Étiquette : ONU

  • Maroc Leaks : Manoeuvres en prévision de l’échéance d’avril

    A quoi sert encore le Conseil de sécurité de l'ONU ? - Le Parisien

    Note

    En prévision des prochaines échéances liées à la Question nationale (visite de Ross, élaboration du rapport du SG des Nations Unies et adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité), je vous soumets les éléments d’appréciation suivants :

    • Le contexte général de l’échéance d’avril est marqué par trois faits essentiels à savoir la poursuite de la nouvelle approche préconisée par M. Ross, une montée en puissance des pressions exercées par les Etats-Unis et à un degré moindre par le Royaume-Uni sur le volet droits de l’homme et, enfin, une recrudescence de l’activisme agressif de nos adversaires comme en témoigne le passage, avant-hier, d’Aminatou Haidar au Parlement Européen et la campagne médiatique orchestrée, hier à Paris, par l’acteur espagnol Bardem.

    • La conjugaison de ces trois facteurs et le timing de leur activation renseignent sur la nature du contexte général dans lequel évolueront les discussions en prévision de l’échéance d’avril ; un contexte où la sérénité des débats et la recherche d’une solution politique ne seront pas assurées et où la plus grande vigilance est de mise.

    • Ce constat est corroboré par les multiples signaux recueillis, auprès de nombreux intervenants, à New York, Washington, Paris et Rabat.

    • A ce stade, il est essentiel d’agir, de manière préventive et urgente, en vue de sécuriser la position marocaine, de contrecarrer les manœuvres malveillantes de nos adversaires et d’inverser le penchant droit- de l’hommiste de l’administration américaine.

    • L’objectif stratégique étant d’éviter un scénario où les multiples acquis du Maroc seraient menacés et ou, in fine, l’expérience de 2013 pourrait se renouveler.

    • A la différence qu’en 2014, l’action de l’administration américaine se singularise par son caractère élaboré qui dénote d’une véritable stratégie et non, d’une démarche esseulée de Suzanne Rice.

    • L’action proposée doit être triple à savoir renforcer le « pendant politique » du processus en cours avec M. Ross, donner des signaux concrets sur les engagements souscrits en matière des droits de l’homme et consolider le cercle de nos appuis au conseil de sécurité (France, Russie, Chine et éventuellement l’Espagne pour le Groupe des amis du SG des NU).

    • Par cette stratégie, nous pourrons remettre « la recherche d’une solution politique » au centre des discussions, affaiblir durablement les manœuvres de nos adversaires sur les questions périphériques, contenir l’agressivité et l’entêtement inexpliqués d’une frange déterminée de l’administration américaine et renforcer la position de nos appuis.

    • Il est entendu que le renforcement du « pendant politique » du processus en cours avec M. Ross vise à minimiser sa capacité de nuisance aussi bien en ce qui concerne sa contribution au rapport du SG qu’au niveau de ses relais au Département d’Etat.

    A la lumière de ce qui précède, l’urgence se fait sentir quant à la nécessité d’adopter des mesures nationales substantielles et convaincantes pour écarter tout scénario préjudiciable à nos intérêts. Ceci passe par des décisions sur :

    1. Un renforcement des mécanismes nationaux à travers un meilleur traitement des plaintes soumises aux autorités gouvernementales par le CNDH.

    2. La reconnaissance juridique de l’ASVDH.

    3. La mise dans le circuit législatif de la réforme sur les compétences des tribunaux militaires.

    Ma visite à Washington, début mars prochain, pourrait constituer l’occasion de présenter les décisions précitées démontrant ainsi la bonne foi du Maroc mais surtout sa capacité à honorer ses engagements. De plus, ma visite à Genève, à l’occasion de la session du CDH, pourrait me permettre d’aborder avec Mme Pillay (qui bénéficie d’un appui du Président Obama) le principe de sa visite au Maroc.

    Source : document confidentiel, 21 fév 2014

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO,

  • La question du Sahara occidental au Conseil de Sécurité au mois d’avril

    Action attendue du Conseil

    En avril, le Conseil s’attend à recevoir un exposé sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), comme le prescrit la résolution 2494. Colin Stewart, le Représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO, est susceptible de présenter un exposé. Des séances d’information sur le Sahara occidental ont généralement eu lieu lors de consultations.

    Le mandat de la MINURSO expire le 31 octobre.

    Développements récents clés

    La situation politique concernant le Sahara occidental reste relativement inchangée. Le Secrétaire général n’a pas encore nommé de nouvel envoyé personnel depuis que l’ancien envoyé, l’ancien président de l’Allemagne, Horst Köhler, a démissionné de son poste le 22 mai 2019 en raison de problèmes de santé. L’envoyé personnel est mandaté pour faire avancer le processus politique vers le règlement du différend sur le Sahara occidental et, l’année précédant sa démission, Köhler avait dirigé avec succès plusieurs tables rondes. Le mandat de l’envoyé personnel repose sur la possibilité d’établir la confiance entre les participants, à savoir le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. (Le Sahara occidental fait l’objet de différends territoriaux depuis le retrait de l’Espagne en 1976. Initialement, le Maroc et la Mauritanie ont présenté des revendications, mais la Mauritanie a renoncé à sa revendication en 1979. Le mouvement pour l’indépendance est dirigé par le Front Polisario, qui représente les habitants de la Région du Sahara occidental connue sous le nom de Sahraouis.) Au cours des dix mois qui ont suivi le départ de Köhler, aucune initiative visant à parvenir à un accord politique n’a été avancée.

    Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste tendue. Le Représentant spécial Stewart a informé les membres du Conseil pour la dernière fois lors de consultations privées le 16 octobre 2019, soulignant ses préoccupations concernant la situation humanitaire ainsi que le déficit de financement. Stewart a décrit la frustration croissante des jeunes sahraouis en raison du manque d’opportunités et de tout règlement définitif du problème. Les acteurs de la société civile continuent de critiquer la violence de la police marocaine contre les militants du Sahara occidental. Selon l’enquête nutritionnelle du Programme alimentaire mondial de 2019, l’état nutritionnel des femmes et des enfants s’est détérioré, l’anémie dans les camps de réfugiés prévalant chez 50,1% des enfants âgés de 6 à 59 mois et 52,2% chez les femmes en âge de procréer. Au 1er mars, aucun cas de COVID-19 n’avait été signalé dans les camps de réfugiés de Tindouf.

    Par ailleurs, les relations sont restées tendues entre le Maroc et le Front Polisario. En juillet 2019, le roi Mohammed VI du Maroc a souligné dans un discours que le Sahara occidental faisait partie du Maroc et a exhorté la communauté internationale à travailler sur le plan d’autonomie du Maroc, qui a été soumis pour la première fois à l’ONU en 2007. Avec le soutien du gouvernement marocain, Le Burundi, la République centrafricaine, les Comores, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Gambie, la Guinée, le Libéria et São Tomé et Príncipe ont tous récemment ouvert des consulats à Laayoune et Dakhla, contrôlées par le Maroc, dans le territoire contesté.

    Le 30 octobre 2019, le Conseil a adopté la résolution 2494 renouvelant le mandat de la MINURSO pour un an. Les États-Unis, en tant que porte-plume, ont choisi de ne pas apporter de modifications importantes au texte à ce moment-là, en dehors d’un retour au cycle de mandat de 12 mois, pour lequel la France et d’autres pays avaient plaidé. Un mandat de 12 mois était la norme jusqu’en 2018, lorsque les États-Unis ont fait pression pour un mandat de six mois afin d’accroître la pression sur les parties pour œuvrer à une solution pacifique. Le retour au mandat d’un an semblait indiquer que les États-Unis croyaient que l’absence continue d’un envoyé personnel avait considérablement réduit la possibilité de tout progrès politique positif.

    Treize membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution 2494, la Russie et l’Afrique du Sud s’abstenant (comme lors du vote précédent, en avril 2019). Dans leurs déclarations, la Russie et l’Afrique du Sud ont souligné leur soutien aux travaux de la MINURSO. La Russie a toutefois indiqué qu’elle croyait que certains tentaient d’utiliser le renouvellement pour «prédéterminer l’orientation du processus de négociation mené sous les auspices des Nations Unies ou pour modifier les approches établies affirmées dans les résolutions adoptées précédemment». L’Afrique du Sud ne pense pas que le texte soit équilibré entre les parties et s’inquiète des tentatives de bousculer les principes de l’autodétermination.

    Du 19 au 24 décembre 2019, le Front Polisario a tenu son 15e Congrès à Tifariti. Environ 2 000 personnes y ont assisté, dont des délégués sahraouis, des responsables de l’administration du Front Polisario et plusieurs délégations étrangères, dont des représentants du gouvernement nouvellement élu en Algérie. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité en janvier, le Front Polisario a dénoncé le fait que le rally «Africa Eco Race» traversait sa région et a également protesté contre le fait que le Secrétaire général ne critiquait pas suffisamment les actions marocaines. Le Front Polisario continue également de plaider pour la nomination immédiate d’un nouvel envoyé personnel.

    Problèmes clés et options

    La MINURSO est l’une des plus anciennes missions de maintien de la paix des Nations Unies, établie en 1991 avec pour objectif principal de faciliter un référendum pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. En l’absence de référendum, ses fonctions consistent aujourd’hui principalement à surveiller le cessez-le-feu à travers les Bermes, un mur de terre de 1700 miles de long qui sépare la partie marocaine du Sahara occidental administrée par celle contrôlée par le Front Polisario. Les membres voudront connaître les difficultés rencontrées par la MINURSO sur le terrain ou les difficultés rencontrées pour exécuter son mandat.

    Étant donné l’absence persistante de l’envoyé personnel du Secrétaire général, les membres du Conseil pourraient envisager de publier un communiqué de presse exhortant le Secrétaire général à nommer un successeur à Köhler dès que possible. Dans le passé, il y a eu des tentatives infructueuses de transmettre ce message au Secrétaire général, y compris lors des négociations sur le renouvellement du mandat en octobre 2019: certains membres souhaitaient un appel plus ferme à ce sujet, tandis que d’autres estimaient qu’une résolution n’était pas le bon endroit. Le fait que le poste soit vacant depuis près d’un an a peut-être accru le sentiment de pression du Conseil.

    Conseil et dynamique plus large

    Le Conseil est resté silencieux sur la question du Sahara occidental depuis l’adoption de la résolution 2494. Avec de nombreux États membres frustrés par l’absence d’un envoyé personnel et l’absence concomitante de progrès politique, ils peuvent exprimer ces préoccupations.

    En janvier 2017, le Maroc a rejoint l’UA après une absence de 33 ans. Le Maroc est parti lorsque l’organisme prédécesseur de l’UA a admis le Sahara occidental en tant que membre en 1984. Depuis qu’il a rejoint l’organisation, le Maroc a intensifié ses efforts pour maintenir sa gouvernance de facto sur une partie du territoire du Sahara occidental et tenter d’amener certains membres de l’UA à sa façon de penser. Cela se reflète dans l’ouverture des neuf consulats, ce qui était imprévisible auparavant.

    L’Afrique du Sud reste l’allié le plus fidèle du Polisario au Conseil. Elle continuera probablement à pousser pour plus de négociations afin de déterminer le statut du Sahara occidental dès que possible, et pour maintenir l’accent sur les droits de l’homme. L’ouverture de consulats par neuf pays africains à Laâyoune, sur le territoire litigieux, peut signaler une dynamique changeante parmi les États africains qui étaient auparavant cohérents dans leurs positions sur la MINURSO et dans leur soutien au Polisario. La Tunisie, en tant que nouveau membre du Conseil et faisant partie de la région, peut avoir un point de vue utile à partager, mais elle le fera délicatement compte tenu de ses relations critiques avec toutes les parties prenantes. Le voisin de la Tunisie, l’Algérie, a également renouvelé son engagement sur le Sahara Occidental après s’être retiré récemment alors qu’elle formait un gouvernement. L’Algérie est l’un des pays qui a dénoncé les récentes ouvertures de consulats.

    Source : Security Council Report, 31 mars 2020

    tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Conseil de Sécurité,

  • Conseil de sécurité : Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel.

    Le Secrétaire Général des Nations Unies vient de soumettre au Conseil de Sécurité son rapport sur la situation dans la région du Sahel incluant la stratégie intégrée onusienne pour le Sahel.
    Ce document, tant attendu par les membres du Conseil de Sécurité, a pris près de 12 mois pour être élaboré.
    Dans son rapport, le Secrétaire-Général dresse un tableau de la situation au Sahel, les difficultés auxquelles se heurtent les Etats sur le plan sécuritaire, humanitaire et de développement ainsi que sur le plan de la gouvernance avant de présenter les différentes initiatives établies à ce jour, ainsi que l’action menée par l’Envoyé Spécial, M. Romano Prodi.
    L’action de l’ONU au Sahel vise :
    – à développer une approche globale dans la lutte contre l’extrémisme et la criminalité.
    – à soutenir les pays de la région à combattre ces fléaux dans le cadre d’une approche régionale tout en veillant à une appropriation nationale de ce processus.

    Lire la suite depuis la source

    Tags : ONU, Sahel, Sahara, terrorisme, Mali, Niger, Burkina Faso, Barkhane,

  • Augmentation des enquêtes sur la fraude et les abus sexuels dans les opérations de paix de l’ONU

    Par EDITH M. LEDERER Associated Press

    NATIONS UNIES – L’organe de contrôle interne des Nations Unies indique dans un rapport sur les opérations de paix des Nations Unies que le nombre de cas de fraude qu’il a décidé d’enquêter l’année dernière a augmenté de près de 80% par rapport à 2018, tandis que le nombre de cas d’exploitation et d’abus sexuels a augmenté de 40%.

    Le rapport 2019 du Bureau des services de contrôle interne, qui a été diffusé vendredi, a déclaré que le plus grand nombre de cas sur lesquels il avait enquêté concernaient la mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine, suivie des opérations de maintien de la paix au Mali, au Congo, au Sahara occidental et au Soudan du Sud .

    Sur les 241 cas enquêtés, 77 étaient liés à la fraude, soit une augmentation de 79% par rapport à l’année précédente, et 73 cas liés à l’exploitation et aux abus sexuels, soit une augmentation de 40%.

    Lors d’audits d’opérations de paix, l’organe d’enquête a critiqué la mission du Soudan du Sud pour sa gestion des bureaux et des logements. Il a déclaré que « les faiblesses dans la facturation et la perception des frais de location auprès de tiers avaient conduit à ce que 1,8 million de dollars de frais de location ne soient pas perçus depuis plus de 14 mois ». Il a ajouté qu’au 31 août 2019, la mission n’avait pas récupéré 379 742 $ pour l’hébergement fourni au personnel en uniforme et aux volontaires des Nations Unies à la Maison des Nations Unies, une base de maintien de la paix dans la capitale de Juba.

    Lors de l’audit de l’aviation dans la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le sud du Liban, le rapport indique que 80% des vols de passagers échantillonnés ont transporté des cadres supérieurs et du personnel militaire « sans justification claire ». Dans de nombreux cas, a-t-il dit, les demandes de mission aérienne avaient été soumises tardivement et d’autres modalités de transport n’avaient pas été envisagées, « ce qui aurait pu entraîner des économies, avec un temps de trajet supplémentaire minimal ». Il a déclaré que 45 vols spéciaux coûtaient 64 000 $ de plus que le transport terrestre.

    Lors de la mission de maintien de la paix au Mali, l’organisme a appelé à des améliorations de la gestion des stocks dans son entrepôt centralisé, affirmant que 249 articles évalués à 3,4 millions de dollars ne pouvaient pas être localisés dans un inventaire 2018-2019.

    Le rapport indique que sur les 241 enquêtes, 44 cas impliquaient la mission de maintien de la paix en République centrafricaine, 36 au Mali, 35 au Congo, 33 au Sahara occidental et 30 au Soudan du Sud, seize liés à la mission politique des Nations Unies en Afghanistan et le 55 autres ont impliqué 18 autres opérations de paix.

    En République centrafricaine, indique le rapport, les enquêtes portent notamment sur le recours excessif à la force par les soldats de la paix et par un policier international, l’exploitation et les abus sexuels de la part des soldats de la paix et d’un officier, et « un traitement irrespectueux des restes des personnes décédées par les soldats de la paix ».

    Selon le rapport, tout en enquêtant sur une allégation selon laquelle un membre d’un contingent militaire en République centrafricaine a exploité et abusé sexuellement une jeune fille de 14 ans, les enquêteurs ont identifié 10 soldats de la paix qui avaient exploité et abusé sexuellement 10 victimes locales, y compris des mineurs, en échange d’argent et de nourriture. Il a indiqué que les conclusions avaient été transmises au pays d’origine des soldats de la paix, qui n’a pas été identifié.

    Dans la mission au Mali, selon le rapport, des enquêtes ont été menées sur l’exploitation sexuelle et la fraude au carburant par des membres du personnel, une faute grave d’un commandant de bataillon et un vol de carburant par des soldats de la paix. Pour le Congo, les enquêtes ont porté sur des irrégularités de recrutement, la fraude d’un membre du personnel, l’exploitation et les abus sexuels, la fraude de soldats de la paix et la corruption d’un officier d’état-major. Au Sahara occidental, les sondages comprenaient la conduite interdite d’un membre du personnel et un observateur militaire et la fraude à l’assurance médicale par un membre du personnel.

    Au Soudan du Sud, les enquêtes ont porté sur l’exploitation sexuelle, les agressions d’un membre du personnel contre la population locale, la falsification et les fausses déclarations d’un membre du personnel et des documents pornographiques consultés sur un ordinateur officiel par un soldat de la paix. En outre, les enquêteurs ont corroboré une allégation selon laquelle un membre d’un contingent militaire aurait harcelé sexuellement une collègue.

    L’organisme d’enquête a également confirmé une allégation selon laquelle un membre du personnel local au Soudan du Sud aurait exploité une femme locale qui est tombée enceinte deux fois et a été « forcée ou manipulée pour avoir des avortements non désirés ». Il a ajouté que le membre du personnel « avait frauduleusement payé des traitements liés à l’un des avortements en utilisant la police d’assurance médicale de sa femme ».

    Au Libéria, où la mission de maintien de la paix des Nations Unies a pris fin en mars 2018, le corps a déclaré avoir enquêté sur un rapport selon lequel un ancien soldat de la paix avait exploité sexuellement une femme locale, entraînant la naissance d’un enfant, et que d’autres femmes locales avaient été exploitées par des membres de le même contingent militaire national. Il a déclaré que l’enquête, menée en collaboration avec un officier de la nation qui avait fourni les soldats de la paix, avait identifié 57 victimes d’exploitation sexuelle. Il a indiqué que 66 casques bleus étaient impliqués, dont 38 ont été identifiés.

    « Des mesures disciplinaires ont été prises contre les huit soldats de la paix initialement impliqués et l’organisation attend de plus amples informations du pays fournisseur de contingents sur les mesures prises contre les autres soldats de la paix impliqués », indique le rapport.

    Source : Startribune, 20 mars 2020

    Tags : ONU, missions de paix, KPKO, MINURSO, abus sexuels, 

  • Décryptage – Polisario et Maroc – Reprise des armes imminente !

    Après la mort du général Franco en 1975 et le retrait des forces coloniales espagnoles qui s’en est suivi, surtout grâce à l’action du Frente Popular para la Liberacion de Saguia el-Hamra y Rio de Oro (Polisario), le Sahara occupé par l’Espagne depuis 1884, est devenu le siège d’un conflit qui n’a toujours pas trouvé de solution, à ce jour.

    Le Royaume chérifien qui contrôle illégalement 80% du Sahara occidental, étendue désertique d’Afrique du Nord d‘une superficie de 266 000 km², situé entre la Mauritanie au Sud, l’Algérie à l’Est et le Maroc au Nord, ne cesse d’en revendiquer la souveraineté.

    En face, les forces de résistance sahraouie du Front Polisario sont quant à elles adeptes d’un référendum d’autodétermination, censé décider de l’avenir politique de ce Sahara espagnol inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU.

    Le référendum promis au peuple sahraoui dans le cadre de la décolonisation entériné en 1991 n’a malheureusement pas pu avoir lieu, malgré les médiations et pourparlers tenus au travers d’envoyés spéciaux désignés par différents Secrétaires Généraux de l’ONU depuis les années 80, aux fins de régler, en vain, le statut colonial de cette riche région africaine.

    Pourtant au mois de Mai 1975, à la demande du Maroc, l’ONU avait sollicité l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) concernant le statut politique du Sahara espagnol dans la perspective du retrait espagnol. Moins de 5 mois après, la CIJ avait déclaré que « le Sahara occidental n’était pas terra nullius avant l’occupation espagnole. Bien que les liens historiques du territoire et de sa population avec le Maroc et la Mauritanie sont reconnus, ils sont jugés insuffisants pour que le territoire leur soit ‘rendu‘ ’’ .

    Le droit de la population locale à exercer son droit à l’autodétermination est ainsi avéré, et les revendications territoriales du Maroc rejetées. Une décision qui ne plait pas au Maroc qui va décider, au mépris du Droit International, d’envahir le Sahara Occidental en Novembre 1975…

    Pressée, l’Espagne se retire officiellement de la région et transfère l’administration du territoire, en toute illégalité au vu du droit international, au Maroc et à la Mauritanie le 27 février 1976. Le même jour, le Front Polisario déclare la création de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).

    En 1979, Le Front Polisario est reconnu comme le représentant du peuple sahraoui par la Résolution 3437 de l’Assemblée générale du 21 novembre. La même année le gouvernement mauritanien reconnait le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Mais toujours pas le Maroc.

    Ni le Secrétaire général de l’ONU, Javier Pérez de Cuéllar, ni l’envoyé spécial américain James A. Baker, ni le nouveau Secrétaire général Kofi Annan n’ont pu imposer une solution allant dans le sens d’un dénouement définitif du dernier conflit territorial d’Afrique.

    Le 10 Avril 2007, le Front Polisario soumet une proposition de solution politique, assurant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    Le 11 avril 2007, le Maroc propose au nouveau Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon, une proposition de statut d’autonomie de la région du Sahara, soutenue par la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne.

    Mais une fois encore, les négociations sans conditions auxquelles l’ONU appelait, n’ont pu aboutir, le Maroc butant sur la condition préalable d’abandon de sa déclaration de souveraineté sur le Sahara Occidental…

    Après 5 années, Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon, tente de faire sortir les négociations entre sahraouis et marocains de l’impasse. Il est déclaré persona non grata par le Maroc en 2015, après le rejet par Ban Ki-moon de la demande marocaine de changer de médiateur, accusé selon eux de partialité suite à la publication de l’un de ses rapports, demandant à Rabat d’améliorer la situation des droits de l’homme dans la partie du Sahara qu’il contrôle…

    En 2017, l’actuel Secrétaire général, António Guterres, nomme l’ancien président allemand, Horst Köhler, nouvel envoyé spécial en charge du dossier du Sahara Occidental.

    Ce dernier va pouvoir réunir la même table à Genève, le Front Polisario et le Maroc, avec les pays limitrophes que sont la Mauritanie et l’Algérie en Décembre 2018. Si les négociations n’ont pas été concluantes, elles auront tout de même marqué une véritable reprise des pourparlers.

    Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres n’a toujours pas trouvé de successeur à l’Allemand Horst Köhler qui a démissionné en mai 2019 « pour raisons de santé ».

    En réalité, Horst Köhler avait fait part à Antonio Guterres des restrictions que lui imposaient le Maroc et de son manque de liberté de mouvement l’empêchant d’avoir accès aux interlocuteurs locaux dans les territoires sahraouis occupés.

    « La Minurso n’a pas accès à des interlocuteurs locaux à l’ouest du mur de sable, ce qui continue de limiter sa capacité d’évaluer en toute indépendance la situation au Sahara occidental à des fins d’analyse ou de sécurité« , écrit le secrétaire général dans son rapport final sur la situation au Sahara Occidental, transmis au Conseil de sécurité.

    Pis encore, la récente rumeur de désignation du Ministre Slovaque des affaires étrangères Miroslav Lajcák, pressenti à cette mission sensible, n’a finalement pas eu lieu.

    Le Ministre des Affaires Etrangères du Maroc, Nasser Bourita, n’avait pas hésité à fustiger la candidature de Miroslav Lajcák, dont le profil déplaisait fortement au Royaume chérifien. Il faut dire qu’en tant que représentant de l’ONU et de l’Union Européenne (UE), Lajcák avait participé en 2006 à l’organisation du référendum d’indépendance du Monténégro…

    Les réalisations de cet ancien diplomate et homme d’État slovaque, risquent en effet fortement de contrarier le fantasme du royaume alaouite à « restaurer » un « Grand Maroc », tant on se dirige vers le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui que soutient le projet de décolonisation de l’ONU.

    Ayant tenté, avec peu de succès il faut le reconnaître, de réactiver l’archaïque Conseil des tribus sahraouies (Corcas) en l’associant à l’élaboration du projet d’autonomie pour contrer le Polisario, le gouvernement du Royaume chérifien se lance aujourd’hui dans une nouvelle action du fait accompli, une fois encore au mépris du droit international, comme en 1975…

    Alors que le Président algérien Abdelmadjid Tebboune avait demandé au Secrétaire Général des Nations Unies, António Guterres, lors du sommet de l’union africaine tenu à Addis-Abeba en début du mois de Février 2020, de relancer le processus de règlement de la question du Sahara Occidental, le Maroc continuait de presser certains pays africains, moyennant avantages économiques et financiers, à ouvrir des représentations diplomatiques dans les territoires occupés, alors même qu’ils n’y comptent aucun ressortissant !

    De son côté, le Président nouvellement élu de l’Union Africaine Cyril Ramaphosa, et par ailleurs Président Sud-Africain, avait réaffirmé le soutien de son pays et de l’UA au peuple sahraoui et à son droit à l’autodétermination, dans le discours prononcé à l’ouverture des travaux du sommet d’Addis-Abeba, compromettant un peu plus les velléités marocaines sur le Sahara Occidental.

    Acculé, le régime chérifien sait que les résultats du référendum pourraient remettre en question la légitimité même du Roi Mohamed VI et déstabiliser de manière durable le Maroc, ce qui expliquerait d’ailleurs le soutien français et américain au plan d’autonomie proposé par leur allié.

    La survie du Makhzen dépend essentiellement du contrôle des territoires occupées du Sahara Occidental, dont une grande partie de la population, désabusée par tant d’années d’attentes, vit depuis près de 40 années dans des camps de réfugiés en Algérie. Ils sont aujourd’hui plus de 180.000 qui n’en peuvent plus de survivre grâce à l’aide internationale et aux espoirs d’un avenir paisible contrarié par le Maroc.

    Par la voix de Brahim Ghali, Secrétaire Général du Polisario et Président de la RASD, les sahraouis affirment que « La confrontation militaire avec le Maroc est plus que jamais envisageable », rajoutant que le Front « ne pouvait être impliqué dans aucun effort qui ne respecte pas pleinement » les droits sacrés « du » peuple sahraoui « à » l’autodétermination «, comme tous les peuples et pays coloniaux ».

    Aujourd’hui plus que jamais, le peuple Sahraoui s’impatiente et affirme devoir recourir à son droit aux armes si les instances internationales, l’ONU en premier mais l’UA également, échouent à faire valoir la légalité internationale. Ils en appellent la communauté internationale à « assumer ses responsabilités » en cas d’une confrontation militaire imminente avec le Maroc.

    Amir Youness

    Algériepart, 6 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, front Polisario, ONU, MINURSO, territoire non autonome,

  • Maroc : Qui se souvient encore du hacker Chris Coleman?

    Le « Wikileaks marocain » qui secoue le Makhzen

    En octobre 2014, un « Julian Assange » marocain a réussi à mettre sens dessus dessous les autorités du pays, en mettant en ligne sur Twitter les secrets du Makhzen.

    Les révélations de celui qui se fait appeler Chris Coleman, ou le Wikileaks marocain, mettent le Makhzen dans l’embarras, selon des médias européens.

    La publication de câbles de la diplomatie marocaine et de mails des renseignements marocains, la Direction générale des études et de la documentation (DGED), diffusés via Twitter et Facebook, ont révélé que des journalistes français, des think-tanks français, italiens et américains ont été instrumentalisés par le Maroc, moyennant des payements sonnants et trébuchants.

    Ces derniers produisent des articles et des analyses favorables aux thèses du Maroc et préjudiciables à l’Algérie et au Front Polisario, le mouvement de libération reconnu par l’ONU comme seul et unique représentant du peuple sahraoui, une réalité que les marocains, poussés par leur excès d’ambition, rêvent de lui arracher ce titre.

                                                               – – – – – – – – –  – – – –

    Un journaliste du New York Times confirme l’authenticité des documents

    Le journaliste Nick Kristof, un journaliste du New York Times, a confirmé l’authenticité des documents «confidentiels» publiés par le hacker marocain qui se fait appeler «Chris Coleman», dévoilant le vaste complot marocain contre l’ Algérie et les tentatives de corrompre des diplomates occidentaux dans le dossier du Sahara occidental.

    Dans un e-mail envoyé le 7 juin 2011, Aziz Mekouar, ancien ambassadeur du Maroc aux Etats-Unis, annonce à Taïeb Fassi Fihri, MAE à l’époque, que le journaliste du New York Times, Nick Kristof, se rendra au Maroc le 16 juin et qu’il «souhaite interviewer une importante personnalité marocaine».

    «Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire savoir si M. le ministre Fassi Fihri pourrait accorder une interview à M. Kristof. Il souhaiterait également rencontrer des mourchidate», a-t-il ajouté dans le même message pour ensuite rappeler qu’il «s’agit d’un journaliste important qui avait fait référence il y a quelques mois à l’affaire du Sahara en parlant de double standards», en soulignant que l’on critiquait Israël alors que le Maroc occupait le Sahara depuis 35 ans et puisait dans ses ressources. J’avais alors répondu et ma réponse avait été publiée dans le New York Times.

    Les groupes pro-Polisario avaient envoyé une lettre à la suite de la mienne qui n’a pas été publiée. Depuis, nous avons pris contact avec Kristof notamment par l’intermédiaire de notre entreprise de relations publiques (Keith Zakheim). Il a écrit par la suite que Bahrein devait s’inspirer du Maroc pour résoudre ses problèmes».

    Nick Kristof a confirmé les faits dans un commentaire publié sur Twitter. «Oui, je me rappelle cette visite. J’espérais interviewer le roi. Je n’ai eu aucune interview», dit-il. Cette confirmation vient mettre davantage mal à l’aise la diplomatie marocaine qui, faut-il le noter, n’a pas démenti l’authenticité des documents publiés par le «Julian Assange marocain» et qui, rappelle-t-on, font état de tentatives marocaines de corrompre des diplomates occidentaux pour mener une cabale contre l’Algérie.

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO, Chris Coleman, Nick Kristof,

  • Sahara occidental : La lancinante attente d’un nouveau médiateur onusien

    Le conflit du Sahara occidental attend toujours son médiateur onusien. Depuis la démission de l’envoyé personnel du secrétaire général, Horst Köhler, en mai 2019, les parties belligérantes, Maroc et Front Polisario surtout, attendent toujours son successeur.

    Avec son départ, ce conflit aura consommé quatre médiateurs après les Américains James Baker et Christopher Ross et le néerlandais Peter Van Walsum. Face à cette situation, qui s’explique par la position du Maroc qui refuse toute discussion de la question de l’autodétermination pourtant inscrite dans les différentes résolutions onusiennes et le droit international, le Polisario met l’ONU devant ses responsabilités. En octobre, et après s’être plaint du retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental, le Polisario avait condamné les «conditions imposées» par le Maroc dans l’opération de désignation d’un remplaçant à Horst Köhler.

    Dans une lettre adressée au secrétaire général Antonio Guterres, il a assuré que le mouvement «n’acceptera pas ( ) que le processus de paix sous l’égide des Nations unies, y compris la désignation du nouvel envoyé personnel du secrétaire général, soit otage des conditions préalables du Maroc, qui rejette la légalité internationale». Jeudi dernier, lors des festivités du 44e anniversaire de la création du Polisario, son secrétaire général et président de la RASD a déploré que «le retard dans la nomination d’un nouvel envoyé personnel a paralysé le processus politique». Il a réitéré son appel aux Nations unies et au Conseil de sécurité à «assumer l’entière responsabilité» pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.

    A Smara, dans les camps de réfugiés sahraouis, Brahim Ghali a réitéré que «le Front populaire de libération de la Seguia El Hamra et de Rio de Oro (Polisario) ne pouvait être impliqué dans aucun effort qui ne respecte pas pleinement les droits sacrés du peuple sahraoui à l’autodétermination, comme tous les peuples et pays coloniaux». Il a ajouté que «le peuple sahraoui est déterminé à défendre ses droits légitimes par tous les moyens garantis par la légitimité internationale», appelant la communauté internationale à «assumer ses responsabilités» face à la poursuite des provocations de l’occupant marocain qui pourraient conduire, a-t-il dit, «à une confrontation militaire».

    Il a encore exhorté l’ONU à «exercer la pression nécessaire pour appliquer immédiatement la Charte et les résolutions des Nations unies» en tête desquelles l’indépendance des pays colonisés, et à permettre à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso) d’«accomplir la tâche pour laquelle elle a été créée». «Il est temps de mettre fin aux souffrances du peuple sahraoui qui a fait preuve de beaucoup de patience et de persévérance», a-t-il dit dans le même contexte.

    «Ne pas jeter l’huile sur le feu»

    Dans ce contexte, marqué également par une rude concurrence politique et diplomatique en Afrique et dans le monde entre le Polisario et le Maroc, ressurgit à nouveau le contentieux algéro-marocain avec son cortège de déclarations, de piques et de polémiques.

    Les plus récentes ont concerné l’ouverture de bureaux consulaires de pays africains à Laâyoune dans les territoires sahraouis sous domination marocaine. S’élevant contre ces bureaux, l’Algérie, qui défend le droit à la décolonisation et à l’autodétermination en cohérence avec
    les résolutions onusiennes, s’est vue critiquer par le Maroc qui l’a accusé par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nacer Bourita de faire du Sahara occidental sa «première cause nationale». Pour répondre à cette accusation, le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum a déclaré que l’Algérie s’attache à «ne pas jeter l’huile sur le feu, notamment lorsqu’il s’agit de ses rapports avec le Maroc, pays frère».

    «Nous n’avons jamais tenu de propos inappropriés concernant le Maroc et le peuple marocain. Nous établissons nos relations sur l’avenir et non sur les insultes et le langage inconvenant», a affirmé M. Boukadoum. «Il existe des résolutions onusiennes claires et une loi internationale concernant la question du Sahara occidental, membre fondateur de l’Union africaine (UA). La position de l’Algérie est constante. Nous n’allons pas avoir des propos désobligeants à l’égard de nos frères marocains», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, ajoutant que les campagnes médiatiques menées contre l’Algérie «sont fomentées».

    Evoquant les pays ayant ouvert des consulats à Laayoune, il a fait savoir qu’il aurait aimé voir ces pays ouvrir des consulats dans la capitale marocaine, Rabat, au lieu de les ouvrir dans une région où «ils n’ont ni ressortissants ni intérêt».

    ReportersDZ, 2 mars 2020

    Tags : Sahara Occidental Front Polisario, ONU, MINURSO, Maroc, envoyé personnel,

  • L’inefficacité de la MINURSO et la complicité des USA et de la France dans la poursuite de l’occupation marocaine du Sahara occidental

    Je me suis senti terriblement déçu de l’adoption « unanime » (2 abstentions : la L’inefficacité de la MINURSO et la complicité des États-Unis et de la France

    Texte de la lettre envoyée à tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le 2/11/2019, au sujet de la Résolution 2494 (2019) concernant le Sahara occidental

    À L’ATTENTION DE MM. L’AMBASSADRICE, M. L’AMBASSADEUR MEMBRE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU

    Avec tout mon respect :

    Je me suis senti terriblement déçu de l’adoption « unanime » (2 abstentions : la Russie et l’Afrique du Sud, fort heureusement) de la récente Résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara occidental.

    Le fait qu’il n’y ait à ce jour aucun représentant spécial ou personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental ne peut servir de justification ou d’alibi pour une résolution-farce. Cela fait maintenant 44 ans que le Maroc a envahi le Sahara occidental. Et ce, sans résultats justes et efficaces de la part du Conseil de sécurité. Beaucoup de discours, mais rien n’a changé : le statu quo favorable au Maroc et aux intérêts qui soutiennent cet État envahisseur, maître chanteur, corrupteur et criminel, alors que le peuple sahraoui résiste en supportant la répression systématique et la spoliation de ses ressources de la part d’un État envahisseur — d’occupation — illégal, qui a enfreint en toute impunité toutes les règles du Droit international, tandis que vous, année après année, continuez de lire un papier qui ne sert à rien, si ce n’est à éviter de s’engager en faveur des principes de la Charte des Nations Unies et de la légalité internationale en vigueur, établie par ce même Conseil à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. En effet, il sert à maintenir l’occupation du Maroc, avec, immanquablement, toutes ses conséquences néfastes pour le peuple sahraoui et pour la paix et la sécurité dans la région, peut-être même dans d’autres lieux.

    Il ne fait aucun doute que le Conseil soit en mesure d’adopter des décisions correctes et opportunes, et ce, même en l’absence d’un envoyé spécial ou personnel du Secrétaire général.

    En tant que citoyens du monde nous estimons que le fait de laisser les choses en l’état pour contenter le Maroc, la France et, le cas échéant, les États-Unis, constitue une injustice terrible, une lâcheté sournoise, une cruauté impassible et une myopie absolue. Tandis que vous exercez la paralysie, le peuple sahraoui quant à lui souffre. Cela n’a-t-il aucune importance pour vous ? Dormez-vous tranquilles ?

    Nous sommes tous conscients que l’invasion est un subterfuge. La CIJ de La Haye a estimé que le Maroc ne détient aucun titre de souveraineté sur le territoire sahraoui du Sahara occidental, conformément aux principes et règles de l’ONU. Qu’attendez-vous pour imposer la loi ?

    Le Maroc est l’envahisseur, avec un potentiel de guerre impressionnant ; un État qui exerce un chantage sur l’Europe en envoyant des embarcations de migrants ou en s’opposant à la coopération judiciaire et antiterroriste, quand bon lui semble.

    La France porte une part de responsabilité et de culpabilité particulières dans cette situation et le maintien de l’occupation et son corollaire, la répression systématique et atroce.

    Les États-Unis, également. Rappelez-vous que ce fut Henry Kissinger qui donna le feu vert à l’invasion du Maroc à travers son fameux télégramme envoyé depuis le Liban. Et ensuite, Kissinger et le président Gerald Ford, lors d’une réunion dans le Bureau ovale, ont convenu de renvoyer l’affaire devant l’ONU pour, par la suite, éliminer l’exigence du référendum d’autodétermination, comme cela avait déjà été fait lors d’un cas précédent. Complicité, responsabilité et culpabilité des É.-U.

    Kissinger a trompé le président Gerald Ford ; et celui-ci s’est laissé duper (Jacob Mundy dans Le Monde diplomatique). Le président des États-Unis avait l’obligation de mieux s’informer, de façon appropriée. Mais c’était plus facile pour lui de « se laisser duper ». Vous êtes encore, ainsi que les É.-U, en mesure d’arrêter ce crime contre l’humanité ; mais cela ne vous intéresse pas, évidemment. L’ONU dispose de suffisamment d’instruments juridiques. Il s’agit de la plus haute autorité mondiale. Mais elle préfère « accoucher d’une souris », comme l’a dénoncé l’ambassadeur et vice-président de la MINURSO, Frank Rudy.

    Tous les envoyés spéciaux ou personnels « échouent » ou démissionnent en raison de l’impunité que vous accordez au Maroc et de la corruption et des chantages auxquels vous vous soumettez.

    Le Sahara occidental et son peuple éprouvé et meurtri sont utilisés comme monnaie d’échange dans les intérêts des gouvernements que vous représentez. La loi du plus fort, qui va totalement à l’encontre des principes établis dans la Charte des Nations Unies et la Résolution 1514, adoptée précisément pendant les années de la décolonisation. Nous sommes au XXIe siècle, et celui-ci est déjà bien avancé ! Cependant, nous devons encore lutter pour la décolonisation de la dernière colonie d’Afrique. En effet, n’est-il pas vrai que le Maroc a exercé un chantage sur la Suède afin que celle-ci ne reconnaisse pas la RASD ? Et n’était-il pas aussi vrai qu’il a exercé un chantage sur le gouvernement français, en refusant pendant un an tout type de coopération judiciaire et antiterroriste ? Alors, qu’attendez-vous ? Plus de sang, plus de guerre, à nouveau ? D’après vous, que croyez-vous que vous êtes en train d’encourager à travers ces résolutions dilatoires et en prolongeant l’occupation jusqu’à ce que les Sahraouis cèdent et se rendent face au crime, au pouvoir, au chantage et à l’injustice ?

    Vous n’y parviendrez jamais, en dépit de toutes les lectures d’autant de papiers vains lors de la réunion du Conseil, avec une diplomatie archaïque, pusillanime et soumise. Et vous n’y parviendrez jamais — sans, en outre, risquer d’entraîner de graves conflits — car chaque jour de plus en plus de citoyens du monde, à travers le monde entier, s’unissent afin de vous exiger de vous tenir à votre propre légalité, que vous-mêmes ou vos prédécesseurs avez établie et qu’aujourd’hui vous n’osez pas appliquer.

    Pourquoi le Chapitre VII de la Charte des Nations unies a-t-il été appliqué lorsque l’Iraq a envahi le Koweït et que les dirigeants des États-Unis ont trompé le monde entier en présentant une salière pleine de poudre comme une arme de destruction massive dont l’inexistence a été ensuite prouvée ? Pourquoi ce Chapitre VII ne s’applique-t-il pas au Maroc ? Pourquoi cette politique ambivalente, cette duplicité, cette hypocrisie à l’égard des envahis, cette lâcheté et cette cruauté de vos résolutions injustes ?

    Comment pensez-vous parvenir à un « accord mutuellement acceptable » entre l’envahisseur-maître chanteur et l’envahi expulsé de sa terre et dépourvu de ses droits inaliénables ? Pourquoi ne pas appliquer le plan de paix adopté par les parties et par ce Conseil ? Comment pouvez-vous consentir que le Maroc puisse imposer ses conditions préalables, le fameux « plan d’autonomie » sous la souveraineté du Maroc, en violation de la Charte des Nations unies, la Charte de l’Union africaine, l’avis de la CIJ, les arrêts de la CJEU et les réclamations de la citoyenneté internationale consciente, qui aspire à un monde meilleur et qui, tout comme le peuple sahraoui, perd peu à peu la foi en l’ONU et son Conseil de sécurité ?
    Vous ne parlez que du plan du Maroc. Et jamais du plan du Front POLISARIO, représentant légitime du peuple sahraoui, un plan très généreux, également présenté en 2007 au Secrétaire général. Pourquoi ne l’analysez-vous pas ? N’avez-vous pas suffisamment de temps pour cela ? N’êtes-vous pas payés pour faire justice ? Qu’attendez-vous ? Que le Maroc persiste dans son obstination, en faisant démissionner les envoyés personnels ou spéciaux du Secrétaire général, et que le problème se poursuive éternellement, en démontrant au monde l’inefficacité de l’ONU/MINURSO ?

    Pourquoi la MINURSO est-elle la seule mission de paix sans compétences en matière de contrôle du respect des droits de l’homme ?

    Le cas du Timor oriental était similaire à celui du Sahara occidental.

    Beaucoup de sang a coulé, mais aujourd’hui c’est un pays libre et indépendant. Il est également vrai que le gouvernement portugais de l’époque en avait l’intention ; et, il y est parvenu. Ce qui n’est pas le cas des gouvernements espagnols successifs et hypocrites, dont l’État demeure la puissance administrante de jure du Sahara occidental et a une énorme dette historique, morale et politique envers le peuple sahraoui ; le seul peuple du Maghreb qui maintient l’espagnol comme seconde langue officielle et qui, en dépit des difficultés et obstacles rencontrés, et de toutes les trahisons, a bâti un État qui est un exemple pour l’Afrique et le monde.

    Ces réflexions et appels d’un citoyen espagnol, de l’UE et du monde devraient, d’une certaine manière, vous interpeller comme l’expression de nombreux citoyens du monde qui, comme moi, ressentent, pensent et sont convaincus : que la légalité internationale ne doit pas être une utopie.

    Mais pour tout vous dire, je ne vous fais pas confiance, je ne crois pas dans votre honnêteté indispensable ni que vous ayez la capacité suffisante pour suivre l’exemple et les recommandations qu’un homme aussi digne que Dag Hammarskjöld a faites aux fonctionnaires publics internationaux lorsqu’il dirigeait l’ONU. Et, à cet égard, j’estime être extrêmement proche de l’opinion qu’attache à cette affaire le peuple sahraoui et son représentant légitime, le Front POLISARIO, compte tenu de ce qu’il a affirmé à propos de la voie sans issue dans laquelle vous les avez entraînés :

    « En ne respectant pas son engagement de mettre fin au statu quo et exiger que le Maroc mette fin à son occupation illégale du Sahara occidental, le Conseil de sécurité a manqué une autre occasion d’empêcher l’effondrement du processus de paix de l’ONU.

    Face à l’échec répété du Secrétariat de l’ONU et du Conseil de sécurité à empêcher le Maroc d’imposer les termes du processus de paix et le rôle de l’ONU au Sahara occidental, le Front POLISARIO n’a d’autre choix que de reconsidérer sa participation dans l’ensemble du processus de paix.
    Le Front POLISARIO a toujours agi avec modération malgré la politique d’intransigeance, d’obstructionnisme et de chantage du Maroc. Au fil des ans, nous avons fait d’énormes concessions pour que le processus de paix de l’ONU progresse et réussisse.

    Cependant, l’incapacité du Conseil de sécurité à intervenir fermement face aux tentatives flagrantes du Maroc de transformer la MINURSO en un outil de normalisation de son occupation illégale de notre territoire national a miné l’intégrité et la crédibilité du processus de paix de l’ONU pour notre peuple. »

    Merci beaucoup de votre attention,

    Cordialement,

    Luis Portillo Pasqual del Riquelme (Espagne)

    Russie et l’Afrique du Sud, fort heureusement) de la récente Résolution 2494 (2019) du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la question du Sahara occidental.

    Tlaxcala

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, France, Etats-Unis, Front Polisario,

  • Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    JACOB MUNDY, AU « MONDE DIPLOMATIQUE » : Comment les USA et le Maroc se sont emparés du Sahara espagnol

    Dans un long article paru dans l’édition anglophone du Monde Diplomatique du mois de janvier 2006, Jacob Mundy a démontré, en se basant sur des documents déclassifiés de l’administration américaine, que les Etats-Unis ont aidé le roi Hassan II à s’emparer du Sahara occidental.

    Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Le rôle du gouvernement des USA lors de la crise d’octobre-novembre 1975 a été le sujet de beaucoup de spéculations, alors que peu de faits sont connus. Avec peu d’arguments, souvent circonstanciels, divers observateurs ont accusé les USA de toute une gamme d’attitudes, allant de la passivité à la complicité.

    Ces accusations de complicité n’étaient pas totalement infondées. Trois ans après la crise, le Parlement espagnol a enquêté sur l’affaire. Plusieurs fonctionnaires ont déclaré que la France et les USA avaient fait pression sur Madrid pour accéder aux demandes de Hassan II. Et le directeur adjoint de la CIA à l’époque, le lieutenant-général Vernon Walters, a laissé entendre qu’il était intervenu au nom des USA pendant la crise, déclaration reprise plus tard par d’autres sources dans le New York Times en 1981. Etant donné les étroites relations de Walters avec Hassan II, datant du débarquement allié à Casablanca, le journaliste Bob Woodward l’a décrit une fois comme l’agent personnel du monarque au sein de la CIA, écrit Jacob Mundy dans cet article paru dernièrement dans la dernière l’édition anglophone du Monde diplomatique.

    Selon Mundy, qui a repris des documents officiels de l’administration américaine ainsi que des déclarations de hautes personnalités, Hassan II aurait reçu le feu vert pour s’emparer du Sahara occidental durant l’été 75 lors d’une rencontre avec Henry Kissinger. Les documents officiels ne révéleront jamais toute la vérité tout était possible à cette époque, note-t-il en rapportant les propos de Richard Parker, ambassadeur des USA en Algérie durant cette période.

    Accord ou pas, l’administration Ford était au courant des velléités du Maroc de s’approprier le Sahara occidental dès le départ de l’occupant espagnol. Rappelons que le Maroc avait requis un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) portant sur l’existence de liens entre le Sahara occidental et le royaume du Maroc. Ce dernier a finalement été débouté par cette institution internationale qui a conclu que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n’établissent l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental, d’une part, le royaume du Maroc ou l’ensemble mauritanien, d’autre part. La « marche verte » de Hassan II est donc une réponse à l’avis formulé par la CIJ.

    Rencontrant Hassan II lors d’un voyage préprogrammé pour discuter du conflit israélo- arabe, le vice-secrétaire d’Etat, Alfred Atherton, a rapporté le 22 octobre que le Maroc et l’Espagne avaient conclu un accord permettant la marche tout en sauvant la face. Ils utiliseraient par la suite l’Onu pour légitimer l’occupation marocaine au moyen d’un plébiscite contrôlé, permettant ainsi « l’Espagne de se retirer avec élégance », explique Mundy. Mais l’invasion des territoires sahraouis ne se déroule pas comme l’avait prévu le commandement marocain.

    Les FAR et les marcheurs plusieurs centaines de civils marocains font face aux troupes du Polisario. « La situation devient critique pour Hassan II. Hassan II s’est retiré du Sahara. Mais s’il ne l’obtient pas, il est fini. Nous devrions maintenant travailler à ce qu’il l’obtienne. Nous allons agir au sein de l’Onu (pour) assurer un vote favorable », a indiqué Kissinger au président Ford, le 10 novembre 1975. « Malheureusement pour Kissinger, l’Onu n’a pas été capable d’organiser un vote « truqué » durant l’administration tripartite transitoire (Maroc, Mauritanie et Espagne), qui a vu la moitié de la population indigène fuir vers le désert avant le retrait de l’Espagne en février 1976. La sanction des urnes étant refusée, le Polisario a essayé de réaliser l’autodétermination par le fusil », indique Jacob Mundy. Il en conclut que les Etats-Unis ont largement favorisé le Maroc dans l’invasion du Sahara occidental.

    « En 1976, le spécialiste renommé du droit international, Thomas Franck, a décrit avec justesse la politique des USA pendant la crise comme « un acte d’opportunisme politique fondé sur des alliances est/ouest ». On pourrait en dire autant aujourd’hui de la politique américaine de « neutralité » par rapport au conflit du Sahara occidental, ainsi qu’à d’autres conflits touchant à la négation de l’autodétermination nationale. La seule différence entre 1975 et 2005 réside dans le contexte géopolitique justificateur. On est passé de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme, ce qui nous amène à croire que notre neutralité proclamée est un luxe que nous ne pouvons pas encore nous permettre. Mais la persistance du conflit du Sahara occidental démontre les imperfections de la politique américaine de « neutralité » au Sahara. Durant les 30 dernières années, Washington ne s’en est pas rendu compte », conclut Jacob Mundy. T. H.

    Texte traduit de l’anglais par ARSO.

    Membre fondateur de l’Association « Friends of the Western Sahara », Jacob Mundy poursuit des études en post-graduation à l’université de Washington. Il est coauteur, avec Stephen Zunes, de Western Sahara: war, nationalism and conflict irresolution, Sahara occidental: guerre, nationalisme et conflit irrésolu), à paraître prochainement aux Editions Syracuse University Press.

    Le Soir d’Algérie, 4 fév 2006

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, ONU, MINURSO, France, Etats-Unis, USA, décolonisation,

  • Maroc : «La Marche verte est la façade civile d’une invasion militaire»

    Au grand dam des populations sahraouies représentées par le Front Polisario dès 1973, le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est colonisé en 1975 par le Maroc. Hassan II y envoie, le 6 novembre, des Marocains pour l’envahir, avant de lancer une offensive armée contre les Sahraouis. L’attaque marocaine est même appuyée par des bombardements massifs. Le peuple sahraoui lutte depuis plus de 40 ans pour son droit à l’autodétermination. Dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, la vie des Sahraouis est marquée par la répression et le harcèlement constants. Le Sahara occidental est aujourd’hui la dernière colonie d’Afrique. Spécialiste des conflits au Maghreb, Jacob Mundy de l’université Colgate (New York) explique le stratagème mis en place par le roi Hassan II pour accaparer ce territoire.

    – Cela fait maintenant 40 ans depuis que le Maroc a envahi le Sahara occidental. Pourquoi l’ONU n’arrive toujours pas à régler ce conflit conformément à la légalité internationale ?

    Actuellement, l’Organisation des Nations unies a un double discours sur le Sahara occidental : le Conseil de sécurité appelle à la fois à une solution politique et à une solution qui respecte le droit du Sahara occidental à l’autodétermination, conformément au droit international. Ceci est une pure contradiction. Le Maroc rejette l’idée d’un référendum d’autodétermination, et ainsi le Conseil de sécurité a donné à Rabat un pouvoir de veto sur le processus de paix. Dès lors, pour le Front Polisario, la seule façon d’avancer serait de compromettre son droit à l’autodétermination et d’accepter cette injustice comme un fait accompli.

    Mais pourquoi les Sahraouis renonceraient-ils à ce droit alors que le Maroc n’a pas fait une offre sérieuse d’une réelle autonomie ?

    Cependant, je ne suis pas convaincu que les Nations unies puissent régler cette question, même si le Front Polisario se montre prêt à s’engager dans des négociations dans lesquelles l’option de l’indépendance ne serait pas à l’ordre du jour. Au fil du temps, le statut non résolu du conflit du Sahara occidental est devenu un élément central dans le fonctionnement du régime marocain sur le double plan intérieur et extérieur. Le Maroc se présente comme un modèle de stabilité dans une région instable du monde. Pourtant, comme nous le savons tous, cette stabilité est basée sur un fondement instable, le Sahara occidental.

    La monarchie marocaine a utilisé la menace perpétuelle du Sahara occidental pour contrôler la politique intérieure marocaine et maintenir des alliances sécuritaires vitales avec Paris et Washington. Ces processus de «sécurité à travers l’insécurité» sont assez courants en géopolitique ; nous observons ces processus dans les relations-clés des États-Unis comme Israël, l’Arabie Saoudite et le Maroc.

    – Pour quelle raison le Maroc refuse, à ce jour, au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination comme le recommandent pourtant un rapport de la Cour internationale de justice daté du 15 octobre 1975 et de nombreuses autres résolutions de l’ONU ?

    Le Maroc refuse le déroulement d’un vote sur l’indépendance du Sahara occidental parce qu’il sera perdant. Cela était clair en 1975 lorsqu’une mission des Nations unies a visité le Sahara occidental et cela est clair aujourd’hui dans les camps de réfugiés et au Sahara occidental.

    Les manifestations quotidiennes des Sahraouis qui vivent sous occupation montrent qu’il y a une forte majorité en faveur de l’indépendance. Après 40 ans d’occupation, le Maroc n’a pas réussi à gagner les cœurs et les esprits des Sahraouis. Le Maroc a tenté de gagner le vote dans les années 1990 en inondant l’électorat avec de faux Sahraouis. L’ONU n’a pas accepté cela. C’est la raison pour laquelle le Maroc parle maintenant d’autonomie, sachant qu’un vote légitime n’ira pas en sa faveur.

    – D’après vous, pourquoi le roi Hassan II a-t-il organisé la Marche verte le 6 novembre 1975 ? Avait-il le droit d’envahir le Sahara occidental ? Cette marche était-elle pacifique comme le soutient le Maroc ?

    Comme les historiens l’ont découvert, les plans marocains d’invasion du Sahara occidental avaient été préparés des années auparavant. Nous connaissons tous l’échec de la «guerre des sables» menée en 1963 par le Maroc contre l’Algérie. Ce qui est moins connu, c’est que Hassan II avait même un plan avancé pour envahir la Mauritanie.

    En 1974, quand l’Espagne a annoncé son intention d’organiser un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental, le Maroc a intensifié ses efforts diplomatiques en allant à l’ONU et en demandant l’avis de la Cour internationale de justice. Durant les audiences de la Cour, lors de l’été 1975, il était clair que les juges de la CIJ ne pouvaient pas prendre au sérieux les arguments juridiques avancés par le Maroc pour conquérir le Sahara occidental.

    Le Maroc ne pouvait même pas démontrer sa souveraineté continue et effective sur le sud du Maroc (Oued Draa)… alors ne parlons pas du Sahara occidental. C’est comme cela que Hassan II a commencé à peaufiner ses plans d’invasion du Sahara occidental. Selon mes recherches, Henry Kissinger a été informé début octobre (deux semaines avant la publication de la décision de la CIJ) que le Maroc allait envahir le Sahara occidental.

    Etant donné qu’une invasion militaire directe d’un Etat d’Europe occidentale allait être trop dangereuse, Hassan II a dû forcer l’Espagne à abandonner le Sahara occidental par d’autres moyens. Ainsi, l’idée ingénieuse de la «Marche verte» a été utilisée pour créer une façade civile pour une invasion militaire. Nous devons nous rappeler que la marche «pacifique» de Hassan II a été soutenue par une présence militaire massive dans le sud du Maroc. Hassan II a averti que si Madrid s’opposait à la Marche verte, le Maroc déclarerait la guerre à l’Espagne.

    Cette sortie avait mis Madrid dans une situation impossible. Si Franco n’avait pas été en déclin, l’Espagne aurait peut-être résisté à la pression du Maroc. Mais comme les historiens espagnols le révèlent maintenant, l’agonie de Franco a créé une «guerre civile» dans le cabinet espagnol. En fin de compte, un accord secret a été conclu avec le Maroc fin octobre 1975. Dans les faits, l’invasion militaire par le Maroc de l’est de Saguia El Hamra a commencé les 30-31 octobre.

    La Marche verte n’était devenue qu’un spectacle pour apaiser une opinion marocaine envahie par une frénésie nationaliste. Seuls quelques milliers de manifestants ont franchi la frontière du Sahara espagnol et… seulement de quelques kilomètres. La grande majorité des participants à la Marche verte est restée au Maroc compte tenu de l’accord conclu avec Madrid. Cela a permis aux deux parties de sauver la face : Hassan II a obtenu sa marche et l’Espagne a quitté le territoire selon ses propres termes.

    – En août 1974, l’Espagne, qui souhaite se retirer du Sahara occidental, annonce l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour 1975. Pourquoi Madrid a abandonné cette option et préféré ouvrir des négociations avec le Maroc et la Mauritanie ?

    L’Espagne a été contrainte de négocier avec le Maroc et la Mauritanie parce qu’elle a été abandonnée par le Conseil de sécurité des Nations unies, principalement en raison de l’insistance française et américaine qui soutenait que le Maroc avait réussi son invasion. Lorsque la Marche verte a été annoncée, l’Espagne est allée au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer l’acte marocain comme un acte menaçant la paix et la sécurité internationales. Le Conseil a été lent à réagir et, à la fin, il n’a jamais fait plus que dénoncer la Marche verte du Maroc. Et quand la dénonciation est venue, la marche avait déjà commencé.

    L’Organisation des Nations unies, qui avait été principalement créée pour prévenir une agression dans les affaires mondiales, n’a rien fait pour arrêter l’agression du Maroc contre l’Espagne, ceci parce que Paris et Washington savaient qu’un échec de Hassan II dans la conquête du Sahara occidental marquerait la fin de la monarchie au Maroc.

    – Comment voyez-vous aujourd’hui l’évolution du conflit ? De quoi dépend son règlement ?

    Il est difficile de voir tout espoir dans le processus de paix de l’ONU maintenant que le Maroc a tenté de rejeter l’ambassadeur Christopher Ross comme envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental. Maintenant, nous attendons tous de connaître le point de rupture des Sahraouis.

    Combien de temps encore les réfugiés peuvent-il supporter de souffrir à Tindouf ? Le Front Polisario subit une intense pression pour reprendre la guerre, tandis que l’exploitation et la répression marocaine au Sahara occidental se poursuivent avec peu de protestations de la communauté internationale. Je crains que la situation ira en empirant avant que le Conseil de sécurité de l’ONU ne décide de la prendre au sérieux.

    El Watan, 5 nov 2015

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, marche verte, ONU,