Étiquette : Sahara Occidental

  • Dakar et Abidjan, ont-ils laissé tomber le Maroc dans la question du Sahara Occidental ?

    Selon les documents révélés par le hacker Chris Coleman, le Sénégal, le Côte d’Ivoire et la République Centrafricaine constituaient l’équipe de choc pour la défense des intérêts du Maroc au sein de l’Union Africaine, notamment pour empêcher celle-ci de se mêler du dossier du Sahara Occidental.

    Le moment pour envoyer un message d’intransigeance à la communauté internationale semble mal choisi. Le processus de paix onusien est embourbé dans les sables du désert saharien. Le Secrétaire Général de l’ONU n’arrive pas à trouver un nouvel envoyé personnel pour succéder l’Allemand Horst Kohler.

    Dans cette situation extrêmement difficile, le Maroc tente de trouver des motifs resserrer les rangs des marocains autour du pouvoir moyennant des interventions pour entretenir l’opinion publique et l’inviter à s’autocensurer en vue d’affronter « l’ennemi commun » (les sahraouis et l’Algérie). Non sans raison, la toile marocaine est remplie de faits divers qui se répètent constamment comme le viol en groupe. Cette année, un nouvel élément a été ajouté pour amuser la galère: le vol des montres de luxe du roi Mohammed VI.

    Dans le cadre de cette « animation » téléguidée depuis le palais, le Maroc a procédé à l’annonce d’ouverture de consulats au Sahara Occidental. Parmi ces pays, la « Guinée ». Les marocains n’ont pas voulu préciser de quelle Guinée s’agit-il. Ils laissent le doute faire son travail et cachent ainsi le poids microscopique de ce pays. La Guinée Conakry a emboîté le pas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire qui semblent avoir quitté le jeu de chantage du Maroc en Afrique et dont la base est la corruption et le mensonge. Il y a lieu de se demander pourquoi ces deux grands alliés du Maroc dans le passé n’ouvrent pas un consulat dans le territoire sahraoui disputé. Ce qui est clair, c’est que les relations entre Rabat, Dakar et Abidjan ne sont plus au beau-fixe. Libreville semble devenir la seule destination pour les vacances de Mohammed VI.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Union Africaine, UA, consulats,

  • Ballet diplomatique à Alger et larmes à Rabat

    Après le chef du Gouvernement d’union nationale libyenne, Fayez al-Sarraj, le Premier ministre italien, Giuseppe Conte et les chefs de la diplomatie turque, égyptienne et italienne, c’est au tour du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian de se rendre ce mardi en Algérie.

    Les réactions de jalousie du Maroc imposent la discrétion. Aucune autre précision n’est fournie sur l’agenda de la visite de Le Drian. Cette visite qui sera probablement axée pour l’essentiel sur la question libyenne intervient au lendemain d’une entrevue entre le président algérien Abdelamjid Tebboune à Berlin dans le cadre de la conférence de Berlin organisée par Angela Merkel sous les auspices de l’ONU.

    Devant les participants à la conférence, Abdelmadjid Tebboune a exprimé la disponibilité de l’Algérie à abriter le dialogue entre les « frères libyens » et son rejet « catégorique » de la politique du fait accompli en Libye. Tout en appelant la communauté internationale à assumer sa responsabilité en matière de respect de la paix et de la sécurité dans ce pays.

    Le président Tebboune a affirmé que « l’Algérie refuse toute atteinte à son intégrité nationale et à la souveraineté de ses institutions. Nous sommes appelés à arrêter une feuille de route aux contours clairs, qui soit contraignante pour les parties, visant à stabiliser la trêve, à stopper l’approvisionnement des parties en armes afin d’éloigner le spectre de la guerre de toute la région », a-t-il dit.

    Malgré que le gouvernement libyen d’union nationale a été créé sous des cieux marocain à Skhirat, l’ONU refuse d’impliquer le Maroc dans le processus initié dans la capitale allemande. Pour plusieurs raisons : Le Maroc ne fait jamais rien sans demander quelque chose en contrepartie, notamment des faveurs dans le dossier du Sahara Occidental où les tentatives des Nations Unies visant à résoudre con conflit quadragénaire se heurtent aux velléités colonialistes de Rabat et ses mentor français.

    A l’instar de son allié français, la présence marocaine au Sahel n’est pas bien vue. Les pays de la région pointent la responsabilité du haschich marocain dans la dégringolade de la situation sécuritaire au Sahel. Non sans raison, Mme Merkel a chargé le président Emmanuel Macron de calmer son ami marocain. Une amitié qui porte préjudice au principe de neutralité vis-à-vis du conflit libyen. La neutralité marocaine est un leurre. Le Maroc n’est là que pour défendre l’agenda et les intérêts de la France. Paris lui rend l’ascenseur lors de la rédaction de la résolution du Conseil de Sécurité qui prévoit le renouvellement du mandat de la MINURSO.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, MINURSO, Antonio Guterres, conférence de Berlin, Libye,

  • A Berlin, le Maroc paye la facture de son alignement inconditionnel avec Paris

    Le Maroc a exprimé officiellement son rejet de sa marginalisation de la conférence de Berlin sur la Libye organisée par l’Allemagne que Rabat accuse de vouloir «  la transformer en instrument de promotion de ses intérêts nationaux ».

    Pour prétendre à sa part du gâteau libyen, le Maroc a voulu rappeler aux autorités de Tripoli le rôle qu’il a joué dans le dossier avec les accords de Skhirat qui ont permis la création d’un Gouvernement d’Union national accepté en façade par l’Occident, mais trahi par ceux qui soutiennent le général Haftar, la France à leur tête, le véritable artifice de ces accords.

    A Tripoli, les responsables libyens sont conscients que la diplomatie de Rabat ne peut se dissocier de celle de l’Elysée, son premier allié dans le contentieux du Sahara Occidental et sa politique extérieur a toujours été caractérisée par un alignement aveugle aux aventures africaines des gaulois. Il semble que le président du gouvernement libyen a demandé, à la dernière minute à la chancelière allemande Angela Merkel d’inviter la Tunisie tout en écartant le Maroc. Al Sarraj est bien conscient que les autorités de Rabat se mettront du côté de leur alliés français. En d’autres mots : avec Haftar. C’est cela le Maroc, un pays qu’on appelle en cas de besoin, mais qui n’a aucun poids réel en raison du manque d’indépendance de sa diplomatie et notamment sa responsabilité dans la production de haschich, une drogue devenue une des principales sources du financement du terrorisme dans la région du Sahel.

    Tags : Maroc, Libye, Sahara Occidental, France, Sahel, Cannabis, conférence de Berlin,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 13 janvier 2020

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général

    Le Secrétaire général est en France aujourd’hui où il doit prendre part à un dîner de travail organisé par le Président français, M. Emmanuel Macron, avec les dirigeants des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger).

    Le dîner, qui a lieu dans la ville de Pau, est organisé pour répondre à la crise au Sahel: il vise à renforcer l’engagement et la collaboration internationaux sur les questions de sécurité, de gouvernance, ainsi qu’en matière humanitaire et de développement.

    Le Haut-Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell; le Président du Conseil européen, M. Charles Michel; le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat; et la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Mme Louise Mushikiwabo; prendront également part au dîner.

    Samedi dernier, le Secrétaire général était au Portugal où il a participé à la cérémonie marquant la désignation de Lisbonne comme capitale verte européenne 2020. Dans son discours, il a déclaré que l’humanité menait une « guerre suicidaire » contre la nature, et il a souligné que 2020 devrait être l’année de lutte contre les changements climatiques.

    Le Secrétaire général reviendra à New York demain matin.

    Colombie

    Ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, M. Carlos Ruiz Massieu, a fait un exposé devant le Conseil de sécurité. Il a déclaré que l’année dernière la Colombie avait continué de faire des progrès importants dans le processus de paix.

    M. Ruiz Massieu a souligné que ces gains durement acquis doivent être protégés et mis à profit par la mise en œuvre globale de l’accord de paix. Il a encouragé les parties à approfondir leur dialogue pour pouvoir mettre en œuvre cet accord.

    En ce qui concerne les violences récentes dans certaines communautés, M. Ruiz Massieu a déclaré que la paix ne sera pas pleinement établie si les voix des dirigeants sociaux continuent à être réduites au silence, et si les anciens combattants qui ont déposé leurs armes et se sont engagés à leur réintégration continuent d’être tués. Il a appelé à traduire en justice les auteurs de ces attaques et à prendre des mesures plus efficaces pour protéger les personnes et les communautés.

    Syrie

    L’ONU demeure profondément préoccupée par la sécurité et la protection de 3 millions de civils à Edleb, dans le nord-ouest de la Syrie, dont plus de la moitié sont des déplacés internes, alors que de nouvelles informations ont fait état de frappes aériennes et de bombardements au cours du week-end dernier.

    Alors qu’un cessez-le-feu, entré en vigueur le 12 janvier, avait apparemment conduit à un certain calme, des frappes aériennes intensives le 11 janvier dans des villes de la région auraient fait 21 morts, dont huit enfants et cinq femmes, et causé la destruction d’infrastructures civiles. Des dizaines de personnes supplémentaires ont été blessées, dont bon nombre étaient des femmes et des enfants.

    L’ONU exhorte toutes les parties, et celles qui ont une influence sur elles, à assurer la protection des civils et des infrastructures civiles, conformément à leurs obligations découlant du droit international humanitaire.

    Yémen

    L’opération humanitaire au Yémen reste la plus importante au monde, avec 24 millions de personnes -soit environ 80% de la population du pays– qui ont besoin d’une assistance vitale.

    Environ 7,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance nutritionnelle, dont 2,1 millions d’enfants de moins de cinq ans et 1,1 million de femmes enceintes ou allaitantes qui ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë.

    Au 8 janvier, près de 861 000 cas possibles de choléra avaient été signalés depuis 2019, dans 324 des 333 districts du Yémen.

    Quelque 3,6 millions de personnes sont déplacées dans le pays, dont près de 400 000 depuis 2019.

    Le Conseil de sécurité a renouvelé aujourd’hui le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) pour une nouvelle période de six mois.

    Philippines

    Les Nations Unies sont en contact avec le Gouvernement des Philippines, qui dirige les opérations de réponse après l’éruption du volcan Taal dans la région de Calabarzon, à 70 kilomètres au sud de Manille, la capitale.

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que 18 000 personnes ont trouvé refuge dans des centres d’évacuation, un chiffre qui devrait augmenter.

    L’OCHA, avec l’Agence des Nations Unies pour les migrations, l’OIM, dispose d’équipes sur le terrain qui fournissent des conseils techniques au Gouvernement. Ces équipes se rendront dans les centres d’évacuation et examineront les besoins pour le soutien des autorités philippines.

    L’OCHA félicite le Gouvernement pour la rapidité de son aide aux personnes touchées par l’éruption volcanique. L’équipe de pays pour l’action humanitaire des Nations Unies est prête à fournir un soutien supplémentaire en fonction des besoins et des demandes.

    Coronavirus

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré aujourd’hui qu’elle travaille avec des responsables en Thaïlande et en Chine, après des informations selon lesquelles le nouveau coronavirus a été confirmé chez une personne en Thaïlande.

    Cette personne s’est rendue en Thaïlande depuis Wuhan, en Chine, et se remet maintenant de sa maladie.

    L’OMS affirme que le cas identifié dans un autre pays est une raison de plus pour renforcer son appel à poursuivre la surveillance active et la préparation.

    L’OMS peut fournir des conseils sur la manière de détecter et de traiter les personnes atteintes du nouveau virus. La Chine a partagé le séquençage génétique, ce qui permet aux pays de diagnostiquer rapidement les patients.

    L’OMS souligne également qu’il est essentiel que les enquêtes se poursuivent en Chine pour identifier l’épidémie.

    Le Directeur général de l’OMS, M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, consultera les membres du Comité d’urgence de l’OMS.

    Haïti

    Hier, Haïti a marqué le dixième anniversaire du tremblement de terre qui a tué des centaines de milliers de personnes, dont 102 membres du personnel de l’ONU.

    À Port-au-Prince, le personnel des Nations Unies s’est réuni à 16 h 30 pour une cérémonie sur le site de l’hôtel Christopher – l’ancien siège de la mission de maintien de la paix qui s’était effondrée pendant le tremblement de terre.

    Dans un communiqué de presse publié au nom de l’équipe de pays des Nations Unies, Mme Helen La Lime, Cheffe de la mission politique des Nations Unies, a déclaré que « si nous honorons les victimes, la commémoration de cet événement tragique doit également être une source d’engagement renouvelé et un appel à s’unir derrière la vision d’une Haïti stable, démocratique, inclusive et prospère ».

    Elle a réitéré l’engagement constant de l’ONU à soutenir la population et les dirigeants d’Haïti pour répondre à ces aspirations.

    Tout au long de la semaine, d’autres événements marqueront cet anniversaire. À Tunis, l’ONU a inauguré, aujourd’hui, la salle Hedi Annabi, en la mémoire de l’ancien chef de la mission de l’ONU, qui avait péri lors du tremblement de terre. M. Annabi était également Sous-Secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix.

    Des commémorations sont également prévues à Genève, mercredi, tandis que le Secrétaire général présidera vendredi au Siège un événement pour le souvenir.

    Déclarations

    Dans une déclaration publiée ce week-end, le Secrétaire général a dit qu’il était préoccupé par l’augmentation des tensions au Sahara occidental alors que le rallye-raid Africa Eco Race s’apprête à traverser Guerguerat. Le Secrétaire général appelle tous les acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à désamorcer les tensions.

    Dans une autre déclaration, M. António Guterres a présenté ses sincères condoléances à la famille royale, au Gouvernement et au peuple d’Oman à l’occasion du décès de Sa Majesté le Sultan Qaboos Bin Said. Le Sultan Qaboos a dirigé Oman pendant 50 ans et était le fer de lance de la transformation d’Oman en un pays prospère et stable.

    Rapport du Conseil de sécurité

    La Division des affaires du Conseil de sécurité a publié la dernière édition de sa publication phare en ligne – « 2019 Highlights of Security Council Practice ».

    L’édition de cette année a été publiée sur une toute nouvelle plateforme, tirant parti des nouvelles technologies et de la conception visuelle, ainsi que d’une étendue de données pour améliorer l’interactivité et l’engagement des utilisateurs. Cette édition 2019 comprend des données sur les réunions du Conseil de sécurité datant de 1946.

    Le rapport est désormais disponible sur le site de la Division des affaires du Conseil de sécurité.

    Liban

    Le Contrôleur des Nations Unies a informé que le Liban avait fait un paiement pour sa quote-part du budget ordinaire. Son droit de vote est ainsi rétabli.

    UN PRESS RELEASE, 13 jan 2020

    Tags : Secrétaire général, Colombie, Syrie, Yémen, Philippines, Coronavirus, Haïti, Sahara occidental, Africa Eco Race,

  • Assassinats, coups d’Etat. Tout sur le passé trouble qui lie la France au Maroc

    Le Maroc et la France partagent une histoire occulte écrite par des truands et des mercenaires utilisés par les services secrets des deux pays pour exécuter leurs coups tordus et leurs basses œuvres. Plongée dans le monde des barbouzes.

    Nous sommes à la fin des années 1950. Le gouvernement français a constitué une “war room”, conseil de guerre ultrasecret et restreint, chargé de dresser “une liste de personnalités acquises au F.L.N” et “d’hommes publics particulièrement ennemis de la France” à neutraliser ou à liquider. Allal El Fassi est le premier homme à abattre.

    Dans ses mémoires, le colonel Le Roy-Finville, chef du service 7, spécialisé dans l’obtention de renseignements pour le compte du S.D.E.C.E (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), le décrit comme “un Marocain vigoureusement anti-français et allié virulent au F.L.N”. “L’idée, écrit Le Roy-Finville, est de faire sauter El Fassi et les autres chefs de l’Istiqlal à l’occasion d’une de leurs rencontres à Tétouan, en zone espagnole”, prévue à l’hôtel Dersa. Le service 7 se charge de fournir au service Action toutes les indications techniques : poids d’explosif nécessaire, épaisseur des murs, systèmes de sécurité, etc. “Du travail tout mâché”, rapporte le colonel. Sauf que “les militaires ne veulent pas se salir les mains” et constituent “un petit groupe de repris de justice qui se disent prêts, eux, à faire la sale besogne. Contre une bonne récompense (…) et des protections pour leurs petites affaires”.

    Ces spécialistes des coups tordus, connus sous le terme de barbouzes, sont dans leur grande majorité des truands employés par les services secrets français pour les basses œuvres. Ils sont notamment utilisés dans les “contrat homo”, expression désignant l’élimination physique de personnes gênantes pour les intérêts de la France. A la tête des truands engagés par les services spéciaux pour assassiner Allal El Fassi, Jo Attia et Georges Boucheseiche, deux barbouzes connus des renseignements de police en France et proxénètes chevronnés au Maroc. Ceux-là mêmes qui seront impliqués, quelques années plus tard, dans l’affaire Ben Barka. Massacreurs professionnels sur le papier, ces “types du milieu” sont loin d’être des enfants de chœur et ont un CV de malfrat long comme un jour sans pain.

    Le fiasco Attia

    Pourtant, ils s’avèrent être des dilettantes du crime dans la tentative d’assassinat de Allal El Fassi. Comme dans un San-Antonio loufoque, Leroy-Finville surnomme la tentative avortée d’éliminer le chef de l’Istiqlal le “fiasco Attia”. C’est que Jo Attia et Georges Boucheseiche, “le grand Malabar” et “le petit gros”, sont à la discrétion ce que l’hippopotame est à la grâce. A l’aéroport d’Orly où ils embarquent pour Tanger, les deux rossards se font remarquer par des effusions grandiloquentes, sous les yeux ébahis des voyageurs. Attia embrasse goulûment sa petite amie, “une petite brune piquante, très jolie”. Il faudra attendre que l’hôtesse de l’air lance un appel pour embarquement immédiat pour que les deux acolytes détalent “en direction de la salle de départ, en se retournant encore dix fois pour faire des signes à la fille”.

    Dans l’avion Air Atlas qui les mène vers Tanger, Boucheseiche et Attia retrouvent “deux hommes à eux, Nottini, dit la Béquille, et Palisse, autre future ‘célébrité’ de l’affaire Ben Barka”. Durant le vol, “Attia et les trois autres branquignols, sablant le champagne aux frais de la princesse, laissent tomber par inadvertance un sac de grenades qui roulent sous les sièges des passagers”. à quatre pattes, les malfrats, que les passagers prennent pour des plaisantins ivres, récupèrent les bombes, “qui ricochent comme des billes, au gré du balancement de l’appareil”. Les négligences perdurent à leur arrivée au Maroc : la première valise piégée installée à l’hôtel Dersa explose dans la mauvaise direction. La seconde, installée par les soins d’Attia dans la villa de Allal El Fassi, est retrouvée et désamorcée par la police espagnole. Le premier “contrat homo” est un échec.

    Des truands très show-off

    Après cette tentative d’assassinat avortée, la presse ne parle que d’eux. La police locale se lance aux trousses de la bande. Les barbouzes, en arrivant au Maroc, se font remarquer en faisant “la tournée des grands ducs dans les boîtes”, “en menant grand tapage”. Le gang se sépare : Palisse et Boucheseiche cavalent en zone française, tandis qu’Attia et Nottini la Béquille rebroussent chemin pour Tanger. Là-bas, Attia se fait passer pour un agent du S.D.E.C.E auprès d’un gérant de bar français. Ce dernier leur présente Antoine Lopez, chef d’escale de l’aéroport de Tanger. Ce futur agent secret, bientôt impliqué dans le kidnapping de Ben Barka, peut les rapatrier en France en leur évitant police et douane.

    “Empotés comme il n’est pas permis”, décrit Le Roy-Finville, Attia et Nottini brillent encore une fois par leur amateurisme. En voyant le déploiement de policiers à l’aéroport, Attia panique et se souvient qu’il a encore un revolver sur lui. Il s’engouffre dans les toilettes de l’aérogare et décide de cacher l’arme dans la cuvette. Sauf que le poissard a encore des balles dans sa poche. Il garde les munitions dans sa paume droite et décide, en feignant une poignée de main, de les tendre à Lopez. Sauf que le chef d’escale ne comprend pas. “Les balles tombent, rebondissent sur l’asphalte dans un crépitement métallique”, devant une flopée de policiers, qui se jettent sur le gang et mettent les brigands étourdis sous les verrous…

    L’affaire Ben Barka

    Malgré ce plantage, on refait appel quelques années plus tard à la bande de Boucheseiche. Elle est chargée d’organiser, le 29 octobre 1965, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp avec l’aide de policiers français. Maurice Buttin, avocat de la famille de l’opposant marocain, rapporte que c’est d’abord Jo Attia qui reçoit “une demande des Marocains d’éliminer physiquement Ben Barka”. La consigne : procéder à l’assassinat à “Genève, avec un fusil à lunettes”. Un “contre-ordre” lui fait savoir que le pouvoir préfère “ramener Ben Barka vivant au Maroc”. On l’informe qu’à Paris, un certain Georges Figon doit se charger de la question. Attia n’accorde aucune confiance à ce personnage naviguant entre milieux intellectuels parisiens et malfrats de la capitale. Il préfère donc “refiler l’affaire à son lieutenant, Boucheseiche”.

    Georges Boucheseiche est à la tête de plusieurs maisons closes, au Maroc et en France, qu’il gère avec son épouse. La barbouze est introduite dans les hautes sphères du pouvoir marocain, organise des soirées pour le beau monde et rêve d’ouvrir, sous les cieux du royaume, le plus grand bordel sur terre. “Un établissement fabuleux installé à Aïn Diab, au bord de l’océan, pas trop loin du centre des affaires, tout près de l’aérodrome”, rapporte un article de presse de l’époque. Pour le convaincre de participer au kidnapping de l’opposant à Hassan II, on lui aurait fait miroiter l’espoir qu’il obtiendrait, une fois sa mission accomplie, son lupanar…

    Boucheseiche mouillé jusqu’au cou

    C’est Antoine Lopez, le chef d’escale qui devait, quelques années plus tôt, faciliter la fuite d’Attia après l’attentat contre Allal El Fassi, qui est chargé d’accueillir le leader du mouvement tiers-mondiste à l’aéroport et de prévenir ses ravisseurs de son arrivée. Une fois le rapt effectué, Ben Barka est amené, ce vendredi 29 octobre, dans la villa de Boucheseiche, à Fontenay-le-Vicomte, dans l’Essonne. Y est réunie sa bande, constituée de Jean Palisse, Pierre Dubail et André Le Ny. Avant l’arrivée du général Oufkir et du colonel Dlimi, Ben Barka aurait été enfermé au premier étage de la demeure. Parmi les innombrables versions dédiées au décès de l’opposant marocain, des éléments rapportés aux gendarmes par le fils de Le Ny, retranscrits par Maître Maurice Buttin dans Ben Barka, Hassan II, De Gaulle : “ce que je sais d’eux : Ben Barka aurait été transporté dans la villa de Boucheseiche, puis transféré à Ormoy, chez Lopez. Dlimi et Oufkir l’avaient torturé dans la cave (…) C’est Boucheseiche qui l’avait frappé en premier, car Ben Barka ne se laissait pas faire. D’un coup de poing, il lui avait cassé les cervicales. Ils l’avaient ensuite attaché (…) et Oufkir et Dlimi l’avaient un peu ‘bousculé’. C’est là que Ben Barka est décédé”.

    Dans le même ouvrage, Maurice Buttin cite un commissaire de police français retraité : “J’ai rencontré Palisse (…) Il m’a dit avoir assisté à la mort de Ben Barka, par accident, sur un mauvais coup que lui avait porté Boucheseiche”. à l’annonce de la disparition de Mehdi Ben Barka, c’est le royaume tout entier et l’Elysée qui se mettent en branle. Le 4 novembre 1965, Georges Boucheseiche prend la fuite pour le Maroc. Quatre jours plus tard, un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. Sa bande ne tarde pas à le rejoindre. Le 7 juin de la même année, la barbouze est condamnée, par contumace, à la perpétuité. Malgré les mandats d’extradition qui pèsent sur leurs têtes, Boucheseiche et ses complices coulent des jours heureux au royaume. Les truands prospèrent, sous la surveillance, ou plutôt la protection de la police marocaine. Boucheseiche reprend les affaires dans ses bordels. Son paradis artificiel, sous les cieux marocains, prend fin quelques années plus tard.

    Des hommes qui en savaient trop

    Boucheseiche, Le Ny, Palisse et Dubail sont arrêtés, au lendemain de la tentative de coup d’Etat de Skhirat, en 1971. La bande, dans sa quasi-totalité, est enfermée au Point Fixe 3 (centre secret de torture et de détention installé à Rabat). Pierre Dubail y entame, de novembre 1973 à avril 1974, un dialogue avec son voisin de cellule. Il s’agit de Ali Bourequat, l’un des trois frères que Hassan II fait prisonnier dans les geôles de Rabat puis de Tazmamart. Dans son livre Dix-huit ans de solitude (Ed. Michel Lafon), il recoupe les informations que lui distille Dubail : “Nous savons trop de choses. (…) Nous avons travaillé sous les ordres d’Oufkir, pour le compte du roi”. Les barbouzes connaissent personnellement Hassan II. “Il nous tapait sur le ventre. Il nous invitait à dîner, nous emmenait en balade. Notre façon de parler l’amusait…”

    Dubail voudrait que Ali Bourequat, à sa sortie, se rende au Henry’s Bar à Rabat, sur le boulevard Mohammed V. “Tu verras un homme qui, le dimanche, à l’heure du tiercé, boit un perroquet (…) Il est des nôtres”. Dubail voudrait que Bourequat prenne un billet de tiercé et y inscrive les chiffres 2 9 1 0 6 5, correspondant à la date de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka. “Il te fournira tout ce dont tu as besoin, assure Dubail à Bourequat. En échange, donne-lui de nos nouvelles. Dis-lui que nous sommes ici, au PF3. Dis-lui que nous avons peu de chances de nous en sortir”. Dans les épanchements de Dubail, une révélation reste à ce jour invérifiée. Au centre du niveau 2, devant la cellule 14 du PF3, se trouverait une tombe “un peu spéciale”. Ce qu’elle contiendrait ? “La tête de Ben Barka”, affirme Dubail. “On la lui a tranchée après sa mort. (…) Hassan II voulait la voir”.

    Selon le récit de Bourequat, “Dubail, Boucheseiche et Le Ny quittent le PF3” en avril 1974. “Boucheseiche reviendra le premier, le 29 octobre”, date anniversaire de la disparition de Ben Barka. “Le Ny le suivra le 14 novembre. Dubail, lui, reviendra le 16 novembre 1974. Ni lui ni les autres ne seront alors en mesure de communiquer avec qui que ce soit”. La phrase est interprétée comme une métaphore macabre. Des enquêtes publiées sur l’affaire supposent que ce retour est posthume, et que ce sont les dépouilles des barbouzes qui sont reconduites au PF3. Une seule chose est sûre : le sort de Boucheseiche et de ses compères est presque aussi nébuleux que l’affaire Ben Barka…

    Bob Denard entre en ligne

    Intimement imbriquée à la politique française dans ses anciennes colonies, la barbouzerie prend un tournant nouveau durant les années 1970. Le caractère occulte des relations franco-africaines est désormais définit par le néologisme “Françafrique”, expression qui dénonce les coups d’Etat et interventions sur le continent noir menés par des mercenaires à la solde de l’Etat français, relayés parfois par les Marocains. C’est que dans le contexte de guerre froide des années 1970, Hassan II a choisi son camp : ce sera l’Ouest. Le Maroc apporte notamment son soutien au dictateur Mobutu, l’assassin du leader de gauche Patrice Lumumba. Le royaume va jusqu’à accueillir des mercenaires en route pour déstabiliser des régimes de gauche africains. “Le marché des missions secrètes est si prospère en Afrique que je ne tarde pas à être de nouveau sollicité. Le contact vient cette fois d’un agent marocain”, raconte dans ses mémoires le célèbre mercenaire Bob Denard. Courant 1977, à Paris, où Denard a établi sa base arrière, l’agent des services secrets marocains lui aurait fait rencontrer le docteur Emile Derlin Zinzou, l’ancien président du Dahomey, destitué en juillet 1969 suite à un coup d’Etat. Le Dahomey, devenu la république populaire du Bénin, est désormais gouverné par le général Mathieu Kérékou qui a instauré un régime d’inspiration marxiste-léniniste. Bob Denard raconte avoir été contacté par le Maroc car Kérékou embarrasse le royaume depuis qu’il a pris parti pour le Front Polisario en reconnaissant la république sahraouie. L’homme gêne aussi la France qui désire le renverser pour “le remplacer par quelqu’un de plus proche des vues françaises”, raconte Jacques Foccart, l’éminence grise de l’Hexagone pour les affaires africaines. Ce dernier connaît très bien Bob Denard pour avoir déjà fait appel à ses services afin d’organiser des opérations militaires et des coups d’Etat sur le continent noir.

    La France marchant main dans la main avec le Maroc, Bob Denard estime qu’il peut s’engager dans cette affaire car il bénéficiera “d’appuis sérieux et de fonds conséquents”. “Mister Bob”, comme on le surnomme, dépêche un jeune officier en reconnaissance dans la capitale béninoise, Cotonou. Se faisant passer pour un touriste, ce dernier séjourne une semaine sur place pour évaluer les forces armées de Kérékou. Fort du rapport de son espion, Bob Denard juge qu’une opération militaire menée par des mercenaires serait le moyen le plus efficace de blackbouler Kérékou du pouvoir. Il en fait part aux parties prenantes dans l’opération, et notamment à Hassan II qui lui aurait fait “un premier versement de cent quarante cinq mille dollars” pour amorcer l’opération.

    Benguerir, base de chiens de guerre

    Bob Denard lance une campagne de recrutement de mercenaires, employant des Béninois exilés, qui seront épaulés par des Européens enrôlés grâce à des petites annonces publiées dans des quotidiens français. Bob Denard se fait appeler “colonel Maurin” pour les besoins de l’opération. Il n’informe aucune de ses recrues de la nature de la mission. Tous ignorent leur destination. Ce n’est qu’à l’aéroport, en recevant leurs billets d’avion, qu’ils découvrent leur port d’arrivée : le Maroc. Les chiens de guerre arrivent par petits groupes au royaume où, toujours selon Bob Denard, ils sont accueillis par des membres de la Gendarmerie royale. Ils sont ensuite conduits sur la base militaire de Benguerir qui, à l’époque, est considérée comme la base d’intervention du 13ème régiment de parachutistes français, une unité qui fournit le service action du SDECE en hommes de main.
    Bob Denard et son armée privée, composée de quatre-vingt-dix soldats de fortune, s’entraînent un mois complet sur la base de Benguerir. Ils sont équipés de fusils d’assaut, de mitrailleuses, de mortiers et de lance-roquettes. Bob Denard affirme avoir rencontré deux fois Hassan II pendant les préparatifs de l’opération. Le souverain lui aurait garanti, pendant l’un de leurs entretiens, son soutien plein et entier. “Après avoir versé son obole, le roi du Maroc nous garantit par contrat que le docteur Zinzou (ancien président du Bénin) nous allouera, pour sa part, quatre cent mille dollars”, raconte-t-il dans ses mémoires. Le 15 janvier 1977, Bob Denard et ses mercenaires sont passés en revue par le colonel Dlimi. Ils s’apprêtent à embarquer pour le Gabon, avant de débarquer au Bénin. Nom de code du coup d’Etat en cours : opération Crevette.

    Denard, barbouze de Sa Majesté

    A leur arrivée à Cotonou, “Mister Bob” et son armée privée rencontrent une opposition farouche. Denard n’arrive pas à prendre le contrôle de Cotonou et doit réembarquer l’après-midi même avec ses troupes. L’opération est un fiasco total, le commando de Denard en déroute est rapatrié au Gabon, avant de rejoindre le sud du royaume, “en accord avec les autorités marocaines”, écrit le mercenaire. L’opération Crevette aurait pu rejoindre la longue liste des coups d’Etat foireux d’après-indépendance en Afrique, restés auréolés de mystère. Sauf que là, Bob Denard abandonne derrière lui une caisse de munitions contenant les documents de l’expédition. La “Crevette” est décortiquée par Kérékou qui met en cause le Maroc et ses alliés français et gabonais. Pour ne rien arranger, les documents oubliés par Bob Denard sont intégralement publiés par la revue Afrique-Asie et établissent l’implication du Maroc dans le complot contre Kérékou. (…)

    telquel-online.com, 20 août 2013

    Photo : Bob Denard aux Comores

    Tags : Maroc, France, services secrets, Bob Denard, Algérie, Sahara Occidental, Mathieu Kérékou, Bénin, Dahomey, mercenaires, Mehdi ben Barka,

  • Des plans du Makhzen pour transformer l’Algérie en centre de transit de la drogue

    L’Algérie est dans la ligne de mire de toutes les institutions officielles marocaines qui rêvent de l’ « empoisonner avec les stupéfiants et de la transformer en un centre de transit du haschisch et de la cocaïne.

    Deuxième partie

    Anouar Malek : comment était la situation des soldats marocains dans les casernes durant la guerre ?

    Abdelilahou Issou: le Polisario nous bombardait quotidiennement avec des fusils mitrailleurs de 14,5 et 23 mm, ainsi un grand nombre soldats sont tués, sans parler des blessés. Les bases fortifiées de l’armée sont attaquées avec des RPG7, ainsi notre vie est devenue un véritable enfer. En plus de cela, des commandos sahraouis s’infiltraient dans nos casernes et égorgeaient nos soldats. Moi personnellement je ne dormais pas de peur. Mais après le cessez-le-feu de 1991 la situation s’est améliorée. En toute franchise, l’armée marocaine tremble de peur rien qu’en pensant aux commandos du Polisario. Au cas où une guerre éclaterait de nouveau, le Makhzen serait le plus grand perdant, pire les soldats déserteraient leurs casernes.

    99 % des sahraouis sont avec le Front Polisario, l’autodétermination est l’unique solution

    Anouar Malek : comment évaluez vous la situation des droits de l’homme au Maroc et au Sahara Occidental ?

    Abdelilahou Issou: les droits de l’homme ne sont pas respectés, ni au Maroc ni au Sahara Occidental. Les sahraouis sont considérés comme des citoyens de 2e degré. Ils sont maltraités, pourchassés et opprimés, ainsi de nombreux d’entre eux ont rejoint le Front Polisario. 99 % des sahraouis sont avec le Front Polisario corps et âmes. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que le Makhzen refuse le referendum de l’autodétermination. Les sahraouis voient quotidiennement leurs richesses spoliées. Un jour j’ai vu un bateau chargé de sable sahraoui destiné à la vente aux iles canari. Les exemples sur l’exploitation illégale des richesses sahraouies ne manquent pas.

    Anouar Malek : le peuple sahraoui est opprimé, ses richesses spoliées, pouvez vous nous parler de l’injustice que subi ce peuple ?

    Abdelilahou Issou: Un ami officier m’a raconté un jour qu’un groupe de soldats est entré dans un hamam (Bain Public) de femmes dans la ville de Samara et a violé toutes les femmes qui s’y trouvait. Les soldats entraient par force dans les maisons, volaient tout ce qui a une valeur et violaient les femmes qui s’y trouvent. Même les enfants et les vieux n’échappent pas à la barbarie de militaires marocains. Le peuple sahraoui souffre de l’oppression, l’injustice et subi des violences physique et morale. Ainsi, un grand nombre de sahraoui se sont refugiés à Tindouf au sud ouest de l’Algérie pour sauver leurs vies.

    La corruption gangrène l’armée marocaine

    Anouar Malek: parlez nous de la corruption au sein de l’armée marocaine
    Abdelilahou Issou: La corruption gangrène l’armée marocaine. Au Sahara Occidental, je voyais quotidiennement des soldats privés de nourriture. Une grande partie des vivres qui leur étaient théoriquement destinées sont détournées et vendues par les grands chefs militaires qui se font ainsi d’énorme sommes d’argents. Il y a au niveau de chaque section une boutique mobile qui vend aux soldats des vivres tels que des légumes, fruits, boissons et cigarettes. Pire encore, les chefs des compagnies vendent du haschisch et de l’héroïne pour droguer leurs soldats. Ainsi, ils gagnent énormément d’argent de ce commerce illégal. Bref, tout se vend et s’achète au sein de l’armée marocaine qu’il s’agisse de permissions, promotions et même le silence.

    Des plans du Makhzen pour transformer l’Algérie en centre de transit de la drogue

    L’Algérie est dans la ligne de mire de toutes les institutions officielles marocaines qui rêvent de l’ « empoisonner avec les stupéfiants et de la transformer en un centre de transit du haschisch et de la cocaïne. L’objectif par de tels ignobles desseins est de lui créer des problèmes sur la scène internationale. Il est très clair que cela est dû à la position honorable de l’Algérie qui soutien la cause juste du peuple sahraoui et son droit à l’autodétermination. Je vous dis en toute franchise que le Makhzen est prêt à s’allier avec le diable pour se venger de l’Algérie par ce qu’elle est le seul pays opposé à la politique diabolique du Makhzen.

    Entretien réalisé par Anouar Malek à partir de Madrid/ Version française M.D

    Echourouk Online, 23/11/2010

    Tags : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Abdelilah Issou, cannabis, haschich, Kif, drogue,

  • WikiLeaks : quand Algériens et Marocains se confient sur le Sahara occidental

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution, à en croire les télégrammes obtenus par WikiLeaks et révélés par « Le Monde ».

    Par Jean-Pierre Tuquoi Publié le 03 décembre 2010 à 22h59 – Mis à jour le 04 décembre 2010 à 14h37

    Le conflit au Sahara occidental, né il y a une quarantaine d’années, n’est pas près de trouver une solution. Les positions sont trop éloignées, les rivalités trop profondes, les procès d’intention trop nombreux entre les deux principaux protagonistes: le Maroc, qui occupe le Sahara occidental en dehors de toute légalité internationale, et l’Algérie sans l’appui de laquelle le Front Polisario, favorable à un référendum pour fixer l’avenir de l’ancienne colonie espagnole (indépendance ou rattachement au Maroc), aurait le plus grand mal à exister.

    La position algérienne est clairement exprimée dans le compte-rendu d’une audience (d’une durée de 3 heures 30) accordée en mai 2007 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Frances Fragos Townsend, la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité, obtenu par Wikileaks et révélé par Le Monde.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais, affirme le président algérien. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis . » Ce qu’il faut c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains ».

    Les Français, confiera-t-il à une autre occasion, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Pour lui, elle tente de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    LE JUGEMENT DE M. BOUTEFLIKA SUR LE ROI DU MAROC

    Un an plus tard, en février 2008, recevant un diplomate américain, changement de registre. Le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination. Celui-ci n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont d’avantage vis-à-vis d’Alger, soutient M.Bouteflika.

    Puis, au fil de l’entretien, le président algérien se laisse aller: il comprend que les Marocains se sentent menacés par la perspective d’un Sahara occidental indépendant mais, dit-il, ils sont les premiers responsables de la situation. Au lieu de faire preuve d’une approche « élégante » en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu « contrôler » ou « superviser », ils veulent « un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït ». S’ils n’avaient pas été aussi maladroits, les Marocains « auraient pu obtenir ce qu’ils voulaient », assure le président algérien à son hôte.

    L’année suivante, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward, le chef de l’Etat algérien revient à la charge. Selon lui, le projet d’autonomie est à rejeter. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental », fait valoir le président algérien.

    Le jugement négatif de M. Bouteflika sur le roi du Maroc n’est pas fait pour arranger les choses. Autant le président algérien apprécie Moulay Rachid, le frère du roi (« On a plaisanté et discuté agréablement » à l’occasion d’une rencontre à Séville, en Espagne) autant le courant ne passe pas avec Mohammed VI. « Il n’est pas ouvert, et manque d’expérience », se plaint-il. Pour M. Bouteflika, aucun dialogue n’est possible entre lui et le roi du Maroc.

    LES APPRÉCIATIONS SÉVÈRES DES MAROCAINS

    Côté marocain, la suspicion n’est pas moindre. Non pas que Mohammed VI se confie un tant soit peu aux très rares interlocuteurs américains qu’il reçoit. Mais ses proches le font pour lui. Or, ils sont sévères dans leur jugement. Selon leur lecture, la clé du dossier du Sahara occidental se trouve non pas à Tindouf, où siège les indépendantistes du Polisario, mais à Alger. Là-bas, expliquent-ils en juin 2009 au représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, le pouvoir est toujours entre les mains de généraux dogmatiques, incapables de bouger et « pétrifiés » à l’idée du plan d’autonomie présenté par Rabat.

    Faut-il miser sur le temps et attendre qu’une nouvelle génération soit aux commandes en Algérie pour résoudre le conflit au Sahara occidental ? Certains conseiller du roi en sont convaincus, mais pas le chef des services de renseignements extérieurs, Mohamed Yassine Mansouri. Dans un « mémo » du printemps 2008, il se dit convaincu qu’un changement de génération « pourrait compliquer la situation ». « L’ancienne génération qui a créé le problème est la mieux placée pour le résoudre », dit-il à son interlocuteur américain.

    Dans un télégramme de juin 2009, le même Mansouri confie que Rabat a demandé au président français Nicolas Sarkozy de faire en sorte « de n’être pas perçu, comme par le passé comme aussi pro-marocain sur le Sahara occidental ».

    C’était aussi le cas de l’administration Bush, « qui apparaissait trop favorable au Maroc ». A l’équipe diplomatique du président Obama, le patron des services d’espionnage fait observer qu’ »il ne serait pas très judicieux d’abandonner ses vrais amis au profit du pétrole ».

    Jean-Pierre Tuquoi

    Le Monde, 3 déc 2010

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, Wikileaks, Etats-Unis, ONU,

  • Guerre secrète des renseignements marocains contre l’Algérie: modus operandi pour exploiter les journalistes et les officiers déserteurs

    Par Anouar Malek
    «Les renseignements marocains s’emploient souvent à recruter des militaires afin de s’en servir pour critiquer l’Algérie et faire l’apologie du Maroc dont elle ferait la première victime de la politique algérienne».
    «Certaines personnes à qui j’ai eu affaire et qui se sont avérées plus tard être en mission de renseignements, m’ont dit que les témoignages des officiers déserteurs constituent la plus grande menace qui pèse sur le régime algérien. C’est pour cette raison que le Maroc œuvre à utiliser ces militaires pour atteindre ses objectifs et montrer à la communauté internationale que l’Algérie est le principal acteur du conflit au Sahara Occidental».
    «Comme je l’ai déjà mentionné, les renseignements marocains se tournent vers les journalistes qui sont leur trait d’union avec ces pseudos témoins. A travers eux, les médias marocains font passer des messages en rapport avec la question sahraouie et le Front Polisario. De par mes contacts avec ceux qui ont publié ou à qui on a publié des livres, je me suis rendu compte qu’ils avaient été au préalable contactés par les renseignements marocains, de façon directe via des maghrébins établis à l’étranger, ou au moyen des journalistes et correspondants qui sont au service du Makhzen».
    «Je ne ferai pas la promotion de ces officiers en citant leurs noms, mais je précise qu’en plus de leurs témoignages qui appuient les accusations de l’internationale Socialiste, le Makhzen attend d’eux des informations et des positions affichées publiquement sur de prétendues relations liant le Front Polisario aux renseignements algériens, ainsi que des témoignages sur des questions où le Maroc est impliqué, comme le trafic de drogue en Algérie, les cellules terroristes dormantes et les prisons dans les camps de Tindouf». «Des sources de Paris m’ont par ailleurs affirmé que les renseignements marocains ont proposé à quelques officiers de travailler secrètement pour eux, de manière à ce que les renseignements français et algériens n’en apprennent rien. Leur but est de les inciter et de les aider à déserter, de découvrir les coulisses des investissements étrangers en Algérie ainsi que les relations entre l’Etat et certains investisseurs arabes».
    «Said Messalha, un investisseur palestinien qui a la nationalité israélienne, était directeur général de la société algero-turque du fer à Annaba. Il avait fui l’Algérie pour échapper aux impôts. Je lui ai parlé et il m’a affirmé que lorsqu’il avait été arrêté à Rabat, les renseignements marocains avaient fait pression sur lui pour le recruter, et le voyant hésitant, ils l’ont remis à l’Algérie en raison du mandat d’arrêt international dont il faisait l’objet pour une évasion fiscale qui a dépassé 170 milliards de centimes. Après sa libération, il a à nouveau rejoint Rabat et les renseignements marocains l’ont aidé à transférer très facilement l’argent qu’il avait pris avec lui d’Algérie et à rallier Israël. Quand je lui ai demandé pourquoi ce service, il m’a répondu qu’il avait payé un pot-de-vin, en plus de certaines informations qu’il a fournies au sujet de l’investissement en Algérie. Il leur a aussi promis de collaborer avec eux contre l’Algérie».
    Tags : Algérie, Maroc, Front Polisario, Sahara occidental, DGED, services secrets,
  • Sahara Occidental : la mauvaise intox de Rabat

    Le cyber-activiste @Chris_coleman24 est apparu sur la toile le 2 octobre 2014. Ses premières publications ont visé le sujet névralgique au Maroc : la question du Sahara occidental, dénommée «Question Nationale» dans les documents secrets de la diplomatie marocaine. Un sujet sensible au point que la question est gérée par la centrale de la Dged, le service d’espionnage extérieur marocain.
    Coleman et ceux qui se trouvent derrière lui ont voulu frapper là où ça fait mal au Maroc, affirmer la colonisation du Sahara occidental par le Maroc étant le but principal de la diplomatie chérifienne et ainsi devenir une puissance régionale incontournable grâce à ses nombreuses ressources naturelles qui attirent le convoitise de la France, allié principal du Maroc dans ce conflit qui dure depuis bientôt 40 ans. Un soutien qui n’est pas pour les beaux yeux de Mohammed VI ni de ses sujets, mais pour les matières premières dont regorge le sous-sol du Sahara occidental.
    Suite à l’incident du patron de la Dgst, El Hammouchi qui a failli être interrogé par la justice française, Rabat a voulu exprimer son mécontentement en suspendant la coopération sécuritaire avec la France. Une décision qui leur a été fatale, puisque le 2 octobre 2014, un mystérieux hacker a dévoilé des documents d’une extrême gravité. Ses publications ont été arrêtées le 28 janvier 2015 coïncidant avec l’annonce de la normalisation des relations entre la France et le Maroc.
    Tags : Sahara occidental, Maroc, hacker, chris coleman, documents confidentiels, wikileaks marocain, diplomatie marocaine,
  • Sahara Occidental : De l’abandon du PSOE à la présence d’Unidas Podemos au gouvernement espagnol

    Décembre sahraoui : de l’abandon du PSOE à la présence d’Unidas Podemos au gouvernement espagnol
    Le gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos ouvre un scénario sans précédent en ce qui concerne la position de l’Espagne sur le problème du Sahara Occidental occupé par le Maroc.
    Le PSOE n’a pas la défense de la cause sahraouie à son programme, et celle-ci ne figure pas dans l’accord de coalition.
    Unidas Podemos défend le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et plaide pour la reconnaissance de la RASD.
    Le Parti socialiste ouvrier espagnol, avec à sa tête son secrétaire général, Pedro Sanchez, a ouvertement abandonné la cause sahraouie en décembre 2019 et a poursuivi sa démarche de ne pas s’opposer au régime marocain, qui occupe militairement le Sahara occidental et refuse de réaliser le référendum d’autodétermination qu’il avait convenu avec le Front POLISARIO en 1991.
    L’abandon de la cause sahraouie par le PSOE coïncide avec la formation d’un gouvernement de coalition avec Unidas Podemos, un parti qui soutient l’autodétermination du peuple sahraoui et prône la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
    L’organisation dirigée par Pablo Iglesias, qui sera vice-président du nouvel exécutif, a spécifié dans son programme électoral que si elle se retrouvait gouvernement, elle mettrait en œuvre l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur les ressources naturelles du Sahara occidental, ouvrant ainsi un scénario sans précédent en ce qui concerne la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental.
    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Espagne, PSOE, Podemos, Unidas Podemos, Pedro Sanchez, gobierno español,