocratie de l’hémisphère » . En octobre 1989, une tentative de coup d’État contre Noriega échoue, et le 20 décembre de la même année, les États-Unis envoient des troupes au Panamá (opération « Juste Cause »). Noriega se réfugie dans la nonciature du Vatican, mais il est extradé aux États-Unis. Reconnu coupable de trafic de drogue, Noriega est condamné, en 1992, à y purger une peine de prison de quarante ans.

    L’invasion du Panamá, qui constitue l’intervention militaire américaine la plus importante depuis la guerre du Viêt Nam, se révèle traumatisante et controversée. Si elle viole à la fois le droit international et la politique américaine de non-intervention dans les affaires intérieures d’un État, elle est cependant bien accueillie par une majorité de Panaméens, pour qui elle apparaît comme le seul moyen d’éliminer un dictateur soutenu pendant des années par les États-Unis. Mais les conséquences de l’opération Juste Cause sont dramatiques pour les civils. En s’attaquant au quartier général de Noriega, à Panamá, les troupes américaines touchent aussi les quartiers avoisinants, laissant sans abri des centaines d’habitants. Officiellement estimé à environ 500, le nombre de Panaméens tués lors de l’intervention américaine est chiffré à plusieurs milliers par les organisations de défense des droits de l’homme.

    Finalement, la drogue, comme les autres sources de revenus occultes, devient une ressource logique dans l’enrichissement nécessaire au clientélisme politique et donc dans les jeux politiques, qu’ils soient violents ou non (coups d´État, élections). Plus généralement, la captation de ressources extérieures, les possibilités d’enrichissement facile, l’insertion dans des réseaux hautement rémunérateurs, peuvent être perçus comme un moyen de rester dans le jeu politique et le commerce international, comme un moyen d’éviter la marginalisation et donc de retrouver certaines formes de légitimité aux yeux des acteurs subordonnés. Ainsi, la drogue n’est-elle, aux yeux de ce(s) réseau(x) mafieux/politique u’un moyen parmi d’autres (affaires, trafic d’armes…) de s’enrichir ou/et de rester au pouvoir.

    Last Night in Orient, 30 mai 2017

    Tags : Maroc, Pablo Escobar, Noriega, Mohammed VI, dorgue, cannabis, haschich, trafic,

  • Mohamed VI : l’érosion constante de l’image du roi du Maroc

    Mohamed VI met la pédale douce sur ses voyages à l’étranger, mais les commentaires d’un acteur célèbre sur sa vie privée ou sa montre à plus d’un million d’euros continuent de nuire à sa réputation

    Assis entre son fils, le prince Moulay Hassan, et Melania Trump, le roi Mohamed VI (55 ans) s’est endormi trois fois le 11 novembre tandis que le président français Emmanuel Macron prononçait son discours à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Les caméras ont capté ce moment et les images du monarque dans les bras de Morphée, fulminé du regard par le président Donald Trump, ont fait le tour du monde. Des centaines de médias, de la chaîne de télévision yankee Fox News au journal péruvien El Comercio, les ont reproduites sur leurs sites ouèbe.

    La presse marocaine, en revanche, a omis de faire écho à la courte sieste qui a suscité des milliers de commentaires sur les réseaux sociaux, dont beaucoup de la part de Marocains. Les sujets du monarque plaisantent, mais dans les maisons de Casablanca ou de Rabat ils s’interrogent aussi sur la cause de ce sommeil prématuré : a-t-il eu une mauvaise nuit, est-il malade, fatigué, prend-il des médicaments qui le provoquent ? Il n’y a pas eu de réponse à ces questions, mais le ministère marocain des Affaires étrangères a fait circuler, pour compenser les dégâts, une photo dans laquelle Trump a été vu saluant cordialement le souverain alaouite.

    Alors que le Makhzen pensait avoir surmonté le faux-pas parisien, le malheur suivant s’est produit pour le monarque. Une fois de plus, la presse marocaine l’ignore, mais au Maroc on n’a parlé que de ça et la vidéo sur laquelle elle est basée a battu des records d’audience. Bachir Skiredj, Tangérois de 79 ans, est l’un des acteurs les plus populaires du Maroc : le roi Hassan II, père de Mohamed VI, lui a commandé plusieurs pièces. Il a côtoyé la famille royale pendant des années. Formé en France et en Espagne, il a travaillé avec les frères Tonetti [les 2 clowns d’Espagne les plus fameux de la seconde moitié du siècle dernier, NdT], s’est produit dans ces deux pays européens et aux USA où il possède deux chaînes de télévision locales.

    Noms d’oiseaux et bandes vidéo

    Allongé sur le canapé rouge de sa maison de Tanger, Skiredj est apparu au milieu du mois dans une vidéo répondant à des questions sur la vie privée de Mohamed VI. Ce qu’il dit du roi pourrait relever du code pénal marocain. Les propos de l’acteur sont parsemés d’insultes envers le souverain.

    La vidéo et ses insultes ont été téléchargées sur YouTube et Facebook et depuis, Skiredj n’arrête pas de s’excuser dès qu’il voit un micro. “Les mots qui m’ont été attribués sont haineux, dit-il. “Jamais dans l’histoire du Maroc les Skiredj, fidèles serviteurs de la famille royale, n’ont osé les prononcer”, ajoute-t-il. Il les a prononcées mais parce qu’il a été drogué, explique-t-il, par deux jeunes hommes, Issam et Khalid, qu’il a dénoncés et qui auraient même été arrêtés à Tétouan. Une petite poignée de médias ont repris les excuses présentées par l’acteur – la plupart omettent le sujet – mais à aucun moment ils n’expliquent quels termes il a utilisé pour outrager Mohamed VI.

    Quelles étaient les intentions des personnes qui ont enregistré le vidéo ? Probablement se venger des conditions de travail tristement célèbres que l’acteur leur a offertes pour travailler dans un spectacle. Celui qui ne pourra plus travailler au Maroc est probablement Skiredj lui-même, selon les spéculations des milieux journalistiques à Rabat et Casablanca. L’épisode de Skiredj s’ajoute aux épisodes précédents qui ont érodé l’image de la monarchie.

    Le magazine espagnol ¡Hola! a révélé en mars dernier que Mohamed VI avait divorcé de sa femme, la princesse Lalla Salma, qui n’a pas été vue en public depuis presque un an. Bien que légal, le divorce d’un chef d’Etat n’est pas entièrement bienvenu dans une société musulmane conservatrice comme le Maroc. C’est peut-être pour cela que le makhzen n’a jamais confirmé les révélations de ¡Hola!

    Début septembre, le roi est apparu sur une photo dans laquelle il montrait à son poignet, comme l’a révélé le compte Instagram Luxury Life, une montre Nautilus de l’horloger suisse Patek Philippe, d’une valeur de 1,2 million de dollars (1,05 million d’euros) en raison des diamants dont elle est sertie. A cette occasion, une partie de la presse a répercuté l’information qui a même atteint les habitants des misérables bidonvilles d’Errigui et d’Eljadid dans la banlieue de Casablanca. Alors, lorsque les forces de sécurité ont tenté de les expulser à la fin du mois, ils sont descendus dans la rue et certains manifestants ont montré avec indignation leur montre devant la caméra, déclarant qu’ils les avaient payées un prix ridicule, moins de cinq euros.

    Dans les manifestations populaires « il y a un changement de ton devant le monarque », a noté le journaliste indépendant Reda Zaireg en octobre dans le journal en ligne Yabiladi. « (…) La critique est désormais plus directe et prend des proportions sans précédent, ce qui constitue un rejet de l’État et de ses symboles », a-t-il ajouté. Il conclut par un pronostic risqué : « la monarchie n’apparaît plus inexpugnable ».

    De J’aime à Je n’aime pas

    Alifpost, petit journal en ligne destiné à un public marocain, mais dont le siège est à Grenade, est allé jusqu’à exiger le mois dernier que la famille royale Alaoui “rembourse une partie de la dette qu’elle a contractée avec le peuple (…)”. “Nous attendons de la monarchie qu’elle renonce à une partie de ses richesses au profit du peuple marocain “, a-t-il écrit. « Il ne s’agit pas de faire des dons directs aux comptes courants des citoyens, mais de prendre des initiatives concrètes dont bénéficie la nation, à commencer par les jeunes qui s’immolent par le feu ou se noient dans la Méditerranée, en la traversant pour chercher une vie meilleure ». La fortune du roi irait chercher loin. Le magazine US Forbes estime qu’elle s’élève à quelque 5,7 milliards de dollars (5 017 millions d’euros).

    L’information sur le monarque, et pas seulement celle de la montre de luxe, est souvent agrémentée dans les journaux en ligne de commentaires peu respectueux, parmi lesquels se faufilent d’autres commentaires élogieux, généralement écrits par une légion d’internautes à la solde du makhzen. Même les discours et les actes de Mohamed VI affichés sur YouTube suscitent maintenant plus de Je n’aime pas que de J’aime. C’est pourquoi le ministre de la Communication, Mohamed Laarej, a publié en septembre un communiqué avertissant que “le directeur de la publication est tenu de ne diffuser aucun contenu qui constitue un délit (…)”.

    Malgré ce récent discrédit de l’institution monarchique, de nombreux Marocains continuent à compter sur elle pour résoudre leurs problèmes quotidiens. La preuve en est que pour remettre une lettre avec leurs pétitions, il y a des citoyens qui n’hésitent pas à sauter sur l’entourage royal, le forçant parfois à s’arrêter pour ne pas lui marcher dessus. Le dernier procès pour ce crime a eu lieu à Salé fin septembre, et l’accusé a été condamné à pas moins de dix ans de prison parce qu’il s’est également heurté aux policiers qui l’ont arrêté.

    La bonne réputation du Commandeur des croyants, autre titre détenu par Mohamed VI, s’est détériorée non seulement dans son royaume mais aussi en France, le pays le plus proche du Maroc. Jusqu’à présent, les autorités marocaines se plaignaient fréquemment de la presse espagnole, qu’elles comparaient à la presse française, qu’elles qualifiaient de “plus responsable”. Les choses ont changé. “Mohamed VI, un roi très absent“, titrait le quotidien catholique parisien La Croix en avril dernier. “Maroc : Le roi Mohammed VI s’amuse et ça se voit sur Instagram“, titrait la couverture de l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur. Les deux médias et quelques autres ont enfin raconté ses longs séjours à l’étranger, notamment en France entre Paris et le château familial de Betz.

    Mais celle qui décroche la palme de l’information irrévérencieuse est sans aucun doute la la radio publique France-Inter qui a aussi le fort taux d’audience, surtout ses informations matinales, écoutées par 3,8 millions d’auditeurs. Au cours des deux derniers mois, elle a consacré trois chroniques humoristiques matinales à Mohamed VI. Dans la première, le chroniqueur Anthony Bellanger le décrit comme “un roi virtuel pour ses sujets”, ajoutant qu’il était “tombé amoureux” d’un boxeur de 32 ans nommé Abou Azaitar. Un mois plus tard, Charline Vanhoenacker concluait sa chronique radio satirique par l’allusion suivante à l’attachement supposé du souverain pour les lieux de fête : « Bref, le roi est nu, mais debout sur le bar de la discothèque ». Enfin, l’humoriste Aymeric Lompret a reproduit, avec force blagues*, ce qui aurait pu être, le 15 novembre, la conversation entre le roi et Macron à bord du TGV marocain qu’ils ont inauguré ensemble. Ces pilules d’humour sont inimaginables sur la Radio Nacional de España, l’équivalent espagnol de France-Inter.

    La presse française est cependant quelque peu déphasée lorsqu’elle rend compte du Maroc. Depuis l’été, Mohamed VI a réduit ses voyages à l’étranger et a augmenté son activité dans son royaume dans une tentative évidente d’améliorer son image. A cause d’accrocs comme la vidéo de Skiredj, cet effort n’a peut-être pas encore eu l’effet escompté.

    *Exemple : « – M6 : des TGV , j’en prends chaque soir 4 ou 5. -Brigitte :Comment ça ? -M 6 : ben oui des cocktails TGV : Tequila-Gin-Vodka » [NdT]

    Source : Tlaxcala, 24 nov 2018

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, TGV, Macron, France,

  • El-Himma, El-Majidi, Hammouchi et Mansouri : les quatre «copains» du roi qui dirigent le Maroc

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité des méthodes de répression.

    Fouad Ali El-Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI, est son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le ministre de l’Intérieur dans l’ombre. C’est un grand connaisseur des rouages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère.

    Mohamed Mounir El-Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la Siger, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’Economie dans l’ombre.

    Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST).

    Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine.

    En 2010, El-Majidi et El-Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui «s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque «l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI». En 2014, le nom d’El-Majidi est cité dans l’affaire de la banque HSBC, appelée Swissleaks, et, en 2016, dans les «Panama Papers». El-Himma et El-Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20-Février en 2011. Ils sont intouchables.

    Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone Al-Massae révèle que Fouad Ali El-Himma serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny, a été condamné le 9 juin 2011 par le tribunal de première instance à Casablanca, à un an de prison ferme et une amende de 1 000 dirhams pour «atteinte à la sécurité du pays et des citoyens». Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du roi à Casablanca l’eut accusé d’«atteinte à la sécurité du pays et des citoyens», suite, notamment, à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignement marocains, Abdellatif Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI, à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaïda. La CIA a, d’ailleurs, confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages, rendu public en mai 2014. En janvier 2014, Abdellatif Hammouchi est convoqué par la justice française lors d’un séjour à Paris avec le ministre de l’Intérieur marocain, suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni, pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu le patron de la DGST. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries, et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France.

    Une «nouvelle doctrine diplomatique»

    Les membres de l’équipe du roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle «star» de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sidi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri, le patron de la DGED, dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman.

    Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

    L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat hors-la-loi. Dans le but d’accaparer d’alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain, se disant indépendant, a appelé, non sans fierté, «nouvelle doctrine diplomatique».

    Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes.

    Dans ce contexte, il y a lieu de citer :

    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels ;

    – La profanation du drapeau algérien au consulat algérien de Casablanca le 1er novembre 2013 par un nervi aux ordres du palais ;

    – La multiplication d’incidents frontaliers ;

    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale ;

    – L’inondation du territoire algérien par des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif ;

    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times ;

    – La création et le financement du mouvement autonomiste de Ferhat Mehenni ;

    – La manipulation d’un mouvement terroriste (Mujao) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les trois coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf ;

    – La manipulation des incidents de la communauté du M’zab à Ghardaïa ;

    – La multiplication des attaques cybernétiques ;

    – La distillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al-Qaïda en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks), des publications hostiles parues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc (le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), think tank républicain (Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute) ;

    – Le financement de lobbies en France (les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc.).

    Au niveau régional

    Les conseillers de Mohammed VI sont derrière :

    – La prétendue connexion du Front Polisario avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60000 dollars pour un article dans ce sens paru dans The New York Times ;

    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF1 et iTélé ;

    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. A leur tête, Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media ;

    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec le mouvement de l’Azawad ;

    – L’accusation visant le Front Polisario, selon laquelle il fournirait des combattants pour défendre Kadhafi, et l’Algérie qui mettrait à leur disposition les moyens de transport ;

    – Le recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion ;

    – L’accusation proférée contre le mouvement sahraoui qui aurait détourné les aides humanitaires ;

    – L’envoi de centaines de ressortissants marocains en Libye pour rallier Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie ;

    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient du Maroc (haschich) ou transite par le Maroc (cocaïne provenant d’Amérique latine) ;

    – La formation de 5 000 jeunes Marocains pour mener le cyberterrorisme contre le Polisario et l’Algérie. Au niveau international Les conseillers de Mohammed VI ont planifié :

    – Le recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc ;

    – La confrontation directe avec les anciens alliés du Maroc : la France, les Etats-Unis, et l’Union européenne ;

    – La confrontation avec l’ONU : attaques contre le secrétaire général de l’ONU et son envoyé personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross;

    – La manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme ;

    – L’encouragement des salafistes marocains à rejoindre les rangs de Daech ;

    – La corruption de fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher la rédaction de son rapport accablant sur la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf ;

    – Les attaques contre les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leurs anciens ouvrages sur le royaume alaouite. Au niveau interne

    Les conseillers de Mohammed VI sont les instigateurs des faits suivants :

    – L’entretien à l’intérieur du pays d’une tension de faible intensité mais permanente afin de justifier le maintien du régime en place ;

    – Les représailles contre un certain nombre d’opposants pour faire peur aux autres et les contraindre à rentrer dans les rangs (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc.) ;

    Le harcèlement et la punition des opposants au roi : de nombreux militants du Mouvement 20-Février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, le local de l’AMDH a été saccagé et cambriolé, l’actrice Loubna Abidar a été lynchée, des étudiants sahraouis ont été agressés dans l’enceinte de l’université ;

    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit, intimidations, etc. ;

    – L’élimination de tout soutien à la presse réellement indépendante ;

    – Le travestissement de la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie permanente aux niveaux intérieur et extérieur.

    Mohamed Mahamud Embarec

    Source: Algérie Patriotique

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi, El Hammouchi, Yassine Mansouri,

  • L’histoire d’un journal qui déplaisait au roi du Maroc

    Le Journal hebdomadaire, vous connaissez? Mais oui, cette publication marocaine qui eut ses heures de gloire, entre sa naissance en 1997 et son décès en 2010… Un journal pas comme les autres, au Maroc. Indépendant et compétent. Gênant, donc. Qui devait mourir, et qui est mort.

    Une conférence originale s’est tenue à Bruxelles, à l’Espace Magh, le samedi 16 février dernier. De nombreux acteurs de cette expérience originale se sont en effet retrouvés pour l’évoquer, à l’initiative de Radouane Baroudi(1).

    Pourquoi donc des hommes et des femmes ont-ils un jour lancé un organe que Hassan Bousetta, admiratif, a appelé « une voix critique dans un contexte d’unanimisme imposé, un travail de transgression de l’ordre politique balisé par des lignes rouges »? Les anciens du Journal en conviennent: c’est Hassan II qui, dans un souci d’ouverture, a permis en fin de règne que l’expérience prenne son envol. Quitte à le regretter? En tout cas, a avancé Aboubakr Jamaï, directeur du Journal, «c’était une des premières fois qu’une entreprise privée marocaine appuyait un projet éditorial respectant la déontologie d’une presse libre tout en ayant le souci de faire du bénéfice. C’est original car, au Maroc, c’est l’un ou l’autre… ».

    De quoi une presse libre devrait-elle donc parler? « Nous avons assumé notre « naïveté », a .expliqué Jamaï. Nous considérions que si la Constitution dit que le pouvoir c’est le roi, notre contrat était de parler de celui ou de ceux qui ont un impact sur la vie des gens, de là où le pouvoir se trouve. On nous a accusés de « vendre » en mettant le roi en scène (il est vrai qu’un quart des couvertures lui était consacrée), mais pourquoi les Marocains achètent-ils un journal qui fait de l’investigation à propos du roi? Les gens s’intéressent à la politique quand on les prend pour des adultes. »

    « On a cru que c’était le dernier numéro! »

    Ali Lmrabet, rédacteur en chef peu après la période initiale, en 98-99, raconte: « On a essayé de faire “autre chose”, sous Hassan II. En se demandant comment asticoter le régime. On a écrit des dossiers. Sur Ben Barka (assassiné à Paris en 1965), sur Abraham Serfaty (juif marocain d’extrême gauche longtemps exilé). A l’époque, ces choses-là étaient en principe impossibles! On essayait des sujets que les autres n’osaient pas traiter. Comme les droits de l’homme. Lorsque nous avons publié l’interview que j’avais faite à Paris de Malika Oufkir (fille aînée du général qui avait tenté un coup d’Etat contre Hassan II en 1972, le roi se vengeant ensuite sur toute sa famille), on a cru que c’était le dernier numéro! »

    Fadel Iraki, assureur de son état et, surtout, principal actionnaire du Journal hebdomadaire, confirme l’anecdote. « Je ne me suis jamais mêlé du contenu éditorial, c’était même une condition que j’avais posée pour mettre de l’argent dans cette expérience. La seule fois que Aboubakr Jamaï m’a appelé, c’était pour la une sur Malika Oufkir. Il m’a dit qu’on risquait de se faire interdire une fois pour toutes. J’ai lui ai dit, vas-y si c’est ce que tu veux. »

    Ces péripéties funestes qui datent de Hassan II auraient pu – dû – s’arrêter avec Mohammed VI, qui a succédé à son père en juillet 1999. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit! « Nos vrais ennuis ont commencé avec « M6 » en 2000, a souligné Aboubakr Jamaï. Avec notre interview de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario (les indépendantistes du Sahara occidental, pestiférés au Maroc), et un dossier sur la connivence entre une partie de la classe politique et les putschistes des années 70. On a été interdit deux fois, puis on a subi une répression judiciaire basée sur des dossiers fabriqués de diffamation. Mon exil est dû à un Français de Bruxelles qui nous a fait un procès. Je suis parti quand un huissier est venu frapper à ma porte, je devais 250.000 euros… Et je ne parle pas du boycott économique (la pub…) pratiqué par les entreprises publiques mais aussi par la plupart des privées qui craignaient pour leurs contrats. Finalement, notre modèle économique a vécu car le roi l’a souhaité »…

    « On m’a dit: ”Aboubakr doit partir” »

    Mais le combat a été plutôt long car le Journal a fait de la résistance. Ali Lmrabet quittait certes l’hebdo en 1999 car il estimait, contrairement à Jamaï, que le « makhzen » (le système de pouvoir pyramidal à partir du roi) ne se réformerait pas avec le nouveau roi. L’histoire lui donna raison. « On m’a dit: ”Aboubakr doit partir”, a raconté Fadel Irak; c’était mon seul pouvoir, celui de décider qui était directeur; j’ai refusé. Il y a ensuite eu la censure à propos du Sahraoui Abdelaziz: on a publié des pages blanches et atteint un record de 70.000 exemplaires vendus au lieu de 25.000, on a dû refuser de la pub! Mais cela a vite changé: l’interdiction de décembre 2000 dura cinq à six semaines en raison du papier sur la gauche des années 70 en phase avec les putschistes. En fait, personne ne voulait qu’il soit su que la gauche et les militaires avaient pactisé contre Hassan II ! Il a fallu une brève grève de la faim d’Aboubakr à Paris pour qu’on puisse reparaître mais la pub s’est réduite comme peau de chagrin et on a commencé des procès en cascade. Jusqu’au moment où cela ne fut plus possible, et que survienne une décision de justice de liquidation. »

    Omar Brouksy, qui participa à l’aventure entre 2001 et 2010, n’a pas donné une explication très différente, au contraire. « Aboubakr misait sur le lectorat: on allait parler du vrai pouvoir; ce qui était ressenti comme une menace par le régime car on était vraiment indépendant, ce qui suffisait pour déranger. Notre second point fort: nous n’étions pas un tract antirégime; on partait de l’info, on donnait la parole à toutes les sensibilités, surtout les minorités. Car le Maroc n’est pas une démocratie, l’accès aux infos fiables n’est guère aisé, c’était notre force avec aussi des infos recoupées, démontrées. »

    Et d’ailleurs, conclura-t-il, rien n’a vraiment changé. « Actuellement, les thématiques restent les mêmes, malgré la nouvelle constitution, malgré le printemps arabe: l’autoritarisme, la prééminence de la monarchie, la non-indépendance de la justice, les détentions politiques (plus de cent militants du 20 février sont encore en prison), les atteintes à la liberté d’expression, les pressions économiques qui continuent, tout est toujours là. »

    « On en a pris plein la gueule »

    Que deviennent les journalistes courageux? (2) Ils ont le loisir de méditer: après un séjour en prison, Lmrabet a été condamné en 2005 à une peine inconnue au code pénal, une interdiction d’exercer le métier de journaliste pour dix ans; Aboubakr Jamaï doit toujours payer des centaines de milliers d’euros d’amendes et vit en Espagne; Omar Brouksy, reconverti à l’Agence France Presse, s’est vu retirer son accréditation il y a quelques mois pour avoir écrit dans un reportage que les candidats du PAM (Parti authenticité et modernité) étaient « proches du palais royal », ce qui est pourtant une banalité bien connue au Maroc; quant à l’assureur Fadel Iraki, il a subi un redressement fiscal énorme pour prix de son engagement dans le Journal hebdomadaire.

    Il fallait que ces choses soient dites. Comme l’a précisé mi-figue mi-raisin Aboubakr Jamaï, « on a été utilisé comme punching-ball, pour faire un exemple, et on en a pris plein la gueule. La presse marocaine fonctionne avec le bâton et la carotte, on a subi le bâton, d’autres profitent de très grosses carottes, il y a beaucoup de directeurs de publication qui en profitent bien ». Il n’est pas étonnant, dès lors, que le même homme lâche ce jugement amer: « Maintenant, on peut dire que l’état de la presse marocaine est pire que dans les années 90 ». BAUDOUIN LOOS

    (1) Il est symptomatique que la rencontre ait eu lieu en Belgique et non au Maroc, mais il est vrai qu’elle n’a pu se tenir qu’en raison de la volonté et de la ténacité du réalisateur Radouane Baroudi, fils de l’exilé politique Mohamed el-Baroudi, qui avait quitté son pays en 1963 et est mort en Belgique en 2007 sans avoir jamais revu son pays. Les efforts de Radouane Baroudi ont été récompensés: le public, plus d’une centaine de personnes, a répondu présent, ainsi que la plupart de ses invités, passionnants. Mais parmi les plus de cent vingt élus belges d’origine marocaine de tous niveaux politiques, seuls trois ont assisté aux travaux: les sénateurs PS Hassan Bousetta (qui a même présidé une partie de la conférence) et Ahmed Laaouej, président de l’Espace Magh, ainsi que le député Ecolo Fouad Lahssaini.

    (2) Ali Lmrabet dirige un journal en ligne: www.demainonline.com et Aboubakr Jamaï participe à l’expérience journalistique de fr.lakome.com/

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, Le Journal Hebdomadaire, Aboubakr Jamaï, Radouane Baroudi, Ali Lmrabet, Fadel Iraki, presse, Demain Online,
  • Liberté de la presse : Mohammed VI pire que le Hassan II des années 90

    Lakome, 19 octobre 2013

    La vision d’un kiosque à journaux marocains est trompeuse. À contempler cette variété de journaux et de magazines, on serait excusé de penser que les médias marocains sont libres. Mais ce pluralisme formel cache un unanimisme éditorial sur les questions politiques les plus importantes digne d’un régime autoritaire.

    On appelle cela les lignes rouges. Selon la Doxa du régime marocain et des élites qui le soutiennent, ces lignes rouges sont l’Islam, l’intégrité territoriale et la monarchie. En réalité, l’une de ses lignes est plus rouge que les autres: La monarchie.

    Lorsqu’on affirme que l’Islam est une ligne rouge, ce qui est vraiment dit est que la version de l’Islam voulue par la monarchie ne doit pas être critiquée. Lorsqu’on dit que l’intégrité territoriale du pays est sacrée, on veut dire que la gestion de la question du Sahara par la monarchie ne doit être remise en question.

    En fait, il n’est pas permis de remettre en cause les prérogatives de la monarchie ou de critiquer sa façon de gouverner le pays. Cette limite rend l’exercice d’un journalisme de service public impossible puisque sa fonction première et la plus noble est d’informer les citoyens sur la gestion des affaires publiques, donc de porter un regard critique sur les détenteurs du pouvoir et leur façon d’exercer ce pouvoir.

    Pour retrouver une certaine liberté de ton sur ces sujets sensibles, c’est sur Internet et les nouveaux médias online qu’il faut chercher. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les réseaux sociaux et la presse numérique sont des phénomènes nouveaux. et surtout la presse dite traditionnelle à connu vers la fin des années 90 et le début des années 2000 une période faste qui a permis l’éclosion de nouvelles publications indépendantes.

    L’évolution de l’indice de liberté de la presse publiée par l’organisation américaine Freedom House est à cet égard édifiante. De 1994 à l’année 2000, l’indice évolue positivement indiquant une libéralisation croissante des médias. Après une petite stagnation, l’indice se dégrade au point de passer en deçà de son niveau de 1994. En d’autres termes, sous Mohammed VI les gains enregistrées dans le domaine de la liberté de la presse lors des dernières années de règne de son père ont été, au mieux, effacés.

    Muselage de la presse

    Comment le régime de Mohammed VI s’y est il pris pour museler une nouvelle vague de médias indépendants? En commençant par utiliser les bonnes vieilles méthodes. L’article 77 du code de la presse en vigueur jusqu’en 2003 permettait l’interdiction de journaux sur simple décision administrative du premier ministre. C’est l’application de cet article 77 qui permettra les premières interdictions survenues dès l’année 2000. Sauf que cette méthode trop manifestement répressive gênerait une mauvaise publicité pour un régime soucieux de préserver une façade de libéralisme et de modernité. Viendront alors les procès en diffamation en cascade à l’issue desquelles les journalistes poursuivis n’avaient aucune chance d’être innocentés à cause d’une justice notoirement contrôlée par le régime. Les condamnations à payer des dommages et intérêts astronomiques vont se multiplier, mettant en faillite les journaux visés et renforceront la tendance à l’auto-censure chez les autres. Mais l’arme létal utilisée pour faire les voix dissonantes aura été le boycott publicitaire massif dont seront victime les journaux indépendants.

    L’éclosion d’une nouvelle presse indépendante vers la fin des années 90 était directement liée à la naissance d’un modèle économique qui en permettait la survie économique. La diversité croissante du capitalisme marocain se traduisait par un marché publicitaire assez large et diversifié pour fournir les revenus nécessaire à des entreprises de presse éditorialement et économiquement indépendantes. Des entreprises de presse qui cherchaient à enclencher ce cercle vertueux qui fait que le bon journalisme attire les lecteurs, lesquels lecteurs attirent l’argent des annonceurs, lequel argent permet de financer le bon journalisme.

    Cette dynamique a duré tant que le pouvoir politique, et donc, la monarchie laissait faire. Mais dés que celle ci a décidé que cette nouvelle presse était décidément trop irrévérencieuse et même subversive dans le sens ou elle remettait en cause la nature autoritaire du régime, instructions furent données aux grands groupes économiques, et annonceurs principaux de la presse écrite, de cesser de travailler avec ces nouveaux médias. Le roi étant lui même a titre privé l’homme d’affaires le plus important du pays, le boycott des ses seules entreprises constituaient un manque à gagner substantiel pour cette nouvelle presse.

    Les journaux revêches seront asphyxiés financièrement et là aussi serviront d’exemple à ne pas suivre pour les autres médias qui se garderont de mécontenter le régime. D’autant plus que si le régime sait manier le bâton, il manie encore mieux la carotte. Les entreprises de presse qui jouent le jeu sont grassement payées en retour, d’une manne publicitaire qui n’obéit plus aux règles de marchés. On passe la pub chez les médias favoris du régime même si leur lectorat est inexistant. Les grandes entreprises du pays passent leurs annonces publicitaires moins pour attirer des clients que pour s’assurer les faveurs du régime.

    L’avènement de la presse numérique indépendante est une réponse a ces contraintes économiques. Grâce a ses coûts de fonctionnement relativement modiques, elle peut survivre avec un minimum de revenus. Les poursuites entamées contre Ali Anouzla co-fondateur du site d’information Lakome sont d’ailleurs une tentative du régime de mettre sous le boisseau ce journalisme naissant qu’il a viré par la porte de la presse traditionnelle et qui lui revient par la fenêtre de la presse numérique.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Hassan II, presse, liberté de presse, répression,

  • Maroc : Fizazi, les manifestants et les «catins»

    Le prédicateur salafiste Mohammed Fizazi qualifie certains manifestants du DanielGate de «catins faisant l’éloge de la virginité». Lui-même a été gracié en avril 2011 et vient d’être autorisé par le ministère des Habous à reprendre ses prêches.

    Le Cheikh Fizazi, que certains décrivent comme le nouveau «fqih du Makhzen», vient de comparer sur sa page publique Facebook certains manifestants du DanielGate à «la catin qui défend la virginité». Fizazi a déclaré que certaines personnes qu’il connaît parmi les manifestants «n’ont aucune dignité et sont réputées pour leur dépravation ». Fizazi leur lance un appel : «Cessez de jouer avec l’avenir du pays. Vous êtes – à l’exception de ceux qui ont été trompés – les derniers à pouvoir parler de dignité des enfants ».

    Dans un post publié sur sa page Facebook, Fizazi ne conçoit pas que le roi puisse accorder sa grâce «à un criminel ayant commis les actes qu’a commis Daniel ». Pour le Fqih, «le roi est un père avant tout et c’est un père symbolique pour l’ensemble des enfants marocains en sa qualité de souverain et de gouvernant légitime à l’égard de ses enfants et de leurs parents…le roi est une personne saine. Il est impossible qu’une personne de cette trempe puisse faire preuve de négligence lorsque la dignité d’un seul enfant est en jeu et à fortiori lorsqu’il s’agit de 11 mineurs».

    Dans son communiqué, Fizazi n’a, à aucun moment dénoncé les violences policières dont ont été victimes des manifestants pacifiques lors du sit-in du vendredi 2 août à Rabat.

    Récemment, le ministère des Habous et des affaires islamiques a autorisé Mohammed Fizazi à reprendre ses prêches à la mosquée Tarik Ibn Ziyad de Tanger. D’aucuns pensent que ce revirement de cap chez ce prédicateur salafiste, gracié par Mohammed VI en avril 2011, est motivé par la crainte d’un retour à la case prison au cas ou l’Etat changerait sa politique vis-à-vis des mouvements salafistes.

    Lakome, 5 août 2013

    Tags : Maroc, Pédophilie, Daniel Galvan, Mohamed Fizazi, salafisme, Mohammed VI,