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  • Maroc – RG : Espions de proximité

    Vous ne savez rien d’eux, ils savent tout de vous. Enquête sur le premier service secret du royaume.

    “Le modèle policier marocain fut dominé dès sa naissance par une priorité absolue donnée à l’ordre public”, analyse Police Magazine. Une façon de voir, ajoute le mag’ des flics du royaume, marquée par une “présence accrue sur le terrain”. La revue ne croit pas si bien dire. Un service de police a embouteillé en particulier ce terrain : les Renseignements généraux, RG de leur petit nom. Rattachés Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), ils sont chargés depuis l’indépendance de collecter et d’analyser des informations en tout genre. Sous le règne de Hassan II, “l’ordre public” devient en priorité un ordre politique à protéger. Grâce à une police de proximité proche des Marocains au mauvais sens du terme. Les RG se voient confier la tâche de ficher les opposants au régime, les filer, noter leurs faits et gestes, mêmes les plus anodins. Ayant fêté leurs 53 ans, le 16 mai dernier, les RG continuent de croquer dans la vie des autres à pleines dents. Hier, ils mâchaient le travail aux sécuritaires en surveillant la gauche et ses projets de lendemains qui chantent. Depuis les attentats kamikazes du 16 mai 2003, ils se font les crocs sur un nouveau sujet d’inquiétude : les Marocains susceptibles de se transformer en pop corn humain.

    Le barbier de service

    17 avril 2008. La jeunesse du PJD tient congrès à Rabat. La barbe marxiste a fait place à une pilosité religieuse chez les jeunes. Mais le barbier est le même, ni de droite ni de gauche, fidèle à un seul slogan : “On vous le dit d’entrée au moment de votre affectation. Notre seule opinion politique doit être Allah Al Watan Al Malik”, confie un inspecteur des RG. Ses collègues sont disséminés dans l’assistance, à peine discrets. Ils se cachent davantage pour la forme, tout le monde sachant qu’ils sont là. Suivre la vie politique et syndicale, au fil des congrès et de manifestations en sit-in, vous transforme à la longue en éléments du décor. L’officier des RG supervisant la pêche à l’info a même droit à un siège à l’entrée de la salle. Il se plaint auprès d’un journaliste d’être obligé de travailler un dimanche. Tout ça, c’est la routine pour lui. Un détail trouble cependant son ennui. Des jeunes du PJD se font prendre en photo au fond de la salle. Ils ont cintré leur front d’un bandeau vert : le bandana des brigades Azzedine Al Qassam, une branche armée du Hamas. Cela relève du décorum et de l’actualité. C’est dans l’air du temps, tout au plus. Mais l’officier en prend tout de même note. Car c’est son boulot l’air du temps, le sentir, le nez à la recherche de l’odeur discordante. Il “chemcheme”, selon le jargon des RG. Au plus près du corps social. De ses besoins primaires parfois. Comme manger.

    Du pain et eux

    Les kamikazes de Hay Farah auraient ainsi été trahis par leur estomac. Le propriétaire d’un four du quartier aurait tiqué devant une commande inhabituelle. Un client venait de déposer huit pains à cuire au lieu des deux habituels. “Moul ferran” en aurait parlé au moqddem du quartier. Fidèle à la voie administrative, le fonctionnaire transmet le tuyau à l’inspecteur des RG du commissariat le plus proche. En temps ordinaire, ce dernier aurait classé l’info à la rubrique des chiens écrasés. Mais ce n’était pas un jour comme les autres. Un kamikaze venait de se faire exploser dans un cyber de Sidi Moumen, deux autres à quelques pas du consulat américain de Casablanca. Le Maroc est en alerte. Six pains en trop, le compte n’est pas bon, c’est peut-être un scoop. Quelques jours plus tard, les forces de l’ordre encerclent le quartier, accompagnées d’agents de la DGED et de la DST. Les RG, quant à eux, restent en retrait, au sein de la foule des curieux… Hay Farah illustre leur place dans le dispositif des renseignements marocains. A cheval entre la police et les services secrets, ils informent mais n’agissent pas. Ils sont le back-office dans l’entreprise du renseignement, chargés d’alimenter une base de données, afin de fournir en temps et en heure des noms, des lieux et des dates. “Les informations recueillies par les RG ont permis les rafles massives après le 16 mai”, explique à ce propos Mohamed Darif, spécialiste des mouvements islamistes. Sauf qu’aujourd’hui, l’info label RG n’aurait plus autant la cote dans la lutte contre le terrorisme. Noter les petits riens du quotidien, leur raison d’être, c’est avoir la tête dans le guidon. Ne pas voir loin alors que cela se passe ailleurs : “En 2006, l’Etat a dû admettre que le terrorisme au Maroc avait des ramifications internationales. Chargée d’enquêter à l’étranger, la DGED est devenue tête de file dans le recueil de renseignements”, analyse Darif. Et les RG has been du coup, accusés de radoter, à l’instar d’un vieil agent secret dépassé par les événements.

    Trop d’infos tue l’info

    Le 16 mai est venu aggraver la maladie. Des informateurs se sont mis à noter tous les signes extérieurs de religiosité, transformant le service de police en tout à l’égout. “On nous signale des trucs sans importance. Un vendeur de détail a trouvé suspect, un jour, le comportement d’un habitant car il allait à la mosquée trop souvent. Vérification faite, il y priait 5 fois par jour, quoi de plus normal”, confie un inspecteur des RG. “C’est le principe du trop d’informations tue l’information”, analyse Darif. Ce reproche est fait aux RG depuis toujours?: obstruer les canaux de renseignements avec des infos sans aucune valeur. “Au lendemain de l’indépendance, on a donné des postes au sein des RG à des résistants dont on ne savait pas quoi faire. La qualité des informations recueillies s’en est ressentie”, explique Darif. L’analyse n’était pas au rendez-vous non plus, à en croire plusieurs militants ayant eu affaire à eux : “J’ai été interrogé à la fin des années 80 par un commissaire des RG. Il était incapable de me situer sur l’échiquier politique. On lui avait écrit la question à me poser sur un bout de papier. Cela vous donne une idée de son niveau intellectuel”, ironise Mohamed Sebbar, président du Forum vérité et justice. Le peu d’intérêt porté à la compétence des agents se serait fait ressentir même dans le choix des patrons. Le meilleur exemple reste Brahim Hmiri, responsable des RG au milieu des années 1990. Nommé à la tête de la DGSN, Hafid Benhachem l’a mis au placard illico presto. Il est allé jusqu’à afficher dans tous les commissariats du royaume une circulaire soulignant l’incompétence supposée du patron des RG…

    Agents new look

    “L’Etat a décidé de moderniser ses services de renseignements suite aux attentats de 2003. Les RG ont aussi eu droit à un programme de mise à niveau”, explique Mohamed Darif. Au bas de l’échelle, les petites mains sont désormais sommées de trier de manière plus stricte le bon grain de l’ivraie. Repérer la pépite dans un fatras d’infos faisandées. Et la livrer toute chaude aux patrons à Rabat pour l’analyse. Pour cela, le service tberguig de la police s’est lancé depuis peu dans une mise à niveau de ses cadres. C’est ainsi qu’en 2007, près d’une cinquantaine de hauts gradés des RG sont partis aux Etats-Unis s’initier aux méthodes du FBI. La base, elle, n’a pas eu droit à un voyage exotique. On l’a plutôt renvoyée sur les bancs de l’école : “Une formation continue pour les agents chargés du renseignement a été mise en place”, explique une source sécuritaire. Une manière de combler une lacune : les futurs agents des RG suivent un tronc commun à tous les flics du royaume sans cours spécifique sur la récolte d’infos.

    Les effectifs ont aussi été rajeunis. Le lifting saute d’ailleurs aux yeux pour qui fréquente les couloirs des tribunaux lors des procès des islamistes. Il est devenu courant de croiser dans la salle d’un tribunal des agents en jeans, tout propres sur eux. “Ce sont nos jeunes !”, vous signale tout fier un officier des RG. Les plus audacieux, quelques semaines après le grand saut, se sentent déjà comme des poissons dans l’eau. Ils n’hésitent pas à aborder les avocats des accusés, sonder un proche parent, voire même discuter d’un article sur le procès avec le journaliste concerné.

    Université à la loupe

    Ces jeunes pousses peuvent aussi être affectées à la surveillance des facultés. C’était déjà valable à l’époque de Basri, qui avait infiltré des éléments des RG à l’université afin de surveiller les étudiants d’extrême gauche. Le campus de Fès a ainsi bénéficié d’une “attention particulière” suite aux événements sanglants du début des années 1990. “Il était courant de voir des étudiants attaquer, à jets de pierre, des voitures des RG traversant le campus universitaire”, témoigne un ancien étudiant à Fès. Le service de police a aussi noyauté la faculté de Fès en recrutant des informateurs parmi les étudiants. En réponse, les militants d’extrême gauche organisaient des procès symboliques pour juger les indics démasqués. Aujourd’hui Basri n’est plus, mais les RG surveillent autant les facs, collant au plus près de l’actualité estudiantine toujours aussi agitée. Simple exemple, entre autres, les manifestations d’étudiants sahraouis de l’Aïd El Kébir dernier, à la gare routière d’Agadir. Voulant rentrer chez eux pour la fête, coûte que coûte, deux d’entre eux sont morts dans l’agitation générale. En réaction, les RG se sont mis en branle en quadrillant les facultés comptant une présence massive de Sahraouis. Ils ont aussi investi les gares. Comme cet agent des RG qui a passé semaine à la station ferroviaire de Mohammédia, en jellaba et babouche, pour signaler tout risque de débordement.

    Photo souvenir

    Les RG ont une obsession chevillée au corps : ficher les nouvelles têtes tentées par la contestation. “On photographie tous les visages inconnus lors des réunions d’étudiants d’extrême gauche ou de diplômés-chômeurs”, raconte un inspecteur des RG, qui s’est vu plusieurs fois confier la mission de retrouver le domicile des “clichetés”. “On commence toujours l’enquête par une tournée des mouqataâs du secteur en demandant à voir les moqaddems”. Un vague air de ressemblance, croit seulement distinguer l’un d’entre eux ? L’inspecteur va tout de même vérifier à l’adresse indiquée. Si la piste est un ***-de-sac, pas grave. On passe aux moqaddems suivants. C’est juste une question de patience car, au final, le “suspect” est toujours localisé. “J’entame une conversation avec un habitant du quartier sous un prétexte quelconque. Si cela accroche entre nous, je lui montre la photo en racontant un bobard. Que je le cherche car il doit de l’argent à un vieux haj, par exemple. C’est une histoire qui marche bien”, confie-t-il. Le voisin accepte d’aller frapper à la porte du vilain débiteur. “Je menace le suspect de lui faire un scandale s’il ne rend pas l’argent à l’haj. Il accepte toujours de me suivre pour une explication. J’indique discrètement au taxi de passer par le boulevard Zerktouni”, poursuit l’inspecteur. Pause surprise au niveau de la préfecture de police de Casablanca. Le jeune homme se retrouve, étonné, dans un bureau à l’étage où on lui conseille gentiment de “changer de fréquentations”.

    T’as du réseau ?

    “Les gens collaborent avec une facilité déconcertante”, lance, apathique, un inspecteur des RG. Il trouve la délation presque normale, le tberguig étant un sport national au royaume, moins fatigant que le football. Plus sarcastique, un haut responsable de la police nationale a résumé un jour la situation : “Le Maroc a une chance formidable. Il compte 30 millions d’informateurs potentiels”. Du citoyen lambda au militaire à la retraite, le contact établi par les RG prend mille et une formes. S’arc-boutant sur le réseau officiel des moqadems, ils recrutent aussi dans une masse d’informateurs informels, s’immisçant dans tout le champ professionnel. A voir comment procèdent les RG, il n’y a jamais trop d’indics. A chacun son utilité, son champ de vision, ses détails. Parmi les informateurs potentiels, les pompistes. De leurs stations-service, ils repèrent les voitures neuves, jugent, à la tête du client, s’il a le profil pour conduire un tel bolide. Les profilers de la pompe à essence, aussi performants qu’ils puissent être, restent des indics anonymes. “Dans le rapport, on indique que l’information nous a été transmise par un agent de la circulation, pour ne pas créer d’embrouilles avec les dirigeants des chaînes de station-service”, justifie cet inspecteur. Ça, c’est de l’entraide. Les vendeurs de détail ont aussi leur utilité. Et pour cause?: leur emplacement, à un poste fixe, leur permet d’observer les passants. Leur carré de rue, avec vue dégagée des deux côtés, laisse le champ libre à toute sorte d’investigation statique. Même intérêt pour les chauffeurs de bus et de taxi, sur la route toute la sainte journée. Les RG amassent l’information, après le service du conducteur, dans les dépôts. Dans la même veine romantique, le rôle de la Lydec dans les renseignements généraux?: tout nouvel abonnement leur est faxé illico presto. Et tout ça, pour combien ? 700 DH par mois pour l’indic lambda qui a fait ses preuves. Il faut le vouloir.

    Tous les chats sont gris

    4ème étage de la préfecture de police de Casablanca. Un grand tableau plein de chiffres. Les codes des enquêtes en cours s’égrènent : 411, 413, etc. Elles ont été ouvertes pour beaucoup grâce à des infos glanées par les RG. Parmi les cas, sexe, drogues et trafic en tous genres. La moisson nocturne a été bonne grâce à la surveillance des bars, boîtes de nuit et cabarets. Hiboux de nuits, ils contrôlent l’horaire de fermeture, le respect de la législation sur l’alcool. La ronde des inspecteurs englobe aussi les casinos dans le cadre de la “police des courses et des jeux”. Il y a bien entendu, derrière la tournée pépère, comme une directive administrative, une face obscure. “L’aire d’intervention de la police de la réglementation (les RG, ndlr) est une aire de menace par excellence”, note Abdellatif Agnouch, professeur en sécurité publique à l’université de Settat. L’“aire de menace” devient ipso facto une zone de pêche à l’info auprès des videurs et des gérants de boîtes de nuit. Et last but not least, les prostituées : “Elles sont utiles pour lutter contre le deal de cocaïne dans les boîtes de nuit”, précise un inspecteur des RG. Elles prennent note aussi d’“un client habituel qui dépense subitement trop d’argent”. Au cœur des excès, là où cela se passe aussi pour les RG. Presque à la marge, un autre de leur territoire de chasse : “On a répertorié 75 000 homosexuels à Casablanca”, lâche un inspecteur au détour d’une phrase. Scribe des mœurs des autres, il recrute beaucoup d’informateurs parmi eux. La boucle est bouclée…

    Telquel

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    Tags : Maroc, services secrets, sécurité, espionnage, RG, rensignements,

  • Le Conseil de l’UE cherche à renforcer la relation de l’UE avec la région

    BRUXELLES, Belgique, 13 mai 2019/ — Le 13 mai, le Conseil a examiné et adopté des conclusions sur le Sahel. Il y a rappelé que le Sahel constituait une priorité stratégique pour l’UE et ses États membres. Les différentes sessions et réunions prévues durant la semaine du 13 mai témoignent de ce sens des priorités et de l’approche intégrée adoptée par l’UE à l’égard de la région. Les ministres des affaires étrangères ont tenu un débat – qui devrait être axé sur les aspects liés à la sécurité – visant à définir le cadre politique, dans la perspective des échanges de vues auxquels procéderont les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’UE le 14 mai avec leurs homologues des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger). Le jeudi 16 mai, les ministres de l’UE chargés du développement débattront de la manière de renforcer la relation à long terme de l’UE avec la région, ainsi que le soutien que l’UE apporte au Sahel.

    Les conclusions rappellent que l’UE se tient aux côtés des autorités et des populations du Sahel, qui demeurent confrontées à des défis de diverse nature:

    • au niveau politique, avec en particulier de graves lacunes en matière de gouvernance, d’état de droit et de protection des droits de l’homme;
    • ii) sur le plan sécuritaire, en raison de l’expansion de la menace terroriste, de la violence extrémiste et de la criminalité organisée, y compris la traite des êtres humains, le changement climatique ayant un effet négatif sur les ressources naturelles et alimentant les conflits locaux;
    • en matière de développement, avec une pauvreté endémique, une forte croissance démographique et une faible cohésion socioéconomique;
    • ces éléments contribuent à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, à l’augmentation de la pression migratoire et à la dégradation de la situation humanitaire.

    C’est dans ce contexte que des conflits intercommunautaires ont connu une résurgence significative en quelques mois dans plusieurs pays de la région. Relever ces défis et répondre à ces lacunes relève avant tout de la responsabilité des États du Sahel. La communauté internationale les soutient dans les efforts qu’ils déploient.

    Conclusions du Conseil sur le Sahel

    1. L’Union européenne (UE) se tient aux côtés des autorités et des populations du Sahel, qui demeurent confrontées à des défis de diverse nature: i) politiques, en particulier de graves lacunes en matière de gouvernance, d’état de droit et de protection des droits de l’homme; ii) sécuritaires, avec l’expansion de la menace terroriste, de la violence extrémiste et de la criminalité organisée, y compris de la traite des êtres humains, le changement climatique ayant un effet négatif sur les ressources naturelles et alimentant les conflits locaux; iii) en matière de développement, avec une pauvreté endémique, une forte dynamique démographique et une faible cohésion socio-économique; iv) ces éléments contribuent à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, à l’augmentation de la pression migratoire et à la dégradation de la situation humanitaire.
    C’est dans ce contexte que des conflits intercommunautaires ont connu une résurgence significative en quelques mois dans plusieurs pays de la région. Relever ces défis et répondre à ces lacunes relève avant tout de la responsabilité des États du Sahel. La communauté internationale les soutient dans leurs efforts

    2. Le Sahel est une priorité stratégique pour l’UE et ses États membres.
    La réunion entre les ministres des affaires étrangères et de la défense des vingt-huit États membres de l’UE et des cinq États membres du G5 Sahel lors de la session du Conseil des affaires étrangères du 14 mai 2019 en témoigne. Dans le cadre d’un dialogue politique permanent et d’une approche intégrée axée sur le nexus développement et sécurité, et sur la base de la stratégie de l’UE pour la sécurité et le développement au Sahel et de son plan d’action régional, ainsi que des cinq piliers du plan d’action adopté lors du sommet de La Valette en 2015, l’ensemble des instruments européens d’action extérieure ont été déployés. L’UE soutient ainsi individuellement chacun des cinq pays rassemblés au sein du G5 Sahel et accompagne leurs efforts de coopération. L’UE et ses États membres sont les principaux partenaires de la région, mobilisant plus de 8 milliards d’euros entre 2014 et 2020 au titre de l’aide au développement pour des programmes nationaux et régionaux, notamment à travers le fonds fiduciaire d’urgence. L’UE et ses États membres soutiennent également la sécurité au Sahel en déployant de très importants moyens humains et matériels dans le cadre notamment des missions menées au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) – EUTM Mali, EUCAP Sahel Mali et EUCAP Sahel Niger -, par leur participation à la mission MINUSMA des Nations unies, au travers de l’opération française Barkhane, soutenue par d’autres États membres, et dans le cadre de nombreux engagements bilatéraux.

    3. L’UE réaffirme son engagement, conformément à la résolution 2391 du Conseil de sécurité des Nations unies, en faveur du G5 Sahel et rappelle le soutien significatif qu’elle apporte à la mise en place de ses structures de gouvernance, à l’opérationnalisation de la Force conjointe (FCG5S) et à la mise en œuvre du Programme d’investissements prioritaires du G5 Sahel (PIP) et de son Programme d’urgence, avec l’appui de l’Alliance Sahel et d’autres donateurs. Elle salue la reprise des opérations de la FCG5S et appelle à une intensification de ses efforts. Un an après la conférence de haut niveau sur le Sahel qui s’est tenue à Bruxelles le 23 février 2018, l’UE et ses États membres s’engagent à poursuivre la mise en œuvre des 147 millions d’euros déjà alloués à la Force.

    4. L’UE reste toutefois gravement préoccupée par la montée des violences terroristes, mais aussi communautaires, au Mali et au Burkina Faso. Elle appelle les autorités à lancer ou à diligenter des enquêtes appropriées, y compris sur les violences sexuelles et basées sur le genre, pour déterminer les responsabilités, directes ou indirectes, de l’ensemble des protagonistes, à ne laisser aucune place à l’impunité et à tenir les citoyens informés des progrès réalisés à cet égard. Elle appelle également les gouvernements à dissoudre et à désarmer toutes les milices actives sur leurs territoires et à lancer pour les régions concernées un processus politique ambitieux et inclusif de dialogue et de réconciliation pour résoudre les problèmes de cohésion sociale et de confiance, notamment entre la population et les forces armées. Elle appelle à cet égard à un comportement exemplaire des forces de sécurité et de défense dans le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire ainsi qu’à un suivi judiciaire des incidents, qui peuvent constituer des violations de ces droits. La prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats et la lutte contre ce phénomène ainsi que la réinsertion des enfants soldats doivent être assurées. L’UE encourage le G5 Sahel et chacun de ses États membres à accorder la priorité aux zones d’instabilité les plus critiques, sans négliger les zones stables, et à traiter de manière intégrée les causes profondes de l’insécurité pour prévenir la violence et satisfaire aux besoins et aux aspirations des populations, y compris des femmes et des jeunes.

    5. L’UE souligne l’importance des réformes majeures que doivent entreprendre les gouvernements du G5 Sahel afin d’assurer une paix, une sécurité et une prospérité durables. D’une part, la gouvernance inclusive des territoires au niveau national et local, une véritable décentralisation, en particulier le retour des services publics, y compris l’accès à l’éducation, en particulier pour les filles et les femmes, la réouverture des écoles, l’accès à la justice pour tous, la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance sont clés. D’autre part, la réforme du secteur de la sécurité, afin de rendre plus efficace la lutte contre l’insécurité et à mettre un terme aux exactions commises contre les populations civiles, s’impose. Des perspectives économiques plus équitables, le respect des droits et l’autonomisation des femmes et des filles, la protection et l’intégration des personnes en situation de vulnérabilité et l’égalité en matière d’accès aux services publics, y compris l’accès aux services de soins de santé sexuelle et reproductive doivent être assurés. Enfin, pour un développement économique inclusif et durable, un accès équitable aux ressources naturelles, des réponses appropriées aux changements climatiques et écologiques et un environnement plus favorable à l’entrepreneuriat et à l’investissement sont également nécessaires. L’UE souligne aussi l’importance d’une participation pleine et entière des jeunes, des femmes et de la société civile aux processus de paix, y compris à la prévention des conflits, en général également au niveau local. Cela est indispensable pour la paix et le développement durable dans la région du Sahel. L’UE encourage le G5 Sahel à intégrer une perspective de genre dans l’ensemble de ses actions.

    6. L’UE appelle les États du G5 Sahel à redoubler, accélérer et approfondir leurs efforts en matière de coopération régionale, notamment en donnant au secrétariat permanent les moyens de remplir sa mission, et à renforcer leur mobilisation pour une opérationnalisation complète de la Force conjointe et une mise en œuvre immédiate du PIP dans les zones les plus vulnérables. Elle souligne une nouvelle fois l’impératif d’une mise en œuvre effective, par la FCG5S et ses États membres, du cadre de conformité pour les droits de l’homme et le droit international humanitaire, et la nécessité de mettre en place une véritable composante « police » en appui à la Force conjointe, en vue de garantir une interface efficace entre la Force conjointe et les systèmes nationaux de justice pénale. L’UE se réjouit à cet égard de la tenue, le 21 janvier dernier à Niamey, de la deuxième conférence sur le renforcement des liens entre sécurité, justice et développement dans l’espace du G5 Sahel.

    7. Face à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région, aggravée par l’instabilité dans les pays limitrophes, l’UE rappelle que tous les acteurs – les gouvernements nationaux des pays du G5 Sahel, le G5 Sahel, la CEDEAO et les pays voisins, l’Union africaine et les Nations unies – ont la responsabilité de mobiliser leurs moyens dans le cadre d’une approche cohérente et globale de stabilisation permettant le retour de la sécurité et du développement. L’UE salue à cet égard le travail des gouvernements des pays du Sahel et des acteurs nationaux et internationaux et le rôle de coordination des Nations unies. Elle souligne le rôle crucial de la MINUSMA pour la stabilité, la paix et la réconciliation au Mali, y compris son rôle au nord et au centre du pays, en particulier ses missions d’appui au redéploiement de l’État, de protection de tous les civils, sans discrimination, d’appui au retour des services de base et de bons offices pour le processus politique malien qui doit impérativement être mené à terme, ainsi que sa capacité d’interaction avec les autres forces de sécurité, y compris par l’appui qu’elle apporte à la FCG5S. En conséquence, l’UE accueillerait favorablement l’adoption, par le Conseil de sécurité des Nations unies, en juin prochain, d’un mandat de la MINUSMA à la hauteur de ces enjeux.

    8. L’UE salue les avancées constatées au Mali dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation signé en juin 2015, y compris à travers le comité de suivi, mais appelle les parties prenantes, en particulier le nouveau gouvernement malien, à poursuivre leurs efforts et à les faire aboutir rapidement, notamment en ce qui concerne la réintégration effective des combattants via le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, la réforme du secteur de la sécurité, l’avancée du processus de décentralisation et la création d’une zone de développement pour les régions du Nord. Elle appelle les plus hautes autorités maliennes à mener le processus de révision de la Constitution dans un esprit inclusif, pour que celle-ci soit acceptée par l’ensemble de la société malienne et qu’elle soit à même de contribuer au retour de la paix dans un Mali refondé. L’UE souligne l’importance d’une inclusion pleine et entière des femmes, des jeunes et de la société civile dans la mise en œuvre de l’accord.

    9. L’insécurité croissante contribue à la détérioration de la situation humanitaire. Les déplacements causés par la violence ne font qu’exacerber les difficultés liées aux crises alimentaires et nutritionnelles récurrentes, et augmentent les besoins en matière de protection des personnes en situation de vulnérabilité, en premier lieu les enfants, les femmes et les personnes handicapées. Bailleur humanitaire majeur avec plus de 250 millions d’euros alloués au cours des deux dernières années en faveur des populations des pays du G5 Sahel, et dans un contexte où la réponse d’urgence reste sous-financée, l’UE invite les pays du G5 Sahel à intensifier leurs efforts afin de prévenir de nouveaux déplacements et de garantir l’accès des populations touchées par les conflits et la violence aux services de base. L’UE continuera à se tenir aux côtés de la population.

    10. L’UE continuera à attacher une importance prioritaire à la région du Sahel et à prendre les initiatives appropriées, tout en restant attentive à l’engagement de ses partenaires et à l’efficacité des actions menées. L’UE rappelle sa détermination à accompagner le retour de l’État et des services de base, la stabilisation des zones périphériques, la lutte contre les trafics, par exemple au moyen du projet GAR-SI Sahel, et toute initiative de dialogue et de réconciliation. Elle est également prête à continuer à soutenir la nécessaire réforme des forces de sécurité et de défense des pays du G5 Sahel, la poursuite du développement de leurs capacités, sur la base des stratégies locales, et leur redéploiement, en s’appuyant en particulier sur les missions de PSDC existantes au Mali et au Niger, conformément au mandat de ces dernières. Par ailleurs, elle souligne que le soutien de l’UE ne peut être efficace que s’il accompagne d’efforts conséquents des pays du G5 Sahel pour améliorer la gouvernance, le développement et la sécurité dans l’ensemble de la région. L’UE continuera à suivre de près la situation et identifiera, le cas échéant, des ajustements nécessaires dans la mise en œuvre des actions qui sont en cours, sur la base d’avancées concrètes, notamment en vue de la réunion ministérielle annuelle entre le G5 Sahel et la haute représentante prévue à Ouagadougou en juillet 2019.

    Source : UE

    Tags : Union Européenne, UE, Sahel, terrorisme, sécurité, G5, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad, Barkhane,

  • Existe-t-il un risque pour les touristes homosexuels au Maroc ? La réponse est oui

    Parmi les meilleures destinations pour les touristes LGBT, on retrouve entre autre le Canada, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Argentine, l’Uruguay et São Paulo. Ces pays affichent fièrement les couleurs du Rainbow flag.

    Certains pays considèrent que ces actes sont illégaux et ont une justice punitive en fonction de l’humeur des juges et des policiers locaux et de l’état de leur compte en banque au moment du présumé délit.

    Parmi les pires destinations LGBT, l’Arabie Saoudite, la Somalie, la Tchétchénie et le Sultanat du Brunei. Le Maroc reste un pays dangereux pour les touristes LGTBT.

    Le célèbre guide de voyage gay, Spartacus International Gay Guide, vient de publier son classement annuel des pays les plus accueillants envers les gays, et plus généralement les LGBT (lesbienn… (Bladi)

    « Le royaume est ainsi pointé du doigt par le guide pour ses “législations contre l’homosexualité”, “l’influence religieuse”, le fait que l’homosexualité y soit illégale ou encore “l’hostilité des locaux”, point particulièrement mal noté avec un score de -2. Le pays est également noté -1 dans les catégories “persécution”, “meurtres” et “droits des transgenres” (Huffpost Maghreb)

    Tourisme LGBT : le Maroc pas très recommandé pour les vacances.

    Les LGBT représentent 10 à 15% des touristes dans le monde, une clientèle qui « voyage plus fréquemment et possède un pouvoir d’achat au-dessus de la moyenne ». Un pays prospère est un pays sans homophobie et transphobie. 

    Les 10 destinations les plus gay friendly (Expedia)

    Existe-t-il un risque pour les touristes homosexuels au Maroc?

    Last Night in Orient, 2 avr 2019

    Tags: Maroc, homosexualité, liberté, sécurité, Islam,homophobie,

  • L’arrogance de Macron n’est dépassée que par sa stupidité’ (The Telegraph)

    « L’arrogance de Macron n’est dépassée que par sa stupidité» était le titre d’une dépêche du journal The Telegraph dans laquelle il s’attaque aux dernières déclarations d’Emmanuel Macron.

    Selon le journal britannique, « au cours de la semaine dans laquelle le Royaume-Uni a connu une nouvelle impasse dans le Brexit, le président français Emmanuel Macron a mis de l’huile sur le feu en lançant sa propre attaque acharnée contre les procédures de négociation ».

    « Le procureur général Geoffrey Cox est rentré les mains vides de Bruxelles cette semaine après que ses tentatives pour obtenir des concessions de soutien se soient révélées infructueuses », affirme-t-il et il s’est demandé si «la défaite de Theresa May est-elle imminente lors du vote significatif de mardi ? »

    The Telegraph signale que « l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le Brexit n’est cependant pas le seul casse-tête auquel est confronté le gouvernement britannique ». « L’augmentation du nombre de décès liés aux crimes à l’arme blanche a mis en évidence les défis auxquels Downing Street doit faire face pour rendre nos rues plus sûres », dit-il.

    Tags : France, Emmanuel Macron, Macron, Brexit, Royaume Uni, UK, britannique, sécurité,