Étiquette : Rif

  • Maroc: « Je m’appelle Mohamed Hmamou, ex détenu du mouvement populaire dans le RIF

    Rachid Oufkir

    J’ai été arrêté par le gang de policiers d’Imzouren, en compagnie de mon cousin Ezzedine Hmamou dans la rue et en plein jour, et non pas après minuit, comme indique le procès-verbal préliminaire de la police judiciaire.

    Nous avons subi la torture physique et psychologique terribles de la part de la police, quant aux insultes, calomnies dans les pires paroles à notre endroit et à celui de nos parents « enfants d’ espagnols », enchanteurs الفتانين « séparatistes » et enfants de putes, bande de bâtards, c’est devenu monnaie courante dans les commissariats de police envers les détenus du mouvement populaire en particulier, etc. ainsi que la signature du PV contrefait, sous la contrainte, sous la menace de violence et d’humiliation.

    Nous y sommes restés 13 heures, les mains menottés dans le dos, et les 4 jours que nous y avons passés, c’était comme si c’était quatre ans.

    La prison de Zaio, où j’ai passé ma peine, vit toujours au rythme des années de braises et de plomb et celui des années quatre-vingt.
    Tout cela parce que je suis sorti dans la rue pour réclamer un emploi, une éducation et un hôpital, ainsi que pour lever du siège du RIF et la marginalisation de la région.

    Jusqu’à présent, j’étais au chômage et même la simple agriculture de subsistance, qui était mon gagne pain avant mon enlèvement, n’est plus disponible à cause de ma détention et là je suis incapable de la reprendre.
    Par conséquent, nous vous certifions que nous sommes toujours fidèles au serment prêté et que nous n’abandonnerons jamais, déterminés jusqu’à la libération des personnes innocentes et l’arrachement de nos droits confisqués.

    Liberté à tous les séquestrés innocents.

    Source

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression, prisonniers politiques,

  • Maroc : De la selectivité dans les droits de l’Homme

    Par Rachid Oufkir

    Je ne comprends pas cette ambivalence et cette conception « communatariste » absurde, venant de ceux qui empruntent le langage des droits de l’Homme clament à haute voix, publiquement, les principes de justice , d’équité et qui luttent pour l’égalité, exclusivement pour leur catégorie d ‘appartenance , qu’elle soit idéologique ou ethnique tout en s’amusant à réclamer l’opposée (le déni de droit , la répression, l’état policier, la prison…) pour autrui !

    Cette visée sectariste se traduit dans les formules utilisées :
     » tout ce que je demande , c’est de m’épargner moi, et mes semblables mais tu peux réprimer les autres, tu peux même les écraser . Je m’en branle ! Ils le méritent. Cela ne me regarde pas ! »

    Ou quand on observe un sahraoui porter le drapeau sahraoui en plein casablanca, le reflexe est de dire : « le makhzen aurait dû emprisonner ce dernier et relacher le militant rifain, pacifiste et patriote qui luttent pour ses droits légitimes « .

    Ou encore ceux qui appércient les miltiants rifains en fonction de leur conviction politique et de leur orientation. A ce propos, je cite Farid A.L.
    « le makhzen n’a arrêté ni le marxiste, ni le léniniste, ni le trotskiste, ni les Guevariste, ni le salafiste, ni l’adhérent d’une officine politique, ni l’ internationaliste, ni non plus l’amazigh .Le makhzen a arrêté les enfants du devoir rifain … les enfants de Mulay Muhand, [ Le makhzen ne fait pas de distinction, il réprime le rifain parce qu’il est rifain] »

    Un principe d’action se doit d’être tout terrain, général, universel applicable à tous, ou ne l’est pas.

    Est-il juste de revendiquer auprés d’un Etat policier, un traitement préférentiel pour soi, pour une catégorie spécifique à l’exclusion de l’autre, sachant que tout le monde est logé à la même enseigne !???

    Est-il juste d’éprouver de l’indifférence et du je-m’enfoutisme envers une réprssion policière qui ne se passe pas chez soi ? Est il juste de souhaiter le déni de droit, le durcissement de l’oppression d’une population parce qu’on n’en fait pas partie ?

    Au moins sur le plan formel, sur le plan de la profession de foi, quand on plaidoie pour l’état de droit, on ne doit pas chipoter cette condition exclut le de sectarisme et la mise en équation des droits universels

    Quand cette attitude vient des professionnels de droit, c’est la grande catastrophe.

    Je conçois le fait qu’on ne peut s’impliquer partout ( pour des questions de compétence d’énergie et de temps), de revendiquer des droits subjectifs/catégoriels mais je ne conçois nullement le fait de se placer sur le terrain du droit, et de réclamer pour autrui , qui sont tout aussi vulnérables, l’opposé de ce qu’on réclame pour soi !

    Pour moi cela relève d »une certaine collaboration , de la délation et d’une bassesse sans nom.

    Tags : Maroc, Makhzen, Rif, Hirak, droits de l’homme, Sahara Occidental, répression,

  • Movimiento rifeño revienta actividades de ministros marroquíes en Europa

    Rabat, 26 jun (EFE).- Militantes del movimiento rifeño Hirak han protagonizado en los últimos diez días al menos tres incidentes en los que han tratado de « reventar » distintas actividades que desarrollaban algunos ministros marroquíes en Europa.

    Según han recogido en los últimos días varios medios rifeños, estos actos de boicot se han registrado en Estrasburgo (Francia), Montpellier (Francia) y Mülheim (Alemania).

    El primer acto estuvo protagonizado el pasado 14 de junio en una sala cerrada en Estrasburgo por el ministro de Relaciones con la Sociedad Civil y portavoz del Gobierno, Mustafa Jalfi, quien tenía previsto dar un balance de su actividad en el Ejecutivo.

    Un rifeño entre el público trata de increpar al ministro sobre la política de su Gobierno en el Rif, pero cuando pronuncia la palabra « ocupación » el público se levanta contra él y termina expulsándolo de la sala, según grabó él mismo y posteó en Youtube.

    El caso se repite casi del mismo modo el pasado sábado 22 en otro acto en una sala cerrada en Montpellier, durante una conferencia del ministro de Transportes, Najib Boulif; en mitad de la conferencia, un grupo de al menos cuatro rifeños lo interrumpe y le critica por ofrecer cifras falsas sobre la realidad en el Rif.

    Acusados por el ministro y su entorno de « separatistas », los rifeños se indignan y gritan airados: « No somos separatistas, somos marroquíes », según puede verse en otro vídeo subido por un portal rifeño.

    El tercer incidente tuvo lugar en Mülheim un día después, el domingo, cuando el ministro de Agricultura, Aziz Akhanouch, uno de los más poderosos del Gobierno actual, iba a pronunciar otra conferencia.

    En este caso, los militantes rifeños, que habían acudido con banderas de la efímera « República del Rif » proclamada por Abdelkrim Jatabi, no pudieron acceder a la sala pero lo recibieron a la entrada con eslóganes como « Viva el Rif » o « Dile a tu jefe que los rifeños no son sus esclavos ».

    Todos estos incidentes han estado precedidos de intensas campañas en las redes para animar a los militantes rifeños a participar en los actos de boicot, aunque no está claro si ha existido coordinación entre ellos. EFE.

    Fuente : El Confidencial

    Tags : Marruecos, Rif, Hirak, represión,

  • Le Makhzen et la catastrophe

    Source : Adadouch, 15 novembre 2005 par adadouch

    La gestion de l’après-séisme d’Al Hoceima a révélé un changement de culture du pouvoir, en réaction aux catastrophes naturelles. Hier, la priorité allait à la sécurité. Aujourd’hui, elle va à la mise en scène.

    Par Pierre-Alain Claisse*

    Autrefois, les choses paraissaient plus simples en matière de gestion des catastrophes naturelles. Il y avait ce que l’on peut appeler l’humanitaire-policier ou le système makhzénien de gestion des crises. Le principe de base était simple : quand il y avait un risque majeur de désordre public, qu’il soit d’origine humaine ou naturelle, les risques d’émeutes et les risques sanitaires étaient traités en un même temps, l’un pouvant occasionner l’autre. Le traitement des deux se faisait par la voie d’un protocole de décisions rapides.

    Ce protocole était élaboré par un responsable des opérations unique, qui s’engageait directement auprès du roi à gérer personnellement la crise. C’était le rôle du ministre de l’Intérieur qui, fort d’un mandat d’un quart de siècle, avait acquis une expérience non négligeable en la matière.
    Si ce système de gestion unilatérale des urgences majeures avait son efficacité, il n’est pas sûr qu’il ait été conçu dans le souci absolu du respect des droits fondamentaux des sinistrés.

    Expliquons-nous. En situation de paix civile, l’ordre de priorité dans l’assistance aux sinistrés serait en toute logique : les droits aux soins primaires, à l’alimentation, au logement, à la liberté d’expression, etc. Or, c’est quasiment dans un esprit de conflit armé que se déroulait le protocole d’urgence de l’ancien régime. Les opérations de secours commençaient par la sécurisation des opérateurs en premier lieu, puis de la zone et enfin des sinistrés.

    En effet, bien des témoignages laissent à penser que la menace de désordre public a parfois été contenue sous le prétexte de gestion d’une catastrophe naturelle : un risque invérifiable d’épidémie, par exemple. Ainsi en est-il allé des rumeurs d’épidémies de conjonctivite, quand le Nord était bouclé pour des raisons sanitaires en 1981 et 1984, au moment des premières émeutes liées au programme d’ajustement structurel du FMI.

    Logique de conflit, logique de paix, tout n’est finalement qu’une question de dosage. Toujours est-il qu’autrefois l’ordre public était rétabli en un temps record sur les points d’impact d’une catastrophe fulgurante, qu’elle soit naturelle, technologique ou politique. Mais dix ans plus tard, au moment du processus de réforme et de transparence institué par décision royale, la gestion des catastrophes naturelles à risques sanitaires majeurs s’avérait plus complexe. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ce processus de réforme ait été accéléré par l’inondation de la vallée de l’Ourika, dans le Haouz, en août 1995.

    Quelques touristes étrangers ayant disparu dans les oueds en crue de la vallée, il devenait difficile de contenir les journalistes étrangers et particulièrement « mal intentionnés ». Souvenons-nous du contexte : ce cataclysme avait été le premier du genre à être médiatisé par de véritables antennes paraboliques captant les TV européennes. L’opposition politique avait saisi cette occasion pour exprimer au grand public son souhait de voir les élus locaux exercer pleinement leurs responsabilités. Celles-ci se justifiaient par une meilleure connaissance du terrain que celle du ministre, alors personnellement en charge de l’urgence. Par un hasard des calendriers, c’est quelques trois jours après le drame de l’Ourika qu’un discours royal annonçait le référendum sur le bicaméralisme, faisant entrer les représentants régionaux au Parlement.

    Quant au siège de la province du Haouz, son objectif premier était la relance du tourisme, malgré les traces visibles des inondations, question de survie économique. Les touristes se firent donc touristes humanitaires et les habituels récits des guides avaient muté en de dramatiques témoignages de l’horreur vécue. En effet, de nombreux petits vendeurs des bords d’oueds restaient très choqués par leur réquisition dans le ramassage pêle-mêle de blessés et de cadavres : c’était le temps de la méthode dite, dans le jargon hospitalier, de « ramassage en sacs de sable ».

    On peut aujourd’hui visiter les trois fosses communes où les nombreuses victimes exhumées de la boue ont été enterrées au cimetière de Bab Doukkala. Les témoignages sur le flux incessant des camions entre les points d’impacts et le cimetière, ainsi que la grande longueur des dalles laissent à penser que le chiffre d’inhumés dépasse les 200 morts déclarés officiellement à l’époque. Les rescapés ont été contraints de reconnaître que l’État n’est pas la Providence, que c’est au citoyen de base de prendre ses responsabilités et pas uniquement au ministre et au gouverneur. Car, c’est bien là l’esprit de la réforme de la charte communale : insuffler au citoyen l’esprit de responsabilité dans le cadre de la démocratie participative.

    Or, c’est précisément dans cet esprit que le Bureau du Collectif d’Al Hoceima a transmis son premier bilan du séisme aux autorités locales, ainsi qu’à une des associations nationales membres, le 25 février 2004, 24 heures après le séisme. L’Association marocaine des droits humains, AMDH, en a fait la synthèse le jour même dans un communiqué de presse, invalidant ainsi le ton apaisant du ministère de tutelle de la Protection civile, seule habilitée à porter sur place les soins primaires d’urgence. Mais, en même temps, ce communiqué a justifié l’ingérence privée étrangère : les ONG internationales.

    Au grand bazar des ONG, on trouve de tout, y compris des associations internationales de solidarité religieuse : le Secours islamique ou d’autres susceptibles d’effectuer un redéploiement de leurs équipes en terre marocaine. Ceci explique partiellement l’empressement de la Fondation Mohammed V à faire de la visite royale un spectacle humanitaire au nom du principe de solidarité nationale et exclusivement nationale. C’est donc de la sorte que le Makhzen a su faire muter l’humanitaire-policier en humanitaire-spectacle. On peut donc dire de ce tragique événement qu’il a eu au moins le mérite de rappeler aux associations locales, mais aussi internationales, qu’il ne faut pas confondre la démocratie participative avec la démocratie participative élargie. Plus simplement : la présence des associations non-reconnues d’utilité publique reste tolérée et seulement tolérée dans la vie politique locale.

    En effet, les élus locaux et régionaux se trouvent très souvent, au Maroc comme ailleurs, confrontés à des associations de riverains. Celles-ci font pression sur les élus pour développer les bassins d’emplois au plus près des lieux de résidence. C’est ce qui explique, en partie, la signature d’accords de construction de terrains sur des zones à risques naturels. C’est ce qui peut également justifier la tentation de laisser construire au plus vite, sans se soucier des habitants et des normes. Ce laxisme a vraisemblablement connu des débordements qui seront sanctionnés, si l’on en croit les annonces officielles. Car la sanction commence par la lutte contre l’économie de prédation qui favorise l’habitat insalubre ; c’était là l’objet du discours royal en réponse aux attentats du 16 mai 2003. Or, le réseau associatif n’est pas exempt des pratiques mafieuses qui, par ailleurs, sont en parallèle avec l’islamisme de prédation, pratiques auxquelles le Nord n’échappe pas. C’est pourquoi on peut penser que certains partenaires associatifs des conseillers communaux sont tentés de favoriser le gain rapide : clandestinité, contrebande, corruption.

    Du risque naturel, nous en sommes revenus à la menace de trouble de l’ordre public et c’est en partie à propos de tels dangers que des rumeurs ont fait état d’un recentrage possible des différentes responsabilités ministérielles. Dans les couloirs des ministères ces derniers jours, on reconnaissait avoir adopté la culture du projet d’étude sans jamais avoir appliqué les recommandations des experts qui, il est vrai, peuvent se révéler totalement inapplicables. Les dernières directives royales ont donc contraint à remédier à la fuite des cabinets ministériels devant leurs responsabilités, celles-ci engageant l’État central, le Makhzen.
    La catastrophe d’Al Hoceima pourrait effectivement se révéler être l’illustration du processus inverse de celle de l’Ourika, à savoir que la résolution des urgences majeures passerait par la redistribution des pouvoirs administratifs entre quelques secrétariats ministériels seulement. Quelles directions précisément ? Des négociations seraient en cours entre le ministère de l’Intérieur et celui de la Santé, notamment. Ce dernier tente visiblement d’échapper au contrôle du premier depuis le lancement du projet de réactualisation de la loi sur la Protection civile. Ce projet, qui correspond à l’avènement du nouveau concept de l’autorité en 1999, peut se résumer comme tel : une meilleure répartition des rôles entre les Centres hospitaliers d’urgence et la Protection civile. Là encore, nous sommes dans la problématique du dosage des responsabilités.

    Quant au ministère de l’Environnement, son rôle de contrôle des expertises est renforcé par la nouvelle loi sur les études d’impact environnemental de l’activité industrielle. Ce rôle d’expertise du ministère pourrait s’étendre au contrôle d’une agence d’étude des catastrophes naturelles, à moins que cette responsabilité ne soit directement attribuée aux services du Premier ministre. De la guerre des ONG, nous sommes passés à la guerre des ministères.

    Il n’en incombe pas moins au citoyen marocain de veiller à l’application sur le terrain des mesures de prévention des catastrophes naturelles. Ce devoir de veille exercé par les associations locales se justifie par le droit fondamental à la transparence et, de fait, à la démocratie participative élargie ; entendons par là un processus de démocratisation qui ne se limite pas à la consultation de personnalités rémunérées pour leur expertise, mais qui prend véritablement en considération l’opinion des élus locaux. En retour, ce devoir associatif gagnerait à se conformer aux conventions internationales ratifiées par le Maroc, à commencer par le respect du principe du développement durable ; cette expression signifie en l’occurrence : dépasser les intérêts personnels pour penser à l’avenir, aux générations futures, à l’ouverture du Maroc sur le reste du monde, Orient comme Occident. Il reste à sensibiliser les conseillers communaux à ce projet de société qui caractérise l’esprit du nouveau régime. Investissez dans l’éducation – dit le vieux proverbe chinois – vous en tirerez profit pendant cent ans !

    *Chroniqueur français, Pierre-Alain Claisse est aussi ethnologue et juriste

    Source: Telquel

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Pierre-Alain Claisse,

  • Migration, Rif, Afrique, service militaire: le Maroc illibéral reprend la main

    Joseph Paoli

    25 octobre 2018

    Le Maroc est un pays de grands changements déclarés et de lents changements effectifs. Ce mélange dissonant d’attitudes contraires a cependant, depuis presque trente ans, créé et maintenu un équilibre aussi improbable qu’indéniable. L’ampleur du changement proclamé servait de guide au changement réel, qui poursuivait son chemin à petit pas, parfois claudiquant, et pourvoyait en espoir ceux qui s’y étaient engagés, la plupart de bonne foi. D’une certaine manière, le Maroc politique a vécu au superlatif depuis la dernière décennie du règne d’Hassan II. Pour qu’un tel fonctionnement procure la paix publique, dans un pays de fortes inégalités, de contrôle social plus ou moins pesant et de transition démocratique inaccomplie, et parvienne, vaille que vaille, à intégrer la plupart des acteurs politique comme ceux de la société civile et une large partie des citoyens, il faut qu’il y ait un discours du changement cohérent et audible et que les faits à même de le démentir ne s’accumulent pas de manière flagrante. Depuis quelques mois, ce discours est en panne et les faits contredisant les perspectives ouvertes se sont accumulés à tel point qu’ils les ont largement obscurcies.

    Il y a eu au moins six discours marquants et porteurs d’espoir (du moins pour les libéraux), six grandes narrations, depuis les années 1990 : le discours sur les droits de l’homme, le discours sur l’alternance (et partant sur « la transition démocratique »), le discours sur le développement humain, le discours sur la nouvelle Constitution, le discours sur l’avenir africain du pays et, intégré à celui-ci, le discours sur la nouvelle politique migratoire. C’est, bien sûr, peu de dire que les dispositions libérales et pluralistes de la nouvelle Constitution (2011) n’ont pas été mises en œuvre. Cependant, on s’attendait à cette lenteur et à une accumulation d’impasses. Personne n’avait jamais envisagé, par exemple, que l’égalité entre les hommes et les femmes, proclamée par ladite Constitution, aboutirait à une discussion orientée vers l’adoption d’une loi abrogeant leur inégalité devant l’héritage. Il était clair que ce n’était qu’un « reminder » dépourvu d’agenda. Ce qui se passe depuis quelques mois, en revanche, est plus préoccupant, parce qu’il y avait quelques bonnes raisons de penser que ça ne devait pas arriver.

    Il y a eu, tout d’abord, la répression du Hirak, le mouvement de protestation dans le Rif découlant directement de l’inefficacité et, pire encore, de l’ineffectivité avérée et persistante des politiques publiques destinées à développer la région. Il n’est pas question, ici, de revenir sur l’étiologie de ce mouvement social ni de se prononcer sur la pertinence et la perspicacité de toutes les actions entreprises. On se bornera à constater que le Hirak comme ses personnalités et, plus largement, ses acteurs ont été traités comme les membres d’une conspiration portant atteinte à la sécurité de l’Etat. Le leader du mouvement a été condamné à vingt ans de prison. Il risquait la peine de mort (précisons qu’elle n’est plus en usage au Maroc bien que non abolie). Le constat est simple : lorsqu’une protestation légitime des citoyens est traitée comme une sédition, même si elle s’accompagne d’une certaine « casse », on se situe hors des cadres de la démocratie, laquelle ne réside pas, et de loin, dans la seule application du droit (ce qui peut être l’attribut de toutes sortes de régimes) mais dans l’impérieuse nécessité du dialogue. Le contraste avec le traitement du Mouvement du 20 février, au moment de ce que l’on s’est plu à nommer « le Printemps arabe », est frappant. La stratégie des gouvernants avait alors été d’éviter la répression désordonnée et obtus et de promouvoir le changement, même s’il s’agissait d’une variation sur la célèbre formule de Lampedusa selon laquelle « il faut que tout change pour que tout reste comme c’est » (dans le cas du Maroc, ce fut plutôt : « il faut que tout change pour que tout ne change pas trop vite »). L’attitude face au Hirak illustrait, au contraire, un raidissement des gouvernants ou une montée de l’influence des gouvernants adepte du raidissement. Ce n’était pas bon signe.

    Durant l’été, est arrivée la nouvelle du rétablissement du Service militaire. Celui-ci a été annoncé dans un contexte de focalisation des politiques publiques sur la jeunesse et son éducation, qui ont, elles aussi, assez largement échoué. L’Armée apporterait une formation et des valeurs à des jeunes qui n’en auraient pas. En général, la plupart des militaires professionnels sont d’accord pour considérer que ce n’est pas leur métier ; leur métier, réside dans la défense active du pays, généralement par la projection ponctuelle, sur des théâtres d’opération extérieurs, de combattants (de préférence) expérimentés. Il en découle que tout ce qu’une Armée peut offrir à la jeunesse de son pays, c’est de la discipline et les valeurs rugueuses qui lui sont liées. S’agissant du Maroc et après la répression du Hirak, on ne pouvait trouver de message plus négatif à donner à cette jeunesse : la contrainte par corps pour compenser l’échec des politiques la concernant. L’annonce elle-même a témoigné d’un rare amateurisme du point de vue de la communication politique ou d’un profond dédain vis-à-vis de l’opinion publique. Un projet d’une telle portée sociétale peut-il être annoncé et adopté par un gouvernement sans la moindre concertation avec la société civile, sans le moindre débat public préalable, sans la moindre discussion ? Au-delà de la déception démocratique qu’une telle attitude provoque, se pose la question de la faisabilité de la chose et donc de la précipitation de l’annonce. Le Maroc, on le sait, compte une importante communauté résidant à l’étranger, en grande partie composée de binationaux. Tous les jeunes gens appartenant à cette communauté devront-ils interrompre leur vie dans leurs pays de résidence pour aller faire leur service militaire au Maroc, y compris ceux qui n’en parlent que pas ou mal la langue ? Devront-ils, sinon, renoncer à s’y rendre tant qu’ils n’auront pas dépassé quarante ans, âge à partir duquel ils ne seront plus soumis à cette obligation ? On imagine ce que représenterait pour le Maroc une telle coupure avec une partie de sa diaspora. Des listes d’exemptions complètes ou temporaires ont, cependant, fini par circuler : il y aurait les Marocains résidant à l’étranger, les binationaux, les enfants uniques, les mariés, les étudiants, les titulaires d’un emploi… Sans doute, faudra-t-il attendre la rédaction et le vote de la loi pour savoir ce qui sera retenu. Toutefois, le Gouvernement semble être pris entre deux positions également dommageables : soit il met en œuvre l’essentiel des exemptions évoquées et le service militaire apparaît bel et bien comme une servitude inégalitaire imposée aux catégories déscolarisées et sans emplois, considérées comme potentiellement dangereuses ; soit il adopte une conception égalitaire et celle-ci devra alors inclure les Marocains résidants à l’étranger, les étudiants, les titulaires d’un emploi, ce qui créera vraisemblablement un large mécontentement parmi les groupes sociaux qui estiment devoir en être exemptés. Dans les deux cas, il n’en sortira pas indemne et personne n’en tirera aucun gain.

    Le mois d’août a également été marqué par le retour de la traque aux migrants subsahariens. Alors que le Maroc s’était, non sans panache, engagé en 2013 dans une politique volontariste de régularisation de ces derniers, avec une deuxième vague de régularisation lancée en 2016, cette reprise soutenue de la traque et des déplacements forcés vers le sud du pays, voire des expulsions sommaires, semble indiquer, sinon un pur et simple revirement dans la politique suivie depuis cinq ans, du moins un coup d’arrêt à celle-ci. Ainsi qu’en ont témoigné de nombreuses victimes et des acteurs associatifs bien informés, ces opérations ont été menées avec brutalité et n’ont pas toujours pris la peine de distinguer entre les migrants régularisés et ceux qui ne l’étaient pas, entre les migrants et les réfugiés, c’est-à-dire des personnes immatriculées par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations-Unies et donc protégées par le droit international. La rétention des personnes à déplacer, notamment à Tanger, a eu lieu et continue sans doute à avoir lieu dans des conditions dégradantes d’entassement et de maltraitance. Le prétexte de lutter « contre les réseaux de trafic humain » ne change rien au fait que c’est une population particulièrement vulnérable qui s’est trouvée à nouveau et maltraitée et stigmatisée ; du reste, c’est bien cette population que l’on entend contrôler et non les dits réseaux, puisque le but poursuivi – en premier lieu par l’Europe qui fait pression sur le Maroc – est tout simplement d’empêcher les Africains de traverser la Méditerranée, que ce soit par eux-mêmes ou avec l’aide d’autrui. Cette attitude des autorités marocaines apparaît en flagrante contradiction, non seulement avec les principes humanistes avancés pour faire valoir la nouvelle politique migratoire du pays, mais aussi avec sa politique africaine, qui s’était notamment prévalu de l’accueil fraternel fait aux habitants du continent. En témoigne le discours du roi tenu à Addis-Abeba, le 31 janvier 2017, alors que le Maroc réintégrait l’Union africaine. De fait, l’attitude actuelle des autorités marocaines, brutale, indécente et indiscriminée, ne peut manquer d’avoir des répercussions sur la perception du pays par ses voisins du Sud. Comme il est impensable, par son ampleur et sa durée, que cette traque soit un simple et accidentel emballement de l’appareil sécuritaire, une question de fond se pose : pourquoi le Maroc est-il prêt à risquer de mettre à mal son image, sa diplomatie et ses intérêts en Afrique ? Peut-être est-ce une réaction au piétinement du processus d’adhésion à la CEDEAO, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; peut-être aussi une partie des acteurs influents de la gouvernance du pays est-elle en train de parvenir à faire prévaloir l’idée que le partenariat avec l’Europe passe avant la poursuite d’un destin africain. Dans ce cas, participer au gardiennage des frontières européennes d’outre Méditerranée est incontestablement plus important que se préoccuper du sort et des souffrances des migrants subsahariens.

    Ce gardiennage renforcé des frontières européennes a provoqué, le 25 septembre dernier, la mort d’une jeune marocaine qui tentait de rejoindre l’Espagne, avec un groupe de compatriotes, sur une petite embarcation. Les garde-côtes de la Marine royale ont ouvert le feu sur celle-ci. Trois autres personnes ont été blessées. Les autorités ont déclaré qu’il s’agissait de stopper l’embarcation et que les garde-côtes ignoraient la présence de passagers à son bord. Sans épiloguer sur ce qu’il y a de douteux dans cette explication – comment les garde-côtes pouvaient-ils ne pas envisager qu’il y ait des passagers dans un lieu où ils sont habitués à patrouiller, précisément pour intercepter les migrants ? – on évoquera seulement l’aspect le plus déconcertant et le plus révélateur de ce drame : le silence officiel qui l’a suivi. Le Chef du Gouvernement et les ministres, les hauts gouvernants du pays n’ont pas éprouvé le besoin d’exprimer ne serait-ce que leur compassion. Pour bien comprendre ce que cette attitude a, tout à la fois, d’étonnant et de révélateur, il suffit d’imaginer ce qui se serait passé en France si un corps militarisé, dans une opération de police, avait blessé mortellement une étudiante de vingt ans tentant de franchir une limite interdite sans constituer une menace pour personne. Même les pires des partisans de l’ordre auraient éprouvé le besoin de dire quelque chose de vaguement humain. Le ministre de l’Intérieur aurait parlé, le ministre des Armées aurait parlé, le Premier ministre aurait parlé et probablement aussi le Chef de l’Etat. Ils auraient parlé par réelle compassion, sans doute, par calcul politique, certainement, ou tout simplement par obligation, par devoir en un mot. Pourquoi ? Parce qu’ils se seraient sentis, parce qu’ils se sentent tenu par l’opinion, y compris par l’opinion minoritaire, de leurs concitoyens. Il est clair qu’au Maroc, sur certains sujets, les gouvernants ne se sentent pas tenu par l’opinion ou ne croient tout simplement pas qu’il existe un devoir politique de parler. Sans doute les excès de parole, de propos et de commentaires rendent-ils le débat démocratique parfois inaudible et insupportable, mais, à tout prendre, cela vaut mieux, bien mieux que le silence.

    Dans un récent article, un éditorialiste marocain, Zouhair Yata, posait la question : « Le Maroc va mal, mais que faire ? ». Diffusé sur Facebook, son éditorial a recueilli de nombreux commentaires, positifs aussi bien que négatifs. Les commentaires négatifs prenaient l’éditorialiste à partie, affirmant que le Maroc était bel et bien en marche vers un avenir digne de lui. Sans doute le Maroc a-t-il accompli plusieurs étapes considérables depuis une trentaine d’années et sans doute a-t-il le potentiel et la volonté d’aller plus loin. Il n’en demeure pas moins que, pour le moment, il est à l’arrêt. Les grands discours qui soutenaient les petits pas sont pris à revers par un subit raidissement des autorités. Dans cette immobilité crispée, tout ce qui ne va pas dans la machinerie qui faisait avancer le pays devient cruellement visible, et notamment la persistance d’une culture politique et d’une pratique gouvernementale foncièrement illibérales et non démocratiques.

    Source: telos-eu.com

    Tags : Maroc, social, monarchie, constitution, répression, Hirak, Rif, Jerada, Zagora,

  • Maroc : 40 militants du mouvement rifain, y compris les principaux dirigeants, sont toujours incarcérés

    Quarante militants du mouvement rifain Hirak, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après « la troisième grâce accordée aux Rifains », selon l’agence espagnole EFE qui dit avoir l’information de sources des familles des détenus.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par des parents des prisonniers rifains, ont confirmé à EFE qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les graciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politique.

    Ainsi, les Rifains graciés hier (5 juin) soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de célébration qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Al Hoceima, où des cris de « Vive le Rif » ou de « Plutôt la mort que l’humiliation » ont été entendus, observe EFE.

    Le vice-président de Tafra, Bubker Yauhari, a expliqué à EFE qu’il n’y avait pas eu une demande de grâce de la part des libérés ou une mesure de grâce de la part du roi, une demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Et quant aux leaders de la contestation du Rif, il n’y a pas eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Nasser Zefzafi, ainsi que Nabil Ahamjik ou Mohamed Jellul, note l’agence espagnole.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rangée, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Al Hoceima, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcement du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à briser les dirigeants du Hirak: Zefzafi s’est cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict rendu en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison, atteignant -certains d’entre eux- ( Mohamed Al Asrihi et Rabie Al Ablaq) un état critique, témoigne la même agence.

    Source : Courrier du Rif

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Makhzen, Mohammed VI, répression,

  • Maroc : Mohamed Bouhennouch, âgé de 15 ans, condamné à 15 ans de prison ferme

    Mohamed Bouhennouch, lorsqu’il a été condamné à 15 ans de prison ferme en 2017 par un juge marocain, était un enfant de 15 ans, condamné à 15 ans de prison ferme, flagrante coïncidence qui choque extrêmement tout un chacun sauf les ennemis de l’humanité et les partisans de la dictature.

    Mohamed Bouhennouch, l’enfant de 15 ans a comparu devant le juge dans le tribunal de Casablanca comme un quidam accusé d’atteinte à la sécurité de l’État. Il n’a été entendu par le juge qu’avec la présence d’un traducteur, puisqu’il ne maîtrise que le rifain. «Monsieur le Juge, je vais vous raconter aujourd’hui une histoire très triste. A cause de l’horreur que j’ai vécu, je ne trouve aucun mot pour commencer», ainsi s’est exprimé l’enfant Bouhennouch pour entreprendre son plaidoyer devant le juge «C’était le premier jour du Ramadan, à 6 heures du matin, lorsque je me suis réveillé aux cris de mes frères et de mes parents, je croyais que c’était le tremblement de terre. Il s’est avéré plus tard qu’ils sont venus pour m’arrêter» a-t-il raconté de son arrestation.

    L’enfance et l’immaturité ne semblent plus un rempart contre la torture dans un État policier. «L’un d’eux m’a dit: « Profite du soleil parce que tu ne le verras plus désormais ». Et quand je suis arrivé à Casablanca, j’ai été battu. Même si j’étais un meurtrier, Monsieur le Juge, ils n’auraient pas dû me traiter de la sorte», insiste l’enfant Mohamed Bouhennouch.

    Le malheureux mineur rifain tombé dans les mains d’un régime impitoyable et inhumain a révélé dans le tribunal et devant tout le monde que des éléments de la Direction générale de la Sûreté nationale lui avaient demandé de faire des déclarations qui condamnent les leaders de la contestation du Rif Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik, en échange de la clémence dans la poursuite intentée contre lui. L’enfant Bouhennouch peut-être espérait-il avec sa révélation trouver la justice chez un juge qui est tout sauf indépendant !

    Il a expliqué au juge qu’il a beaucoup souffert depuis son arrestation en évoquant l’horreur qu’il a vécu dans l’avion: des «menaces de la part de membres de la DGSN de me tuer en me jetant de l’avion qui me transférait d’Al Hoceima à Casablanca».

    Le pauvre petit a fait aussi lors de son discours dans le tribunal une déclaration difficile à encaisser, il a fait connaître qu’il a souhaité, dans un moment d’incertitude, que la voiture de police -qui le transférait de l’aéroport de Casablanca vers un destin inconnu-, soit renversée pour qu’il meure en martyr.

    Le mineur de 15 ans s’est trouvé sous le poids de l’une des plus graves accusations et de plus dans un État policier : atteinte à la sécurité de l’État, a nié toutes les accusations qui pesaient sur lui. Et avant de terminer son discours dans le tribunal de la honte, Bouhennouch a révélé qu’il a rédigé un livre dans sa cellule en rifain qu’il a intitulé « 5 jour dans les ténèbres » dans lequel il raconte les souffrances et les brimades qu’il a subies au siège de La brigade nationale de la police judiciaire.

    Quelle était la décision du juge ? Il a condamné Mohamed Bouhennouch à 15 ans de prison ferme au nom du roi Mohamed Six.

    F.B

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression, Mohamed Bouhennouch,

  • Quarante prisonniers du mouvement rifain Hirak continuent dans les prisons marocaines

    Javier Otazu

    Rabat, 5 juin (EFE) .- Quarante militants du mouvement Hirak Rif, y compris leurs principaux dirigeants, sont toujours incarcérés dans différentes prisons marocaines après la troisième grâce accordée par le roi Mohamed VI au Maroc, rapporte EFE citant des sources de leurs familles.

    Hier, à l’occasion de la fin du Ramadan, le monarque a gracié soixante d’entre eux « en tenant compte de la situation familiale et humaine des personnes condamnées », selon un communiqué du ministère de la Justice.

    Toutefois, des sources du Conseil national des droits de l’homme et de l’association Tafra, formée par les parents des prisonniers du Rif, ont confirmé à Efe qu’il y avait au moins vingt autres Rifans parmi les grâciés mais qui n’apparaissent pas comme des prisonniers du Hirak car ils sont considérés comme des prisonniers pour des crimes de droit commun (violence de la rue, en général) et non politiques.

    Ainsi, les rifains graciés hier soir étaient plus de quatre-vingts et leur libération, survenue dans la nuit du dernier jour du Ramadan, a provoqué des scènes de joie et de fête qui ont duré plusieurs heures dans la ville d’Alhoceima, où des cris ont été entendus de « Vive le Rif » ou de « plutôt la mort, que l’humiliation ».

    Le vice-président de Tafra, Boubker Jaouhari, a expliqué à Efe qu’il n’y avait pas eu de demande de grâce de la part des libérés, demande qui est habituelle avant ces libérations.

    Le pardon d’hier est le troisième octroyé par le roi Mohammed VI aux prisonniers du Rif, qui, au moment de la répression maximale, atteignait plus de 700 personnes, dont plusieurs mineurs.

    Le premier pardon a été accordé en juillet 2017, deux mois après que la police ait réprimé d’une main forte lors des interventions dans le Rif; plus tard, il y a eu un autre grand pardon le 21 août 2018, lorsque 188 prisonniers ont été libérés.

    Mais ni à l’époque ni à présent, il n’y a eu de clémence pour le noyau dirigeant du Hirak, y compris son dirigeant, Naser Zafzafi, ainsi que Nabil Ahamyik ou Mohamed Yelul.

    Ceux-ci, ainsi que d’autres dirigeants de deuxième rang, purgent des peines de dix à vingt ans de prison dans différentes prisons du nord du pays (Tánger, Tetuán, Fès, Taza, Nador et Alhucemas, entre autres), vers lesquels ils ont été transférés de Casablanca pour les rapprocher de leurs familles peu après le prononcé du procès en appel, qui a confirmé toutes les condamnations prononcées en première instance.

    Ce mouvement de rapprochement n’a pas réussi à faire plier les dirigeants du Hirak: Zafzafi a cousu les lèvres pendant deux jours pour protester contre le verdict en appel, tandis que plusieurs autres ont mené de longues grèves de la faim pour la même raison.

    Pour Bubker Yauhari, la « solution » au « climat politique dégradé et instable » passe maintenant par un nouveau sursis pour le noyau dirigeant du Hirak, une initiative décriée par la situation intérieure du pays et le contexte international.

    Les demandes de grâce pour les rifains ont été nombreuses dans le pays et ont été sollicitées par des hommes politiques (y compris certains ministres), journalistes et intellectuels, qui ont toujours insisté sur le caractère pacifique du mouvement Hirak, à l’exception de quelques événements exceptionnels.

    Tous les regards se tournent vers les deux prochaines dates (la fête du sacrifice, au début du mois d’août, ou la fête du trône, le 21 du même mois), durant lesquelles le monarque accorde généralement les plus grand nombre de pardons.

    Les protestations dans le Rif contre la marginalisation politique historique, le manque d’opportunités économiques et l’isolement ont commencé fin 2016 après la mort dans un camion poubelle du jeune Mohcin Fikri, à qui la police avait réquisitionné une cargaison illégale de poisson.

    Ces manifestations ont duré plusieurs mois et ont conduit des dizaines de milliers de personnes à manifester dans toute la région du Rif. Elles ont également suscité une vague de sympathie dans le reste du Maroc et sont ainsi devenues l’un des moments les plus critiques du règne de Mohamed VI qui fête cette année son 20 anniversaire sur le trône. EFE

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Rif, Hirak, répression, grâce,

  • Maroc : A qui profite l’argent du cannabis ?

    La liberté de la presse progresse au Maroc. Un site, Le gri-gri, ose publier un article très complet sur une grosse branche du marzen, le business industriel du haschich entre le royaume et l’Europe. Avec un blanchiment moyen de 120 000 euros tous les deux jours, c’est un potentiel d’environ 22 millions d’euros annuel (près de 32 millions CHF) pour une seule filière approvisionnant quatre pays. L’enquête a révélé que 5 millions d’euros avaient transité par les banques suisses, le reste est passé par des comptes israéliens ou a été converti en or pour le retour au bled.

    Une entreprise qui ne connaît pas la crise

    Ce montant astronomique doit encore être augmenté des frais généraux et des salaires des employés européens pour arriver à une estimation valable du chiffre d’affaire, probablement plus de 25 millions d’euros. Voilà ce qu’un réseau peut collecter et sortir de l’économie légale européenne, voilà ce que nous coûte la prohibition du cannabis. On imagine qu’avec de telles liquidités, il est aisé « d’acheter la route » comme disent les trafiquants pour parler de corruption.

    Artisanat ou industrie ?

    On pourrait penser que ce réseau est particulièrement gros et livre des marchés très dynamiques. Pas du tout. Un rapport du Health Research Board (HRB) pour 2003 estime à 374 millions d’euros annuel le marché de la résine de cannabis en Irlande, un pays de seulement 4 millions d’habitants. Il faudrait donc quinze filières comme celle décrite dans Le gri-gri rien que pour couvrir le marché de la lointaine Irlande. Ou bien cette filière n’est qu’artisanale, ce qui explique qu’elle est démantelée, et il existe bien plus gros. Ou bien de nombreux entrepreneurs au Maroc et en Europe se livrent au même trafic de fourmi. Certainement un mélange des deux.

    Peu de pressions internationales

    Tant tous les cas, ces sommes doivent profiter à beaucoup de patrons, banquiers, policiers, douaniers, hommes politiques au Maroc, c’est sans doute la principale ressource du pays après les devises des travailleurs immigrés. Dans un pays pauvre et corrompu, le marzen n’a pas de peine à se développer. Mais pour des volumes et des sommes pareilles, il faut aussi des complicités en Europe. Comment ce petit pays pourrait-il tenir tête à ses puissants voisins ? Pourtant, Mohamed VI est courtisé par tous les dirigeants européens alors que son pays nous pompe chaque année des milliards d’euros hors taxes.

    L’économie gangrenée

    L’argent du hasch est perdu pour l’impôt en Europe mais il permet au Maroc de payer les nombreuses entreprises européennes, surtout françaises, qui travaillent dans ce pays. Les entrepreneurs européens impliqués dans l’import ou le blanchiment réinvestissent leurs profits, souvent dans leurs entreprises qui deviennent florissantes au prix d’une concurrence déloyale pour les entrepreneurs honnêtes du même secteur. Les banquiers, pas seulement suisses, peuvent-ils encore se passer de ces capitaux flottants souvent disponibles pour des opérations à haut risque ? L’argent du hasch pervertit notre économie à haut niveau, nous sommes loin de l’imagerie d’Epinal des gangs de cités qui survivent grâce au shitstème. Bien au-dessus d’eux, on construit des routes, des usines ou des armes avec l’argent qu’ils collectent en bout de chaîne.

    Des solutions ?

    Pour justifier la prohibition, on peut disserter des heures sur le syndrome amotivationnel des ados qui abusent du joint, on peut ergoter sur les taux de THC, on peut s’empoigner sur la liberté de disposer de son corps et de son esprit… mais chaque année qui passe sans solution pragmatique gangrène un peu plus notre économie. Une dépénalisation de la consommation privée des adultes et de l’autoproduction pourrait diviser en deux le marché noir sans paraître trop incitatif pour la jeunesse puisqu’il n’y a pas de commerce, donc risque de prosélytisme. Une réglementation de la production et de la distribution à but non lucratif peut être envisagée, ces clubs seraient un recours au marché noir pour les adultes. Un marché réglementé comme pour le tabac et l’alcool aurait le plus d’impact économique mais ne garantirait pas forcément une bonne répartition socio-géographique des emplois. Il n’a jamais été question d’un marché libre, sans restriction d’age, de publicité, de santé publique.

    Les solutions existent, plus de 100.000 Suisses ont signé l’initiative populaire pour un marché réglementé, cela correspondrait à environ un million de Français si ce système de démocratie directe existait dans ce pays. Ce processus est assez long et incertain, il ne concerne qu’un pays, il doit servir d’exemple mais à long terme. Devrons-nous attendre dix ans pour réformer cette aberration destructrice ? Oui, si nous ne faisons pas davantage entendre nos arguments partout où c’est possible.

    Laurent Appel

    Maroc : à qui profite le kif ?

    Le procès qui s’est ouvert au tribunal de Bobigny le 5 septembre 2005 met à jour les coulisses d’un trafic de hasch, de devises et de lingots d’or. Le Gri-Gri révèle l’implication de magnats marocains et de commerçants du Sentier.

    Longtemps, les autorités marocaines ont rabâché une version : le trafic de cannabis est organisé par des mafias étrangères exploitant des paysans du Rif sous-payés. Seulement, en France, pas moins de cinq procédures judiciaires contredisent cette rengaine. À en croire les enquêtes policières qui ont disséqué le fonctionnement de ce juteux commerce, les gros bonnets sont des magnats marocains de l’import-export associés à des commerçants du Sentier, temple parisien de la fringue, originaires du Royaume.

    Le 5 septembre, une de ces procédures a abouti à l’ouverture d’un procès fleuve à Bobigny, en banlieue parisienne. Les 26 prévenus, pour la plupart des Marocains, sont accusés d’avoir participé au blanchiment de l’argent du haschich et à son rapatriement sous forme de devises et de lingots d’or vers leur pays d’origine. Entre 100 000 et 140 000 euros tous les deux jours

    Une filière entièrement pilotée à distance par des négociants basés au Maroc.

    Parmi eux, les C., une famille de Nador, propriétaire d’échoppes de tissus et de cybercafés dans plusieurs villes du Royaume. Une couverture, soupçonne la justice française. Dans leurs arrière-boutiques, ces commanditaires délivrent leurs instructions au jour le jour à leurs intermédiaires basés sur l’autre rive de la Méditerranée. Leur station-service située à Nador sert de plaque tournante. À l’aller, les tonnes de résine de cannabis y sont embarquées à bord de camionnettes, de 4×4, voire de bus. Direction la France, la Belgique, l’Allemagne, et les Pays-Bas.

    Au retour, c’est aussi là que les billets et lingots d’or sont déchargés. La fraîche est alors investie dans l’immobilier et dans la culture du chanvre. Et l’or, refourgué aux bijoutiers. Plus intrigant, A. T., l’un des accusés-clés de ce procès (qui comparaît libre !), n’est autre que le bras droit d’un personnage fort connu : …. Soupçonné de blanchiment d’argent par la justice française, ce Franco-Marocain a été arrêté en avril 2004 à l’aéroport de New York et discrètement extradé vers Paris. Très proche, sous le règne d’Hassan II, de Mohamed Médiouri, puissant patron de la sécurité du Palais royal, il est le fils de …, un richissime homme d’affaires du Royaume qui a fait fortune dans le négoce de la ferraille et des engins de travaux publics. Un patriarche si influent qu’il a obtenu que son fils et son acolyte soient défendus par P. H., une star du barreau parisien, également avocat de M. R. (né au Maroc et ami de la couronne), de L. G. et de feu A. S.

    D’après les écoutes téléphoniques, A. T., employé de … dans son magasin du Sentier, joue également les coursiers pour le compte de son patron, faisant la navette entre Paris et Lyon pour rapporter des sacs de sport bourrés de billets. Des sommes qu’il confie illico aux bons soins de M. C., collecteur en chef présumé du réseau, basé à Paris. Ce plombier de formation est soupçonné d’avoir organisé le ramassage, le blanchiment et l’expatriation hors de France de la totalité de l’argent issu de la vente du hachisch. Look gentillet, tempérament réservé, ce Marocain de 29 ans a toutes les qualités pour remplir sa discrète mission. De jour comme de nuit, il sillonne l’Hexagone et même l’Europe à bord de sa Mercedes pour récupérer le magot. En province, il ne se déplace jamais pour moins d’un « mètre », soit 100 000 euros dans le jargon des trafiquants. Début 2003, il aurait ainsi collecté 3,2 millions d’euros en deux mois.

    Une fois l’argent récolté, l’efficace M. C. s’en débarrasse dans les 48 heures. Le grisbi est d’abord stocké à Clichy-la-Garenne chez A. B. dit le « Boupastélé » (le boulanger en arabe). Un modeste commerçant, en apparence, qui possède tout de même un million d’euros, trois boulangeries et une demi-douzaine d’appartements.

    Puis une partie des espèces est écoulée via des comptes bancaires suisses et israéliens. Au total, 5 millions d’euros auraient transité vers le « pays propre », nom de code désignant la Confédération helvétique. Là, détail troublant, dans le dossier apparaît un nom donnant un tout autre relief à l’affaire : J. M.. Du fait de ses liens avec S. H., autre sommité marocaine, ce banquier suisse fait l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par le juge d’instruction Philippe Courroye pour blanchiment de capitaux provenant de crimes et délits dans le cadre de l’enquête sur les ventes d’armes à l’Angola.

    Quant au reste du pactole, M. C. en convertit une grande partie en or. Chaque semaine, il commande entre 30 et 50 « fèves » auprès de deux agents de change de la Bourse et du Panthéon, à Paris, également poursuivis dans ce procès.

    Dernière étape, l’expédition des devises restantes et des lingots vers le Maroc. Le trésor est planqué dans les portières et sièges des voitures confiées à des passeurs marocains, visiblement sélectionnés pour leur allure de bon père de famille. Le principal d’entre eux, A. M.. Bien qu’il soit surnommé « Khadafi », ce retraité de 62 ans, père de 6 enfants, n’a rien d’un bandit de grand chemin : petite moustache, lunettes rondes, visage poupin et aspect bonhomme. Et pourtant, il aurait transporté plus de 600 lingots. C’est lui qui, fin avril 2003, sera arrêté avec 400 000 euros camouflés dans sa vielle fourgonnette Mercedes.

    Une interpellation qui permettra aux policiers de démanteler la branche française de ce réseau. Mais ils ne parviendront pas à remonter jusqu’aux commanditaires marocains. Seuls quatre mandats d’arrêts seront délivrés à l’encontre de membres du clan C.. Des mandats restés lettre morte. Plus curieux encore, malgré l’ampleur du trafic, aucun flic, ni douanier, ni gendarme du Royaume n’est inquiété. La complicité des douanes de Tanger ou d’ailleurs reste encore et toujours la partie la plus immergée de l’iceberg.

    Les amis du gri-gri

    Source: Chanvre Info

    Tags : Maroc, trafic de drogues, cannabis, haschich, kif, Ketama, Rif, chanvre,

  • Marruecos : Turismo del cannabis, una nueva fuente de ingreso

    Los servicios de seguridad españoles tendrán que seguir gastando una fortuna en patrullas marinas y a lo largo de la costa andaluza para luchar contra el tráfico de drogas provenientes de Marruecos.

    En lugar de lugar de destruir los cultivos de hachís, Rabat promociona este producto para atraer a los turistas y, de esta manera revitalizar el turismo, un sector vital para Marruecos y que constituye uno de sus principales fuentes de ingreso.

    En este artículo, la página Cannabis Magazine aporta más detalles.

    TURISTAS SE APUNTAN A LA RUTA DEL CANNABIS EN MARRUECOS

    En el bar del hotel, Beatrix, una alemana de 57 años con estilo hippie, se arma un porro a vista de todo el mundo; destaca la “calidad del hachís”.

    Puede que no salga en las guías turísticas ni en los folletos que promueven los viajes a Marruecos, pero la ruta del cannabis atrae al país cada año a miles de personas que buscan disfrutar de los efectos del hachís cerca de donde se produce.

    “El clima aquí es muy especial. ¡No crece nada salvo el ‘kif’!”, dice riéndose Hassan, un marroquí de unos 40 años, en un hotel de la región de Ketama, en el norte, una región considerada como “la meca de la producción de hachís”.

    “Es nuestra principal riqueza”, explica Hassan, que lleva en la muñeca un ostentoso reloj de oro y habla poco sobre sus frecuentes viajes a Casablanca.

    En el bar del hotel, Beatrix, una alemana de 57 años con estilo hippie, se arma un porro a vista de todo el mundo. La turista cuenta que se enamoró de la región por “la calidad del hachís y la amabilidad de sus habitantes”.

    Pese a que en Marruecos el cultivo de cannabis era el medio de vida de unos 90.000 hogares en 2013, según los últimos datos oficiales, vender o consumir droga está prohibido por la ley. Pero en Ketama, donde son muchas las plantaciones que acogen al visitante, el hachís forma parte del patrimonio local y el consumo es ampliamente tolerado.

    Junto con sus amigos, Beatrix organizó a mediados de septiembre un “festival” en Ketama, llamado Bombola Ganja, que en realidad fue una velada entre fumadores delante de la piscina del hotel. En el cartel para la página de Facebook del evento las plantas de cannabis relegaban a un segundo plano a los DJ que prometían mezclas para un “trance psicodélico”.

    Los organizadores también incluyeron un mensaje para pedir que se legalice el cannabis con fines medicinales.

    ¿Pero, por qué elegir Ketama? “Es difícil de responder”, afirma Abdelhamid, director del hotel. “La gente viene atraída por las montañas, el senderismo, el clima”, cuenta, sin mencionar la cultura local del hachís. Cada año, miles de turistas llegan a Ketama, principalmente europeos, pero también viajeros provenientes de las grandes ciudades del país.

    Desde las décadas de los 60 y 70, cuando la ciudad era muy apreciada por los hippies, la imagen de la ciudad ha decaído.

    Este destino comenzó a hacerse un nombre como un lugar “sin ley” y a finales de la década de los 90 la guía francesa Routard incluso aconsejaba a los turistas que evitaran esta zona.

    “El turismo registró una fuerte caída”, confirma a la AFP Mohamed Aabbout, un activista local. Para él, esto también se explica por “la extensión de la cultura del ‘kif’ a otras ciudades del norte de Marruecos”.

    Los “kificultores”

    Destino A unos 100 kilómetros de la ciudad de Chefchaouen está la localidad conocida como Chaouen, es el centro de otra región reputada por su producción. Aquí, los pequeños traficantes y los falsos guías acosan sin tregua a los turistas para ofrecerles hachís o paseos por las granjas para conocer a los “kificultores”.

    Compra “Aquí hay plantas mexicanas, afganas y la beldia (local, en árabe)”, explica un guía, que afirma que la mayoría de los agricultores importa las semillas para obtener más producción; un joven vestido con una camiseta del Paris Saint Germain gastó $us 230 en cannabis.

    Tags : Marruecos, hachís, cannabis, drogas, estupefacientes, kif, Rif, Ketama, turismo de cananabis,