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  • Maroc : Merci Monsieur « Coleman » !

    Pendant des années, que dis-je ?, quasiment vingt ans pour l’auteur de ces lignes, nous avons été accusés, les deux pelés et trois tondus qui avons essayé de faire du journalisme indépendant dans ce pays, d’être des agents de l’étranger, d’être soudoyés par tel Etat, tels services secrets ou tel mouvement ou organisation.

    Nous sommes passés d’être des agents de la DST, la police politique marocaine, à travailler pour le CNI espagnol, en passant par la DRS, les services secrets algériens et le Mossad israélien. Accusation suprême : nous étions également des agents du Polisario.

    Sans la moindre preuve bien évidemment, sinon on n’en serait pas là.

    Franchement, et si je devais un jour travailler pour un « sévice secret » je travaillerais avec celui de mon pays. Il paye bien. Les journalistes étrangers touchent 6000 euros par mois, avec en prime quelques séjours tous frais payés à Marrakech. Quant aux Marocains ils ont droit à des pages de publicité à gogo, des prébendes faites de facilités pour l’obtention d’un appartement ou d’une imprimerie, d’un prêt bancaire (que certains oublient de payer) et de généreux cadeaux en sous-main.

    Je connais le directeur d’un hebdomadaire francophone casablancais qui a acheté à l’Etat une villa où il a installé son torchon pour quelques dirhams. Son confrère d’un autre hebdomadaire, tout aussi francophone et pourri, a obtenu le même cadeau, sauf qu’il utilise la villa pour y habiter.

    Le premier, une barbouze journalistique qui a travaillé pour Dlimi quand il sillonnait les pays arabes et africains pour le compte d’un autre hebdomadaire francophone, celui-là français, a depuis quelques années les pires difficultés du monde pour boucler les finances de son brinquebalant et boiteux canard. Sans ses « amis », cela fait longtemps qu’il aurait fermé boutique. Mais à titre personnel, il est très riche. Il y a peu il négociait la vente d’un terrain dans l’un des quartiers les plus huppés de Casablanca pour un prix millionnaire. Il avait obtenu ce terrain pour des bricoles de la main d’un organisme étatique.

    Enfin, tout cela pour dire que sans aucune preuve, certaines officines de l’Etat marocain, appuyées par la presse aux ordres, déversent sur nous un tombereau d’accusations et d’affirmations mensongères dans le seul dessein de salir notre réputation et de nous signaler à un quelconque fou pour qu’il nous trucide avec un couteau dans la rue, alors que les vrais corrompus sont ceux qui hurlent avec les loups.

    Mais voilà, un hacker, ou plusieurs, publie depuis des mois une impressionnante pile de documents, scannés pour la plupart, et de mails compromettants qui prouvent par A+B que nos diplomates, en plus de leur labeur ordinaire de lobbying et de défense des intérêts de l’Etat, soudoient des fonctionnaires internationaux, de prétendus experts et une kyrielle de profiteurs comme ce pauvre fonctionnaire international sénégalais qui a vendu sa conscience pour quelques dirhams et un séjour au Maroc où il a visité un marabout local.

    On me rétorquera que cette corruption se fait au nom de la défense de la cause du Sahara. Je réponds qu’il faudrait alors préparer un bon chéquier et se hâter de gagner cette bataille parce que celui qui a vendu son âme une première fois la vendra une deuxième fois, et pas forcément au même camp, sinon au plus offrant.

    On découvre aussi dans les papiers du hacker que sous couvert d’un empire médiatique, un ex-commercial de publicité est en fait un responsable de la DGED, les services de contre-espionnage marocains, qui se fait passer pour un journaliste et entretient de coupables relations avec les pires organisations d’extrême droite pro-israélienne. Il est aussi le grand corrupteur d’une demi douzaine de journalistes français dont certains travaillent sur le Maroc depuis très longtemps.

    Merci donc à ce « Chris Coleman », pas pour la guerre qu’il mène contre le Makhzen au nom de ses propres intérêts (soukou hadak !), mais pour nous avoir permis de voir plus clair dans cette grande grotte où se tapit l’ogre qui nous opprime.

    Ali Lmrabet

    Demain Online, 15/12/2014

    Tags : Maroc, Makhzen, presse, DGED, Ahmed Charaï, Chris Coleman, corruption, Sahara Occidental,

  • Maroc : Mohammed VI, l’Etat c’est lui

    Ahmed R. Benchemsi

    En 9 ans, le Maroc a bougé comme jamais. Mais uniquement grâce à Mohammed VI – qui exerce, malgré les apparences, un pouvoir absolu et étroitement personnel. Est-ce normal ? Est-ce sain ? Est-ce acceptable ?“

    Le régime voulu par nous est celui d’une monarchie agissante qui ne saurait être cantonnée dans un concept forcément réducteur, ni dans des prérogatives exécutives, législatives ou judiciaires”. Ainsi s’exprimait Mohammed VI le 30 juillet 2007, dans un discours du trône dont le ton autoritaire est resté dans toutes les mémoires. Le roi du Maroc, c’est lui-même qui le dit, se voit donc comme une force agissante multiforme. A voir ses formidables prérogatives institutionnelles, il en a très largement les moyens. Au point qu’on se demande, aujourd’hui, ce qu’il laisse aux autres. Force est de le constater : quasiment tout ce qui a “bougé” au Maroc, après 9 ans de règne de Mohammed VI, a été directement inspiré par le roi. Au prix d’une personnalisation extrême du pouvoir, qui n’a qu’un rapport lointain avec les aspirations démocratiques du nouveau règne…

    La révolution El Himma

    Commençons par la politique. Interrogé sur sa spectaculaire démission du poste de ministre délégué à l’Intérieur pour se présenter à la députation des Rhamna, Fouad Ali El Himma a ingénument déclaré au magazine Jeune Afrique : “J’en ai parlé à Sa Majesté qui m’a répondu : j’ai eu la même idée que toi, vas-y !”. Voilà donc la confirmation qu’on cherchait : le redéploiement politique d’El Himma est une stratégie signée (au minimum cosignée) Mohammed VI. Une stratégie qui, moins d’un an après son lancement, a déjà bouleversé de fond en comble le spectre politique du royaume. L’ami du roi est en train de monter un parti dont la future et inévitable puissance va redistribuer toutes les cartes. Déjà, les élites (les vraies, celles qui avaient déserté les partis depuis 30 ans) accourent ventre à terre. Alors que les autres partis sont désespérément en quête d’adhérents de qualité, Si Fouad se permet de filtrer sévèrement leur adhésion. Etrange situation : un parti n’est même pas encore né que chacun est convaincu de sa possible victoire aux législatives suivantes… Et pourquoi tout cela ? Parce que Si Fouad est un “ami de 30 ans” de Mohammed VI, pardi ! Cette étiquette lui aura suffi pour réaliser, aux Rhamna en 2007, un score triomphant, sans aucune mesure avec celui de tous les autres candidats du royaume.Lui, évidemment, creuse le sillon sans complexe. Non content de s’afficher à la sortie du Parlement dans la décapotable du roi (conduite par Mohammed VI lui-même), il déclare à qui veut l’entendre que son programme politique est construit sur le développement des plus “historiques” des initiatives royales : la Moudawana, l’Instance équité et réconciliation et le rapport du cinquantenaire. Message d’El Himma : “La seule politique qui vaille la peine d’être suivie est celle de Sa Majesté ; élites, ralliez-vous à mon panache makhzénien et ensemble, nous referons la révolution du roi et du peuple… par les urnes !”. Et voilà comment la scène politique, censée être indépendante de la royauté, est en train de se reconfigurer autour d’elle. Chapeau l’artiste !

    Miraculeuses impulsions royales

    Sur le plan économique, la prééminence royale est encore plus limpide. Bien sûr, il y a au Maroc un secteur privé florissant, et bon nombre de groupes industriels qui font du très bon travail. Mais le premier d’entre eux, l’ONA/SNI, appartient à qui vous savez. Et il n’est pas exempt de critiques, notamment sur les situations de monopole ou de contrôle absolu qu’il exerce sur diverses filières stratégiques (sucre, acier, lait, huiles…). Il y a aussi la finance, où certains “tycoons” marocains se débrouillent bien. Mais gare à ceux, comme Othman Benjelloun, qui prétendraient disputer le leadership à Sa Majesté ! Ils se verraient, comme lui, contraints de ployer l’échine, voire de lutter pour leur survie… En matière de business comme en matière politique, Mohammed VI entend donc conserver sa souveraineté (dans le sens que le philosophe Carré de Malberg donnait à la souveraineté, à savoir “un pouvoir qui n’en admet aucun au-dessus de lui, ni en concurrence avec lui”). L’Etat, c’est lui ? Eh bien l’économie aussi !Et ça fonctionne pareil pour tous les champs d’activité, pour peu que le roi s’y intéresse. Après des décennies de pataugeage, le football marocain est ainsi aux portes d’une révolution… parce que le roi a décidé de créer une ambitieuse “Académie Mohammed VI” dédiée à son développement – académie à laquelle les plus gros investisseurs publics et privés du pays se sont, bien entendu, greffés séance tenante. Même des secteurs qui fonctionnent très bien sans impulsion royale peuvent voir leurs règles bouleversées pour peu que Mohammed VI s’en mêle. Ainsi des festivals musicaux. Culturellement, leur foisonnement et leur incontestable réussite, depuis une dizaine d’années, sont à mettre au crédit d’une poignée de courageuses sociétés privées d’événementiel. Mais en 2008, le festival Mawazine de Rabat s’est retrouvé coiffé par Mounir Majidi, secrétaire particulier de Sa Majesté et gérant de sa fortune. Instantanément, le budget a flambé comme jamais dans l’histoire des festivals. Depuis, se désolent mezzo voce les opérateurs culturels, “la barre a été fixée tellement haut que nous allons avoir un mal fou à suivre”.

    Gouvernement technocrate ? Non, royal !

    Sur le plan des infrastructures, les plus grands succès des 9 dernières années sont tous, là encore, des chantiers directement lancés par Mohammed VI, gérés par des structures managériales créées et coiffées sans intermédiaire par Mohammed VI. Avec des résultats indéniablement remarquables (voir “Le boom de la technostructure”, p.63). Mais tout de même… N’y a-t-il vraiment personne d’autre que Sa Majesté pour initier des méga-chantiers de la sorte ? Le gouvernement, notamment ?Soyons justes : l’équipe ministérielle en place depuis octobre 2007 compte plusieurs profils compétents et dynamiques qui jouent un certain rôle dans le décollage économique du royaume. Mais tous ces profils ont été choisis, voire imposés par le roi. Au grand mépris de la “méthodologie démocratique” qui veut que le gouvernement soit constitué par les partis majoritaires au Parlement. Ou, histoire de donner le change, au prix d’“adhésions partisanes”… suspectes. Ainsi de la grotesque séquence Akhannouch-Benkhadra, ministres MP un jour, puis ministres RNI le lendemain (c’était pendant les deux jours précédant la formation du gouvernement) qui restera pour longtemps le summum du non-sens politique. Benkhadra est une spécialiste de l’énergie et Akhennouch un puissant opérateur économique, c’est ce qui les qualifiait pour devenir ministres. Le reste n’était que décorum peu crédible… Autre cas, celui de Karim Ghellab. Malgré son bilan indéniablement flatteur de ministre des Transports et de l’Equipement, il est toujours considéré avec suspicion et défiance par ses “frères” de l’Istiqlal, qu’il a rejoint “sur ordre” en 2002. Tant pis pour eux : il a la confiance du roi, et c’est la seule explication valable à son maintien au gouvernement en 2007.En général, c’est simple : à chaque fois qu’un organe a un rôle important à jouer dans le développement économique, il est retiré aux ministres issus du monde politique et confié aux “technocrates” – déguisés en politiques ou pas. C’était le cas, par exemple, de la puissante Agence de l’investissement, retirée au Premier ministre istiqlalien Abbas El Fassi pour être confiée au faux Usfpéiste et vrai technocrate Ahmed Chami…Finalement, même le gouvernement Jettou n’aura pas été une expérience heureuse… selon les critères royaux. Tout apolitique ait-il été, l’ancien Premier ministre avait fini par se faire apprécier par les partis, grâce à son talent de conciliateur. De plus, il a coordonné pendant 5 ans, et avec brio, le travail de ceux qui “bougeaient” parmi ses ministres, toutes étiquettes confondues. Cela n’a pas empêché d’incessantes cabales montées contre lui par l’entourage royal, qui lui reprochait… son excessive popularité ! Finalement, la configuration El Fassi (un Premier ministre de façade issu du monde politique, mais le “travail sérieux” directement coiffé par le roi et ses hommes) semble mieux convenir au Palais. Quitte à imposer au pays un chef de gouvernement ridicule à force d’être inopérant…

    Abbas ou le masochisme politique

    Tout cela étant dit, il faut reconnaître deux choses. Primo : même anti-démocratiques, les choix du roi sont généralement judicieux et justifiés par les compétences de ses “poulains”. Secundo : la classe politique s’est tellement habituée aux couleuvres qu’elle les avale désormais sans s’en rendre compte, voire… en redemande ! Abbas El Fassi, à cet égard, est un cas sans précédent de masochisme politique. Avant les législatives 2007, qui ont vu son parti triompher, il déclarait : “Je soutiens Sa Majesté le roi, quoi qu’il décide”. Pendant, il déclarait : “Mon seul programme, c’est le discours du trône”. Et après, il déclarait : “Sa Majesté m’a prodigué des conseils et des orientations que je respecterai à la lettre”. Plaignons-nous, dans ces conditions, que Mohammed VI double l’Etat et les institutions… Ce sont elles qui le réclament !! Quand le roi s’est offert deux mois de vacances pendant le premier semestre 2008, et que le gouvernement et l’activité législative se sont retrouvés suspendus pendant 6 mois faute d’intérêt royal, aucun membre du gouvernement n’a protesté, même à mots couverts ! Mieux (ou pire) : finalement tenu le 8 juillet (à Oujda, ce qui a obligé plusieurs ministres à modifier leurs agendas en catastrophe), le premier Conseil des ministres de l’année a expédié 60 projets de loi… en 60 minutes chrono. Soit une moyenne d’un projet de loi par minute !…

    ….et le peuple en redemande !

    Et le peuple, que pense-t-il de cet absolutisme royal sans fard ? Eh bien… il en redemande !! Lors d’une enquête menée par un pool de sociologues, 95% des Marocains interrogés ont estimé que le roi devrait avoir… plus de pouvoir ! Au vu de la Constitution, c’est tout bonnement impossible. Depuis son accession au trône, Mohammed VI n’a pas encore eu l’occasion de consulter son peuple par référendum. Son père l’avait fait 8 fois, et le score du “oui” avait toujours été compris entre 96 et 100% ! Qu’adviendra-t-il quand Mohammed VI demandera à son peuple de valider une de ses réformes ? Aurons-nous droit aux mêmes scores crypto-staliniens ? C’est hélas à redouter – et la démocratie risque de s’en trouver orpheline.C’est un fait : à part le trône, les Marocains ne croient plus en rien. Et notamment pas à la politique (37% de participation aux dernières législatives !!), ni à la justice, ni à l’administration territoriale – dont c’est le rôle de régler les problèmes de la population. Pas étonnant qu’à chaque fois que des Marocains protestent publiquement contre quelque chose, le roi est présent en force : encensé dans des slogans, son portrait brandi à bout de bras, etc. Pas étonnant non plus qu’à chaque fois que Mohammed VI s’offre un petit bain de foule, lors de ses nombreux déplacements dans les provinces, il reçoive une pluie d’enveloppes sur la tête, contenant toutes sortes de doléances. “N’est-ce pas la preuve que le peuple aime son roi ?”, disent les plus zélés des courtisans. Non, c’est la preuve que la royauté est la seule institution crédible aux yeux des Marocains, à l’exclusion de toutes les autres. Si c’est un motif de fierté pour le Palais royal, ce n’en est pas un pour un Maroc qui aspire à la démocratie.Avec tout cela, évidemment, les espaces de contestation (nécessaires au fonctionnement de toute démocratie) se sont réduits comme peau de chagrin. La presse joue plus ou moins son rôle – et encore, elle ne cesse de déjouer les chausse-trappes. Mais le peuple ? Avec une telle unanimité autour de l’omnipotence royale, on pourrait croire que les très rares voix discordantes seraient tolérées, puisque condamnées de toute façon à la marginalité. Même pas ! Les procès pour “atteinte à la sacralité du roi” se sont multipliés ces dernières années, au point où des ONG des droits de l’homme en ont fait un thème de campagne qui a transcendé les frontières du royaume. La presse finit toujours par s’en sortir, avec plus ou moins de casse, et la plupart des “détenus des sacralités” ont fini par être relâchés. Le “système” de Mohammed VI est indéniablement plus souple que celui de feu Hassan II. De la dictature, on est passé à l’autocratie. Mais ce n’est pas parce que cette dernière est éclairée, ni parce qu’elle est productive, qu’on devrait s’en contenter…

    Bilan.

    Mohammed VI. Ses succès, ses échecsLes dossiers clés de ses 9 ans de règne

    Le 30 juillet 1999 s’ouvrait la “nouvelle ère”. 9 ans plus tard, elle n’est plus si nouvelle que ça. Sur certains plans (infrastructures, droits des femmes, Sahara), des succès ont été enregistrés, et l’optimisme est permis. Sur d’autres (démocratie, liberté d’expression, affairisme de quelques privilégiés…), le bilan est plus douteux. TelQuel fait le point.

    “Le régime voulu par nous est celui d’une monarchie agissante qui ne saurait être cantonnée dans un concept forcément réducteur, ni dans des prérogatives exécutives, législatives ou judiciaires”. Ainsi s’exprimait Mohammed VI le 30 juillet 2007, dans un discours du trône dont le ton autoritaire est resté dans toutes les mémoires. Le roi du Maroc, c’est lui-même qui le dit, se voit donc comme une force agissante multiforme. A voir ses formidables prérogatise finit toujours par s’en sortir, avec plus ou moins de casse, et la plupart des “détenus des sacralités” ont fini par être relâchés. Le “système” de Mohammed VI est indéniablement plus souple que celui de feu Hassan II. De la dictature, on est passé à l’autocratie. Mais ce n’est pas parce que cette dernière est éclairée, ni parce qu’elle est productive, qu’on devrait s’en contenter…

    Le boom de la technostructure

    Pas de doute possible : en termes d’infrastructures, le Maroc de Mohammed VI a fait un énorme bond en avant. Electrifié à 80% et raccordé à l’eau potable à 70%, le monde rural est déjà méconnaissable par rapport à ce qu’il était à la fin de l’ère Hassan II. Et les 100%, nous promet-on, seront atteints avant 2010. Les autoroutes, elles aussi, ont explosé. Alors qu’en 1999, seuls les 100 km de Casa-Rabat étaient fonctionnels (en plus de deux petits tronçons, Rabat-Fès et Rabat-Larache), le réseau autoroutier marocain, aujourd’hui long de 850 km, est le second plus étendu du continent après l’Afrique du Sud. Et nous visons les 1200 km en 2012.Comment oublier, aussi, le port de Tanger Med qui a fait couler tellement d’encre ? Il commence déjà à étouffer le port espagnol voisin de Sebta (peut-être était-ce même le premier objectif). Et Tanger Med 2 est en chantier. Quand il sera achevé, le Maroc sera doté du plus grand complexe portuaire d’Afrique, un des douze plus grands au monde. Une aubaine pour le Nord du royaume, région longtemps abandonnée aux trafiquants et contrebandiers, qui est en train de s’industrialiser à toute vitesse. Grâce à l’attrait du méga port et de la zone franche installée à proximité (dans laquelle Renault-Nissan a prévu d’installer l’une de ses plus grandes usines – objectif d’ici 2 ans : 200 000 voitures produites par an), 150 000 emplois devraient être créés d’ici 2015.Sur le plan touristique, aussi, le boom est manifeste. Les 10 millions de visiteurs attendus en 2010 devraient être au rendez-vous, sachant que nous en sommes déjà à 8, et que les recettes ont plus que doublé entre 2003 et 2007. Pareil pour l’immobilier : depuis 2003, l’offre de logements excède la demande – grâce, notamment, à la politique de libéralisation du foncier public, cédé à des tarifs très avantageux à ceux qui présentent des programmes immobiliers d’envergure (ce qui ne va d’ailleurs pas sans créer des frictions entre magnats de l’immobilier – cf. les incessantes polémiques Chaabi-Sefrioui…)Autre point fort de l’activisme technocratique impulsé par Mohammed VI : l’incroyable transformation qu’ont subie les villes de Marrakech et Tanger, méconnaissables depuis que le wali Mohamed Hassad, surnommé “le bulldozer”, a reçu carte blanche royale. Avec le très ambitieux programme de réaménagement de la baie du Bouregreg (doté de 30 milliards de dirhams), Rabat devrait suivre la même voie. En attendant le plus gros morceau : Casablanca. Le projet de Marina près de la mosquée Hassan II et celui de “l’avenue royale” – qui va complètement reconfigurer le centre d’affaires – promettent déjà de bouleverser bien des choses…En ce qui concerne les infrastructures, la “méthode M6” tranche radicalement avec celle de feu son père. Depuis le début du nouveau règne, les “visions” et autres “plans stratégiques” se succèdent : “émergence” (pleins feux sur les secteurs porteurs, dont l’offshoring et l’aéronautique), “plan Azur”… jusqu’au tout dernier “Plan Maroc Vert”, qui promet de moderniser l’agriculture marocaine. Bref, le royaume des chantiers fonctionne enfin à coups de business plans et d’objectifs datés et chiffrés. Une authentique révolution. D’après Jean-René Fourtou, président de Vivendi, une des multinationales les plus impliquées dans le boom économique du Maroc, “avec Mohammed VI, on parle développement et avenir du royaume, sans perdre de temps”. C’est aussi pour ne pas perdre de temps que tous les chantiers pharaoniques du nouveau règne sont gérés par des agences paraétatiques directement coiffées par le roi, et dont l’activité et les comptes échappent à toute forme de contrôle parlementaire. Ce n’est pas démocratique pour deux dirhams, mais quand on voit le niveau des députés, on se dit que ce n’est peut-être pas plus mal…

    Chronique de la misère politique

    A son arrivée sur le trône, le jeune et enthousiaste Mohammed VI s’est retrouvé flanqué du vieux et ronchon Youssoufi. Et d’un improbable gouvernement “gauche-droite-divers”, aussi amorphe qu’englué dans les luttes de pouvoir. Enfin, “de pouvoir”… On se comprend. Le pouvoir, il était encore chez Driss Basri, fin 1999, et c’était une excuse commode pour justifier l’inconséquence de Youssoufi et de ses camarades. Il a fallu un trait de plume pour excommunier le grand vizir, et peu de temps pour découvrir que privés de leur “méchant” préféré, les politiques, soudain sans excuse, étaient complètement déboussolés. Exit Youssoufi, dès les élections suivantes.En 2002, conforté par une configuration parlementaire aussi atomisée qu’ingérable, Mohammed VI confie le gouvernement à l’apolitique Driss Jettou. Les politiques, évidemment, se déclarèrent outrés par tant de mépris pour le “verdict démocratique des urnes”. Que croyez-vous qu’ils firent ? Ils s’entretuèrent pour les postes, les honneurs et les Mercedes S500 intérieur cuir. Comble du tragi-comique : Abbas El Fassi, qui devient ministre d’Etat sans objet à titre de “consolation”.5 ans plus tard, le scénario est pire encore. Après que les législatives 2007 ont accouché d’une nouvelle carte politique, aussi atomisée et ingérable que la précédente (comment aurait-il pu en être autrement ?), la primature est confiée à Abbas El Fassi. Unique argument : l’Istiqlal, son parti, s’est classé premier (d’une courte tête) devant le PJD. Quant à l’incompétence et au manque de personnalité dramatiques du nouveau Premier ministre… ce sont, paraît-il, les dommages collatéraux d’une “logique démocratique” pure, mais loin d’être parfaite. Résultat : la nomination du gouvernement El Fassi échappe totalement à son supposé “chef” – et on se retrouve, à nouveau, avec un patchwork de partisans et de technocrates plus ou moins “colorés”, choisis souverainement par le Palais.Le PJD, lui, s’est pris une gifle inattendue en septembre 2007. Tout le monde (à commencer par son propre état-major) estimait la victoire du parti islamiste acquise. Las. Il est arrivé deuxième – et a intelligemment choisi de ne pas figurer au gouvernement, alors que les autres partis faisaient assaut de petitesses pour rejoindre la barque El Fassi.Finalement, le seul évènement politiquement significatif de ces 9 ans de règne aura été la démission de son poste de ministre délégué à l’Intérieur, peu avant les législatives 2007, de Fouad Ali El Himma, “ami de 30 ans” de Mohammed VI. Après avoir décroché sans coup férir le siège de député des Rhamna (et avoir constitué dans la foulée un groupe parlementaire “pivot”, auquel est subordonnée la confiance au gouvernement El Fassi), El Himma prépare ouvertement le terrain à un nouveau parti “techno-monarchiste”. El Himma se permet même le luxe d’imposer de sérieux filtres à l’entrée de son “Mouvement pour tous les démocrates”. Le passage au parti politique est, paraît-il, imminent. A l’heure qu’il est, on ne sait pas encore si les communales de juin 2009 constitueront (ou pas) un galop d’essai pour “l’ami du roi”. Mais l’objectif, le vrai, est déjà clairement affiché : les législatives 2012. On se retrouvera alors face un duel inédit : les islamistes, menés par “l’intégriste” Benkirane contre le néo-Makhzen, mené par le “champion royal” El Himma. Tout bien réfléchi… c’est tant mieux. Enfin, les lignes de partage entre les forces politiques réelles du royaume deviendront claires.

    Femmes : libérées, mais toujours ignorantes

    La réforme de la Moudawana est sans aucun doute la plus grande réalisation de Mohammed VI. Et il fallait du courage pour la faire, cette réforme : trois ans auparavant, un plan gouvernemental aux objectifs similaires avait fait descendre un million de personnes dans la rue. Il a fallu l’onction du Commandeur des croyants pour que “ça passe”… Résultat : un nouveau code du statut personnel, à la fois révolutionnaire et islamo-compatible, si on fait l’effort d’Ijtihad (interprétation des textes sacrés) nécessaire. Une réforme majeure, capitale, que l’Histoire inscrit déjà au crédit de Mohammed VI.Sauf que beaucoup d’hommes ne font aucun effort de compréhension, et ne veulent même pas entendre parler de la réforme de la Moudawana. A commencer par certains juges, qui tirent éperdument sur la corde des “dérogations” autorisées par la nouvelle loi. L’âge plancher du mariage est ainsi fixé, pour les femmes, à 18 ans, sauf dérogation justifiée par… on ne sait trop quoi, d’ailleurs. Dans certaines régions, cette exception est toujours la règle, et les mariages de mineures continuent presque au même rythme qu’avant. Autre possibilité offerte par la nouvelle loi : celle, pour les femmes, de se marier sans le consentement de leur père, dont l’accord était indispensable jusqu’en 2003. Aujourd’hui encore, pourtant, la très grande majorité des fiancées choisissent de se faire accompagner par leur père pour accomplir les formalités administratives du mariage. Tenaces traditions…En milieu rural et parmi les couches populaires les plus défavorisées, les femmes ignorent quasiment tout de leurs nouveaux droits, faute de campagne de communication massive (et en darija) qui les leur expliquerait. Les femmes peuvent désormais avoir l’initiative du divorce, mais dans leur esprit, c’est toujours une opération très complexe, soumise au bon vouloir du mari. Une étude récente atteste que deux agressions sur trois commises contre des femmes sont le fait de leurs époux.Les mentalités mettront donc du temps, beaucoup de temps à changer. Mais l’homme de la rue, même mécontent, est tout de même conscient que l’évolution est irréversible, et que le changement instauré par le nouveau roi est historique. En témoigne cette plaisanterie populaire, parue peu après la réforme : “Mohammed V a libéré le Maroc, Hassan II a libéré le Sahara, et Mohammed VI a libéré ta mère”…

    Flux et reflux de l’islamisme radical

    Dans les derniers temps de Hassan II déjà, le couvercle de la marmite se soulevait par à-coups, laissant échapper d’inquiétantes fumées exhalant des bouillonnements de la foi. A sa mort, le couvercle a instantanément sauté. A l’avènement de Mohammed VI, les Marocains ont d’abord été aiguillés sur une fausse piste : les provocations du cheikh Yassine (réclamant le remboursement de la dette extérieure par les biens royaux “spoliés au peuple”) et de sa fille (déclarant préférer une improbable république califale à la monarchie) se sont finalement révélées sans conséquence majeure.Puis très vite, on s’est mis à trouver les gens d’Al Adl Wal Ihsane bien gentils, vu tout ce qui circulait : salafistes, jihadistes, takfiristes… L’Etat avait beau réformer le champ religieux à tout va (contrôle des mosquées, requalification des imams, lancement de “Radio Coran Mohammed VI” – ce nom… – et même la sortie à grand bruit d’un contingent d’“imamettes”), rien n’y faisait. Ça grouillait de plus belle, ça se politisait à vue d’œil… et ça explosait de temps en temps, malgré la répression féroce. Et dès que ça se calmait là, ça chauffait ailleurs ! Ainsi, après deux ans d’exactions et de tortures post-16 mai 2003 (notamment au tristement célèbre centre de torture de Témara, sorte de réminiscence “spécial barbus” de Derb Moulay Cherif), on a fini par penser que le danger terroriste était écarté. Mais à un prix exorbitant, que le général Laânigri, même écarté et humilié, n’en finit plus de payer…Et c’est là que Yassine resurgit, prophétisant l’apocalypse avant fin 2006 ! Tout nouveau ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa surprend son monde en adoptant, à l’égard des militants d’Al Adl, une attitude aussi subtile qu’efficace : ficher tout le monde sans brutaliser personne, barrant ainsi la route à la victimisation et la martyrologie. Bravo ! Vu qu’il ne s’est rien passé en 2006, Yassine “le visionnaire” s’est largement décrédibilisé auprès de ses troupes. Ses dernières rodomontades (“le triptyque Dieu/la Patrie/le Roi est une grande blague”, a-t-il récemment déclaré à une télé saoudienne) ne risquent pas d’y changer grand-chose.Et boum : en 2007, ça rééxplose ! Mais cette fois, l’affaire semble plus sérieuse. Côté “méchants”, on sent la touche d’Al Qaïda, les ceintures d’explosifs, les cellules transnationales et les instructions via le Web. Côté “gentils” (car les flics le sont devenus, applaudis par la rue à l’ahurissement général), on se professionnalise : décapités par la capture de leurs chefs avant d’avoir pu passer à l’attaque, les apprentis terroristes n’ont d’autre issue que de se suicider à l’explosif (mais en plein centre-ville de Casa quand même). Du coup, on est dans l’état d’alerte permanent, et le moindre pétard de Achoura fait sursauter d’effroi les grands-mères. La menace, aujourd’hui, vient du sud : Al Qaïda s’est installée au Sahara, et promet l’enfer au “Maghreb islamique”. Pour l’instant, c’est surtout l’Algérie qui paie : un peu moins de 100 morts depuis mars 2007. Mais gare ! Les adeptes de Ben Laden fonctionnent toujours ainsi : de longues périodes d’hibernation… avant une soudaine déflagration. Que le dieu de la raison nous protège.

    Liberté d’expression : cavalcade en terrain miné

    D’abord, les bons points : depuis 2005, le pôle audiovisuel public a été réorganisé et regroupé sous la houlette d’un même groupe, aux règles administratives assouplies. Résultat : une “TNT” marocaine offrant un bouquet de 7 chaînes publiques. En 1999, on en était à deux. L’audiovisuel a aussi été ouvert aux privés, d’où une floraison de radios et, prochainement (promet-on) un afflux de télés privées. Pas de doute, cela dit : la liberté d’expression, la vraie, celle qui s’embarrasse le moins d’autocensure, reste l’apanage de la presse écrite. Et là-dessus, malgré d’indéniables avancées, la situation est loin d’être rose.Jusqu’au 23 juillet 1999, et malgré la courte vue de certains journalistes indépendants, mythifiant l’ancien roi pour mieux stigmatiser son successeur, il était impensable d’écrire “Hassan II” sans le préfixe “Sa Majesté”. Certes, le fameux “Que Dieu Le Glorifie” n’était plus de rigueur dans les dernières années du feu Pharaon, mais tout de même… Le maximum de l’audace consistait alors à brûler Basri en sorcellerie tout en condamnant des années de plomb sans inspirateur ni responsable suprême. Le jour de la mort de Hassan II, un verrou psychologique a sauté. Les plus jeunes journalistes (ceux qui n’ont pas vécu l’apogée des affres hassaniennes), soudain libérés de la “peur du père”, ont osé. Et osé, et osé encore, au plus grand mépris d’un code de la presse régressif, mais auquel plus personne ne faisait désormais attention. Le salaire du roi, la vie des princes et princesses, les témoignages détaillés de tortures, le trafic de drogue, les tribunes aux indépendantistes sahraouis… aucun tabou ne semblait plus pouvoir résister à l’impétuosité des jeunes rebelles du clavier.C’est comme si, à la mort du chef, le terrain de la liberté d’expression avait été déserté par l’armée de la répression politique… Les plus téméraires se sont lancés corps et âmes, et non sans une certaine griserie, sur ce nouveau terrain d’apparence libéré. Mais d’apparence seulement, car les troupes hassaniennes avaient pris soin, avant de le déserter, de le truffer de mines anti-journalistes. Sans en fournir, évidemment, la cartographie.La première mine a sauté en 2000, quand Le Journal s’est aventuré à titiller l’armée en plaçant le valeureux capitaine Adib, pourfendeur de la corruption chez les militaires, sur un piédestal. Au premier prétexte venu (l’accusation de Youssoufi de velléités régicides passées), les couteaux sont sortis, et Le Journal (et aussi Demain et Assahifa, dans la foulée) ont été interdits. Une indignation mondiale plus tard, les trois journaux réapparaissaient, mais dans un climat désormais plus tendu.Depuis, c’est la guerre froide, et presse et pouvoir ont appris à s’apprivoiser mutuellement, non sans sérieux dommages. Ali Lmrabet, décidément trop turbulent au goût du Palais, a fini par être emprisonné, puis interdit d’exercice pendant 10 ans. En 2005, le temps des procès insignifiants soldés par des amendes exorbitantes est venu : 2 millions de dirhams pour TelQuel, puis 3 pour Le Journal, contraignant son directeur Aboubakr Jamaï à l’exil. En 2007, enfin, les procès politiques ont réapparu. Mais sur des thèmes plus fuyants, ne garantissant pas un soutien unanime aux “coupables” d’expression libre. Ainsi de l’affaire Nichane, qui vit le magazine arabophone interdit pendant 3 mois, et son ancien directeur, ainsi qu’une de ses journalistes, condamnés à 3 ans avec sursis pour avoir osé rapporter comment les Marocains riaient de la religion. Malaise et islamisme rampant… Avec l’affaire Ariri (directeur d’Al Watan Al An, accusé avec l’un de ses journalistes – Mustapha Hormatallah, emprisonné 7 mois – de publication de documents classés “secret défense”), l’armée a cherché, elle aussi, à imposer ses limites. Quant au Palais, il reste plus chatouilleux que jamais. Pour avoir osé s’interroger sur l’utilité des élections dans un système où le roi, in fine, détient tous les pouvoirs, l’auteur de ces lignes a été incarcéré deux jours, les deux magazines qu’il dirige (TelQuel et Nichane) saisis, et un procès lui a été intenté pour “manquement au respect dû à Sa Majesté le roi”. Après de multiples reports, le procès est toujours en cours à l’heure où ces lignes sont écrites…En 2008, les amendes exorbitantes ont fait leur grand come-back avec l’affaire Al Massae. Pour avoir imprudemment accusé un substitut du procureur (non nommé) de “perversion sexuelle”, le quotidien arabophone a été lourdement condamné. Si le verdict de culpabilité était somme toute logique, les dommages-intérêts exorbitants auxquels a été condamné Al Massae sont un record absolu : 6 millions de dirhams !! A l’heure où ces lignes sont écrites, l’affaire est encore en appel, tandis que l’Etat serre vigoureusement la vis contre Al Jazeera, dont le bureau à Rabat, après le retrait d’accréditation de son directeur, est menacé de fermeture…Avec tout cela, il faut néanmoins souligner une chose : la presse n’est pas sans ressources, et elle se défend vigoureusement à chaque attaque, engrangeant un large soutien de la communauté internationale. Certains disent que le règne de Mohammed VI est une ère noire pour la presse, arguant que jamais autant de procès n’ont été intentés aux journalistes. C’est oublier un peu vite que sous Hassan II, au temps où les journalistes étaient raflés et tabassés comme de vulgaires gauchistes, les procès étaient un luxe que personne n’osait espérer. Et que désormais, à chaque nouveau procès, la presse soude ses rangs et en sort plus forte. Bref, entre surchauffes et périodes d’accalmie, le combat continue…

    L’affairisme effréné des M6 boys

    Au début, on trouvait ça plutôt bien, que les affaires royales se fassent ouvertement. Il faut dire que sous Hassan II, on ne savait quasiment rien de ces choses-là, et il n’était pas rare que de pleines valises de cash frappées du sceau alaouite circulent entre Casa et Rabat, en dehors de toute comptabilité… L’omerta régnait et Siger (anagramme de “régis” – roi, en latin, et nom du holding contrôlant les affaires royales, dont l’ONA) ressemblait plus à une énorme caisse noire qu’à un groupe économique moderne. Puis Mohammed VI est arrivé, affichant la volonté de dépoussiérer et rationaliser les méthodes de gestion de son gigantesque héritage. On a d’abord commencé par saluer la volonté de transparence impulsée par le jeune roi, et pilotée par son secrétaire particulier et homme de confiance Mounir Majidi. Les affaires royales allaient désormais se faire au grand jour, et dans les règles de l’art, annonçait-on.Mais la machine n’a pas tardé à s’emballer. Les opérations capitalistiques et financières d’envergure (avec à leur tête, la création par fusion/absorption du monstre bancaire Attijariwafa) se sont enchaînées et le groupe s’est invité dans les secteurs économiques les plus porteurs du pays : énergie, assainissement, télécoms… Au point que la question s’est vite imposée : quel est le but de tout ça ? S’agirait-il, en fin de compte, de faire une OPA sur l’économie marocaine ? Et si la transparence n’était qu’un moyen de donner bonne conscience à des gens qui parlent de patriotisme économique (notamment en défendant le concept de “champions nationaux”, rempart contre la mondialisation) alors qu’il ne s’agit en fait que de voracité ? Aujourd’hui, Siger est de loin le holding le plus puissant du pays et sa tête de pont l’ONA, à elle seule, représente l’équivalent de 8% du PIB. Grâce à sa force de frappe bancaire et au soutien sans faille de la CDG, le holding royal remodèle le capitalisme marocain à sa convenance. C’est devenu tellement énorme que l’argument moral (un chef d’Etat n’a pas à faire des affaires, quelles que soient les circonstances) est tout simplement devenu inaudible.Quant aux “règles de l’art”, corollaire supposé de la transparence, elles sont loin d’être observées dans la conduite des business royaux. La libre concurrence, notamment, n’est plus qu’un slogan dès que quelqu’un s’avise de “gêner” la suprématie royale dans les affaires. Ainsi, le banquier Othman Benjelloun s’est-il vu traîner plus bas que terre parce qu’il avait eu l’audace de penser concurrencer Sa Majesté, en lui raflant la majorité du capital de la SNI, puis de l’ONA. 6 ans et une défaite boursière cuisante plus tard (due à des pressions politiques sur les détenteurs de titres SNI), Benjelloun n’a pas fini de panser ses plaies. Grâce à son génie propre des affaires, il a su redresser le cap de son groupe, menacé de sombrer suite à la vindicte royale. Mais il garde un profil bas, et a définitivement compris la leçon : la libre entreprise, oui, mais à condition de ne jamais oublier qui est le “boss”…Quant à Mounir Majidi, l’homme lige du capitalisme royal, il est désormais sur orbite et se permet des incursions dans la vie publique. Pour son premier contact avec le monde de la culture, il a spectaculairement accru le budget du festival Mawazine, attirant à Rabat une brochette sans précédent de stars planétaires – Whitney Houston à leur tête. Majidi se frotte aussi au sport, en coiffant la très ambitieuse “Académie Mohammed VI de football”, censée former les stars marocaines de demain. Bombardé président du FUS (Fath Union Sport), il ambitionne aussi de doter la capitale d’un “sports and business center” de dimensions européennes. Pour ce faire, il a voulu acquérir un gigantesque terrain au centre de Rabat… au dirham symbolique ! Certes en échange d’infrastructures sportives qu’il offrirait à la capitale, mais avec un cahier des charges scandaleusement vague. Les mauvaises habitudes sont toujours là…

    Insondable pauvreté…

    La lutte contre la pauvreté est la grande affaire de Mohammed VI. Dès son avènement, il s’est attaché à donner corps à une certaine fibre sociale, devenue sa première marque de fabrique. Fondation Mohammed V, “Tous unis pour aider les démunis”… Le “roi des pauvres” a incontestablement payé de sa personne, sillonnant le royaume et n’hésitant pas à serrer les plus miséreux dans ses bras, sous l’œil incrédule des cameramen. Mais la politique de charité institutionnelle s’est vite essoufflée, à mesure que les sarcasmes sur le mode “harira pour tous” s’accentuaient.En mai 2005, changement de cap : le roi lance l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), rapidement rebaptisée par la rue “l’indihach” (la stupéfaction). Son principe est, en effet, difficile à croire : les collectivités territoriales et les relais locaux du ministère de l’Intérieur (chioukh, caïds, moqaddems, etc.) sont appelés à travailler main dans la main avec la société civile, les ONG, et toutes les structures non gouvernementales qui ont à cœur de faire reculer la pauvreté, en lançant des projets de développement tous azimuts. Et Mohammed VI entend y mettre les moyens : 10 milliards de dirhams en 5 ans. Objectif : réduire le taux de pauvreté de moitié d’ici 2010.Nous sommes mi-2008, et aucun bilan d’étape global n’a encore été dressé. Il faut dire que le concept, malgré la propagande intensive déployée pour le servir, n’est pas encore vraiment clair. Qu’est-ce qui relève de l’INDH et qu’est-ce qui n’en relève pas ? Devant ce flou, les inévitables magouilles ont commencé à fleurir, et beaucoup d’édiles véreux ou d’ONG peu recommandables apposent le label INDH sur tout et rien, juste pour parer des intérêts inavouables des atours royaux. Pas mal de choses, néanmoins, ont été réalisées ; en témoigne l’inlassable activisme du roi, qui a parcouru des dizaines de milliers de kilomètres à la rencontre des plus défavorisés de ses sujets. Une citerne d’eau, un nouveau dispensaire à inaugurer ? Le “roi des pauvres” accourt. A tel point que certains l’ont surnommé “inaugurator”. Mais quel est l’impact réel de tout cela sur la pauvreté, toujours endémique ? Personne, jusqu’ici, n’a été en mesure de le chiffrer avec exactitude…Un dernier mot là-dessus : l’INDH est présentée par l’entourage royal comme un “chantier de règne”, voire “le projet de société de Sa Majesté”. A priori, ce n’est pas une mauvaise idée. Faire reculer la pauvreté, quoi de plus noble ? Mais ce qu’on appelle “projet de société”, c’est une idée dont la réalisation change la face d’un pays, oui, mais aussi une idée clairement formulée, que tout le monde comprend clairement. Sans cela personne n’y adhérera jamais. Or, “Al moubadara al wataniya li-tanmiya al bachariya”… c’est tout sauf un emballage marketing séduisant. Demandez à n’importe qui dans la rue de vous expliquer de quoi il s’agit, vous n’aurez pas deux réponses identiques ! Eh oui, la communication est indissociable de l’action et ça, le Palais refuse toujours mordicus de le comprendre…

    Sahara : le Maroc reprend la main

    Manhasset, c’est fini ! C’est du moins ce que la direction du Polisario a déclaré en juin 2008, après 4 rounds de négociations infructueuses avec le Maroc dans cette banlieue new-yorkaise. En cause : “L’alignement sur les thèses marocaines” (dixit le Polisario) du Hollandais Peter Van Walsum, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU dans la région. Le malheureux avait eu le tort d’estimer “irréaliste” l’aspiration à l’indépendance du Sahara, lui préférant un accord politique dans le cadre de l’autonomie sous souveraineté marocaine. Malgré ce blocage temporaire (avec ou sans Van Walsum, le processus finira bien par reprendre, faute d’alternative), le Maroc conserve un avantage indéniable “là où ça compte” : chez les grandes démocraties occidentales. “Sérieux”, “crédible”… on ne compte plus les éloges décernées au plan d’autonomie marocain par Washington, Paris et Madrid. En gros : à nous la monnaie et le drapeau, aux Sahraouis la gestion d’à peu près tout le reste, selon des modalités ouvertes à la discussion. En comparaison, le “plan” du Polisario fait piètre figure. Improvisé en catastrophe la veille (!) de la remise du plan marocain au secrétaire général des Nations Unies, en avril 2007, il ne propose rien de notable, hormis une promesse peu convaincante de “partager les ressources naturelles du territoire”, une fois l’indépendance acquise. Avec son plan d’autonomie, peaufiné dans le plus grand secret, Rabat a frappé fort, et a spectaculairement renversé la vapeur. Depuis le cessez-le-feu de 1991, et notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, le Maroc perdait peu à peu sa crédibilité sur ce dossier, accréditant l’opinion générale que le royaume n’arrivait pas à se dépatouiller de sa mauvaise foi. A tel point qu’en 2002, nous avons entendu le boulet siffler à nos oreilles, quand James Baker, ancien secrétaire d’Etat américain et toujours influent auprès de l’administration Bush, a cherché à forcer la main au Maroc en imposant un plan de règlement désastreux pour notre sacro-sainte “intégrité territoriale”. Aujourd’hui, avec ce plan d’autonomie très intelligemment ficelé, nous avons clairement repris la main, et les grandes puissances nous soutiennent. Cela suffira-t-il pour forcer la main à l’Algérie, qui s’accroche mordicus à ce “joker régional” que l’affaire du Sahara a toujours représenté pour elle ? “Le Maroc ne saurait être otage ou prisonnier des calculs d’autrui”, a déclaré Mohammed VI dans son discours du trône de 2007. C’est pourtant le cas depuis 33 ans que dure ce conflit. Un conflit qui pourrait tout aussi bien se prolonger éternellement… à moins que les grandes puissances ne s’en mêlent sérieusement, au-delà de leur soutien affiché au Maroc. Si le dossier évolue en notre faveur, ce n’est pas forcément à Manhasset que ça se passera…

    Tel Quel, 18 nov 2008

    Tags : Maroc, Mohammed VI, monarchie, Sahara Occidental,  Fouad Ali El Himma,

  • Reporteros Sin Fronteras presenta el informe ‘Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo’

    Reporteros Sin Fronteras (RSF) presenta el martes 11 de junio de 2019, en la Asociación de la Prensa de Madrid (APM), el primer informe mundial sobre la situación de la libertad de prensa en el Sáhara Occidental, uno de los lugares más áridos del mundo para la información y el periodismo.

    Titulado ‘Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo’, este documento de investigación ha sido elaborado a iniciativa de la Sección Española de Reporteros Sin Fronteras. El acto de presentación contará con la presencia de la presidenta de la APM, Victoria Prego, del presidente de RSF España, Alfonso Armada, del presidente de FAPE, Nemesio Rodríguez, de la autora del informe y corresponsal de RSF en España, Edith R. Cachera, y del periodista saharaui y fundador del colectivo Equipe Média Ahmed Ettanji.

    A través de numerosas entrevistas y testimonios, ‘Sáhara Occidental, un desierto para el periodismo’ hace un repaso exhaustivo a la historia de abandono y silencio en los medios internacionales, y especialmente en los españoles; expone los nombres y circunstancias de los periodistas saharauis condenados a largas penas de cárcel, y denuncia la mordaza impuesta a los informadores locales y extranjeros, expulsados de manera casi sistemática.

    A la vez, el informe de Reporteros Sin Fronteras reivindica el nuevo periodismo saharaui que, pese a la censura, la represión y la cárcel, logra romper el silencio para transformarse en fuente de información para medios y organizaciones internacionales.

    El documento completo se publicará el 11 de junio en la web de RSF a las 12 horas (pm).

    PRESENTACIÓN

    Fecha y hora: martes, 11 de junio de 2019, a las 12:00 h
    Lugar: Salón de actos de la Asociación de la Prensa de Madrid
    (C/ Claudio Coello, 98 -28006, Madrid)

    Intervenciones:

    Victoria Prego, presidenta de la Asociación de la Prensa de Madrid

    Alfonso Armada, presidente de Reporteros Sin Fronteras España

    Nemesio Rodríguez, presidente de FAPE

    Edith R. Cachera, autora del informe y corresponsal de RSF en España

    Ahmed Ettanji, periodista, cofundador y presidente de Equipe Media

    Proyección del documental ‘3 stolen cameras’:

    Durante la presentación se proyectará la película ‘3 stolen cameras’, un cortometraje documental que narra el peligroso y complejo reporterismo del colectivo Equipe Média

    MEDIOS DE COMUNICACIÓN:

    Para entrevistas o acceso a imágenes del documental ‘3 stolen cameras’, contactar con Prensa de Reporteros Sin Fronteras

    Malena Mangas

    Móvil: (++34) 651 649 703

    Email: prensa@rsf-es.org

    Fuente : RSF

    Tags : Sahara Occidental, RSF, periodismo, prensa,

  • Se buscan 11 familias en Albacete y provincia para ayudar

    Como todos los años, arranca con la recta final de Vacaciones en Paz, el programa de la Asociación de Amistad con el pueblo Saharaui. En menos de un mes, recibirán a los niños y niñas procedentes de los Campamentos de refugiados de Tinduf. Sin embargo, como ha podido saber COPE Albacete necesitan más ayuda que nunca. Todavia buscan 11 familias de acogida para completar la campaña de este verano.

    Dionisa Gómez, es expresidenta y actual miembro de la asociación, y ha atendido a los micrófonos de COPE. Gómez asegura estar volcada en la busqueda de estas 11 familias para hacerse cargo de estos niños saharauis. En esta campaña han conseguido traer de campamentos de Tinduf a niños con multiplicidad de discapacidades, aunque también informa que esos niños con necesidades especiales ya han encontrado familia de acogida para este verano.

    Ante la pregunta de grado de satisfacción adquieren las familias que acogen durante los veranos, Gómez afirma que quién lo hace un verano suele repetir al siguiente, ya que los mismos niños pueden venir hasta en 3 veranos consecutivos, creando un vínculo muy especial entre familia acogedora y niño acogido.

    Dionisia dice también que están intentando encontrar a estas familias a través de conocidos y familias que ya saben lo que es pasar un verano con estos niños y darles la oportunidad de vivir alejados de la desigualdad que viven día a día en los campamentos de refugiados. Si estás intersado en darles una oportunidad a estos niños, y ya de paso vivir un verano diferente, puedes contactar con esta asociación a través de sus redes sociales y en el teléfono 670 340 546.

    Fuente : COPE

    Tags : Sahara Occidental, vacaciones en paz, Albacete,

  • Carta de Franco a la Yemáa (21 de septiembre de 1973), enviada a la ONU como justificación de la política descolonizadora del gobierno español.

    « A la Asamblea General del Sahara:

    el 6 de marzo del año en curso me dirigí a la anterior legislatura de esta Asamblea general respondiendo al escrito que la misma me elevó el 20 de febrero, escrito ratificado por la actual legislatura en su sesión constitutiva de 28 de julio último, comunicándole que había encargado a mi gobierno el estudio de las peticiones de dicho mensaje.

    El gobierno, siguiendo mis instrucciones, ha estudiado las aspiraciones del pueblo saharaui, cuya representación legítima corresponde a esa Asamblea general y, en atención a las mismas y en cumplimiento de la misión de España de promoción del pueblo saharaui, ha elaborado la siguiente contestación aprobada en Consejo de Ministros y que ha merecido mi sanción:

    1. El Estado español reitera que el pueblo saharaui, cuya convivencia secular con el pueblo español es desde sus inicios absolutamente voluntaria, es el único dueño de sus destinos y nadie tiene derecho a violentar su voluntad. El Estado español defenderá la libertad y la libre decisión del pueblo saharaui.

    2. El Estado español garantiza la integridad territorial del Sahara.

    3. El Estado español confirma su compromiso histórico de proseguir con el mayor impulso posible al desarrollo económico y social del territorio, reconociendo al pueblo saharaui la propiedad de sus recursos naturales y los beneficios de su explotación, así como la voluntad de promover la cultura, las formas de vida de la personalidad saharaui y el florecimiento de su religión.

    4. El Estado español reitera y garantiza solemnemente que la población del Sahara determinará libremente su futuro. Esta autodeterminación tendrá lugar cuando lo solicite libremente la población de conformidad con lo expuesto por la Asamblea General en su escrito ya citado del 20 de febrero del corriente año.

    5. Continuando el proceso de perfeccionamiento político del pueblo saharaui y como preparación de su futuro, se establecerá un régimen de progresiva participación del mismo en la gestión de sus propios asuntos. Dicho régimen entrará en vigor cuando se complete el proceso legislativo que se consigna a continuación.

    6. El Estado español presenta a la Asamblea General las bases siguientes como principios en que ha de inspirarse la organización político-administrativa del Sahara:

    f. El pueblo saharaui es propietario de sus riquezas y recursos naturales.

    g. Durante el periodo de vigencia de este estatuto, los saharauis gozarán de todos los derechos inherentes a la nacionalidad española.

    h. El Jefe del Estado español encarna la comunidad existente entre España y el Sahara. Será representado en el territorio por su gobernador general.

    i. El Estado español garantizará la integridad territorial del Sahara, lo representará en el ámbito internacional y asegurará su defensa. Los asuntos internos serán competencia de los órganos propios del territorio.

    j. A la Asamblea General del Sahara, como supremo órgano representativo del pueblo saharaui, le corresponderá elaborar las disposiciones de carácter general relativas a los asuntos internos del territorio, sin perjuicio de la sanción que corresponderá al gobernador general. Podrá igualmente proponer iniciativas y medidas que estime convenientes sobre dichos asuntos.

    k. Se confirmará e intensificará la promoción de los usos y costumbres tradicionales, así como de la justicia coránica.

    7. Si la Asamblea General se manifestara de acuerdo con estas bases, las mismas serán desarrolladas en forma articulada en el correspondiente estatuto, que será aprobado por la ley.

    8. La aceptación por la Asamblea General del Sáhara de estas bases, no menoscaba el derecho de la población saharaui a la autodeterminación sobre su futuro, del que esta nueva etapa es preparación necesaria.
    Puesta la confianza en Dios, el pueblo saharaui y la nación española se encaminan hacia su futuro de alianza fraternal de paz y prosperidad.

    Francisco Franco”

    Fuente : Sahara, el retorno a España como comunidad autónoma

    Tags : Sahara Occidental, España, Frente POlisario, Franco, Yemaa, descolonización,

  • La independencia de Mauritania y las reivindicaciones marroquíes

    Declaraciones de Jacques Soustelle à « Sud-Ouest »

    Burdeos, 22 sept 1960.- El periódico « Sud-Ouest » publica unas interesantes declaraciones del ex-ministro del Sáhara, Jacques Soustelle, sobre la independencia de Mauritania y las reivindicaciones marroquíes.

    Tras señalar que el próximo 28 de noviembre nacerá como estado soberano e independiente « la República Islámica de Mauritania », subraya el hecho insólito de que este certificado de « madurez política » está siendo objeto de discusión no por parte de un Estado colonialista europeo, sino por « un Estado de los llamados « árabes », él mismo islámico e independiente : Marruecos.

    Recuerda Soustelle que Allal El-Fassi, entre otros ha reclamado muchas veces la anexión de Mauritania al Reino de Mohamed V, y que el gobierno marroquí, no contento de hacer suya oficialmente esta exigencia, ha comenzado una acción política concreta en este sentido. Y a continuación comenta :

    « Así se ha creado una situación muy pintoresca, en la que un país africano y musulmán ve que se le rechaza el derecho a ser independiente por aquellos mismos que atruenan al mundo con sus voces para exigir que la independencia sea otorgada a quien quiera que sea, como sea y con los magníficos resultados que se pueden constatar en el Congo, por ejemplo.

    Las reivindicaciones marroquíes sobre Mauritania no son más que un aspecto de una tendencia anexionista más general : se trata, para los marroquíes, de extender el imperio cherifiano hasta el Senegal, absorbiendo el Sáhara español, toda la parte occidental del Sahara francés (en conjunto el departamento del Saoura) y, en fin, Mauritania.

    Se fundan estas reclamaciones en bases históricas ? Si remontamos a los orígenes, estaremos obligados a dar la razón a los mauritanos cuando arguyen, no sin humor, que es su país el que debería anexionar Marruecos y no a la inversa.

    En efecto : son precisamente los moros, los bereberes islámicos Sanhaja, guerreros intrépidos y creyentes irreprochables, los que remontando el Sáhara hacia el norte en una extraordinaria campaña, crearon en el siglo XI un inmenso imperio que englobaba Marruecos, el oeste de la Argelia actual y toda la España musulmana. Se les llamaba el Murabitín, « los marabús » u hombres santos, que ha dado origen al nombre de la dinastía de los almoravides. Fundadores de Marrakech y de Tlemcen, reinaron surante un siglo sobre las dos orillas del Mediterráneo occidental, llevando el jefe de la dinastía el título sagrado de Emir (comandante) de los musulmanes. M. Mokhtar Ould Daddah, si quisiera seguir la trayectoria de sus ilustres predecesores, podría, pues, reivindicar Marraquex, Tlemcen y Sevilla, por lo menos, con tanta razón como Mohamed V reivindica Nouakchott y Atar ».

    En opinión de Jacques Soustelle, ningín título histórico significa gran cosa en estos confines saharianos, en los que confederaciones de tribus nómadas se hacen y deshacen en el curso de los siglos de la misma manera que las arenas movibles del desierto.

    Los objetivos marroquíes, añade, están dirigidos hacia puntos más tangibles : el carbón de Colomb-Béchar y el hierro de Garadjebilet, en el Sahara francés (con la esperanza, por otra parte, de encontrar petróleo en el valle del Sahoura) ; en Mauritania, el cobre de Akjouje y la colosal mina de hierro de Fort-Gouraud.

    El ex-ministro francés del Sáhara termina preguntándose si las Naciones Unidas darán la razón a Marruecos y rechazarán el reconocimiento de la independencia de Mauritania, « cosa muy posible en esta Asamblea, en donde, muy a menudo, la razón, la ignorancia y el prejuicio sirven de ley ». En este caso, asegura, surgirán desórdenes y se creará una nueva zona de peligro en Africa.

    Tags : Sahara Occidental, Marruecos, Mauritania, Francia, colonialismo, almorávides, almurabitún,

  • Algérie : dans l’affaire Anadarko, y avait-il un accord secret entre Total et Ould Kaddour ?

    En raison de son apport dominant au financement du budget de l’Etat et des réserves en devises, Sonatrach est de loin le plus important acteur de la vie économique nationale.

    Bonnes ou mauvaises, sa gestion et ses décisions ont des répercussions directes et existentielles sur l’ensemble de la communauté, dans le court, moyen et long termes. Si ses décisions sont dans leur grande majorité rendues publiques. Certaines sont en revanche gardées secrètes pour des raisons, qui ne sont pas toujours dans l’intérêt du pays. Au contraire.

    Les réactions agressives et intempestives de certains milieux français – à la suite des déclarations du ministère algérien de l’Energie, concernant l’éventuelle valorisation du droit de préemption pour acheter les actifs d’Anadarko en Algérie – d’une part, représentent un indice fort sur l’existence d’un accord secret conclu entre la « bande » des Bouteflika et certaines parties françaises, et d’autre part, confirment l’esprit colonialiste qui sévit encore toujours au sein de l’élite parisienne.

    Une transaction de presque neuf milliards US dollars dans le domaine des hydrocarbures, n’est pas le fruit d’une nuit mais celui d’un long processus d’échanges, d’analyses et de négociations, qui peuvent s’étaler sur des dizaines de mois. L’Algérie étant concernée fondamentalement par cette transaction, il est donc improbable, que le premier groupe pétrolier français se soit aventuré dans une affaire si importante sans assurer ses arrières. L’accord de Total-Oxy (Occidental Petroleum) sur l’achat de tous les actifs d’Anadarko en Afrique – dont ceux situés en Algérie représentent pour le moment le noyau dur – a donc dû être conclu après concertation avec l’ex-PDG de Sonatrach, Ould Kaddour, mandaté par l’ex-clan présidentiel, dont il était le courtier loyal et qui aurait probablement donné son feu vert, sans pour autant informer toutes les institutions concernées.

    Simple hasard, conséquence logique du collapse d’un pouvoir autocratique en fin de cycle ou jalon stratégique programmé par la baraka divine ? Nous ne le saurons jamais.

    Mais une chose est sûre la révolution du 22 février est venue à temps pour chambouler l’échiquier des rapports de force et pour bouleverser les plans malhonnêtes de beaucoup de prédateurs et de traîtres. Parmi ces plans, on pourrait probablement compter l’acquisition des actifs d’Anadarko en Algérie par Total. En effet, le management de Total, tout comme le gouvernement français connaissent la loi algérienne et la sensibilité des Algériens dans tout ce qui touche à leurs ressources hydrocarbures.

    Mais le groupe français a préféré négocier secrètement – comme il a l’habitude de le faire ailleurs en Afrique – avec un clan illégitime et vacillant, prêt à brader les richesses nationales afin de s’assurer un soutien éphémère au cinquième mandat. C’est ce qui explique en partie, pourquoi l’opinion nationale algérienne n’a pris connaissance de l’intention de Total, que lorsque Oxy a publié son press release obligatoire il y a quatre semaines.

    Si Total voulait aujourd’hui se référer à un éventuel accord avec Ould-Kaddour, l’Etat algérien devrait lui opposer un rejet catégorique. Car s’il y avait vraiment accord, celui-ci est à placer dans le chapitre « trahison, compromission, corruption et atteinte à la sécurité nationale ». N’ayant jamais été validé par les autorités et institutions compétentes, un éventuel accord secret n’a ni effet contractuel, ni valeur juridique, et ne peut engager que la personne de l’ancien détenu de la prison de Blida ou ses parrains.

    Le sujet mérite en tout cas l’attention de la justice et de ses services de sécurité, car il germe en lui un énorme préjudice au trésor public.

    Que Total, après des décennies d’absence et d’embargo, veuille revenir en grande force pour concurrencer Sonatrach sur son propre terrain en prenant le contrôle sur 30 % de la production nationale de pétrole, c’est de bonne guerre. Mais pour l’Algérie la transaction Oxy-Total ne sera que le cheval de Troie. Elle est dangereuse et doit être stoppée sans tergiversation.

    La France est aujourd’hui un client secondaire pour le gaz et le pétrole algériens. Elle investit des sommes colossales dans le domaine hors-hydrocarbures au Maroc en détournant l’Algérie, alors que cette dernière lui ouvrait toutes les portes. C’est elle qui a saboté le mégaprojet solaire Desertec. Et c’est encore elle qui soutient le Makhzen dans sa politique belliqueuse contre l’Algérie. Nous sommes donc loin de l’amitié nous sirotent constamment ses présidents et ministres.

    Garder les portes ouvertes à des négociations avec un pays, dont nous partageons beaucoup de choses, c’est nécessaire et même souhaitable, mais il faut néanmoins mettre le tout sur la table, inclus les dossiers Libye, Sahel et Sahara occidental. Et surtout il faut négocier avec la devise « les intérêts de la nation avant tout », comme le fait la France et tous les autres.

    C’est dans cette optique que le peuple algérien doit exiger du pouvoir actuel de faire valoir le droit de préemption pour permettre à Sonatrach d’acheter les actifs d’Anadarko. Une telle transaction serait bénéfique et pertinente, pour plusieurs raisons sur lesquelles. J’y reviendrai dans une prochaine contribution, dès que possible.

    (*) Hocine-Nasser Bouabsa, PhD, Chef d’entreprise et analyste

    Le Matin d’Algérie

    Tags : Algérie, France, Total, Maroc, Sahara Occidental,

  • La nueva ruta marroquí de la droga para evitar Argelia

    Por Karim B.

    La incautación por parte de la Aduana y la Armada francesas en alta mar de cerca de 8 toneladas de kif procesado ​​de Marruecos proporciona información sobre el grado de eficacia de las medidas tomadas por los servicios de seguridad argelinos en nuestras fronteras occidentales.

    Los narcotraficantes marroquíes sellaron una nueva alianza con los turcos para hacer pasar las drogas por vía marítima hacia Europa. La prensa francesa informó, de hecho, del abordaje por parte de la Marina francesa de un barco en alta mar « que navegaba desde Argelia, en aguas internacionales ». El barco llevaba 7,4 toneladas de resina de cannabis.

    El barco, que fue conducido a la base naval de Toulon, en el sur de Francia, contenía 232 fardos de drogas, cada una con un peso de 32 kilogramos, según fuentes francesas. La novedad es que los tres ocupantes del barco tienen pasaportes turcos.

    Los planes del Majzén, que controla este lucrativo tráfico internacional y que hace de Marruecos el primer exportador de drogas del mundo, se han visto frustrados por la estricta seguridad de la frontera impuesta por las autoridades de seguridad argelinas, desde la excavación de trincheras para rrenar a los traficantes que virtieron miles toneladas de cannabis en Argelia.

    Es con la mafia turca que el Majzén se ha volcado para vender sus productos, lo que aporta al régimen monárquico de Rabat varios miles de millones de dólares al año. Una ganancia financiera que, sumada a los negocios jugosos pero « legales », garantiza a la familia depredadora gobernante proteger el trono con la complicidad de algunas potencias occidentales.

    La intransigencia de Argelia en relación con este tráfico es una de las razones que provocan en los responsables marroquíes una ira histérica contra el ejército argelino. Una rabiosa campaña se ha librado durante varios años para tratar de desacreditar a los « generales de Argel », un término compartido por el Majzén y una cierta clase política francesa, también molesta por las posiciones de Argelia en varios asuntos internacionales, la primera de ellas la que concierne el Sáhara Occidental.

    Los recientes ataques virulentos contra el Jefe de Estado Mayor y el Comandante de las Fuerzas Terrestres del ejército argelino a través de las herramientas de propaganda del Majzén inscriben en la misma lógica.

    Algérie Patriotique, 28 mayo 2019

    Tags : Marruecos, Argelia, Sahara Occidental, drogas, tráfico, contrabando, hachís, haschich, kifi, cannabis,

  • Horst Köhler vu à Berlin et il pète la forme

    Contrairement à ce qui a été dit dans le communiqué mensonger d’Antonio Guterres, Horst Köhler a été vu mercredi à Berlin et il pète la forme. 

    Il a été photographié avec Jakov Devcic, membre du think tank allemand Konrad-Adenauer-Stiftung.

    Comme d’habitude, Guterres ne veut pas contrarier ses maîtres de l’Elysée. Ainsi, il a inventé la « raison de santé » pour justifier le départ volontaire de Horst Köhler, un homme intégre qui a refusé de  participer à cette mascarade appelé « processus de paix au Sahara Occidental » qui ne vise au’à maintenir le statu quo au détriment du droit international et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Le temps a fini par démasquer le jeu de la France et son protégé le Maroc en vue de s’approprier d’un territoire riche en ressources naturelles et dont l’importance géopolotique guide les pas de la France colonialiste et de son pion, la monarchie de la honte alaouite.

    Il y a lieu de saluer le courage et détermination des sahraouis qui ont su tenir tête à una puissance prédatrice et sans scrupules qui fait et défait en Afrique et qui considère le Maghreb comme son arrière cour qui doit être ajouté aux pays subsahariens esclavisés depuis plus de 60 ans au nom d’une prétendue communauté franco-africaine.

    Le Secrétaire Général de l’ONU cache la vérité sur les raisons de la démission de köhler parce qu’elle constitue un coup dur au Conseil de Sécurité qui venait de lui exprimer son « plein appui » au même temps qu’il refusait de donner à la MINURSO un statu qui lui permettrait de soutenir les efforts de médiation de l’ex-président allemand.

    Köhler est parti parce qu’il s’est rendu compte que la France ne cherche que pérenniser le statu quo pour défendre les intérêts de son allié marocain. 

    Ce jeu malsain a poussé la Russie et l’Afrique du Sud à s’abstenir lors du vote de la dernière résolution du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental.

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    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Horst Köhler, France, colonialisme,

  • Les révélations de Wikileaks sur les rapports entre l’Algérie et le Maroc

    www.tsa-algerie.com – 2 décembre 2010

    L’obsession algérienne, propagande contre le Front Polisario et un alignement total sur les Américains

    par Lounes Guemache

    Soixante-dix pages de mémos diplomatiques émanant essentiellement de l’ambassade américaine à Rabat et couvrant la période entre 2005 et 2009. TSA s’est procuré les notes de la diplomatie américaine sur le Maroc, avant leur publication sur le site américain Wikileaks. Ces documents relatent notamment les conversations entre des responsables américains et des officiels marocains à Rabat : les ministres de l’intérieur et des affaires étrangères, les chefs des renseignements intérieurs et du contre-espionnage, de hauts cadres de l’Etat…

    On y trouve un peu de tout mais certains sujets reviennent régulièrement dans les échanges entre les Américains et leurs interlocuteurs marocains : la lutte contre le terrorisme islamiste au Maghreb et dans la région du Sahel, l’Algérie, la gestion de l’islam dans le Royaume ainsi que des sujets internationaux comme le nucléaire iranien -on apprend par exemple que Rabat était opposé à la bombe dès 2006 bien avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 2009.

    Les documents mettent au jour l’obsession algérienne chez les responsables marocains. Dans leurs conversations avec les responsables américains, les Marocains mettent souvent en avant « le manque de coopération » des Algériens en matière de lutte contre le terrorisme dans la région. Ils imputent l’émergence d’Aqmi aux « échecs » d’Alger en matière de lutte contre le terrorisme. Une analyse que les Américains ne partagent pas. Selon eux, c’est au contraire grâce aux succès de l’Algérie que l’ex-GSPC a été contraint de s’associer avec Al-Qaïda pour créer Aqmi.

    Des responsables ont suggéré un lien direct entre le Front Polisario et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). On découvre aussi une implication plus importante qu’on pouvait l’imaginer de Rabat au Sahel. On apprend par exemple qu’en 2007, le Niger avait sollicité l’appui militaire du Maroc contre un groupe terroriste qui a pénétré depuis son territoire depuis l’Algérie. Pourquoi une telle demande n’avait-elle pas été adressée directement à l’Algérie ? Mystère.

    TSA- Algérie

    Quand les responsables marocains parlent de l’Algérie comme d’une menace

    par Yazid Slimani

    Dans leurs entretiens avec les diplomates et les responsables américains en visite à Rabat, les officiels marocains accusent les Algériens de mettre de la mauvaise volonté pour coopérer avec eux dans la lutte anti-terroriste. C’est par exemple le cas du Directeur général pour la surveillance du territoire (services de renseignements intérieurs), Abdelatif Hammouchi, Lors de la visite à Rabat de l’assistante du président américain pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend. « La coopération avec les Algériens est erratique affirme Hammouchi. Parfois ils nous fournissent de très bonnes informations et parfois on dirait qu’il s’agit d’impasse. Ces sont des partenaires difficiles, ajoute Yassine Mansouri (chef de la Direction générale des études et de la documentation, le service de contre-espionnage marocain, ndlr) », rapporte une note diplomatique du 31 juillet 2007, obtenue par TSA avant sa publication sur Wikileaks.

    Plus tôt la même année, le Directeur général des affaires bilatérales au ministère marocain des Affaires étrangères Youssef Amrani, avait ainsi « suggéré que l’émergence d’AQMI était principalement due aux échecs du gouvernement algérien », rapporte une note du 18 mai. Une position que ne partagent visiblement pas les Etats-Unis qui défendent la politique anti-terroriste de l’Algérie. A l’accusation de Amrani, un diplomate américain répond en effet que « le GSPC a été forcé de s’associer avec AQMI parce que le gouvernement algérien a réussi à le marginaliser ».

    Dans la même note, le diplomate américain constate que Khalid Zerouali, en charge de la sécurité des frontières marocaines au ministère de l’Intérieur «s’est hérissé » lorsque les officiels américains ont cité l’Algérie comme « un modèle » dans la lutte anti-terroriste en Afrique du Nord. Pour Zerouali, « le Maroc est beaucoup plus stable et sûr alors que je ne peux pas voyager d’Alger à Oran sans crainte ».

    Les documents de Wikileaks révèlent aussi que le Maroc soupçonne depuis longtemps l’Algérie de chercher à développer un programme nucléaire militaire. Une inquiétude rapportée notamment dans une note diplomatique américaine du 21 novembre 2006 transmise cinq jours après un entretien entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Omar Hilale et l’ambassadeur américain à Rabat au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Hilale affirme ainsi qu’ « un Iran doté de l’arme nucléaire serait un désastre pour la région et spécialement pour le Maroc. Cela provoquerait une course à l’armement dans la région et cela accélèrerait la poursuite de ce qu’il a décrit comme un programme nucléaire militaire algérien similaire même s’il n’est que naissant ». « Si l’Iran réussit, dans les dix ans, d’autres pays du Moyen-Orient auront la bombe et les Algériens suivront peu après, a-t-il dit », précise la note.

    Enfin, selon Rabat, si les relations bilatérales avec Alger ne s’arrangent pas, la responsabilité serait entièrement algérienne. Dans le mémo du 31 juillet 2007, les diplomates américains rapportent qu’après une visite à Alger, Fouad Ali Himma, adjoint au ministre de l’Intérieur leur a affirmé que « les efforts marocains répétés pour réduire l’abîme diplomatique ont été rejetés. Il a assuré avoir dit aux Algériens que le Maroc était prêt à rouvrir sa frontière et à prendre d’autres mesures pour rétablir la confiance, mais les Algériens ne nous ont jamais dit ce qu’ils voulaient », citent-ils. Il a attribué ce qu’il décrit comme l’intransigeance algérienne à l’écart générationnel et de mentalités entre les dirigeants des deux pays », rapporte la note américaine qui précise que Himma est un proche du roi Mohammed VI souvent considéré comme plus puissant que le ministre de l’Intérieur lui-même.

    TSA-Algérie

    En proie à de nombreux problèmes, l’armée marocaine est préoccupée par le Front Polisario et l’Algérie

    par Samir Allam

    C’est un portrait peu flatteur que les diplomates américains dressent de l’armée marocaine. Dans un câble classé « secret » daté d’août 2008 et révélé par le site Wikileaks, les diplomates américains en poste à Rabat évoquent une armée marocaine en proie à des problèmes de corruption, une bureaucratie inefficace, de faibles niveaux d’éducation dans ses rangs, des menaces récurrentes de radicalisation de certains de ses soldats, une marginalisation politique, des équipements vieillissants et un déploiement de la plupart de ses forces dans le Sahara occidental.

    Les effectifs de l’armée marocaine sont estimés à 218.000 soldats, selon le mémo de l’ambassade américaine à Rabat. L’armée de terre compte 175.000 soldats, 13.000 militaires composent la force aérienne est 7.800 sont dans la marine. La gendarmerie, qui « dépend directement du roi », compte 22.000 éléments. Le salaire moyen pour les militaires soldats est d’environ 2.000 dirhams (270 USD) par mois, note le mémo. Les officiers sont mieux rémunérés, avec un salaire de départ d’environ 6.000 dirhams (USD 850) par mois. « Avec des avantages tels que le logement gratuit, ces (salaires) sont raisonnablement compétitifs dans le contexte marocain », souligne le document.

    Le Sahara occidental constitue la principale préoccupation de l’armée marocaine. A une certaine période –que la note ne précise pas–, entre 50% et 70% des effectifs des forces armées marocaines étaient déployés au Sahara occidental.

    Sans surprise, l’autre préoccupation majeure de l’armée marocaine concerne l’Algérie. Selon le document américain, l’armée marocaine possède des « plans d’urgence » et effectue des simulations stratégiques pour contrer une possible attaque algérienne. Toutefois, l’armée marocaine ne dispose pas de troupes déployées le long de la frontière algérienne, selon le mémo. Les militaires marocains sont stationnés dans des garnisons situées à des centaines de kilomètres de la frontière algérienne d’où ils pourraient se déployer en cas d’incursion algérienne.

    Selon les diplomates américains, bien que la frontière entre les deux pays soit fermée et les relations froides, l’Algérie ne constitue pas une menace imminente pour le Maroc. Dans le cas d’une confrontation entre les deux pays, celle-ci aurait lieu via le Front Polisario, estiment-ils.

    Enfin, les Américains évoquent une solide coopération militaire entre les Etats-Unis et le Maroc. Mais les rédacteurs du document doutent des capacités du Maroc à acquérir des équipements militaires haut de gamme pour moderniser son armée. La cause ? Les coûts élevés de ces équipements ne sont pas à la portée des modestes moyens du royaume.

    TSA-Algérie

    Pour Bouteflika, la France tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc»

    par Sonia Lyes

    Les documents de Wikileaks, révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par les quotidiens El Pais (Espagne) et Le Monde (France), montrent des divergences de vues importantes entre Alger et Rabat au sujet du conflit au Sahara occidental. Des divergences qui viennent s’ajouter à la mésentente totale entre le président Bouteflika et le roi Mohamed VI.

    « Si je pouvais résoudre le problème je le ferais. Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis » . Ce qu’il faut, c’est que « le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains », a déclaré le président algérien lors d’une rencontre ». C’est ce qu’a déclaré en 2007 à Alger le président Bouteflika à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend.

    Les Français, confiera le président Bouteflika lors d’une autre rencontre relatée par des diplomates américains, « du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit ». Selon lui, « la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne ». Elle tente aujourd’hui de régler ses comptes avec l’Algérie « en appuyant le Maroc ».

    En février 2008, recevant un diplomate américain, le président algérien dénonce « le plan d’autonomie » voulu par Rabat à la place du referendum d’autodétermination au Sahara occidental. Pour lui, la proposition marocaine n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes ont d’avantage d’autonomie vis-à-vis d’Alger que ce que propose Rabat pour le Sahara occidental, a fait remarquer le président algérien.

    Une position réaffirmée, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward. « Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental ».

    TSA-Algérie

    A Alger, la CIA dispose de sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes

    par Yazid Slimani

    Pour les Etats-Unis, l’Algérie est devenue ces dernières années le partenaire numéro 1 dans la lutte anti-terroriste au Sahel contre Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). C’est ce qui ressort des derniers documents diplomatiques révélés par Wikileaks. « Aucun pays n’est plus important que l’Algérie dans la lutte contre Al Qaida au Sahel et au Maghreb », affirme ainsi l’ambassadeur américain à Alger David Pearce dans une note du 6 janvier 2010, soit juste après l’inscription de l’Algérie sur une liste des pays à risque par l’Administration américaine pour la sécurité dans les transports.

    Les diplomates américains saluent l’intensité grandissante de la coopération politique, sécuritaire et économique avec l’Algérie. Mais ils se disent frustrés de la réticence des autorités algériennes pour partager leurs renseignements sur les groupes terroristes qui activent dans le pays et reprochent aux forces de sécurité de ne pas avoir transmis les informations qui auraient pu éviter les attentats de décembre 2007 contre les Nations Unies à Alger.

    La coopération dans le domaine du renseignement se fait aussi par l’intermédiaire d’une base active de la CIA qui possède sa propre cellule de surveillance aérienne des groupes terroristes armés sur le territoire algérien via l’Africom. Cette présence de la CIA en Algérie n’a été publiquement révélée qu’en 2009 après l’affaire Warren, l’espion qui avait violé deux algériennes après les avoir droguées.

    D’ailleurs un câble datant du 1er février 2009 publié ces derniers jours par le quotidien libanais Al Akhbar, révèle que l’Etat algérien a fait pression sur la presse pour qu’elle cesse de couvrir cette affaire. Deux jours après la révélation du scandale, « il avait complètement disparu de la presse. L’absence quasi totale de couverture dans la presse publique montre bien que le gouvernement préfère que cette histoire s’apaise », est-il rapporté dans le même mémo.

    TSA-ALgérie

    Bouteflika méprise Mohamed VI à qui il ne serrera jamais la main

    par Samir Allam

    Abdelaziz Bouteflika méprise le roi Mohamed VI. Et il l’a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia, selon des documents du site WikiLeaks révélés vendredi 3 novembre dans la soirée par le quotidien espagnol El Pais. Mais le président algérien a assuré à ses interlocuteurs que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Sahara occidental, a expliqué le président Bouteflika.

    « Je ne serrerai pas la main du roi ». Le président Bouteflika a fait cette déclaration en juin 2006 à l’assistante du président américain George Bush pour la sécurité intérieure et l’antiterrorisme, Frances Fragos Townsend, en visite à Alger. Avant de décrire le monarque marocain comme « pas ouvert » et « sans expérience », selon la même source. Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, son plus ouverts. Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. « Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour », a-t-il déploré.

    Selon un document daté du 1er juillet 2006, le président Boutelika a avoué, d’après l’ambassadeur américain à Alger, qu’il croyait au dialogue pour résoudre les problèmes avec le Maroc. Mais il ne croit pas à un dialogue avec le roi Mohamed VI.

    Les présidents Bush et Chirac ont essayé de rendre le président Bouteflika plus clément à l’égard du roi. Le président algérien a rappelé que le roi était encore un enfant quand lui-même était déjà un vétéran de la diplomatie. Mais le roi a fait subir un affront au président Bouteflika en annulant à la dernière minute une visite du premier ministre à Rabat. «Je ne suis pas Jésus, je ne vais pas tendre l’autre joue», avait alors déclaré Bouteflika.

    Tags : Maroc, Algérie, Wikileaks, Boutreflika, Mohammed VI, Sahara Occidental, France, Etats-Unis,