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  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du SG de l’ONU: 17 juin 2019

    Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 17 juin 2019

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Nigéria

    Le Secrétaire général condamne le triple attentat-suicide perpétré le 16 juin dans le village de Konduga, de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigéria.

    Le Secrétaire général présente ses sincères condoléances aux familles des victimes ainsi qu’au Gouvernement et au peuple du Nigéria. Il souhaite un prompt rétablissement aux blessés et espère que les auteurs de ces attaques seront rapidement traduits en justice.

    Le Secrétaire général réitère la solidarité des Nations Unies avec le Gouvernement du Nigéria dans sa lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Il renouvelle aussi l’engagement des Nations Unies à continuer d’appuyer les efforts régionaux de lutte contre le terrorisme.

    Kenya/Somalie

    Le Secrétaire général condamne l’attaque perpétrée hier dans le comté de Wajir, au Kenya, au cours de laquelle huit policiers ont perdu la vie et d’autres ont été blessés lorsque leur véhicule a heurté un engin explosif improvisé. L’attaque intervient après l’enlèvement de trois policiers réservistes dans le même comté vendredi dernier, lequel enlèvement a été revendiqué par les Chabab.

    Le Secrétaire général condamne aussi le meurtre d’au moins huit personnes alors que d’autres ont été blessées par l’explosion d’une voiture à un point de contrôle de Mogadiscio, en Somalie. Cet acte a également été revendiqué par les Chabab.

    Le Secrétaire général présente ses condoléances aux familles des victimes et aux Gouvernements et aux peuples du Kenya et de la Somalie. Il souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

    Le Secrétaire général exprime la solidarité des Nations Unies avec les Gouvernements du Kenya et de la Somalie dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

    Droit de la mer

    Ce matin, le Secrétaire général a pris la parole lors de la réunion commémorant le vingt-cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

    M. Guterres a déclaré qu’il était essentiel de disposer d’un corpus de droit international bien défini établissant les droits et obligations des États en ce qui concerne les mers et les océans à un moment où ces espaces subissent une pression sans précédent.

    Le Secrétaire général a encouragé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention et exhorté tous les États parties à s’attaquer pleinement à la mise en œuvre de la Convention avec un engagement et une vigueur renouvelés.

    « Soyons la génération qui brisera le cycle du déclin continu de nos océans et garantira leur conservation et leur utilisation durable, au profit des générations actuelles et futures », a-t-il déclaré.

    Yémen

    L’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a informé ce matin le Conseil de sécurité, depuis Amman, par visioconférence, des récents développements sur le terrain. À Hodeïda, la réduction de la violence a généralement été respectée depuis six mois, après l’entrée en vigueur de l’Accord de Stockholm en décembre. Et ce, en dépit des retards pris dans la mise en œuvre de ce même accord en raison d’un certain nombre de défis et de frustrations qui allaient de pair avec. M. Griffiths a ajouté que, au cours des derniers mois, des membres du Comité de coordination du redéploiement des deux parties ont continué à s’engager de manière constructive auprès du général de corps d’armée Michael Lollesgaard s’agissant des première et deuxième phases du redéploiement.

    L’Envoyé spécial s’est déclaré préoccupé par l’escalade récente des combats au Yémen ainsi que par les récentes attaques de drones à l’aéroport d’Abha. Dans le contexte de tensions régionales plus larges, a-t-il observé, les risques pour le processus politique n’ont jamais paru plus aigus. M. Griffiths a appelé à l’adoption de mesures visant à désamorcer les tensions au profit du peuple yéménite et de la sécurité régionale.

    Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a, quant à lui, déclaré aux membres du Conseil de sécurité que les événements survenus au Yémen au cours des dernières années ont été récurrents, comme une boucle temporelle. La situation sur le terrain, a-t-il noté, n’a que très peu évolué depuis 2016. Mais à la suite des combats, 24 millions de personnes ont besoin d’aide et 10 millions de nourriture. M. David Beasley, le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, a également pris la parole au cours de cette séance.

    République démocratique du Congo (RDC)

    La Mission de l’Organisation des Nations Unies République démocratique du Congo (MONUSCO) est préoccupée des informations faisant état de violences dans la province de l’Ituri (territoire de Djugu), qui ont entraîné la mort de dizaines de personnes. Des pillages, des incendies de villages et des déplacements forcés de populations ont également été signalés.

    Afin de soutenir les efforts déployés par la RDC pour faire face à la détérioration de la situation sécuritaire, la MONUSCO a renforcé sa présence dans la région avec le déploiement de trois bases militaires temporaires dans les territoires de Djugu et de Mahagi.

    La Mission a également déployé des équipes sur le terrain pour évaluer la situation et engagé les communautés et les autorités à contribuer à prévenir de nouvelles attaques et à stabiliser la situation.

    Soudan

    La Coordonnatrice des opérations humanitaires au Soudan, Mme Gwi-Yeop Son, est gravement préoccupée de la détérioration de la situation humanitaire, et des informations faisant état de violence intercommunautaire dans des régions du Darfour, y compris les derniers affrontements à Zalingei dans le Darfour central, qui ont fait 17 morts et causé la destruction de 100 logements.

    Mme Son a souligné l’importance d’une intervention humanitaire sans entrave, fondée sur des principes, et rapide dans tout le Soudan. Elle a appelé les autorités à faciliter les importations et la distribution de l’aide, y compris les médicaments, et à garantir la liberté de mouvement des travailleurs humanitaires à l’intérieur du pays.

    Elle a ajouté qu’un demi-million de personnes risquent d’être touchées à Khartoum et au Darfour si les médicaments ne sont pas importés en temps utile, et 250 000 mères d’être privées de soins maternels.

    La Coordonnatrice a aussi mis en exergue la nécessité de respecter le droit international humanitaire, y compris la protection des centres sanitaires, le personnel de santé et les autres acteurs humanitaires. L’ONU et ses partenaires prêtent assistance à 4,4 millions de nécessiteux à travers tout le Soudan.

    Chine

    Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les pluies diluviennes et les inondations qui se sont abattues la semaine dernière sur six provinces du sud et du centre de la Chine ont touché plus de six millions de personnes. Au moins 88 personnes ont été tuées avant le 16 juin et 388 000 personnes évacuées. L’ONU présente ses condoléances au Gouvernement et au peuple chinois pour ces pertes humaines.

    Venezuela

    Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dépêché des équipes supplémentaires, ce week-end, à la frontière entre le Pérou et l’Équateur pour aider les autorités à gérer le nombre sans précédent de réfugiés et de migrants vénézuélien arrivant au Pérou.

    Vendredi, plus de 8 000 Vénézuéliens ont traversé la frontière dans la ville péruvienne de Tumbes, le plus grand nombre jamais enregistré en une journée. Le nombre total de réfugiés et de migrants vénézuéliens au Pérou serait de 800 000.

    Le HCR a indiqué qu’il prête une assistance humanitaire et médicale sur le terrain ainsi que des informations et des soutiens juridiques aux réfugiés et aux migrants des deux côtés de la frontière. L’agence réitère son appel à la communauté internationale à intensifier son appui aux pays comme la Colombie, l’Équateur et le Pérou qui ont accueilli la grande majorité des quatre millions de réfugiés et de migrants du Venezuela.

    Désertification

    La Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse est célébrée aujourd’hui. Le thème cette année est « Construisons l’avenir ensemble. »

    Dans son message, le Secrétaire général indique que « la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse présentent un grave danger pour des millions d’habitants de la planète et en particulier les femmes et les enfants ». Il a ajouté qu’il nous faut protéger la terre, la restaurer et en faire un meilleur usage pour réduire la migration forcée, améliorer la sécurité alimentaire et stimuler la croissance économique. « C’est ainsi que nous pourrons faire face à l’urgence climatique mondiale. »

    La principale célébration se déroule en Turquie. Cette année marque aussi le vingt-cinquième anniversaire de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

    Population

    La population mondiale devrait croître de deux milliards de personnes au cours des 30 prochaines années, selon le rapport sur les perspectives de la population mondiale de 2019, publié aujourd’hui par le Département des affaires économiques et sociales.

    Neuf pays devraient concentrer plus de la moitié de la croissance estimée d’ici à 2050. Il s’agit de l’Inde, du Nigéria, du Pakistan, de la République démocratique du Congo, de l’Éthiopie, de la Tanzanie, de l’Indonésie, de l’Égypte et des États-Unis.

    Le rapport confirme également que la population mondiale vieillit en raison d’une espérance de vie plus longue et de taux de fécondité plus bas. Entre 2019 et 2050, la population devrait baisser de 1% ou davantage dans 55 pays ou régions.

    Conférence de presse

    Demain à 12 h 30, le Secrétaire général et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, s’adresseront à la presse à la sortie du Conseil économique et social (ECOSOC), à l’issue de la réunion informelle sur la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies contre les discours de haine, qui se tiendra à 11 heures.

    Source : ONU PRESS

    Tags : ONU, presse, Nigeria, Somalie, Yémen, République Démocratique du Congo, Congo, Ebola, ECOSOC,

  • Rapport RSF : Sahara Occidental trou noir de l’information

    Dans son rapport sur la liberté de la presse au Sahara occidental, Reporters sans frontières (RSF) révèle un territoire coupé du monde, véritable trou noir de l’information, devenu une zone de non-droit pour les journalistes.

    La section espagnole de Reporters sans frontières (RSF) présente ce 11 Juin à Madrid son nouveau rapport intitulé “Sahara Occidental, un désert pour le journalisme”, qui constitue le premier travail de recherche jamais réalisé sur la liberté de la presse dans ce territoire non-autonome.

    Une histoire oubliée

    Le silence entourant la zone est principalement lié à la persécution et à la répression constantes des journalistes sahraouis qui s’efforcent de faire leur métier en dehors des circuits officiels marocains, mais aussi à l’impossibilité pour les journalistes étrangers de travailler dans la région.

    Le Maroc applique une politique de refoulement quasi systématique de la presse étrangère qui tente de se rendre au Sahara occidental et punit très sévèrement les journalistes citoyens qui essaient de donner une version autre du discours officiel sur les réseaux sociaux. Ces différents blocages ont transformé le Sahara occidental au fil des ans en un véritable trou noir de l’information.

    “Plus personne ne parle du Sahara occidental”, explique Alfonso Armada, président de RSF Espagne. “Le territoire qui n’est ni en guerre ni en paix, est désormais abordé uniquement sous l’angle humanitaire par les médias étrangers alors que le conflit se perpétue sans issue depuis quatre décennies.”

    Témoignages

    Le rapport qui examine les histoires de journalistes sahraouis emprisonnés et souvent condamnés à de très lourdes peines donne pour la première fois la parole à ces acteurs essentiels pour la paix dans la région ainsi qu’à des spécialistes du conflit.

    Le document analyse aussi le rôle essentiel des médias internationaux, notamment espagnols et français, dans l’oubli collectif entourant la question du Sahara occidental, mais aussi relativement à la responsabilité du Front Polisario, représentant reconnu par l’ONU du peuple sahraoui, dont la communication se limite parfois à une simple propagande répétitive, que les jeunes journalistes sahraouis commencent à remettre en question.

    Enfin, le rapport présente une nouvelle génération de journalistes sahraouis qui surmonte tant bien que mal ces obstacles et constitue une nouvelle source d’information précieuse pour la presse étrangère et les organisations internationales.

    Le Maroc, occupe la 135ème position du Classement Mondial de la Liberté de Presse de RSF.

    Source : RSF

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, médias, information, presse, répression,

  • Maroc : Merci Monsieur « Coleman » !

    Pendant des années, que dis-je ?, quasiment vingt ans pour l’auteur de ces lignes, nous avons été accusés, les deux pelés et trois tondus qui avons essayé de faire du journalisme indépendant dans ce pays, d’être des agents de l’étranger, d’être soudoyés par tel Etat, tels services secrets ou tel mouvement ou organisation.

    Nous sommes passés d’être des agents de la DST, la police politique marocaine, à travailler pour le CNI espagnol, en passant par la DRS, les services secrets algériens et le Mossad israélien. Accusation suprême : nous étions également des agents du Polisario.

    Sans la moindre preuve bien évidemment, sinon on n’en serait pas là.

    Franchement, et si je devais un jour travailler pour un « sévice secret » je travaillerais avec celui de mon pays. Il paye bien. Les journalistes étrangers touchent 6000 euros par mois, avec en prime quelques séjours tous frais payés à Marrakech. Quant aux Marocains ils ont droit à des pages de publicité à gogo, des prébendes faites de facilités pour l’obtention d’un appartement ou d’une imprimerie, d’un prêt bancaire (que certains oublient de payer) et de généreux cadeaux en sous-main.

    Je connais le directeur d’un hebdomadaire francophone casablancais qui a acheté à l’Etat une villa où il a installé son torchon pour quelques dirhams. Son confrère d’un autre hebdomadaire, tout aussi francophone et pourri, a obtenu le même cadeau, sauf qu’il utilise la villa pour y habiter.

    Le premier, une barbouze journalistique qui a travaillé pour Dlimi quand il sillonnait les pays arabes et africains pour le compte d’un autre hebdomadaire francophone, celui-là français, a depuis quelques années les pires difficultés du monde pour boucler les finances de son brinquebalant et boiteux canard. Sans ses « amis », cela fait longtemps qu’il aurait fermé boutique. Mais à titre personnel, il est très riche. Il y a peu il négociait la vente d’un terrain dans l’un des quartiers les plus huppés de Casablanca pour un prix millionnaire. Il avait obtenu ce terrain pour des bricoles de la main d’un organisme étatique.

    Enfin, tout cela pour dire que sans aucune preuve, certaines officines de l’Etat marocain, appuyées par la presse aux ordres, déversent sur nous un tombereau d’accusations et d’affirmations mensongères dans le seul dessein de salir notre réputation et de nous signaler à un quelconque fou pour qu’il nous trucide avec un couteau dans la rue, alors que les vrais corrompus sont ceux qui hurlent avec les loups.

    Mais voilà, un hacker, ou plusieurs, publie depuis des mois une impressionnante pile de documents, scannés pour la plupart, et de mails compromettants qui prouvent par A+B que nos diplomates, en plus de leur labeur ordinaire de lobbying et de défense des intérêts de l’Etat, soudoient des fonctionnaires internationaux, de prétendus experts et une kyrielle de profiteurs comme ce pauvre fonctionnaire international sénégalais qui a vendu sa conscience pour quelques dirhams et un séjour au Maroc où il a visité un marabout local.

    On me rétorquera que cette corruption se fait au nom de la défense de la cause du Sahara. Je réponds qu’il faudrait alors préparer un bon chéquier et se hâter de gagner cette bataille parce que celui qui a vendu son âme une première fois la vendra une deuxième fois, et pas forcément au même camp, sinon au plus offrant.

    On découvre aussi dans les papiers du hacker que sous couvert d’un empire médiatique, un ex-commercial de publicité est en fait un responsable de la DGED, les services de contre-espionnage marocains, qui se fait passer pour un journaliste et entretient de coupables relations avec les pires organisations d’extrême droite pro-israélienne. Il est aussi le grand corrupteur d’une demi douzaine de journalistes français dont certains travaillent sur le Maroc depuis très longtemps.

    Merci donc à ce « Chris Coleman », pas pour la guerre qu’il mène contre le Makhzen au nom de ses propres intérêts (soukou hadak !), mais pour nous avoir permis de voir plus clair dans cette grande grotte où se tapit l’ogre qui nous opprime.

    Ali Lmrabet

    Demain Online, 15/12/2014

    Tags : Maroc, Makhzen, presse, DGED, Ahmed Charaï, Chris Coleman, corruption, Sahara Occidental,

  • Au Maroc, le changement est difficile : la preuve par la TVM

    Après une constitution, finalement mi-figue mi-raisin, apportant beaucoup d’améliorations par rapport à sa précédente et capitalisant sur les acquis, beaucoup de marocains, enfin ceux que je connais peut être, s’attendait à ce que les choses changent.

    Les prémices d’une amertume, le conservatisme a la peau dure, ont déjà commencé lors de la campagne pour ladite constitution : des moussems (comprenez carnaval de mauvais goût), des hayaha (comprenez des gens payés pour faire de la « festivité politique »), des non-débats … ont envahi la scène nationale.

    A-t-on vraiment besoin de cela au 21ème siècle et surtout à un tournant historique où le pays s’accrochait, tant bien que mal, à dépasser les turpitudes et les mésaventures du « printemps » arabe et de passer, avec beaucoup de prudence ( J ) à une démocratie telle qu’universellement reconnue ( j’adore l’expression ) ?

    Au moment où plus de 99% des « forces » politiques ont approuvé le projet de constitution et le reste a tout bêtement boycotté le référendum, pourquoi tout ce folklore ? Il y a certainement des « poches de résistance » qui ont vu que leur « rôle » dans la nouvelle société allait être marginal, alors ont-ils eu l’immense intelligence à faire croire « à qui de droit » qu’ils sont indispensables ? Peu importe, il faut que nos « progressistes » s’essaient de comprendre, car si le là a été donné en cette période, les prémices ne sont pas de bonne augure ! Ne parlons pas de la cérémonie d’allégeance ou de la première séance des « dourouss hassanya » (causeries religieuse de Ramadan) où le ministre des habouss et des affaires islamiques tentait de faire le parallèle entre la démocratie et la bay’a ( allégeance ) !

    Pas plus loin que ce soir, en famille, je m’essaie de regarder notre auguste première chaine de télévision « al oula » (traduisez la première), baromètre de l’Etat et son « porte parole audiovisuel ». Voici les premières impressions du journal télévisé principal de ce jour:

    42 minute pour un journal télé est vachement beaucoup !

    Le Roi est toujours à la UNE des journaux télévision avec la même voix sordide qui accompagne en commentaire : « des actions qui dépassent l’égo pour aboutir à une bienfaisance collective multiservices suivant une approche collective apportant le bien-être … bla bla » (vous imaginez cette dissertation dans un journal télé au 21ème siècle !).

    Le Roi inaugure (et on nous montre les détails même de sa tournée avec les enfants) un espace pour enfants handicapés mentaux à Yaacoub El Mansour à Rabat ( bien sur avec tous les détails sur la superficie, le nombre de tables, de chaises, les financements, … )

    Le Roi inaugure un centre d’insertion socio-économique se basant sur le principe de la solidarité collective pour créer des activités lucratives … bla bla, toujours à Yaacoub Elmansour (toujours avec les mêmes détails « techniques » et non « techniques »).

    Après les images d’inauguration, un grand responsable de la fondation Med V (d’ailleurs, est-elle un établissement gouvernemental ou ONG ou quoi au juste ? #justeunequestion) pour la solidarité vient expliquer bien entendu, puis la voix magique revient pour donner des « explications complémentaires » en montrant des intervenants dans le projet.

    12 congressmen ont adressé une lettre au Roi que les réformes sociales et économiques sont importantes et apportent leur soutien au réformes lancées par le Roi.

    16mn30 pour les activités royales !

    Au même moment, Niny est toujours en prison, jugé par le code pénal, d’autres journalistes sont poursuivis pour « diffusion de fausses informations » concernant la relation du PAM et certains gouverneurs/Walis.

    Qu’est ce qui a changé depuis la promulgation de la constitution ? Finalement, il faut que le changement passe par les têtes de certains !

    Source : Des maux à dire

    Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, presse, RTVM,

  • Maroc : Le groupe de travail de l’ONU gravement critiqué devant une cour de justice

    DETENTION ARBITRAIRE DU JOURNALISTE TAOUFIK BOUACHRINE: LE GROUPE DE TRAVAIL DE L’ONU GRAVEMENT CRITIQUÉ DEVANT UNE COUR DE JUSTICE MAROCAINE

    • Le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies (GTDA) avait appelé les autorités marocaines à libérer immédiatement Taoufik Bouachrine et à lui accorder réparation

    • La défense des parties civiles a qualifié le rapport de « simples paperasses sans aucune importance » et a accusé Taoufik Bouachrine d’avoir corrompu le Groupe de Travail

    • Taoufik Bouachrine, journaliste marocain critique du gouvernement, est détenu en isolement depuis plus de 14 mois après avoir été faussement accusé de viol et trafic d’être humain ; le procès en 1ere instance avait été entaché de nombreuses et graves irrégularités

    CASABLANCA, 30 avril 2019 – Lors de la deuxième audience du procès en appel du journaliste Taoufik Bouachrine le 26 avril, alors que la Cour d’Appel de Casablanca doit répondre à la demande de libération immédiate formulée par la défense le 9 avril 2019, le juge a autorisé l’intervention de la partie civile sur la question de la détention arbitraire du journaliste Taoufik Bouachrine, violant ainsi les dispositions de l’article 752 du Code de procédure pénale marocain.

    C’est à cette occasion que des avocats des parties civiles ont qualifié le rapport du GTDA de « paperasses sans valeur et sans aucune importance » et ont accusé le journaliste d’avoir « payé le GTDA » en affirmant que le rapport du GTDA était un travail sur commande.

    Le journaliste Taoufik Bouachrine est détenu en isolement depuis son arrestation en février 2018 pour violences sexuelles présumées. Sur les quatorze supposées victimes, quatre n’ont jamais répondu aux convocations du tribunal tandis que cinq autres, conduites de force au tribunal, ont refusé d’accuser le journaliste, menant l’une d’entre elles à être condamnée à 6 mois de prison ferme pour outrage à un officier de police judiciaire. Taoufik Bouachrine, directeur du quotidien marocain Akhbar al-Yaoum, s’est souvent montré critique à l’égard des autorités marocaines ce qui laisse penser à de nombreux observateurs que ce procès est purement politique. En novembre 2018, il a été condamné à 12 ans de prison, sentence pour laquelle toutes les parties ont fait appel.

    En janvier 2019, le GTDA, saisi par la famille du journaliste Taoufik Bouachrine, émettait l’opinion selon laquelle le journaliste Taoufik Bouachrine est détenu de manière arbitraire. Cette détention relève selon le GTDA des catégories I, II et III, selon les méthodes de travail du GTDA :

    Catégorie I : Impossibilité d’invoquer un quelconque fondement légal pour justifier la privation de liberté – dans le cas de Taoufik Bouachrine : méconnaissance de la règle qui implique que toute détention ne saurait se poursuivre au-delà de la garde à vue sans ordonnance judiciaire

    Catégorie II : La privation de liberté résulte de l’exercice de droits ou de libertés garantis par la Déclaration universelle des Droits de l’homme et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques – dans le cas de Taoufik Bouachrine : à cause de son travail d’investigation et d’information, en violation de la protection dont il bénéficie en vertu de l’article 19 du dit Pacte

    Catégorie III : L’inobservation, totale ou partielle, des normes internationales relatives au droit à un procès équitable est d’une gravité telle qu’elle rend la privation de liberté arbitraire – dans le cas de Taoufik Bouachrine : à cause des violations entravant substantiellement le droit du journaliste à un procès équitable.

    Par ailleurs, le GTDA rappelle qu’il est d’une importance particulière de lutter contre les violences faites aux femmes et note que « obligation est faite aux agents de l’État, dans l’intérêt des victimes, de ne pas enfreindre les droits des personnes mises en cause, en garantissant une procédure équitable ». Tout en notant que le procès en première instance avait été entaché d’irrégularités affaiblissant grandement la crédibilité du jugement, le GTDA n’a jamais émis d’opinion sur le fonds de l’affaire mais seulement sur la légalité de la détention de Taoufik Bouachrine, en conformité avec la vocation de ce groupe de travail.

    Aucune réponse officielle des autorités marocaines n’est parvenue au GTDA à ce jour.

    Par ce présent communiqué, les membres de l’équipe de défense du journaliste Taoufik Bouachrine dénoncent l’abjection des propos exprimés par certains avocats de la partie civile et les critiques proférées à l’égard de l’Organisation des Nations-Unies et du Conseil des Droits de l’homme. Ils rappellent que le Maroc est membre de l’Organisation des Nations-Unies et du Conseil des Droits de l’Homme et s’interrogent quant à la signification de 1) l’absence de réaction officielle de la part du gouvernement marocain au rapport du GTDA et 2) la tenue de tels propos dans une cour de justice du Royaume du Maroc sans que la Cour ne s’y oppose, sur l’authenticité de l’engagement de l’Etat du Maroc vis à vis des valeurs défendues par l’Organisation des Nations Unies.

    Les membres de l’équipe de défense de Taoufik Bouachrine déplorent également l’illégalité de la décision du juge de la Cour d’Appel d’autoriser l’intervention des parties civiles dans le débat sur la légalité de la détention préventive du journaliste Taoufik Bouachrine. Cette décision est de nature à entacher la confiance en la volonté de la Cour d’appel de garantir une procédure équitable au journaliste Taoufik Bouachrine.

    Ils rappellent également que le droit marocain dispose que seuls les jugements exécutoires prononcés par des juges permettent l’incarcération des individus. De plus, seul le juge d’instruction peut ordonner la détention provisoire, tout en garantissant au prévenu le droit de la contester. La détention de Taoufik Bouachrine est ordonnée par simple décision administrative du Parquet et n’a donc aucun fondement légal. C’est ce que rappelle, entre autres, l’avis du GTDA du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies.

    Albane de Rochebrune (A2R Global Comms)

    Source

    Tags : Maroc, Taoufik Bouachrine, presse, Makhzen, ONU, Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, Le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies,

  • Maroc : Procès du journaliste qui a voulu débattre des absences du roi Mohammed VI

    Par: Ignacio Cembrero | 28 Juin, 2013

    Traduction de l’espagnol par Ahmed Benseddik

    Ali Anouzla, directeur du journal Lakome numérique, a été inculpé de diffusion de fausses informations sur une rixe tribale.

    « Le roi Mohammed VI, qui accumule de nombreux pouvoirs (Commandeur des croyants, Commandant en Chef des Forces Armées Royales, Président du Conseil des ministres, Président du Conseil supérieur de la magistrature et du Conseil supérieur des Oulémas, etc.), a-t-il le droit de s’absenter si souvent et si longtemps sans même annoncer la date et la durée de ses voyages à l’étranger ? Cette habitude royale pose un vrai problème constitutionnel, politique et moral. »

    Le seul journaliste marocain qui a osé poser cette question et apporter une réponse a été, le 4 Juin, Ali Anouzla, directeur du site numérique indépendant Lakome, dans un éditorial intitulé «De l’absentéisme royal». Il a publié le 4 Juin quand le souverain était en vacances en France. Au total, le monarque a consacré, depuis le début de l’année 2013, dix semaines à des voyages privés à l’extérieur du Maroc, en particulier au château qu’il possède à Betz, au nord de Paris.

    Ali Anouzla a été convoqué mardi 25 Juin par la police judiciaire de Fès et, le mercredi, par le procureur de la même ville. Il a été auditionné et accusé de «publication et diffusion, de mauvaise foi» de «fausses informations» et «faits inexacts» de nature à troubler l’ordre public. Il risque une condamnation en vertu de l’article 42 du code de la presse marocaine, à une peine allant d’un mois à un an de prison et une amende comprise entre € 110 et € 9.500.

    Quelle fausse information Anouzla a-t-il publié ? Le lundi 17 Juin vers 13h30, Lakome a repris une information publiée par RASSD, un journal numérique de Fès récemment crée, qui faisait état d’affrontements tribaux près de la ville ayant causé sept morts. A 14h, n’ayant pas pu vérifier la véracité de l’information, Lakome a retiré l’article en question, et peu après après 17h le site s’est excusé auprès de ses lecteurs suite à cette erreur.

    Le directeur du site local à Fès a également été convoqué par le procureur. Il a avoué avoir inventé l’histoire en vue d’induire en erreur les autres journaux numériques d’information. Mais le parquet n’a pas convoqué les responsables des autres sites numériques qui ont publié la même information fictive, parfois pendant des jours, et qui n’ont pas pris la peine de s’en excuser.

    « Je me demande si mon inculpation pour diffusion de fausses informations n’est qu’un prétexte, et si les motivations sont ailleurs », explique Anouzla au téléphone. Le procureur était pressé. Il a fixé l’audience pour le 16 Juillet. S’il est reconnu coupable, Anouzla ira en prison. En 2009, un tribunal l’avait déjà condamné à une peine d’un an de prison avec sursis, conformément à l’article 42 du code de la presse. Comme il s’agit de récidive, il devrait cumuler les deux peines.

    À la fin Août 2009, le palais royal marocain a publié un communiqué expliquant que le roi avait attrapé une infection dite rotavirus, une maladie qui affecte les intestins et qui l’a obligé à «une convalescence de cinq jours.» «L’état de santé de Sa Majesté le Roi n’est pas préoccupant», conclut le texte de ce communiqué.

    Anouzla, qui dirigeait à l’époque le quotidien Al Jarida Al Oula, avait publié un article intitulé: « La maladie royale retarde les causeries religieuses et son déplacement à Casablanca ». Un autre article signé par la journaliste Bouchra Eddou, signalait, en citant un médecin anonyme, que « l’origine du rotavirus contracté par le roi est due à la consommation de corticoïdes contre l’asthme qui causent l’enflure du corps et diminuent l’immunité». Ce commentaire médical lui a valu la condamnation.

    Étouffé par le manque de publicité Al Jarîda Al Oula a fermé en mai 2010, mais huit mois plus tard, Anouzla, infatigable, lance le site numérique arabophone Lakome. Plus tard, il lance avec Aboubakr Jamai une version francophone. Leur seule source de revenus pendant des mois fut la publicité de Google. Mais le site a connu un succès indéniable. Quand il a appris qu’il était poursuivi, Anouzla a déclaré : « La ligne éditoriale de Lakome ne changera pas d’un iota. ». Ceux qui connaissent la presse marocaine savent tous qu’ Anouzla est sans doute le journaliste le plus indépendant.

    Lorsqu’il n’est pas poursuivi par la justice, Anouzla est l’objet de harcèlement de la part des médias proches des autorités. Lorsqu’en Avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a renoncé à élargir le mandat des casques bleus au Sahara occidental (MINURSO), afin qu’ils puissent surveiller les droits de l’homme, plusieurs médias proches des officiels avaient annoncé que le journaliste avait tenté de se suicider et avait été hospitalisé dans un état grave.

    Source : Le Blog d’Ahmed Benseddik, 3 jui 2013

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Ali Anouzla, Presse, absentéïsme,

  • Comment le Makhzen utilise la communauté juive marocaine contre la presse indépendante

    Par Ali Lmrabet

    Quand ils ne sont pas occupés à faire du shopping (savonnette par ci, shampooing par là) pour « Sidi » et « Lalla », les diplomates marocains mènent une guerre impitoyable contre les rares journalistes indépendants qui restent au Maroc.

    Dans le passé, on avait de forts soupçons sur cette guerre souterraine, aujourd’hui il existe des documents qui prouvent que des diplomates marocains montent des cabales contre les journalistes qui dérangent le régime.

    Dans une note non signée adressée au ministre des affaires étrangères, mais qui est sûrement l’œuvre ou bien du secrétaire général ou bien de la directrice des affaires américaines, ce (ou cette) haut fonctionnaire fait part à son patron de la réunion qu’il a eue avec le conseiller politique de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat, David Greene.

    Des cinq sujets abordés avec l’Américain, le fonctionnaire marocain a cru bon de placer « L’éventuel octroi d’une bourse au journaliste Ali Anouzla » en deuxième position. Après « La cause nationale et le Conseil de sécurité », mais avant le reste des autres sujets évoqués, comme par exemple le rapatriement d’un certain Younés Chekouri, citoyen marocain détenu à Guantanamo.

    Au sujet d’Ali Anouzla, le diplomate écrit :

    « S’agissant de l’éventuel octroi d’une bourse d’études universitaires, dans le cadre du programme « Mireille Fellowship », au journaliste Ali Anouzla, j’ai précisé à M. Greene qu’au cas où l’Ambassade américaine à Rabat aurait proposé l’attribution de cette bourse, ce Département aurait souhaité être approché comme il l’a été il y a deux ans au sujet d’un membre d’Al Adl Wal Ihssane, tout en soulignant que cette information, si elle s’avère vraie, serait inquiétante et inacceptable ».

    Voilà que le ministère marocain des affaires étrangères doit être « approché » à chaque demande de bourse d’un citoyen marocain. Comme si on était en Chine communiste. De surcroît, la possibilité d’octroi d’une bourse à Ali Anouzla serait « inquiétante et inacceptable ».

    Pour quelles raisons ? Cette note ne le dit pas. Mais cela prouve l’importance démesurée que prête la diplomatie marocaine, qui est complètement noyautée par les services secrets marocains, aux journalistes indépendants.

    Demain s’est mis en contact avec Ali Anouzla. Si ce dernier reconnait avoir bien demandé un visa pour les Etats-Unis en début d’année, il dément formellement avoir sollicité une bourse.

    L’ambassadeur Bouhlal s’amusant pr!s du Jefferson Memorial de Washington (Photo DR)

    Mais la cerise sur le gâteau reste la correspondance envoyée au ministre des affaires étrangères par l’ambassadeur du Maroc à Washington, l’inénarrable Rachad Bouhlal.

    Dans ce courrier « confidentiel », un document révélé par le hacker « Chris Coleman », dirigé au cabinet du ministre Salaheddine Mezouar, Bouhlal semble répondre à une sollicitation de ce dernier :

    « Suite à notre conversation téléphonique, je tiens à signaler que pour l’instant seul le site www.art19 (http://www.art19) a rapporté que l’organisation non gouvernementale américaine « Project on The Midle East Democracy (POMED) compte décerner le 8 mai 2014, le prix Leaders for Democracy » pour l’année 2014 au profit d’Ali Anouzla et Boubker Jamaï ».

    A Demain, nous avions eu vent de cette affaire au mois de mai dernier, et avions alors publié un article intitulé « L’ambassadeur du Maroc à Washington a tenté de faire retirer des prix à Anouzla et Jamaï ». Mais nous n’avions pas tous les détails que vient de nous offrir ce hacker.

    Sur deux pages, l’ambassadeur, qui parle de manière péjorative des deux journalistes en les traitant d’« individus », fait état de son enquête sur le prix du POMED et tente d’en minimiser la valeur avec des phrases du genre « le conseil de cette organisation est composée de personnalités de stature moyenne », ou bien « cette organisation nouvellement créée, serait en quête de reconnaissance ».

    Ce qui ne l’empêche pas de faire quatre (4) propositions pour contrer l’octroi de ce prix à Ali Anouzla par cette organisation de « stature moyenne » et « en quête de reconnaissance ».

    Les voilà, ces « démarches proposées », dont la plus ignominieuse reste l’appel à Serge Berdugo, le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, et ambassadeur itinérant du roi Mohamed VI, pour qu’il « envoie un mail au président de cette organisation, Stephen McLnerney (qu’il a rencontré et avec lequel il a déjeuné), dans lequel il lui signifie le trouble causé au Maroc et en particulier à la communauté juive de voir qu’un journaliste qui a publié une vidéo faisant l’apologie du terrorisme puisse être primé ».

    Les « démarches proposées » par l’ambassadeur Rachad Bouhlal pour discréditer le journaliste Ali Anouzla.

    Ainsi donc, le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc a voyagé expressément aux États-Unis pour déjeuner avec le président d’une ONG dans le seul but de discréditer un journaliste. C’est trop, c’est exagéré.

    Et puis contrairement aux affirmations de Bouhlal, le site d’Anouzla, Lakome, n’a jamais « publié une vidéo », il a simplement indiqué le link où elle apparaissait comme l’ont fait d’autres sites, comme Demain. D’ailleurs, plusieurs copies de cette vidéo circulent toujours sur Youtube et d’autres vidéos sur le même ton sont publiées chaque semaine par le site américain SITE ou, par exemple, sur le site du ministère espagnol de l’Intérieur, sans que cela ne provoque l’émoi ou le « trouble » d’une quelconque communauté juive.

    Que Bouhlal, un « fonctionnaire » qui maintient des relations directes avec le chef des services secrets (DGED), sans passer par son théorique ministère de tutelle, le MAEC, complote contre un journaliste, c’est dans l’ordre des choses. Cela fait partie de son sale « boulot ». Mais, pourquoi Serge Berdugo implique-t-il la communauté juive marocaine dans une cabale contre la presse indépendante du Maroc ?

    Cherche-t-il l’obtention d’une prébende ou d’une faveur ? Comme par exemple quand, en 2010, il a demandé au directeur du protocole royal l’octroi un wissam pour son ami Aharon Abuhatzira, un Juif marocain reconnu coupable en Israël de « corruption », « abus de confiance et fraude » pour avoir volé l’argent qui devait revenir à des yeshivot, des écoles religieuses ?

    Ou bien veut-il faire oublier l’affaire du tableau de Bertuchi ? Quand il était ministre du tourisme (1993-1995), le bon Serge avait dérobé de Tétouan un tableau du peintre espagnol Mariano Bertuchi, légué à la ville, et ne l’avait restitué qu’après les protestations des habitants de cette cité du Nord du Maroc.

    Tout le monde sait que le défunt Hassan II, puis Mohamed VI, ont utilisé et utilisent encore les Juifs de cour pour accuser faussement les dissidents, ou les journalistes qui déplaisent au régime, d’« antisémitisme », d’« islamisme » ou, comme dans le cas d’Ali Anouzla, de « terrorisme », pour tenter de ternir leur réputation, et par la même leur crédibilité. Mais ces méthodes de basse police ne doivent pas être celles du secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc dont le vrai travail aujourd’hui est de réformer les structures sclérosées de son organisation qui ont été incapables de retenir nos compatriotes juifs qui ont fait le choix d’aller vivre ailleurs.

    Demain online, 26 dec 2014

    Tags : Maroc, Presse, lobby, juifs. sionisme, Serge Berdugo, Ali Anouzla, Aboubar¡kar Jamaï,

  • Maroc : la réapparition de Lalla Salma dans la presse de ce matin

    Dans El Confidencial, l’ancien correspondant d’El País à Rabat, Ignacio Cembrero qualifie la réapparition de la princesse Lalla Salma de « double message rassurant que le Palais royal du Maroc a voulu envoyer après presque treize mois du divorce royal ».

    « Pour ceux qui avaient encore des doutes, l’absence de la princesse lors de la visite d’État, à la mi-février, du roi et de la reine d’Espagne au Maroc, prouve qu’elle ne fait plus partie de la famille royale » a-t-il ajouté, soulignant que « treize ans auparavant, lors de la visite des rois Don Juan Carlos et Doña Sofía, elle était omniprésente ».

    M. Cembrero rappelle que « depuis 2017, elle n’a jamais été vue en public avec son fils, le prince héritier Moulay Hassan, âgé de 15 ans ».

    Le magazine marocain Tel Quel se demande « Que fait Lalla Salma depuis sa disparition de la scène médiatique ? » et il promet des « révélations sur sa mystérieuse disparition médiatique ».

    Pour le magazine people britannique Royal Center, « ce n’est pas un hasard si la princesse, qui est très aimée au Maroc, a été vue deux fois ce mois-ci après deux ans d’absence. Les médias internationaux, dont Royal Central, se sont demandé où elle se trouvait depuis des mois. Le roi Felipe et la reine Letizia d’Espagne se sont rendus au Maroc pour une visite d’Etat au mois dernier, suivis d’une visite du duc et de la duchesse de Sussex. C’est sans aucun doute une réponse du palais pour calmer les médias et la spéculation ».

    Selon El Español, « l’ex-princesse était accompagnée de membres de sa famille dans une Mercedes blanche, sans protocole, mais sous surveillance stricte de la gendarmerie royale. Cela a été considéré comme une inauguration du centre (centre d’oncologie de Beni Mellal,ndlr) car c’est la première visite qu’ils ont reçue depuis l’achèvement des travaux ».

    D’après le site sénégalais Afrik.com, « au Maroc, il ne fait aucun doute que les deux enfants de Mohammed VI, notamment Lalla Khadija et Moulay El Hassan sont dans la tourmente après la disparition annoncée de leur mère Lalla Salma, suite à son divorce avec le souverain ».

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Lalla Salma, presse, réapparition, Beni Mellal, centre d’oncologie,

  • Poutine s’engage à défendre à tout prix la liberté d’expression sur Internet

    Le président russe Vladimir Poutine s’est engagé à défendre la liberté d’expression de tous les citoyens en ligne lors d’une conférence au début de cette semaine.

    M. Poutine a déclaré au Forum russe sur la gouvernance de l’Internet : « Je suis convaincu que nous devons continuer à suivre le principe de la liberté de l’Internet, en créant les conditions d’un large échange d’informations et de la mise en œuvre d’initiatives et de startups commerciales », dans le droit fil des tentatives des dirigeants occidentaux de réprimer la libre expression en ligne.

    Le dirigeant russe a déclaré qu’il était important de trouver un équilibre entre la liberté d’expression en ligne et les préoccupations concernant la lutte contre la cybercriminalité et les contenus illicites.

    When the leader of an openly authoritarian regime believes in free speech more than most western leaders.

    La position de Poutine est en désaccord avec de nombreux dirigeants occidentaux, qui s’inquiètent beaucoup des « fausses nouvelles » et des sentiments des gens qui sont blessés par la liberté d’expression.

    En plus de l’interdiction généralisée et de la déportation de nombreux orateurs dissidents au cours de l’année écoulée, la réglementation de l’Internet par l’État s’intensifie également en Occident.

    Selon les rapports, le Royaume-Uni est sur le point d’imposer ce que certains appellent « les lois Internet les plus strictes du monde » au nom de l’arrêt de la cyberintimidation et de la diffusion de la « désinformation ».

    L’Union européenne a également adopté récemment l’article 13, dont certains craignent qu’il n’entraîne l’interdiction des mèmes.

    Dans un avenir pas trop lointain, l’Internet russe, où l’on peut par exemple critiquer le transgenderisme sans risquer d’être arrêté (contrairement au Royaume-Uni), pourrait être plus libre que partout ailleurs en Europe occidentale.

    Traduit par Dr.Mo7oG

     NEWSPUNCH

    Source

    Tags : Vladimir Poutine, Internet, liberté d’expression, presse, Facebook, Twitter, réseaux sociaux,

  • Algérie : Dynamiques et nuances du champ littéraire algérien

    par Khalid Lyamlahy

    Comment réagit un champ littéraire face à une crise politique majeure ? En projetant cette question dans le contexte algérien de la « décennie noire », l’ouvrage de Tristan Leperlier analyse les dynamiques qui façonnent les lettres algériennes à l’épreuve de la violence.

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    Tristan Leperlier, Algérie, les écrivains dans la décennie noire.

    CNRS, 344   p., 25 €

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    À la fois « multilingue et transnational », le champ littéraire algérien convoque dans la période étudiée (1988-2003) des problématiques aussi diverses que l’autonomie par rapport aux champs politique et intellectuel, le clivage linguistique ou encore la position des écrivains. En adoptant une méthodologie interdisciplinaire (entre étude littéraire et analyse sociologique) et translinguistique (couvrant les productions littéraires en arabe et en français), Tristan Leperlier offre un panorama complexe et pluridimensionnel du champ littéraire algérien. Si la définition de « l’écrivain algérien » et l’expression de « guerre civile », comme le rappelle l’auteur dans son introduction, font encore l’objet de nombreux débats, la perception du champ par ses acteurs semble un peu plus évidente. De l’analyse littéraire à la recherche documentaire, en passant par les entretiens semi-directifs, Tristan Leperlier soumet le champ littéraire algérien à un exercice de relecture critique et de recontextualisation transnationale. Au « sens héroïque » d’une parole algérienne incarnée par le célèbre « dis et meurs » de Tahar Djaout, cité en exergue de l’ouvrage, il répond en resituant les écrivains dans un espace de lutte dynamique, nuancé, voire instable.

    Dans le premier chapitre, le sociologue interroge, à la lumière de la crise provoquée par la guerre civile, le statut de l’écrivain algérien comme « parangon de l’intellectuel ». À l’heure où la crise algérienne est internationalisée et où l’idée de l’engagement se heurte à diverses formes de censure et de violence, l’écrivain algérien perd son statut éminent d’intellectuel autonome et représentatif. Loin de signaler une « dépolitisation », la distance prise par les écrivains avec le champ politique pendant et après les émeutes d’octobre 1988 correspond, selon Leperlier, à une évolution du champ littéraire algérien qui projette les journalistes à l’avant-garde de la contestation politique. Cette évolution, que l’auteur qualifie de « chant du cygne de l’écrivain comme parangon de l’intellectuel », est tributaire de trois facteurs majeurs : la position des écrivains, leur autonomie par rapport au pouvoir, leur rapport au champ intellectuel.

    Après un rappel des principales mouvances politiques en Algérie dans les années 1980, Leperlier examine la thèse d’un « silence des intellectuels » lors des émeutes. L’image de « l’intellectuel au service et en avant du peuple » est confrontée non seulement au statut d’élite sociale des écrivains et à leur libéralisation progressive, mais aussi à la difficulté de critiquer le FLN, comme le suggère le cas « typique » de Kateb Yacine et son « soutien critique » au régime algérien. Si l’on assiste à une « culturalisation de la politique » (dans le sens où des enjeux culturels, tels que la langue et la culture berbères, sont désormais pensés comme politiques et identitaires), la fin du monopole étatique sur la culture ouvre la voie à une « repolitisation » progressive des écrivains algériens, accélérée au contact de la presse et sous la pression d’une visibilité accrue des islamistes.

    Pendant la guerre civile, Leperlier note « une relative stabilité des oppositions » entre écrivains « pro-islamistes » et « anti-islamistes », ces derniers étant répartis à leur tour entre « radicaux », soutenant l’arrêt par l’armée du processus électoral, et « dialoguistes », rejetant cette intervention et prônant un dialogue politique. Partant d’une analyse statistique permettant de regrouper les polarités majeures du champ littéraire algérien, Leperlier montre que le rapport des écrivains au régime est fonction de plusieurs variables, dont la formation, l’écart générationnel, la visibilité politique, le degré d’intériorisation du rôle d’intellectuel, et surtout le type de capital littéraire. La guerre civile révèle également une opposition entre intellectuels « généralistes », intervenant au nom des valeurs universelles, et intellectuels « spécifiques » (historiens, politologues, etc.), le faisant à partir de leurs spécialités. Les échos de cette opposition se prolongent en France où la réception d’un texte polémique comme FIS de la haine de Rachid Boudjedra révèle, selon Leperlier, un cas limite de « formation transnationale » d’un intellectuel « alibi », bénéficiant de la valorisation littéraire et de la réappropriation de son discours dans le contexte français.

    Le deuxième chapitre présente une critique de l’idée, développée en France et alimentée par certains en Algérie, selon laquelle la guerre civile était avant tout une opposition entre arabophones et francophones. Si la question linguistique est un lieu de tensions évident, marqué notamment par la domination de la littérature de langue française et l’échec de l’arabisation dans le champ littéraire, Leperlier investit les raisons qui ont poussé les écrivains algériens à la considérer comme centrale et soutient que leurs prises de position politiques trouvent leurs origines plutôt dans « l’internationalité littéraire », à savoir le type et la portée internationale de leur capital.

    Observant que les écrivains dits « anti-islamistes » sont représentés aussi bien parmi les arabophones que parmi les francophones, Leperlier montre également que le champ littéraire algérien a résisté au clivage linguistique à travers des dynamiques transversales mettant en cause l’étanchéité des deux pôles, à l’image de l’opposition entre Rachid Boudjedra et Tahar Ouettar qui structure le sous-champ de langue arabe, ou des efforts de Tahar Djaout pour reconnaître Ouettar dans le sous-champ de langue française. Pour Leperlier, la rupture entre ces deux auteurs et la promotion du clivage linguistique par le second marquent symboliquement la formation de l’idée d’« une guerre des langues ». À la faveur d’une « synchronisation des enjeux » entre champs universitaire, journalistique, et littéraire, la question linguistique devient un élément central dans la perception de la crise.

    La thèse principale développée ici consiste à considérer la guerre des langues comme une « prophétie auto-réalisatrice » ; en d’autres termes, « la guerre civile n’est pas essentiellement une guerre des langues, mais elle l’est devenue ». Dans un contexte où le mouvement islamiste est non reconnu tantôt dans sa dimension politique, tantôt dans sa violence culturelle, la guerre civile interdit la nuance et, constamment nourrie par la logique de la terreur et des rumeurs, favorise à la fois l’illisibilité politique et la lecture de la crise comme guerre culturelle et linguistique.

    Enfin, en analysant l’évolution de la production en arabe et en français pendant la période, Leperlier montre que la crise a surtout impacté la seconde, délocalisée en France, confirmant ainsi l’importance du rapport à l’international comme facteur d’opposition entre les écrivains algériens. Ce phénomène de « bipolarisation » se reflète également au niveau des genres littéraires, avec la domination du roman dans le sous-champ de langue française et la progression notoire de la poésie dans le sous-champ de langue arabe.

    Si la question de l’engagement politique sert de fil rouge à l’ouvrage, elle est traitée dans le troisième chapitre à partir du « genre lisière » qu’est le témoignage. Dans les années 1990, la résurgence de la figure de l’écrivain-témoin est favorisée par deux facteurs essentiels : le besoin transnational d’un savoir authentique sur l’Algérie et la situation de crise renouvelant la question de l’engagement. En s’inspirant de la typologie wébérienne, Leperlier distingue « trois gestes d’engagement » : « l’attestation » ou « l’affirmation d’un propos politique explicite » ; « l’évocation », définie comme « un engagement pour autrui » ; et « l’interrogation », geste opposé à l’éthos du témoignage et impliquant la mise en cause des valeurs attestées ou l’éloignement du souci d’évocation. Le reste du chapitre est consacré à une analyse illustrée de chaque geste.

    L’engagement dit d’attestation est approché d’abord à travers les cas de Rachid Mimouni et de Yasmina Khadra. Si le premier exploite les ressorts du réalisme magique et du roman à thèse au profit de l’attestation politique, le second utilise les conventions du polar et le dispositif de l’enquête pour défier l’explication journalistique et sociologique de la crise. Les cas de Malika Boussouf, Aïssa Khelladi et Maïssa Bey servent à analyser le modèle du témoignage du journaliste à partir de trois perspectives complémentaires : une « éthique de vérité et de lutte » héroïque chez la première, un « anti-héroïsme » doublé d’une mise en jeu des codes du journalisme et du témoignage chez le deuxième, et un « héroïsme de libération » basé sur le pouvoir de la parole et la langue du corps chez la troisième.

    L’engagement d’évocation est abordé principalement à travers la littérature algérienne féminine, dont le développement bénéficie du travail fondateur d’Assia Djebar autour de « la possibilité d’un dire féminin » et du dialogue avec les disparus. Si Ahlam Mosteghanemi joue sur l’héroïsation de l’écriture féminine, Soumya Ammar-Khodja, parmi d’autres, explicite la perception du témoignage comme un « genre genré ». Leperlier analyse également la nostalgie de l’Algérie coloniale à travers les thèmes du métissage culturel (Abdelkader Djemaï), de la tolérance religieuse (Leïla Sebbar), du raffinement intellectuel (Ammar-Khodja), ou encore de la thématisation de la nostalgie andalouse sur fond de croisement linguistique et de transmission mémorielle (Waciny Laredj).

    L’engagement d’interrogation est aussi lié à l’ambiguïté du questionnement politique et à la quête d’une autonomie littéraire. Si Mohammed Dib articule la question de l’engagement à « un souci d’universalité » et à « une collaboration active du lecteur », Salim Bachi mobilise le topos de l’errance pour fragiliser l’éthique de la lutte et mettre en doute la valeur d’engagement.

    Dans le dernier chapitre de son ouvrage, Leperlier souligne l’ambivalence de l’espace éditorial français qui accueille et offre une tribune aux écrivains algériens tout en favorisant leur « ghettoïsation » sous une étiquette nationale, des logiques économiques et des règles hiérarchiques. Après un rappel des facteurs et des enjeux de l’exil, expérience souvent synonyme de déclassement social et de difficultés professionnelles, il observe que les écrivains exilés (près d’un quart des écrivains de la période) sont perçus en France, dans les années 1990 surtout, comme algériens et restent peu intégrés au champ littéraire français, la guerre civile provoquant ainsi « une forte auto-identification nationale ».

    Est ainsi nuancé le « soupçon mercantile » pesant aussi bien sur les écrivains algériens pour leur manque d’authenticité que sur les éditeurs français pour leur ethnocentrisme. Partant du cas de Timimoun de Boudjedra, roman basé sur « une esthétique de l’antithèse » qui renforce et met à distance les clichés exotiques, Leperlier estime que les œuvres de la période, à quelques exceptions près, sont des « Janus regardant seulement avec plus ou moins d’intensité vers l’une ou l’autre rive ». Partant, la manipulation exercée par l’édition et la réception françaises doit être nuancée par la volonté d’engagement des écrivains algériens et le caractère hétéroclite du paysage éditorial et critique en France.

    Les dernières pages se tournent vers l’expérience de la revue Algérie Littérature/Action, créée en 1996 par Marie Virolle et Aïssa Khelladi. Portée par un capital économique français et une volonté de reconstruire l’autonomie du champ littéraire algérien, la revue souffre – après la guerre civile – des contraintes du marché local en termes de lectorat et de professionnalisation. Pour Leperlier, la fin de la guerre civile se caractérise par un double phénomène de « relative dépolitisation » et de « dépolarisation ». La réintégration des mouvances d’opposition et la réinstauration d’une politique du livre favorisent un rebond de l’édition. Du point de vue linguistique, le retour du français répond à « une volonté de réancrer la littérature algérienne de langue française sur le sol algérien » et s’accompagne d’une diplomatie d’influence française, notamment avec l’Année de l’Algérie en France en 2003. L’expérience des maisons d’édition El-Ikhtilef et Barzakh marque la création en Algérie d’un « pôle autonome d’avant-garde » qui s’oppose à l’esthétique du témoignage, tout en élaborant une ligne éditoriale variée et une stratégie d’alliance internationale.

    Fruit d’un travail considérable de recherche doctorale, Algérie, les écrivains dans la décennie noire est une contribution majeure aux études littéraires et sociologiques sur l’Algérie contemporaine. En s’intéressant aux prises de position des écrivains algériens et à la circulation de leurs œuvres et de leurs idées en contexte de crise politique, l’ouvrage se lit comme une enquête savante qui résiste aussi bien à la simplification qu’à la systématisation. Néanmoins, on peut y relever quelques choix discutables, tels que la juxtaposition de figures littéraires de stature et de positionnement différents (Mimouni et Khadra ; Dib et Bachi), le manque de développement de certaines analyses textuelles (surtout pour les auteurs moins médiatisés) ou encore la focalisation sur les expériences et les stratégies particulières des écrivains dominants dans le champ littéraire tels que Boudjedra et Ouettar. Par ailleurs, l’appel de Leperlier à nuancer l’ethnocentrisme éditorial et critique français vis-à-vis de la littérature algérienne semble se heurter, d’une part au maintien continu de la France comme lieu d’influence et de légitimation des plumes algériennes, et d’autre part au traitement inégal de ces dernières, faisant de la quête même de l’autonomie littéraire une autre ligne de fracture dans le champ littéraire algérien. Ceci étant, une telle étude a le mérite d’ajouter une pierre à l’édifice des recherches sur la littérature nord-africaine, qui doivent plus que jamais se pencher sur la question du multilinguisme et de l’impact des crises locales et régionales sur le champ littéraire maghrébin.

    Source : En attendant Nadeau

    Tags : Algérie, presse, journalisme, journalistes, décennie noire, terrorisme,