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  • Le jour où Abdelkrim El Khattabi a créé la polémique au Liban

    Histoire : La vérité sur l’hymne national libanais

    Alain Hardane

    Une grande polémique a débuté au Liban après la diffusion d’un reportage à la télévision basé sur le documentaire de Simone Bitton produit en 2001, Ben Berka : l’équation marocaine.

    On voit le roi marocain Mohamed V Ben Youssef (1909-1961) et non Ben Berka, sur un tracteur entouré de paysans avec une musique de fond: un hymne et non pas lequel !

    Ce qui a attiré l’attention du grand public était la ressemblance totale entre l’hymne national libanais et cette musique dans le documentaire. D’après un reportage télévisé et plusieurs articles dans la presse libanaise, la première analyse réfère cette musique à l’hymne de la République du Rif Amazigh (Berbère) dont le texte est écrit en 1924 par le poète palestinien Ibrahim Toqan (1905-1941) qui a vécu à Beyrouth alors que la composition musicale est signée par le libanais Mohamed Flayfel (1899-1985).

    Le choc c’est que l’hymne national libanais écrit par Rachid Nakhlé et composé par Wadih Sabra date de 1927 alors il a vu le jour selon cette hypothèse après celui du Rif berbère « non arabe » ! Cette découverte est considérée comme une affaire nationale au Liban.

    Pourquoi ne pas penser à une autre hypothèse ! L’inverse !!!

    Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, né vers 1882 à Ajdir au Maroc, mort le 6 février 1963 au Caire en Égypte, est un résistant marocain du Rif, au nord-est du Maroc dit espagnol, car le Maroc actuel fut partagé à l’époque entre les deux puissances française et espagnole en quatre zones : Tanger l’internationale, Le Maroc Espagnol du Nord et du Sud et le Maroc Français.
    Il est devenu le chef d’un mouvement de résistance contre la France et l’Espagne au Maroc, lors de la Guerre du Rif, puis l’icône des mouvements indépendantistes luttant contre le colonialisme.

    Abdelkrim El Khattabi avait établi la République du Rif berbère (la région du nord du Maroc) en 1921 alors que sa chute a eu lieu après une offensive militaire franco-espagnole en 1927.
    Les Berbères se caractérisent par des spécificités linguistiques, culturelles et ethniques. On distingue plusieurs formes de langues berbères : chaoui, chleuh, rifain, chenoui, kabyle, mzabi, zenati, tamasheq sont les plus importantes composantes du Tamazight (c’est-à-dire « langues des Imazighen »).

    En 1926, Abdelkrim El Khattabi le leader berbère de la République du Rif est exilé et en mai 1947, il a eu l’autorisation de s’installer au sud de la France. Arrivé à Suez où le bateau fait escale, les nationalistes maghrébins l’ont convaincu de descendre en Egypte, après trois jours de négociations ! Il accepta et passa la fin de sa vie en Égypte. Il meurt en 1963 au Caire.

    Alors c’est simple comme bonjour !

    Conclusion première, même si quelqu’un a composé le texte et la mélodie, Abdelkrim El Khattabi n’en n’avait pas besoin et ne l’avait et ne l’aurait jamais adopté comme hymne officiel pour la République du Rif surtout que les rifains ne comprennent rien de la langue arabe courante « Al-darij » et encore beaucoup moins l’arabe littéraire!!! Si on compare la situation caricaturalement, c’est comme s’il y avait un hymne national pour le Liban mais en persan ou en turc !!!

    Donc dans tous les cas, cet hymne n’avait aucune utilité et en plus on peut affirmer l’impossibilité de son adoption par Abdelkrim El Khattabi à cause de la différence culturelle, linguistique et idéologique entre l’arabe et le tamazight.

    Ce qui est sûr à ce stade, c’est que la République du Rif n’avait pas d’hymne national, reconnu comme tel. Elle avait un drapeau, une monnaie, (symbolique surtout) et un gouvernement.

    Du côté espagnol, des chercheurs ont consulté leurs archives, personne n’a mentionné d’hymne! En plus, après la lecture de beaucoup de rapports des officiers français, aucun n’a jamais prononcé un mot sur l’existence d’un hymne. Même l’officier français (et grand sociologue du protectorat), Robert Montagne, qui a passé 24 heures avec Abdelkrim El Khattabi avant sa reddition, n’a jamais parlé d’hymne !!!

    D’autre part, les Marocains, socialistes arabistes et nationalistes arabes ont essayé tout le temps de singer le Moyen-Orient. Donc à part le texte, la musique date de l’euphorie de l’indépendance marocaine en 1956 avec le roi, et ça vient de la télévision marocaine !

    C’est vrai que Ibrahim Tawqan (1905- 1941) a écrit « Nachid Batal al Rif, Abdelkrim El Khattabi » mais ça revient probablement à un marocain qui a « volé » quelques vers du poème de Ibrahim Toqan et les a habillés avec la musique de l’hymne national libanais puisque c’est la télévision marocaine qui passe le chant avec l’image du roi Mohamed V, donc à sa gloire.

    Aussi c’est clair que le chant ne parle pas de Ben Berka, ni de près ni de loin ! Il paraît que les gens ont cru que Ben Berka est la continuité de Abdelkrim El Khattabi, et bien non, entre les deux c’est le ciel et la terre.

    Ajoutons que le compositeur libanais Mohamed Flayfel (1899-1985) n’avait pas émis aucune objection contre Wadih Sabra et n’a jamais déclaré qu’il a signé lui-même cet hymne et que ça revient à lui! En plus toutes les compositions étaient signées par « les frères Flayfel » et jamais par Mohamed Flayfel tout seul.

    Finalement ce n’est pas logique que les Français du mandat au Liban acceptent la musique du même hymne du Rif berbère révolutionnaire et anticolonial pour l’adopter dans le « Grand Liban » de 1920 qui était en très bons termes et en relation hyper étroite avec la France connue par la « Tendre mère » à l’époque.

    Reste à savoir où le documentaire sur Ben Berka a trouvé la bande son, et dans quelles archives. C’est cela qui va éclairer la chose. D’ici il faut demander à la télévision marocaine ou au réalisateur du film de Ben Berka les origines des images et la musique pour voir la note qui l’accompagne afin de connaître le « cloneur » de cet hymne à l’époque de l’indépendance du Maroc en 1956 dans le but d’avoir la preuve…c’est tout !

    Il y a une impossibilité que cet hymne revient au Rif Amazighe. L’hymne national libanais de 1927 est sans doute « Libanais » et point à la ligne.

    Alain Hardane (Libanais)
    Géographe- chercheur

    Source

    Tags : Maroc, Liban, Abdelkrim El Khattabi, Rif, Hirak, hymne national, protectorat, colonialisme,

  • Maroc : Le général OUFKIR, « boucher du RIF » promu « martyr » de la cause amazighe !

    par Rachid Oufkir

    Lors d’une pause-café à la Sorbonne, il s’avance vers moi pour me demander un service : lui envoyer les photos prises avec mon appareil lors de son intervention au sujet de La question berbère dans le Maroc de 1956-1960. Les dessous d’une instrumentalisation au lendemain de l’indépendance, chercheur de son état dans une institution scientifique, l’Ircam, quand je l’ai félicité pour son exposé il me sussure tout fièrement à l’oreille une confession en toute discrétion, comme pour éviter les oreilles indiscrètes « Tu sais j’ai essayé de faire bref, je n’ai pas voulu entrer dans les détails, et épargner ainsi les militaires ! Après tout, Oufkir est un berbère, donc un des nôtres ». Ce fut lors du colloque international tenu à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 19 et 20 mai 2015 sous le titre LA QUESTION BERBÈRE DEPUIS 1962 Amnésie, Renaissance et Soulèvements. Un propos surprenant et chargé de symboles, tenu par un « chercheur » qui boute en touche tout professionnalisme du métier ! Je suis sûr qu’il ignorait tout de mon amazighité, et que s’il savait que j’étais rifain, il n’aurait probablement pas pu prononcer cette bêtise ! Il n’est absolument pas des nôtres !

    Lorsqu’on examine les idées, insidieuses, et un peu discrètes, qui ressortent de certaines prises de position, et des « réflexions », vulgarisées dernièrement dans la presse et dans les réseaux sociaux par quelques « acteurs actifs du fait amazigh » on est vite frappé par un décalage. On se dit que là il y a une crise. Ces idées font état d’un mouvement mystérieux, visiblement bien coordonné où l’on s’emploie à distiller des idées dédouanant le Général Mohamed Oufkir, exécuteur de basses œuvres de Hassan II, assassin impitoyable des rifains, et des opposants politiques de Hassan II, un autre assassin des rifains… ainsi commence une « opération de com » afin de le réhabiliter à titre posthume et d’imposer un nouveau paradigme s’agissant de l’histoire. Et pourtant l’homme tînt le pays d’une main de fer en éliminant toute opposition à Hassan. Il fut une figure noire du Maroc, un symbole honni d’une époque, sa terreur structurelle est assez largement mythifiée, et décrit comme un homme sans pitié. Il fut une crapule meurtrière, qui avait la direction de viols, meurtres, enlèvements, exactions… en somme un régime de terreur.

    Depuis quelques temps ces acteurs en question ont renoué avec un « combat » celui de blanchir le Général, de lui accoler une nouvelle identLors d’une pause-café à la Sorbonne, il s’avance vers moi pour me demander un service : lui envoyer les photos prises avec mon appareil lors de son intervention au sujet de La question berbère dans le Maroc de 1956-1960. Les dessous d’une instrumentalisation au lendemain de l’indépendance, chercheur de son état dans une institution scientifique, l’Ircam, quand je l’ai félicité pour son exposé il me sussure tout fièrement à l’oreille une confession en toute discrétion, comme pour éviter les oreilles indiscrètes « Tu sais j’ai essayé de faire bref, je n’ai pas voulu entrer dans les détails, et épargner ainsi les militaires ! Après tout, Oufkir est un berbère, donc un des nôtres ». Ce fut lors du colloque international tenu à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 19 et 20 mai 2015 sous le titre LA QUESTION BERBÈRE DEPUIS 1962 Amnésie, Renaissance et Soulèvements. Un propos surprenant et chargé de symboles, tenu par un « chercheur » qui boute en touche tout professionnalisme du métier ! Je suis sûr qu’il ignorait tout de mon amazighité, et que s’il savait que j’étais rifain, il n’aurait probablement pas pu prononcer cette bêtise ! Il n’est absolument pas des nôtres !

    Lorsqu’on examine les idées, insidieuses, et un peu discrètes, qui ressortent de certaines prises de position, et des « réflexions », vulgarisées dernièrement dans la presse et dans les réseaux sociaux par quelques « acteurs actifs du fait amazigh » on est vite frappé par un décalage. On se dit que là il y a une crise. Ces idées font état d’un mouvement mystérieux, visiblement bien coordonné où l’on s’emploie à distiller des idées dédouanant le Général Mohamed Oufkir, exécuteur de basses œuvres de Hassan II, assassin impitoyable des rifains, et des opposants politiques de Hassan II, un autre assassin des rifains… ainsi commence une « opération de com » afin de le réhabiliter à titre posthume et d’imposer un nouveau paradigme s’agissant de l’histoire. Et pourtant l’homme tînt le pays d’une main de fer en éliminant toute opposition à Hassan. Il fut une figure noire du Maroc, un symbole honni d’une époque, sa terreur structurelle est assez largement mythifiée, et décrit comme un homme sans pitié. Il fut une crapule meurtrière, qui avait la direction de viols, meurtres, enlèvements, exactions… en somme un régime de terreur.

    Depuis quelques temps ces acteurs en question ont renoué avec un « combat » celui de blanchir le Général, de lui accoler une nouvelle identité et des attributs positifs, de citer avec ostentation l’enfant de Tafilalt, le génie militaire ainsi que ses faits d’arme ! Nostalgiques, ils y tâchent de le réintégrer en héros à part entière au panthéon des « grands » et des « amazighs libres », une distinction à la hauteur de ses méfaits, et peut être bien u »n musée en sa mémoire » comme pour cet autre assassin Ameziane ou encore Franco en Espagne. Il est exalté, encensé, flatté, « béatifié » (J’exagère je sais, mais c’est l’impression que cela me procure) peut être potentiellement candidat à figurer dans les manuels scolaires ! Ces acteurs n’hésitent pas à prendre fait et cause pour lui, à balayer d’un revers de la main « les racontars», leurs prises de positions se font claires et décomplexées, quand bien même ils prennent l’Histoire à revers !

    Les initiateurs de cette « compagne » justifient leur démarche en faisant valoir qu’il est une victime d’une certaine historiographie officielle, celle du pouvoir, l’image qu’on se fait de lui est un « mythe », une « fiction », qu’il y a une manipulation « flagrante » dont les véritables commanditaires sont ses opposants. L’histoire du Général Oufkir, avancent-ils, est plus complexe que cela, elle est méconnue, celle qui est enseignée est biaisée, fausse même, et qu’il est temps de la « revisiter ».

    Bref, tout le monde s’accorde sur le constat, et le sujet est dépassé et ne mérite pas d’être abordé, l’Histoire a déjà tranché, les exemples ne manquent pas de ceux qui l’ont connu de prés, et qui ont relaté ses monstruosités, son bilan est sans appel : cruel et sadique. Bensaid Ait Idder, Ahmed Marzouki, Salah Hachad, Stephen Smith, Gilles Perrault… sans citer les victimes directes de sa terreur… La vérification par les faits des récits induisent cette vérité !

    Une offense à la mémoire de ses victimes
    Faire silence sur ce genre de déclarations, est tout aussi scandaleux, cela commence à bien faire ! Une telle initiative déleste tout simplement ses auteurs de tout scrupule ! Honorer un tueur pareil constitue, aux yeux de rifains et l’ensemble de ses victimes ainsi que leurs descendants, une offense à leur mémoire. Il s’agit d’une provocation inacceptable et c’est consternant !

    Quel est l’enjeu de cette réhabilitation ? Est-ce parce qu’il est de « race » amazigh ? Son origine sociale, son nom ? Ou parce qu’il représente la figure de l’homme viril, un aryaz, un guerrier ? Pour quel objectif est-il récupéré aujourd’hui par certains ?

    Un certain Ahmed Adgherni, un avocat de formation, qui se présente comme un militant amazigh, et adepte d’un double discours, selon les circonstances et le public, machiavélique et fallacieux, n’hésite pas à présenter le Général OUFKIR comme « un martyr de la cause amazigh »… bref, je suis compréhensif, c‘est l’effet de l’âge. Mas Adgherni est victime de l’usure du temps, ses fonctions psycho-sociales ainsi que ses facultés mentales sont sur le déclin ! C’est le pic de ce que peut produire un homme en fin de vie ! Largement en perte de vitesse, il se rattrape avec ce genre de déclarations et se fait l’avocat des causes perdues pour trouver grâce auprès de je-ne-sais-de-qui, probablement pour faire parler de lui, marquer sa « radicalité », et son « opposition » à l’establishment… il a certes besoin d’attention. « L’indéfinissable » manie l’art du baratin, aussi je pense que personne ne lui tient rigueur.

    Le mot « Martyr » désigne toute personne qui souffre ou meurt pour la défense d’une cause, son usage en l’occurrence est abusif et décerner à tout bout de champs ce titre et à n’importe qui, est hautement toxique et irresponsable…Le recoupement du mot « martyr » ou encore un « grand » d’une part et « Oufkir » de l’autre, c’est un abus de langage c’est le moins que l’on puisse dire. En outre, s’il avait réussi le coup d’Etat il allait jeter les bases dynastiques d’un régime à la manière des dictatures les plus féroces de ce monde, dépassant de loin les années de plomb de Hassan II, je ne vous ferai pas de photo. Inutile de jouer sur l’équation amazigh = démocrate, c’est une conception biaisée, donc trompeuse de l’Histoire.

    Il fut un temps où j’ai été lycéen à Oued Eddahab à Azila, au cours de philo, le prof avait pour coutume de revenir sur cette période de sa vie, il était un homme gauche, et a vécu de plein fouet cette période. Quand il commençait son cours, il faisait la liste des présents. Quand il arrive à mon nom, il ouvre une parenthèse pour nous parler de cet homme fort du régime de Hassan II. J’ai souvent répété que je n’ai rien à voir avec cette famille. Le nom détonnait. A l’époque je ne connaissais pas la véritable histoire de cet homme, tout ce que je savais est qu’il était une brute, un dur… mais rien n’est fait, on m’associait systématiquement à lui, et cela ne m’honore point. A vous de le savoir chers lecteurs. Le hasard fait que mon père s’appelle aussi Mohamed Oufkir, et que ma grande sœur porte le nom de Malika Oufkir, la ressemblance s’arrête ici. Lors du coup d’état de 1972, mon père, me raconte qu’il a fait la garde à vue pour ressemblance de nom. A Paris aussi, la famille Oufkir est connue, et qu’il m’arrive de ne décliner mon identité sans qu’on me sorte naturellement le destin des Oufkirs, bref

    Un amazigh qui blanchit un pouvoir oppresseur des amazighs participe de cette même oppression… L’enseignement fondamental qu’on peut tirer de ce genre de démarche est qu’il est extrêmement clair que nous n’avons pas la même Histoire, ni les mêmes références ni encore la même norme de vérité, justifier un monstre simplement parce qu’il est « amazigh », est tout bonnement minable et minimiser une telle terreur relève tout aussi du sadisme. De quelle amazighité parle-t-on ? Là il y a une anomalie, une représentation trop simple de l’amazighité. C’est absurde et bien sûr de la calomnie ! `

    Qui était vraiment le Général OUFKIR ?

    Natif d’Ain-Chair, dans la région du Tafilalet, dans le Haut Atlas, décoré par la France pour avoir combattu dans l’armée française lors de la Seconde Guerre mondiale en 1944 puis en Indochine française de 1947 à 1949. Il devient capitaine de l’armée française en 1949 et est détaché en 1950 au cabinet du général Duval, commandant supérieur des troupes du Maroc.

    À « l’indépendance » du Maroc en 1956, il devient aide de camp de Mohammed V, puis directeur de la Sûreté, ministre de l’Intérieur et enfin ministre de la Défense du roi Hassan II, il est chargé de toutes les affaires « délicates » du roi.

    Son livret militaire mentionne qu’il « appartient à une influente famille du sud-est marocain qui a rendu des services appréciables à la cause française ».

    En 1955, Son rôle fut d’écraser l’armée de libération nationale marocaine (ALN), d’atténuer le plébiscite autour de la légitimité des partis nationalistes, notamment l’Istiqlal et l’UNFP, et de construire les structures policières et de surveillance officielles (notamment les FAR Forces Armées Royales) et parallèles.

    Avec le prince Hassan, le futur roi Hassan II, le Général Oufki a mené une répression au point de vouloir génocider tout un peuple, des milliers de morts. Cette guerre répression va fonder la sinistre réputation de Mohamed Oufkir et du « boucher du Rif », un sadique prenant plaisir à tuer. Le « complot de juillet » que le régime attribue en 1963 à la gauche marocaine et les émeutes de Casablanca du 23 mars 1965 où, à bord d’un hélicoptère, il tire à la mitraillette sur la foule.

    Oufkir a été mêlé en 1965 à l’assassinat de Mehdi Ben Barka, principal opposant au roi Hassan II, la justice française le condamne par contumace en France aux travaux forcés à perpétuité.

    De vous à moi, cette « réhabilitation » n’honore point les amazigh, je me demande comment est-ce possible que l’on puisse élever au rang de « martyr » un amazigh qui a massacré des amazighs et des êtres humains tout simplement ! C’est une chose que de faire la part des choses. Je ne peux que compatir avec le calvaire qu’a vécu sa famille, c’est émouvant, c’est terrible ce que leur a fait subir l’autre assassin Hassan II dans le camp de la mort. C’en est une autre que de faire la critique de l’Histoire correctement. En replaçant l’homme dans les luttes de son temps, le Général Oufkir se révèle un monstre. La science de l’histoire doit être abordée sereinement avec le plus d’objectivité. S’est-il suicidé ou a-t-il été suicidé, je ne pense pas que là est le fond de la question. Cela importe peu en l’occurrence quand bien même la vérité est connue de tous, Hassan II l’aurait assassiné pour avoir été un félon.

    Au lieu d’Oufkir, l’homme, il faut réhabiliter l’Histoire !

    Source : Blog de Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Oufkir, Hassan II, répression,

  • Maroc : Pour Nasser Zefzafi les partis sont des « boutiques politiques marocaines » pour se remplir l’estomac et les poches

    Nasser Zefzafi n’aime pas les partis politiques au Maroc et nous le fait savoir. Pour le leader du mouvement Hirak, la situation dans le Rif ne concerne que le gouvernement marocain, « personne d’autre ».

    Dans une note partagée par son père sur les médias sociaux, Zefzafi affirme que la clé de la solution aux problèmes du Rif la détient l’Etat marocain.

    Si l’Etat veut contribuer aux solutions, il ne pourra le faire qu’en dialoguant avec les « activistes du Hirak populaire ». Les partis politiques ne sont donc pas les bienvenus lors de ces pourparlers, si jamais ils devaient avoir lieu.

    Zefzafi appelle donc tous les militants à éviter les discussions avec les partis politiques sur l’avenir du Rif. Selon lui, ah Maroc, le seul but des partis politiques est de profiter de la situation pour « remplir leurs estomacs et leurs comptes bancaires ».

    Le leader du mouvement Hirak, un titre qu’il dit refuser de porter, rappelle  qu’il n’est qu’un prisonnier politique qui porte le numéro 74823.

    Tags : Maroc, Hirak, Rif, Nasser Zefzafi, partis politiques,

  • Maroc : y a t il une phobie d’exercer le pouvoir dans le RIF ?

    Militer dans la perspective d’exercer le pouvoir et mettre en œuvre ce à quoi on croit. Voilà une question qu’on doit intégrer dans nos calculs et qui doit être amplement discutée !

    Nos malheurs à nous les rifains, est cette obsession qu’ont certains à dire : « nous on ne veut pas gouverner! » Je me demande pourquoi? Quel est le raisonnement derrière cette énonciation ? Pour moi, elle relève d’un complexe, d’une pathologie, d’une phobie. On n’aime pas gouverner en revanche on veut être gouverné, dominé. C’est profondément problématique et insensé ! Il faudrait encourager le peuple à prendre ses responsabilité à s’initier à l’art de gouverner, à favoriser à l’émergence de l’intelligence politique et surtout à créer le rapport de force. Pour tout cela , il faudra se retrousser les manches !

    Mise en garde importante: Mon propos est l’idée de gouverner au sens général du terme, je ne vise pas forcement de l’exercer dans le cadre actuel qui régule le Maroc ! Nous savons pertinemment que le champ politique est verrouillé ! Cette réflexion est une réaction aux propos de Wafi Kajoua, dans son live, qui prêche la passivité, la distanciation, vis-à-vis du carré de la fabrication des décisions qui forgent notre devenir. C’est comme une invitation à ne pas s’en approcher !

    Bordel, à quoi ça sert de militer si ce n’est pas pour prendre le pouvoir, forger le destin en fonction de l’ idéal et les valeurs pour lesquels nous ne cessons de nous battre, et mettre en œuvre les grandes orientations et stratégies qui doivent guider la société. Il faut aspirer au pouvoir au lieu de le subir. Le pouvoir politique est cette domination, il y a les dominés et les dominants. soit on est dans un ou dans l’autre camp. Il faut choisir son camp. « Vouloir le beurre et l’argent du beurre », ce n’est pas possible. Militer pour militer, n’a aucun sens ! Comment voulons-nous réaliser ce à quoi nous aspirons, en comptant sur les autres ? Comme dit l’adage, on n’est jamais mieux servis que par soi-même.

    Si on ne le prends pas, il y a autres forces politiques, qui s’affrontent dans le champ politique, qui en rêvent jour et nuit, y compris se rasant ! Le vie est faite ainsi, tant qu’on s’inscrit dans la cité ( au sens philosophique) de la chose publique, nous sommes contraints d’agir dans la perspective d’accéder à ce pouvoir et le partager ! Il n’y a pas de société humaine sans pouvoir politique, le pouvoir politique est une nécessité inscrite dans l’ordre de la nature !

    Ne nous méprenons pas ! Arrêtons de pleurnicher, de se victimiser. Nos malheurs sont engendrés, entre autres, par ce positionnement distancié du cercle du pouvoir sous quelques prétextes que ce soit ! Assez de démagogie ! il n’y a rien sans rien ! A nous de braver ce tabou !

    Nous sommes lassés d’agir dans l’opposition, de s’y situer systématiquement, de quémander nos droits et nos libertés, de revendiquer. Ce pouvoir est fait pour être arraché, pour changer de mains. Je réaffirme là une banalité « très ordinaire ».

    A bon entendeur !

    Rachid Oufkir

    Tags : Maroc, Rif, Hirak, pouvoir, Makhzen,

  • Maroc : La dépouille qui fait peur au Makhzen

    Abdelkrim : La Dépouille d’un Héros ou La Mémoire d’un Peuple

    Il est mort en exil loin de sa patrie, mais le souvenir de la grandeur d’un homme reste vivant dans la mémoire collective des Rifains et des Imazighens en général. Il y a quarante quatre ans, le 6 février 1963, disparaissait en Egypte, à l’âge de 81 ans, Abdelkrim Al Khattabi, figure emblématique de la lutte contre le colonialisme franco-espagnol et un des pionniers de l’indépendance de l’Afrique du Nord.

    En cette date du 6 février 2007, l’Etat marocain composé aujourd’hui du Rif, du Maroc français et du Sahara espagnol, a ignoré royalement la célébration de l’anniversaire de la disparition d’Abdelkrim. Rares les journaux marocains qui se sont souvenus de la date de la disparition de ce résistant rifain exceptionnel.

    Quant aux caisses de résonance du pouvoir, les médias audiovisuels, comme à leur habitude c’est motus et bouche cousue. Et que dire aussi du silence assourdissant de ce pseudo Haut Commissariat aux Anciens Combattants qui d’habitude se manifeste en grande fanfare à la moindre occasion du souvenir dit « national ».

    Drôle d’histoire nationale, qu’ils enseignent à nos enfants, qui fait des collabos, des traîtres et autres manipulateurs et usurpateurs, qui se sont emparés du pouvoir par la violence et la ruse, des pseudo-résistants ; et des authentiques résistants et des hommes braves qui ont combattu, les armes à la main, le colonialisme jusqu’au dernier souffle, des inconnus et des personnages inexistants ou insignifiants. Ignorés de l’histoire officielle de leur propre pays et absents des manuels scolaires mais ô combien présents ces héros dans la mémoire collective du peuple.

    Que reste-t-il de cette histoire de résistance dite « nationale » dépouillée de ses vrais acteurs nationalistes et patriotiques et de son contexte véridique ? Pourquoi perpétuer littéralement jusqu’à aujourd’hui cette histoire, écrite par les faiseurs de l’historiographie, qui n’a rien à voir avec la mémoire collective du peuple transmise de génération en génération ? Certes, on peut priver indéfiniment le peuple de ses héros et de ses symboles qui ont fait son histoire glorieuse mais on n’arrivera jamais à le déposséder de sa mémoire.

    L’histoire contemporaine de ce pays ne peut être monopolisée éternellement par quelques personnages, ni être abrégée à quelques faits et évènements historiques qui se sont déroulés sur cette terre devenue aujourd’hui marocaine. L’histoire de la résistance ne peut se résumer simplement à un document douteux dit « le manifeste de l’indépendance » signés par quelques individus alors qu’elle est écrite par le sang des résistants et des martyrs. L’indépendance du pays chèrement payée ne peut être célébrée en faisant exclusivement référence à quelques évènements et l’éloge à quelques personnages qui ont marqué singulièrement une face de l’histoire de ce pays tout en oubliant les autres personnages qui ont façonné fortement les autres faces.

    Quelles que soient les circonstances et les négligences de l’histoire officielle, l’anniversaire de la disparition d’un homme de cette envergure ne passe pas inaperçue pour les Rifains et leur diaspora. Malgré le discours dominant, le silence des médias officiels et la falsification de l’histoire par les instigateurs de l’historiographie officielle, les héritiers du colonialisme n’ont pas réussi à anéantir la mémoire collective de tout un peuple et à faire d’Abdelkrim un inconnu ni dans le monde, ni dans le Maroc d’aujourd’hui, et moins encore dans le Rif où son âme n’a jamais quitté le cœur des Rifains. Au contraire, ce comportement arrogant a largement contribué à sacraliser la biographie de l’homme et à la transformer en une légende vivante pour tous les Rifains et leur diaspora à travers le monde.

    L’Histoire universelle retiendra que Abdelkrim Al-Khattabi, connu sous le nom du héros du Rif, inventeur de la guérilla moderne, diplomate brillant et fin stratège, fut l’authentique instigateur et initiateur de l’indépendance des trois futurs Etats nord-africains (Algérie, Maroc, Tunisie). Des historiens, des politologues et des hommes politiques de renom se sont largement intéressés à la biographie et aux différentes étapes de lutte de ce leader charismatique. Les uns évoquent souvent sa grande victoire militaire à la bataille d’Anoual (Temsamane, 1921), connue chez les historiens espagnols sous le nom de « Grand Désastre », et son ardent combat qu’il a mené avec génie, en confédérant toutes les tribus rifaines longtemps disparates, contre l’invasion franco-espagnole, les autres se rappellent de sa sagesse et de sa grande tolérance dans son exil à l’île de la Réunion (1927-1947) et les maghrébins retiennent sa grande clairvoyance en fédérant tous les leaders nord-africains pour combattre le colonialisme dans son dernier refuge-exil en Egypte (1947-1963).

    Digne fils du Rif, dès son jeune age il quitte son village natal Ajdir (situé à 9 km d’Al-Hoceima) pour poursuivre des études à Fès, puis en Espagne et s’installa par la suite à Melilla en tant que correspondant d’un journal espagnol. Dans cette ville, il apprivoisa la société coloniale espagnole, assimila son style de vie, appréhenda son mode de fonctionnement et lui livra par la suite au cœur du Rif l’une des batailles les plus rudes de son existence. L’Espagne coloniale, aidée par la France coloniale, fera même usage des armes de destruction massive chimiques et autres contre les populations civiles pour le contraindre à mettre fin à la révolution rifaine (1921-1927) qui avait déjà fait des émules et enflammé les indigènes partout où il y avait trace du colonialisme. En exil, à l’île de la Réunion et en Egypte, comme en témoignent de nombreuses archives de différents partis et syndicats, il tissa des liens de fraternité et de solidarité avec de nombreux résistants au colonialisme et il soutiendra les combattants pour la liberté des peuples dans le monde entier, de l’Amérique latine en passant par l’Afrique et jusqu’en Chine et au Vietnam, avant de rendre l’âme, au Caire, le 6 février 1963.

    Humaniste universel et progressiste avant l’heure, dans ses différents écrits et correspondances, Abdelkrim ne cessa de dénoncer avec force le colonialisme comme un fait contraire à la civilisation et à l’humanité et ne cessa d’appeler avec insistance à la tolérance, à l’entente et la coopération entre les nations. Dans sa célèbre lettre « aux nations civilisées », datée du 6 septembre 1922, il demanda aux Européens « d’agir pour le bien-être de l’humanité entière indépendamment de toute religion ou de toute croyance. Il est temps que l’Europe, qui a proclamé au XXème siècle sa volonté de défendre la civilisation et d’élever l’humanité, fasse passer ces nobles principes du domaine de la théorie à celui de la pratique ».

    Cet état d’esprit d’Abdelkrim, le synthétise loyalement une lettre datée de 1923, signée par Mohamed Azerkane, un de ses compagnons d’armes et son ministre des Affaires étrangères, en réponse à une missive espagnole menaçante, dont voici quelques extraits : « A cette occasion, je crois de mon devoir, sous l’inspiration de mes sentiments humanitaires et en ma qualité de délégué des Affaires étrangères de l’Etat du Rif, de vous fournir les précisions suivantes : Le gouvernement Rifain, édifié sur des bases modernes et une constitution civile, se considère comme indépendant au point de vue politique et économique et nourrit l’espoir de vivre libre comme il a vécu pendant des siècles et comme vivent tous les peuples…Le Rif n’a accepté et n’acceptera point cette protection (le protectorat espagnol), et il la repousse. Il s’engage à se gouverner par lui-même, à s’efforcer d’obtenir ses droits légitimes non contestables, à défendre son entière indépendance par tous les moyens naturels,… que chaque nation devait être laissée libre de diriger ses destinées et que la tyrannie et la force ne comptaient pas devant le droit…. Il n’y aura pas de honte pour l’Espagne à vivre en parfaite harmonie avec le Rif, après avoir reconnu son gouvernement et son indépendance et participé à l’échange des intérêts communs ». Avec ces écrits et son combat pour la dignité, Abdelkrim incarne à lui seul l’Histoire de tous les peuples indigènes et de tous les opprimés sur Terre.

    Originaire du Rif, natif plus exactement d’Al-Hoceima, appartenant à la même fraction et tribu des Aït Ouriaguels que celles d’Abdelkrim (la maison de mes grands-parents est située à quelques pas de celle d’Abdelkrim et de son QG de la République Rifaine appelé « Ficina », aujourd’hui en ruine) et le fait que je sois marié à une femme originaire de l’île de la Réunion où Abdelkrim a passé plus de 20 ans de son exil, il va de soi que je m’intéresse passionnément à la vie d’un homme qui a façonné l’histoire d’un peuple et d’un territoire auxquels j’appartiens et je tenais donc à lui rendre hommage dans ces quelques lignes.

    Je réalise aujourd’hui la valeur inestimable de l’homme qu’il était grâce aux nombreux témoignages que j’ai pu recueillir sur le personnage et son combat pour la dignité, sur sa terre natale au cœur du Rif et à l’île de la Réunion. Mais, c’est dans cette île où je m’y rends régulièrement pour les vacances, que j’ai pu découvrir une face inconnue de sa vie et de son histoire de résistant. Les familles qui l’ont côtoyé, à Saint-Denis où il a passé les premières années de son exil en résidence surveillée à château Morange ou bien dans sa ferme aux Trois Bassins après le relâchement de l’étau sur lui et sa famille, me parlaient souvent d’un homme très sage et très estimé des trois principales communautés de l’île (musulmane, hindou et chrétienne).

    C’est pour dire que cet écrit n’est pas une diatribe violente, mais un appel sincère au rétablissement de sa mémoire et un hommage à un oublié de l’histoire officielle, appel teinté de témoignages que j’ai pu recueillir moi-même sur l’homme ; certes, une critique amère et qui paraîtra même pour certains comme un réquisitoire polémique d’une personne outrée et en colère. Mais comment s’exprimer devant cette grande injustice qui touche encore aujourd’hui les sentiments, la dignité et la mémoire de tous les Rifains après tant de sacrifices, tant d’attente et tant d’espérance née avec l’avènement du nouveau règne.

    Plus de quarante quatre ans après sa mort, sa tombe demeure toujours exilée en Egypte. Certes, selon de nombreux témoignages, Abdelkrim a refusé en 1956 de rentrer dans son pays natal tant que le dernier colon ne l’aura pas quitté et le pouvoir restitué au peuple. Mais comment ne pas comprendre sa position de principe après la trahison contre l’armée de libération et la répression brutale du soulèvement rifain en 1958, instiguées par les mêmes officiers coloniaux et collabos qu’il a combattu quelques années auparavant, devenus en 1956 des commandants de l’armée du Maroc indépendant. Son intuition qui lui a fait pressentir un complot de vengeance contre le Rif s’est avérée exacte.

    Aujourd’hui, Abdelkrim ne concerne pas seulement ce Rif qui a tant souffert de porter honorablement les racines de ce combattant anticolonialiste exceptionnel et de son poids monumental qui pèse encore sur la conscience du pouvoir. De nombreuses voix se soulèvent aujourd’hui partout au Maroc et à l’étranger pour réclamer le retour de sa dépouille à sa terre natale et de lui rendre un hommage solennel avec des funérailles dignes du résistant libre qu’il était. Le rapatriement de sa dépouille dans son village natal d’Ajdir, la restauration de son QG « Ficina » et sa transformation en musée portant son nom, ne seront que fierté et honneur pour tout le peuple marocain d’hier et d’aujourd’hui et justice enfin rendue aux Rifains.

    Enfin, il est temps que l’Etat marocain reconnaisse officiellement ses erreurs du passé et ses représailles commises contre les Rifains en 1958. Comme il est temps également que les anciennes puissances coloniales (Espagne et France) reconnaissent leur responsabilité de « crime contre l’humanité » quant à l’utilisation des armes de destruction massive contre les populations civiles pendant la guerre du Rif en présentant des excuses officielles et des compensations en participant au développement du Rif.

    Mohamed SIHADDOU

    Ingénieur en Télédétection

    Toulouse/FRANCE Abdelkrim : La Dépouille d’un Héros ou La Mémoire d’un Peuple

    Source : FADMA, 24 mars 2007

    Tags: Maroc, Rif, Hirak, Abdelkrim El Khattabi,

  • Le Maroc met le Sahara occidental et le Rif sur le même plan

    La police marocaine a expulsé hier un groupe de 5 partisans espagnols du mouvement sociopolitique rifain et a interdit l’entrée sur le territoire rifain à David Peñafuerte Rendón, membre du Conseil des citoyens de Podemos Andalousie.

    Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Comme au Sahara occidental, le Maroc veut resserrer le siège autour de la région du Rif à cause du mouvement de protestation , qui a débuté en octobre 2016 après la mort d’un marchand de poissons qui a été broyé , avec sa marchandise, dans le mécanisme de compactage du camion poubelle.

    Pour imposer l’isolement de ces deux territoires, le Maroc procède à l’expulsion et à l’interdiction d’entrée aux journalistes et aux personnalités politiques étrangères. Le comportement des autorités est le même avec les Sahraouis et les rifains, ce qui fait du Rif un territoire occupé dont l’accès n’est possible qu’avec un permis des autorités d’occupation.

    En 2017, plusieurs journalistes venus couvrir les manifestations du Rif ont été expulsés:

    – Jose Luis Navazo et Fernando Sanz. Le premier est directeur de la Correos diplomatico, marié à une femme marocaine et résidant au Maroc depuis 17 ans. Le seconde est son collaborateur.

    – Djamel Alilat, correspondant du journal El Watan algérien.

    – Saeed Kamali Deghan, de Tha Guardian

    En 2018:

    – L’eurodéputée députés Kati Piri (PvdA) et Lilianne Ploumen (PvdA), membres de la chambre basse du parlement néerlandais, ont été bloqués à l’aéroport et expulsés.

    En 2019:

    – Gerbert Van der Aa, journaliste néerlandais enquêtant sur l’immigration et la situation dans le Rif.

    – Koen Greven, journaliste néerlandais aussi.

    Les autorités d’occupation marocaines ont ainsi transformé le Rif en une prison à ciel ouvert où plus de 500 militants sont en prison et où de nombreux jeunes ont été contraints d’émigrer pour fuir la répression féroce qui les frappait pour le simple fait d’avoir revendiqué la construction d’un hôpital, d’une université et l’amélioration des conditions sociales de cette région marginalisée depuis des décennies.

    El Correo Diplomático Saharaui, 17 mars 2019

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Rif, Hirak, marginalisation, opression,

  • Maroc : une mère rifaine dénonce l’état de santé de son fils emprisonné

    La mère de Hassan Barba, détenu politique rifain a appelé les autorités marocaines et les défenseurs des droits humains à sauver son fils emprisonné à Fès .

    Dans une interview accordée à Alyoum24, la mère de Hassan Barba, a signalé que son fils « Hassan est le plus jeune détenu du mouvement rifain. Il est né le 26/03/1997 et son état de santé est très détérioré ».

    « Hassan souffre de maladies chroniques, notamment de tuberculose et de maladies rénales », a précisé cette mère meurtrie par l’injustice commise contre son fils d’à peine 22 pritemps.

    Pour sa part, la sœur de Hassan a également accusé l’administration d’avoir privé son frère du droit de se faire examiner par le médecin.

    Pour rappel, Hassan Barba avait été condamné, en 2018, à 20 ans de prison par le tribunal de première instance d’Al Hoceima, après les événements du 26 mars 2017, à la suite de son inculpation pour avoir incendié des installations publiques dans le contexte de manifestations du Hirak rifain.

    Tags : Maroc, Makhzen, Rif, Hirak, Hassan Barba,

  • Maroc : Zefzafi fixe les conditions d’une sortie pour la crise du Rif

    Prison d’Oukacha, Casablanca, Maroc

    Dans une lettre adressée à son père, Nasser Zefzafi refuse de discuter avec ce qu’il appelle les « bourtiques politiques » et il appelle à « un dialogue sincère et objectif avec ceux qui détiennnent le pouvoir »

    « La conjoncture oblige l’État à bien réfléchir aux solutions sérieuses et efficaces et les conséquences de l’intransigeance qui ne lui servira à rien ». a-t-il affirmé. « La Patrie est au-dessus de toute cacophonie et la credibilité de l’État se trouve dans la réalisation des revendications populaires et la démocratie dans l’écoute de la voix du peuple ». a-t-il ajouté.

    Pour sortie de la crise du Rif, Zefzafi a fixé quatre conditions au régime alaouite :

    1) La libération de tous les prisonniers politiques.

    2) Abandonner les poursuites contre les Rifaines et les Rifains de l’intérieur et de diaspora.

    3) Satisfaire les revendications de la population du Rif.

    4) Poursuivre et juger tous ceux qui sont impliqués dans les violations et les crimes contre l’humanité commis dans le Rif.

    Pour rappel, plus de 500 militants rifains croupissent dans les géôles du Makhzen. Leur seul crime est d’avoir revendiqué la construction d’un hôpital pour les malades du cancer et un établissement pour les études universitaires.

    Leurs conditions de détention se dégradent quotidiennement et les qutorités d’occupation marocaines continuer de faire fi des appels des organisations des droits de l’homme. Leur seul souci est de faire payer ces militants le fait d’avoir osé manifester pacifiquement.

    Tags : Maroc, Makhzen, Rif, Hirak, Nasser Zefzafi, droits de l’homme, répression,

  • La bande dessinée  » LE Rif de 1921″ de Javier Yuste et Antonio Gil est publiée, l’exploit du régiment Alcántara raconté presque cent ans plus tard

    Le dixième fascicule de la collection « Histoire de l’Espagne en vignettes » arrive. A cette occasion, nous allons de pair avec leurs auteurs à « El Rif de 1921 ». Un sombre passage de l’histoire militaire espagnole, où l’une des plus grandes catastrophes est consumée. À partir du 21/03, les garçons du régiment Alcántara arrivent dans les librairies. Le seul régiment de l’armée espagnole à se comporter avec dignité.

    Rif: 22 et 23 juillet 1921, l’armée espagnole, défaite, sans commandement et paniquée, fuit Anoual poursuivie par un ennemi implacable, de loin supérieur en nombre. Sans espoir de recevoir des renforts, ce fouillis d’hommes abandonnés à leur sort ne leur donnera qu’une chance de survivre: le sacrifice du régiment de cavalerie Alcántara n ° 14 de cavalerie, le seul qui conserve intégralement son intégrité et sa discipline.

    C’est l’histoire de quelques cavaliers qui, en quelques heures et sans chevauchée sans retour, vont tester la force de leurs liens d’amitié et de camaraderie face à l’horreur, mais ils feront également l’expérience du plus bas des êtres humains.

    Javier Yuste González, né en 1980 à Guernica (Biscaye) réside actuellement à Pontevedra. Il écrit depuis 2007, après avoir publié 11 longs ouvrages entre essais historiques, biographies, romans et une traduction. Il collabore aussi fréquemment à diverses publications et sites Web tels que le magazine General Marine, Historia Rei Militaris, Novilis, ARES, SITHNET, etc. Javier est bien connu dans le réseau des réseaux grâce à son blog déjà bien connu, Navegante del Mar de Papel.

    Antonio Gil est un illustrateur et auteur de la bande dessinée historico-militaire. Il a travaillé pour de nombreux éditeurs spécialisés dans les thèmes historiques avec plus de 100 publications au cours des dernières années, bien qu’il se concentre maintenant davantage sur la bande dessinée. Ses travaux récents ont été publiés en Espagne et bientôt aux États-Unis: « Stalingrad lettres depuis La Volga » et « Le flûtiste du Gerderland » (dessinateur et scénariste).

    Todo Literatura

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    Tags : Maroc, Rif, Hirak, Bande dessinée, Antonio Gil,

  • Maroc : « Un drame a fondé mon héritage » (Sam Touzani)

    Acteur, humoriste, auteur, metteur en scène, etc.: Sam Touzani, né il y a 45 ans, n’est plus à présenter. Ce qu’on ignore parfois, ce sont ses rapports difficiles avec le pays d’où viennent ses parents, le Maroc. Explications.

    Comment vos parents se sont-ils retrouvés en Belgique?

    C’était en 1965. Mon père vient d’un village berbère, Bni Touzine, à 30 km de Nador, dans le Rif; ma mère est de Tanger. Ils étaient de milieu modeste et analphabètes. Mon père, passé en Algérie française, avait combattu à 16 ans et demi en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, à Monte Cassino. Quatre de leurs enfants sont nés au Maroc, trois, dont moi, à Bruxelles. J’en profite pour tirer mon chapeau: comment ils ont pu élever tant d’enfants avec si peu de moyens, un père manœuvre, une mère femme de ménage, c’est inouï!

    Pourquoi refusez-vous d’aller au Maroc?

    A cause d’un vrai drame qui a eu lieu en 1972 et qui m’a marqué à vie. Ma mère s’était rendue avec une grande sœur au consulat du Maroc à Bruxelles pour obtenir des cartes d’identité. Pour rentrer au pays, c’était l’idée initiale de tous les Marocains immigrés, celle du retour. Après, avec les enfants nés ici, ces projets se sont souvent évanouis. Là, donc, on a exigé un bakchich et ma maman, indignée, a refusé. Des gorilles ont surgi, les ont giflées devant tout le monde puis les ont traînées dans les caves pour les tabasser avant de finir par les jeter sur le trottoir. Personne n’avait levé le petit doigt pour elles. Elles ont dû aller à l’hôpital, ont porté plainte, et ensuite subi des menaces pendant des semaines de flics marocains en civil. J’avais 4 ans. C’est mon héritage.

    Votre père n’était pas un opposant?

    Non, il avait, comme beaucoup de Rifains, une grosse méfiance de ce qui venait du «makhzen» (pouvoir pyramidal autour de la personne royale). Ils ont alors tenté d’acheter mes parents pour éviter un procès, ils ont offert un million de francs belges, une somme énorme en 1972, mais ma mère a refusé, elle a dit non à l’oppression, à l’injustice, au dictateur. Tout ce que je suis devenu depuis lors, c’est à partir de cet ancrage-là. Je précise que nous avons été aidés par des opposants, Abdelrahmane Cherradi et Mohamed el-Baroudi. Ce dernier était un compagnon de Mehdi Ben Barka, le grand leader de l’opposition marocaine assassiné en 1966 en France.

    Comment le makhzen entend-il contrôler l’immigration?

    Il y a eu longtemps les «amicales», ces associations marocaines dans les divers pays d’immigration où des barbouzes faisaient la loi. Les mosquées, aussi, ou les professeurs de religion islamique. Une toile tentaculaire. Et les gens avaient peur, surtout qu’ils rentraient les étés au Maroc. Pensez que des gens disparaissaient ! Maintenant, l’omerta continue dans les familles marocaines mais c’est plus policé, c’est en costume trois-pièces. Mohammed VI n’est pas sanguinaire. Mais on continue à étouffer tout projet de résistance dans l’œuf. Depuis que les immigrés ont le droit de vote, le Maroc s’assure l’allégeance des élus d’origine marocaine, il n’y a que cinq d’entre eux qui refusent cette mascarade. Il y a des élus qui sont des agents marocains dans les trois grands partis traditionnels. Mais des Belges y participent aussi, comme Philippe Moureaux, qui a organisé naguère des soirées en faveur de la «marocanité» du Sahara occidental payées par des deniers belges !

    Et la Belgique entretient de bons rapports avec le royaume…

    Cela cache quels intérêts? Qui a peur de la démocratie au Maroc chez nos politiques? Il y a 250 militants du mouvement du 20 Février (dans le sillage des «printemps arabes» en 2011, NDLR) qui sont en prison et personne n’en parle ! Le roi est l’une des plus grosses fortunes au monde, il est plus riche que l’émir du Qatar, selon le magazine Forbes, c’est le premier assureur au Maroc, premier banquier, premier propriétaire terrien, etc. cela sur le dos du peuple, c’est honteux. Mais cela ne durera pas, on va vers la fin de la monarchie…

    BAUDOUIN LOOS

    A lire dans Le Soir version papier, ce samedi 22 février 2014, mon reportage dans la région de Nador (Rif), et aussi un article sur la volonté du Maroc de contrôler les populations de l’immigration marocaine.

    Source : Blog de Baudoin Loos, 21 fév 2014

    Tags : Maroc, Makhzen, Sam Tousani,  Rif, Hirak,