Étiquette : Sid Ali Khaldi

  • Algérie : L’issue des bravades

    par Abdou BENABBOU


    A différents niveaux, certains responsables officiels algériens sont piégés par les nuances entre l’esprit et la lettre. Absence de la maîtrise du discours ou un manque d’expérience face à la foule ? Peut-être. Le mot et le verbe mis dans la bouche d’un représentant de l’Etat ont les facultés d’un bouquet de fleurs offert ou, au contraire, celles d’un breuvage insipide à boire selon les ambiances et les idées arrêtées de ceux qui les reçoivent.

    En demandant à une assistance de se contenter de se plier à une situation présente ou de changer de pays, le jeune ministre de la Jeunesse a laissé sa langue devancer son esprit dosant son élan patriotique expéditif sans réelle densité. Dans la précipitation de son langage, il n’a pu éviter une maladroite circonvolution cérébrale qui allait buter contre la dramatique parabole des harraga. Ceux-là, bien évidemment, n’ont pas attendu un nouveau jour pour s’aligner sur la droite lignée du ministre qui a mis le doigt sur une constante dont il a occulté la mesure.

    L’ex-président déchu avait utilisé l’égocentrisme par le verbe et le comportement allant jusqu’à affirmer qu’il pouvait être roi s’il ne s’était pas appliqué à bouder un trône que le peuple lui offrait. L’issue de ses puériles bravades est connue.

    On assiste malheureusement de plus en plus à une marmelade verbale officielle de la part de responsables, plongés dans un océan de problèmes pour lesquels ils n’ont pas été aguerris et leurs discours toujours spontanés se présentent comme un aveu d’impuissance.

    On aurait grandement tort de trop leur en vouloir car la crise multiforme ne peut se suffire d’un radotage usé et que le verbe et la parole, quels que soient leurs parfums, ne sont plus que des témoins à charge. Nos gouvernants seraient mieux avisés d’insister sur leurs insuffisances pour réclamer aux bras de se tendre pour que les responsabilités se généralisent.

    Une charge ministérielle n’a de conséquent que dans l’action. Si elle ne s’en tient qu’au verbe et aux recommandations, elle devient démagogie, populisme et se transforme aux yeux du peuple en fuite en avant.

    Le Quotidien d’Oran, 25 oct 2020

    Tags : Algérie, Sid Ali Khaldi, Messaoud Djari,

  • Algérie : Le dérapage verbal de Khaldi

    IL A FAILLI À SON DEVOIR D’OFFICIEL DE DÉFENDRE UN PROJET RASSEMBLEUR : Le dérapage verbal de Khaldi

    On ne s’improvise pas tribun et cela, beaucoup d’hommes politiques devraient le comprendre une fois pour toutes. Ces derniers ne maitrisant pas l’art de l’improvisation dans le discours politique, se tirent une balle à la patte dès qu’ils sont titillés par le désir de titiller l’applaudimètre. La dernière bourde du ministre de la Jeunesse et des Sports est à inscrire d’ailleurs dans ce registre. Sinon comment expliquer qu’il verse dans la négation de l’autre et le discours d’exclusion pour faire la promotion d’un texte qui se veut rassembleur et surtout la pierre angulaire de l’Algérie nouvelle.

    Cette «méprise », devrait pousser le premier responsable de l’Exécutif à recadrer son jeune ministre, qui a suscité, par ses propos une vague d’indignation dans les réseaux sociaux et qui a apporté de l’eau au moulin de ceux que le changement dérange et qui se recrutent dans plusieurs courants de pensée et d’idées. Celui qui n’est pas d’accord avec cette Constitution doit changer de pays », c’est du déjà entendu. Ouyahia avait bien dit « affame ton chien et il te suivra » et Amara Benyounès traine toujours comme un boulet son fameux « Naal bou lima ihebneche (maudit soit le père de celui qui ne nous aime pas) ».

    Il y’a quelques années, un observateur de la scène politique algérienne, en analysant le discours des dirigeants politiques après l’ouverture démocratique d’après-octobre 1988, nous avait expliqué que les présidents de partis, face aux foules, perdent leur capacité d’analyse ce qui les pousse à user de mensonges, d’énormités et de propos qui se retournent contre eux. C’est le modèle du discours mensonger usité lors des campagnes électorales algériennes. Sellal, emporté par son élan avait bien promis de faire de la wilaya de Mascara la Californie d’Algérie et lors de la campagne pour le 4e mandat de Bouteflika, il avait même usé d’une allocution qui empruntait au vocabulaire populaire des mots qui n’avaient en aucun cas leur place dans un discours hautement politique.

    La sortie du ministre Sid Ali Khaldi nécessite forcément un recadrage de la part du Premier ministre. Cela est nécessaire surtout dans cette conjoncture pré-électorale. Cet écart trouverait peut être ses causes dans le peu d’intérêt accordé à la communication dans certaines institutions de l’État. Cette mission, confiée à un service souvent manquant de spécialistes et de moyens se limite à quelques communiqués laconiques au lieu de servir de système d’aiguillage à l’action des institutions.

    Un homme politique doit définir les contours, définir son champ lexical, les sujets à aborder et ceux à éviter, le ton à utiliser dans son allocution. Et tous ces réglages ne peuvent être apportés que par un service de communication efficace, réactif et surtout prompt à anticiper. Et cela, nos institutions ne semblent pas encore l’avoir compris. Khaldi aura beau à expliquer qu’il était loin de penser à blesser ou exclure une partie des Algériens, sa dernière sortie lui restera collée à la peau pour les années à venir.
    Slimane Ben

    Le Courrier d’Algérie, 24 oct 2020

    Tags : Algérie, Sid Ali Khaldi, dérapage, Constitution, référendum,