Étiquette : Terrorisme

  • Tensions géostratégiques, sécurité collective et nouvelles conflictualités dans la région sahélienne

    par Abderrahmane Mebtoul*

    Les tensions actuelles à nos frontières interpellent l’Algérie pièce maîtresse de la stabilité de la région, à travers les actions de l’ANP et les différents services de sécurité.

    C’est que les enjeux au Maghreb et au Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible, rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie mondiale, à laquelle l’Algérie ne saurait échapper et d’une manière générale toute l’Afrique. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiales actuelles qui devraient conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. La « sécurité collective », expression dont l’usage s’est développé, dans les années 1930, constitue une tentative de réponse au déchaînement de violence des deux guerres mondiales, du xxe siècle. Intiment quant à la formation à la paix (CP), elle soulève des défis politiques, économiques sécuritaires et notamment la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits et notamment la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles, mondiale et locales et leurs influences pour une paix durable, fondée sur la dialogue des cultures , la tolérance facteur de stabilité de toute l’Humanité pour un monde solidaire.

    1. Problématique de la sécurité collective au Maghreb et au Sahel

    1.1- Préambule : quelques éclaircissements sur le concept de sécurité collective

    Aux antipodes de la sécurité par l’équilibre des puissances qui avait marqué le système international au xixe siècle, la sécurité collective repose, elle, sur le « déséquilibre des forces. Ce système a d’abord été institutionnalisé, au lendemain de la Grande Guerre, par la Société des Nations (SDN), puis a été repris en 1945 par l’Organisation des Nations unies (ONU). Loin d’avoir donné les résultats que ses promoteurs avaient placés en lui ; il marque néanmoins un tournant dans l’histoire des relations internationales. Une approche globale comme facteur d’adaptation, selon les experts militaires, est nécessaire au nouveau contexte : la cohérence, l’anticipation, l’adaptabilité, la permanence, la « légitimation » et la « résilience ». C’est que les crises internationales ont toujours concerné de nombreux acteurs. Mais traditionnellement, en dehors de l’organisation de sécurité collective à vocation universelle et à compétence générale qu’est l’ONU, leur gestion revenait, avant tout, aux États. Or de nombreux autres acteurs y participent désormais notamment les organisations non gouvernementales et les organisations d’intégration régionale. On le constate, le champ est composé d’une multitude d’acteurs et d’approches qui implique, de facto, un morcellement des actions et une difficulté à avoir un impact significatif sur le terrain. De nombreuses études tentent de catégoriser les principaux acteurs de ces conflictualités émergentes. La plupart d’entre elles opposent les États, dotés de forces armées régulières, à des acteurs non-étatiques, laissant apparaître de nouveaux adversaires. Cette opposition, selon les experts en géostratégie entre États et acteurs non-étatiques, ne semble pas totalement satisfaisante car elle ne reflète pas l’ensemble des systèmes asymétriques. En effet, une typologie des acteurs ne peut se faire qu’en prenant en compte plusieurs critères : les motivations, l’organisation et les modes d’action. De nouvelles conflictualités sont apparues où leurs acteurs se caractérisent souvent par l’illisibilité de leur organisation, l’imprévisibilité de leurs actions multiformes qui privilégient la violence dûment mise en scène par la recherche du sensationnel et de la médiatisation. Grâce aux nouvelles technologies et à leur prolifération non maîtrisée, ces conflictualités sont susceptibles d’utiliser toute la panoplie des capacités actuelles : armement sophistiqué, maîtrise de l’information, diversité des types d’agression (capacité d’exporter une menace n’importe où dans le monde), générant des menaces (cyber-délinquance, cyber-criminalité, etc.) qui mettent en évidence l’insuffisance des systèmes de sûreté ou de substitution dans les sociétés modernes. En effet, les moyens modernes de communication facilitent l’expression libre et la circulation, via les réseaux, des idées les plus extrêmes, dans un but revendicatif, subversif ou prédateur. Elles peuvent atteindre tous les pans de la société : cohésion sociale, légitimité de l’autorité, pertinence du modèle économique, sociétal ou religieux. Ainsi véhiculées, les techniques d’« agression » de toutes natures se propagent, et contribuent d’autant plus à la fragilisation des « cibles » potentielles qu’elles s’appuient souvent sur l’image, support d’émotion et propice aux comparaisons.

    1.2- Le Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales

    Devant privilégier, en premier lieu, ses intérêts stratégiques, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), le Maghreb se doit d’agir en fonction d’un certain nombre de principes et à partir d’une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région, que ce soit dans le cadre d’une coopération avec l’Otan, en fait avec les USA, ou avec les structures de défense que l’Union européenne entend mettre en place, également avec la Russie et la Chine pour ne citer que les principaux acteurs mondiaux. Les derniers évènements au Sahel, faute d’une coordination, montrent son incapacité à agir sur des évènements majeurs. La fin de la guerre froide marquée par l’effondrement du bloc soviétique et les attentats survenus aux Etats-Unis, le 11 septembre 2001 représentent un tournant capital dans l’histoire contemporaine. Le premier évènement marque la fin d’un monde né un demi- siècle plutôt et la dislocation d’une architecture internationale qui s’est traduite, des décennies durant, par les divisions, les déchirements et les guerres que nous savons. Aujourd’hui, les menaces sur la sécurité ont pour nom terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, crises régionales et délitement de certains Etats. Or, les défis collectifs, anciens ou nouveaux, sont une autre source de menace : ils concernent les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, l’environnement. Ils sont d’ordre local, régional et global. Entre la lointaine et très présente Amérique et la proche et bien lointaine Europe, entre une stratégie globale et hégémonique, qui possède tous les moyens de sa mise en œuvre et de sa projection, et une stratégie à vocation globale qui se construit laborieusement et qui peine à s’autonomiser et à se projeter dans son environnement géopolitique immédiat, quelle attitude adopter et quels choix faire pour le Maghreb ? Interpellée et sollicitée, le Maghreb s’interroge légitimement sur le rôle, la place ou l’intérêt que telle option ou tel cadre lui réserve ou lui offre, qu’il s’agisse du dialogue méditerranéen de l’Otan ou du partenariat euro-méditerranéen, dans sa dimension tant économique que sécuritaire. L’adaptation étant la clef de la survie et le pragmatisme un outil éminemment moderne de gestion des relations avec autrui, le Maghreb devant faire que celui que commandent la raison et ses intérêts. C’est dans ce cadre que doit être placée la stratégie du Maghreb dans le dialogue méditerranéen de l’OTAN. Le cadre défini au sommet de l’Otan de promouvoir le dialogue méditerranéen de l’Otan, au rang de «véritable partenariat», (le même sommet d’Istanbul faisant une offre de coopération à la région du Moyen-Orient élargi qui est adressée aux pays qui le souhaitent, ceux qui sont membres du Conseil de coopération du Golfe étant cités explicitement) ambitionne de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région méditerranà ©enne par le truchement d’un certain nombre d’actions au nombre de cinq qui se veulent complémentaires avec d’autres actions internationales : a.- le renforcement de la dimension politique du dialogue méditerranéen avec l’Otan ; b.- l’appui au processus de réformes de la défense ; c.- la coopération dans le domaine de la sécurité des frontières ; d.- la réalisation de l’interopérabilité ; e- la contribution à la lutte contre le terrorisme.. Face à ces propositions quelle est l’attitude des pays du Maghreb devant consolider l’intégration maghrébine pour devenir une entité économique fiable au moment de la consolidation des grands ensembles ? Les menaces qui pèsent sur les peuples et leurs Etats et les défis collectifs qui leur sont lancés doivent amener les pays du Maghreb à se doter d’une politique extérieure globale des enjeux, des problèmes et des crises que connaît le monde et à déployer ses capacités, ses moyens et son savoir-faire dans une logique de juste et fécond équilibre. Le dialogue et la concertation entre les peuples et entre les acteurs sont la clef et en même temps la meilleure des garanties pour instaurer la paix et la stabilité, de manière juste et durable. C’est sur cette base, me semble-t-il, que les pays du Maghreb doivent s’engager dans le dialogue méditerranéen de l’Otan et dans d’autres initiatives régionales ou sous-régionales notamment européennes. Car face à l’Otan, existe une volonté politique de l’Union européenne d’avoir une stratégie de défense et de sécurité qui concerne le Maghreb. Sur le plan militaire et géostratégique c’est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être apprécié, aujourd’hui, la réalité d’une telle évolution. C’est que la lecture que font les Européens des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer, ensemble, une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d’argent. Pour le cas du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie qui ont (qui a signé) l’Accord de libre échange avec l’Europe, en matière de défense et de sécurité, des consultations relatives à la mise en place d’un dialogue entre le Maghreb et l’Union européenne ont lieu sous forme de consultations informelles et de réunions formelles. Mais il serait souhaitable des clarifications portant sur deux questions jugées fondamentales : la valeur ajoutée de cette offre de dialogue par rapport au dialogue méditerranéen de l’OTAN et la coopération de lutte contre le terrorisme avec l’UE dans le cadre de la PESD. – D’une manière générale et au vu de ce qui se passe au Sahel, il y a urgence pour l’Algérie et le Maghreb d’une stratégie d’adaptation. Pour ma part lors d’un déplacement aux USA lors d’une rencontre avec un grand responsable au département du Trésor US à Washington, j’avais émis cette hypothèse naïvement que l’Algérie et le Maghreb devaient tirer profit des divergences entre la France et les Etats-Unis d’Amérique. Il m’avait répondu clairement : «il n’y a parfois que des divergences tactiques de court terme mais aucune divergence stratégique entre les Etats-Unis d’Amérique et la France et plus globalement avec l’Europe». J’en ai tiré la leçon afin de comprendre les enjeux géostratégiques alors que certains veuillent encore opposer les USA à la France sur le dossier du Sahel et notamment du Mali, se croyant encore aux années 1960/1970 de la confrontation des blocs. Il est entendu qu’à la fin de toute guerre ce sera la diplomatie qui prendra la relève.

    1.3.-La problématique sécuritaire au Sahel

    La situation actuelle au Sahel pose la problématique de la sécurité de l’Algérie et fondamentalement l’urgence d’une coordination régionale notamment l’intégration de la sphère informelle qui dépasse les % de la superficie économique posant la problématique de l’intégration du Maghreb (plus globalement de l’Afrique du Nord) (2) pont entre l’Europe et l’Afrique afin de faire de cette zone une région tampon de prospérité. Le terrorisme menace planétaire, se nourrit fondamentalement de la misère, en se livrant au trafic de tous genres, rançons, drogue, armes, etc. Le Maghreb, pour peu que les dirigeants dépassent leurs visions étroites d’une autre époque, a toutes les potentialités pour devenir une grande puissance régionale avec une influence tant économique que militaire, dans la mesure où en ce XXIème siècle l’ère des micros Etats étant révolue et que la puissance militaire est déterminée par la puissance économique. Pour cela, des stratégies d’adaptation au nouveau monde pour le Maghreb sont nécessaires, étant multiples, nationales, régionales ou globales mettant en compétition/confrontation des acteurs de dimensions et de puissances différentes et inégales. Face aux menaces communes et aux défis lancés à la société des nations et à celles des hommes, les stratégies de riposte doivent être collectives. Cependant, dès lors qu’elles émanent d’acteurs majeurs et de premier plan, elles s’inscrivent dans une perspective globale et cachent mal des velléités car évoluant dans un environnement géopolitique régional que des acteurs majeurs façonnent, aujourd’hui, à partir de leurs intérêts et des préoccupations stratégiques qui leurs sont propres. Cette région est l’objet de toutes les convoitises (notamment USA via Europe / Chine) car incluse dans une sous-région qui n’en finit pas de vouloir se construire. Le continent Afrique est un enjeu géostratégique majeur au XXIème siècle avec plus de 25% de la population mondiale, avec d’importantes ressources non exploitées, sous réserve d’une meilleure gouvernance et d’intégration sous régionales à l’horizon 2030 l’axe de la dynamisation de la croissance de l’économie mondiale devant se déplacer de l’Asie vers l’Afrique, expliquant en partie les tensions actuelles (3). Le Maghreb, sous segment de ce continent, est appelé de se déterminer par rapport à des questions cruciales et de relever des défis dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils dépassent en importance et en ampleur les défis qu’il a eu à relever jusqu’à présent. Pour l’Algérie, les puissances occidentales reconnaissent que rien ne peut se faire durablement sans l’Algérie par sa position géographique, étant, par ailleurs, une grande puissance militaire régionale. D’autant plus que ce conflit peut avoir des répercussions sur toute la région Europe/Afrique via le Maghreb, que sur la sécurité intérieure de l’Algérie, notamment toute la zone Sud où sont concentrés les principaux gisements pétroliers et gaziers sans compter que bon nombre de familles, notamment Touaregs du Sud ont des liens étroits souvent familiaux avec les familles au niveau du Sahel et notamment au Mali.

    2.- Face aux mutations géostratégiques, axes directeurs pour la construction de la paix mondiale

    2.1- Quelques éclaircissements sur le concept de CP

    La Construction pour la paix (CP) est un champ qui se développe rapidement et dont la valeur ajoutée est reconnue au niveau des institutions internationales, des Etats, de la société civile. Comme tout autre type de formation, la formation à la paix soulève de nombreuses questions auxquelles nous nous devons de répondre, afin de garantir sa qualité Les défis politiques touchent à la relation entre la formation et la manière dont les parties externes s’engagent dans le règlement des conflits. Cela inclut leurs objectifs et leurs programmes. Les défis politiques comprennent également la relation entre les États, les organisations internationales et les sociétés civiles mondiale et locales et leur influence sur la formation. Il convient également de mentionner les défis politiques inhérents au processus d’apprentissage lui-même.

    Les défis politiques sont très étroitement liés au débat sur l’objectif de la form ation à la paix, qui est de préparer des individus à avoir une influence positive sur le conflit. Les différents acteurs ont des points de vue disparates quant à la manière de réaliser cela le plus efficacement possible. Par conséquent, il existe parfois une tension entre, d’une part, les processus de paix traditionnels menés par les États (la diplomatie officielle) et par l’armée et d’autre part, les processus engagés par des civils, qui résultent de traditions telles que la non-violence active et le dialogue à la base. Les deux approches luttent chacune à sa façon, pour trouver des solutions aux problèmes contemporains de violence généralisée et de guerre. Dans sa résolution intitulée ‘Projet de programme mondial pour le dialogue entre les civilisations’ (A/56/L.3), l’Assemblée générale présente solennellement ce Programme mondial. Le dialogue entre les civilisations y est décrit comme un processus engagé entre les civilisations et en leur sein, fondé sur l’inclusion et le désir collectif de tirer enseignement d’hypothèses, de mettre en évidence les valeurs communes essentielles et d’y intégrer diverses perspectives. Au nombre des objectifs du dialogue énoncés dans le programme, figurent notamment la recherche de terrains d’entente entre les civilisations afin de relever les défis qui menacent les valeurs communes, les droits de l’Homme et les acquis de l’Humanité dans divers domaines. Le dialogue entre les civilisations, est-il indiqué dans le Programme, peut contribuer à des progrès dans différents domaines dont la promotion du renforcement de la confiance aux échelons local, national, régional et international. Il est également précisé que la participation à ce dialogue doit inclure des membres de toutes les civilisations. Le programme d’action invite les Etats, le système des Nations unies et les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile à mettre en œuvre, notamment des programmes visant à développer le dialogue et la compréhension et à bannir l’intolérance, la violence et le racisme entre les peuples, en particulier les jeunes. Il invite également les gouvernements, les organismes de financement, les organismes de la société civile et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires à la promotion du dialogue entre les civilisations en contribuant, notamment au Fonds d’affectation spéciale créé à cette fin par le Secrétaire général en 1999. C’est que les conflictualités du monde contemporain et la solution finale, la Paix, ne sont pas seulement économiques ou sécuritaires, mais également et surtout ont, pour essence, une profonde crise morale devant se fonder sur une profonde rénovation de la perception du monde. Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d’utopie. Comme le dit l’adage populaire « l’espoir fait vivre.» D’ailleurs, au niveau des sociétés, nous assistons à une pièce de théâtre où chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales en sont le contrepoids. Les messages de paix, de tolérance fondés sur le dialogue productif, tant au niveau planétaire qu’au sein des sociétés, sont-ils des messages d’utopie ou seront-ils concrétisés dans un avenir proche pour éviter, par exemple, que la religion ne soit utilisée à des fins de tension entre le monde musulman et l’Occident, comme arme de guerre fratricide ? C’est que les guerres de religion ont fait recette – rappelons les guerres entre catholiques et protestants, la persécution des juifs – et l’on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques de « guerre sainte », alors que les livres saints ont pour fondement tolérance et respect d’autrui. Or, depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, que la symbiose des apports du monde musulman et de l’Occident par le dialogue des cultures – Islam, Judaïsme et Christianisme étant des religions de tolérance, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes -, devant respecter toute croyance de chacun, permettront d’éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l’avenir de l’Humanité. Le renforcement des relations entre le monde musulman et l’Occident, la promotion des synergies culturelles, économiques, politiques sont seules à même d’intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce, afin de faire de notre univers un lac de paix d’où seront bannis l’extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, ce berceau des civilisations où les populations juives et arabes partagent une histoire millénaire de cohabitation pacifique.

    2.2-Sociétés civiles et fécondation réciproque des cultures

    Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car elles sont source d’enrichissement mutuel, permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés auxquels la société civile – intellectuels, diplomates, entrepreneurs, médias grâce au rôle important de l’Internet – doit jouer une fonction stratégique, car les nouvelles relations internationales, fondées sur les relations personnalisées entre chefs d’État, ont de moins en moins d’effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les aires de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’action éducative, car l’homme pensant et créateur devra être à l’avenir le bénéficiaire et l’acteur principal du processus de développement. C’est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et de centres de recherches) loin de tout esprit de domination, comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles.

    Le monde musulman et l’Occident représentent deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d’ouverture et d’enrichissements mutuels, tant sur le plan économique que culturel. Certes, nous avons assisté au déclin du monde musulman, notamment sur le plan de la recherche scientifique, alors que par le passé il était pionnier. Pour un devenir commun, il est indispensable que la majorité des dirigeants du monde musulman – qui ont une lourde responsabilité de la situation de misère de leur population faute d’une bonne gouvernance, bien qu’il existe des exceptions, certains pays étant devenus émergents – et l’Occident développent toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l’intérieur de cet ensemble, et ce, afin de favoriser six objectifs solidaires.

    Premièrement : l’État de droit et la démocratie politique, en tenant compte des anthropologies culturelles car une société sans sa culture et son histoire est comme un corps sans âme.

    Deuxièmement : l’économie de marché concurrentielle à vocation sociale, loin de tout monopole, qu’il soit public ou privé.

    Troisièmement : la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires.

    Quatrièmement : la mise en œuvre d’affaires communes, en n’oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et que dans la pratique des affaires il n’y a pas de sentiments. Mais l’on doit éviter que la logique du profit ne détruise les liens sociaux, d’où l’importance stratégique de l’État régulateur conciliant les coûts sociaux et les coûts privés.

    Cinquièmement : intégrer l’émigration. Ciment des liens culturels, elle peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération et de ce dialogue nécessaire, de ce rapprochement du fait qu’elle recèle d’importantes potentialités cultuelles, économiques et financières. La pro motion des relations entre l’Orient et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d’intervention l’initiative de l’ensemble des parties concernées.

    Sixièmement : tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique, l’Occident doit favoriser la libre circulation des personnes, tout en engageant un véritable co-développement – à ne pas confondre avec l’assistanat – au profit des pays musulmans en retard, tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles, voire politiques.

    2.2-Un monde cruel et dangereusement déséquilibré

    L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial, et donc la représentation au niveau des institutions internationales, le système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l’avenir de l’Humanité avec des poches de pauvreté croissantes même dans les pays développés, un phénomène d’ailleurs accéléré par les gouvernances les plus discutables de la part de certains dirigeants du Sud. La population mondiale s’élève actuellement à 7,6 milliards et devrait atteindre 8,6 milliards en 2030, 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100, selon un récent rapport des Nations unies. Or, sur plus de 7 milliards d’âmes, les 2/3 sont concentrées au sein de la zone Sud avec moins de 30 % des richesses mondiales : en ce début du XXIe siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres, situés en Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud et en Amérique Latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de 2 milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’Humanité si rien de décisif n’est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, le sous-développement d’une grande partie de l’Humanité constituera, au cours des années à venir, une menace pour les pays développés et, d’une manière générale, pour l’ensemble du monde. Pour une paix durable, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Certes, les relations entre l’Occident et le monde musulman, sont souvent passionnées, surtout récemment avec l’avènement du terrorisme que l’on impute à tort à la religion de tolérance qu’est l’Islam. Espérons que les tensions seront dépassées, dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation, notamment sur le plan sécuritaire, car le terrorisme étant une menace planétaire. Le devenir solidaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune. Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d’inéluctables tensions sociales. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concernent l’Humanité, comme une gouvernance rénovée à l’échelle mondiale et concernant l’ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité. En effet, avec l’interdépendance accrue de nos sociétés, les nouvelles mutations mondiales – avec l’avènement de la quatrième révolution économique – préfigurent, à l’horizon 2020/2030, un important bouleversement géostratégique avec la montée en puissance des pays de l’Asie, dont la Chine au premier rang. Face à cette fin de l’unilatéralisme et confrontés aux pressions sociales, les gouvernants ne sont-ils pas toujours enclins à inventer un ennemi à combattre ? Dans la nature innée des hommes ne se trouve-t-il pas le penchant vers la tyrannie et l’oppression mutuelle, comme l’a rappelé le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun? Pourtant, l’histoire commune nous impose d’entreprendre ensemble. Comme le dit l’adage arabe avec une profonde philosophie, « une seule main ne saurait applaudir ». C’est le modeste message de cette contribution.

    2.3.- La philosophie diplomatique et sécuritaire de l’Algérie, éviter les fractures contemporaines

    L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l’Emir Adkeldader, les apports algériens à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. L’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. Évitons toute intolérance où certaines civilisations sont supérieures à d’autres: car, il y a de bonnes et de mauvaises civilisations, où en ce monde interdépendant , nous assistons à la formation de plus en plus étendue d’une civilisation de l’universel qui n’est que la résultante et le fruit des apports et des contributions des différentes civilisations humaines depuis la nuit des temps. Pour terminer je citerai Voltaire « Monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez toujours le dire et Roger Garaudy, « il n’y a de véritable dialogue des civilisations que si chacun est pénétré de cette certitude que l’autre homme, c’est ce qui manque pour être pleinement un homme ».

    *Dr – Professeur des Universités, expert international en management stratégiste :

    Références

    Pr Abderrahmane Mebtoul

    Ministère de la Défense Nationale -Institut Militaire de Documentation, d’Evaluation et de Prospective IMDEP 08/01/2019 Alger Séminaire international « Sécurité collective et nouvelles conflictualités : les défis contemporains de la construction de la paix Intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul expert international « Mutations géostratégiques, conflictualités et sécurité collective au Maghreb et au Sahel ».

    Contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul- Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). L’Afrique, le Maghreb face aux enjeux des flux migratoires » site Afrik Press Paris France deux parties 24/27 juin 2018

    4.- Sur les mutations géostratégiques militaires, politiques sociales et économiques au niveau du Maghreb et de la région méditerranéenne – voir la Revue IEMed 2017 -Barcelone -Espagne , un important collectif analysant la sécurité, le politique, l’économique, le social et le culturel de la région méditerranéenne auquel a contribué le professeur Abderrahmane Mebtoul sur le thème « impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-financiers et macro-sociaux de l’économie algérienne : urgence d’une nouvelle politique économique », sous la direction du professeur Senen Florensa, ancien diplomate et ministre espagnol, Président de l’ Annuaire IEMed (516 pages), préfacé par Johannes Hahn Commissaire européen à la Politique de voisinage aux négociations d’élargissement. Ont contribué 51 personnalités internationales (ministres- diplomates- politiques, militaires, économistes , sociologues, historiens-écrivains ) des deux rives de la Méditerranée en huit chapitres interdépendants : 1.-le conflit arabo-israélien revisité -2.-les défis à venir de l’Union européenne -3.-l’avenir de l’Islam 4.-(Dé) Radicalisation et sécurité et leurs effets – sur la région méditerranéenne – 5.-Bilan et partenariat des pays -les pays méditerranéens / Union européenne -Balkans occidentaux -Maghreb -Moyen Orient et Turquie -Les autres acteurs 6.-secteurs stratégiques (sécurité et politique) -7.-Economie et territoire – 8.-Société et culture

    Le Quotidien d’Oran, 20 oct 2020

    Tags : Algérie, Maroc, Sahel, Libye, Mali, France, Barkhane, terrorisme,

  • L’assassin de Samuel Paty portait, lui aussi, l’étiquette du Maroc

    Acculé par la force des événements, le gouvernement marocain, via son ambassade à Paris, s’est empressé de démentir “catégoriquement toute relation avec Abdelhakim Sefrioui”, figure de l’islam radical en France. La réaction de Rabat vise à dissimuler une réalité que les autorités françaises tentent d’occulter : “Le Maroc tente d’être derrière chaque imam, chaque mosquée et chaque communauté”, selon les mots du journaliste espagnol Ignacio Cembrero. Dans ce but, « il utilise ses agents pour surveiller, influencer et contrôler les communautés musulmanes », précise l’ancien correpondant à Rabat du journal El País et grand connaisseur du Maroc et du Maghreb.

    Selon le CNI, le service de renseignement espagnol, le Maroc a développé « une stratégie de grande ampleur » en Espagne. «Conçu et développé par le régime, son objectif est d’étendre son influence et d’accroître son contrôle sur les colonies marocaines sous le prétexte de la religion».

    Dans un rapport confidentiel envoyé en 2009 par son directeur aux ministres de l’intérieur, des affaires étrangères et de la défense, le CNI indique que les « objectifs prioritaires” de Rabat sont “le contrôle de sa communauté pour détecter les mouvements opposés au régime et empêcher l’émergence de courants islamistes en dehors du régime dominant » au Maroc.

    Cembrero sougline qu’il le fait « à travers son ambassade et ses consulats (…), le personnel associé et la Fondation Hassan II » présidée par la Princesse Lalla Meryem, sœur du roi Mohamed VI, et dont le budget n’est pas soumis au contrôle du Parlement marocain”.

    Dans un article paru sur le site Demain Online en 2014, le journaliste marocain Ali Benacher rappelle que “l’Islam en France, qui n’est pas monolithique, est divisé en plusieurs chapelles. Parmi les organisations marocaines qui dépendent de Rabat, d’autres organisations algériennes qui ne se déplacent qu’avec l’autorisation d’Alger, et d’autres sous le contrôle d’autres États musulmans comme la Turquie et l’Arabie saoudite”. “Mais c’est le Maroc, à travers la DGED (Direction générale des études et de la documentation, les services secrets étrangers du royaume), et avec la complicité des ministres de l’Intérieur français successifs, qui prend le dessus”, souligne-t-il, au même temps qu’il indique que “les pressions des services secrets marocains sur les proches des représentants de l’Islam en France (ou ailleurs) vivant au Maroc peuvent être si fortes que peu, voire très peu, leur résistent”.

    Ces informations sont corroborées par la dernière déclaration du président Emmanuel Macron sur le dénommé “séparatisme religieux”. D’après La Dépêche, Macron veut « libérer l’islam de France des influences étrangères ». Pour cela, le président compte renforcer le contrôle sur les financements des cultes et mettre fin à la tradition d’importer des imames de pays étrangers. Parmi ces pays, le Maroc dont le nom est cité dans tous les attentats terroristes commis en Europe depuis 2004, y compris l’assassinat du professeur Samuel Paty. Selon la presse, les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que des vidéos ont poussé le meurtrier à passer à l’acte. Derrière ces vidéos se trouve Abdelhakim Sefrioui, un islamiste connu pour ses relations avec les autorités marocaines.

    Tags : Maroc, France, Islamisme, Islam, terrorisme, caricatures, Charlie Hebdo, Abdelhakim Sefrioui, Samuel Paty,

  • Ce que le ministre français des Affaires étrangères n’a pas dit de sa mission en Algérie


    Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a détaillé les dossiers dont il a discuté avec les responsables algériens lors de la visite qui l’a conduit en Algérie, mais il n’a pas évoqué le vrai dossier pour lequel il a effectué cette visite, à savoir les détails de la libération de l’otage français au Mali, Sophie Pétronin.

    Selon des sources concordantes, la visite du responsable français en Algérie visait à aplanir l’atmosphère avec l’Algérie, qui a reçu avec une grande colère, le versement d’une rançon de plusieurs millions d’euros par la France et la libération d’environ 206 terroristes d’al-Qaïda en activité dans la région du Sahel, et qui comprenait des Algériens recherchés par la justice algérienne, car ils ont la double nationalité algéro-malienne.

    L’Algérie est considérée comme le propriétaire de la proposition de criminaliser l’octroi de rançons aux preneurs d’otages, qui a été adoptée par les Nations Unies en 2014, et cette proposition est venue, comme on le sait, en réponse aux fonds déboursés par plus d’un pays européen, sous forme de rançon en échange de la libération d’otages européens enlevés dans la région du Sahel, et au Mali en particulier.

    Des sources médiatiques identiques, telles que l’agence de presse russe «Spoutnik» et le quotidien «Al-Arab» publié à Londres, ont déclaré que le ministre français des Affaires étrangères s’était rendu en Algérie en tant qu’envoyé du président français, Emmanuel Macron, pour expliquer la Position française sur les raisons de la libération de l’otage français au Mali.

    Le quotidien français «Le Monde» a cité l’un des médiateurs dans l’affaire de l’otage Petronin, affirmant que 6 milliards de francs CFA, soit environ 9,1 millions d’euros, ont été déboursés, en plus de la libération de 206 jihadistes.

    Selon l’agence russe, le chef de la diplomatie française a été chargé par l’Elysée de fournir les éclaircissements nécessaires aux responsables algériens concernant la libération des jihadistes de l’organisation terroriste, mesure considérée comme une menace pour la sécurité de l’Algérie, qui a une frontière terrestre avec son voisin du sud qui s’étend sur une longueur de 1 200 km, constatant que le ressentiment algérien de telles pratiques n’est pas né aujourd’hui, et qu’il remonte à plus d’une décennie.

    L’Agence russe, citant des sources algériennes qui n’ont pas révélé leur identité, a exclu que le responsable français ait réussi à dissiper l’énervement des autorités algériennes face à ce que Paris avait fait au Mali, malgré ses éloges pour les efforts du président Abdelmadjid Tebboune pour reconstruire les institutions de l’État par le référendum sur la constitution.

    L’un des signes de la colère algérienne à Paris, selon Spoutnik, est le report de la visite qui devait conduire le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en Algérie, qui devait arriver en fin de semaine depuis le Maroc.

    Le quotidien «Al-Arab» a déclaré: «La libération du nombre susmentionné de jihadistes constitue un nouveau fardeau pour les efforts de l’Algérie dans la guerre contre le terrorisme qu’elle mène à la frontière sud et une contribution à l’alimentation des activités terroristes dans la région et le monde en général, et négocier avec ces groupes sous prétexte de protéger la vie des victimes est une forme de normalisation avec eux et de soumission à leurs revendications ».

    Le journal a évoqué une divergence de visions entre les Algériens et les Français sur ce qui se passe au Mali, qui a entravé «la réalisation d’une approche identique malgré le rapprochement et les contacts continus entre eux», notamment avec l’émergence d’intentions françaises coupables cela a commencé à apparaître depuis que l’armée française a renversé le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droudkal, au Mali sans impliquer l’Algérie.

    Echourouk online (traduction non officielle de l’anglais)

    Tags : Algérie, France, Mali, Sahel, terrorisme, rançons, Pétronin, Al Qaïda,

  • La piste marocaine dans l’égorgement du professeur Samuel Paty

    Abdelhakim Sefrioui, un agitateur marocain se trouve en garde-à-vue. La police tente de trouver des liens avec l’assassinat du professeur Samuel Paty, professeur d’histoire égorgé vendredi par un jeune âgé de 18 ans originaire de la Tchetchénie.

    Deux jours après l’initiative de Samuel Paty de montrer les caricatures de Charlie Hebdo, Sefrioui, accompagné de nombreux autres pyromanes, s’est présenté à l’école pour demander à la direction du lycée “la suspension immédiate de ce voyou […] avec la ferme intention de mobiliser devant l’école. »

    Dans une vidéo diffusée le 8 octobre, Sefrioui se présente comme membre d’un certain “Conseil des Imams de France” dont la légalité, selon BFMTV, est mise en doute. D’après Dhaou Meskine, le secrétaire général de cette prétendue entité a désavoué l’attitude de Sefrioui. “Personne n’a été autorisé à parler de cette tragédie ou dans n’importe quelle autre affaire au nom du Conseil des Imams, nous nous désolidarisons de tout ce qui a été dit en notre nom”, a -t-il déclaré.

    Abdelhakim n’est pas méconnu auprès des services de la lutte antiterroriste. En 2004, il a participé à des actions en vue de revendiquer «la liberté des femmes de porter le voile». Ses premières collisions avec le terrorisme en France remontent à l’année 2010 lorsqu’il militait dans l’organisation Forsane Alizza (« Les Cavaliers de la fierté »), un groupuscule radical islamiste, créé en août 2010 à Nantes, en France, par Mohamed Achamlane et dissout le 1er mars 2012 à la demande du ministre de l’intérieur Claude Guéant, qui considérait cette organisation comme incitant à la « lutte armée ».

    Ses relations aussi avec Rabat ont été révélées par le quotidien français Le Point. Sa participation répétitive dans des actes de violence liées à la défense de l’Islam lui ont valu une procédure de déchéance de la nationalité française. La procédure entamée par le chef des renseignements généraux a été empêché en raison de “la bienveillance dont il jouissait auprès des autorités marocaines”, précise Le Point.

    Ses agissements dévoilent une collision avec l’agenda du Maroc visant à mettre la main sur les principales mosquées de la France. A la tète de son “Collectif Cheikh Yassine” (du nom du fondateur du Hamas, tué par l’armée israélienne en 2004), il organise durant des mois des manifestations devant la mosquée de Drancy, où officie le tunisien Hassen Chalghoumi, imam de cette mosquée qui finira par s’en aller, victime de ces tensions.

    Dans ce contexte, sa fondation s’en est pris aussi à l’imam Dalil Boubakeur en raison de son origine algérienne. L’ancien recteur de la Mosquée de Paris a été victime de nombreux actes d’intimidation dirigés par Sefrioui en personne. C’est dire si la déstabilisation de Chalghoumi n’est pas un incident isolé mais bien une opération destinée à contrôler l’Islam de France tel que souhaité par Rabat.

    Selon des informations rapportées par Le Parisiem qui cite le journal Libération, les autorités françaises auraient “sérieusement envisagé” en 2014 “la dissolution de ce collectif”. « Cheikh Yassine, composé d’une trentaine de « frères » issus de la région parisienne, animerait, seul, le site de l’association cultuelle Ansar-al Haqq, une plateforme œuvrant au recrutement pour le djihad », pouvait-on lire alors, ajoute la même source.

    Ainsi donc, se précise la piste marocaine dont les traces se trouvent derrière tous les attentats commis en Europe depuis 2004. Une réalité que les responsables français tentent de dissimuler au peuple français pour des raisons géo-politiques.

    tags : France, Maroc, Islam, Abdelhakin Sefrioui, terrorisme, Samuel Paty, caricatures, Charlie Hebdo,

  • Algérie-France : Pari (s) sur l’avenir

    On s’y attendait un petit peu. Que pouvait bien faire en Algérie le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française Jean-Yves Le Drian, en pleine campagne pour le référendum sur la révision de la constitution qui suscite une controverse ? « Le Président Tebboune a affiché ses intentions de réformes des institutions pour renforcer la gouvernance, l’équilibre des pouvoirs et les libertés », a-t-il lâché lors de sa rencontre avec les médias.

    Avant de commenter cette petite phrase dans le fond, il convient, d’abord de souligner sa forme. Est-il vraiment opportun de se fendre d’une déclaration sur le processus politique interne à l’Algérie comme si nous étions un Dom Tom (département ou territoire d’outre-mer) ? Pourquoi Le Drian s’est-il permis de fourrer son nez dans nos affaires internes sachant que son pays, n’a pas encore assumé son devoir de mémoire et reconnu les crimes atroces que sa soldatesque a commis sur cette terre arrosée du sang des chouhadas ?

    Par quelque bout que l’on prend les propos du chef du Quai d’Orsay, elle paraît tout à fait déplacée, inopportune et tendancieuse. Il n’est pas exagéré non plus de penser qu’elle confine à de l’ingérence étrangère en bonne et dûe forme. La France est sans doute le dernier pays au monde à donner des leçons sur la démocratie et les droits de l’homme au monde bien qu’elle traine cette fausse médaille de « patrie des droits de l’homme ». Encore plus en Algérie, où elle a commis l’innommable mais s’obstine, 62 ans après l’indépendance à ne pas le reconnaître.

    En réalité, Paris fait dans la Realpolitik. À travers cette phrase moralement inacceptable de Jean-Yves Le Drian, elle montre pattes blanches devant le régime du président Tebboune et lui donne son onction diplomatique. L’enjeu c’est de protéger et défendre ses intérêts, pas uniquement en Algérie mais surtout au Sahel où elle traine les pieds dans le bourbier du Mali et en Libye où elle est reléguée derrière après l’entrée en lice des Américains et des Russes. Il serait naïf de croire que Le Drian se soit fendu de sa « belle phrase » juste pour les beaux yeux du président Tebboune.

    Malins, les français savent que le contexte politique dans lequel évolue le nouveau pouvoir en Algérie, leur ouvre la porte au possible retour en grâce sur la scène régionale notamment sur le dossier Libyen et malien. Ils savent aussi qu’une alliance avec l’Algérie sur ces deux dossiers chauds leur serait très bénéfique voire décisive. Un petit « baiser » de Paris ne serait tout compte fait pas de trop. Mieux encore, il a toutes les chances d’être le bienvenu auprès du pouvoir qui a tant besoin, ici et maintenant, d’un coup de main de l’ennemi…intime. Eh oui ! La France parie sur l’avenir. Le pouvoir aussi.

    Imane B.

    L’Est Républicain, 17 oct 2020

    Tags : Algérie, France, Jeans-Yves Le Drian, mémoire, Mali, Sahel, terrorisme,

  • ONU-Mali : La résolution 2133 de l’ONU ignorée ?

    par Abdelkrim Zerzouri


    La libération des quatre otages au Mali contre la libération de quelque 200 djihadistes a encore rompu le dogme, déjà très mal respecté, par les Etats occidentaux notamment, où la forte influence des sociétés, qui se solidarisent avec les otages et leurs proches, contraint les dirigeants de ces pays à nouer des tractations avec les groupes terroristes pour payer des rançons, ou autre monnaie d’échange, contre la libération de leurs ressortissants enlevés. De nombreux pays ont exprimé leur désapprobation face à cette libération négociée de quatre otages, « payée chèrement », selon le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

    Cette libération de 200 djihadistes, parmi lesquels figurent de dangereux terroristes, ne peut qu’ajouter à l’inquiétude d’un pays qui a subi, pas plus tard que mercredi 14 octobre, une série d’attaques djihadistes qui ont fait une vingtaine de morts, selon les déclarations du président burkinabé.

    La France, l’Italie et le Mali ne peuvent que se féliciter de la libération des quatre otages, une Française, deux Italiens et une haute personnalité malienne, personne ne peut d’ailleurs ressentir autre chose que de la satisfaction après la libération des otages, mais les négociations avec les kidnappeurs, le prix à payer et les retombées attendues en matière de lutte antiterroriste dans cette région, poussent plus à la crainte de voir les groupes terroristes renforcer leur capacité de nuisance, sans oublier que cette victoire les encouragera à sévir encore en multipliant ces rapts qui se confirment forts bénéfiques, non seulement pour le moral des troupes, mais également pour la trésorerie et l’armement, grâce au soutien de la récolte des rançons et la libération des leurs.

    Ainsi, ce dernier coup, éclatant pour la nébuleuse terroriste en activité au Sahel, augmente les soucis sécuritaires à travers le risque accru d’attentats terroristes au Mali et les pays limitrophes, avec lesquels il partage 7.420 km de frontières, particulièrement l’Algérie (au Nord), le Niger et le Burkina Faso (à l’Est) et la Côte d’Ivoire (au Sud).

    L’Algérie, qui a plaidé avec acharnement à l’ONU, dès le début des années 2000, pour la criminalisation du paiement des rançons aux groupes terroristes contre la libération d’otages, ayant abouti en 2014 à la prise de la résolution 2133, qui interdit « de mettre des fonds, avoirs financiers ou ressources économiques ou autres services connexes directement ou indirectement à la disposition de personnes qui commettent ou tentent de commettre des actes de terrorisme et d’empêcher les terroristes de profiter directement ou indirectement de rançons ou de concessions politiques », garde un silence pesant sur ces tractations qui ont abouti à la libération de quatre otages contre l’élargissement de 200 djihadistes, parmi lesquels figurent de simples suspects arrêtés lors d’opérations de ratissage et également des responsables de certains des attentats les plus meurtriers de ces dernières années dans la région, selon des sources bien informées à ce sujet, notamment des militaires français déployés au Mali dans le cadre de l’opération ‘Barkhane’, qui se sont exprimés sous l’anonymat.

    Même si on attribue les tractations en question au Mali, qui a négocié seul avec le camp des preneurs d’otages, la France qui ne s’est pas moins sentie impliquée dans cette situation, vu son importante influence au Mali et la nationalité française de l’un des otages, a vite réaffirmé sa volonté de ne pas dévier du cadre de la lutte antiterroriste pour réconforter ses militaires au Mali, dont le moral a subi un sérieux contrecoup, ainsi que les familles qui ont perdu l’un des leurs dans les combats dans ce pays, et rassurer Alger en y dépêchant son ministre des Affaires étrangères immédiatement dans le sillage de ces évènements.

    Le Quotidien d’Oran, 17 oct 2020

    Tags : Algérie, Mali, France, terrorisme, rançons, Sahel, Barkhane,

  • Terrorisme : La France et la Belgique protègent le véritable commanditeur du terrorisme en Europe


    Lors des attentats commis en Belgique en 2015, la commune de Molenbeek a été pointée du doigt et qualifiée de tous les mots par la presse française: « siège social du djihadisme européen », « plaque tournante des réseaux djihadistes », « berceau des terroristes », etc. On dirait que cette presse tente de dissimuler une vérité frappante : L’origine marocaine de l’écrasante majorité des auteurs des attentats terroristes qui ont frappé la France et la Belgique en 2015 et l’Espagne en 2004 et 2017.

    Selon l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM), 632 foreign terrorist fighters (FTF) qui ont rallié les rangs de Daech au Proche Orient provenaient de la Belgique dont les personnes belges d’origine marocaine sont sensiblement surreprésentées, puisque celles-ci couvriraient environ 80 % de l’effectif total. Cette « spécificité marocaine », étant donné sa proportion stupéfiante, a logiquement déclenché une vague d’interrogations que les autorités des deux pays ont essayé de faire passer en silence. En vue de couvrir leur protégé, autant Paris que Bruxelles ont préféré avancer l’argument des représailles de Daech contre ces pays en raison de leurs participation dans la force de l’OTAN mobilisée contre l’organisation terroriste en Irak et en Syrie.

    En réponse aux attaques de Bruxelles, le gouvernement belge a demandé le déploiement à la commune de Molenbeek d’agents du renseignement du Maroc, le plus grand fournisseur de FTF et unique nationalité d’origine des terroristes se trouvant derrière les massacres du Bataclan, de Charlie Hebdo et de Bruxelles.

    Pourtant, la sécurité belge sont conscients des agissements des services de renseignements marocains en Belgique, notamment depuis l’arrestation en 2008 du citoyen belgo-marocain Adelkader Belliraj, un collaborateur des services de police belges à qui le Makhzen a voulu coller l’étiquette de terroriste dans le but de s’imposer comme interlocuteur indispensable dans la lutte anti-terroriste et encaisser, ainsi, les dividendes de ce statut en matière de coopération économique et de reconnaissance de son occupation du territoire du Sahara Occidental si riche en ressources naturelles.

    Ali Aarrass, une autre victime des conspirations des autorités marocaines, vient d’arriver en Belgique. Il a passé 12 ans dans les prisons marocaines malgré qu’il a été innocenté par un juge espagnol. Espérons que les autorités belges saisiront l’occasion pour réviser leurs positions par rapport à un Etat dont les activités terroristes ne sont plus un secret pour personne.

    Tags : France, Belgique, Maroc, terrorisme, terroristes, Bataclan, Charlie Hebdo, Molenbeek, Sahara Occidental,

  • Le Maroc, derrière une tentative d’attentat terroriste aux Pays Bas

    Encore une fois, le royaume de Mohammed VI se trouve derrière un crime lié au terrorisme. Cette fois-ci, aux Pays Bas, où, selon la presse locale, deux marocains ont été condamnés à 9 et 7 ans de prison pour avoir tenté de faire exploser un commissariat de police à Rotterdam.

    Ahmed B. en Mouad M., tous les deux originaires du Maroc, se trouvent en prison depuis 2018 depuis qu’ils ont échangé des messages suggérant la commission d’un attentat contre le commissariat de De Veranda ainsi qu’une photo dudit poste.

    D’après des sources de la justice, citées par des médias néerlandais, l’arrestation de ces deux individus a permis d’éviter une catastrophe.

    Ahmed B. avait des contacts avec « une soeur » qui voulait utiliser une ceinture explosive. Ils ont consulté des sites appartenant à l’Etat Islamique où se trouvens des explications sur l’utilisation d’un camion pour commettre un attentat terroriste.

    Mouad M. a séjourné en prison à plusieurs reprises après avoir fui d’une institution pour mineurs en France avant de regagner les Pays Bas. En raison de sa violence, il a dû être transféré de la prison de Vught où il était influencé par l’assassin de Theo Van Gogh.

    Tags : Maroc, Pays Bas, Rotterdam, terrorisme, attentat, commissariat, De Veranda, Etat Islamique, ISIS, Daech,

  • Pays Bas : Deux marocains écroués pour tentative d’attaque contre un commissariat de police

    La justice néerlandaise a condamné deux marocains à 9 et 7 ans de prison pour tentative d’attaque terroriste contre un commissariat de police de la ville de Roterdam.

    Selon le site nu.nl qui rapporte la nouvelle, Ahmed B. et Mouad M., tous les deux nés au Maroc, en ont parlé dans un chat et partagé une photo du commissariat.

    « Leur arrestation a évité beaucoup de mal, a déclaré mercredi le procureur de la République devant le tribunal de Rotterdam », indique la même source.

    Les deux inculpés ont été arrêtés en juin 2018 après que des informations aient été interceptées selon lesquelles ils préparaient une attaque avec des armes et des explosifs.

    Ahmed B. aurait eu des contacts avec «une sœur» qui voulait porter une ceinture anti-bombe. Les pages Internet de l’Etat Islamique ont également été visitées où ils ont consulté les instructions pour une attaque avec un camion.

    D’après l’agence ANP, ils sont arrivés aux Pays Bas dans le but de commettre un attentat terroriste et l’un d’eux été influencé en prison par le meurtrier de Theo Van Gogh

    Tags : Maroc, Pays Bas, terrorisme, Rotterdam, commissariat, Etat Islamique, ISIS, Daech,

  • « Une violente et cruelle histoire d’amour … »

    « El erss khayeb, l’basstela kane’t berda » : « La fête de mariage était nulle, la pastella était froide ».

    Voilà la première phrase qui m’est venue à l’esprit en entamant ce post … Allez savoir pourquoi ?

    Ce que je retiens pour l’heure des tueries dans la rédaction de Charlie Hebdo et du supermarché casher et que ma colère et ma tristesse peuvent commencer à entrevoir, se précise dans ce tourbillon où viennent se mêler passion, affecte et « déraison »… Comme une violente et cruelle histoire d’amour…

    Amour des mots, de la satire, de la liberté et de la folie.

    « Je préfère mourir debout que vivre à genoux »

    Charb

    Le poids des religions, de toutes les religions ça n’existait pas il y a 20 ans.

    On est là pour ça, même si on traite de choses graves, il faut faire rire, c’est notre fonction.

    Cabu

    Un jour je vais faire des dessins sur le sexe, le lendemain je vais faire un dessin su F.Hollande, mais parfois le dessin sur le sexe peut être sur Hollande aussi, il nous a donné des exemples.

    Wolinski

    Waw, c’est maintenant que vous n’êtes plus que je vous découvre.

    Certaines analyses à chaud d’internautes en mal d’inspiration, voient derrière cette tragédie l’occasion de régler des pathos identitaires, si lourdement justifiés, vous ne trouvez pas ?

    Ils crient souvent à l’insoutenable et sempiternel sentiment de justification « imposé », du sentiment d’obligation d’une prise de position « si attendue ».

    Un fraternel message à cette majorité silencieuse indignée, qu’elle descende dans les rues, qu’elle envahisse l’espace public, l’heure est à la condamnation, l’heure est à la symbolique. Si cet espace reste vide, il sera envahi par des porte-voix autoproclamés.

    Avec ceci comme slogan par exemple :

    Au nom d’Allah et de son Prophète on a tué ici, comme on le fait au nom de la démocratie là-bas !

    Ces mots pèseront pour certains comme une attaque au bélier devant la porte du silence !

    D’autres préfèrent jouer avec des notions complexes, plutôt que de condamner sans ambivalence.

    Ceux qui craignent les amalgames peuvent être rassurés, ils existent depuis bien longtemps. Le manque de clarté ne fera que les renforcer.

    Aujourd’hui, moi, je me sens le devoir de me prononcer, mais personne ne m’oblige…

    Le sens des mots dans de pareilles circonstances a une importance capitale.

    De plus, je refuse toutes formes de prise d’otage et de braquage intellectuel, au nom d’un certain appel au consensus dans un camp comme dans l’autre.

    Zmagri, moi le zmagri, parti depuis un petit temps en croisade identitaire, victime d’un racisme occidental comme d’un racisme oriental, je vous la laisse votre terre sacrée que vous choisirez et je vous emmerde tous !

    Laissez-moi pleurer en paix, laissez-moi le droit de pleurer qui je veux en liberté.

    Au-delà des individus qu’était cette bande de potes, je pleure aujourd’hui ce qu’ils représentaient. Une voix discordante à l’ordre établi et à la « bonne conscience ».

    Je n’en étais même pas un lecteur, mais je me retrouve dans la notion de défenseur de la liberté qu’ils insufflaient.

    Aujourd’hui, nos têtes bien pensantes au gré de leurs humeurs distribuent ou confisquent des attestations de liberté d’expression à qui bon leur semble.

    Cela dénote d’un manque de maturité et d’iniquité flagrante !

    Complot or not complot … ?

    Pleurer Charlie, c’est comme souhaiter Joyeux Noël, c’est haram … !

    Hein ????
    Cela va du complexe militaro-industriel aux illuminatis en passant par les sionistes … Les médias nous mentent et sont cadenassés, la carte d’identité retrouvée dans le véhicule, l’employé caché dans un carton à Dammartin-en–Goële, la couleur des rétroviseurs qui mue, l’absence de sang sur le trottoir …

    Le complot fait office de foi, il explique tout, mais ne résout rien, servant de camouflet par moment. Je l’ai pratiqué et en suis revenu depuis.

    Et de lire et entendre aussi :

    Ils l’ont bien mérité, tu as vu ce qu’ils ont fait en Syrie et en Palestine …

    Hein ??
    Les adeptes des théories multifonctions ne font que réconforter leurs préjugés et leurs thèses sont même considérées pour certains, comme des écrits immuables, voire sacrés qu’ils répètent liturgiquement, en se gardant bien le droit de pratiquer toutes formes de remise en question …

    Ces théories sortent souvent de la bouche de ceux qui croient venir à bout des crimes commis par l’Etat d’Israël en arrêtant de manger des kiwis.( je précise LOL)

    Why not … Tout le monde a le droit d’avoir un avis, tout le monde a aussi le droit de dessiner en paix !

    -« Au nom d’Allah on tue aussi sur cette terre, il serait plus que temps de l’avouer … »

    -Moi j’ai juste envie de pleurer des grands rêveurs qui jouent avec des Magic Colors.

    Il y aura un après 7 janvier, souhaitons le plus humain que l’après-11- Septembre.

    -Moi je veux juste les pleurer …

    « Pour énerver les cons aussi on est manifestement utile, donc c’est agréable … ».

    Tignous

    Les manifestations ont été phénoménales avec évidemment des bémols et selon moi la triste palme revient au Maroc.

    Et l’attitude du ministre marocain des Affaires étrangères, Salahedinne Mezouar, qui s’est rendu à Paris, mais n’a pas participé à la marche prétextant qu’il y aurait des caricatures du prophète …

    Hein ??
    Toutefois, il est excusé, qu’attendre de plus d’une classe politique qui est encore selon la théorie freudienne au « stade anal ». Faites déjà bien caca les gars, bientôt vous pourrez vous tenir la bite tout seuls!

    Ensuite cette polémique sur certains représentants : Netanyahu aura fait parler de lui, une telle attitude, ça vous surprend ? cette arrogance est le propre des sans vergogne !

    Ils en auraient fait une superbe couverture satirique les gars de Charlie Hebdo …

    Et que dire des représentants de l’Arabie saoudite présents à Paris, alors qu’ au même moment était fouetté sur la place publique à Jeddah, le blogueur saoudien Raif Badawi …

    Et bien d’autres qui sans scrupule pointèrent leur gueule en front de manifestation, c’est juste dégueulasse… C’est dégueulasse !!!!

    Le clivage entre les « Je suis Charlie » et les « Je ne suis pas Charlie ».

    Il n’est guère étonnant celui-là.

    Pour ce qui est de notre cher royaume surréaliste, il est même logique.

    Nous restons encore en 2015 un pays communautariste, pour le vivre ensemble, on repassera aussi !

    Il pourrait trouver une partie de son explication dans la manière dont a été gérée l’immigration maghrébine et turque en Belgique.

    Dans la manière dont a été géré le culte musulman en Belgique …

    Vous me suivez toujours ?

    Avec dans les premières années, un entrisme édifiant du plus obscur et rétrograde des courants qui soient, made in Arabie saoudite : le wahhabisme.

    -L’argent n’a pas d’odeur… C’est des conneries ça… L’argent a une odeur et dans le cas qui nous préoccupe ici, une vilaine odeur de fuel !!

    Chère Belgique tu as été très gourmande en Afrique et ça ne t’a pas suffit, ton inquiétante naïveté et ta vanité t’ont poussé à faire des choses pas très catholiques !

    Et bien évidemment une connerie ne vient jamais seule. Des années plus tard, ce fut les partis politiques qui voyant un potentiel électoral significatif se sont lav és de tout principe séculier dans certaines de leurs opérations de séduction visant ces électeurs-là !

    Les espaces culturels, déjà maigres, se sont vus très vite dépassés par une multitude de mosquées qui pour certaines ont servi de lieu de propagande de courants tantôt anodins tantôt plus inquiétants.

    Enfin les stratégies de quadrillage des pays d’origine, Ankara et Rabat veulent faire partie du festin.

    Contrôler et cogérer voir gérer complètement l’obédience spirituelle de leur diaspora respective. Et nous savons tous que ces deux pays sont loin d’être des Etats de droit, de liberté d’expression et de libertés individuelles.

    Ils ont tous bossé en toute tranquillité depuis des décennies et aujourd’hui ils récoltent.

    Une politique non réfléchie sur des enjeux cruciaux se paie un jour ou l’autre

    Me voilà donc baisé, et tellement bien que je finis par y prendre plaisir.

    A chacune de mes positions, chacun de mes choix, mes identités me rappellent à l’ordre, l’une me trouvant trop flou m’invitant continuellement à lui présenter des gages de loyauté , l’autre jouant avec mon affect d’un attachement à des racines qu’elle m’octroie par moments et me confisque à d’autres.

    – « Aujourd’hui, il n’y a pas que les travestis prostitués du quartier « Yser » qui se lèvent en ayant mal au cul ! »

    Sauf que moi je ne veux plus de ça moi , je ne l’ai pas choisi ! Je veux être libre, comme le vent, me défaire de tout attachement communautariste et chérir moi-même mes identités , en les façonnant comme bon il me semble .

    « Je suis Charlie » au nom de l’esprit de liberté qu’insufflait cette presse, je le suis ne veut pas dire que j’en étais féru. Je le suis, car c’est nécessaire pour les personnes qui cultivent la liberté de pensée, d’expression et d’écriture.

    Il est nécessaire aussi, car derrière ce canard volontairement provocateur, irrévérencieux à souhait, brisant les limites de la bienséance et des « bonnes consciences », se trouve un refuge pour les bousculeurs… pour les affranchis. Et leur place est indispensable dans nos sociétés.

    Que nos gouvernants agissent en cohérence lorsqu’il s’agit de liberté d’expression.

    LA LIBERTE D’EXPRESSION EST PLEINE ET ACCESSIBLE POUR TOUS !!!!!

    Bordel de merde !!!!!

    Une manifestation à Bruxelles

    Lors de la manifestation à Bruxelles, je suis passé chez ma mère qui depuis le décès de mon père est morte aussi et que la télévision marocaine est en train de tuer une 2e fois.

    Mais dans un sursaut de lucidité, elle m’a dit :

    « Allah y Baadek min oulad el haram »

    -Que Dieu te tienne éloigné des “personnes indignes ».

    De qui parlait-elle ?

    Finalement, c’est ma sœur qui m’accompagna avec ses deux enfants. Près de 20 000 personnes dans les rues de la capitale, une très faible présence de la « communauté musulmane » s’il y a lieu de la nommer ainsi, comme le fait une grande majorité de la presse.

    Une chose est vraie, cette faible affluence est un signal pour la citoyenneté qu’il faudra avoir le courage d’analyser !

    Crispation justifiée ?

    Oui , oui et re-oui !

    C’est l’expression d’un malaise et d’ un mal-être qui ankylosent cette volonté de solidarité

    Il serait temps que ces anthropologues et que cette élite belge se penchent sérieusement là-dessus !

    Oui, les Belges d’origine turque et maghrébine sont mal aimés, ils sont mis au ban de la société, ils sont pointés du doigt quotidiennement !

    Oui, ils sont assignés à vivre l’ émancipation dans quartiers et écoles ghettos !

    Oui, on ne peut pas s’ouvrir aux autres si on ne s’est pas encore révélé à soi-même !

    Oui, ça crie à l’aide depuis des décennies. Personne ne l’entend vraiment !

    Oui, ça a payé, ça paie et paiera probablement encore !

    Oui, ça vit dans l’indifférence de sa différence sans qu’elle ne soit jamais valorisée, comme cet enfant né par accident à qui on a reproché « d’être » toute sa vie et qui réclame juste un peu d’amour …

    Cet amour… De cet amour absent et tant recherché, cette reconnaissance sincère « d’être » qui poussa peut-être deux frères dans cette escalade de la folie .

    Deux frères qui se sont aimés dans un schéma dénué d’humanité.

    Cela pourra en choquer plus d’un ce que j’écris là, j’en suis conscient… Mais tout ça, ça sent juste le manque d’amour.

    Conclusion facile me diront certains, peut-être …

    Non, à dire vrai il n’y a pas de conclusion.

    Et s’il devait y en avoir une pour moi, elle ressemblerait à ça :

    Je pleure ces grands rêveurs qui dessinent avec des Magic colors, je pleure Ahmed et toutes les autres victimes, je pleure pour la liberté, je pleure pour le musulman, je pleure pour le juif, je pleure pour l’athée , je pleure pour le chrétien, je pleure pour l’humanité …

    J’ai déjà moins mal au cul aujourd’hui, mais je mesure avec effroi la profondeur de l’enculade !

    En hommage à Charlie et à tous ceux qui sont tombés.

    Reposez en paix …

    Zmagri

    Source : Zmagri déliquescent, 14 janv 2015

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