Étiquette : RCA

  • La République Centrafricaine vue par le Maroc

    Fiche succincte sur la République Centrafricaine

    I. Données de base :

    ▪ Appellation officielle : République Centrafricaine

    ▪ Superficie : 623.000 Km²

    ▪ Population : 5.277.959 hab. (Juillet 2014 est.)

    ▪ Capitale : Bangui

    ▪ Pays limitrophes : Cameroun, Tchad, Soudan, Congo, RDC

    ▪ Chef d’Etat de la Transition : Mme Catherine SAMBA-PANZA (23 janvier 2014, démission le 05 août 2014)

    ▪ Premier Ministre, Chef du Gouvernement : M. Mahamat KAMOUN (nomination le 10 août 2014)

    ▪ Ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des africains de l’étranger : M. Toussaint KONGO DOUDOU (27 janvier 2014)

    ▪ Principales ressources: Diamants, or, uranium, bois, hydro-électricité, coton, manioc, café.

    ▪ PIB/hab. : 700 USD (2013 est.)

    ▪ Dette extérieure: 634,2 millions USD (Décembre 2013 est.)

    ▪ Indice de développement humain : 180ème sur 186 pays (PNUD 2013)

    ▪ Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Bangui : M. Mostafa HALFAOUI (nommé le 06 décembre 2011, présentation des lettres de créance le 18 janvier 2012)

    ▪ Ambassade de la République Centrafricaine à Rabat : M. Ismaïla NIMAGA (depuis le 07 octobre 2001)

    ▪ Date de nomination du Premier Ambassadeur du Maroc : 14 avril 1986

    ▪ Date d’établissement des relations diplomatiques : 1976

    ▪ Communauté marocaine en Centrafrique : 30 personnes (composée essentiellement de femmes, conjoints de ressortissants centrafricains)

    II. Situation politique intérieure :

    Depuis son indépendance en 1960, une situation d’instabilité politique, due aux différents coups d’Etat, sévit dans la République Centrafricaine (RCA). Après la période de l’Empereur, Jean Bedel BOKASSA, de 1965 à 1979, le Président David DACKO a commencé par instituer les libertés démocratiques et le multipartisme. La prise de pouvoir en 1981 par le Général KOLINGBA, a bloqué le processus de démocratisation. Le multipartisme fut rétabli en 1992. Une année après, les élections présidentielles ont porté Ange Félix Patassé à la tête de l’Etat.

    Le pouvoir en place n’a pu redresser la situation que grâce au soutien militaire de la Libye et du Mouvement rebelle congolais de J.P.Bemba. Cependant, le limogeage par le président Patassé de tous les responsables de la sécurité suite au putsch de novembre 2001, notamment le Général François BOZIZE, ex-Chef d’Etat Major, a de nouveau crée une tension extrême dans le pays qui a été accentuée par la fuite de ce dernier au Tchad.

    Pour remédier à cette situation d’instabilité, la CEN-SAD a adopté, plusieurs résolutions dont notamment la création d’une force de maintien de la paix et le rétablissement de l’unité nationale.

    De son côté, la CEMAC s’est engagée militairement en RCA avec le déploiement d’un contingent de 300 à 350 éléments. L’envoi de cette force serait également motivé par le souci de remplacer les troupes libyennes installées à Bangui, dont la présence n’a jamais été appréciée ni par les pays de la sous-région, ni par la France et les Etats-Unis et, encore moins par le Tchad.

    Au moment où gouvernements et partis politiques s’étaient engagés dans la préparation d’un dialogue national de réconciliation, un coup d’Etat militaire fut perpétré, le 15 mars 2003, par le Général François Bozizé. bien que cette prise de pouvoir par la force ait été fermement condamnée par la communauté internationale, François Bozizé a réussi, au bout de quelques semaines, à s’imposer comme le nouvel homme fort du pays.

    En suspendant la Constitution et dissolvant l’Assemblée Nationale, le Président autoproclamé a procédé, le 1er avril 2003, à la nomination d’un nouveau gouvernement d’union nationale dirigé par M. Abel Goumba, ancien opposant. Il a d’autre part mis en place un Conseil National de Transition (CNT) dont la tâche était d’assister le gouvernement dans l’élaboration d’une nouvelle Constitution et la préparation des élections générales de mai 2005. Ces élections ont consacré la victoire de François Bozizé (64,6% des suffrages) face à son rival l’ancien Premier Ministre Martin ZIGUELE. L’équipe gouvernementale, formée le 19 juin 2005, est composée en majorité de membres de partis regroupés dans la Convergence Nationale « Kwa na Kwa » qui avait soutenu la candidature de M. Bozizé à la présidentielle.

    En décembre 2012, le Gouvernement centrafricain a connu un remaniement partiel. Conformément à l’Accord de sortie de crise conclu par les parties belligérantes, le 11 janvier 2013 à Libreville, le Président de la RCA a nommé officiellement, M. Nicolas TIANGAYE au poste de 1er Ministre (avocat et ancien Président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme.

    Accusé par la communauté internationale de passivité face aux violences interreligieuses dans son pays, le Président centrafricain de la Transition M. Michel Djotodia et son Premier Ministre Nicolas Tiangaye, se sont vus contraints de démissionner, le 10 janvier 2014, sous la pression des dirigeants des pays membres de la CEEAC, réunis en sommet extraordinaire à N’Djamena le même jour.

    Le Président du CNT et Chef de l’État centrafricain par intérim, M. Alexandre-Ferdinand Nguendet a déclenché, le 14 janvier 2014, une réunion du CNT pour élire un nouveau Président ; parmi 08 candidatures retenues, le choix a été porté, après un deuxième tour du scrutin organisé le 20 janvier 2014, sur Mme Catehrine SAMBA-PANZA (Maire de Bangui depuis mai 2013), pour occuper le poste de Chef d’Etat de Transition en RCA, jusqu’en février 2015, date des prochaines élections générales.

    Malgré la bonne volonté affichée par la Présidente de la Transition, il semble que le nouveau Gouvernement n’est pas en mesure d’entreprendre des actions de portée sociale ou économique comme le paiement des salaires des fonctionnaires, de la Gendarmerie et de la Police.

    Sur la question des élections, prévues par le Conseil de Sécurité de l’ONU en février 2015, les opinions sont partagées entre ceux qui veulent respecter ce délai et ceux qui exigent la création d’un environnement sécuritaire stable et d’un dialogue national pour garantir le succès de toute consultation.

    Lors de l’assemblée générale de l’ex-Séléka qui s’est tenue le 12 juillet 2014 à Birao, au nord du pays, l’ex-Président M.Djotodia a été reconduit à la tête de la coalition. A noter que du 09 au 11 mai 2014, les membres de l’ancienne coalition Séléka, retranchée dans le nord du pays et contrôlant 8 préfectures sur 16, se sont déjà réunis à Ndélé, au nord-est du pays en vue de se réorganiser et élire des responsables politiques et militaires.

    Il semble que les ex-Séléka visent par ces actions l’obtention de plus de poids dans le pouvoir central.

    Dans le cadre de la mise en œuvre effective des engagements émanant du Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique tenu à Brazzaville, en juillet 2014, et à la demande de la Présidente Mme SAMBA-PANZA, le Premier Ministre centrafricain, André Nzapayéké et son gouvernement ont démissionné, le 05 août 2014.

    Le 10 août 2014, M. Mahamat KAMOUN, de confession musulmane, a été nommé Premier Ministre, Chef du Gouvernement. Il a été chargé d’entamer des consultations pour la formation d’un nouveau Gouvernement.

    • Evolution de la situation politique et sécuritaire en Centrafrique :

    L’accession, par la force, au pouvoir de la rébellion « Séléka » le 24 mars 2013, a suscité de vives réactions et inquiétudes de la part de la communauté internationale et des instances régionales qui ont appelé au retour de la paix et de la démocratie en Centrafrique.

    Le 18 avril 2013, le sommet de la CEEAC a tenu ses travaux à N’djamena. Lors de cette réunion, il a été décidé de la mise en place d’une Cour Constitutionnelle de Transition (CCT) ainsi que de la création d’un Groupe de Contact International (GCI), composé d’organisations régionales et internationales, ayant pour mission de mobiliser les appuis politiques et les ressources financières permettant la réussite de la transition.

    Préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire en Centrafrique, le Conseil de Sécurité a autorisé, le 05 décembre 2013, après l’adoption à l’unanimité de ses 15 membres de la résolution 2127, le déploiement de la MISCA sous conduite africaine pour une période de 12 mois et ce, avec l’appui des forces françaises et avec l’éventualité de la transformer en forces onusiennes. Dans l’attente de l’organisation des élections présidentielles prévues en début 2015, le nombre total des effectifs de la MISCA devrait atteindre 4000 hommes.

    En vertu de la même résolution, une Commission d’Enquête Internationale (CEI) a été créée pour une période initiale d’un an. Elle a pour mandat d’enquêter sur toutes les violations du droit international humanitaire (D.I.H) et du droit international (D.I) des droits de l’Homme (DH) et d’atteintes aux droits de l’Homme qui auraient été perpétrées en RCA depuis le 01 janvier 2013.

    Dans son rapport préliminaire, de juin 2014, la CEI, affirme qu’il existe suffisamment de preuves pour démontrer que les parties belligérantes ont commis des violations du DIH, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et sollicite ainsi le renforcement du soutien accordé au gouvernement de transition.

    S’agissant de l’appui fourni à la MISCA, le Conseil a engagé les pays de la région et les autres pays d’Afrique à participer à la mise en place de la Mission et les États Membres de l’ONU à l’appuyer efficacement «en temps utile».

    Pour sa part, la France a procédé, le 06 décembre 2013, au déploiement de ses forces militaires, dans le cadre de l’opération baptisée « Sangaris ». Cette opération a mobilisé au total 1600 soldats français.

    A noter que la Présence militaire française dans le pays était au début cantonnée à une mission de sécurisation de l’Aéroport de Bangui-Mpoko et de protection des ressortissants français.

    Dans sa résolution 2121, adoptée à l’unanimité, le 11 octobre 2013, le Conseil de Sécurité a exigé « l’application immédiate » des dispositions de l’Accord de Libreville du 11 janvier 2013 et de la feuille de route adoptée au Sommet de N’Djamena du 18 avril 2013, qui doivent aboutir à l’organisation d’élections présidentielle et législatives libres et transparentes 18 mois après le début de la période de transition.

    Le Conseil de sécurité a décidé en outre de renforcer, en vertu de la même résolution, le mandat du Bureau des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en République Centrafricaine (BINUCA). Le mandat du Bureau prévoit ainsi un appui à la mise en œuvre du processus de transition, en facilitant notamment la mise en œuvre du processus électoral. Le Bureau fournira également un appui à la prévention des conflits et à l’assistance humanitaire, ainsi qu’à la stabilisation des conditions de sécurité.

    Une opération internationale de maintien de la paix de l’ONU impliquant toute la communauté internationale s’avère impérative, afin de garantir la pleine réussite aux efforts de paix déployés ; ainsi, la plupart des 4000 soldats de la Misca qui œuvre aux côtés des 2.000 Français de la force « Sangaris », devraient passer sous mandat de l’ONU. A l’exception des 850 militaires tchadiens, dont N’Djamena a annoncé le retrait, le 03 avril 2014, après l’incident meurtrier survenu la nuit du 27-28 mars 2014 à Bangui, ayant fait plus de 30 morts, impliquant plusieurs soldats tchadiens accusés de partialité en faveur des éléments de l’ex-Séléka.

    Le 10 avril 2014, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 2149, prévoyant l’envoi de 10.000 soldats et 1.800 policiers pour rétablir l’ordre et la sécurité en RCA. Cette résolution prévoit le transfert d’autorité de la MISCA à la MINUSCA en septembre 2014. Avec ses 12.000 hommes, cette nouvelle opération de maintien de la paix de l’ONU devrait être opérationnelle le 15 septembre 2014.

    Un Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique, sous l’égide du Médiateur de la CEEAC dans la crise centrafricaine, le Président Denis Sassou Nguesso de la République du Congo, s’est tenu à Brazzaville, du 21 au 23 juillet 2014. A l’issu de ce Forum, un accord de cessation des hostilités et de violences a été signé par les parties prenantes au conflit en RCA. Cette rencontre sera suivie de consultations populaires au niveau régional, dans les 16 préfectures du pays, avant de tenir un Forum de réconciliation nationale à Bangui.

    III- Relations Extérieures :

    • Puissances étrangères et crise centrafricaine :

    La France a procédé, le 06 décembre 2013, au déploiement de ses forces militaires, dans le cadre de l’opération baptisée «Sangaris». Cette opération a mobilise un total de 2000 soldats français.

    La Belgique et la Pologne ont marqué leur disposition, le 18 décembre 2013, à apporter des renforts aux côtés des forces françaises et africaines en RCA. Pour sa part, la Hollande a déclaré apporter un soutien de transport à la mission militaire conduite par la France. L’Allemagne s’est engagée, quant à elle, en janvier 2014, à apporter une aide logistique.

    Un contingent militaire polonais composé de 50 personnes s’est déplacé en Centrafrique en février 2014, pour une mission de trois mois.

    L’Union Européenne (UE), qui n’était pas prête à s’impliquer totalement dans l’opération « Sangaris », a décidé, le 20 janvier 2014, l’envoi de ses forces en Centrafrique dans le cadre de l’opération «EUFOR-RCA», en appui aux forces de la MISCA et des troupes françaises. Atteignant sa pleine capacité le 15 juin 2014, l’EUFOR-RCA compte 800 hommes (soldats et gendarmes).

    En juillet 2014, l’UE a adopté un paquet « développement » en faveur de la Centrafrique, à hauteur de 119 millions € afin de permettre le rétablissement des services sociaux de base, de la stabilisation macro-économique et l’appui au processus électoral. A cela s’’ajoute le lancement du fonds fiduciaire européen « Bekou », doté d’un budget initial de 59 millions €.

    De son côté l’administration américaine avait appuyé l’adoption de la résolution 2127 par le Conseil de Sécurité de l’ONU, en décembre 2013. Il convient de signaler que les Etats-Unis avaient fourni du matériel et assuré le transport aérien pendant une semaine de 850 soldats du Burundi vers la RCA ainsi que leur formation avant leur déploiement. Le 20 novembre 2013, l’administration américaine avait annoncé le versement de 40 millions USD aux pays qui fournissent des contingents à la MISCA. Le 10 décembre 2013, les autorités américaines ont également décidé d’apporter un appui de 60 millions USD sous forme d’articles et de services liés à la défense, de manière à fournir une assistance militaire immédiate à la France et à l’Union Africaine.

    En outre et au cours de l’année 2013, les Etats Unis avaient fourni plus de 24 millions USD au titre de l’aide humanitaire, avec une assistance supplémentaire de 6,2 millions USD annoncée en septembre 2013 pour venir en aide aux réfugiés centrafricains dans les pays voisins.

    Par ailleurs, la communauté internationale a décidé, sur initiative conjointe des Nations Unies et de la Commission Européenne, de consacrer 496 millions USD à la Centrafrique pour l’année 2014, dont 200 millions pour l’aide d’urgence et 296 millions pour des programmes humanitaires dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.

    • RDC et crise centrafricaine :

    L’instabilité en République Centrafricaine a engendré un flux de réfugiés centrafricains vers la République Démocratique du Congo (RDC). En décembre 2013, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a estimé que plus de 47.000 réfugiés centrafricains vivent en RDC. Plus de 20.000 ont déjà été transférés dans quatre camps de réfugiés mis en place par le HCR, dont trois sont situés dans la province de l’Equateur et un en Province Orientale.

    En décembre 2013, la RDC a décidé d’envoyer un contingent de 850 éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC) en RCA, dans le cadre de la MISCA et ce, en réponse à la requête des instances de la CEEAC et de l’UA.

    • Cameroun et crise centrafricaine :

    Après la démission du Président centrafricain de la Transition en janvier 2014, l’ex-Président centrafricain déchu, M. François BOZIZE, est retourné au Cameroun après l’avoir quitté en juin 2013 pour s’installer en Afrique du Sud.

    Le retour de BOZIZE au Cameroun traduit l’ambition de Yaoundé de s’impliquer fortement dans la solution de la crise centrafricaine. BOZIZE et sa formation politique pourraient être instrumentalisés par Yaoundé pour stabiliser la RCA, y sauvegarder ses intérêts et contenir la politique hégémoniste de son voisin tchadien dans la sous-région.

    IV. Relations bilatérales :

    1. Relations politiques

    Les relations politiques entre le Maroc et la RCA, ont toujours été excellentes. La RCA n’a jamais reconnu la pseudo « rasd », et soutient sans réserve, depuis juin 2008, l’Initiative d’autonomie élargie de la région du Sahara, proposée par le Maroc en application de la résolution 1813 du Conseil de Sécurité. Cependant, la RCA n’intervient que très rarement dans les débats consacrés à la question du Sahara.

    Afin de donner une nouvelle impulsion aux relations maroco-centrafricaine, le Maroc a élevé sa représentation diplomatique à Bangui du poste de Chargé d’Affaires au rang d’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi.

    • Crise centrafricaine :

    L’arrivée de la rébellion Séléka par la force, le 24 mars 2013, n’a eu aucun impact sur la qualité des relations maroco-centrafricaines qui, de surcroît, ont été renforcées par l’intervention marocaine à travers l’évacuation et l’hospitalisation de plusieurs blessés de guerre.

    Le Maroc a été sollicité à maintes reprises par la République Centrafricaine pour répondre à des demandes d’aide concernant :

    • L’évacuation sanitaire depuis avril 2013 et aide en matériel médico-technique en faveur des blessés centrafricains (jusqu’en janvier 2014, 100 évacuations sanitaires ont été réalisées au bénéfice de la population centrafricaine) ;

    • Fourniture de matériel de bureaux au profit de certains Départements étatiques centrafricain (ordinateurs, imprimantes, photocopieurs, rames de papier…etc.) ;

    • Demande d’aide financière formulée, le 30 avril 2013, par la Mission Permanente centrafricaine pour la couverture des besoins mensuels de la résidence et de la chancellerie, estimés à 17.500 USD.

    Le Maroc avait également répondu favorablement à l’appel lancé par le Conseil de Sécurité concernant le déploiement de 250 éléments des FAR en Centrafrique (ce nombre devrait atteindre 560 hommes), qui constituent l’Unité de Garde de la BINUCA. Les troupes marocaines sont arrivées en Centrafrique en fin décembre 2013.

    Sur un autre plan, le Maroc a été désigné, en janvier 2014, à la Présidence de la Commission de la Consolidation de la Paix/Configuration « République Centrafricaine » des Nations Unies.

    Après l’adoption par le Conseil de Sécurité de la résolution 2149, le 10 avril 2014, prévoyant le déploiement d’une opération de maintien de la paix (12.000 hommes) à partir du 15 septembre 2014, à travers le transfert d’autorité de la MISCA à la MINUSCA, il est prévu que le nombre des éléments de FAR déployés en RCA atteigne 850, sachant que 800 hommes est le seuil exigé pour pouvoir intégrer la future mission onusienne.

    2. Relations économiques :

    Les relations économiques entre le Maroc et la RCA, sont très modestes et ne reflètent pas la qualité des relations politiques.

    Les échanges commerciaux entre les deux pays restent très faibles. Les exportations portent essentiellement sur les poissons en conserve, conserves de légumes et de produits divers de consommation, tandis que les importations concernent le coton et le café.

    a. Cadre juridique

    Le cadre juridique régissant les relations entre le Maroc et la RCA comporte huit accords portant entre autres, sur la coopération culturelle et scientifique, économique et technique, le commerce, la santé, le transport aérien et la communication.

    b. Commission Mixte de Coopération

    La Commission Mixte de Coopération maroco-centrafricaine a tenu jusqu’à présent trois sessions. La 1ère à Bangui en juin 1986, et la 2ème à Rabat en novembre 1989 et la troisième les 25 et 26 septembre 2006, à Rabat en marge de la visite au Maroc du Premier Ministre Centrafricain, Monsieur Elie DOTE.

    d. Coopération économique, technique et culturelle

    Le Maroc offre, annuellement, à la RCA un quota officiel de 35 places pédagogiques assorties de bourses. Des cadres militaires centrafricains sont également formés régulièrement au Maroc.

    La coopération maroco-centrafricaine couvre également le domaine de l’aviation civile, l’assistance financière (dotation de 600.000 USD ; en décembre 2006, 500.000 USD pour contribuer à l’épuration des arriérés de sa dette vis-à-vis de la BAD), le secteur bancaire (Création, en juillet 1991, à Bangui de la Banque Populaire maroco-centrafricaine)…etc.

    En 2010, lancement des travaux de réhabilitation du CNHUB, et en mars 2013, inauguration de la station marocaine « Hit Radio »)…etc.

    V. Perspectives :

    – Achèvement par l’AMCI des travaux de réhabilitation du Centre National.

    – Projet de visite au Maroc de trois responsables du Conseil Economique et Social pour s’enquérir de l’expérience de son homologue marocain (souhait exprimé en décembre 2012).

    – Aide en matériels médico-techniques en faveur des blessés en Centrafrique.

    – Demande d’aide financière soumise par la Mission Permanente centrafricaine à New York estimée à 17.000 USD pour couvrir les besoins mensuels de la résidence et de la chancellerie.

    – Demande d’aide financière soumises par la partie centrafricaine portant sur un montant estimé à 22.404.000 FCFA soit 44.005 USD essentiellement destinées à la réfection des bureaux du Ministre centrafricain des Affaires Etrangères, du Ministre Délégué et du Chef de Cabinet ainsi que la fourniture de 20 ordinateurs avec imprimantes, 10 photocopieuses et 150 rames de papier (accord donné par Monsieur le Ministre pour répondre favorablement à cette demande d’aide).

    – Souhait exprimé en mai 2013 par le Président du Conseil National de Transition centrafricain (CNT) de se rendre au Maroc pour rencontrer le Président de la Chambre des Représentants.

    – Souhait exprimé en juin 2013 par la partie centrafricaine d’engager des discussions en vue d’enclencher la procédure de mise en œuvre des Accords suivants :

    1. Mémorandum d’Entente en matière de Coopération Industrielle et Commerciale ;

    2. Accord sur la promotion et la protection Réciproque des Investissements.

    Source : Document confidentiel de la diplomatie marocaine

    Source : Maroc Leaks, 1 fév 2020

    Tags : Maroc, Marocleaks, République Centrafricaine, RCA, Sahara Occidental, Seleka, Balaka,

  • RCA: L’UE débloque 20 millions d’euros pour restaurer l’autorité de l’Etat

    Nadia Chahed

    AA/Tunis

    La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a officialisé vendredi le lancement de projets d’appui de l’UE à la restauration de l’autorité de l’Etat centrafricain, pour un montant de 20 millions d’euros, ont rapporté des médias locaux et étrangers.

    Parmi ces projets, figurent la formation de 1.000 nouvelles recrues des forces armées centrafricaines par la mission de l’UE et la construction d’armureries et de sites de stockage, condition préalable à la levée de l’embargo sur les armes imposé au pays, a expliqué à la presse Mme Mogherini, en déplacement dans la ville de Bouar, dans l’ouest de la Centrafrique, précise le quotidien français « Le Figaro ».

    La rénovation du camp Leclerc de Bouar, destiné à devenir le quartier général des forces armées centrafricaines dans la zone ouest, est également prévue, ajoute la même source rappelant que Bouar a longtemps été une base de l’armée française dans le pays.

    «Ici à Bouar nous pouvons voir les premières preuves tangibles de la paix. C’est ici que le désarmement a démarré et donné des premiers résultats, certes encore très timides, mais significatifs», a déclaré Mogherini, qui était accompagnée à Bouar par le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra,

    Mogherini et Touadéra ont ensuite participé à la première réunion du comité préfectoral de mise en oeuvre de l’accord de paix composé des représentants des autorités locales, de la société civile et des groupes armés de la zone, rapporte encore le média français.

    Revenant sur l’accord de paix signé en février à Khartoum, la cheffe de la diplomatie européenne a estimé qu’il « a des chances concrètes de réussir ».

    La visite de Mogherini en RCA est la dernière étape africaine de la tournée internationale de Federica Mogherini qui s’est rendue au Burkina Faso, au Mali et au Niger, pays membres du G5 Sahel engagés dans la lutte contre le terrorisme dans la région, précise enfin « Le Figaro ».

    Anadolou Agency

    Tags : République Centrafricaine, RCA, Mogherini, UE, Union Européenne,

  • Discours de Mogherini à Bouar, en République centrafricaine

    Discours de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini à Bouar, en République centrafricaine

    Seul le discours prononcé fait foi

    C’est pour moi un plaisir d’être en République centrafricaine pour cette première visite que je vous avais promis d’effectuer depuis longtemps, Monsieur le Président [de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra], et que je tenais impérativement à réaliser maintenant pour marquer par ma présence l’espoir que nous plaçons, en tant qu’Union européenne, en ce moment historique dans l’avenir de la Centrafrique.

    Je vous remercie de cette opportunité unique d’échange avec vos populations qui nous transmettent par leur joie et leurs sourires, que nous avons vus en atterrissant ici, un message fort et simple: le vivre en paix. Aujourd’hui pour la première fois depuis les nombreuses crises qui ont secoué le pays, nous avons une vraie chance que la paix, une paix durable, puisse revenir en République centrafricaine.

    Cinq mois après la signature d’un accord de paix qui réunit toutes les conditions pour marquer l’histoire, la Centrafrique se trouve à la croisée des chemins. Dans ce moment charnière, je voudrais vous renouveler par ma voix, à vous personnellement, et à tous les centrafricains, le soutien et la confiance de l’Union européenne et de tous les Etats membres de l’Union européenne.

    Cette même confiance que l’Union européenne et la communauté internationale toute entière vous avaient témoignée le 17 novembre 2016, lors de la Conférence de Bruxelles que j’avais eu l’honneur de co-présider avec vous, quelques mois après votre investiture et après l’inauguration des nouvelles institutions démocratiques: trois ans après, nous pouvons, ensemble, nous réjouir du chemin parcouru et des progrès accomplis et, toujours ensemble, renouveler notre détermination et notre engagement mutuel à poursuivre ce chemin, aujourd’hui marqué, après le retour à l’ordre constitutionnel et la mobilisation massive de la communauté internationale, par une troisième pierre fondatrice: l’Accord de paix.

    Où mieux qu’ici, à Bouar, pourrions-nous prendre ensemble la mesure de ce chemin et de ces progrès, dans cette préfecture, dans cette ville qui incarnent autant de symboles pour votre pays et son histoire et où se reflètent plus particulièrement votre vision et la densité de notre partenariat.

    Bouar symbolise le tournant auquel se trouve aujourd’hui la RCA: le retour de la sécurité et de la paix, la restauration de l’Autorité de l’Etat et de la justice, le redéploiement de ses forces de défense et de sécurité et de l’administration, la relance socio-économique pour laquelle Bouar, positionnée dans une région dynamique, sur l’axe vital reliant la Centrafrique au Cameroun joue un rôle déterminant pour tout le pays; le retour des nombreux centrafricains réfugiés depuis la crise dans les pays voisins, tout particulièrement au Cameroun et au Tchad; le dialogue, fort, positif et absolument et la Nana-Mambéré vital avec ses voisins, pour un pays enclavé mais aussi riche en potentiel comme la RCA. Bouar symbolise à la fois les défis et les potentialités d’une Centrafrique qui aspire à la paix et à la sécurité.

    Je tiens, Monsieur le Président [Touadéra], à saluer ici le leadership, le courage avec lesquels vous avez mené un processus de paix inter-centrafricain unique dans l’histoire du pays. La réalité des faits que nous constatons sur le terrain nous rappelle toutefois que le plus difficile reste encore à faire : mettre en œuvre cet accord, faire respecter les engagements pris et tenir les promesses faites surtout aux populations, par des actes concrets et des changements visibles, cesser les hostilités, arrêter les violences, les massacres et les violations de l’Accord.

    Les signataires et les parties prenantes ont l’obligation et la responsabilité de le mettre en œuvre par des faits, comme vous avez commencé à le faire vous-même, Monsieur le Président [Touadéra], et je vous félicite pour les choix très courageux que vous avez faits au nom de la paix sans sacrifier vos principes et les attentes du peuple, jamais. Comme l’ont fait également beaucoup d’acteurs de la société civile, notamment des organisations de femmes, que j’aurai le plaisir de rencontrer tout à l’heure. Mettre en œuvre et faire vivre un accord de paix est une cause nationale qui doit fédérer les forces vives et les forces politiques. Une cause qui doit faire l’objet de toutes les attentions et jamais d’instrumentalisation à des fins individuelles.

    Dans cette région, dans cette préfecture, l’Accord a des chances concrètes de réussir. Ici à Bouar nous pouvons voir de premières preuves tangibles sur la voie vers la paix dans le cadre de la mise en œuvre de cet Accord. C’est ici que le désarmement a démarré et a donné de premiers résultats, certes encore très timides, mais significatifs. Il y a des groupes qui ont déjà désarmé et actuellement les membres des autres groupes sont en train de déposer les armes. Nous saluons les actes déjà posés conformément aux engagements pris avec l’Accord de paix et surtout nous encourageons tous les groupes à faire preuve de leur volonté d’aller vers la paix et de rejoindre leurs concitoyens dans la République.

    Il est important d’appuyer ces progrès, d’accompagner et d’accélérer le désarmement complet des groupes dans le cadre du programme national de démobilisation et de désarmement pour pouvoir, après cette phase préalable, lancer la toute première Unité Spéciale Mixte de Sécurité, ici à Bouar, que l’Union européenne est prête à soutenir, par la formation des formateurs et un appui financier et logistique aux Unité Spéciale Mixte de Sécurité à travers la Facilité Africaine pour la Paix. Et, le plus important, nous pourrons montrer les premiers dividendes de la paix aux populations: une région sans violence, sans groupes armés, où les enfants pourront aller à l’école et entendre d’autres sons que ceux des armes, où les frères et sœurs qui ont quitté les armes peuvent retrouver le chemin de leurs communautés, où les réfugiés et les déplacés peuvent regagner le pays. C’est la seule voie pour l’avenir et pour le développement.

    C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de faire ensemble, Monsieur le Président [Touadéra], le déplacement sur Bouar, placé sous le signe de la mise en œuvre de l’Accord et du retour de l’Etat. Tout à l’heure nous allons installer, avec le Président [Touadéra], le Comité de mise en œuvre préfectoral présidé par le Préfet et échanger avec les autorités locales, les anciens membres des groupes armés, les leaders locaux, la société civile et les femmes, dont le rôle dans la mise en œuvre de l’Accord est primordial, étant donné qu’elles représentent 52% de la population en République Centrafricaine.

    C’est ici que l’Etat rétablit progressivement sa présence et a fait de la zone ouest un pôle pour la restauration de la sécurité et de son Autorité. La citadelle de Bouar et le Camp Leclerc, où nous lançons aujourd’hui trois projets européens d’appui au redéploiement des forces de défense et de sécurité, sont l’incarnation de cette vision.

    La restauration de l’autorité de l’Etat est au cœur de notre action: qu’il s’agisse de mesures d’urgence ou d’actions structurelles, le constat est unanime: l’Etat, avec ses différents services, la sécurité, la justice, le droit, doit être déployé dès à présent afin d’occuper l’espace, reprendre sa place et agir comme garant du vivre-ensemble et de la paix.

    Tel est le sens de notre rassemblement ici. Les activités que nous lançons aujourd’hui et qui sont financées par l’Union européenne répondent à l’impératif de combler ce vide car dans la nature le vide ne résiste pas longtemps.

    Nos actions visent à permettre de matérialiser la vision, qui est la vôtre, d’une armée de garnison, à travers la création de la première zone de défense pilote ici à Bouar, et d’un redéploiement effectif des forces de défense et sécurité.

    Il s’agit de la réhabilitation du Camp Leclerc destiné à devenir le quartier général du commandement de la Zone défense Ouest; nous avons devant nous les toutes premières réalisations de la première phase. Cette intervention se poursuivra par une deuxième phase à partir de l’année prochaine.

    Il s’agit également de la construction, avec UNMAS [Service de l’action antimines des Nations Unies], d’armureries et de sites de stockage afin de doter la RCA et les FACA [Forces armées centrafricaines] des capacités de gestion de l’armement conformes aux standards internationaux. La première armurerie est devant nous, d’autres sont situées dans d’autres endroits du Camp. Un dépôt de munitions, situé en dehors du Camp de la ville, est en construction et vous sera remis en début de l’année prochaine.

    Il s’agit encore de la construction par CIVIPOL, d’infrastructures, notamment un centre de transmission et de gestion de crise, pour permettre la coordination et l’interopérabilité entre Forces armées et Forces de sécurité intérieure, placées sous la responsabilité de l’autorité préfectorale.

    Il s’agit enfin de la construction, en face de ce Camp, d’un nouveau Centre de formation pour les forces de sécurité intérieure, police, gendarmerie, et de la réhabilitation et de l’appui aux postes des forces de sécurité intérieure et des autorités administratives situés sur l’axe, essentiel pour le pays, Beloko-Bouar-Bangui.

    Toutes ces actions, qui constituent un effort global de plus de 20 millions d’euros, dont 12 millions sur Bouar, sont des contributions directes au retour effectif de l’Etat et, en ce qui concerne les capacités de stockage de l’armement, à l’atteinte des benchmarks définis par le Conseil de sécurité des Nations unies, en vue de l’assouplissement du régime de sanctions qui s’applique à la RCA.

    Comment parler du retour de la sécurité, sans évoquer la mission de l’Union européenne EUTM [Mission de formation de l’UE], acteur clé de la réforme secteur sécurité : près de 200 hommes et femmes, provenant de 12 nations, au-delà même des frontières des nations européennes, qui travaillent main dans la main, comme vous dites je pense, si je ne me trompe pas, « maboko na maboko », aux côtés des centrafricains, pour la montée en puissance d’une armée républicaine, professionnelle et inclusive, au service du pays.

    Conformément à votre demande, la mission EUTM a vu son mandat renouvelé maintenant pour deux ans, afin de poursuivre, comme vous le dîtes vous-même, sa mission « d’assurance qualité » de la réforme de l’armée. Un mandat renforcé et étendu, avec un 4ème pilier civil, appelé Interopérabilité en appui au Ministère de la Sécurité publique. EUTM est pour la 1ère fois engagée dans l’encadrement et la formation des 1000 nouvelles recrues FACA, issues du premier recrutement au sein de l’armée ayant eu lieu depuis 7 ans. De nouveaux soldats qui préfigurent l’armée centrafricaine de demain et qui seront formés au camp Kasaï à Bangui et dans ce camp même, avec notamment, ici à Bouar, l’appui de la France, partenaire historique de la RCA, qui dans le cadre de nos efforts conjoints depuis le 22 juin dernier a bien voulu mettre sous le commandement de la mission européenne un détachement national de 43 unités, constituant l’ossature des conseillers et des instructeurs du Centre de formation FACA du Camp Leclerc.

    Nous allons tout à l’heure lancer officiellement ensemble la formation initiale de 500 jeunes recrues dispensée par le détachement EUTM de Bouar.

    Je tiens finalement à saluer l’arrivée du Général Eric Peltier au commandement de l’EUTM-RCA, qui aura la tâche de poursuivre la mise en œuvre du nouveau mandat en prolongeant le travail accompli par son prédécesseur, le Général Herminio Maïo.

    Plus que jamais, Monsieur le Président [Touadéra], l’Union européenne est et restera mobilisée à vos côtés pour accompagner la restauration de l’Autorité de l’Etat, la réforme de la sécurité, le rétablissement de l’Etat de droit, la lutte contre l’impunité et le renouveau de la justice centrafricaine. Autant de piliers, tous essentiels et complémentaires, pour un retour durable de la paix.

    Je souhaite un plein succès à la restauration de l’autorité de l’Etat, de la sécurité et de la justice, pour une mise en œuvre effective de l’Accord du 6 février, au profit de tous les centrafricains qui ont droit à la paix.

    Je vous remercie.

    Lien vers la vidéo

    Spource : Portail de l’UE

    Tags : Sahel, G5, République centrafricaine, RCA, conflits, Touadéra,

  • RCA : Le Gouvernement et la MINUSCA abordent la question de l’embargo sur les armes avec la presse

    United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in The Central African Republic (MINUSCA)

    COMMUNIQUE DE PRESSE

    Le Gouvernement et la MINUSCA abordent la question de l’embargo sur les armes avec la presse

    Le Conseil a déjà accepté des demandes de levée partielle permettant ainsi à la Russie et à la France de fournir des armes à la République centrafricaine

    BANGUI, République Centrafricaine, 11 juillet 2019/ — Des progrès ont été enregistrés en vue de la levée de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine, ont annoncé les porte-paroles du gouvernement et la MINUSCA, Ange Maxime Kazagui et Vladimir Monteiro. Au cours d’une conférence de presse conjointe tenue à Bangui le 10 juillet, ils ont indiqué que les autorités ont pris des mesures conformément aux dispositions du Conseil de sécurité des Nations Unies. « Des officiers supérieurs et des officiers subalternes de l’armée ont été formés sur la gestion et le stockage des munitions et armes, en ce qui concerne les armureries, nous sommes prêts. Les progrès actuels dans la mise en œuvre du programme de DDRR s’inscrivent aussi dans le cadre de la levée de l’embargo sur les armes à destination de notre pays », a déclaré le porte-parole du gouvernement à la presse. Toutefois, il reconnait qu’«il y a encore quelques interrogations sur le nombre d’armes à intégrer dans le plan de stockage » et ces discussions ne seraient pas de nature à empêcher la levée de la sanction.

    Pour sa part, le porte-parole de la MINUSCA a rappelé qu’en « janvier 2019, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2454 avec un chronogramme précis, demandant à la République centrafricaine, de fournir jusqu’en juin 2019 un rapport sur les progrès enregistrés dans le cadre de la gestion ainsi que le stockage des armes, la réforme du secteur de sécurité et le DDR. Puis, d’ici fin juillet le Secrétaire général doit, avec l’appui de la MINUSCA, UNMAS et le groupe d’experts, évaluer les progrès accomplis quant à ces objectifs avant que le Conseil ne se réunisse fin septembre pour statuer sur la question de l’embargo ». Il a également souligné que le Conseil a déjà accepté des demandes de levée partielle, permettant ainsi à la Russie et à la France de fournir des armes à la République centrafricaine.

    Au cours de ce point de presse, les deux porte-paroles sont également revenus sur le processus de désarmement de certains groupes armés, conformément à la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en RCA. Alors que les médias ont noté une faible mobilisation des groupes armés autour de ce processus, le porte-parole du gouvernement voit un bon début de processus. « Nous n’avions pas la naïveté de croire qu’à partir de cette signature, nous entrions immédiatement dans la paix et la sécurité comme par enchantement. Il s’agit d’un processus d’un long et un chemin très long. Et pendant ce très long chemin il y aura des embuches, des reculs, mais nous en sommes conscient », a-t-il mentionné, tout en appelant tous Centrafricains à la mise en œuvre de l’Accord.

    Tags : RCA, réconciliation, MINUSCA, guerre civile,

  • « Les Centrafricains ont soif de paix », souligne une experte indépendante de l’ONU

    Au Conseil des droits de l’homme, l’Experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République Centrafricaine (RCA), Marie-Thérèse Keita Bocoum, a relayé « les espoirs et les inquiétudes » de la population qu’elle a recueilli lors de sa dernière mission dans le pays.

    « Les Centrafricains ont soif de paix », a déclaré mercredi à Genève Mme Bocoum, qui estime crucial que la population centrafricaine ressente dès aujourd’hui que la dynamique amorcée par l’adoption de « l’accord de paix contribuera à changer leur quotidien ».

    Devant le Conseil, l’experte a décliné les priorités devant mener la Centrafrique sur le chemin de la paix définitive. « Cela implique des efforts en matière de sécurité et de réduction de la violence mais cela implique aussi une action robuste pour le relèvement économique du pays », a-t-elle dit. Dans cette perspective, Mme Bocoum a plaidé pour qu’une attention particulière soit accordée à la situation des jeunes qui sont souvent victimes mais aussi particulièrement « vulnérables aux discours extrémistes ».

    Dans le contexte fragile de la RCA, les jeunes peuvent facilement constituer un « réservoir des groupes armés pour embrigader de nouvelles recrues ». A cet égard, la mise en œuvre rapide, dans toutes les provinces du pays, d’un programme de renforcement des capacités et le développement d’activités génératrices de revenus pour les jeunes contribueront à atténuer les tensions au sein des communautés, estime l’experte.

    Insistant sur cette « soif de paix », Mme Bocoum a tenu ainsi à transmettre aux membres du Conseil « les espoirs et les inquiétudes » rapportées lors de sa dernière mission en RCA, au sujet de la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation signé à Bangui le 6 février dernier entre le gouvernement et 14 groupes armés ». Avec la participation des groupes armés au gouvernement, cet accord constitue « une réelle opportunité pour le peuple Centrafricain ». « Il porte en germe de réels espoirs de paix et conséquemment de développement pour le pays », a-t-elle fait valoir.

    Augmentation de la criminalité malgré une baisse des « incidents graves »
    Mais en plus de la problématique du développement, de nombreux interlocuteurs à Bangui et en provinces, ont ainsi rappelé à Mme Bocoum, « l’importance du respect des droits humains » et le fait d’exclure dans cet accord, « l’amnistie, notamment pour les crimes les plus graves, conformément aux attentes de la population pour plus de justice ». « Il faudra aussi qu’il soit accompagné de mesures fortes de justice, conformément aux souhaits de la population », a relevé l’experte onusienne.

    D’autant que sur le terrain, malgré une baisse du nombre d’incidents graves, elle a été informée « d’une augmentation de la criminalité dans de nombreuses localités », notamment à Bangui, et de la persistance des points de contrôles sur les routes, source régulière de violences et de harcèlement à l’encontre de la population.

    Dans ce contexte, les évènements survenus dans la région de Paoua en mai dernier, au cours desquels près d’une cinquantaine d’habitants de différents villages de Koudjili, Ndondjom, Bohong, Lemouna et Koui ont été tués lors d’attaques coordonnées par des combattants du groupe 3R continuent de susciter l’indignation. « Deux mois après ces attaques, le commandement du groupe armé n’a livré que trois personnes qui auraient participé à ces attaques alors que les témoins dans les différents villages évoquent plus d’une douzaine de motos et des douzaines d’attaquants », a regretté l’experte.

    Plus largement, Mme Bocoum a indiqué que si des groupes armés revendiquent leur place dans le processus de paix, ils doivent immédiatement mettre fin à la violence. « Ils doivent aussi se rappeler qu’ils peuvent être poursuivis pénalement pour leur implication directe dans la commission de ces actes odieux ou du fait de leur position de commandement par rapport à leurs subordonnés », a-t-elle mis en garde.

    Pour une approche holistique sur la question de la transhumance
    De même, il est de la responsabilité de l’Etat de mettre l’action publique en mouvement afin de poursuivre « tous les auteurs de ces crimes odieux ». Une façon de rappeler que si de tels actes ne sont pas sanctionnés, ils sont susceptibles de « mettre en danger la réussite du processus de paix ».

    Ainsi donc, elle a invité les parties à l’accord de paix, les garants et facilitateurs à appliquer de manière systématique les sanctions prévues en cas de brèches de l’accord. « Je les exhorte aussi à prendre toutes les mesures nécessaires, pour que les responsables soient poursuivis et sanctionnés afin que de tels actes ne se reproduisent plus », a insisté l’experte.

    De nombreux défis restent à surmonter sur le chemin de la paix. A Genève, Mme Bocoum s’est dit préoccupée par la question de la transhumance qui continue d’engendrer « des conflits fréquents dans les zones rurales où l’Etat est encore faible ». « Ma visite, en cette saison des pluies, m’a permis d’en saisir une nouvelle fois l’acuité », a-t-elle fait remarquer, tout en soulignant l’urgence d’avoir « une approche holistique » sur ce problème.

    Il s’agit de compléter les mesures sécuritaires par des actions visant à réguler ces déplacements, notamment en travaillant de concert avec les différents acteurs concernés, y compris les pays voisins. « J’ai été informée que le travail a commencé avec des pays de la sous-région dans le cadre des Commissions mixtes », a précisé l’experte.

    Par ailleurs, le déploiement des fonctionnaires de l’Etat est parfois retardé par leurs difficultés à percevoir leurs salaires et être opérationnels, compte tenu des limitations logistiques auxquels ils doivent faire face. L’experte a donc plaidé pour que plus de moyens soient mis à disposition pour s’assurer que les fonctionnaires soient payés à temps pour pouvoir travailler dans des conditions acceptables et ne pas être tentés de se servir sur la population.

    Dans ce contexte, Mme Bocoum a estimé qu’il est important également que les axes routiers soient complètement sécurisés pour permettre la libre circulation des personnes et des biens.

    UN News

    Tags: RCA, conflits, ethniques, Seleka, Balaka,

  • Sept priorités pour l’Union africaine en 2018

    En 2018, l’Union africaine (UA) et son nouveau président d’assemblée, le président rwandais Paul Kagame, ont la possibilité de poursuivre les réformes institutionnelles indispensables. Mais l’UA ne doit pas perdre de vue les conflits et désamorcer les violences électorales potentielles.

    Quel est le problème? Les dirigeants de l’Union africaine se réunissent à la fin du mois de janvier pour leur sommet semestriel. Les réformes institutionnelles et financières essentielles constitueront probablement l’une des priorités de l’agenda 2018 de l’UA, mais l’organisation doit veiller à ce que sa mise en œuvre ne détourne pas l’attention de la prévention et du règlement des conflits.

    Pourquoi est-ce important? Le paysage des conflits en Afrique a changé: de nouvelles menaces, émanant en particulier des réseaux transnationaux djihadistes et criminels, aggravent les formes de conflit plus traditionnelles. Le climat géopolitique est devenu encore plus difficile à naviguer. Et les élections, qui sont souvent le déclencheur de la crise politique et de la violence, auront lieu dans 18 pays africains en 2018.

    Qu’est-ce qui devrait être fait? L’Union africaine doit accorder une attention particulière aux conflits les plus graves en Afrique et à ceux où elle peut avoir un impact réel: le Sud-Soudan, la République centrafricaine et la Somalie. En priorité, il devrait faire progresser les préparatifs en vue des élections en République démocratique du Congo et déployer des équipes d’observation au début du Cameroun, du Mali et du Zimbabwe.

    Vue d’ensemble

    2018 pourrait être une année de bouleversement dramatique pour l’Union africaine (UA), qui poursuit un vaste programme de réformes institutionnelles et financières. Fin janvier, le président rwandais, Paul Kagame – l’auteur et le superviseur principal du processus – a repris la présidence de la Conférence de l’Union africaine, la plus haute instance décisionnelle de l’organisation, ce qui signifie que la réforme sera au premier rang des priorités de l’UA. Les changements sont critiques pour la santé à long terme de l’organisation, mais leur mise en œuvre ne sera ni rapide ni facile. Kagame, travaillant en étroite collaboration avec le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, devrait veiller à ce que leur mise en œuvre ne sape pas trop l’énergie des autres travaux vitaux de l’Union africaine, en particulier la prévention et la résolution des conflits au niveau continental.

    Faki lui-même, depuis son entrée en fonction en mars 2017, a mis résolument l’accent sur la paix et la sécurité, contrastant fortement avec son prédécesseur, Nkosazana Dlamini Zuma, qui avait tenté de réorienter l’organisation vers un développement à long terme. Au cours de sa première semaine au pouvoir, Faki s’est rendu en Somalie, où une force de l’UA se bat contre l’insurrection résiliente d’Al-Shabaab. Lors de sa seconde visite, il s’est rendu au Sud-Soudan, théâtre du conflit le plus meurtrier du continent. Ces visites, ainsi que les visites ultérieures dans les États de la République démocratique du Congo (RDC) et du G5 du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) indiquent clairement à quel point M. Faki pense que les plus grands défis en matière de paix et de sécurité de l’UA se trouvent.

    En outre, il s’est employé à renforcer les relations avec les deux plus importants partenaires stratégiques de l’UA – l’ONU et l’Union européenne (UE). En avril, il a signé le Cadre commun pour le renforcement de la coopération sur la paix et la sécurité entre l’ONU et l’UA, longtemps attendu, qui devrait améliorer la collaboration entre les deux organisations. Faki a contribué à rétablir les relations avec l’UE, qui avait atteint un point bas en 2016 en raison de différends concernant le paiement de troupes à la mission de l’UA en Somalie (AMISOM). Les discussions en vue du sommet UA-UE de novembre suggèrent qu’un accord de coopération similaire à celui conclu entre l’UA et l’ONU sera probablement adopté en 2018. Le groupe de travail conjoint UA-UE-Nations Unies sur la migration, né du dégoût de l’esclave migrant enchères en Libye, est un développement positif qui tire parti des forces de chaque institution. Lorsque l’UA réévaluera ses partenariats avec d’autres organisations multilatérales et des États non africains en 2018, elle devrait s’appuyer sur ces succès et ne pas négliger les relations avec l’UE et l’ONU.

    Le climat géopolitique, déjà difficile lorsque Faki est entré en fonction en mars, est devenu encore plus difficile. Les tensions entre les puissances du Golfe, notamment entre l’Arabie saoudite et ses alliés, et le Qatar, se sont propagées dans la Corne de l’Afrique, aggravant l’instabilité en Somalie et exacerbant les tensions sur le Nil entre l’Égypte et l’Éthiopie qui avaient adopté des positions différentes sur le conflit. Les divisions entre les principales puissances au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies rendent encore plus difficile la recherche d’un consensus sur les crises, y compris celles survenant en Afrique. Bien que le président américain Donald Trump ait largement ignoré l’Afrique, les opérations de plus en plus importantes de son gouvernement dans la lutte contre le terrorisme risquent de compliquer davantage les crises en Somalie et au Sahel en l’absence d’un soutien plus global des États-Unis aux efforts de paix.
    Face à de nombreuses préoccupations concurrentes en matière de paix et de sécurité, l’Union africaine devrait se concentrer sur les crises les plus graves en Afrique et sur celles dans lesquelles l’organe continental ou ses représentants ont un rôle utile à jouer. Gardant cela à l’esprit, cette note présente les priorités de l’UA pour 2018. Celles-ci comprennent les importants efforts de réforme; limiter les perturbations dans le travail de l’institution causées par les frictions entre le Maroc et la République démocratique arabe sahraouie (RASD); aider à résoudre ou à éviter les crises liées aux élections en RDC, au Cameroun, au Mali et au Zimbabwe; et gestion des conflits en République centrafricaine, en Somalie et au Soudan du Sud.

    Direction stratégique

    I. Construire un consensus sur la réforme institutionnelle et financière

    L’UA s’est engagée dans un processus de réforme potentiellement radical, qui, s’il était pleinement mis en œuvre, pourrait s’avérer aussi important que la transformation en 2002 de l’Organisation de l’unité africaine en Union africaine. Les réformes en cours, menées par Kagame à la demande de l’Assemblée, visent à ramener l’attention de l’UA à quatre domaines seulement: la paix et la sécurité; affaires politiques; l’établissement d’une zone de libre échange continentale; et voix et représentation dans les affaires mondiales. L’autosuffisance financière accrue fait partie intégrante de ce processus, qui devrait rendre l’organisation plus légère et plus efficace. En 2012, alors que l’UA était la plus dépendante du monde, les États membres ne financaient que 3% de son budget de programmation. En 2017, ce pourcentage était passé à 14%, ce qui est encore loin de l’engagement pris par les États membres en juillet 2015 de financer 75% des programmes de l’UA d’ici 2020, plus 25% de ses activités en faveur de la paix et de la sécurité et de toutes ses dépenses d’opérations. . Des ressources supplémentaires doivent être mobilisées au moyen d’un prélèvement de 0,2% sur «tous les produits éligibles» importés sur le continent, dans le cadre d’un plan élaboré par Donald Kaberuka, haut représentant de l’Union africaine pour le Fonds pour la paix.

    2018 est une année charnière pour ces réformes. Fin janvier, Kagame succède à Alpha Condé, président de la Guinée, en tant que président de l’Assemblée. On s’attend à ce qu’il profite de son année à la barre pour mener à bien l’agenda qu’il a élaboré, approuvé par ses collègues dirigeants lors du sommet de l’UA de janvier 2017. Les États membres, la Commission et les communautés économiques régionales (CER) se sont déclarés déçus du processus mis en place à ce jour, invoquant un manque de consultation. Les réformes pourraient être déraillées sans une approche plus inclusive et collaborative.

    En particulier, Kagame doit dissiper les craintes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui a dressé une liste exhaustive de ses préoccupations, notamment le caractère pratique de la taxe à l’importation de 0,2%, le rôle réduit du Comité des représentants permanents composé d’ ambassadeurs des États membres auprès de l’UA et la création d’une troïka des présidents de l’Assemblée actuels, sortants et futurs, chargée de représenter l’Union africaine aux sommets avec les partenaires. Il doit également gagner les cinq plus gros contributeurs au budget de l’UA – l’Algérie, l’Egypte, le Maroc, le Nigeria et l’Afrique du Sud – qui ont tous de sérieux doutes sur les réformes financières, entre autres propositions. Pour ce faire, Kagame devra constituer et mobiliser une coalition d’États favorables, issus de chaque sous-région, afin de vaincre les sceptiques. Lui et Faki devraient envisager des visites communes aux secrétariats de chaque CER reconnue par l’UA ou assister à leurs sommets respectifs pour expliquer les avantages de la réforme. Les États membres auront besoin de temps pour engager des consultations nationales, notamment en ce qui concerne le prélèvement de 0,2% sur les importations, qui nécessitera la ratification du parlement ou d’autres autorités locales de nombreux pays.

    Dans le cadre du processus de réforme, l’UA devrait entreprendre un examen global de l’architecture africaine de paix et de sécurité (APSA). Le paysage des conflits continentaux a considérablement évolué depuis la conception et le développement de l’APSA au début des années 2000. De nouveaux défis sont apparus, notamment l’influence croissante d’acteurs non étatiques, en particulier de mouvements djihadistes et de réseaux criminels qui opèrent au-delà des frontières et exploitent et aggravent souvent des formes de conflit plus traditionnelles. L’UA a approuvé les forces ad hoc que les groupes d’États ont mobilisées pour réagir – l’Équipe spéciale multinationale de lutte contre Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et la Force conjointe du G5 pour le Sahel – n’exerce que peu, voire pas du tout, de contrôle sur leur mandat ou leurs opérations. Un examen de l’APSA permettrait de déterminer si ces forces devraient être intégrées aux structures continentales et, le cas échéant, comment.

    II. Limiter les perturbations causées par les tensions entre le Maroc et la RASD

    Le Maroc a rejoint l’UA en janvier 2017, après 33 ans d’exil auto-imposé, pour protester contre l’admission de la République démocratique sahraouie (RASD). L’Algérie et plusieurs autres États s’opposaient fermement au retour de Rabat au motif que son «occupation» de la RASD contrevenait aux principes de l’UA. Beaucoup pensent que le Maroc tentera d’isoler et éventuellement d’expulser la RASD de l’UA et craignent que sa présence ne soit gênante: avant de le rejoindre, le Maroc a organisé des débrayages lors de plusieurs réunions internationales auxquelles ont assisté des représentants de la RASD. Dans son premier discours à l’Assemblée de l’UA, le roi Mohammed VI a tenté de rassurer ses collègues. « Nous n’avons absolument aucune intention de créer des divisions, comme certains voudraient l’insinuer », a-t-il déclaré, ajoutant: « L’action [du Royaume] contribuera au contraire à favoriser l’unité et le progrès ».

    Beaucoup pensent que le Maroc tentera d’isoler et éventuellement d’expulser la RASD de l’UA et craignent que sa présence ne perturbe la situation.

    Malgré ses assurances, les tensions entre le Maroc et la RASD ont déjà perturbé le travail de l’UA, retardant ou entravant les réunions internes et celles avec des partenaires extérieurs. En août 2017, lors d’une réunion ministérielle de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique à Maputo, au Mozambique, le ministre marocain des Affaires étrangères a été empêché de participer après avoir protesté contre l’inclusion de la RASD, conflit qui a dégénéré en altercation physique. Au cours des préparatifs du sommet UA-UE de novembre, beaucoup de temps et de volonté politique ont été consacrés à convaincre le Maroc de siéger, mais le roi a finalement participé pleinement, en grande partie à cause de l’importance du partenariat avec l’UE Afrique dans son ensemble.

    Les États membres et le personnel de la Commission de l’UA sont de plus en plus frustrés des deux côtés; ils devront faire preuve de diplomatie adroite pour atténuer les frictions. Faki devrait travailler avec les alliés des États membres pour persuader le Maroc, la RASD et leurs partisans respectifs de permettre à l’UA de travailler sans entrave. Des relations plus chaleureuses entre Pretoria et Rabat peuvent aider; Les deux pays ont convenu d’échanger des ambassadeurs après la rencontre entre le roi Mohammed VI et le président Jacob Zuma en marge du sommet UA-UE.

    Transitions contestées

    III. Aider à faire avancer les préparatifs pour les élections en RDC

    En 2017, le président Joseph Kabila a prolongé son mandat au moins jusqu’à la fin de 2018, malgré l’accord conclu avec Saint Sylvester en décembre 2016, qui prévoyait la tenue d’élections en décembre 2017. L’opposition et la société civile continuent de lutter pour se forger un mouvement populaire crédible face à la répression continue. Kabila conserve l’avantage, contrôlant le gouvernement, les forces de sécurité et la commission électorale. Pour le moment, il n’existe aucune garantie ni aucun engagement visible en faveur d’une organisation efficace des élections. La répression meurtrière exercée sur les manifestants le 31 décembre montre que la répression politique se poursuit sans relâche, ce qui renforce la crainte que les préparatifs électoraux ne soient qu’un écran de fumée.

    Cependant, l’économie congolaise est en crise et les pouvoirs du gouvernement sont faibles dans de grandes régions du pays. Un certain nombre de provinces subissent des insurrections locales ou des conflits intercommunautaires, entraînant l’une des pires crises humanitaires dans le monde. Le danger d’escalade de la violence reste élevé: l’expérience vécue au Kasaï, où la politisation de l’installation d’un chef local a provoqué un conflit dans plusieurs provinces, montre à quel point les troubles peuvent se propager rapidement. L’assassinat récent de quinze soldats de la paix de l’ONU à Beni est également un rappel brutal de la dangereuse dynamique dans l’est de la RDC.

    L’engagement international a été terne et incohérent, alors même que le gouvernement de Kabila avait volontairement enfreint les dispositions de Saint Sylvestre. Les États-Unis et l’UE ont été plus critiques et ont imposé des sanctions ciblées aux principaux responsables. L’UA, comme beaucoup d’autres États membres, dénonce les sanctions. Certains dirigeants africains expriment leur frustration à l’égard de Kabila en privé, mais leur soutien public tacite a donné du répit à son gouvernement.

    La commission électorale a reporté les élections présidentielle, législative et provinciale au 23 décembre 2018. Cela offre une occasion pour une diplomatie occidentale et africaine concertée et coordonnée, fondée sur le strict respect du nouvel échéancier, un vote crédible, une ouverture de l’espace politique et une garantie. que la constitution ne sera pas modifiée pour permettre à Kabila un autre mandat. L’opposition devrait s’engager activement dans le processus électoral.

    L’UA, qui a renforcé sa diplomatie en RDC au cours des derniers mois, pourrait utiliser le nouveau calendrier électoral comme base d’un engagement soutenu pour réduire les divisions entre l’Afrique et l’Ouest. Avec les acteurs régionaux (notamment la SADC, l’Afrique du Sud et l’Angola) et la communauté internationale au sens large, l’UA devrait surveiller les progrès de la commission électorale pour éviter de nouveaux retards et faire respecter les principes clés de l’accord de Saint Sylvester.

    Un groupe restreint mais représentatif de représentants des nations et organisations occidentales et africaines, y compris l’Union africaine, pourrait aider à forger un consensus international et limiter les possibilités de Kabila de faire du shopping libre. Ce groupe devrait établir et surveiller des points de repère pour le processus électoral et relier les initiatives aux niveaux local, régional et international. Enfin, l’UA devrait utiliser sa propre influence et sa légitimité, en particulier celle du Conseil de paix et de sécurité, pour inciter l’administration de Kabila à opter pour une transition et l’opposition à s’engager dans le processus électoral.

    Déployer des équipes d’observation bien avant d’autres élections critiques

    En plus de la RDC, dix-sept autres pays africains doivent organiser des élections présidentielle, législatives ou locales en 2018. Parmi eux, au moins treize sont aux prises avec un conflit ou en sortent ou ont des antécédents de conflits électoraux récurrents. Des sondages erronés ou violents, ou une série de votes qui provoquent des crises politiques, pourraient avoir des implications plus larges pour la démocratie et la stabilité sur le continent, dont certaines parties montrent déjà des signes de recul.

    Le Département des affaires politiques, sous-doté en personnel chronique et sous-financé, ne peut pas surveiller efficacement tous ces conflits. il devrait concentrer les efforts sur ceux qui nécessitent le plus d’attention. Outre les équipes à court terme qui surveillent les scrutins et les dépouillements, l’UA devrait déployer des observateurs à long terme, idéalement au moins six mois à l’avance, pour suivre les conditions plus générales des élections et l’environnement de la campagne; des conditions injustes sont souvent créées bien avant le scrutin. L’UA pourrait également envisager de combiner ses opérations d’observation avec celles des communautés économiques régionales.

    Trois sondages, hormis ceux de la RDC, méritent une attention particulière en 2018:

    Le Cameroun est confronté à une crise anglophone croissante dans le sud-ouest. Le gouvernement, déjà aux prises avec Boko Haram dans l’Extrême-Nord et les milices centrafricaines à l’est, semble mal équipé pour le désamorcer. Les troubles dans les zones anglophones montrent des signes d’insurrection naissante et pourraient déclencher une crise politique plus vaste qui risque de perturber les élections prévues pour octobre. L’UA et les autres acteurs internationaux devraient pousser le gouvernement et les militants anglophones à dialoguer et à promouvoir les conditions d’un vote crédible.

    Des élections présidentielles, à l’Assemblée nationale et régionales sont prévues au Mali, mais la mise en œuvre de l’accord de paix négocié par l’Algérie en juin 2015 reste lente. Les groupes armés se sont multipliés, se heurtant plus fréquemment aux forces maliennes et internationales. Le gouvernement reste largement absent du nord et les groupes djihadistes consolident le contrôle dans de nombreuses zones rurales. Les troubles se sont également propagés au centre du Mali, une région longtemps négligée par l’État. Dans ces conditions, administrer un vote crédible en 2018 sera difficile. Mais les élections devraient se tenir: le mécontentement populaire vis-à-vis du gouvernement actuel est élevé et toute tentative de les reporter, en particulier les élections présidentielles, pourrait alimenter les manifestations, en particulier dans la capitale Bamako. L’UA devrait assister les autorités maliennes dans leurs préparatifs électoraux, notamment en encourageant l’ONU et l’UE à appuyer un audit du registre des électeurs.

    Au Zimbabwe, l’euphorie qui a suivi l’éviction du président Robert Mugabe s’est apaisée, son remplaçant, Emmerson Mnangagwa, a consolidé le pouvoir du Front patriotique de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU-PF) et de l’armée, en nommant un cabinet composé de partisans et de hauts responsables de l’armée au lieu de construire une coalition plus large. Lors de son entrée en fonction, le président Mnangagwa a promis que les élections, qui doivent avoir lieu avant septembre 2018, seront libres et équitables, sans toutefois indiquer les réformes nécessaires pour garantir un vote crédible. L’Union africaine, travaillant de concert avec la SADC, devrait inciter le gouvernement à assainir les électeurs, à mettre en place un contrôle indépendant de la Commission électorale zimbabwéenne et à créer un environnement politique exempt de violence, d’intimidation et de propagande. Le Conseil consultatif électoral de la SADC devrait entreprendre une évaluation des conditions électorales et l’UA devrait déployer immédiatement des observateurs à long terme. Les deux institutions devraient également faire pression sur le gouvernement du Zimbabwe pour permettre aux groupes régionaux et internationaux d’observer les élections. La ZANU-PF et Mnangagwa ont intérêt à laisser les observateurs surveiller le processus: sans contrôle, un nouveau gouvernement aurait du mal à prouver qu’il dispose de la légitimité nécessaire pour que les donateurs et les institutions financières internationales soutiennent la reprise économique au Zimbabwe.

    Crises Majeures

    V. Mettre en œuvre la nouvelle feuille de route de l’UA en République centrafricaine

    La crise en République centrafricaine (RCA) s’est aggravée en 2017, la violence ayant fait de nombreuses victimes civiles et provoquant des déplacements massifs. En dehors de la capitale, Bangui, la majeure partie du pays est aux mains de groupes armés qui se disputent les ressources dans des configurations changeantes d’alliances. Dans le nord-ouest, la violence tourne principalement autour de groupes armés rivaux et de conflits perpétuels sur le mouvement du bétail, tandis que dans le centre et l’est, des groupes mènent une guerre de guérilla autour de zones d’influence et de ressources. La stabilisation est improbable à court terme et une victoire militaire sur les groupes armés encore moins. Les perspectives de reprise d’une guerre civile plus vaste ne peuvent être écartées.

    Jusqu’à présent, le gouvernement et ses partenaires internationaux ont été incapables de mettre fin aux troubles ou de trouver des solutions durables à la violence généralisée. Une médiation efficace entre les groupes armés et l’État nécessitera non seulement un dialogue, mais également des pressions, notamment en comprimant les flux de revenus et en renforçant la dissuasion militaire, notamment en débarrassant les villes des armes et en arrêtant les organisateurs d’attaques majeures. Les autorités nationales doivent également rétablir la confiance dans les périphéries, par exemple en répondant aux préoccupations de certaines communautés en matière de citoyenneté.

    Divers acteurs ou organisations internationaux et régionaux ont lancé des efforts de médiation parallèles en 2016 et au premier semestre de 2017. Toutefois, des agendas divergents, des rivalités institutionnelles et des approches divergentes ont envoyé des messages incohérents, notamment en ce qui concerne les amnisties pour les chefs rebelles, l’intégration des combattants dans l’armée et le retour. en RCA des anciens présidents. Bien que l’UA ait pris les devants et élaboré une nouvelle feuille de route pour la paix et la réconciliation en juillet 2017, destinée à promouvoir le dialogue et à conclure un accord sur le désarmement des combattants, peu de progrès ont été accomplis depuis. Pour que cette initiative aboutisse, la Commission de l’Union africaine, le Conseil de paix et de sécurité et représentant spécial, Bédializoun Moussa Nébié, ainsi que les voisins de la RCA, doivent intensifier leur engagement, notamment en poussant les dirigeants des groupes armés et le gouvernement à négocier. L’UA devrait également engager les ressources humaines et financières requises, en veillant à ce que son bureau de liaison dispose de tout le personnel et de toutes les ressources nécessaires.

    L’Union africaine devrait également régler les points de désaccord – notamment au sujet des amnisties et de la nomination de dirigeants rebelles à des postes gouvernementaux lucratifs – parmi les partenaires internationaux de la RCA, qui ont dans l’ensemble salué la récente initiative de l’Union africaine. Tout accord éventuel entre le gouvernement et les groupes armés nécessitera des garants provenant d’États africains et occidentaux, d’organisations continentales et régionales et de l’ONU. Un cadre à travers lequel les donateurs et les autres peuvent apporter un soutien politique et financier est également essentiel. Identifier les options à l’avance serait utile. L’appropriation du processus par les Centrafricains est essentielle à son succès, de sorte que l’UA devra également obtenir une plus grande participation du gouvernement.

    VI. Éviter un retrait précipité de la Somalie

    L’année 2017 a été agitée pour la Somalie. L’euphorie et l’optimisme ont suivi l’élection de Mohammed Abdullahi «Farmajo» à la présidence en février, mais le pays n’a pas subi l’attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire. Deux camions piégés à Mogadiscio ont fait au moins 500 morts en octobre. Les attentats à la bombe illustrent les défis auxquels fait face l’administration de Farmajo: les forces de sécurité nationales sont chroniquement faibles, tandis que l’insurrection al-Shabaab montre une puissance et une résilience constantes, reprenant récemment le territoire situé à l’extérieur de Mogadiscio. Farmajo doit également faire face à des conflits de longue date avec les clans et aux frictions grandissantes du gouvernement avec les États fédéraux, exacerbées par la crise du Golfe. Son administration n’a pas non plus beaucoup progressé dans la lutte contre les déficits chroniques de gouvernance qui sous-tendent l’instabilité de la Somalie.

    La Commission de l’UA pourrait envisager de convoquer un sommet au début de 2018 […] dans le but d’améliorer la coordination, notamment en ce qui concerne la formation et l’assistance des forces de sécurité.

    Peu de gens pensent que Al-Shabaab sera vaincu de sitôt, malgré le rythme grandissant de l’offensive militaire de l’AMISOM dans le sud de la Somalie, appuyée par les frappes aériennes américaines. La mission de l’Union africaine, elle-même sous-financée, souffre du moral des troupes et doit se retirer d’ici fin 2020. Cette date pose un dilemme aigu pour l’UA et les autres partenaires étrangers de la Somalie. Le retrait, qui a commencé en décembre 2017 avec le départ de 1 000 soldats de tous les pays fournisseurs de contingents, constitue un impératif politique. Pourtant, un retrait précipité ouvrirait presque certainement la porte aux gains d’Al-Shabaab, y compris sa possible reconquête de Mogadiscio, étant donné la faiblesse chronique et la corruption de l’Armée nationale somalienne. La Commission de l’Union africaine pourrait envisager de convoquer un sommet début 2018 réunissant des fournisseurs de contingents, des donateurs, des organismes régionaux et les Nations Unies dans le but d’améliorer la coordination, notamment en ce qui concerne la formation et l’assistance des forces de sécurité. Il est essentiel de ne pas précipiter le retrait et de se coordonner avec le gouvernement somalien et ses alliés impliqués dans la réforme du secteur de la sécurité.

    Le retrait imminent intervient à un moment de tension accrue entre Mogadiscio et les régions fédérales somaliennes. Au cours de la crise du Golfe en 2017, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont fortement incité Farmajo à prendre parti pour rompre les relations diplomatiques avec le Qatar. Ses tentatives pour rester neutre – les Saoudiens, les Emiratis, les Qataris et son principal allié international, la Turquie, apportent une aide cruciale à la Somalie – ont conduit les EAU à renforcer leur soutien et à lancer un appel directement aux gouvernements fédéraux, en contrepoids à Mogadiscio. aggraver les frictions entre ces gouvernements et Farmajo et alimenter les factions politiques.

    VII. Aider à remodeler la stratégie de stabilisation du Soudan du Sud

    La fin des hostilités de Noël au Soudan du Sud a échoué, rappelant à quel point les conflits dans le pays sont insolubles. Bien que les combats aient diminué depuis son apogée au début de 2014, la violence reste omniprésente. Les forces gouvernementales ont l’avantage sur l’armée, mais bien que moins de régions fassent l’objet de combats actifs, une grande partie du pays existe toujours entre la guerre et la paix: la pauvreté, la violence et les déplacements sont des défis constants.

    En 2017, le gouvernement de transition, dirigé par la présidente Salva Kiir, s’est lancé dans une stratégie de stabilisation incohérente axée sur: le remaniement de l’accord de paix de 2015 à médiation régionale en sa faveur; lancer des négociations discrètes avec les groupes rebelles, associées à des pressions militaires pour les amener à accepter la paix aux conditions de Juba; et organiser un dialogue national. Grâce à cette stratégie, Kiir a réussi à passer d’un forum sous surveillance internationale à une approche nationale, dirigée par le gouvernement, exempte de toute surveillance externe importune. Les pays voisins ont fourni un soutien discret, mettant fin en grande partie à l’aide fournie aux groupes rebelles, mais les gouvernements occidentaux restent opposés à ce qu’ils considèrent comme les efforts de Juba pour instaurer la paix du vainqueur.

    Les avantages limités de cette stratégie, qui comprend des accords de paix avec plus de 10 000 rebelles armés, sont maintenant menacés. Sous la pression de la troïka (Norvège, Royaume-Uni et États-Unis), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, l’organe sous-régional qui a négocié l’accord de 2015) a lancé un forum de revitalisation pour ressusciter l’accord de paix par un nouveau cessez-le-feu et des délais convenus, retardant spécifiquement les élections prévues pour 2018. Le gouvernement a réagi à la pression internationale en élevant des voix moins compromettantes et plus belliqueuses dans ses rangs. Préserver les quelques avancées réalisées et prévenir une nouvelle détérioration devrait toujours être possible, même si cela nécessitera un engagement politique sérieux.

    Indépendamment d’autres facteurs, le gouvernement de transition contrôle la majeure partie du pays et doit être encouragé à promouvoir la paix et à améliorer les conditions de vie. Cependant, les gouvernements occidentaux ont été réticents à engager Kiir et l’IGAD s’est concentrée sur la prévention des conflits régionaux. Cela offre à l’UA une occasion de soutenir, d’élaborer et de transmettre des messages difficiles au gouvernement de transition – en public et en privé – sur la révision de sa stratégie de stabilisation et l’établissement d’un calendrier réaliste pour les élections. Alpha Oumar Konaré, haut représentant de l’UA, est perçu comme neutre, entretient de bonnes relations avec Kiir et est capable de livrer des vérités dures qui pourraient le pousser à adopter des positions plus modérées. Mais l’engagement de Konaré a été incohérent. Une participation soutenue, y compris des visites plus fréquentes à Juba, augmenterait sa capacité d’influencer les événements au Soudan du Sud.

    L’UA réactive son comité ad hoc de haut niveau sur le Soudan du Sud, connu officieusement sous le nom de UA5, qui comprend l’Algérie, le Tchad, le Nigeria, le Rwanda et l’Afrique du Sud. L’UA5 devrait coopérer étroitement avec les voisins du Sud-Soudan dans le cadre de discussions de chef à chef, en veillant à un équilibre entre atténuer les tensions régionales et soutenir la paix au Sud-Soudan. L’UA5, conjointement avec Konaré, devrait également envisager de faire participer Kiir à la stratégie de son gouvernement. Cela les obligerait à mettre en contact des discussions de haut niveau à l’étranger avec des discussions locales sur le terrain. Pour y parvenir efficacement, Konaré et l’UA5 auront besoin d’un personnel à plein temps capable de voyager fréquemment dans tout le Soudan du Sud.

    Source : Crisis Groupe, 17 jan 2018

    Tags : Afrique, Union Africaine, UA, conflits, Sahara Occidental, Maroc, Congo, RCA, ONU,

  • Centrafrique : les soldats mauritaniens de la Minusca ne sont pas les bienvenus

    Centrafrique : nouvelle manifestation à Bambari contre les soldats mauritaniens de la Minusca.

    Dans la matinée du dimanche 2 juin 2019, les jeunes du quartier PK12 proche de l’aérodrome sont descendus massivement dans la rue pour bloquer une nouvelle fois l’installation des soldats mauritaniens de la Minusca dans le secteur.

    Alors que les soldats du contingent gabonais de la Minusca devraient rejoindre leur nouveau poste à Bocaranga dans l’Ouham-Péndé, une localité proche des lieux du massacre du 21 mai imputé aux rebelles de 3R dont plus de 54 personnes avaient été égorgées, les soldats du contingent mauritanien, qui devraient relever leurs collègues gabonais à Bambari, ne sont pas les bienvenus dans la ville.

    La semaine dernière, une première manifestation des jeunes des quartiers proches de l’évêché et du pont Nguéndet avait poussé la Minusca à annuler l’installation des soldats mauritaniens sur les différents checkpoints du secteur.

    Comme si cela ne suffisait pas, ce dimanche 2 juin 2019 dans la matinée, c’est le tour des habitants du PK12, un quartier situé à 12 kilomètres de Bambari, secteur aérodrome de barricader la route à l’arrivée des soldats mauritaniens de la Minusca qu’ils accusent d’être des complices des rebelles de l’UPC.

    Une équation difficile à résoudre pour la Minusca qui a besoin des plus d’hommes pour renforcer ses patrouilles dans l’Ouham-Péndé, lieu considéré prioritaire suite aux attaques des rebelles de 3R.

    Le directeur de l’école a Koundjili a partagé qu’il a vu par ces propres yeux un convoi de la MINUSCA qui passait prêt du village. Cela s’est produit au moment même quand le massacre se déroulait. Les « Casques blues » ont, malheureusement ignoré les assassinats en masse des habitants de la RCA. Le convoi est passé sans même s’arrêter.

    En décembre 2018 l’ONG « Aimons notre Afrique » a déjà demandé le départ du contingent mauritanien de la RCA à cause de leur manque d’expérience et à cause de soupçon de leur complicité avec les bandits. L’une des nombreuses accusations est lié à la tragédie d’Alindao qui a eu lieu fin novembre 2018, où 60 personnes sont tombés victimes de l’attaque sur le camp des déplacés. C’était le contingent mauritanien qui était en chargé de la sécurité des déplacés et ils n’ont rien fait.

    Tags : RCA, Reṕublique centrafricaine, mauritanie, casques bleus, MINUSCA,

  • Conseil de sécurité: l’Afrique centrale, une sous-région confrontée à des menaces multiples et parfois transnationales, selon le Représentant spécial

    Venu présenter la situation en Afrique centrale, le Représentant spécial du Secrétaire général pour cette sous-région, M. François Louceny Fall, a fait état au Conseil de sécurité de crises à la fois politiques et sécuritaires diverses et parfois transnationales, notamment des affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs.

    « La situation politique en Afrique centrale est restée instable et très tendue du fait des récentes élections, des problèmes liés à la sécurité et des difficultés rencontrées dans le domaine des droits de l’homme », indique le rapport du Secrétaire général, présenté par M. Fall, qui est aussi le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC).

    Les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales, s’est-il alarmé. « Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance », a exhorté le Représentant spécial.

    Si l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a continué, au cours de la période à l’examen, de se livrer à des pillages, et d’enlever des civils, notamment à des fins de travail forcé, les membres du Conseil se sont aussi inquiétés de l’intensification des attaques de Boko Haram au Tchad et au Cameroun depuis fin 2018, en dépit des efforts des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad.

    Une situation qui impose, selon M. Fall, de renforcer la coopération et de mieux partager expériences et leçons apprises entre les pays concernés et la Force multinationale mixte, ainsi que de répondre aux besoins humanitaires et de s’attaquer aux causes profondes du conflit. Parmi celles-ci, les changements climatiques, qui exacerbent la paupérisation, une question soulevée par la Côte d’Ivoire et la République dominicaine. De manière plus générale, note le Secrétaire général dans son rapport, le réchauffement planétaire est « l’un des moteurs de l’évolution des dynamiques de transhumance, susceptibles de porter atteinte aux perspectives de développement, de paix et de sécurité ».

    En République centrafricaine (RCA), l’application de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, signé en février 2019, se heurte à plusieurs défis, qui ont soulevé la préoccupation de plusieurs membres du Conseil. La France a ainsi jugé nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi cet Accord, en qualifiant d’« inacceptables » les violences récentes commises par le groupe armé 3R, pourtant signataire de ce document.

    De son côté, le représentant ivoirien a noté avec inquiétude les « réticences » des groupes armés à traduire en « actes concrets » les engagements auxquels ils ont « librement souscrit ». Devant ces actes de violence « d’une extrême gravité », le délégué a vigoureusement plaidé aux côtés de la France pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.

    La crise au Cameroun a également retenu l’attention des membres du Conseil, informés par le Représentant spécial que le Président du pays, M. Paul Biya, est prêt à s’engager dans un dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession ». La situation en matière de sécurité est demeurée très préoccupante dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest de ce pays, qui ont été le théâtre d’une nouvelle vague d’enlèvements et d’assassinats au début de 2019, précise le Secrétaire général dans son rapport.

    Alors que les civils sont pris en tenaille entre groupes armés sécessionnistes et forces de défense et de sécurité nationales, le Cameroun compte désormais plus d’un demi-million de personnes déplacées, en plus des 30 000 réfugiés qui se trouvent au Nigéria. Simultanément, le Cameroun accueille 278 000 réfugiés en provenance de la RCA et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord, ce qui démontre la dimension transfrontalière des crises dans cette région.

    Alors que la plupart des membres du Conseil de sécurité se sont émus de ces tensions et de ces violences, la Chine a fait cependant observer que la situation au Cameroun « n’est pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil » et qu’elle ne représenterait pas, selon elle, de menace à la paix et à la sécurité internationales.

    À l’instar du Secrétaire général dans son rapport et de l’Afrique du Sud aujourd’hui, le Représentant spécial s’est félicité des efforts déployés par les autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés.

    RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE (S/2019/430)

    Déclarations

    M. FRANÇOIS LOUCENY FALL, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué que, au cours des derniers mois, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait accompli des progrès notables s’agissant de son processus de réformes qui devraient rendre cette organisation sous-régionale plus efficace en termes d’intégration, de prévention et de résolution des conflits, ainsi que de consolidation de la paix. Le BRENUAC reste prêt à fournir une assistance à cet égard, a indiqué le haut fonctionnaire. À ce jour, le Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale demeure la principale plateforme de discussion des questions de paix et de sécurité pour les pays de la CEEAC, a rappelé M. Fall, en précisant qu’il arrivait tout juste de Kinshasa, où une réunion ministérielle a eu lieu à ce sujet. À cette occasion, ils ont pris note des efforts déployés par le Gouvernement du Cameroun pour trouver une solution durable à la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, en l’encourageant à poursuivre le dialogue à cette fin. Par ailleurs, a indiqué M. Fall, les affrontements meurtriers entre pasteurs et agriculteurs dans plusieurs pays continuent d’être une source de préoccupation et une menace à la sécurité et à l’intégration régionales. Des tensions intercommunautaires récentes dans l’est du Tchad ainsi que les attaques commises le 21 mai dernier contre des villages en République centrafricaine soulignent l’urgence de parvenir à un règlement de la crise entre pastoralisme et transhumance, a préconisé le Représentant spécial.

    Boko Haram a intensifié ses attaques sur le Cameroun et le Tchad depuis fin 2018, tuant près d’une centaine de civils et de membres des forces de défense et de sécurité. Malgré les efforts louables des pays affectés et de la Commission du bassin du lac Tchad, le groupe terroriste représente toujours une menace sécuritaire pour l’Afrique centrale et au-delà. « Cette situation impose le renforcement de la coopération et un meilleur partage d’expériences et des leçons apprises entre les pays affectés et la Force multinationale mixte ainsi qu’une assistance internationale plus soutenue pour vaincre Boko Haram, répondre aux besoins humanitaires des populations concernées, et s’attaquer aux causes profondes du conflit », a dit M. Fall. Selon lui, la Stratégie régionale en faveur de la stabilisation, du redressement et de la résilience des zones du bassin du lac Tchad touchées par Boko Haram, adoptée en août 2018, est source d’espoir. Il a également noté que l’Armée de résistance du seigneur (LRA) constitue toujours une menace à la paix à la sécurité en Afrique centrale, en particulier en RCA et en RDC.

    S’agissant du Cameroun, le Représentant spécial a noté que le 9 mai dernier, le Premier Ministre Joseph Dion Ngute a annoncé que le Président Paul Biya était prêt à s’engager dans le dialogue sur toutes les questions, sauf celles touchant à la « séparation » et à la « sécession », afin de trouver une solution durable à la crise. Considérant qu’il s’agissait d’un pas dans la bonne direction, M. Fall a noté que, dans une déclaration en date du 28 mai, le Gouvernement camerounais a rappelé les efforts qu’il a consentis jusqu’à présent pour gérer la situation humanitaire et pour engager le dialogue avec toutes les parties prenantes. Dans la même déclaration, il a souligné son engagement à coopérer avec les membres du Conseil des droits de l’homme, les autres États Membres, les organismes du système des Nations Unies et autres acteurs bilatéraux. « Il est également important de souligner que la recherche de solutions à la crise doit être guidée par le Gouvernement. J’encourage les autorités camerounaises à poursuivre leurs efforts de dialogue et à faire avancer le processus de décentralisation », a ajouté le haut fonctionnaire, en réitérant la disponibilité des Nations Unies à travailler avec le Cameroun dans cette tâche essentielle ainsi que d’autres, comme le désarmement, la démobilisation et la réintégration et la consolidation de la paix, à travers le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, entre autres sources de financement.

    Malgré ces avancées positives, la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun continue de se détériorer avec des affrontements fréquents entre les groupes armés sécessionnistes et les forces de défense et de sécurité nationales. Les civils demeurent les principales victimes du conflit, s’est alarmé le Chef du BRENUAC. « Plusieurs ont perdu leur vie tandis qu’environ 530 000 sont des déplacés internes dans les régions du nord-ouest, du sud-ouest et du Littoral, et plus de 30 000 ont trouvé refuge au Nigéria. Les populations affectées ont un besoin urgent d’assistance, alors que l’accès humanitaire dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest reste un défi à cause des problèmes de sécurité. En outre, le Cameroun a accueilli 278 000 réfugiés en provenance de la République centrafricaine et 104 000 du Nigéria dans la région de l’Extrême-Nord. Tout en saluant la fourniture d’aide humanitaire par le Gouvernement, le Représentant spécial a indiqué que seulement 13% du Plan de réponse humanitaire des Nations Unies a été financé à ce jour. « J’appelle les partenaires internationaux à envisager une aide financière. »

    En République centrafricaine (RCA), même si la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation soulève plusieurs défis, cet Accord reste un instrument efficace pour contribuer à l’instauration d’une paix durable dans le pays. II est crucial que la sous-région et les États membres de la CEEAC jouent leur rôle en vue de la réussite de cet Accord. À cet effet, le Représentant spécial s’est réjoui de la réactivation de la Commission mixte entre le Cameroun et la RCA à Bangui, le mois dernier. « J’encourage la RCA et les autres États voisins à réactiver leurs commissions mixtes bilatérales, ce qui devrait faciliter les discussions sur la gestion des frontières et les défis sécuritaires communs. »

    M. Fall a ensuite salué l’annonce du Fonds monétaire international (FMI), le 9 mai, indiquant qu’une mission du FMI a achevé les discussions avec la République du Congo et qu’elle est « parvenue à un accord, ad référendum, qui pourrait être soutenu par un programme au titre de la facilite élargie de crédit ». Cette évolution favorable intervient après deux années de négociations, a-t-il noté.

    M. Fall s’est encore félicité des efforts des autorités tchadiennes pour la tenue d’élections législatives avant la fin de l’année, appelant tous les acteurs à contribuer à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et pacifiques dans les délais envisagés. Face aux défis précités, le BRENUAC reste fermement attaché au renforcement des capacités régionales de prévention et gestion des crises et conflits, y compris en appuyant la CEEAC et ses États membres. « Nous sommes confiants que les conclusions de la revue stratégique du BRENUAC en cours contribueront à renforcer l’efficacité du Bureau et son rôle en tant qu’outil essentiel des Nations Unies pour la diplomatie préventive et la consolidation de la paix, en coopération étroite avec les entités des Nations Unies concernées », a conclu le Représentant spécial.

    M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a souligné que la coopération à tous les niveaux est essentielle pour résoudre les problèmes de la région, comme le montre la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA)qui résulte de la coopération entre l’ONU, les organisations régionales et les autorités nationales. Le représentant s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation humanitaire au Cameroun qui, a-t-il relevé, approche du niveau de crise. Il a dénoncé les exactions des groupes armés et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire. Le représentant a averti du « risque réel d’une crise de longue durée au Cameroun qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la région ». Il a insisté sur le rôle des partenaires africains pour trouver une issue à la crise, pour ensuite appeler les autorités à instaurer un dialogue politique crédible et à mettre en œuvre des mesures concrètes sur le terrain. Il a aussi constaté que la région est marquée par un « rétrécissement de l’espace accordé à l’opposition, à la société civile et aux médias », entres autres.

    Le délégué s’est aussi soucié de la situation dans le bassin du lac Tchad du fait des actions de Boko Haram et de l’État islamique et a appelé à redoubler d’efforts pour faire face à cette crise. Le Royaume-Uni est également préoccupé par l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) et salue la nomination d’un coordonnateur des Nations Unies en la matière.

    Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté que la situation sécuritaire dans la région demeure fragile et a salué les évolutions positives enregistrées pour consolider la gouvernance démocratique, notant que les processus électoraux sont un important facteur de stabilité en Afrique centrale. Elle a souligné que cette consolidation doit tenir compte de l’expérience et des compétences des femmes. Elle a aussi appelé les autorités des pays de la région à continuer de renforcer la confiance et à faciliter la tenue d’un dialogue inclusif pour favoriser l’émergence d’un environnement politique stable et constructif. La représentante a ensuite condamné les actes de violence commis par des groupes armés dans la région du bassin du lac Tchad, en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC).

    La représentante s’est plus particulièrement inquiétée de la situation au Cameroun et au Burundi et a appelé les autorités de ces deux pays à prendre des mesures immédiates pour prévenir tout abus ou violation des droits de l’homme. Elle a également engagé le Gouvernement camerounais à autoriser le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à mener une mission sur place.

    Mme ANNE GUEGUEN (France) a commencé par revenir sur la situation en République centrafricaine (RCA), jugeant nécessaire que les parties mettent en œuvre rapidement et de bonne foi l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, signé le 6 février dernier à Bangui. Ainsi, les violences récentes commises par le groupe 3R dans la région de Paoua sont « particulièrement inacceptables ». Selon la représentante, la priorité doit aller à l’arrêt des violences commises par les groupes, à leur désarmement et à leur démobilisation, ainsi qu’à la restauration progressive de l’autorité de l’État sur tout le territoire. Le Gouvernement doit également lancer la procédure d’adoption d’une loi sur la décentralisation et la mise en place de la Commission vérité, justice, réconciliation et réparation.

    « Nous sommes très préoccupés par la dégradation de la situation dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, a poursuivi Mme Gueguen. « Nous poursuivons nos efforts pour encourager les autorités camerounaises à lancer un dialogue politique inclusif, à mettre en œuvre des mesures de détente, et à approfondir la décentralisation. » Elle a appelé également l’ensemble des acteurs à cesser les violences, à assurer la restauration de l’état de droit, et à respecter l’intégrité territoriale du Cameroun « qui ne peut être remise en cause ». La France estime à ce titre que « des messages similaires passés par l’Union africaine et la région seraient utiles ». S’agissant ensuite de Boko Haram, la France, a assuré Mme Gueguen, continuera d’accompagner la force multinationale mixte dans sa lutte contre le terrorisme. Outre le rétablissement de la sécurité, la réintégration des anciens combattants, la réconciliation et les activités de protection des femmes et des jeunes revêtent un caractère essentiel.

    M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté avec satisfaction l’organisation, dans des environnements globalement apaisés, d’élections dans plusieurs pays d’Afrique centrale, ainsi que la signature, le 6 février dernier, de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA). Mais, il a noté aussi avec inquiétude les réticences des groupes armés à traduire en actes concrets les engagements auxquels ils ont librement souscrit, condamnant les violences qu’ils ont perpétrées dans le nord-ouest de la RCA ces dernières semaines. Devant ces faits « d’une extrême gravité », la protection des civils apparaît comme une urgence absolue, a estimé le représentant, qui a plaidé pour une mise en œuvre intégrale de l’Accord de paix, notamment dans ses dispositions relatives à la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité, à la réalisation du Programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, ainsi qu’au déploiement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national.

    La Côte d’Ivoire a ensuite relayé les préoccupations du Conseil sur la situation sécuritaire et humanitaire dans le bassin du lac Tchad où sévissent les groupes armés terroristes tels que Boko Haram et des réseaux criminels transfrontaliers. Elle reste persuadée que l’approche sécuritaire portée par les États de la région doit être soutenue par des efforts de développement économique et social et de lutte contre les effets des changements climatiques. « Mon pays est d’avis que les effets des changements climatiques sont source de violences intercommunautaires et de conflits récurrents entre éleveurs et paysans », a ajouté M. Adom.

    M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que ce dernier rapport démontre à quel point certains défis et menaces sécuritaires, en raison de leur caractère transfrontalier, rendent l’analyse régionale nécessaire, citant notamment la problématique de groupes armés comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram. Il s’est inquiété de la situation au Cameroun et a appelé à faire prévaloir le dialogue, à garantir l’accès humanitaire et à respecter le droit international humanitaire. Vu la nature « holistique » de la crise, a-t-il ajouté, nous devons tous y apporter une réponse, à la fois aux niveaux sous-régional, régional et de l’ONU, mais également aux niveaux des États Membres et des acteurs humanitaires, des groupes confessionnels ou appartenant à la société civile.

    M. SHAOJUN YAO (Chine) a constaté que la région a été marquée par des progrès, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’adoption d’une politique commune sur la migration par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), constatant toutefois que des facteurs liés à la maladie, entres autres, limitent les perspectives pour les pays d’Afrique centrale. Il a estimé que ceux-ci doivent régler leurs différends par le dialogue politique et appelé à lancer des efforts de médiation à cette fin. Il a aussi jugé nécessaire d’analyser l’impact, sur l’Afrique centrale, de la situation dans d’autres régions africaines.

    La capacité des pays à régler leurs problèmes de manière autonome doit être appuyée, a ajouté le représentant, citant notamment le développement durable et la lutte contre les trafics d’armes. Il a salué les efforts déployés pour combattre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et appelé la communauté internationale à renforcer sa coopération avec les pays de la région. Des efforts s’imposent aussi pour combattre la piraterie dans le golfe de Guinée. Après avoir engagé l’ONU à jouer un rôle renforcé dans la région par l’intermédiaire du BRENUAC, le délégué a, par ailleurs, fait observer que « le Cameroun n’est pas inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité » et que « la situation qui prévaut dans ce pays ne représente pas une menace à la paix et à la sécurité internationales ».

    Mme BERIOSKA ILUMINADA MORRISON GONZÁLEZ (République dominicaine) a salué la tenue des élections législatives au Tchad, le transfert de pouvoir pacifique en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA). À cet égard, elle a demandé à tous les acteurs de respecter leurs engagements. La représentante a, cependant, regretté que la situation sécuritaire dans certaines parties de la région reste précaire du fait de l’activité de groupes armés, tels Boko Haram et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), de conflits ethniques et de la violence intercommunautaire entre éleveurs et agriculteurs. Pour contrer les groupes armés, a fait valoir la déléguée, la communauté internationale doit accompagner des initiatives nationales et régionales, à travers un processus ouvert de dialogue et une stratégie renforcée dans le cadre du Fonds pour la consolidation de la paix et des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration.

    Dans cet esprit, la représentante s’est félicitée de la signature d’un mémorandum d’accord entre le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), avec le secrétariat de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), en vue d’appuyer l’application de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre. Elle a également mis l’accent sur les effets des changements climatiques qui, combinés aux conséquences humanitaires de tant d’années de conflits, constituent un défi pour la région. Enfin, elle a exhorté les organisations régionales, notamment l’Union africaine, à intensifier leurs efforts en matière de médiation et de dialogue, en incluant la société civile.

    M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a reconnu le rôle important que joue le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique centrale et s’est félicité de la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine et de la formation d’un gouvernement inclusif dans ce pays. Il a appelé les parties centrafricaines à faire passer les intérêts de la population et du pays avant toutes autres considérations. En ce qui concerne la RDC, il a salué la tenue des élections dans une atmosphère relativement calme qui a résulté en un transfert de pouvoir pacifique. M. Matjila s’est, par ailleurs, inquiété de la tentative de coup d’État au Gabon en janvier. Il a exhorté le BRENUAC à maintenir son assistance aux pays de la région pour la conduite d’élections crédibles et inclusives. Il s’est dit encouragé par l’amélioration de la situation sécuritaire dans la région du Pool en RDC et par l’apaisement au Tchad après les tensions sociales. Pour ce qui est du Cameroun, il s’est dit inquiet de la détérioration de la situation humanitaire mais encouragé par les efforts des autorités pour stabiliser la situation.

    Le représentant a également abordé le problème des attaques dans la région contre des civils par des groupes armés et des terroristes, ainsi que celui de la piraterie dans le golfe de Guinée, avant de se dire satisfait des efforts de lutte contre le trafic de flore et de faune par les autorités gabonaises et camerounaises. Sur le plan humanitaire, M. Matjila a exhorté les partenaires à poursuivre leur aide à la population dans le besoin et a demandé aux gouvernements de faciliter l’arrivée de l’aide. Sur les questions transversales, il a apprécié les efforts de l’ONU pour améliorer la cohérence et la coordination dans la région. Enfin, il a dit être inquiet de la menace posée par l’ Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République centrafricaine et en RDC, réaffirmant la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA du 20 septembre 2018 à cet égard.

    M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a considéré que le Représentant spécial, M. Fall, est à bien des égards un « catalyseur » de l’action de l’ONU en Afrique centrale. Il a salué le rôle de coordination que joue le BRENUAC avec l’Union africaine. Le représentant a souhaité que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA)dure, même s’il s’est déclaré inquiet des violences récentes qui le mettent à l’épreuve. S’agissant de la situation au Cameroun, le délégué s’est félicité de la tenue, la semaine dernière, d’une séance en formule Arria, qui a permis de faire le point sur la crise dans ce pays.

    M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les efforts du BRENUAC pour rapprocher les positions des acteurs de différends processus de paix, citant notamment la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA) et l’annonce de la libération des prisonniers politiques par le Président Tshisekedi en République démocratique du Congo (RDC). Le représentant s’est ensuite inquiété du conflit latent qui sévit dans le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun et a jugé fondamental que les acteurs humanitaires puissent bénéficier d’un accès complet à ces régions. Il a, par ailleurs, estimé que la crise au Burundi ne pourra être résolue que par l’intermédiaire d’un dialogue intraburundais. Plus généralement, le représentant a appelé à lutter contre le trafic d’espèces sauvages et de ressources naturelles, et à répondre à la situation dans les couloirs de transhumance ainsi que sur les voies maritimes. Il a condamné les attaques perpétrées par des groupes terroristes dans la région du bassin du lac Tchad.

    M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a indiqué que son pays, en tant que membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), était reconnaissant à M. Fall pour son travail et notamment ses nombreux déplacements dans la sous-région. La Guinée équatoriale, a-t-il assuré, continuera d’appuyer le BRENUAC et de créer des synergies pour promouvoir la coopération bilatérale, tout en renforçant la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. Le représentant a salué les avancées enregistrées dans la région comme les élections pacifiques en RDC, saluant au passage la tenue de la réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, du 27 au 31 mai à Kinshasa. Il a également cité les progrès accomplis en République centrafricaine ainsi que le retour à la normale au Burundi.

    Le Gouvernement de la Guinée équatoriale a émis un communiqué le 8 janvier 2019 pour rejeter vivement la tentative de coup d’État à Libreville la veille, a rappelé le délégué. Concernant le Cameroun, il s’est inquiété de la situation humanitaire qui s’aggrave à cause de l’afflux de réfugiés venant de pays de la sous-région. Il a dès lors salué les mesures prises par les autorités camerounaises pour faire face à la situation humanitaire. Par ailleurs, le délégué a rappelé avec satisfaction l’objectif de « faire taire les armes en Afrique » d’ici à 2020. L’année 2020 sera également importante aux yeux de la délégation, car ce sera le vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, un moment crucial donc pour l’agenda « femmes, pax et sécurité ». Avant de conclure, le représentant s’est inquiété du sort des nombreuses personnes déplacées dans la région et des activités déstabilisantes des groupes armés.

    M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est félicité des efforts de médiation déployés par le Représentant spécial, comme par exemple dans les régions du nord-ouest du sud-ouest au Cameroun, où des millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. Il a dénoncé les agissements de groupes armés qui détournent l’aide humanitaire ou entravent l’accès aux populations dans le besoin. Le représentant s’est félicité du Plan d’assistance humanitaire lancé par le Gouvernement, avant de s’émouvoir des abus et des violations qui se multiplient au Cameroun, ainsi que des signalements d’exécutions extrajudiciaires. Il a, en outre, qualifié de « déplorable » le refus des autorités camerounaises d’admettre dans le pays un expert des droits de l’homme. La délégation américaine leur a demandé de respecter leurs obligations judiciaires en jugeant l’opposant Maurice Kamto ou en mettant fin à sa détention provisoire. Il a salué, en conclusion, la détermination des autorités camerounaises à engager un dialogue avec toutes les parties prenantes. Le délégué a souhaité qu’un examen stratégique des activités du BRENUAC soit conduit plus tard cette année.

    M. ROLLIANSYAH SOEMIRAT (Indonésie) a appelé à tirer parti de l’élan positif enregistré dans la région depuis le début de l’année, citant notamment le transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA). Il faut, selon lui, s’attaquer aux racines des conflits. Soulignant qu’un processus électoral inclusif, authentique et crédible est essentiel pour la région, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer les efforts des gouvernements concernées pour renforcer la confiance. Il s’est ensuite inquiété de l’impact des actes de violence commis par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et Boko Haram. En conclusion, il a insisté sur l’importance d’établir un partenariat entre les organisations régionales et sous-régionales en collaboration avec l’ONU.

    M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que les forces africaines doivent être elles-mêmes à la tête des efforts en vue de sécuriser leurs propres pays, avec le soutien de la communauté internationale. Il a souligné que des succès considérables avaient été accomplis contre Boko Haram, qui reste cependant capable de mener des attaques meurtrières, notamment au Tchad. Le représentant a jugé préoccupante l’arrivée d’ex-combattants de l’État islamique dans les rangs de cette organisation terroriste. La Fédération de Russie a assuré qu’elle continuerait d’accompagner les efforts en vue de mettre en œuvre l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA). La délégation a ensuite rappelé que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) continue de poser des problèmes. Enfin, son représentant s’est dit conscient des divisions qui prévalent au Cameroun, affirmant qu’elles doivent être réglées dans le cadre d’un dialogue interne entre toutes les parties prenantes.

    M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris note des faits recensés dans le dernier rapport du Secrétaire général, saluant notamment le premier transfert pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC) et la signature de l’Accord de paix en République centrafricaine (RCA). Il a appelé au bon déroulement des scrutins prévus dans plusieurs pays, dont l’Angola. Il a appelé à renforcer la coopération entre les pays de la région et avec les organisations régionales et sous-régionales, afin de trouver des solutions aux crises qui frappent l’Afrique centrale, en particulier les actes de violence commis par Boko Haram. Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire dans la région et de l’impact de l’épidémie d’Ebola en RDC. Enfin, il a appuyé l’intégrité territoriale du Cameroun et la non-ingérence dans ce pays.

    Source : UN Press, 4 juin 2019

    Tags : République Centrafricaine, RCA, RDC, Ebola, Afrique Centrale, BRENUAC,

  • Adjudant Tchrifou : contribuer à rendre plus opérationnelles les Forces de sécurité intérieures (FSI)

    L’Adjudant Tchrifou Maboudou a rejoint la composante Police de la MINUSCA (UNPOL) pour sa première mission de maintien de la paix le 29 octobre 2017

    BANGUI, République Centrafricaine, 29 mai 2019/ — A l’occasion de la Journée des casques bleus, nous vous faisons découvrir le quotidien de ces hommes et femmes en uniformes qui travaillent pour le retour de la paix en République centrafricaine, sous la bannière des Nations Unies. De constitution robuste, et du haut de ses 38 ans, l’Adjudant Tchrifou Maboudou a rejoint la composante Police de la MINUSCA (UNPOL) pour sa première mission de maintien de la paix le 29 octobre 2017. C’est avec un grand sourire que lui reconnaissent toujours ses collaborateurs qu’il répond à nos questions.

    Qu’est-ce qui vous motive à travailler pour la paix dans un contexte d’instabilité ?

    La question de la paix me touche profondément parce que c’est un sujet qui concerne tout homme animé d’humanité. La paix n’a pas de prix, car sans elle on ne peut rien construire de durable. J’ai la ferme conviction que travailler pour la paix est une vocation, mais aussi une œuvre divine.

    Pouvez-vous nous décrire vos activités quotidiennes dans la mission ?

    Je suis arrivé dans la mission en tant que formateur. De ce fait, j’ai formé des élèves gendarmes et policiers dans le domaine de maintien de l’ordre, l’intervention professionnelle, l’instruction sur le tir et la protection de hautes personnalités.

    Vous travaillez donc avec des forces de sécurité intérieures de Centrafrique…

    Oui, j’ai été détaché à l’Ecole de police pour appuyer à la formation de base des élèves policiers, puis à l’Ecole de la gendarmerie où j’ai activement participé à la formation de 500 Forces de sécurité intérieure (FSI) pendant huit mois et demi.

    Qu’est-ce que cette formation a changé dans la façon de travailler des FSI ?

    L’objectif est de former les Forces de sécurité intérieures pour les rendre plus opérationnelles, efficaces sur le terrain et progressivement autonomes. A travers nos conseils, les gendarmes et les policiers sont plus outillés pour protéger les populations et sécuriser les autorités. Ils développent davantage de relations de coopération et de proximité avec les populations qui jadis les regardaient d’un autre œil. Ce qui est très favorable à un climat de paix et de sécurité dans le pays.

    Et la relation que vous avez avec la population centrafricaine…

    Elle est très cordiale. Mon intégration s’est faite très vite, et je me suis tout de suite investi dans l’apprentissage de la langue Sango. Cela m’a permis de me rendre compte que cette population aime le partage et est curieuse de découvrir d’autres cultures.

    Quelle relation avez-vous avec vos collègues ?

    Je suis actuellement affecté au cabinet du Chef de la composante Police de la MINUSCA, en protection rapprochée, un domaine dans lequel j’ai une solide expérience depuis mon pays le Togo. Avec mes collègues de service l’ambiance est des meilleures. Nous sommes guidés par le gout du travail bien fait, dans la diversité, l’intégrité et le professionnalisme qui sont les règles fondamentales de l’ONU.

    Quels vœux formulez-vous pour la RCA ?

    Mon vœu pour la République centrafricaine est celui de retrouver une paix durable, de la stabilité et de la cohésion, pour amorcer un développement durable avec des résultats qui profitent à tous les fils du pays.

    Distribué par APO Group pour United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in The Central African Republic (MINUSCA).

    SOURCE: United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in The Central African Republic (MINUSCA)

    Tags : United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in The Central African Republic, République centrafricaine, MINUSCA, RCA,

  • De la crise à l’espoir : l’histoire de la ville de Bangassou

    Comme beaucoup d’autres villes, Bangassou n’a pas échappé à la crise qui a secoué la RCA depuis mars 2013

    BANGUI, République Centrafricaine, 28 mai 2019/ — A l’occasion de la Journée des casques bleus, le 29 mai 2019, la MINUSCA vous propose de revisiter l’histoire récente de Bangassou (Sud-est de la République centrafricaine), à quelque 750 kilomètres de Bangui, la capitale du pays.

    Comme beaucoup d’autres villes, Bangassou n’a pas échappé à la crise qui a secoué la RCA depuis mars 2013. Ayant longtemps résisté aux hostilités intercommunautaires, la paix qui régnait à Bangassou s’était vue fragilisée suite à une attaque ayant principalement visé Tokoyo, un quartier à prédominance musulmane, qui abrite de nombreux commerçants.

    Aujourd’hui, Bangassou se relève et devient, jour après jour, un exemple pour d’autres villes de la RCA.

    Tags : République Centrafricaine, RCA, MINUSCA, Bangassou,