Étiquette : Terrorisme

  • La prostitution au Maroc finançait-elle Daech ?

    Le plus vieux métier du monde a encore de beaux jours devant lui. On n’a plus le «bousbir» (célèbre quartier de maisons closes) d’antan, cette antre de la prostitution légalisée du temps du Protectorat installée dans l’ancienne médina de Casablanca, où les soldats français, et autres marocains en mal de plaisir, venaient se divertir, mais le commerce du sexe fleurit toujours dans toutes les villes du pays.

    «Durant les années 1970, raconte ce témoin sexagénaire, il n’existait pas de quartier où il n’y avait pas une maison close, sous la houlette d’une entremetteuse, pour accueillir les clients à longueur de journée. La passe ne coûtait pas plus de dix dirhams, et les jeunes y venaient vivre leur première expérience sexuelle. Les hôtels avaient aussi leur lot de prostituées, jeunes, belles et moins belles, l’entremetteuse les présentait au client, qui faisait son choix. On y proposait même des garçons». La loi interdisait, comme d’ailleurs de nos jours, la prostitution, mais, comme à l’époque, elle était pratiquée à grande échelle, pauvreté et précarité obligent. Mais pas seulement.

    La nouveauté en effet en ce début de XXIe siècle est que le plus vieux métier du monde devient un business lucratif et une voie facile et rapide d’enrichissement, pour celles et ceux qui offrent leur corps comme marchandise, sur un marché de plus en plus demandeur. Ceci dit, la pratique de la prostitution comme on le sait est condamnée par les mœurs, abhorrée par la religion, interdite par la loi. Cela va de l’article 497 à l’article 504 du code pénal. Les peines d’emprisonnement vont de deux à dix ans et les amendes de 5 000 DH à un million de dirhams.

    La prostituée et le client sont punis selon les dispositions de l’article 490 du code pénal, qui stipule que «toute relation sexuelle extraconjugale entre un homme et une femme est considérée comme prostitution et punie d’une peine d’emprisonnement ferme allant d’un mois à un an». Si une des personnes est mariée, c’est l’article 491 qui est appliqué et qui «punit d’une peine d’emprisonnement ferme d’un an à deux ans tout conjoint impliqué dans une affaire d’adultère». La poursuite est annulée si la conjointe annule la plainte. D’un autre côté il n’existe pas d’étude sur le sujet pour éclairer nos lanternes d’une manière scientifique, ni de statistiques officielles pour estimer le nombre de ces vendeurs de sexe.

    «A défaut de ces statistiques officielles, nous ne disposons que de monographies préparées par nos étudiants sur le sujet, et elles montrent, toutes, que la prostitution est pratiquée partout au Maroc. Nouveauté : elle a changé de forme. La précarité et la pauvreté constituent toujours la cause principale, mais les choses ont évolué ces dernières années avec une société de consommation qui crée de plus en plus de frustrations», remarque Jamal Khalil, sociologue (voir entretien).

    Le phénomène touche désormais toutes les catégories sociales, milieu estudiantin compris, et la misère n’en est plus le principal moteur. Les quelques fines études sur le sujet dont on dispose sont le produit d’associations de lutte contre le sida, car, elles savent que le principal facteur de propagation de cette maladie est la prostitution, et les enquêtes qu’elles mènent sur ce milieu sont riches d’enseignements. L’une d’elles, menée en 2008 par l’Organisation panafricaine de lutte contre le sida (OPALS), a révélé des réalités insoutenables. D’abord le jeune âge des prostituées : sur un échantillon de 500 travailleuses du sexe ayant fait l’objet de cette enquête, 32,6% ont eu leur premier rapport sexuel entre 6 et 15 ans (peut-on parler de rapport sexuel à cet âge ?), 59,4% ont été payées pour la première fois entre l’âge de 9 et 15 ans, et 90% des interrogées déclarent avoir intégré le monde de la prostitution avant l’âge de 20 ans. Ensuite, sur la manière dont des enfants sont exploités sexuellement : 13% de l’échantillon, ajoute l’enquête, sont des petites filles vierges qui proposent sodomie, fellation ou encore «coups de pinceaux» à la va-vite.

    La prostitution au Maroc finance-t-elle Daech ?

    L’enquête de l’OPALS a touché la catégorie démunie de la population qui vend son corps pour gagner sa vie. On la trouve dans toutes les villes du Maroc, c’est la plus courante. «La grande majorité des prostituées ne l’est pas devenue par choix, ni par goût de luxe. Elles y ont échoué après une longue dérive et n’ont que leur corps comme source de revenus», coécrivent les deux sociologues, Soumia Naâmane et Chakib Guessous dans leur livre Grossesses de la honte (Ed. Afrique Orient, 2011). Mais, selon la catégorie sociale des vendeuses de sexe et de leurs clients, cette prostitution peut être «bon marché», comme elle peut être de luxe.

    Commençons par la première, la prostitution dite «bon marché» : Casablanca, Boulevard Mohammed V. Les travaux du tramway ont eu un impact négatif sur les commerces de cette artère principale du centre-ville. Mais, s’il y a une activité qui n’a pas été touchée par ce remue-ménage, c’est bien la prostitution. Sur l’artère principale mais également dans les ruelles adjacentes, vers Mers Sultan, le centre-ville historique et ses multiples cafés sont les endroits du business de la chair. «A la terrasse des cafés, une clientèle normale vient s’attabler. Pour le reste et à l’étage, ce sont des lieux de marchandage pour des passes», explique Rachid, serveur dans une crémerie de Mers Sultan. Dans cet univers, le prix d’une passe est de 100 DH et les ébats se déroulent en majorité dans des appartement à proximité du café. Dans chaque quartier, c’est une entremetteuse qui assure le bon fonctionnement de ce système et qui se fait payer également pour la transaction sexuelle. «C’est 60 DH pour moi et 60 DH pour l’entremetteuse», avoue, Hanane, 30 ans, qui vend sa chair depuis déjà plusieurs années.

    Mais, d’où viennent ces femmes qui se prostituent pour moins de 100 DH la passe ? Qui les a poussées à devenir des professionnelles de la prostitution ? En fait, on trouve de tout dans ce marché de la chair. Notamment des quadragénaires, voire des quinquagénaires, qui travaillaient, plus jeunes, dans des bars, mais que la flétrissure de l’âge a fait dégringoler au bas de l’échelle. Une marchandise usée, à prix bas. On y retrouve également des mères célibataires, des filles violées et abandonnées par leurs familles… «Moi, je travaillais dans une usine de textile à Lissasfa pour 1 200 DH par mois. Mais je devais coucher impérativement avec le chef pour garder mon boulot. Coucher pour coucher, autant le faire pour de l’argent», explique Hanane, qui habite encore le même quartier. Les prostituées qui exercent au centre-ville vivent en général dans les quartiers périphériques de Casablanca, souvent à plusieurs sous un même toit. Elles choisissent également de vivre dans les zones surpeuplées, une façon de se noyer dans la masse et passer inaperçues.

    Au centre de Casablanca, tout près du Marché central, nous avons rencontré Najiba, la quarantaine, affublée d’une djellaba. Elle y vient chaque jour chercher du «travail» : «Si c’est pour le ménage, c’est tant mieux. Mais si c’est pour une passe, je ne dis jamais non», lance-t-elle. Elle est de mèche avec une entremetteuse du quartier qui lui assure le gîte pour la passe. Cette dernière «arrose» les policiers et ces derniers ferment les yeux. Najiba, mère célibataire, deux enfants, vit avec cinq autres femmes dans une même maison à Sidi Elkhadir, à Sidi Maârouf. «Nous avons toutes des enfants. On doit payer 300 DH pour la propriétaire, 300 DH pour la personne qui nous garde les enfants. Il faut nourrir ces enfants, leur acheter des vêtements, les envoyer à l’école… Vous comprenez pourquoi je vends mon corps à 100 DH la passe», avoue Najiba, dépitée. Le lieu de la passe ? Chez l’entremetteuse, chez le client, ou encore dans certaines salles de cinéma. Les séances de l’après-midi servent à accueillir les ébats sexuels de ceux qui ne peuvent se payer une chambre chez l’entremetteuse. Une bonne partie des salles de cinéma, du moins celles encore ouvertes, sont concernées par ce business. D’ailleurs, il n’est pas rare de trouver à proximité de ces salles des femmes reconnaissables à leurs regards aguichants et à leur démarche provocante.

    «La passe varie selon la tête du client et la nature de la prestation. Une salle de cinéma, c’est pas ce qu’il y a de plus confortable», explique le serveur d’un café à proximité d’une salle de cinéma au centre-ville.

    Les filles de joie, on les trouve aussi, la nuit, du côté du boulevard d’Anfa, à l’affût de clients potentiels. Le racolage bat son plein : des voitures s’arrêtent et disparaissent dans le noir à la recherche d’une «planque» où pratiquer, si ce n’est dans les voitures mêmes, ou dans les taxis en contrepartie d’un pécule pour le chauffeur. Parmi ces prostituées, quelques-unes sont des SDF. Là, l’ambiances est glauque, et, parfois, elles se contentent de montants dérisoires pour une passe (15 ou 20 DH), pour se procurer de quoi s’acheter de la drogue, ou leur bouteille de vin. Il leur arrive d’être brutalement agressées et poursuivies par la police.

    D’autres, un peu plus «préservées», se placent près des hôtels longeant le boulevard d’Anfa où elles se querellent constamment pour un meilleur emplacement. Ce même type de prostitution est répandu dans les quartiers populaires. A Sidi Bernoussi extension, là où de nouveaux immeubles poussent chaque jour, des prostituées vivant dans les bidonvilles avoisinants se rabattent sur les maçons et autres ouvriers des chantiers; la passe va de 20 à 50 DH et l’acte est consommé sur le chantier même.

    Direction Tanger. La ville du détroit, la nuit tombée, vit au rythme de visiteurs venus goûter aux délices d’une chair, pas trop chère, assez attirante, abondante à satiété. Lieu : un hôtel trois étoiles, sur la corniche, face à la mer. Les passes y sont quotidiennes, dans un cadre plus feutré, plus confortable. A proximité : une discothèque. Une clientèle masculine diversifiée : nationaux, Espagnols, Français, Hollandais, MRE, ressortissants de pays du Golfe. De l’alcool à profusion, on s’amuse. La clientèle féminine : des prostituées, de 18 à 30 ans, venues en majorité d’autres villes (Fès, Meknès, Taounate, Azrou, Sefrou, Asilah, Larache…), pour être plus discrètes et pour rencontrer des clients plus généreux. Chacune a son histoire.

    Là encore, c’est la misère qui pousse la fille à vendre son corps, mais ce n’est pas la seule raison. Il y a même des filles qui ont fait des études, certaines ayant des diplômes universitaires. Siham et Malika, deux sœurs, 30 et 22 ans, viennent de Sefrou. La première a une licence en langues, sa cadette a laissé tomber les études au niveau du collège. «Je me suis mariée à 16 ans avec un homme que je n’aimais pas, mes parents me l’ont imposé. Ça n’a pas duré plus de deux ans, j’ai eu avec cet homme une fille, elle a maintenant 12 ans. J’ai repris mes études après le divorce, mais une fois diplômée, pas de travail», se désole Siham. La suite coule de source : de Fès, elle met le cap sur Tanger, pour vendre son corps et gagner de l’argent.

    «Ici, les clients sont généreux, et on passe inaperçues. On ne se plaint pas, nos corps sont encore jeunes et séduisants pour attirer une bonne clientèle, ce qui nous a permis de louer un appartement pas loin de cet hôtel à 3 500 DH le mois», reprend Siham. Malika, la cadette, était elle aussi, mariée, mais à un Saoudien. Pas pour longtemps. Juste ce qu’il fallait à ce dernier pour profiter d’une chair fraîche, et pour elle de se faire offrir quelques bijoux. Elle ne parle pas, écoute sa sœur raconter leur histoire, sans broncher. L’ambiance s’échauffe dans la boîte. Par grappes, les filles sont réunies en cercles autour de tables, en train de boire, et d’attendre un signe du client. La discothèque n’est qu’un lieu de rencontres, et la soirée qui dure jusqu’à trois heures du matin est égrenée par des passes dans l’hôtel d’à côté, ou dans d’autres. La passe coûte de 400 à 1 000 dirhams, c’est en fonction de l’heure de la nuit à laquelle elle a lieu, et selon sa durée. La moisson journalière de la fille peut atteindre jusqu’à 1 500 DH par jour, mais il y a des jours où elle ne gagne pas le moindre sou.

    «Les filles ont des charges liées à leur activité, raconte un client habitué du lieu. Les intermédiaires sont nombreux, et pour continuer à fréquenter cette boîte elle se doit de s’acquitter des pourboires au serveur, à la préposée au vestiaire, au videur, au chauffeur de taxi et au réceptionniste de l’hôtel. A chacun d’eux elle donne entre 50 et 100 DH. Mais les clients mettent souvent la main à la poche pour les aider. Ici, les filles préfèrent l’hôtel à l’appartement, elles se méfient de clients agressifs et brutaux, elles y sont plus à l’aise. Il faut ajouter à ces charges la dîme de la police quand la fille est arrêtée lors d’une rafle, c’est pourquoi elles préfèrent ne jamais s’afficher dans la rue avec un client, mais que ce dernier les rejoint à l’hôtel». La prostitution de ce niveau bat son plein dans toutes les grandes villes. La clientèle est souvent constituée de cadres de sociétés, de fonctionnaires, de commerçants plus ou moins fortunés, et d’étrangers qui font miroiter leurs devises en échange de jeunes filles à peine pubères. Elle se pratique dans des hôtels moyenne gamme, ou dans des appartements appartenant à des entremetteuses.

    Cette prostitution finance également Daech.

    La prostitution au Maroc finance-t-elle Daech ?
    Le président du Centre marocain d’études stratégiques (CMES) a fait une inattendue révélation à un site d’information de l’armée américaine : Daech s’intéresserait aux prostituées marocaines. En effet, Mohamed Benhammou, professeur à l’université Mohammed V – Souissi de Rabat, expert international sur les questions de sécurité et de terrorisme et président du Centre marocain d’études stratégiques – CMES, a révélé que le groupe terroriste en Syrie et Irak, Daech, a commencé à recruter des prostituées au Maroc.

    Faisant sa révélation au site Magharebia, web-média d’information, édité par le commandement de l’armée américaine en Afrique, l’US Africom, le Pr Benhammou a déclaré qu’il existe une dimension nouvelle concernant le voyage des femmes marocaines vers la Syrie et l’Irak, pour aller rejoindre Daech. Cette dimension est liée aux réseaux de prostitution dont l’attention s’est tournée vers la région lorsque la guerre a éclaté en Syrie.

    Mohamed Benhammou a expliqué que le CMES, le Think Tank qu’il préside, avait il y a trois ans, publié un rapport sur le crime transnational dans lequel, il relevait d’intenses activités des réseaux mondiaux de prostitution, impliquant des femmes marocaines, vers la Turquie et la Jordanie et ce en parallèle avec l’émergence en Syrie et en Irak du groupe Daech.

    Selon Benhammou, Daech et les réseaux de prostitution travaillant pour lui, exploitent le désir des filles marocaines d’immigrer en Europe et les attirent vers la Turquie, où de nombreuses jeunes filles ainsi trompées, se sont retrouvées otages de ces réseaux, qui vendaient leurs corps aux combattants de Syrie. Une fois à Istanbul, en Turquie, ou en Syrie, les candidates à l’immigration clandestine ne maîtrisent plus leur sort. Les réseaux de prostitution leur confisquent leurs passeports. Et puis, ils les exploitent sur place dans la prostitution, généralement pour le compte de leurs clients, originaires notamment du Golfe. Elles sont donc prises dans le piège. Elles ont en commun plusieurs caractéristiques: belles, jeunes, analphabètes et originaires pour leur majorité de petites localités et de patelins. Ce qui voulait dire qu’elles ont été triées méticuleusement. Elles sont issues de familles modestes, de familles à problèmes ou divorcées. Elles font des allers-retours Casa-Istanbul, sachant qu’elles sont discrètes. On peut meme assister à certaines disputes entre deux prostituées au sujet d’un client régulier. Elles se sont habituées à leur nouveau « métier », très rentable. Elles percevaient chacune jusqu’à 15.000 dollars par mois. Ce qui les pousse à se professionnaliser, ayant parfois le consentement et la bénédiction de leurs parents ou de leurs proches. Quand on a commencé à parler de l’appel à « Jihad An-Nikah » en Syrie, et avec la présence importante de femmes dans ces zones de guerre, il existe un lien entre les réseaux de prostitution, d’un côté, et les réseaux de criminalité transnationale et les réseaux terroristes, de l’autre. Au Vietnam, les prostitués tiraient des renseignements de l’armée française puis de l’armée américaine. Certaines prostituées sont exploitées par ces groupes terroristes comme Daech. Sur le plan sexuel, les membres de Daech font croire aux prostituées qu’elles servent la bonne cause et que c’est un moyen de se repentir. Bien plus que cela, ils leur proposent le double de ce qu’elles touchaient en les persuadant qu’elles peuvent tirer profit de leurs relations sexuelles, en devenant émissaires entre leurs réseaux ou en devenant des agents de renseignement auprès des camps adverses ou des Etats ciblés. Ces prostitués sont originaires du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, mais aussi de l’Afrique subsaharienne et de l’Europe. La plupart d’entre elles sont arabes. C’est ce qu’on appelle les « putes de guerre », l’appellation existe dans les livres qui relatent l’histoire de la prostitution et de la guerre. En tout cas, il ne faut pas faire la séparation entre terrorisme et criminalité transnationale. La différence, s’il y en a vraiment, réside dans l’objectif de chaque groupe. Pour le premier, il est idéologique. Pour les seconds, il est matériel. En dehors de cette différence, les criminels usent de tous les moyens de renseignement pour atteindre leur objectif. Il y a une interconnexion entre les deux.

    Mohamed Benhammou en a dit :

    ‘‘Daech a profité de cette situation pour rallier les réseaux de prostitution et recruter des femmes pour le groupe dans le cadre du jihad annikah’’.

    Le président du CMES a ajouté :

    « Daech propose aux prostituées un ensemble d’incitations financières et morales, comme un salaire mensuel, une chance de se repentir, de sortir du cercle de l’illégalité et d’effacer leur passé en s’adonnant au jihad, ainsi qu’une possibilité de continuer à exercer leur profession sous le prétexte du mariage avec les combattants du groupe ».

    Mohamed Benhammou conclut :

    « C’est ainsi qu’est né le jihad annikah, par le biais d’une alliance entre Daech et les réseaux de prostitution mondiaux. Ce groupe terroriste cherche à offrir à ses combattants stabilité émotionnelle et calme, tandis que les réseaux de prostitution et les trafiquants d’êtres humains veulent de l’argent. »

    A noter que selon le site de l’armée US, Magharebia, le phénomène des femmes marocaines voyageant vers la Syrie et l’Irak a pris ces derniers mois une dimension alarmante, le nombre de ces femmes étant estimé entre 300 et 500.

    Source : Decryptnews, 18 fév 2016

    Tags : Maroc, prostitution, Daech, terrorisme, Syrie,

  • Maroc : la croisière coule et le peuple s’amuse

    Qu’il soit à tort ou à raison, le Makhzen peut compter sur le soutien de la population marocaine dans son « tcharmil » contre les pays voisins.

    En effet, pour la population marocaine, les autorités marocaines ont toujours raison lorsqu’il s’agit du conflit du Sahara Occidental ou de son conflit avec l’Algérie, pays que Rabat n’a pas hésité à attaquer en 1963. La même conclusion est valable pour l’Afrique du Sud qui se trouve à plus de 11.000 km de distance. Ils partagent avec leur régime cette obsession pour ce Grand Maroc qui n’a existé que dans les livres mensongers d’une monarchie sanguinaire dont la seule mission est de servir les intérêts de la France.

    Pour maintenir ce délire populaire, le palais royal entretient la même technique qu’elle utilise pour charmer les touristes à la Place Jamaa El Fna : le « halqa » pour faire danser les citoyens au rythme des poisons de ces couleuvres charmés par un fakir qui finit souvent mordu par ses créatures.

    Pour entretenir le délire de l’occupation du Sahara Occidental, il ne manque pas d’imagination, notamment lorsqu’il s’agit d’une conjoncture aussi difficile que l’actuelle dans laquelle la communauté internationale, y compris la France, premier allié du Maroc dans le contentieux sahraoui, reconnaissent le leadership de l’Algérie dans la région de l’Afrique du Nord. Un fait qui fait des grincements à Rabat où les agitateurs du pouvoir ont dépensé des millions de dollars en lobbying pour vendre un leadership qui n’existe que dans les dépêches de la MAP et dans l’imagination de certains prétendu démocrates toujours prêts à dégainer contre les sahraouis, l’Algérie pendant qu’il garde le silence sur l’occupation de Ceuta et Melilla.

    Une caractéristique commune prédomine dans la pensée de ces pseudo-démocrates marocains qui en France n’hésitent pas à se servir de leurs casques de moto pour défoncer les crânes des citoyens français. Cette caractéristique est leur obsession pour l’ouverture des frontières alors qu’ils savent que cela supposerait une bouffée d’oxygène pour un régime étouffé par la crise sociale et financière. C’est cela aussi l’exception marocaine, des contradictions à gogo. Alors, lorsque tout va mal, il suffit d’organiser une bonne « halqa » pour prétendre que le gouvernement marocain vient de marquer un point dans le conflit sahraoui pour que tous les marocains soient contents et oublient que leur seul ennemi n’est pas l’Algérie ni le Polisario, mais Mohammed VI, Fouad Ali El Himma&Cie.

    Que les marocains le veuillent ou pas, aucune « halqa » ne saurait cacher la vérité sur un fait qui fait l’unanimité au monde entier : le leader de la région est l’Algérie alors que le Maroc veut bâtir sa célébrité sur les débris des attentats commis par ses citoyens partout en Europe. Un narco-Etat terroriste que Paris a imposé aux européens et dont l’alliance n’a rapporté que la montée du danger dans la région du Sahel. Autant en Europe qu’en Afrique, le problème est le même : l’alliance franco-marocaine.

    Tags : Maroc, Sahara Occidental, Algérie, Libye, Sahel, France, Union Européenne, terrorisme,

  • Maroc : Belliraj condamné à mort sous le silence complice de l’État Belge et la lâcheté de la communauté rifaine

    Le Makhzen est en train de tuer le citoyen belge Abdelkader Belliraj. Selon Human Rights Watch, il est enfermé dans des « conditions inhumaines » depuis plus de trois ans. Le gouvernement marocain souhaite sa mort en prison pour éviter ses déclarations en Belgique le jour où il sera libre.

    Dans son plan meurtrier contre Belliraj, le Makhzen compte sur deux atouts de poids : le silence de l’État Belge et la lâcheté des membres de la communauté rifaine.

    Le dossier de Belliraj est aussi rocambolesque au’absurde. Les autorités marocaines lui prêtent la responsabilité de plusieurs assassinats commis entre 1988 et 1989.

    Parmi les victimes figurent entre autres le chef de la Grande Mosquée de Bruxelles, Abdullah Al-Ahdal, et le médecin Joseph Wybran, professeur à l’ULB et président du Comité de coordination des organisations juives en Belgique (CCOJB).

    Belliraj a reconnu les meurtres au Maroc, mais sa défense affirme que les aveux ont été obtenus sous torture. Le Belge marocain a été « enfermé dans sa cellule pendant 23 heures par jour depuis mai 2016 et se voit refuser toute forme de contact avec ses codétenus », explique désormais HRW sur la base d’un témoignage de Rachida Hatti, l’épouse de Belliraj. Hatti, qui vit en Belgique, peut régulièrement avoir une conversation téléphonique avec son mari.

    Les services pénitentiaires marocains ne souhaitent pas pour l’instant commenter le message. En ce qui concerne la société civile marocaine, Belliraj est ignoré en raison de ses origines rifaines, une communauté diabolisée au royaume corrompu de Mohammed VI.

    Tags : Maroc, Rif, Abdelkader Belliraj, terrorisme, Belgique,

  • Le problème de l’Afrique c’est la France

    Sortir du brouillard sahélien

    Le 4 décembre dernier, lors du sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron avait convoqué de manière très peu diplomatique ses homologues du G5 Sahel en les appelant à clarifier leurs positions sur la présence de la force Barkhane dans la Bande sahélo-saharienne, une présence fortement décriée par leurs opinions publiques. Après un report, des remous, des tensions et des conciliabules, le sommet aura donc bien lieu le 13 janvier à Pau, les cinq chefs d’Etat ayant fini par accepter de s’y rendre. Ironie de l’histoire, si au départ, dans l’esprit du président français, cette réunion devait obliger les présidents du G5 Sahel à apporter des « réponses claires et assumées » sur la présence de Barkhane, finalement, ce sera à la France de se livrer à un nécessaire exercice de clarification pour sortir de sa confusion stratégique (1). Toutes les parties devront également jouer cartes sur table pour essayer, autant que faire se peut, de sortir le Sahel de la zone rouge dans laquelle il se trouve.

    Financement du terrorisme

    Le financement du terrorisme est bien évidemment la première question qui doit être mise sur le tapis de Pau, si celle-ci n’est pas traitée, toutes les autres seront nulles et non avenues. En novembre dernier, le ministre nigérien de la Défense, Issoufou Katembé a déclaré : « Nous savons d’où viennent les financements des groupes terroristes. Il faut que les Etats qui sont derrière ces financements arrêtent » (2). Cette injonction à cesser d’alimenter les djihadistes de la zone n’a pas porté ses fruits, bien au contraire. Selon des informations obtenues par l’IVERIS, un émir d’AQMI basé dans la zone ouest du Mali, qui vient de quitter son organisation pour intégrer l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS), recrute actuellement à tour de bras, en distribuant des sommes conséquentes, 500 000 CFA et une Kalachnikov à toute personne qui rejoint ses rangs. A tel point que cette organisation est en train de supplanter AQMI et s’installe durablement dans la zone dite des trois frontières, où la présence de djihadistes étrangers est de plus en plus visible. A terme, l’instauration d’un califat dans cette région est à redouter, même si pour des raisons tactiques il n’est pas proclamé officiellement.

    Cette augmentation de la capacité de nuisance des groupes armés terroristes n’est possible que grâce aux moyens conséquents dont ils disposent. Or comment gagner une guerre lorsque des Etats, qui, au passage sont vos alliés, sponsorisent vos ennemis ? Cette question concerne la France mais également tous les pays du G5 Sahel qui acceptent des fonds de la part de pays qui, dans le même temps, alimentent les responsables des drames quotidiens que subissent les populations et causent des pertes considérables dans les rangs des armées nationales (3).

    En outre, un des plus grands dangers qui guette le Sahel actuellement est la mise en place d’une économie de guerre, avec en prime le narcotrafic, qui profite aux terroristes comme à certaines élites de ces Etats ; ce qui, compte tenu des dividendes engrangés, pourrait « éterniser » le conflit.

    Clarification française

    L’opération Takouba

    Pour sortir de sa solitude sahélienne, la France a tenté de sonner le rappel des troupes en Europe en créant une nouvelle force militaire, une unité de forces spéciales, baptisée Takouba, qui aurait dû être opérationnelle ce mois. Problème, peu d’Européens se sont montrés enthousiastes. Les Allemands ont refusé, la Belgique a accepté de dépêcher trois militaires, les Estoniens enverront, eux, une quinzaine de membres de leur force spéciale, mais pas avant le deuxième trimestre 2020. Reste la République tchèque qui se propose de déployer soixante hommes prochainement…

    Que va faire la France ? Renoncer à cette mauvaise idée d’un empilement de forces, (il en existe déjà six, Takouba serait la septième) ? Revoir sa politique d’un tout sécuritaire qui a montré ses limites puisque les résultats ne sont pas au rendez-vous et que les groupes terroristes ne cessent de prendre de l’ampleur, tant par le nombre de combattants que par les attaques de plus en plus sophistiquées et meurtrières ? Va-t-elle enfin se doter d’une vision stratégique et politique de long terme au lieu de réagir au coup par coup, en créant à chaque fois de nouveaux mécanismes inutiles, comme Takouba ou le P3S ?

    Désengagement des Etats-Unis dans le Sahel ?

    Fin décembre, le New York Times a annoncé une réduction importante des troupes américaines en Afrique, notamment dans le Sahel. Le Pentagone aurait demandé à l’Africom de proposer un plan de retrait des troupes au cours du mois de janvier. Cette information a été reprise par de nombreux médias et considérée comme un fait déjà établi. Mais, compte tenu du grand désordre qui règne à Washington et des divergences de vues entre la Maison Blanche, le Pentagone, le Département d’Etat et la CIA, rien n’est moins sûr. A cette heure, aucun signe de désengagement n’est visible sur le terrain. Par ailleurs, ce retrait paraît assez peu envisageable, d’une part pour des raisons géopolitiques, les USA laisseraient un espace vacant qui pourrait être avantageusement occupé par la Chine et/ou la Russie ; d’autre part, à cause des investissements déjà réalisés, notamment avec la création de la base de drone d’Agadez qui devrait être inaugurée avant la fin du mois de janvier.

    Cependant, si Donald Trump décidait réellement de se désengager du Sahel, au moins pendant le temps de sa campagne pour rassurer ses électeurs auxquels il avait promis de ramener les « boys » à la maison, que pourrait faire Barkhane, rester ou partir ? Faute de moyens et de volonté politique l’armée française n’est plus autonome pour ses opérations extérieures, au Sahel comme au Moyen-Orient, elle dépend du Pentagone en termes de logistique, de renseignement et de surveillance. Cette annonce est tombée à point nommé pour faire plier Paris, après les velléités d’Emmanuel Macron lors du sommet de l’OTAN. Ceci explique, peut-être, pourquoi le Président français a rappelé sa solidarité sans faille avec Washington après l’assassinat du Général iranien Qassem Soleimani en Irak.

    En attendant de se désengager ou pas, les Etats-Unis s’apprêtent à nommer un émissaire pour le Sahel. Le profil de cet envoyé spécial pourrait rassurer, ou pas, la France sur la stratégie des USA dans la zone.

    Stratégie régionale

    Si désormais les Européens affichent une unité de façade pour dénoncer l’arrivée des forces militaires turques en Libye et les multiples ingérences extérieures, alors qu’ils y interviennent beaucoup eux-mêmes, ils n’en restent pas moins profondément divisés et se contentent de déclarations d’intentions inefficaces. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les Européens n’ont même pas pris la peine de mentionner que le prochain débarquement de forces turques en Libye a été précédé de combattants affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL) en provenance d’Idlib, faisant ainsi craindre une invasion du Sahel par des djihadistes de Syrie, dont Recep Tayyip Erdogan ne sait plus quoi faire.

    Sur ce dossier encore, la France doit clarifier sa position. Selon Kader Abderrahim : « Si officiellement, la France soutient le gouvernement Sarraj, reconnu par la communauté internationale, dans les faits, elle soutient le général Haftar. » En outre, ce chercheur à l’IRIS, spécialiste du monde arabe et de l’islamisme, note « la France devrait s’employer à faire respecter le droit international et appliquer un contrôle strict de l’embargo sur les armes, cela limiterait les combats. » (4) Il ajoute : « Depuis un siècle, toutes les résonnances violentes sont venues du Proche Orient, le Maghreb est resté assez stable. C’est la première fois qu’il y a un étau qui se resserre dans tout le monde arabe avec l’Iran à l’Est et la Libye à l’Ouest et qui pourrait provoquer l’instabilité dans toute la Méditerranée. » Autant dire que la situation libyenne est grave et qu’elle pourrait embraser encore un peu plus le Sahel, car ces deux crises sont interdépendantes.

    L’Afrique aux Africains…

    Si la France doit clarifier ses positions vis-à-vis des pays du Sahel, c’est à l’Afrique elle-même de donner ses orientations. Jusqu’à présent, en guise d’unité africaine, ont coexisté plusieurs clubs de dirigeants s’auto-congratulant et demandant aux pays des autres continents des fonds et des armes. Mais les visées de la Turquie sur la Libye changent la donne, et il faut espérer que cela provoquera une réaction commune et forte de tous les pays africains. L’Union Africaine pourrait saisir l’occasion, le moment est opportun. C’est à cette organisation d’envoyer un émissaire auprès du président Erdogan pour lui dire de s’occuper de son pays et de ne pas changer de continent. C’est encore à elle de taper du poing sur la table des Etats qui remplissent les caisses des djihadistes…

    Finalement, cette réunion de Pau, tant décriée, pourrait s’avérer utile si les vrais sujets y étaient évoqués.

    Leslie Varenne

    (1)https://www.iveris.eu/list/notes/474-cote_divoire_sahel__deux_rendezvous_a_hauts_risques

    (2)https://www.agenceecofin.com/securite/2811-71576-nous-savons-d-o-viennent-les-financements-des-groupes-terroristes-ministre-de-la-defense-du-niger

    (3)Selon l’ONU en 3 mois entre octobre et décembre 2019, 193 militaires maliens sont morts au combat. https://www.elwatan.com/edition/international/sahel-lonu-alerte-sur-linsecurite-croissante-au-mali-06-01-2020

    (4)Le Conseil de Sécurité n’a pas réussi à faire voter une seule résolution pour faire respecter l’embargo sur les armes mis en place en 2011.

    La semaine prochaine aura lieu la conférence de Berlin à laquelle les Algériens, qui sont tout de même parmi les premiers impactés par la crise libyenne n’avaient pas été conviés. Les Allemands ont récupéré in extrémis leur faute majeure…

    source : IVERUS

    Tags : Afrique, France, françafrique, Barkhane, terrorisme, financement, ISIS, Sahel, G5,

  • Mali: des manifestants veulent le départ des militaires étrangers du pays

    Mali – Niger : IBK et Issoufou acculés par les manifestations contre la France
    Ça devait arriver, ce n’était qu’une question de temps. Les africains se sont révoltés contre le pillage de la France et ses pions africains. Leur révolte est d’autant plus justifiée du fait que les populations du Sahel ne voient aucun progrès dans la situation sécuritaire et la force Barkhane n’a prouvé aucune efficacité dans la lutte contre la menace terroriste. Pire encore, la situation va de mal en pire, notamment depuis que le débat sur le France CFA et la présence de l’armée française en Afrique est devenu quotidien.

    Vendredi dernier, la population de Bamako est de nouveau sortie pour revendiquer le départdes troupes militaires étrangères du territoire malien. À l’appel d’associations et de partis politiques notamment, les manifestants se sont regroupés devant le monument de l’Indépendance de Bamako. De nombreux drapeaux maliens étaient visibles. Des responsables de la société civile et de la classe politique malienne étaient également présents.

    Banderoles, drapeaux et des slogans à gogo la Place de l’Indépendance de Bamako. Des citoyens décidés à chasser les derniers vestiges de la colonisation française. Une colonisation maintenue par des dirigeants sans aucune dignité et qui ne pensent qu’à remplir leurs poches au détriment de la misère d’une population meurtrie par les souffrances.

    Macky Sall, IBK, Alassane Ouattara doivent comprendre qu’il est temps de réagir en défense des intérêts des peuples et non des métropoles.

    Tags : Mali, Niger, France, Barkhane, Françafrique, Sahel, terrorisme,

  • Notre présence au Sahel est moins souhaitée que par le passé (Florence Parly)

    Présence de la France au Sahel : « Nous avons besoin de clarifications » de la part des pays du Sahel, estime Florence Parly

    La ministre des Armées était l’invitée de France Inter samedi matin.

    Un sommet international du G5 Sahel se tiendra lundi 13 janvier à Pau, en présence d’Emmanuel Macron et de ses homologues du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie. « Il s’est développée au cours des dernières semaines une sorte de narrative qui peut laisser penser que la présence de la France [au Sahel] n’est plus autant souhaitée que par le passé, et c’est cela qu’il nous faut clarifier », a affirmé sur France Inter samedi 11 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly. Elle a ainsi appelé à une « clarification » de la part des gouvernements des pays du Sahel.

    « La France souhaite pouvoir poursuivre la lutte contre le terrorisme au Sahel mais à la condition bien sûr que cela soit souhaité et demandé par les pays concernés », a précisé Florence Parly. L’opération Serval, rebaptisée Barkhane a débuté en 2014 et aujourd’hui 4 500 militaires français sont déployés contre le jihadisme dans ces pays. « Ce sont des pays souverains : lorsque nous sommes intervenus en 2013, c’était à la demande du Mali. Si nous sommes présents aujourd’hui, c’est à la demande des gouvernements. Si la mission de l’ONU, la Minusma, est présente, c’est évidemment à la demande des gouvernements », a expliqué la ministre des Armées.

    Je n’ai absolument pas l’intention de porter au pilori tel ou tel, mais force est de constater que dans l’environnement politique, dans le milieu politique de ces pays, il y a des voix qui s’expriment et parfois ces voix ne sont pas contredites par les dirigeants.
    Florence Parly

    Florence Parly a regretté sur France Inter qu’il existe « un certain nombre de déclarations qui sont sans ambiguïté sur le fait que la France pourrait se satisfaire d’une situation sécuritaire qui ne progresse pas ». Sans donner d’exemples concrets, la ministre a dénoncé ces déclarations : « C’est tout à fait mensonger et en tant que ministre des Armées je ne peux évidemment pas accepter que de tels propos puissent être tenus dans la mesure où 41 de nos soldats ont donné leur vie. »

    France TV Info, 11 jan 2020

    Tags : France, Barkhane, Sahel, Mali, Niger, Burkina Faso, terrorisme,

  • L’Amérique, de l’unilatéralisme au terrorisme d’Etat : l’hyperpuissance s’affranchit du droit et de la raison

    par Abdelhak Benelhadj

    L’assassinat par un drone américain du général iranien Qassem Soleimani est un pas de plus conforme à une évolution entamée dès l’entame des années 2000, avec la réaction américaine à la destruction des Twin Tower en Afghanistan contre les talibans et en Irak contre le régime de Saddam Hussein.

    Récapitulation

    Au début des années 1990, l’effondrement de l’union Soviétique va laisser place à une « hyperpuissance » qui se pose au cœur d’une large coalition internationale dont elle prend la direction.

    L’opération « Tempête du désert » en janvier 1991 a été déployée dans le cadre d’une mission des Nations Unies avec une participation très large d’une « communauté internationale » qui admet à ce que le monde « bipolaire » est terminé.

    Ce faisant, Washington reconnaît les institutions internationales dans l’exacte mesure où elle est convaincue qu’elle en prend le contrôle avec le consentement peu ou prou du reste du monde.

    Mais dès le début des années 2000, cette conviction disparaît pour laisser place au doute. La disparition de B. Eltsine, le retour de la Russie d’un Poutine qui veut redonner à son pays une fierté perdue et l’émergence de la Chine comme puissance dominante sur le plan économique, commercial et technologique, virtuellement première à l’horizon 2030-2040, place l’Amérique sur la défensive.

    Les deux mandats Obama ne sont qu’un intermède trompeur qui cache ce que révèle la gouvernance Trump.

    De nouveau, les institutions internationales deviennent un handicape dont les Etats-Unis vont définitivement s’affranchir pour les remplacer par leur propre droit et leur propre justice auxquels, par la force, ils soumettent indifféremment adversaires et partenaires.

    L’exécution du général iranien Soleimani relève de ce droit que la Maison Blanche se donne sans en référer à personne d’autre qu’à elle-même. Pas même au peuple américain et à ses représentants.

    Non seulement les Etats-Unis ne quêtent plus l’agrément des Nations-Unies, mais en outre ils ne cherchent même plus à se poser en arbitres. « Avec nous ou contre nous » lançait en 2003 G. W. Bush à l’adresse de ceux qui s’opposaient à sa guerre en Irak, entreprise sans mandat, en dehors des Lois et Conventions internationales.

    Au bellicisme et à la mauvaise foi D. Trump ajoute un cynisme pragmatique.

    Pour contourner l’aval du Congrès, il recourt au qualificatif de « terroriste » pour désigner le général iranien afin de se couvrir juridiquement en invoquant les lois antiterroristes votées en 2001. Ces dispositions lui donnent toute liberté d’agir sans consulter le Congrès majoritairement démocrate.[1]

    Convenablement conseillé, et donc loin d’être le farfelu imprévoyant et fantasque que les médias se plaisent à décrire, D. Trump profite aussi du « flou » juridique international entourant l’usage des drones pour noyer d’éventuelles contestations dans des procédures aussi tortueuses, chronophages que dilatoires.

    Toutefois, contrairement à ses adversaires russes, chinois ou iraniens, le président américain, aussi rusé soit-il, s’imagine que la force dont il pense disposer le dispense d’intelligence.

    Stratégie contre-productive

    Depuis 1979 et la chute du Shah, les Etats-Unis commettent erreur sur erreur face à l’Iran des mollahs. Pas seulement : Washington est devenue une machine à se fabriquer des ennemis

    1.- Début décembre, des milliers de manifestants protestaient contre le régime. D. Trump avait alors accusé Téhéran d’avoir tué plus de 1000 manifestants par la répression « brutale » de la contestation qui a éclaté mi-novembre. Ce dissentiment n’est plus d’actualité grâce à l’opération américaine contre le général iranien. Cela renforce et conforte le pouvoir intérieur iranien.

    2.- La guerre qu’ils ont poussée l’Irak de Saddam Hussein à déclarer à son voisin en 1979 a renforcé Téhéran au lieu de l’affaiblir, permettant aux religieux de triompher de leurs adversaires politiques intérieurs et en consolidant leur mainmise sur la société iranienne.

    3.- En se débarrassant des Talibans en 2002, qui ont pourtant poussé les soviétiques à quitter l’Afghanistan, ils ont soulagé leurs frontières à Est. Et en détruisant S. Hussein et son régime, les Américains ont servi sur un plateau d’argent le pouvoir aux chiites irakiens qui aujourd’hui basculent dans les bras de l’Iran.

    4.- De plus, en abandonnant leurs frères syriens, les Américains mécontentent les Kurdes irakiens et perdent leur confiance. A supposer qu’ils l’aient eue un jour se souvenant d’avoir été abandonnés par B. Clinton début 1990.

    5.- Pour en revenir à l’actualité, l’attaque américaine pousse les Irakiens dans les bras de leurs voisins. Même Moqtada al-Sadr traditionnellement opposé à l’Iran se rallie à lui contre l’Amérique. Les médias ont minoré le fait que l’attaque américaine a fait d’autres victimes : c’est le cas de l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis. Le 4 janvier, des dizaines de milliers de personnes, dont le Premier ministre Adel Abdel-Mehdi et des chefs du Hachd, ont participé à ses obsèques.

    C’est ainsi qu’après le parlement, le gouvernement irakien réclame officiellement le départ des troupes américaines (environ 5200 soldats stationnés en Irak) ce qui ruine tous les efforts laissant accroire à une présence militaire sollicitée par Baghdad.

    Cette demande a fait immédiatement réagir D. Trump qui menace de rétorsions les Irakiens et confirme de ce fait que la présence américaine est bel et bien un acte de violence exercé sur un pays occupé contre sa volonté depuis 16 ans.

    « S’ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a-t-il lancé.

    « Nous avons une base aérienne extraordinairement chère là-bas. Elle a coûté des milliards de dollars à construire. Nous ne partirons pas s’ils ne nous remboursent pas ! », a-t-il martelé.

    D. Trump oublie juste de préciser que les milliards de dollars dépensés sont des commandes adressées aux industries militaires américaines et n’ont que peu servi à l’Irak. N’est-ce pas après tout à cela que servent, pour l’essentiel, les guerres entreprises par les empires : créer des ennemis pour offrir des débouchés au système militaro-industriel ?[2]

    Le malheureux peuple afghan en paie le prix tous les jours depuis le XIXème siècle.[3]

    En 2017, les guerres d’Afghanistan, d’Irak et aujourd’hui de Syrie sont estimées cinq fois plus coûteuses que la première guerre mondiale, et deux fois et demie plus que la guerre du Vietnam. Les coûts, s’ils étaient consolidés, pourraient être bien supérieurs, certains chercheurs avançant des chiffres cumulés allant jusqu’à 12 000 milliards de dollars depuis 2001.

    12 000 milliards de dollars, c’est plus de 60 fois le PIB 2017 de l’Irak peuplé de 38 millions d’habitants.

    Pour le seul Afghanistan, de 2001 à 2017, les Etats-Unis ont dépensé plus d’argent que dans le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe après 1945. Un pays détruit et des centaines de milliers de victimes : jamais, s’il l’avait voulu, Saddam Hussein n’aurait pu se prévaloir d’un tel bilan.

    Quels peuples seraient tentés après ça de supplier les démocraties qui gouvernent le monde de venir les aider à se débarrasser de leurs dictateurs?

    L’annonce du vrai-faux départ des troupes américaines d’Irak a donné lieu à des confusions dont l’administration US a le secret.

    Datée du 06 janvier une lettre a été adressée au ministère irakien de la défense l’informant du prochain départ des forces américaines. Cette lettre, démentie aussitôt par le pentagone, n’est pas venue de n’importe qui. Elle est l’œuvre du général William H. Seely III chef du commandement américain en Irak.

    Après avoir tenté à plusieurs reprises de la déclarer fausse, les autorités américaines ont été contraintes d’en reconnaître l’authenticité, mais en affirmant qu’elle a été envoyée par erreur. Pourquoi donc a-t-elle été rédigée ?

    Comprenne qui pourra

    Dans toute cette pitoyable affaire l’Europe et en particulier la France ont brillé par leur absence, leur irrésolution et leur veulerie.

    Certains membres de la coalition procèdent dans la précipitation comme le Canada au déplacement leurs effectifs. Si l’Allemagne déménage en Jordanie et au Koweit une partie de ses soldats, au demeurant peu nombreux au Proche-Orient et n’occupent pas de fonctions militaires offensives[4], la France macronienne louvoie, donne l’impression d’hésiter, parfois même de critiquer mais finit par se ranger derrière un président américain qui ne manque aucune occasion de se gausser de son homologue français tout à son image et à sa communication et qui plastronne dans le vide.

    Mardi 07 janvier, elle, proclame hautement qu’elle n’a pas l’intention de retirer ses soldats déployés en Irak. Etrange hommage rendu à la mémoire d’un Général de Gaulle, dont la France commémore cette année le 50ème anniversaire de sa mort. Oubliée la condamnation par J. Chirac (disparu il y a peu) de l’agression américaine de l’Irak en mars 2003.

    Il est vrai que ces déclarations imprudentes sont inaudibles. Les Français ont d’autres soucis, confrontés depuis plus d’un an à une crise sociale majeure aggravée par une grève générale d’une durée record de plus d’un mois qui paralyse ses réseaux de communication et trouble ses activités économiques.

    A qui profite le crime ?

    Donald Trump s’est fait beaucoup d’ennemis en très peu de temps. Il conserve cependant un ami unique, avec lequel il partage son sort et son infortune.

    Le président américain, cela n’a échappé à personne, est en année électorale et toute dramatisation qui trouble le monde est à son avantage, selon le réflexe bien connu resserrant autour des dirigeants de leur pays les peuples en guerre.

    Le problème est qu’il est en conflit larvé avec son opposition démocrate qui veut le traduire devant les tribunaux pour des faits remontant aux conditions de son élection (il s’agit notamment de l’utilisation des services de l’Etat pour pousser l’Ukraine à discréditer un des ses adversaires). Cela au point qu’il est sous le coup d’une procédure d’impeachment.

    La situation de son compère israélien est aussi grave. Netanyahu n’arrive pas à se faire réélire. Le système électoral israélien (similaire à celui que la France a connu sous la IVème République) autorise toutes les magouilles et lui permet de retarder l’échéance.

    Sa situation est d’autant plus critique qu’il est menacé par la justice de son pays qui lui demanderait aussitôt des comptes s’il cessait d’occuper ses fonctions. M. Netanyahu joue sa survie politique après avoir été inculpé de « malversation », « abus de confiance » et « corruption ».

    Lui aussi a un intérêt particulier à ce qu’un environnement de crise persiste dans la région.

    Mais derrière ces vaudevilles, il y a des enjeux autrement plus préoccupants.

    Le 04 décembre dernier Benjamin Netanyahu s’est entretenu à Lisbonne avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pour lui demander « d’accroître la pression » sur l’Iran.

    « Le premier sujet que je vais soulever c’est l’Iran, le deuxième aussi et le troisième aussi », disait-il obsédé par ce pays, juste avant l’entretien dans un hôtel de la capitale portugaise. « Nous avons la chance que le président Trump mène une politique cohérente de pression contre l’Iran »

    « Nous voyons l’empire iranien vaciller. Nous voyons des manifestations à Téhéran, à Bagdad et à Beyrouth. Il est important d’accroître cette pression », avait-il dit à son départ pour le Portugal, affirmant vouloir prolonger avec M. Pompeo une discussion téléphonique engagée dimanche 1er décembre avec M. Trump.

    « Nous avons discuté des efforts pour contrer l’influence déstabilisatrice de l’Iran dans la région (…) et d’autres sujets liés à la sécurité d’Israël », a résumé ensuite M. Pompeo sur Twitter.

    Poker menteur

    Certes, les réseaux sionistes influents aux Etats-Unis participent de manière décisive dans ces décisions. Mais on aurait tort cependant de déduire une dépendance totale et unilatérale de Washington à l’égard d’Israël. Tous deux ont des intérêts communs et étroitement imbriqués. Ce sont ces intérêts qui priment.

    Le paysage géostratégique régional n’a pas changé depuis 2010 et le début des événements de Tunisie. Le feu s’est étendu rapidement alors dans tous les pays, du Maghreb à la Syrie.[5]

    L’objectif principal des Etats-Unis et d’Israël et de neutraliser les influences russes et iraniennes dans la région. Ce pourquoi l’axe Hezbollah-Syrie-Iran est leur objectif principal.

    A l’évidence toutes les actions menées ont échoué.

    Toute la question est de savoir si Washington est disposé de faire monter les enchères et prendre des risques qu’il s’est jusque-là abstenu d’oser. L’Iran n’est pas du même calibre que l’Afghanistan, l’Irak ou la Syrie.

    Faire la guerre à l’Iran c’est ouvrir un front dans tout le Proche Orient : Liban, Irak, Syrie, Yémen… avec des impacts imprévisibles et incalculables sur toute la région et au-delà, avec notamment des flux de réfugiés massifs et incontrôlables qu’aucun « mur » ne saurait arrêter.

    Cela fragiliserait les « alliés », les pétromonarchies, l’Egypte, la Jordanie et tous les pays alignés sur Washington et compromettrait l’évolution en cours. Celle de ces pays du Golfe arabo-persique à l’Atlantique qui justement se rapprochent à reculons de l’Etat (désormais) « juif », à l’insu de leurs opinions publiques.

    Pour ce qui concerne le pétrole, il faut dire que la situation n’est plus celle du début ou de la fin des années 1970. Le paysage a beaucoup changé.

    Naturellement, le Proche Orient occupe une place de choix dans la production et l’exportation de l’énergie fossile. Cependant, la géographie des hydrocarbures s’est bien diversifiée.

    1.- l’Amérique est devenue le premier producteur mondial, grâce au pétrole de schiste (suivie par l’Arabie Saoudite et la Russie)

    2.- Elle ne dépend plus du pétrole saoudien

    3.- Il y a une surabondance de pétrole sur les marchés.

    L’économie mondiale a notablement réduit sa consommation d’énergie qui ne dépend plus seulement des hydrocarbures.

    Toutefois, tout événement dramatique a un impact immédiat sur les marchés. C’est d’autant plus dangereux que l’économie mondiale est assise sur un volcan financier débiteur de plusieurs milliers de milliards de dollars dont beaucoup de créances douteuses. Il est rare qu’une crise financière se produise en année électorale américaine. Mais les apprentis sorciers, illusionnés par les pouvoirs que confère la force militaire ne manquent ni d’imagination ni de capacités illimités de faire des bêtises.

    Notes :

    [1] Non pas, cela tombe sous le sens, que les Démocrates auraient été plus amènes envers l’Iran ou la Palestine. Les Américains savent depuis longtemps que rien de particulier ne distingue les Républicains de leurs adversaires, encore moins quand il s’agit de politique étrangère surtout à l’égard des pays du Proche-Orient où le parti pris en faveur d’Israël est proclamé de manière ostentatoire et provocante.

    [2] On se souvient des procès retentissants, aujourd’hui oubliés, contre les marchands de canons après l’élection de Roosevelt au début des années trente, les accusant d’avoir impliqué au regard de leurs seuls intérêts leur pays dans la première guerre mondiale.

    [3] L’armée américaine a trois fois plus d’employés militaires privés que de soldats en Afghanistan.

    [4] Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas avait reconnu que le retrait des troupes occidentales d’Irak était «une réflexion que nous devons tous avoir» au vu du contexte. «Car il n’y a aucun pays membre de la coalition anti-EI qui veuille rester en Irak s’il n’y est pas désiré», a-t-il ajouté, en référence au vote dimanche 05 janvier par le Parlement irakien d’une motion demandant le retrait de la coalition internationale du pays.

    [5] Cf. Abdelhak Benelhadj : « Pourquoi l’Amérique s’attaque à l’Iran ?». Le quotidien d’Oran, J. 16 mai 2019.

    Le Quotidien d’Oran, 9 jan 2020

    Tags : Etats-Unis, Iran, terrorisme,

  • Le Maroc, pointé du doigt dans le financement du terrorisme au Sahel

    Dans une vidéo diffusée ce matin, le collectif africain « Stop Sahel Info! » a accusé le haschich marocain d’être une des principales sources du financement du terrorisme dans la région du Sahel.

    Voici le contenu intégral de cette vidéo

    Le Sahel est une zone où transite le haschich produit au Maroc, premier producteur mondial, selon les Nations Unies.

    La cocaïne, provenant d’Amérique du Sud et transitant par le Sahel par les côtes ouest-africaines, constitue également une source de financement pour les acteurs terroristes.

    L’emplacement des groupes armés au Sahel rejoint les voies de transit de la drogue. Les groupes armés se battent afin de maîtriser ces voies et ainsi d’en tirer bénéfice.

    Les frontières concentrent les zones de violence à l’égard des populations. Le contrôle des frontières est un enjeu crucial pour les Etats afin de lutter contre les trafics et ainsi les violences.

    Les groupes terroristes récupèrent de l’argent en dehors d’activités illicites parfois, en organisant la transhumance dans les zones sous leur contrôle par exemple.

    Le centre de recherche Crisis Group recommance aux Etats de réintégrer dans le tissu économique ces activités afin de détruire les sources de financement non-illicites des groupes terroristes.

    Tags : Maroc, haschich, Sahel, Mali, terrorisme, Niger, Daech, ISIS, Tchad, Nigeria, Burkina Faso, financement du terrorisme, 

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  • L’USAmérique intensifie sa guerre pétrolière « démocratique » au Proche-Orient

    Les grands médias évitent soigneusement d’aborder la méthode qui se cache derrière la folie apparente de l’Amérique dans l’assassinat du général des Gardiens de la révolution islamique Qassem Soleimani, , qui a marqué le début de la nouvelle année. La logique derrière cet assassinat était une application de la politique mondiale des USA en vigueur depuis longtemps, et pas seulement une bizarrerie personnelle de l’impulsif Donald Trump. Son assassinat du chef militaire iranien Soleimani était en effet un acte de guerre unilatéral en violation du droit international, mais c’était une étape logique dans une stratégie usaméricaine de longue date. Il y a été explicitement autorisé par le Sénat dans le projet de loi sur le financement du Pentagone adopté l’année dernière.

    L’assassinat avait pour but d’intensifier la présence usaméricaine en Irak pour garder le contrôle des réserves de pétrole de la région, et de soutenir les troupes wahhabites de l’Arabie saoudite (Isis, Al-Qaïda en Irak, Al Nusra et d’autres divisions de ce qui est en fait la légion étrangère de l’USAmérique) pour appuyer le contrôle usaméricain du pétrole du Proche-Orient comme béquille du dollar US. Cela reste la clé pour comprendre cette politique, et pourquoi elle est en train d’escalader, et non de s’estomper.

    J’ai participé à des discussions sur cette politique telle qu’elle a été formulée il y a près de cinquante ans lorsque je travaillais à l’Institut Hudson et que j’assistais à des réunions à la Maison-Blanche, que je rencontrais des généraux de divers groupes de réflexion des forces armées et que je m’entretenais avec des diplomates aux Nations unies. Mon rôle était celui d’un économiste de la balance des paiements, ayant été spécialisé pendant une décennie chez Chase Manhattan, Arthur Andersen et les compagnies pétrolières dans l’industrie pétrolière et les dépenses militaires. Ce sont là deux des trois principales dynamiques de la politique étrangère et de la diplomatie usaméricaines. (La troisième préoccupation était de savoir comment faire la guerre dans une démocratie où les électeurs ont rejeté la conscription au lendemain de la guerre du Vietnam).

    Les médias et le débat public ont détourné l’attention de cette stratégie en brassant des spéculations selon lesquelles le président Trump ne l’aurait fait que pour contrer la (non-)menace de destitution par une attaque du type  » noyer le poisson « , ou pour soutenir les campagnes de Lebensraum (espace vital) israéliennes, ou simplement pour livrer la Maison-Blanche au syndrome néocon iranophobe. Le contexte réel de l’action des néocons était la balance des paiements, et le rôle du pétrole et de l’énergie comme levier à long terme de la diplomatie usaméricaine.

    La dimension balance des paiements

    Le principal déficit de la balance des paiements usaméricaine est depuis longtemps celui des dépenses militaires à l’étranger. L’ensemble du déficit des paiements, qui a commencé avec la guerre de Corée en 1950-51 et s’est prolongé durant la guerre du Vietnam dans les années 1960, a été responsable du découplage du dollar et de l’or en 1971. Le problème auquel étaient confrontés les stratèges militaires usaméricains était de savoir comment continuer à soutenir les 800 bases militaires US dans le monde et le soutien des troupes alliées sans faire perdre leur influence financière aux USA .

    La solution s’est avérée être de remplacer l’or par des titres du Trésor usaméricain (IOU) comme base des réserves des banques centrales étrangères. Après 1971, les banques centrales étrangères n’avaient guère d’autre choix que de recycler leurs entrées continues de dollars dans l’économie usaméricaine en achetant des titres du Trésor. L’effet des dépenses militaires usaméricaines à l’étranger n’a donc pas entraîné une baisse du taux de change du dollar, et n’a même pas forcé le Trésor et la Réserve fédérale à relever les taux d’intérêt pour attirer des devises afin de compenser les sorties de dollars au titre ddes dépenses militaires. En fait, les dépenses militaires usaméricaines à l’étranger ont aidé à financer le déficit budgétaire fédéral interne des USA.

    L’Arabie saoudite et d’autres pays de l’OPEP au Proche-Orient sont rapidement devenus un contrefort du dollar. Après que ces pays eurent quadruplé le prix du pétrole (en représailles aux USA qui avaient quadruplé le prix de leurs exportations de céréales, un pilier de la balance commerciale US), les banques USaméricaines ont été submergées par un afflux de nombreux dépôts étrangers – qui ont été prêtés à des pays du Tiers Monde dans une explosion de créances douteuses qui a éclaté en 1972 avec l’insolvabilité du Mexique, et a détruit le crédit gouvernemental du Tiers Monde pendant une décennie, le forçant à dépendre des USA par l’intermédiaire du FMI et de la Banque mondiale).

    Pour couronner le tout, bien sûr, ce que l’Arabie saoudite n’épargne pas en actifs dollarisés avec ses revenus d’exportation de pétrole est dépensé pour acheter des centaines de milliards de dollars d’armes usaméricaines. Cela la rend dépendante de la fourniture par les USA en pièces de rechange et de réparations, et permet aux USA de fermer le robinet du matériel militaire à tout moment, au cas où les Saoudiens essaieraient d’agir indépendamment de la politique étrangère usaméricaine.

    Ainsi, le maintien du dollar comme monnaie de réserve mondiale est devenu un pilier des dépenses militaires usaméricaines. Les pays étrangers n’ont pas à payer directement le Pentagone pour ces dépenses. Ils financent simplement le Trésor et le système bancaire usaméricains.

    La crainte de cette évolution a été l’une des principales raisons pour lesquelles les USA ont pris des mesures contre la Libye, dont les réserves de change étaient détenues en or et non en dollars, et qui avait exhorté d’autres pays africains à suivre cet exemple afin de se libérer de la  » diplomatie du dollar « . Hillary et Obama ont envahi, se sont emparés de leurs réserves d’or (nous ne savons toujours pas qui s’est retrouvé avec ces milliards de dollars d’or) et ont détruit le gouvernement de la Libye, son système d’éducation publique, ses infrastructures publiques et d’autres structures non-néolibérales.

    La grande menace à cet égard est la dédollarisation, car la Chine, la Russie et d’autres pays cherchent à éviter de recycler les dollars. Sans la fonction du dollar comme véhicule de l’épargne mondiale – en fait, sans le rôle du Pentagone dans la création de la dette du Trésor qui est le véhicule des réserves mondiales des banques centrales – les USA se trouveraient contraints militairement et donc diplomatiquement, comme ils l’étaient sous l’étalon-or.

    C’est la même stratégie que les USA ont suivie en Syrie et en Irak. L’Iran menaçait cette stratégie de la dollarisation et son rôle de béquille de la diplomatie pétrolière usaméricaine.

    L’industrie pétrolière, étai de la balance des paiements et de la diplomatie étrangère des USA

    La balance commerciale est renforcée par les excédents pétroliers et agricoles. Le pétrole est la clé, car il est importé par les sociétés usaméricaines à un coût presque nul pour la balance des paiements (les paiements aboutissent ici aux sièges sociaux de l’industrie pétrolière sous forme de bénéfices et de paiements aux dirigeants), tandis que les bénéfices sur les revenus des ventes des sociétés pétrolières usaméricaines à d’autres pays sont versés aux USA (par l’intermédiaire de centres d’évasion fiscale off-shore, principalement le Libéria et le Panama depuis de nombreuses années). Et comme on l’a vu plus haut, les pays de l’OPEP ont été invités à conserver leurs réserves officielles sous forme de titres US (les actions et les obligations ainsi que les reconnaissances de dette du Trésor, mais pas l’achat direct de sociétés usaméricaines étant considérées comme économiquement importantes). Financièrement, les pays de l’OPEP sont sur la liste de clients de la zone dollar.

    La tentative des USA de maintenir cette béquille explique leur opposition à toute mesure d’un gouvernement étranger visant à inverser le réchauffement climatique et les conditions météorologiques extrêmes causées par la dépendance pétrolière du monde parrainée par les USA. Toute mesure de ce type prise par l’Europe et d’autres pays réduirait la dépendance aux ventes de pétrole US, et par conséquent, la capacité des USA à contrôler le robinet pétrolier mondial comme un moyen de contrôle et de coercition, et est donc considérée comme un acte hostile.

    Le pétrole explique également l’opposition des USA aux exportations de pétrole russe via Nordstream. Les stratèges usaméricains veulent traiter l’énergie comme un monopole national US. D’autres pays peuvent en bénéficier comme l’Arabie saoudite l’a fait – en envoyant leurs excédents à l’économie usaméricaine – mais pas pour soutenir leur propre croissance économique et leur diplomatie. Le contrôle du pétrole implique donc un soutien à la poursuite du réchauffement climatique comme partie intégrante de la stratégie usaméricaine.

    Comment un pays « démocratique « peut mener une guerre internationale et pratiquer le terrorisme

    La guerre du Vietnam a montré que les démocraties modernes ne peuvent pas déployer d’armées pour un conflit militaire majeur, car cela nécessiterait un recrutement de leurs citoyens. Cela conduirait tout gouvernement qui tenterait d’obtenir une telle conscription à être évincé du pouvoir. Et sans troupes, il n’est pas possible d’envahir un pays pour en prendre le contrôle.

    Le corollaire de cette perception est que les démocraties n’ont que deux options en matière de stratégie militaire : elles peuvent se contenter de déployer une puissance aérienne, en bombardant les adversaires, ou elles peuvent créer une légion étrangère, c’est-à-dire engager des mercenaires ou soutenir les gouvernements étrangers qui fournissent ce service militaire.

    Là encore, l’Arabie saoudite joue un rôle crucial, par son contrôle des sunnites wahhabites transformés en jihadistes terroristes prêts à saboter, à bombarder, à assassiner, à faire exploser et à combattre de toute autre manière toute cible désignée comme un ennemi de l’ » Islam « , euphémisme pour l’Arabie saoudite agissant en tant qu’État client des USA. (La religion n’est vraiment pas la clé : je n’ai connaissance d’aucune aucune attaque de l’ ISIS ou de ses semblables wahhabites contre des cibles israéliennes). Les USA ont besoin des Saoudiens pour fournir ou financer les zinzins wahhabites. Donc, en plus de jouer un rôle clé dans la balance des paiements usaméricaine en recyclant ses revenus d’exportation de pétrole dans des actions, des obligations et d’autres investissements US, l’Arabie saoudite fournit de la main-d’œuvre en soutenant les membres wahhabites de la légion étrangère US, l’ISIS et Al-Nusra/Al-Qaida. Le terrorisme est devenu le mode « démocratique « de la politique militaire usaméricaine actuelle.

    Ce qui rend « démocratique » la guerre pétrolière usaméricaine au Proche-Orient, c’est que c’est le seul type de guerre qu’une démocratie peut mener – une guerre aérienne, suivie d’une armée terroriste vicieuse qui compense le fait qu’aucune démocratie ne peut déployer sa propre armée dans le monde d’aujourd’hui. Le corollaire est que le terrorisme est devenu le mode de guerre « démocratique ».

    Du point de vue des USA, qu’est-ce qu’une « démocratie » ? Dans le vocabulaire orwellien actuel, cela signifie tout pays qui soutient la politique étrangère des USA. La Bolivie et le Honduras sont devenus des « démocraties » depuis leurs coups d’État, tout comme le Brésil. Le Chili sous Pinochet était une démocratie de libre marché à la mode de Chicago. Il en était de même de l’Iran sous le Shah et de la Russie sous Eltsine – mais pas depuis qu’elle a élu Vladimir Poutine président, pas plus que la Chine sous le Président Xi.

    L’antonyme de « démocratie » est « terroriste ». Cela signifie simplement une nation prête à se battre pour devenir indépendante de la démocratie néolibérale usaméricaine. Cela n’inclut pas les armées mandatées par les USA.

    Le rôle de l’Iran comme némésis usaméricaine

    Qu’est-ce qui fait obstacle à la dollarisation, au pétrole et à la stratégie militaire des USA ? De toute évidence, la Russie et la Chine ont été ciblées comme des ennemis stratégiques à long terme pour avoir cherché à mettre en place leurs propres politiques économiques et diplomatiques indépendantes. Mais à côté d’elles, l’Iran est dans la ligne de mire des USA depuis près de soixante-dix ans.

    La haine de l’USAmérique envers l’Iran commence par sa tentative de contrôler sa propre production de pétrole, ses exportations et ses revenus. Elle remonte à 1953, lorsque Mossadegh a été renversé parce qu’il voulait la souveraineté intérieure sur le pétrole anglo-persan. Le coup d’État de la CIA et du MI6 l’a remplacé par le Chah docile, qui a imposé un État policier pour empêcher l’indépendance de l’Iran vis-à-vis de la politique usaméricaine. Les seuls lieux physiques libres de la police étaient les mosquées. Cela a fait de la République islamique la voie de la moindre résistance pour renverser le Shah et réaffirmer la souveraineté iranienne.

    Les USA ont accepté l’indépendance pétrolière de l’OPEP en 1974, mais l’antagonisme envers l’Iran s’étend à des considérations démographiques et religieuses. Le soutien iranien à sa population chiite et à celle de l’Irak et d’autres pays – qui met l’accent sur le soutien aux pauvres et des politiques quasi-socialistes plutôt que sur le néolibéralisme – en a fait le principal rival religieux du sectarisme sunnite de l’Arabie saoudite et de son rôle de légion étrangère wahhabite des USA.

    Les USA se sont opposés au général Soleimani avant tout parce qu’il luttait contre l’ISIS et d’autres terroristes soutenus par les USA dans leur tentative de démanteler la Syrie et de remplacer le régime Assad par un ensemble de dirigeants locaux conformes aux exigences usaméricaines – le vieux stratagème britannique du  » diviser pour mieux régner « . À l’occasion, Soleimani avait coopéré avec les troupes US pour combattre les groupes de l’ISIS qui s’étaient « écartés de la ligne », c’est-à-dire de la ligne du parti usaméricain. Mais tout indique qu’il était en Irak pour travailler avec ce gouvernement qui cherchait à reprendre le contrôle des champs de pétrole dont le président Trump s’est vanté si fort de s’être emparé.

    Déjà au début de 2018, le président Trump a demandé à l’Irak de rembourser USA le coût de la « sauvegarde de sa démocratie » à coups de bombes sur ce qui restait de l’économie de Saddam. Le remboursement devait prendre la forme de pétrole irakien. Plus récemment, en 2019, le Président Trump a demandé : pourquoi ne pas simplement s’emparer du pétrole irakien ? Le champ pétrolier géant est devenu le prix de la guerre du pétrole de Bush-Cheney après le 11 septembre. « C’était une réunion très banale, discrète, en général », a dit une source qui était dans la salle à Axios. « Et juste à la fin, Trump dit quelque chose dans le genre, il a un petit sourire et il dit : ‘Alors, qu’est-ce qu’on va faire pour le pétrole ?’ »[1]

    L’idée de Trump selon laquelle l’Amérique devrait  » tirer quelque chose  » de ses dépenses militaires pour détruire les économies irakienne et syrienne reflète simplement la politique usaméricaine.

    Fin octobre 2019, le New York Times a rapporté que « Ces derniers jours, M. Trump a choisi les réserves de pétrole de la Syrie comme nouvelle justification pour sembler faire marche arrière et déployer des centaines de soldats supplémentaires dans ce pays ravagé par la guerre. Il a déclaré que les USA ont « sécurisé  » les champs pétroliers dans le nord-est chaotique du pays et a suggéré que la saisie de la principale ressource naturelle du pays justifie que l’Amérique y étende davantage sa présence militaire. « Nous l’avons pris et nous l’avons sécurisé », a déclaré M. Trump à propos du pétrole syrien lors de son discours à la Maison Blanche dimanche, après avoir annoncé l’assassinat du chef de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi »[2]. Un responsable de la CIA a rappelé au journaliste que la prise du pétrole irakien était un engagement de la campagne Trump.

    Cela explique l’invasion de l’Irak pour le pétrole en 2003, et encore cette année, comme l’a dit le président Trump : « Pourquoi ne pas simplement prendre leur pétrole ? » Il explique également l’attaque d’Obama-Hillary contre la Libye – non seulement pour son pétrole, mais aussi pour avoir investi ses réserves étrangères dans l’or au lieu de recycler son excédent de recettes pétrolières au profit du Trésor usaméricain – et, bien sûr, pour avoir promu un État socialiste laïque.

    Cela explique pourquoi les néoconservateurs usaméricains craignaient le plan de Soleimani pour aider l’Irak à affirmer le contrôle de son pétrole et à résister aux attaques terroristes contre l’Irak, soutenues par les USA et les Saoudiens. C’est là la cause immédiate de son assassinat.

    Les politiciens usaméricains se sont discrédités en commençant leur condamnation de Trump en disant, comme l’a fait Elizabeth Warren, à quel point Soleimani était « mauvais », comment il avait tué des soldats US en organisant la défense irakienne contre les attentats par explosifs en bord de route et d’autres mesures pour repousser l’invasion usaméricaine visant à s’emparer de son pétrole. Elle ne faisait que parodier la représentation que les médias US faisaient de SOleimani comme un monstre, détournant l’attention de la question politique qui explique pourquoi il a été assassiné maintenant.

    La contre-stratégie au pétrole, au dollar et à la diplomatie du réchauffement climatique des USA

    Cette stratégie se poursuivra, jusqu’à ce que les pays étrangers la rejettent. Si l’Europe et d’autres régions ne le font pas, elles subiront les conséquences de cette stratégie usaméricaine sous la forme d’une guerre croissante parrainée par les USA via le terrorisme, le flux de réfugiés et l’accélération du réchauffement climatique et des conditions météorologiques extrêmes.

    La Russie, la Chine et leurs alliés ont déjà ouvert la voie à la dédollarisation comme moyen de contenir l’échafaudage de soutien de la balance des paiements à la politique militaire mondiale USA. Mais tout le monde se demande maintenant quelle devrait être la réaction de l’Iran.

    La prétention – ou plus exactement, la diversion – des médias usaméricains au cours du week-end a été de dépeindre les USA comme étant sous le coup d’une attaque imminente. Le maire de New-York Bill de Blasio a placé des policiers à des carrefours clés bien en vue pour nous faire savoir à quel point le terrorisme iranien est imminent – comme si c’était l’Iran, et non l’Arabie saoudite, qui avait monté le 11 septembre, et comme si l’Iran avait en fait pris des mesures énergiques contre les USA. Les médias et les grosses têtes de la télévision ont saturé les ondes d’avertissements sur le terrorisme islamique. Les présentateurs de télévision suggèrent les endroits où les attaques sont les plus susceptibles de se produire.

    Le message est que l’assassinat du général Soleimani était destiné à nous protéger. Comme Donald Trump et divers porte-parole militaires l’ont dit, il avait tué des Américains – et maintenant ils doivent planifier une énorme attaque qui blessera et tuera beaucoup plus d’Américains innocents. Cette position est devenue la posture de l’USAmérique dans le monde : faible et menacée, nécessitant une défense forte – sous la forme d’une forte offensive.

    Mais quel est l’intérêt réel de l’Iran ? S’il est effectivement d’affaiblir le dollar et la stratégie pétrolière US, la première mesure politique doit être de faire sortir les forces militaires usaméricaines du Proche-Orient, y compris l’occupation US de ses champs pétroliers. Il s’avère que l’acte téméraire du président Trump a agi comme un catalyseur, provoquant exactement le contraire de ce qu’il voulait. Le 5 janvier, le Parlement irakien s’est réuni pour exiger le départ des USA. Le général Soleimani était un invité, pas un envahisseur iranien. Ce sont les troupes usaméricaines qui se trouvent en Irak en violation du droit international. Si elles partent, Trump et les néocons perdent le contrôle du pétrole – et aussi de leur capacité à interférer avec la défense mutuelle irano-irako-syro-libanaise.

    Au-delà de l’Irak se profile l’Arabie saoudite. Elle est devenue le Grand Satan, le soutien de l’extrémisme wahhabite, la légion terroriste des armées mercenaires usaméricaines qui se battent pour maintenir le contrôle des réserves de pétrole et de devises du Proche-Orient, la cause du grand exode des réfugiés vers la Turquie, l’Europe et partout ailleurs où elle peut fuir les armes et l’argent fournis par les partisans usaméricains d’Isis, Al-Qaïda en Irak et leurs légions wahhabites saoudiennes alliées.

    L’idéal logique, en principe, serait de détruire la puissance saoudienne. Cette puissance réside dans ses champs de pétrole. Ils ont déjà été attaqués par de modestes bombes yéménites. Si les néoconservateurs usaméricains menacent sérieusement l’Iran, leur réponse serait le bombardement et la destruction en bloc des champs pétroliers saoudiens, ainsi que ceux du Koweït et des cheikhs pétroliers alliés du Proche-Orient. Cela mettrait fin au soutien saoudien aux terroristes wahhabites, ainsi qu’au dollar US.

    Un tel acte serait sans doute coordonné avec un appel aux travailleurs palestiniens et autres travailleurs étrangers en Arabie saoudite pour qu’ils se soulèvent et chassent la monarchie et ses cinq mille princes et consorts.

    Au-delà de l’Arabie Saoudite, l’Iran et les autres partisans d’une rupture diplomatique multilatérale avec l’unilatéralisme néolibéral et néoconservateur USaméricain devraient faire pression sur l’Europe pour qu’elle se retire de l’OTAN, dans la mesure où cette organisation fonctionne principalement comme un outil militaire centré sur les USA de la diplomatie du dollar et du pétrole et donc s’opposer aux politiques de changement climatique et de confrontation militaire qui menacent de faire de l’Europe une partie du maelstrom USaméricain.

    Enfin, que peuvent faire les opposants usaméricains à la guerre pour résister à la tentative néoconservatrice de détruire toute partie du monde qui résiste à l’autocratie néolibérale US ? Cette réponse a été la plus décevante du week-end. Ils s’agit d’un échec. Il n’a pas été utile pour Warren, Buttigieg et d’autres d’accuser Trump d’avoir agi hâtivement sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Cette approche évite de reconnaître que son action avait effectivement une justification – de tracer une ligne dans le sable, de dire que oui, l’Amérique VA entrer en guerre, va combattre l’Iran, fera tout pour défendre son contrôle du pétrole du Proche-Orient et pour dicter aux pays de l’OPEP leurs politiques de banques centrales, pour défendre ses légions de l’ISIS comme si toute opposition à cette politique était une attaque contre les USA eux-mêmes.

    Je peux comprendre la réaction émotionnelle ou encore les nouveaux appels à la destitution de Donald Trump. Mais c’est un échec évident, en partie parce qu’il s’agit manifestement d’un geste partisan du Parti démocrate. Plus importante encore est l’accusation fausse et intéressée selon laquelle le président Trump a dépassé les limites qui lui sont imposées par la constitution en commettant un acte de guerre contre l’Iran en assassinant Soleimani.

    Le Congrès a approuvé l’assassinat par Trump et est tout aussi coupable que lui d’avoir approuvé le budget du Pentagone avec la suppression par le Sénat de l’amendement à la loi d’autorisation de la défense nationale de 2019, que Bernie Sanders, Tom Udall et Ro Khanna ont inséré dans la version de la Chambre des représentants, n’autorisant explicitement pas le Pentagone à faire la guerre à l’Iran ou à assassiner ses responsables. Lorsque ce budget a été envoyé au Sénat, la Maison Blanche et le Pentagone (alias le complexe militaro-industriel et les néoconservateurs) ont levé cette contrainte. C’était un fanion rouge annonçant que le Pentagone et la Maison Blanche avaient bien l’intention de faire la guerre à l’Iran et/ou d’assassiner ses responsables. Le Congrès n’a pas eu le courage d’argumenter sur ce point en le mettant au premier plan du débat public.

    Derrière tout cela, il y a la loi du 11 septembre d’inspiration saoudienne qui retire au Congrès le seul pouvoir de faire la guerre – son autorisation de 2002 pour l’utilisation de la force militaire, sortie du tiroir ostensiblement contre Al-Qaïda mais en fait la première étape du long soutien de l’USAmérique au groupe même qui était responsable du 11 septembre, les pirates de l’air saoudiens.

    La question est de savoir comment amener les politiciens du monde – usaméricains, européens et asiatiques – à voir comment la politique du tout ou rien de l’USAmérique menace de nouvelles vagues de guerre, de réfugiés, de perturbation du commerce du pétrole dans le détroit d’Ormuz, et finalement de réchauffement climatique et de dollarisation néolibérale imposée à tous les pays. C’est un signe du peu de pouvoir des Nations Unies qu’aucun pays ne réclame un nouveau procès à la Nuremberg pour crimes de guerre, qu’aucun ne menace de se retirer de l’OTAN ou même d’éviter de détenir des réserves sous forme d’argent prêté au Trésor US pour financer le budget militaire yankee.

    Notes

    [1]https://www.axios.com/trump-to-iraqi-pm-how-about-that-oil-1a31cbfa-f20c-4767-8d18-d518ed9a6543.html . L’article ajoute : « Lors de la réunion de mars, le premier ministre irakien a répondu « Que voulez-vous dire ? » selon la source dans la salle. Et Trump dit : « On a fait beaucoup, on a fait beaucoup là-bas, on a dépensé des trillions là-bas, et beaucoup de gens ont parlé du pétrole. »

    [2] Michael Crowly, « ‘Keep the Oil’ : Trump Revives Charged Slogan for new Syria Troop Mission », The New York Times, 26 octobre 2019. . L’article ajoute :  » ‘J’ai dit de garder le pétrole’, a raconté M. Trump. S’ils vont en Irak, gardez le pétrole. Ils ne l’ont jamais fait. Ils ne l’ont jamais fait. » ↑

    Tlaxcala, 7 jan 2020

    Tags : Etats-Unis, USA, Iran, terrorisme, pétrole,

  • Trahis par la France, les USA et l’Allemagne se retirent du G5 Sahel

    Malijet – En fin 2010, La France sarkoziste avait convaincu ses alliés de l’OTAN sur son projet de recolonisation du Sahel qui devait passer obligatoirement par l’assassinat du colonel KADHAFI et par l’affaiblissement de l’Union Africaine.

    Après l’atteinte des objectifs en 2011 par l’assassinat du Guide Libyen et la déstabilisation du Mali en 2012, arriva le partage du butin.

    C’est ainsi que le 15 février 2014 à Londres, les 5 puissances impérialistes que sont, les USA, l’Allemagne , la Chine, l’Angleterre et bien sûr la France se sont retrouvées pour se partager les richesses du basin de Taoudéni et environnant. La monnaie d’échange était, comme vous l’aurez pressenti, la lutte contre le terrorisme qu’ils ont créé à partir de la Libye.

    Mais quelque chose d’inattendu va se produire. En effet au lendemain de cette rencontre de deal occidental, à Nouakchott en Mauritanie, la France va créer un autre G5 Sahel dont les pays concernés sont : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.

    Désormais, la France se positionne en intermédiaire commerciale et tutrice militaire des pays du G5 Sahel, dépourvue d’armées selon Paris, dans la lutte contre le terrorisme. La France s’auto proclame aussi trésorière du G5 Sahel sans en être membre théoriquement.

    En outre, elle a le monopole du marché d’armement et commande toutes les forces présentes au Nord Mali. Elle occupe tous les postes de responsabilité de la MINUSMA. Elle en fait son deal. Ses entreprises peuvent alors prospérer en terrain conquis sans nullement être inquiétées.

    Alors, de Total – qui exploite le pétrole de la Mauritanie et qui fournit la totalité du carburant aux troupes présentes sur le terrain,- à Bouygues, Vinci et Areva qui exploite l’uranium, en passant par Arquus, la France a de quoi desserrer la ceinture.

    Jouant ainsi sur ses liens colonialistes avec les pays du G5 Sahel, la France a fini par faire de l’ombre à ses principaux alliés qui se sentent aujourd’hui trahis. Le président Macron en conditionnant l’aide internationale à la volonté de la France, a administré une piqure de rappel à la Communauté Internationale, sur sa propriété, le G5 Sahel.

    Celui qui voudrait donc aider les pays dans ce pré carré, doit avoir l’aval de la France. Loin de considérer les Dirigeants des Etats africains souverains comme ses pairs, le président Français n’a trouvé mieux qui sied que de les infantiliser.

    Pour paraphraser cette sagesse des dirigeants du G5 Sahel, l’esprit des peuples des pays Africains souverains traduit ceci : « tous ceux qui infantilisent nos dirigeants et ridiculisent nos FDS, fussent-ils des alliés, des partenaires ou autres coopérants dans cette lutte contre le terrorisme sont pires que les terroristes ».

    Nous pensons donc qu’il n’y aura pas grand chose à dire à Pau, ce 13 Janvier. Les dirigeants du G5 sahel voudraient certainement « observer de près » le premier responsable du terrorisme au sahel, la France, par qui la gangrène a pris racine après la déstabilisation de la Libye, en la mettant à l’épreuve de sa responsabilité. Les Dirigeants ouest africains l’ont d’ailleurs signifié dans leur déclaration à Niamey.

    Mais l’Afrique n’a pas besoin de la présence physique de l’armée française. La France en plus du CFA qu’elle fabrique à Chamalières, doit arrêter de fournir des armes aux terroristes en soutenant l’intenable alibi qu’elles ont été détournées de leur destination.

    A quel gouvernement légitime Africain la France a-t-elle livré des commandes d’armes et qui ont été ensuite détournées au profit des groupes terroristes? Seule la France, championne des réprimandes, connait la réponse et pourra nous en dire plus sur les sanctions internationales prévues à cet effet.

    Enfin le terrorisme au Sahel peut prendre fin si la France décide de se désolidariser des groupes terroristes qu’elle blanchit à Kidal.

    L’intégrité totale du Mali peut être retrouvée. Primo en coupant la fourniture du FCFA et en remettant Kidal au pouvoir de Bamako. Secundo, Barkhane doit aménager en Libye pour aider à reconstruire ce qu’elle a détruit.

    C’est-à-dire restaurer à titre posthume la dignité du Guide qu’elle a littéralement bafouée dans un complot savamment orchestré au sein de l’OTAN et aussi remettre à la Libye son intégrité et sa cohésion qui faisaient d’elle un eldorado africain. Ainsi prendra fin ce néo-esclavagisme instauré contre des africains et entretenu depuis la Lybie.

    Le Président
    Larba Israël LOMPO

    Œil D’Afrik

    Source : Malijet, 7 jan 2020

    Tags : Mali, France, Barkhane, Libye, France, Kadhafi, terrorisme, armes,