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  • Maroc-Rif : Transfert des prisonniers rifains vers le Nord

    Selon plusieurs sources, des prisonniers rifains ont été transférés de la prison d’Kacha, à Casablanca, vers des prison se trouvant au Nord du Maroc.

    Hamdi El Mahdaoui, directeur du site « El Badil » a été transféré vers la prison de Tifelt. Il est condamné à 3 ans de prison.

    Nasser Zefzafi, Nabil Ahamjik et Ouassim Al Bousettati, tous les trois condamnés à 20 ans, ont été transférés vers la prison de Ras El-Ma (Fès)

    La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion a annoncé sa décision de transférer les prisonniers du mouvement rifain de la prison d’Okacha à Casablanca vers un groupe d’institutions pénitentiaires situées dans le nord du royaume.

    Dans un communiqué, la délégation a expliqué que la décision de transfert « intervient après que les jugements en appel aient été rendus à l’encontre de l’ensemble des détenus sur fond du mouvement rifain et dans le cadre d’un rapprochement géographique de ces détenus avec leurs proches et pour le maintien de leurs liens familiaux et sociaux ».

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Okacha, prisonniers rifains, transfert,

  • Maroc : Les plantations de cannabis inaccessibles par Google Earth (Vidéo)

    Le Rif est super beau. C’est moins haut que l’Atlas mais les pentes sont vertigineuses. Les vallées sont très encaissées.

    Ensuite 20 a 30 km avant Ketama les cultures ont changé pour passer à la mono culture du kif (ou du cannabis). Maroc 2 ème producteur mondial avec cette région, 1er fournisseur de l’Europe. Il y en a partout, des champs de cannabis.

    Ketama est une petite ville du Rif (nord du Maroc) qui doit sa survie essentiellement à l’exploitation du cannabis introduit dans la région par les Espagnols il y a cinq siècles.

    Ketama est aussi une vallée qui s’étend sur plusieurs milliers d’hectares. C’est la première région productrice de cannabis dans le monde.

    Elle a commencé à être connue en Europe dès les année 1970 par les amateurs de cannabis, durant lesquelles plusieurs Européens y sont même venu s’installer.

    Elle est connue dans le monde pour la qualité du hachish qui y est produit et pour son goût sucré plus que pour la beauté des paysages.

    Tout le monde t’en propose même les enfants. Sur la route les voitures t’arrêtent, les piétons pareil et en ville c’est pire. On ne peut pas faire 2 pas sans qu’on te demande si tu n’en veux pas même pour faire le revendeur.

    « Le Rif, c’est le kif » (*)

    Le Rif, chaîne de montagnes, située dans le nord-ouest de l’Afrique, longeant la côte méditerranéenne du Maroc, de la ville de Tanger à la frontière occidentale de l’Algérie, sur une distance de 350 km environ. La chaîne du Rif fait partie des monts Atlas. La Région est connue mondialement pour être le premier exportateur de Cannabis au monde. La culture du cannabis est intensive dans la partie centrale, entre Chefchaouen et Targuist .

    Côté pile, le Maroc attire près de 6 millions de touristes par an. Côté face, les montagnes du Rif restent le repère des plus gros narcotrafiquants d’Afrique. Une zone de non-droit sauvage et enclavée, dans laquelle certains motards n’hésitent pourtant plus à s’aventurer.

    Le Rif, c’est le kif : Selon Interpol, environ 90% du haschisch saisi en Europe en 2001 provenait du Rif Marocain et du Souss où la culture du cannabis constitue toujours la principale activité agricole rentable du pays. Un million de personnes serait concerné par la culture du cannabis rien que dans cette région. Du fait de son caractère illégal, les revenus que procure la culture du cannabis sont sans commune mesure avec ceux des cultures vivrières. Le cannabis est 40 fois plus rentable que les cultures de céréales : quand un hectare de maïs rapporte 800 euros, un hectare de cannabis peut rapporter dans des conditions optimales jusqu’à 30000 euros.

    La production annuelle de la résine extraite des feuilles de chanvre dans le Rif est estimée suivant les années entre 1000 et 2000 tonnes.

    L’essentiel du massif du Rif s’étage entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, le point culminant, le djebel Tidighine, (2 450 mètres) . La chaîne est entaillée de vallées profondes qui rendent la circulation difficile.

    La partie occidentale, bien arrosée, est couverte de forêts (chênes verts, chênes-lièges, cèdres) et de maquis. L’est est plus sec.

    La densité de la population est élevée (80 à 100 habitants au kilomètre carré) et les villes nombreuses en bordure : Tanger, Tétouan, Ouezzane, Taza. Les Rifains pratiquent également l’élevage, l’arboriculture et la céréaliculture.

    Les routes du cannabis

    Dans les montagnes du Maroc, la production de cannabis génère énormément de devises. Pourtant, la misère perdure… tout chez les agriculteurs. Les autorités marocaine parlent d’Eldorado et opportunité pour le Maroc de se développer. Tout d’abord, la monoculture du cannabis malgré que depuis de longues années a nettement dégradé les terres, qui sont aujourd’hui pratiquement devenues stériles. En effet, la hausse de la demande a provoqué le besoin en terrains encore cultivables. Le résultat en est l’extension de la production vers les régions voisines, une fulgurante hausse des prix de vente des parcelles, et surtout la destruction d’hectares de forêt et des espèces qu’elles abritaient. En 20 ans, la surface forestière de la région à diminué de 40%.

    Le réseau commercial du « chichon » (cannabis) en Europe « commence dans le Rif, la montagne marocaine qui borde la Méditerranée où la culture du cannabis a pris une extension dévorante », selon un reportage du journal Le Monde. Le « chichon », le cannabis ainsi appelé à Marseille, « vient du Maroc qui fournit, selon le rapport 2005 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, 31 % de la production mondiale et 80% des 3 000 tonnes fumées chaque année en Europe », rappelle le reporter.

    Selon la même source, « L’ONU évalue le marché marocain du cannabis à 10,8 milliards d’euros en 2004 (12,3 milliards en 2003). Entre l’achat initial et la revente au détail, le kilo de résine passe de 300 ou 400 euros à 1500 ou 2000 euros ». « Tout commence dans le Rif, la montagne marocaine qui borde la Méditerranée où la culture du cannabis a pris une extension dévorante », rapporte le journaliste, décrivant que « dans les deux plus hautes vallées de Chefchaouen et de Ketama, elle a pris l’allure d’une quasi-monoculture. Dans certains villages, on trouve une succession de ‘‘garages-ateliers’’ : taxis Mercedes, 4×4 et camions y sont ‘‘blindés’’, c’est-à-dire équipés de caches pour mener la marchandise vers les villes ou les côtes ».

    Le reporter, qui a remonté toute la filière du producteur marocain au consommateur européen, poursuit que « dans ces vallées arides où se succèdent des douars misérables, les terrasses où pousse la plante verte se juchent sur le moindre replat » et « les paysans les plus pauvres n’ont qu’un lopin. Eux n’extraient pas la résine. Ils vendent leur maigre production de plantes à plus riches qu’eux ». Ces « paysans-entrepreneurs vendent directement et proposent souvent eux-mêmes un transport vers l’Europe », quitte « à passer par les barons, installés dans les villes côtières : Tanger, Tétouan, Nador ou Casablanca. En 2003, 3070 tonnes de haschisch sont sorties des provinces du Nord. 2760 tonnes en 2004 ». Le reporter note que le rapport de l’ONU « répartit les 120 000 à 130 000 hectares de culture du cannabis dans le Rif en trois zones, qui se différencient par le degré plus ou moins grand de tolérance des autorités ». « Quelle que soit la zone d’où vient le haschisch, il faut l’exporter », poursuit-il, relevant que « les voies de sortie sont aussi nombreuses qu’ingénieuses », notamment par « conteneurs sur les navires de commerce » et que « Tanger, et surtout Casablanca, sont les meilleures portes ». « L’essentiel du trafic, de l’aveu des policiers, douaniers et vendeurs, passe par l’Espagne, où s’opère la plupart des ruptures de charge », note-t-il.

    A la livraison, « on ne paye que la moitié. Cette modalité de paiement est générale tout au long de la chaîne, du Rif jusqu’à la revente par les dealers de rue », relève-t-il. Entre l’achat initial et la revente au détail, le kilo de résine de cannabis passe de 300 ou 400 euros à 1500 ou 2000 euros. Un article d’appui au reportage, réalisé en Espagne, rapporte que ce pays, du fait de sa proximité avec le Maroc, détient, en matière de trafic de drogues des records qui traduisent son rôle de porte d’entrée de l’Europe. L’une des place tournante du commerce du cannabis est Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles).

    En octobre 1992, et sous la pression de la CEE pour que cesse la production du kif, le roi Hassan II reconnaît l’ampleur du phénomène : 50 000 hectares à ce moment-là. Cette reconnaissance était nécessaire pour que son pays continue à toucher des aides européennes, pour ne pas mettre quelques 200 000 paysans au chômage, et sortir le Rif de l’extrême pauvreté. Le doute persiste toujours quant à la volonté réelle du Roi de restreindre cette activité. En effet, le gouvernement marocain permet la culture du cannabis dans certaines zones, et exerce une répression totalement aléatoire, décidant de la diminution de l’espace cultivable à tout moment et sous tous les prétextes, et ne s’en prenant toujours qu’au petit paysan plutôt qu’aux contrebandiers qui ont régulièrement des succursales de distribution dans certain noyaux commerciaux en Europe.

    Par quelle voie le cannabis est-il acheminé en Europe ?

    Des collecteurs viennent acheter directement la marchandise aux paysans. Et puis, il y a aussi les ânes qui sont dressés pour rejoindre seuls dans la montagne des laboratoires où la poudre de haschisch est transformée en résine. Après, la drogue passe par bateau : les trafiquants utilisent des go fast, des canots pneumatiques avec des moteurs de 500 chevaux qui transportent jusqu’à 1 500 kilos. Et ce à partir des ports de Oued-Lalou, Martil et Bou-Ahmed. Certains bateaux vont directement en Espagne jusqu’à Malaga, d’autres transbordent la marchandise en mer sur des yachts. Les commanditaires vivent à Tanger, à Rabat et sur la Costa del Sol espagnole. Autre circuit : les camions qui descendent vers les ports du Sud, Agadir, Essaouira, et parfois jusqu’à Dakar. Enfin, il y a les avions et les hélicoptères venus d’Espagne. Il existe également un tourisme spécifique liée au Cannabis, vendu aux abords de n’importe quelle artères des villes marocaines aux touristes européens. Certains européens (surtout des français) viennent parfois s’établir au Maroc pour obtenir la substance chez le producteur.

    Des deux côtés de la Méditerranée, les autorités laissent faire…

    En Afrique, la rumeur court que l’Europe légalise l’usage : la Hollande, la Belgique (Molenbeek Saint-Jean en est la plaque tournante), la Grande-Bretagne. La Suisse va soumettre à référendum la possibilité de produire pour son usage personnel. De là à ce que certains de ces pays passent à une «autoproduction»… Au Maroc, on sent une vague inquiétude que les débouchés se tarissent. Ce devrait être une occasion de tout remettre à plat. Mais la France et l’Union européenne ne veulent pas déstabiliser un régime qui n’est pas islamiste. De plus, financer un véritable programme de développement du Rif serait très coûteux. 200 000 familles, soit un million de personnes, y vivent de cette culture et trafic. Si elles perdaient cette activité, elles constitueraient une vague d’immigrants sans précédent à destination de l’Europe. Au Maroc, le Rif a toujours été une région marginalisée : on ferme les yeux sur le cannabis qui leur permet de vivre et de se tenir tranquilles. Et au passage, la corruption enrichit les intermédiaires locaux.

    La corruption est une incontournable réalité dans le Rif

    Là où il y a délit, il y a corruption. La production, le trafic et la consommation sont des délits, et la corruption est une incontournable réalité dans le Rif – même s’il est, évidemment, impossible de la chiffrer.

    La grande question est donc : si on légalise le cannabis, le volume de la corruption dans le Rif baissera-t-il significativement ?

    À en croire l’ONG Transparency Maroc, chaque transaction économique légale dans notre pays engendre, en moyenne, un surcoût de 10 à 15% généré par la corruption. Même légalisé, le commerce du cannabis pourrait donc rester (au moins en partie) une activité “au noir” – tout comme le bâtiment ou le transport le sont aujourd’hui, dans l’unique souci d’augmenter les marges bénéficiaires des acteurs de ce commerce. Mais il y a tout de même une différence majeure : aujourd’hui, les intervenants dans le marché du cannabis sont obligés de corrompre, ils n’ont pas le choix. Demain, si le cannabis est légalisé, ils auront le choix. Fatalement, ils seront moins nombreux à faire ce choix. Et ceux qui le feront paieront de toute façon moins qu’avant, puisque “couvrir” du commerce au noir “coûtera” forcément moins cher que “couvrir” le trafic d’un produit illégal. L’un dans l’autre, la légalisation induira donc une baisse conséquente de la corruption.

    (*) Source : Last Night in Orient

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, kif, cannabis, haschich, drogue,

  • Maroc : l’État s’acharne contre les dirigeants de la révolte du Hirak

    Les 42 dirigeants du mouvement du Hirak, qui avait soulevé la région marocaine du Rif en 2016 et 2017 ont vu leurs peines confirmées par la Cour d’appel de Casablanca : elles sont de 15 à 20 ans de prison pour ceux désignés comme les responsables de ce prétendu « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État » selon les termes employés par la justice.

    Le mouvement du Hirak avait été déclenché par la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise.

    La dictature marocaine, qui bénéficie du soutien sans faille de l’État français depuis des décennies, entend terroriser les classes populaires pour briser toute contestation.

    Il faut espérer qu’elle n’y parviendra pas, d’autant que ce qu’accomplit en ce moment le peuple algérien les aidera à renforcer leur détermination.

    Source : Lutte Ouvrière

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, répression, Nasser Zefzafi,

  • Maroc-Rif : Communiqué de l’Association TAFRA

    L’Association TAFRA pour la fidélité et la solidarité avec les familles des détenus du mouvement populaire dans le RIF

    COMMUNIQUE ( Traduit de l’arabe par R.O)

    L’Association TAFRA pour la fidélité et la solidarité a appris avec indignation et consternation la décision de la Chambre criminelle près la Cour d’appel à Casablanca en confirmant les jugements en premiers instance à l’encontre des prisonniers politiques du mouvement rifain.

    La décision prouve la justesse de la position des détenus du mouvement rifain à boycotter les audiences de la cour d’appel en raison du refus de répondre à leurs demandes garantissant les conditions d’un procès équitable et son refus de rechercher la vérité des faits à partir du moment de l’événement de broyage martyr Mohcine FIKRI jusqu’à la décision de la Cour d’appel.

    Elle confirme également l’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire dans notre pays et son instrumentalisation pour liquider les voix libres.
    Le prononcé de la dernière décision du tribunal confirme l’intention de l’Etat makhzenien de vouloir mettre à genou le peuple devant son aspiration au changement, par la vengeance sur nos détenus par des procès fictifs et la persévérance à les humilier, ce à quoi ont répondu nos détenus sous une forme de protestation sans précédent, où ils ont entamé successivement une grave de la faim, de l’eau et de la parole.

    Cette grève a été entamée par les détenus Nasser ZEFZAFI et Mohamed AL HAKKI le lundi 08 avril 2019, ils ont suturé leurs bouches avec des aiguilles et du fil, pour protester contre les dispositions injustes adoptées par la Cour de d’appel.

    Avec la grève de la faim et les lèvres cousues, il se pourrait que les détenus rifains sont entrés dans une phase de non-retour incarnant l’un de leurs principaux slogans: Plutôt la mort que l’humiliation, et ils en font un cri retentissant sans pareil, la liberté ou le martyre.

    Nous tenons à condamner les jugements injustes et abusifs prononcées à l’encontre de nos prisonniers, nous devons alerter toutes les institutions de l’Etat, y compris le chef de l’état dont les jugements sont émis en son nom, et sa responsabilité historique et celle du moment à l’endroit des dépassements flagrantes et systématiques des droits de humains dans le RIF.

    De même, on leur rappelle également que la question du mouvement rifain est une question politique et sa solution ne sera pas judiciaire ni sécuritaire, mais une solution politique qui nécessite d’agir dans l’urgence pour sauver la vie de nos prisonniers, les libérer et accéder à leurs exigences, une véritable réconciliation avec le RIF en changeant la doctrine politique de l’Etat à son endroit et la rupture avec l’approche sécuritaire systématique envers lui. Ce ne sera pas atteint sans aucun doute, sans le passage à l’état de droit et aux institutions véritablement indépendantes. Les sacrifices de nos détenus et la vie de nos martyrs passés et à venir ne sont pas en vain et conduiront inévitablement à l’effondrement du système de la corruption, de la tyrannie et de l’oppression, peu importe le degré de la répression et l’autoritarisme dépourvu de toute légitimité sociétale.

    À cet égard, nous rappelons que ceux qui méritent la peine de nos détenus, ce sont les assassins du martyr Mohcine FIKRI, d’Imad AL ATTABI et d’autres, ainsi que ceux qui ont incriminé le RIF, l’accusant de sécessionniste et ont été la cause de la récente tragédie, en plus du système de corruption qui a ravagé la RIF, détruit son tissu sociétal et pillé ses ressources comme d’autres régions du pays.

    Sommes fiers de la fermeté de nos détenus et de leurs familles, nous saluons les défenseurs de leur innocence et exigeant leur liberté, nous prions les masses populaires et les organisations de soutien aux détenus du mouvement rifain, au niveau local, national et international pour rallier autour des détenus politiques du mouvement dans le RIF et de leurs familles, et de monter d’un cran dans leur mouvement de lutte et de l’unité, de faire face à la prédominance d’un Etat qui affronte son peuple et refuse d’écouter ses exigences justes et légitimes et veut rester prisonnier de la servitude déguisée, alors que nous vivons dans une époque de la libération des peuples des régimes voyous. A cet égard, les leçons des peuples nord africains sont là pour ne le rappeler.

    Enfin, restons unis dans des situations difficiles et dans l’adversité majeure. Évitons les accusations de trahison, cela ne fait qu’approfondir nos blessures et nos tragédies. Le RIF, qui a la beauté de Youssef, est saignant et les rifains sont attristés à l’image de son père, sont peinés, comme si leur patrie les pousse à un sort en dehors de lui, et l’Etat qui est corrompu à l’image de ses frères , continue dans sa tyrannie.

    Pour le bureau de l’association

    Le 09 avril 2019.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, prisonniers politiques, répression, Makhzen, 

  • Maroc-Rif : Appel à la solidarité avec le peuple rifain

    Dans la nuit du vendredi 5 Avril 2019, la justice marocaine, instrumentalisée par le régime politique, a condamné les leaders du mouvement populaire rifain (Hirak) à des peines pharaoniques et très lourdes allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, suite à une parodie de procès. Alors que tout le Rif, au nord du Maroc, est sous un embargo sécuritaire.
    Au total, ce sont 360 années de prison qui ont été infligées aux 53 détenus politiques pour avoir osé manifester pacifiquement et revendiquer le développement de la région (construire une université et des écoles, des hôpitaux pour faciliter l’accès aux soins et créer des emplois pour les jeunes) pour pouvoir vivre dignement.

    Depuis le début du HIRAK, le mouvement de protestation sociale au RIF en 2016 et 2017, ce sont près de 500 détenus d’opinion qui sont emprisonnés arbitrairement dans les geôles marocaines où le recours à la torture et au viol sont monnaie courante.

    Ces jugements et la répression, qui est toujours en cours et subie par la région depuis des décennies, inscrivent plus que jamais le Maroc du roi Mohammed VI, roi des pauvres soit disant, dans la continuité des années de plomb de feu son père Hassan II et son ancêtre Mohamed V.

    Le Comité de Soutien au Mouvement Rifain Paris | CSMR Paris appelle à un rassemblement Samedi 13 Avril 2019 à Paris et vous invite, vous et vos proches, et vous prie de venir manifester votre opposition à ces pratiques dictatoriales d’un autre âge pour demander et exiger la libération de tous les détenus politiques au Maroc (RIF, JERADA, ZAGORA …) et d’être solidaire avec leurs familles.

    RASSEMBLEMENT SAMEDI 13 AVRIL 2019, à CHÂTELET, LA FONTAINE DES INNOCENTS, à PARIS, à 18h30.

    Comité de Soutien au Mouvement Rifain Paris | CSMR Paris

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, prisonniers politiques, répression, Jerada, Zagora,

  • Maroc-Rif : Sur ordre du Roi, embastillés et Bouches cousues !

    Un carnage judiciaire au pays des confusions des pouvoirs !

    Par Mohamed BENTAHAR

    Pour protester contre un verdict de voyous, contre le mépris de l’institution judiciaire totalment asservie au Makhzen, ils sont trois se fermant les lèvres avec fil et aiguille.

    Ils sont trois, dès le début du mois d’Avril 2019, lorsque le juge Tawfiq, de la cour d’appel de Casablanca confirme le verdict de première instance de Juillet 2018, les condamnant à 20 ans, 15 ans, 10 ans et à d’autres peines hallucinantes. Trois embastillés défendant les leurs, les citoyens d’une région militarisee et montée au pilori depuis 60 ans et les armes destructives de Hassan II en 1958.

    Trois à se coudre la bouche pour protester comme l’ont fait leurs ancêtres révoltés du Rif noyés par la monarchie et le Parti de l’Istiqlal de l’époque sous les bombes avec une campagne de liquidation collective contre les Rifains qui n’ont pas accepté les nouvelles conditions politiques et sociales du nouveau système colonial.

    Ces honorables embastillés se sont levés contre le sort que leur réserve le Makhzen, car au pays du monarque tout est sur ordre de son système. Des mois durant qu’ils attendaient plébisciter la vérité et le droit en lieu et place du despotisme de fin de règne.

    Cela fait 3 jours, les lèvres meurtries, le ventre vide et seront probablement rejoints par d’autres jeunes parmi ce qui se fait de plus noble dans LE RIF.

    Et la mort est au bout du tunnel !

    Torturés, humiliés, psychologiquement décomposés par une police dédiée à l’inhumain et formée à réduire au néant toute dignité humaine.

    Les trois bouches cousues de la « monarchie », témoins de la barbarie d’un système corrompu, affairiste et mafieux avec ses ramifications responsables de ce que ces Bouches endurent.

    Ces Bouches cousues et embastillées le sont sur ordre du suprême, celui qui est chef de tout. Sur ordre du Makhzen incarné par le Roi.

    Car c’est sur ordre de Roi, l’incarnation du gouvernement des ombres, des double-vies et de l’impérial, les vassaleries deviennent gouvernance et l’honnêteté des petites gens une accusation.

    Car sur ordre du Roi, que la Démocratie se résume à gouverner seul, à régner seul, à préserver la primaire sur toute chose.

    Car c’est sur ordre du Roi, que la justice est carnage et parodie.

    Car sur ordre du Roi, que le pouvoir au Maroc procède du droit divin. Le monarque est un personnage « sacré », statutairement à mi-chemin entre l’humain et la divinité.

    Car sur ordre du Roi, que le peuple doit toujours au roi respect et tawqir, terme arabe évoquant une attitude à mi-chemin entre la révérence et l’adoration et, surtout, expression historiquement utilisée pour distinguer le lignage prophétique dont se réclament les rois du Maroc depuis des siècles.

    Car sur ordre du Roi, que la pluie, la richesse, l’ordre, l’allégeance… sont autant de sujets que les sujets eux-mêmes séculairementt assujettis.

    Car sur ordre de sa Majesté, les routes, les écoles, les hôpitaux, les édifices sont bâtis ou oubliés, selon vos humeurs et vos fièvres.

    Alors!

    Ne nous dites pas que ce n’est pas sur ordre de sa Majesté que les verdicts sont prononcés.

    Responsable ? Oui.

    Coupable ? L’histoire interrogera le Makhzen sur l’ensemble de son oeuvre !

    Et “l’important ce n’est pas tellement d’avoir des souvenirs (mauvais souvenirs ), c’est toujours de régler ses comptes avec eux”, écrit Umberto Eco.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Rif, Hirak, Makhzen, répression, prisonniers politiques, Nasser Zefzafi, Mohamed Al-Haki,

  • Maroc : Contre la dictature de Mohamed VI, solidarité avec le peuple rifain et ses prisonniers !

    Dans la nuit du vendredi 5 avril, quelques jours après la visite du Pape à l’occasion de laquelle la monarchie marocaine a cherché à vendre une image « d’ouverture et de tolérance », la justice « indépendante » de la dictature de Mohamed VI a confirmé, après un simulacre de procès, les lourdes peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour les principaux animateurs du Hirak rifain. Boycotté par les concernés, ce procès et ces peines confirment le retour aux années de plomb et la permanence d’une gestion quasi coloniale de la région du Rif, toujours maintenu sous une chape de plomb sécuritaire.

    Au total, ce sont 360 années de prison qui ont été infligées aux 53 détenus politiques, dont le seul crime est d’avoir manifesté pacifiquement pour des droits élémentaires et réclamé la dignité pour le peuple du Rif. 53 détenus auxquels s’ajoutent 500 autres prisonniers, arrêtés depuis le début de la mobilisation. Les détenus politiques de la prison d’Okacha, à Casablanca, ont assisté à une militarisation de leurs quartiers pénitentiaires après la confirmation des peines. Les prisonniers Nasser Zefzafi, condamné à 20 ans de prison ferme, et Mohamed El Haki, condamné à 15 ans, se sont cousu la bouche avec des aiguilles et du fil, en signe de protestation, et ont été suivis par d’autres depuis.

    Cette volonté de punir d’une manière exemplaire se veut une adresse à toutes les contestations sociales qui ne cessent de se développer sur tous les terrains et dans tout le pays malgré la répression. Loin d’être une exception historique ou un régime de transition démocratique, la dictature marocaine n’ignore pas la possibilité de soulèvements populaires, comme en témoignent aujourd’hui les mouvements au Soudan et en Algérie. Le régime pense y faire face en criminalisant le combat mené pour la justice sociale, la liberté et la dignité. Mais il ne fait que préparer les conditions d’un tsunami démocratique et social qui l’emportera bien avant que Nasser Zefzafi et ses compagnons aient fini de purger leurs peines.

    Le NPA apporte toute sa solidarité aux prisonniers politiques et à leurs familles, et exige la libération immédiate des détenus. Il condamne fermement le silence des États occidentaux complices, en premier lieu celui de la France, qui ne cesse de couvrir les crimes du règne actuel et lui fournit l’appui nécessaire pour réprimer le peuple marocain. Nous appelons à participer à toutes les initiatives de solidarité et à les amplifier.

    Montreuil, le 9 avril 2019.

    NPA

    Tags : Maroc, Rif, Hirak,

  • Maroc : Lahcen Tofli, l’instrument du Makhzen pour ses faux procès

    Lahcen Tolfi, le président de la Cour d’appel de Casablanca devait prendre sa retraite cette année, mais il a été prié de rester dans le but de conduire le procès contre les prisonniers rifains dont le seul crime a été de revendiquer un hôpital et une université dans une région longtemps marginalisée par les autorités marocaines.

    Comme d’habitude, Tofli n’a pas déçu ses manipulateurs. En toute naturalité, il a confirmé les lourdes peines prononcées par le tribunal de première instance.

    L’homme de choc du Makhzen est appelé à intervenir dans les situations difficiles où les autorités doivent faire preuve de fermeté et de cruauté. C’était le cas lors des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, ce qui pousse à croire que ce procès n’était qu’une mise en scène pour couvrir une opération exécutée par les services secrets en vue de crier au loup du terrorisme.

    Il a aussi dirigé une autre mise en scène à Casablanca en 2014 lors du procès de la prétendue cellule dormante d’Al Qaïda  composée, selon les autorités, de 3 saoudiens et 7 marocains qui projettaient, tenez-vous bien, de perpéttrer des « actes « terroristes » au Maroc et dans le détroit de Gibraltar ». Selon l’acte d’accusation, la cellule dormante du réseau d’Al-Qaïda « avait pour mission d’attaquer à l’explosif des bateaux de l’OTAN en Méditerranée, notamment des unités de la Marine américaine et britannique ». Une accusation aussi fausse que celle lancée contre les activistes rifains.

    Tags : Maroc, Lahcen Tofli, justice, Rif, Hirak, terrorisme,

  • Maroc : Abdelkrim Khattabi le fantôme qui hante les Alaouites

    “Président de la république” puis prisonnier sous Mohammed V, résistant exilé sous Hassan II, symbole historique dérangeant sous Mohammed VI… Le héros du Rif continue de peser de tout son poids sur la monarchie.

    Le 6 février 1963 s’éteignait celui qui fut l’émir du Rif, le seul (éphémère) président qu’ait connu le Maroc. 37 ans après avoir quitté sa terre natale, Abdelkrim Khattabi succombait à une attaque cardiaque dans son exil cairote. 46 ans plus tard, force est de constater que sa mémoire officielle n’est pas à la hauteur de son épopée. Certes, des boulevards portant son nom ont fleuri un peu partout au Maroc. Certes, des historiens, marocains ou étrangers, se sont penchés sur le cas d’école qu’il a représenté. Son souvenir officiel reste pourtant une affaire difficile à manier, une épine dans le pied d’une monarchie alaouite en mal de symboles populaires.

    Une mémoire occultée

    Populaire, Abdelkrim Khattabi l’est toujours. En témoignent les commémorations discrètes mais régulières de son action : samedi 7 février, le groupe universitaire de recherche sur Abdelkrim Khattabi organisait un colloque dans la banlieue de Rabat ; courant du mois, l’association Mémoire du Rif, qui publie sa revue annuelle chaque 6 févier, prévoit des rencontres entre des témoins de l’époque et des habitants d’Al Hoceïma. Le souvenir de l’émir du Rif n’est pas réservé, loin s’en faut, aux seuls chercheurs ou à quelques rares autonomistes. Le groupe de musique casablancais Darga, avec son titre-phare Abdelkrim, a récemment illustré la persistance d’un mythe populaire que peuvent s’approprier tous les Marocains. Un mythe d’une étrange actualité mais que peine à récupérer le “nouveau règne”, pourtant très soucieux de revisiter l’histoire nationale.

    Dès son intronisation, Mohammed VI a envoyé des signaux très favorables et le retour dans le Rif de la dépouille mortelle de Abdelkrim semblait possible, voire imminent. L’exilé Abraham Serfaty n’était-il pas rentré au pays à l’appel du roi ? Mohammed VI n’a-t-il pas honoré le Rif de ses multiples visites, n’a-t-il pas rencontré le fils (aujourd’hui décédé) de Abdelkrim ? L’Instance équité et réconciliation a même planché sur le cas Khattabi. Rien cependant n’a abouti, et la petite nièce de l’émir du Rif, Fadila Jirari, est aujourd’hui amère : “C’est une erreur d’avoir voulu traiter le cas Khattabi dans le cadre du bilan des années de plomb. On a voulu en faire un dossier parmi d’autres, ce qui est loin d’être le cas. Il ne s’agit ni de la même époque, ni des mêmes responsabilités de l’Etat”. Et Fadila Jirari de marteler : “C’est au niveau le plus élevé (ndlr, comprenez le roi) que doit être demandé le rapatriement du corps de Abdelkrim”. Puis, de guerre lasse, elle lâche : “De toute façon, les conditions qui expliquaient son refus de rentrer au pays n’ont pas disparu. Sur le fond, rien n’a vraiment changé”.

    Le fond, c’est évidemment l’attentisme précautionneux dont a toujours fait preuve la monarchie à l’égard de l’émir du Rif. Car avec le temps, la mémoire de Abdelkrim Khattabi est devenue une arme de propagande à double tranchant que personne ne veut complètement négliger. Dans les années 1940 déjà, les ténors de l’Istiqlal avaient tenté de récupérer l’héritage de l’exilé du Caire. Huit ans après sa mort, au lendemain du putsch de Skhirat, les thuriféraires de la monarchie alouite, alors vacillante, convoquent de nouveau la mémoire de Abdelkrim. Magali Morsy (Abdelkrim et la république du Rif, actes du colloque de 1973, Maspero, 1976) écrit à ce sujet : “Le 10 juillet 1971, c’est Skhirat, suivi des exécutions du 13 juillet.

    C’est ce même mois de juillet (du 17 au 22 très précisément) qui aurait dû voir la commémoration du cinquantenaire de la déroute espagnole et de la victoire d’Anoual. C’est en fait un peu plus tard, après quelques semaines de désarroi, que se développe très rapidement un mouvement visant à remettre Abdelkrim à l’honneur. Le 1er novembre à 20 heures se tient, à Dar Massa, une ‘cérémonie en commémoration de la bataille d’Anoual, qui a marqué il y a cinquante ans la victoire du grand héros Abdelkrim Khattabi sur les forces coloniales’ (communiqué officiel). Cette cérémonie est marquée par des discours de Allal El Fassi et d’autres personnalités nationales”. L’historienne illustre ainsi l’enjeu mémoriel dont l’émir du Rif est l’otage, et explique aussi le regain d’intérêt que connaît la figure de Khattabi à l’orée des années 1970 : Abdelkrim devient un alibi du trône, un mythe démembré, privé de ses caractères national et républicain. Il n’est plus qu’un “leader rifain”, et sa guerre de libération est réduite à un “soulèvement populaire”, ultime avatar de plusieurs révoltes contre l’occupant occidental. Il est l’homme d’un contexte et d’une époque. Un souvenir.

    L’héritier d’un clan

    Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi voit le jour à Ajdir en 1882 dans une famille de notables longtemps liés au Makhzen. Son père Abdelkrim est cadi désigné par le sultan. L’un de ses oncles est gouverneur, un autre est précepteur des enfants du sultan. Une famille qui, dans la tribu des Beni Ouryaghel, inspire estime et respect. Le clan Khattabi se réclame également d’un aïeul prestigieux : le calife Omar Ibn Al Khattab, qui incarne dans l’imaginaire musulman sunnite les valeurs de justice, de probité et d’esprit de conquête. Un schéma somme toute classique dans un pays où les descendants du prophète et les leaders religieux sont fondateurs de dynasties et chefs de mouvements de résistance ou de dissidence. Le cadi Abdelkrim, père de l’émir, exerce une influence très grande sur son fils, Mohamed.

    Les noms des deux hommes vont se confondre, au point que l’auguste fils sera désigné à jamais par le nom de son père, Abdelkrim. Ambitieux et intelligent, Khattabi père prépare ses enfants au nouveau monde qui se profile. Il veut qu’ils soient les dépositaires d’une triple culture : berbère, arabo-musulmane et occidentale. Mohamed se dirige vers des études traditionnelles à l’université Al Qaraouyine de Fès, tandis que son jeune frère M’hammed poursuit des études d’ingénieur à Madrid.

    Les fils Khattabi sont à l’époque des précurseurs. Ils appartiennent à une génération pionnière de nationalistes marocains qui ont eu la possibilité d’apprivoiser la culture du colonisateur, maîtriser sa langue, connaître son histoire, pour mieux en dénoncer les contradictions. Dans ses correspondances avec les autorités espagnoles lors de la guerre du Rif, Abdelkrim fera d’ailleurs souvent référence aux conventions internationales et aux textes juridiques modernes. Il parle un langage qui trouble le colonisateur et met à mal l’image du barbare, fruste et inculte, qu’il faut civiliser. A Fès, Abdelkrim Khattabi découvre également les idées réformistes de Mohamed Abdou et de Rachid Reda, qui vont influencer profondément la pensée et les visions politiques du futur leader nationaliste. Nommé juge à Melilia, Abdelkrim succombe à l’appel de l’engagement politique et de la polémique. Il devient chroniqueur au supplément en arabe du journal espagnol, Telegrama Del Rif, qu’il va diriger par la suite. Comme le remarque judicieusement Zakya Daoud dans une biographie consacrée à Abdelkrim, il est alors l’un des premiers journalistes du Maroc. Dans ses chroniques, Abdelkrim critique violemment la France et place ses espoirs sur l’Espagne pour moderniser le Rif. Pendant des années, on considère Abdelkrim et son père comme des amis de l’Espagne. Les deux hommes sont décorés plusieurs fois par les autorités de Madrid. Une proximité qui leur attire la colère et la vengeance des résistants rifains menés par Ameziane, qui voient d’un très mauvais œil cette connivence avec l’ennemi. Les terres des Khattabi sont incendiées et leurs biens détruits par les résistants. Le soutien du clan Khattabi à la Turquie musulmane et à l’Allemagne pendant la Première guerre mondiale marque un tournant dans cette relation avec l’Espagne. Abdelkrim est emprisonné et accusé de haute trahison en 1915. Il est libéré quelques mois plus tard, grâce aux relations de son père, pour rejoindre son clan et sa tribu, avec de nouvelles convictions et de nouvelles idées.

    Le vainqueur d’Anoual

    Le clan Khattabi rejoint la résistance contre l’Espagne. Le père de Abdelkrim dirige la tribu des Beni Ouryaghel dans cette lutte contre l’envahisseur. Mais un événement dramatique survient en juillet 1920 : le patriarche et chef du clan Khattabi meurt empoisonné. Mohamed Ben Abdelkrim lui succède. Il se retrouve propulsé à la tête des Imjahden, les combattants de quatre tribus qui ont oublié leurs rivalités ancestrales pour mener la guerre sainte contre l’ennemi étranger. L’ancien juge et journaliste se transforme en fin stratège et commandant d’une armée qui ne cesse de prendre de l’ampleur, mais qui manque terriblement d’armes et de munitions. Abdelkrim réussit à mettre en place un premier noyau de tribus rifaines unies et parvient à créer un commandement centralisé et simplifié.

    Une révolution mentale chez les membres de ces tribus, traditionnellement rétives à l’autorité. Les victoires de la résistance sont au rendez-vous et Abdelkrim s’affirme comme le chef charismatique et incontestable de cette résistance. La bataille d’Anoual en juillet 1921 finit par asseoir définitivement l’autorité de Abdelkrim et fait de lui un héros national et une légende. A la tête de 1500 hommes, Abdelkrim part à l’assaut d’Anoual, où plus de 26 000 soldats espagnols et mercenaires sont retranchés. Les combattants de Abdelkrim tiennent un front de plus de 30 kilomètres et décident de ne pas abandonner leurs positions. Dans la confusion et la panique, le général Silvestre, commandant militaire de la région, décide d’évacuer Anoual pour se retirer vers Melilia. Une erreur fatale, car l’armée de Abdelkrim va fondre sur les colonnes espagnoles en déroute et massacrer soldats, officiers et mercenaires. L’armée espagnole perd une dizaine de milliers de soldats dans cette bataille, et les troupes de Abdelkrim récupèrent un butin conséquent et inespéré : 200 canons, 400 mitrailleuses, 25 000 fusils et plus de 10 millions de cartouches.

    Avec cette victoire retentissante, Abdelkrim se hisse au firmament et devient une légende au Maroc et dans le monde. Il est le porteur d’un nouvel espoir, d’une foi ardente dans la victoire malgré la supériorité militaire et technique écrasante de l’envahisseur étranger. Une période où le sultan du Maroc est sous tutelle de la France. Malgré les révérences et le respect manifeste porté par le résident général Lyautey, le sultan du Maroc Moulay Youssef ne dispose pas d’une once de pouvoir sur ses sujets. Dans son livre sur les mouvements d’indépendance au Maghreb, Allal El Fassi rapporte que les nouvelles des victoires militaires de Abdelkrim au Rif étaient accueillies avec ferveur dans tout le Maroc.

    En 1924, un centre de recrutement et de propagande pour le compte de l’émir est démantelé à Casablanca par les autorités françaises. Le risque de contagion à tout le territoire marocain pousse la France à rejoindre l’Espagne dans le combat contre Abdelkrim et son armée. Lyautey, en fin analyste politique, a compris le danger que représentait Abdelkrim en estimant que “toute la puissance coloniale de l’Europe d’Occident et surtout le destin de l’empire africain de la France” se joue dans les montagnes du Rif. Là où Abdelkrim entreprend la colossale tâche d’unir les tribus rifaines autour de lui dans une forme d’organisation politique inédite : la république du Rif.

    Monsieur le Président

    Les tribus du Rif incarnaient l’essence même de bled siba : la non-reconnaissance d’une autorité politique centrale, sauf celle spirituelle du sultan et une situation d’anarchie entretenue par les guerres entre différents clans et tribus. Robert Montagne, sociologue et conseiller de Lyautey, décrit ainsi la nature farouche et batailleuse des Beni Ouryaghel, tribu de Abdelkrim “les luttes intestines dans les villages y sont si constantes, si implacables, que nul n’ose construire sa maison près de celle de son voisin… Là où les Beni Ouryaghel étaient passés, il ne restait plus une porte, une poutre, un pot de terre”. Abdelkrim réussit pourtant à mettre fin à cette situation d’anarchie et à fédérer les tribus rifaines autour d’un projet de résistance et de libération du pays.

    Ce que les sultans du Maroc n’ont pas pu faire avec les armes et les campagnes militaires, Abdelkrim le réalise grâce à un subtil jeu d’alliances et d’implication des tribus dans la gestion des affaires du pays. En janvier 1923, Abdelkrim proclame la république du Rif dont il est élu président. Une assemblée nationale composée des représentants des différentes tribus, et présidée par Abdelkrim, dispose des pouvoirs législatifs et exécutifs. Un gouvernement est créé avec des ministres de l’Instruction et de la Justice, de l’Intérieur, de la Guerre, des Affaires étrangères et des Finances. Comme l’explique l’historien Mimoun Charqi, Abdelkrim a traduit, à travers cette forme d’organisation politique, ses connaissances acquises au contact des Espagnols, ainsi que les conseils prodigués par ses amis européens et américains.

    Abdelkrim voue également une grande admiration pour Atatürk et sa capacité à réformer son pays, la Turquie, en empruntant des lois et des modèles politiques à l’Europe. L’adoption d’une Constitution moderne correspond à la volonté de réforme politique qui anime Abdelkrim. Le fanatisme religieux et le maraboutisme représentent pour l’émir Abdelkrim un mal politique et culturel qu’il faut éradiquer. Quelques années plus tard il déclare à cet égard : “Ces gens n’ont pas participé à la lutte, parce qu’ils disaient que le combat pour la patrie ne les intéressait pas, leur rôle se limitait à la défense de la foi. J’ai tout fait pour débarrasser la patrie de leur influence”.

    Abdelkrim s’attaque également aux pratiques traditionnelles propres aux différentes tribus. Des codes juridiques inspirés du Droit musulman deviennent les seules références pour les juges, ainsi que les dahirs édictés par l’assemblée nationale et le gouvernement. L’émir du Rif interdit également l’esclavage pratiqué par certaines tribus et prohibe les propos désobligeants à l’égard des juifs, ce qui lui vaut un grand respect de la communauté juive. La république du Rif se profile comme la transition de bled siba vers une forme moderne de gouvernement.

    Elle devient le laboratoire des idées réformistes et modernistes de Abdelkrim, qu’il souhaite plus tard voir appliquées à tout le territoire marocain. Abdelkrim ne se positionne pourtant jamais comme un dissident, un rogui, un prétendant au trône. La prière n’est jamais dite en son nom, comme l’ont fait d’autres dissidents et aspirants au trône. Comme il l’explique lui-même : “Je n’ai aucune ambition. Je n’aspire pas au sultanat, ni au pouvoir absolu. Si je suis une gêne, je suis prêt à disparaître et laisser la place à un autre”. Pourtant, l’expérience de la république du Rif demeure une expérience inédite, presque invraisemblable, dans un pays habitué aux successions des dynasties monarchiques et aux hommes qui rêvent de devenir sultans et rois.

    L’exil forcé et l’évasion

    Le 27 mai 1926, Abdelkrim Khattabi, acculé, brisé par la force de frappe de deux armées occidentales liguées contre lui, décide de se rendre à l’armée française, qui lui promet la vie sauve. Commence alors son chemin de croix. 20 longues années d’exil à La Réunion, isolé de tout. Cette réclusion lui pèse et il déploie de multiples efforts pour voir s’adoucir sa peine. Le 11 novembre 1938, il écrit au gouverneur de La Réunion : “L’exil, depuis douze ans, pèse lourdement sur nos épaules”. Il évoque ses garçons dont l’avenir l’inquiète et la difficulté de marier ses filles, dont la dernière, Aïcha, vient de naître. Il a désormais onze enfants, dont cinq garçons et six filles, la moitié nés en exil, sans compter ceux de son frère et de son oncle.

    En 1939, il renouvelle sa demande : il exprime le souhait que ses fils combattent dans l’armée française au moment où s’ouvre la Seconde guerre mondiale. L’exil réunionnais de Abdelkrim ne prend fin qu’en 1947, à la faveur d’ambitions françaises mal cachées. Le sultan Mohamed Ben Youssef s’est un peu trop rapproché des thèses nationalistes au goût du résident général Erik Labonne. Il germe dans l’esprit de ce dernier l’idée de faire de Abdelkrim un contrepoids politique actif au sultan qui s’émancipe. On décide d’extraire l’exilé des antipodes où il croupit depuis 20 ans. Le 1er mai 1947, on l’embarque avec toute sa famille, sous la garde de quelques gendarmes français originaires de La Réunion, à bord d’un vieux rafiot. Cap sur la France, Cannes plus précisément, où Abdelkrim Khattabi doit poursuivre son exil… Il n’y arrivera jamais.

    A l’escale de Port Saïd, les leaders nationalistes maghrébins (marocains, algériens et tunisiens pour la plupart, réfugiés au Caire) sont prévenus de l’arrivée du navire de Khattabi et l’attendent de pied ferme. Pendant la nuit, ils s’engouffrent dans le navire à quai et demandent à parler au chef exilé. Dans sa biographie de Khattabi, Zakya Daoud raconte : “Méfiant face à tout ce remue-ménage qu’il ne comprend pas, Abdelkrim est enfermé dans sa cabine. Bourguiba tambourine à la porte : “Ouvre-nous, nous venons pour ton bien !” Abdelkrim répond : “Tout le monde peut dire cela, et d’abord, qui êtes-vous ?” Finalement, il ouvre et toute la délégation s’enferme avec lui, son frère et son oncle pendant que, sur le pont, les gendarmes français jouent à la pétanque et que l’équipage grec reste indifférent”. C’est finalement sans encombres que Abdelkrim parvient à fausser compagnie à ses gardiens français. “L’émir est immédiatement reçu par le gouverneur de la province, poursuit Zakya Daoud, et dès 6 heures du matin, toute la famille prend la route du Caire et est conviée dans la matinée au siège du bureau du Maghreb arabe. Ils sont ensuite reçus avec tous les honneurs par le roi d’Egypte qui fait installer l’émir et sa famille dans une villa où il campera 15 ans”.

    La retraite cairote

    “Ceux qui l’ont approché au moment du débarquement à Port Saïd disent combien Abdelkrim était hésitant, combien il manquait d’informations sur toutes choses, combien il avait fallu d’arguments pour le rallier au projet d’évasion”, rapporte l’historien Mohamed Zniber à l’occasion du colloque parisien dédié à Khattabi en 1973. Pourtant, début 1948, requinqué et plein d’énergie, Abdelkrim se met au service de la Ligue arabe et devient président du Comité de libération du Maghreb. Même affaibli physiquement, le vieux lion de 64 ans n’a rien perdu de son aura. Il suit de près l’évolution de la question marocaine. Ses rapports avec les nationalistes marocains présents au Caire, notamment le futur chef du Parti de l’Istiqlal, Allal El Fassi, sont tout sauf apaisés. “J’ai vu mes idées s’évanouir l’une après l’autre.

    Comme dans beaucoup de pays d’Orient, l’arrivisme et l’esprit de corruption se sont introduits dans notre cause nationale”, dira-t-il plus tard du nationalisme à l’aune duquel s’est arrachée l’indépendance marocaine. Il n’hésitera pas à qualifier les Istiqlaliens fassis de “femmes à barbe”. Quant au plus illustre d’entre eux, il l’ignorera superbement pendant toute la durée de son exil cairote. Les deux hommes ne semblent guère avoir d’atomes crochus. Chaque semaine, Allal El Fassi, qui travaille sur la guerre du Rif, demande à le rencontrer, chaque semaine, Abdelkrim se défile derrière de faux prétextes.

    Pour illustrer le fossé qui sépare ces deux géants du panthéon marocain, Abdallah Laroui rapporte un de leurs échanges : “Allal El Fassi a dit un jour, exprimant le point de vue des nationalistes de sa génération : Quand on pense que, pendant cinq ans, Abdelkrim n’a pas fondé une seul école ! Abdelkrim aurait rétorqué : Oui, mais vous, nationalistes d’entre les deux guerres, vous n’avez fait que cela, vous n’avez été que des maîtres d’école”. Magali Morsy résume assez bien le divorce avec les nationalistes, qui préfigure de l’attitude critique que gardera toujours Abdelkrim à l’égard de la monarchie : “La voix de Abdelkrim paraissait révolue aux nationalistes des années 1950, et l’on comprend que le divorce ait été consommé entre celui qui demeura muré dans son refus de remettre les pieds au Maroc tant que le dernier soldat étranger n’aurait pas quitté le Maghreb, et ceux que la route passant par Aix-les-Bains devait conduire au gouvernement, sous l’égide de Sa Majesté Mohammed V. Dans la perspective d’un Maroc indépendant, Abdelkrim était mort, bien mort”, écrit l’historienne.

    Tombeur de rois ?

    “Contrairement à certaines croyances, Abdelkrim n’avait rien dans l’absolu contre la monarchie. Il n’était pas contre le roi, mais contre la manière dont l’indépendance a fini par être obtenue”, expliquait Saïd, le fils de l’émir du Rif, en 2006. Malgré les dénégations de son fils, l’émir Abdelkrim reste perçu comme un concurrent – sinon historique, du moins symbolique – de la monarchie. Ses prises de position n’ont pas dissipé cette impression, bien au contraire. Encore président de la république du Rif, il déclarait à propos de Moulay Youssef : “La seule chose qui m’importe aujourd’hui, ce n’est pas l’existence d’un sultan au Maroc, mais l’indépendance entière, sans réserve, du malheureux peuple rifain”.

    En 1952, il salue la chute de la monarchie égyptienne et la victoire de Nasser, applaudissant à la fois au putsch des officiers et à la proclamation de la république. Une attitude douteuse pour les nationalistes marocains de l’époque, qui revendiquaient le leadership de Mohammed V. L’indépendance obtenue, Abdelkrim ne sera pas moins tendre à l’égard de la monarchie. En janvier 1960, Mohammed V, en visite au Caire, exprime le désir de rencontrer Abdelkrim, mais ne parvient pas à le convaincre de rentrer au Maroc. Saïd Khattabi a, à ce propos, expliqué : “Quand Mohammed V, peu avant sa mort, a rendu visite à mon père au Caire, celui-ci lui a répondu : ‘Je n’ai rien contre vous, mais je souhaite que mon pays accède réellement à l’indépendance, et cela passe d’abord par l’évacuation des troupes militaires étrangères’”.

    En juillet 1962, c’est au tour du nouveau roi Hassan II, venu assister au Caire à un sommet des chefs des Etats du Pacte de Casablanca (ancêtre de l’OUA) de solliciter une rencontre avec Abdelkrim. Celui-ci, qui décline lentement (il mourra quelques mois plus tard) reçoit Hassan II à son domicile. “Les photos montrent un jeune souverain penché attentivement sur le vieil émir, fatigué, la tête couverte d’une petite calotte blanche, toujours vêtu de sa jellaba grise”, commente Zakya Daoud. Le roi craint qu’était Hassan II, qui fut aussi le prince bourreau du Rif en 1958, disparut ainsi comme par magie en présence de Khattabi. En 1962 toujours, quelques mois avant de passer l’arme à gauche, Abdelkrim s’oppose à la Constitution octroyée de Hassan II. “Il n’y a de Constitution valable que la Constitution nationale établie par la nation elle-même et pour elle-même.

    La Constitution légitime d’un pays ne peut être élaborée que par une commission ou un organe élus, représentant authentiquement et correctement les différentes classes populaires”, écrit-il. Pourtant, si le défunt roi a puni le Rif pour son insoumission, il n’a jamais porté atteinte à la famille de Abdelkrim. “Hassan II a toujours respecté notre famille”, estime Fadila Jirari, petite-nièce de l’émir. Comment alors comprendre que M’Hammed, (frère de Mohamed Ben Abdelkrim), rentrant au Maroc en 1967 après 40 ans d’exil, ait été victime d’une farce aussi tragique que ridicule ? Son comité d’accueil, induit en erreur par le général Oufkir qui avait prétexté un retard de l’avion, déserta le tarmac, laissant le vieil exilé fouler en solitaire le sol marocain, avant d’être emmené manu militari à l’hôtel Hassan de Rabat où il mourra enfermé cinq mois plus tard, sans jamais avoir revu son Rif natal. “La dépouille mortelle de M’hammed Khattabi repose aujourd’hui à Ajdir. Qui le sait ?, s’interroge Fadila Jirari.

    La mémoire de la guerre du Rif est de moins en moins vive”, déplore-t-elle. En attendant, le ministre de la Communication, Khalid Naciri, a cru nécessaire d’expliquer que le rapatriement du corps de Abdelkrim n’était pas au menu du gouvernement Abbas El Fassi. L’émir du Rif serait-il déjà entré au panthéon des grands oubliés de l’histoire ? Pourra-t-il un jour prendre dans nos manuels scolaires la place qu’il mérite : celle d’un avant-gardiste protéiforme, précurseur incompris du nationalisme marocain ?

    Par Souleïman Bencheikh et Abdellah Tourabi

    Telquel

    Source: Amazigh News, février 2009

    Tags: Maroc, Rif, Hirak, Abdelkrim El Khattabi,

  • Maroc – Rif : Quelle réponse au Makhzen

    Rachid Oufkir

    Depuis le verdict du samedi 6 avril 2019, tous les échanges, physiques et dans le virtuel, avaient pour centre de gravité une réflexion collective sur les modalités de réaction convenables face à cette abomination que constitue les jugements des magistrats marocains envers les prisonniers politiques rifains : rassemblements unitaires, des pétitions, des dénonciations collectives corsées, radicales etc… Est-ce suffisant ? Je ne le pense pas.

    D’autres proposent des modes tels que la désobéissance civile et le boycott global. Je me permets de vous livrer quelques remarques au sujet de ces deux concepts, à l’adresse de ceux qui plaident pour cette voie comme un mode de réponse et de réciprocité à opposer à la politique de Rabat dans le RIF.

    Si c’est sérieux comme projet, je vous demande d’être terre à terre et d’expliquer, décortiquer pourquoi, comment, les tenants et les aboutissants de cette grosse opération? Cela aussi a pour objectifs de secouer les consciences, de pousser à la réflexion et d’appeler les citoyens à agir.

    Se contenter de balancer ça et là les logos et les insignes des entreprises et des institutions marocaines ne suffit pas, prenez le temps d’expliquer au peuple et à la diaspora marocaine dont la diaspora rifaine, les modalités de la mise en place de cette action. Prenez le temps d’étudier sa faisabilité, son impact, et ses dommages collatéraux, car elle a des dommages collatéraux; il n’y a rien sans rien. Notre principe est le suivant : pour arracher des droits et la liberté, il faut accepter de devoir consentir des sacrifices.

    Si cette opération constitue une stratégie à part entiere et de long terme, dans ce cas-là, il faudra la planifier, l’élaborer comme il se doit, correctement, et c’est mieux que ce soit mené par tous les groupes, structures et individus de soutien, il faut des explications, de la vulgarisation, investissement du terrain en allant prêcher ce mode d’action auprès des concernés. C’est facile de dire : il faut boycotter, ce qui l’est moins et c’est là que ça se corse, c’est de mener ce projet sur le terrain et persuader les masses de l’efficacité de ce mode de pression. etc..

    Soyons créatifs, inventifs, et simples avec les masses, qui ne comprennent pas un langage sophistiqué.

    En 2017, Abdessadak Boujibar, militant rifain qui vit au Pays-Bas, en guise de protestation de la politique de Rabat à l’endroit du RIF et des rifains, il a entrepris de déchirer, en direct sur facebook, son passeport marocain. C’est osé, radical, et concret. Je tiens tout de même à souligner qu’il était bi-national, qu’il a le passeport néerlandais en échange. Tous les rifains ne sont pas binationaux, tout le monde n’est pas capable, non plus d’arriver à ce point ! Cela dit, c’est une réaction parmi d’autres. il y a 1001 façons d’agir, chacun selon ses capacités et ses possibilités.

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, prisonniers rifains, verdict,