Étiquette : Turquie

  • « La Turquie n’empêchera plus les migrations vers l’Europe »

    Les ambassadeurs de l’Otan vont se réunir à la demande d’Ankara, suite à la mort d’une trentaine de soldats turcs tués par des frappes syriennes. La Turquie menace de ne plus retenir le flux de migrants syriens vers l’Ouest.

    34 militaires turcs sont décédés sous des frappes aériennes des forces gouvernementales syriennes jeudi, dans la province d’Idlib. Ankara a rapidement riposté en bombardant des positions de Damas, faisant craindre une escalade et un nouveau désastre humanitaire.

    L’offensive des forces syriennes, avec l’appui de l’aviation russe, pour reprendre la province d’Idlib aux rebelles soutenus par la Turquie a déjà fait près d’un million de déplacés depuis décembre dernier, dont beaucoup cherchent à passer en Turquie. Il s’agit de la pire crise humanitaire depuis le début du conflit en 2011.

    La Turquie menace

    Le directeur des communications de la Turquie a déclaré que suite à cette attaque, toutes les cibles gouvernementales syriennes « connues » sont désormais sous le feu de l’aviation turque soutenue par des unités au sol.

    Tous les réfugiés, dont les Syriens, sont désormais invités à pénétrer dans l’Union européenne. (Haut responsable turc sous couvert d’anonymat)

    Un haut représentant turc a aussi affirmé qu’Ankara allait cesser d’empêcher les réfugiés syriens de rejoindre l’Europe; police, gardes-côtes et personnel de sécurité aux frontières auraient reçu l’ordre de se retirer des passages terrestres et maritimes utilisés par les migrants. Ce qui reviendrait à rompre l’engagement pris en 2016 en vertu duquel l’Union a fourni plusieurs milliards d’euros d’aide à la Turquie pour que celle-ci endigue l’afflux de migrants vers l’Europe. Cela changera-t-il l’attitude des puissances occidentales face au conflit?

    Source: lecho.be, 28 fév 2020

    Tags : Turquie, migration, Europe, Union Européenne, Syriem Idleb,

  • La Belgique ne veut plus d’imames étrangers

    A l’instar de la France, la Belgique, une autre victime du terrorisme, ne veut plus d’imames provenant du Maroc, de l’Algérie ou de la Turquie.

    Selon le media 7sur7, qui cite Le Soir, l’Université Catholique de Louvain propose de donner des cours de formation religieuse aux francophones qui désirent devenir imams. À cette occasion, deux certificats d’enseignement supérieur seront créés.

    D’après la même source, « le premier certificat, intitulé « Islam et vivre-ensemble », présentera 12 cours recouvrant des matières touchant à la géopolitique, aux institutions européennes et aux discours religieux sur internet. « Religions et sociétés » est le nom du second certificat regroupant 11 matières qui toucheront davantage aux sciences humaines via notamment des cours de psychologie sociale, d’histoire religieuse de l’Europe et de citoyenneté. L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares), instance agréant tous les programmes de formation universitaire en Belgique francophone, a déjà validé ces deux attestations en mai 2019.
    Les deux modules porteront chacun sur un total de 20 crédits dispensés sur un an. La formation théologique sera donnée à l’Académie de formation et de recherches en études islamiques (Afor) créée par l’Exécutif des musulmans (EMB). L’enseignement à l’Afor pourra s’effectuer en parallèle de celles disponibles à la KUL et l’UCL pour une durée minimale de quatre ans (et non six comme annoncé par la presse flamande).

    En 2917, la Belgique a été secouée par des attentats commis par des terroristes marocains. C’est la raison pour laquelle, elle ne veut plus d’imames étrangers : A cet égard, les autorités religieuses belges ont exprimé leur rejet de voir des imams du Maroc, de l’Algérie ou de la Turquie débarque en Belgique pour accomplir une mission qui peut être exécutée par des natifs belges.

    Le président de l’Afor Salah Echallaoui se dit satisfait de voir aboutir ce dossier lancé en 2016 : « Cela s’inscrit dans notre volonté de mettre en œuvre un islam de Belgique. Notre souhait est de ne plus faire appel à des imams de l’étranger. Et si nous devons encore le faire à l’avenir, nous pourrons exiger une équivalence de diplôme voire une formation complémentaire”.

    « C’est un peu un rêve qui devient réalité », se réjouit l’imam Franck Hensch. Dans une interview accordée à L’Avenir, le verviétois raconte : « J’ai vu beaucoup de jeunes intéressés par le cursus mais qui avaient peur […] d’avoir un diplôme qui ne soit pas reconnu en Belgique. Ici, le côté universitaire du cursus est d’autant plus important qu’il répond à toutes les exigences de nos universités ». Le dirigeant musulman voit la collaboration de l’EMB avec le gouvernement fédéral comme une « très bonne nouvelle » et une « forme de reconnaissance de la communauté musulmane d’aujourd’hui ».

    Plusieurs observateurs dénoncent l’instrumentalisation par le Maroc de la menace terroriste pour imposer ses choix dans le conflit du Sahara Occidental. Pour eux, non sans raison tous les attentats perpétrés dans les dernières années ont exécutés par des ressortissants appartenant à un pays imposé par la France en vue de défendre sa politique françafricaine.

    Tags : Belgique, Maroc, Algérie, Turquie, terrorisme,

  • Méfiant du «séparatisme», Macron dévoile des restrictions sur les imams étrangers et les enseignants

    PARIS (Reuters) – Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi qu’il mettrait fin à la pratique des pays étrangers d’envoyer des imams et des enseignants en France pour réprimer ce qu’il a appelé le risque de «séparatisme».

    Macron est jusqu’à présent resté à l’écart des questions liées à la communauté musulmane de France, la plus grande d’Europe, se concentrant plutôt sur les réformes économiques.

    Dans une intervention très attendue moins d’un mois avant les élections municipales, Macron a déclaré qu’il mettrait progressivement un terme au système dans lequel l’Algérie, le Maroc et la Turquie envoient des imams en France pour prêcher dans les mosquées.

    « Cette fin du système de l’Islam consulaire est extrêmement importante pour limiter l’influence étrangère et s’assurer que tout le monde respecte les lois de la république », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse dans la ville orientale de Mulhouse.

    Macron a déclaré que 300 imams étaient envoyés en France chaque année par ces pays, et que ceux qui sont arrivés en 2020 seraient les derniers à arriver en si grand nombre.

    Il a déclaré que son gouvernement avait demandé à l’organisme représentant l’Islam en France de trouver des solutions pour former des imams sur le sol français à la place, assurez-vous qu’ils parlent français et ne diffusent pas les opinions islamistes.

    Macron, qui est constamment attaqué par la leader d’extrême droite Marine Le Pen sur la question de l’intégration des musulmans français, a également déclaré qu’il mettrait fin à la pratique des étudiants français enseignés par des enseignants payés par des gouvernements étrangers.

    La France a des accords avec neuf pays, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie, par lesquels leurs gouvernements peuvent envoyer des enseignants dans des écoles françaises pour enseigner les langues à des élèves originaires de ces pays.

    Macron a déclaré qu’il avait trouvé un accord pour mettre fin à cette pratique avec tous ces pays sauf la Turquie.

    « Je ne laisserai aucun pays, quel qu’il soit, alimenter le séparatisme », a déclaré Macron. « Vous ne pouvez pas avoir de loi turque sur le sol français. Ça ne peut pas être le cas. « 

    La France a subi de graves attaques de militants islamistes ces dernières années. Des attentats à la bombe et des tirs coordonnés en novembre 2015 au théâtre Bataclan et dans d’autres sites autour de Paris ont fait 130 morts – les attaques les plus meurtrières en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Tags : France, Islam, Maroc, Algérie, Turquie, radicalisation,

  • Algérie : Chassé-croisé diplomatique à Alger

    Depuis l’élection du président Tebboune – Alger suscite l’intérêt des capitales du monde depuis l’élection de Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays. Les visites officielles de présidents et de diplomates renseignent sur un retour en force de l’Algérie sur la scène internationale afin de défendre ses intérêts, peser de son poids et protéger ses frontières.

    Par Massi Salami

    Jeudi, le président de la République a reçu le ministre grec des Affaires étrangères, Nicos Dendias. «Au début de l’audience, le président de la République a reçu une invitation du Premier ministre grec, M. Kyriakos Mitsotakis, pour effectuer une visite officielle en Grèce, qu’il a acceptée. La date de cette visite sera fixée ultérieurement avec l’accord des deux parties».

    Aussi, M. Tebboune, a reçu le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens à l’extérieur, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui lui a remis un message écrit de la part du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

    «L’audience a donné lieu à un échange sur la nécessité de consolider la coordination et la concertation concernant les questions maghrébines, d’élargir les domaines de la coopération bilatérale, notamment la formation professionnelle, l’énergie, les échanges commerciaux et de renforcer le transport terrestre, à la faveur du parachèvement de la route reliant les villes de Zouérat et Tindouf».

    Lors de cette audience, le président Tebboune a reçu une invitation officielle de son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour une visite en Mauritanie.

    «A son tour, le président Tebboune a invité officiellement son homologue mauritanien pour une visite en Algérie à une date qui sera convenue par voie diplomatique», a conclu un communiqué de la Présidence de la République.

    Le président a également reçu, au début du mois en cours, le président tunisien pour sa première visite à l’étranger, qu’il avait promis d’effectuer en Algérie.

    Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed ont eu des entretiens sur les voies et moyens de coopération entre les deux pays frères, et ont évoqué les situations internationale et régionale, particulièrement en Libye et en Palestine occupée. A l’occasion de cette visite, les liens solides qui lient les deux pays et la concordance des vues ont été réaffirmés.

    Juste à son retour d’Allemagne, où il a pris part à la Conférence internationale sur la Libye, à l’invitation de la chancelière Angela Merkel, le président de la République a reçu à Alger, le président turque, Recep Tayyip Erdogan.

    Cette visite d’amitié et de travail a vu les deux parties se pencher sur des sujets stratégiques, tel que le partenariat économique mais surtout sécuritaire. Alger a exprimé son refus de toute intervention étrangère en Libye, ce à quoi le président turc a adhéré ouvertement.

    En marge du sommet ordinaire de l’Union africaine, la semaine dernière en Ethiopie, le président Tebboune a eu une forte activité. Il s’est entretenu, entre autres, avec ses homologues malien, zimbabwéen, sud-africain et égyptien.

    L’Algérie qui veut bien se faire entendre, a organisé une réunion des pays voisins de la Libye. Une démarche à travers laquelle la diplomatie algérienne voulait reprendre en main le cours des choses et ne plus rester en spectateur. A la fin de cette réunion, le président de la République a reçu les ministres des Affaires étrangères malien et tchadien ainsi que l’ambassadeur de la République d’Egypte en Algérie, Aymen Macharfa, et des représentants des ministères des Affaires étrangères du Niger et du Soudan qui avaient pris part à cette réunion. L’Algérie, qui est confrontée à une situation géopolitique explosive, notamment à ses frontières, a des arguments qu’elle veut faire valoir.

    Les Débats, 16 fév 2020

    Tags : Algérie, Andelmajid Tebboune, Libye, Mauritanie, Turquie,

  • Guerre larvée entre Emmanuel Macron et Tayip Erdogan

    ANALYSE – La France face à la Turquie, de la Syrie au Sénégal

    – En Turquie, la France n’a commencé à faire l’actualité que lorsque des voix d’opposition [à la Turquie] se sont élevées de la part de François Hollande et de son successeur, Emmanuel Macron.

    Ümit Dönmez | 10.02.2020

    De Akın Özçer

    AA – Istanbul

    La France, on se souviendra, en se plaçant sous la tutelle militaire américaine en Syrie, avait apporté son soutien aux YPG, branche syrienne du groupe terroriste PKK, dissimulée sous l’étiquette des « Kurdes syriens » et des « Forces démocratiques syriennes» (FDS). La France s’est fermement opposée aux opérations antiterroristes de la Turquie, en particulier aux opérations « Rameau d’olivier » et « Source de Paix ». A cette époque, le président François Hollande, aussi bien que son successeur Emmanuel Macron, avaient tenté de dissimuler à la communauté internationale, l’aspect hostile envers la Turquie de cette politique, en dissociant du PKK, les YPG qu’ils considèrent comme des alliés contre Daech.

    En réalité, cette séparation PKK/YPG constatée au niveau de l’État français n’avait guère d’importance pour le public, du fait du grand soutien des médias français, notamment du journal Le Monde, qui est le plus lu à l’étranger, pour la rébellion du PKK dans le Sud-Est [de la Turquie]. L’animosité envers la Turquie se dissimulait sous celle envers le gouvernement de l’ « islamiste Erdogan ». Pour cette raison, bien que la tentative de coup d’État du 15 juillet contre le pouvoir détesté [par ces leaders français] soit une attaque directe à la démocratie, il n’a pas été condamné par les pays démocratiques comme il aurait dû l’être, notamment par la France, mais à demi-mot. Après un certain temps, après le début des gardes à vue et arrestations des comploteurs du coup d’État, les flèches des critiques se sont orientées vers ce pouvoir détesté. Faisant partie des médias internationaux guidés par les États-Unis, les médias français n’ont pas hésité à déclarer les putschistes « victimes », et même à défendre les putschistes jugés. Ainsi, Le Monde a véhiculé le point de vue de Melek Çetinkaya, la mère de Furkan Çetinkaya, condamné pour ses activités au sein de l’organisation terroriste FETO, avec la signature de Marie Jégo et le titre « Lettre d’Istanbul ».

    Les positions de la France et des médias mainstream décrites ci-dessus, en raison de leur similarité avec la politique publique de l’administration américaine et de l’État profond américain, n’ont pas été beaucoup discutées au sein de notre opinion publique [en Turquie, ndlr]. Au premier plan, se tenaient nos relations qui se dégradaient progressivement avec les États-Unis, la seule superpuissance mondiale mais aussi un «État voyou» dans le contexte du droit international. La France n’est apparue au premier plan que lorsque des voix d’opposition [à la Turquie] se sont élevées de Hollande et de son successeur, Macron. La France, malgré l’insuffisance de ses forces, poursuit une politique dans notre région, hostile à la Turquie, et similaire à la politique française de la Première Guerre mondiale.

    – Main dans la main avec la Grèce en Méditerranée orientale

    Après l’opération Source de Paix, à laquelle elle s’est opposée, la France a perdu sa présence militaire dans l’est de l’Euphrate en raison des circonstances, et a même dû renoncer à ses ambitions historiques qui semblaient exister sur la Syrie qui était restée sous son mandat jusqu’en 1946. Mais avec la dissolution du corridor du terrorisme par les opérations turques à sa frontière sud, et dans la continuité géographique de cette région, en Méditerranée orientale, la France, avec la Grèce et l’Autorité chypriote grecque, adopte une attitude visant à restreindre la [zone de] juridiction maritime de la Turquie [soit sa zone économique exclusive (ZEE), ndlr]. Dans ce contexte, la France s’oppose au protocole d’accord signé entre la Turquie et le gouvernement légitime de la Libye, le Gouvernement d’entente nationale (GNA), sur la délimitation des zones de la juridiction maritime des deux pays. Il n’est pas surprenant que la France, qui a joué un rôle majeur dans l’intégration de la Grèce à la CEE en 1981, alors qu’elle n’était pas prête, adopte une politique pro-hellénique, mais il est déraisonnable de soutenir un plan qui exclurait arbitrairement le pays avec le plus long littoral (1577 km) en Méditerranée. cela n’a pas de sens; surtout si l’on prend en compte les importantes relations économiques et commerciales de la France avec la Turquie.

    Cependant, le président Macron n’a pas hésité à réitérer le soutien de Paris au Premier ministre grec Mitsotakis, qu’il a accueilli à l’Élysée la semaine dernière. Il a également annoncé qu’un « partenariat stratégique de sécurité » serait établi entre les deux pays, et que la France augmenterait également sensiblement sa présence maritime dans la région [en Méditerranée orientale, ndlr]. Dans un premier temps, il a envoyé le porte-avions français Charles de Gaulle dans la région.

    – Accuser la Turquie sur la Libye

    La France et la Grèce, comme on le sait, soutiennent le légionnaire Khalifa Haftar, qui s’est rebellé contre le GNA malgré l’accord politique libyen et la résolution 2259 du Conseil de sécurité de l’ONU. La principale cause au soutien de la Grèce à Haftar est qu’il a promis de déchirer l’accord signé avec la Turquie, s’il arrive au pouvoir. Toutefois, non seulement pour la Turquie, mais également pour la Libye, cet accord rend obsolète les limitations de leur[s zones respectives de] juridiction maritime. C’est une indication significative de la façon dont un putschiste qui veut le pouvoir est prêt à abandonner les intérêts nationaux de son pays au profit de ceux qui l’aident.

    Le président Macron ayant également d’autre motivations pour soutenir Haftar, lors d’une conférence de presse conjointe avec Mitsotakis, a accusé la Turquie de contrevenir aux engagements pris lors de la Conférence de Berlin. La justification, comme mentionnée dans un article du journal Le Monde sur le sujet, serait que les Rafale français auraient découvert l’envoi par la Turquie de véhicules blindés à Tripoli. Macron, qui a interprété les décisions prises à la Conférence de Berlin, en particulier la décision de ne pas être partie prenante dans le conflit militaire, comme si la partie agressive [Khalifa Haftar et ses milices, ndlr], en violation de la résolution 2259 du Conseil de sécurité des Nations Unies, était l’égal du gouvernement légitime, et il a accusé le président Erdogan de ne pas tenir sa promesse de Berlin, en livrant des véhicules blindés au gouvernement légitime, alors que Haftar violait le cessez-le-feu.

    Le Monde, dans son article sur le sujet, affirme que la Turquie aurait installé un système de défense aérienne à l’aéroport de Mitiga à Tripoli et qu’à Misrata, elle aurait fait tomber un drone des Émirats Arabes Unis (EAU). S’il y a du vrai dans ces informations, ce que fait la Turquie, c’est, conformément à la résolution 2259 du Conseil de sécurité de l’ONU, soutenir le GNA, le gouvernement légitime libyen, qui est attaqué. Ainsi que Macron veut l’imposer, se tenir à égale distance de l’un qui est légitime et de l’autre qui est coupable, n’est rien d’autre qu’agir essentiellement en faveur de l’agresseur. C’est exactement ce que fait la France.

    Emmanuel Macron, sur la base des informations du renseignement, a également accusé la Turquie d’avoir envoyé environ deux mille mercenaires en Libye. Selon Paris, ce sont des terroristes qui menacent la sécurité de l’Europe et de la plupart de ses anciennes colonies du Sahel. Il est ridicule que la France puisse affirmer que la Turquie soutiendrait le terrorisme, alors que la France présente comme son « vrai allié » les YPG, la branche [syrienne] du PKK, dont la nature terroriste ne laisse aucun doute. Basée sur la désinformation d’un soutien présumé à Daech, cette politique ne peut générer pour seul résultat, l’opposition de la Turquie et la détérioration des relations bilatérales de façon irréparable.

    – L’Ouverture de la Turquie à l’Afrique

    La France attribue le soutien implicite qu’elle a apporté à Haftar, à l’affirmation que celui-ci aurait mené une guerre efficace contre Al-Qaïda et les organisations terroristes affiliées à Daech, contre lesquelles la France lutte dans la plupart de ses anciennes colonies des pays du Sahel, avec ou sans frontières avec la Libye. Le fait que la France associe [injustement] la Turquie à des organisations terroristes « djihadistes » indique peut-être, et il est impossible de le savoir, que l’Élysée cherche à nuire à la politique africaine d’Ankara, dont elle surveille de près son « Ouverture à l’Afrique » et en particulier à ses anciennes colonies de population musulmane, avec 41 ambassades [de la Turquie] en Afrique et les activités intenses de l’Agence turque de coopération et de coordination (TIKA) ainsi que [les nombreux vols vers l’Afrique] de Turkish Airlines.

    Dans ce sens, le fait que Le Monde ait accordé une large place à la visite d’Erdogan au Sénégal est intéressant. Dans l’article d’analyse signé par Marie Lechapelays, il est souligné qu’Ankara poursuit depuis longtemps une politique active d’ouverture à l’Afrique et que la porte de cette ouverture est le Sénégal. Notant la prise en charge par la Turquie de projets d’infrastructure au Sénégal, tels que la construction du centre de conférence Abdou-Diouf, très important pour le président sénégalais Macky Sall, du Dakar Arena, et de l’Hôtel Radisson à Diamniadio, ainsi que la gestion de l’Aéroport Blaise Diagne, il est souligné, comme le dit le Professeur Oumar Ba, que les valeurs culturelles communes rapprochent les deux pays. Selon Ba, ​​le rapprochement de la Turquie à l’Afrique est aussi, à un certain degré, un résultat de son éloignement de la perspective de [son éventuelle adhésion à] l’Union Européenne.

    En somme, il est clairement constaté que la France poursuit une politique hostile relativement importante vis-à-vis de la Turquie qu’elle voit comme un concurrent sérieux en Afrique. Il n’est pas du tout rationnel d’essayer, comme les Etats-Unis et certains pays européens, de maquiller cette politique sous la forme d’une opposition au gouvernement au pouvoir en Turquie. Parce que la vérité est évidente.

    [Akın Özçer, diplomate turc retraité, est auteur de « ETA artık yok” (« ETA n’est plus », Décembre 2018), “Çoğul İspanya: Anayasal Sistemi ve Terörle Mücadele Modeli” (« L’Espagne plurielle: Son modèle institutionnel et son modèle de lutte contre le terrorisme », 2006), et de “Euskal Herria: İspanya Siyasi Tarihinde Bask Milliyetçiliği” (« Euskal Herria: Le nationalisme basque dans l’histoire politique espagnole », 1999)

    Source : Anadolou, 10 fév 2020

    Tags : France, Turquie, Macron, Erdoga, Libye, Syrie, terrorisme,

  • Belgique : L’exclusion d’Emir Kir, sonne-t-elle le glas du communautarisme électorale?

    Les faits. Après la polémique qui a suivi la rencontre entre Emir Kir, bourgmestre PS de Saint-Josse, et des représentants turcs d’extrême droite, la commission de vigilance du Parti socialiste a finalement décidé d’exclure du parti celui qui constituait sans conteste l’un de ses porteurs de voix. Cette exclusion retentissante est-elle le signe d’un changement de politique ou renforcera-t-elle au contraire les adeptes de la double allégeance, partagés entre leur pays d’origine et leur pays qui les a élus ? Politologue, analyste et acteurs de terrain nous ont donné leur avis.

    « Il faut d’abord rappeler que l’exclusion d’Emir Kir a été décidée en raison de la rupture du cordon sanitaire à l’égard de l’extrême droite, et non pas dans le cadre d’une condamnation d’un communautarisme qui demeure, du reste, un concept difficile à définir », souligne le directeur du Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP), Jean Faniel. « Toutefois, une fois l’exclusion prononcée, se pose effectivement la question de l’avenir d’Emir Kir qui pourrait effectivement se replier sur une base électorale communautaire à Saint-Josse. A cet égard, paradoxalement peut-être, cette exclusion pourrait y attiser cette forme de communautarisme que de nombreuses voix dénoncent aujourd’hui.

    En effet, au vu des premières réactions, il est difficile de savoir comment les choses vont évoluer en la matière. La procédure d’exclusion, puis l’exclusion elle-même ont déclenché des réactions très vives, notamment à l’encontre du militant qui a impulsé la procédure, et qui étaient assez clivées d’un point de vue communautaire ou communautariste. Emir Kir a conservé le soutien de la quasi-totalité de ses proches à Saint-Josse. Cet épisode pourrait donc contribuer à “mettre de l’ordre” dans les rangs du Parti socialiste en envoyant le signal que le communautarisme ne permet pas de déroger à des valeurs fondamentales du parti, telles que la lutte contre le négationnisme et la préservation du cordon sanitaire contre l’extrême droite. Mais il pourrait aussi déboucher sur la formation durable d’une majorité à caractère communautaire dans une commune bruxelloise, se détachant progressivement des formations politiques belges classiques, dont les contours obéissent avant tout à des logiques politiques et non à des logiques “ethniques” (même si le clivage linguistique est évidemment très marqué et peut lui aussi être considéré comme relevant en partie du communautarisme puisque chaque parti fait campagne dans sa communauté linguistique, puis défend les intérêts de celle-ci une fois passée l’élection) ».

    « S’agissant du débat sur le “communautarisme” que cette affaire a aussi entraîné, il me semble essentiel que nous nous posions la question suivante : quels phénomènes vise-t-on précisément par ce terme, et le cas échéant quels comportements doit-on proscrire ? », réagit Jérémie Tojerow, membre du PS et auteur de la plainte. « Faute de définition claire et objective, il est à craindre que l’usage de ce mot vise avant tout à disqualifier l’adversaire politique plutôt que de faire réellement avancer le débat. Par exemple, quand les candidats juifs issus de tous les partis font publier des encarts électoraux dans la revue Regards plutôt que dans la revue de telle ou telle autre communauté, est-ce du “communautarisme électoral” ? Placarder des affiches électorales à l’entrée d’une épicerie juive ou même d’une synagogue, est-ce du “communautarisme électoral” ?

    Quand les élus d’un même parti sont autorisés à voter individuellement au sujet de projets de loi relatifs à l’euthanasie ou au mariage pour tous, en fonction de leurs convictions personnelles et/ou celles de leur électorat supposé plutôt qu’en fonction d’une position commune de leur parti, est-ce du “communautarisme électoral” ? Et si l’on considère que ces différentes attitudes relèvent du “communautarisme électoral”, sont-elles nécessairement à proscrire ? Pour ma part, deux éléments me paraissent fondamentaux : d’une part, les partis doivent pouvoir s’adresser à l’ensemble de la population dans toutes ses composantes (en ce compris le cas échéant via Regards ou des affiches devant une épicerie casher…), et la représenter avec des candidats qui sont issus de toute sa diversité, notamment aussi socio-professionnelle.

    D’autre part, et c’est le point crucial, les partis et leurs candidats, quelle que soit leur origine, doivent tenir le même discours et défendre le même programme, les mêmes valeurs, les mêmes pratiques (comme le cordon sanitaire) partout et devant tous les publics. Il est compréhensible que les candidats présents à la Gay Pride mettent en avant des propositions en lien avec les droits des personnes homosexuelles et non par exemple en lien avec l’agriculture. Il est par contre à mon sens problématique que les mêmes candidats ou leurs colistiers défendent en même temps, auprès d’autres publics plus conservateurs, des propositions et discours différents afin de les séduire. Représenter toute la population avec des candidats issus de tous les milieux et origines, tout en bannissant les doubles discours, voilà l’enjeu central à notre sens. Et pour cela, les partis politiques, souvent décriés, ont un rôle fondamental à jouer ».

    La fin du communautarisme électoraliste ? « Pas du tout… », selon Dogan Özgüden, journaliste et éditeur du site www.info-turk.be. « Le cas Emir Kir est un arbre qui cache la forêt communautariste, dans cette forêt se trouve toute espèce d’opportunisme. C’est la conséquence de l’absence pendant ces décennies d’une politique d’intégration conforme aux valeurs démocratiques européennes d’une part, et d’autre part, de la mainmise des régimes répressifs des pays d’origine sur les immigrés. Le pouvoir d’Erdogan ne cessera jamais de harceler les ressortissants turcs pour maintenir leur soutien au lobby turc contre les revendications des diasporas arménienne, assyrienne et kurde…

    Quant aux partis politiques belges, le risque de perdre le soutien des électeurs captifs du régime d’Ankara sera déterminant dans leur prise de position. D’ailleurs, n’oublions pas que le parti fasciste MHP est le partenaire principal d’Erdogan et la politique de ce dernier est devenue aussi fascisante que celle du MHP. Tant que les députés du MHP et de l’AKP font partie de la Commission parlementaire mixte UE-Turquie et sont souvent présents sans aucun empêchement dans les réunions des associations nationalistes et islamistes en Belgique, il sera difficile de juger et d’exclure tous les élus turcs pour rompre le cordon sanitaire en raison de leurs relations avec eux ».

    « Je pense que c’est une alerte, mais on ne se débarrasse pas comme ça de 50 ans de communautarisme », estime le comédien Sam Touzani (photo (c) Jef Boes), auteur-interprète de la pièce “Cerise sur le ghetto”, qui rencontre énormément de succès, tant auprès du grand public que des publics scolaires. « Je répète depuis toujours que le communautarisme contient de la nitroglycérine, on ne le comprend malheureusement que lorsqu’il explose. Avant cela, on nie la réalité, pour des raisons bassement électoralistes. La vie politique belge nous l’a montré à plusieurs reprises.

    Mais avant de vouloir lutter contre le communautarisme issu de l’immigration marocaine, turque, on ne peut faire l’économie de l’analyse de la situation belgo-belge. Nous sommes dans le pays le plus communautarisé au monde, et on oublie de le préciser, comme si c’était réglé. La question est juste mise au frigo, il ne faut pas s’étonner dès lors de la continuité du contexte national dans le contexte local, avec ses dérives perverses. Même si on parle d’un problème territorial, linguistique chez nous, et non de l’emprise d’Etats étrangers sur des communautés d’origine, d’une volonté de contrôle extérieur, c’est la même logique. Nos politiques ont laissé pourrir la situation pour garder de bonnes relations diplomatiques, mais aussi économiques, au détriment de l’éthique.

    Pourquoi s’attacher sinon à l’Arabie saoudite, si ce n’est pour lui vendre des armes ? On voit aujourd’hui où le communautarisme mène. Quand Emir Kir est élu chez nous, même s’il veut nous faire croire que l’extrême droite belge est différente de l’extrême droite turque, c’est avec des arguments nationalistes, de même que l’a été Mahinur Özdemir, première élue voilée au Parlement bruxellois, aujourd’hui ambassadrice de la Turquie en Algérie ! Non seulement ces élus ne sont pas détachés de leur pays d’origine, mais il est rare que ces pays d’origine ne soient pas une dictature ou une théocratie ».

    De l’avis de plusieurs de nos interlocuteurs, la définition du communautarisme devrait être clarifiée. Comme s’il n’était pas évident que ce que l’on condamne n’est pas le choix des candidats aux élections de s’adresser à ceux qu’ils considèrent comme leur principale cible, mais bien le double-discours dont certains font preuve, dans leur langue d’origine. Un double-discours, pour une double allégeance, relayant souvent d’autres valeurs avec les dérives que l’on connait, et qui entretient la confusion entre le pays dans lequel ils vivent et se portent candidats, et celui dont ils sont originaires, avec lequel ils ont naturellement gardé une attache. Mais jusqu’à quel point ? On évoquera toujours la communauté juive en évoquant la communauté musulmane, par souci d’équilibre sans doute, et qu’importe finalement la réalité. Comparer le cas des candidats juifs à celui des candidats d’origine turque (pour le cas d’Emir Kir) ne fait malheureusement qu’entretenir l’amalgame entre Juif et israélien, desservant le combat démocratique en faisant diversion pour renvoyer les communautés dos à dos.

    Source

    Tags : Belgique, communautarisme, Emir Kir, PS, Turquie, élections,

  • Erdogan boude le Maroc dans sa tournée africaine

    Alors que Rabat figurait bien dans son agenda, le président turc semble avoir supprimé le Maroc de son programme africain pour se rendre en Algérie avant de poursuivre son voyage vers la Gambie et le Sénégal.

    Il semble que que Tayip Erdogan est fâché contre Mohammed VI en raison de la légèreté avec laquelle on signe et on annule les contrats suite à la décision marocaine de réviser l’accord de libre échange liant le Maroc et la Turquie. Une légèreté qui pourrait coûter cher aux autorités marocaines dont la politique extérieure est strictement conditionnée au conflit du Sahara Occidental, ce qui rend le Maroc non fiable dans le domaine des traités commerciaux, notamment dans le conflit libyen où Tripoli est consciente de la manie du Maroc à s’aligner sur les positions de la France, le pays qui se trouve derrière le chaos libyen et qui soutient les troupes du rebelle Haftar. A cela s’ajoute que le président turc n’a jamais été en odeur de sainteté au Maroc en raison de ses liens avec les frères musulmans du PJD.

    Tags : Maroc, Turquie, Libye, Haftar, Erdogan, France,

  • L’Algérie et la France reprennent langue

    Il est clair qu’en plus de la relance des relations bilatérales qui figure en bonne place dans les intentions du ministre français, sa visite s’inscrit également dans le cadre des efforts internationaux visant à résoudre la crise libyenne.

    Au lendemain de la poignée de mains entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune à Berlin, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, était, hier, à Alger pour une visite qualifiée de brève par la diplomatie française. C’est, en fait, une prise de contact, histoire de renouer des liens distendus à la suite de la démission de l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, dans la foulée du mouvement populaire. Les dix mois qui ont séparé les premières manifestations de la rue et l’élection de Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays, les relations entre Paris et Alger étaient à leur minimum. Il eut même une prise de bec par média interposé au lendemain du 12 décembre dernier. Mais il était inconcevable que les rapports entre les deux pays en restent à une série de « petites phrases ».

    Aussi, la poignée de mains de Berlin et la visite, hier, de Le Drian s’expliquent aisément par la nécessité de renouer des liens.
    De fait, le déplacement de Le Drian se conçoit comme impératif pour reprendre là où étaient les dossiers bilatéraux. Il faut savoir, à ce propos, que M. Le Drian est le premier ministre français à se rendre en Algérie depuis la visite de sa collègue de la Justice, Nicole Belloubet, fin janvier 2019.

    Les domaines de coopérations entre l’Algérie et la France sont très diversifiés. Plusieurs ministres français se sont déplacés à Alger et inversement. Les deux exécutifs se rencontraient tous les six mois à Alger et à Paris. C’est dire que les deux pays ne partent pas de zéro et la reprise de contact relève de la marche naturelle des Etats.

    Aussi, les deux ministres, Mrs. Le Drian et Boukadoum ont examiné «l’état des relations de coopération entre les deux pays et les voies et moyens de leur renforcement», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ils ont également procédé à «un examen approfondi des questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation en Libye et au Mali», précise le communiqué.

    Il est clair qu’en plus de la relance des relations bilatérales, qui figure en bonne place dans les intentions du ministre français, sa visite s’inscrit également dans le cadre des efforts internationaux visant à résoudre la crise libyenne. Elle survient deux jours après un sommet international à Berlin où les principaux pays concernés par le conflit en Libye ont promis de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans ses affaires intérieures, afin de tenter de ramener la paix dans ce pays déchiré par la guerre civile.

    Le président Tebboune, qui a été l’un des acteurs centraux à Berlin, a proposé d’accueillir désormais un dialogue entre toutes les parties libyennes. «Nous étions ensemble à Berlin avant-hier sur le conflit libyen. Nous avons coordonné nos efforts pour permettre la mise en place d’un cessez-le-feu durable, la reprise du dialogue politique et nous allons agir ensemble pour que les efforts que nous avons initiés à Berlin puissent se poursuivre», a déclaré M. Le Drian à l’issue de sa rencontre avec son homologue algérien.

    «Nous allons également faire le point sur la situation au Sahel et rappeler nos objectifs communs de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Face à ces défis majeurs, la France et l’Algérie ont une convergence de vue et notre concertation est primordiale», a-t-il ajouté. «L’Algérie est une puissance d’équilibre et de paix. Elle l’a rappelé récemment en lançant plusieurs initiatives diplomatiques. Elle est fermement attachée au respect de la souverainetés des Etats et au dialogue politique», a souligné le ministre français. Cette reconnaissance du poids et du rôle de l’Algérie dans la région suppose un recentrage de l’action française en Afrique du nord. Le leadership d’Alger n’étant plus discutable dans le dossier libyen, Paris se plierait-il aux choix politiques algériens pour l’Afrique du nord et le Sahel ? Tout porte à croire que la réponse est positive, en ce sens que la France, empêtrée dans le bourbier sahélien et actuellement rejetée partout dans les pays subsahariens a véritablement besoin de laisser la diplomatie algérienne agir et éviter les solutions guerrières.

    Quant aux relations bilatérales, c’est la première fois depuis 5 ans que les deux Présidents pourront véritablement faire avancer le dossier. Et à ce niveau, personne ne pourra spéculer sur la direction que prendront ces relations.

    Nadera Belkacemi

    Le Président de la République reçoit le ministre français des Affaires étrangères

    Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en visite de travail en Algérie. L’audience s’est déroulée au siège de la présidence de la République en présence du directeur de cabinet à la Présidence de la République, Noureddine Ayadi, du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et du ministre conseiller à la communication, porte-parole officiel de la Présidence de la République, Belaïd Mohand Oussaïd et de la délégation accompagnant le chef de la diplomatie française.

    Ouest Tribune, 21 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, France, Haftar, GNA, Russie, Turquie, Tripoli,

  • Algérie : Pas à pas…

    » L’Algérie, puissance locale incontournable, est toute désignée pour jouer un rôle majeur et essentiel dans ce sens. Ce ne saurait être le cas, en revanche, de la Turquie et de l’Egypte, tous deux partie prenante dans ce conflit. Quant à l’Allemagne, son influence géostratégique dans cette partie de la planète est quasi nulle. Celle des USA l’est un peu plus, mais reste quand même très faible « .

    Par Mohamed Abdoun 

    Comme il fallait s’y attendre, et comme il fallait le craindre surtout, la conférence internationale de Berlin sur la Libye n’a pas débouché sur grand-chose. Si les hostilités se sont arrêtées, depuis l’intervention de la Russie, et suite à une possible mais discrète médiation algérienne, le conflit continue de couver, et menace de reprendre à tout moment. Khalifa Haftar, qui se trouve à l’origine du début de ces hostilités, a refusé de signer l’accord de cessez-le-feu, de même que celui qui lui avait été proposé à Berlin en marge de ces travaux.

    Un laborieux travail de reconstruction, de rapprochement, de médiation, reste donc à accomplir avant que les armes ne se taisent pour de bon, et que la Libye renoue avec la paix, la quiétude et le bien-être social qui en faisait la fierté jadis. En fait le quasi-échec de la conférence de Berlin est lié à plusieurs facteurs. Et, pour en saisir les contours, il faudrait peut-être remonter jusqu’au » printemps libyen « , durant lequel la France aux premières lignes, et l’OTAN à sa suite, avaient pris pour prétexte une résolution onusienne visant à protéger les populations civiles pour neutraliser l’armée régulière, et même aider à assassiner, et à faire taire définitivement Kadhafi.

    L’Occident, chemin faisant, n’avait pas hésité à s’allier avec les terroristes locaux du GICL, mené par Abdelhamid Belhadj, faisant sienne cette maxime qui dit que les ennemis de mes ennemis sont forcément mes amis. Mal lui en a pris, puisque la suite a donné lieu à un véritable chaos, qui a déteint sur toute la bande sahélo-saharienne, déclenché une ravageuse guerre civile au Mali, et étendu l’hydre terroriste jusqu’au coeur de la Tunisie.

    Pendant ce temps, les tribus locales se sont scindées en autant de » principautés « , menées par d’impitoyables chefs de guerre. L’Algérie, qui aurait pu jouer un rôle majeur pour empêcher cette irrémédiable descente aux enfers, n’avait pas été écoutée d’abord lorsqu’elle refusait que l’OTAN s’immisce dans les affaires souveraines de la Libye d’abord, et avait été occupée par des » préoccupations internes » au moment où la situation avait atteint son point de non-retour en Libye.

    A présent, et si la solution doit plus que jamais être interne et propre aux Libyens, seuls des acteurs proches de ces derniers, sensibles à leurs préoccupations, et désirant autant qu’eux la paix et la stabilité peuvent les aider à y parvenir. L’Algérie, puissance locale incontournable est toute désignée pour jouer un rôle majeur et essentiel dans ce sens. Ce ne saurait être le cas, en revanche, de la Turquie et de l’Egypte, tous deux partie prenante dans ce conflit.

    Quant à l’Allemagne, son influence géostratégique dans cette partie de la planète est quasi-nulle. Celle des USA l’est un peu plus, mais reste quand même très faible. En fait, et pour faire court, cette profusion d’acteurs, puisque même la Russie, et la France qui continue de tirer les ficelles au vu et au su de tous, y sont également impliqués, c’est cette profusion d’acteurs qui ne permet, et ne permettra jamais, de trouver la moindre solution viable. Les intérêts des uns et des autres sont par trop divergents. Le plus grave c’est qu’ils ne vont jamais dans le sens des Libyens, ni dans celui des habitants du Maghreb arabe, dont nous autres Algériens. Il faudra donc beaucoup de temps, de doigté et de patience pour réparer tout ce que l’OTAN et la France ont cassé dans cette région.

    M.A.

    La Tribune des Lecteurs, 21 jan 2020

    Tags : Algérie, Libye, Russie, France, Turquie, Tripoli, Haftar,

  • Libye : à Berlin, l’ONU appelle à éviter une guerre totale et une escalade régionale

    Lors de la conférence internationale sur la Libye organisée dimanche à Berlin, le chef de l’ONU a appelé les Etats et les organisations régionales « à passer de la parole aux actes » pour mettre un terme au conflit « toujours plus profond et destructeur » dans ce pays d’Afrique du Nord.

    Plusieurs chefs d’Etats et d’organisations internationales, dont le Secrétaire général de l’ONU, sont dans la capitale allemande pour une raison urgente : arrêter la spirale descendante de la Libye.

    Il y a un an, les Libyens – avec le soutien de la communauté internationale – prenaient des mesures pleines d’espoir pour faire avancer le pays vers une solution politique. Les parties libyennes s’étaient mises d’accord pour organiser des élections parlementaires et présidentielle avant la fin de l’année 2019.

    « Ces espoirs ont été anéantis en avril », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en référence à l’offensive des forces de Khalifa Haftar contre celles du gouvernement d’accord national de Fayez al-Sarraj reconnu par les Nations Unies.

    Dans la capitale allemande, M. Guterres a, de nouveau, rappelé qu’il ne peut y avoir de solution militaire en Libye. « Il est maintenant temps de prendre des mesures immédiates et décisives pour empêcher une guerre civile totale », a-t-il dit, avertissant qu’un tel conflit pourrait conduire à une « division permanente » du pays et à un « cauchemar humanitaire ».

    Depuis avril, le conflit autour de la capitale Tripoli a tué et blessé des milliers, dont des centaines de civils. « Le droit international humanitaire a été défié à maintes reprises », a dénoncé M. Guterres. Plus de 170.000 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile. Plus de 220 écoles de la capitale libyenne sont fermées, privant 116.000 enfants de leur droit fondamental à l’éducation.

    Les migrants et les réfugiés en territoire libyen sont piégés dans des centres de détention situés à proximité des combats qui ne les épargnent pas et « continuent de souffrir dans des conditions horribles », a souligné l’ancien Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.

    Un risque d’escalade régionale et des répercussions du conflit au Sahel
    La Libye a été entraînée dans « un conflit toujours plus profond et destructeur avec un nombre croissant d’acteurs externes également impliqués », a également déploré le chef de l’ONU à Berlin, alertant que la communauté internationale est « clairement confrontée à un risque d’escalade régionale ».

    Pour les voisins immédiats de la Libye – le sud de la Méditerranée et la région du Sahel en particulier – les conséquences sont frappantes et palpables avec « plus de terrorisme, plus de trafic d’êtres humains, plus de trafic de drogues, d’armes et de personnes », a rappelé M. Guterres.

    « Nous ne gagnons pas la lutte contre le terrorisme sur le continent africain », a déclaré le Secrétaire général. « Il suffit de regarder le Sahel et le lac Tchad », a-t-il ajouté, en référence aux attaques meurtrières qui ont frappé le Burkina Faso, le Mali et le Niger depuis le début de l’année. « Je suis fermement convaincu que nous ne réussirons pas sans la paix et la stabilité en Libye ».

    Faire cesser les violations de l’embargo sur les armes
    Alors que la Libye devient le théâtre d’affrontement entre plusieurs Etats interposés, les Nations Unies ont réitéré leur appel à tous ceux qui sont « directement ou indirectement impliqués dans le conflit » à tout faire pour soutenir une cessation effective des hostilités et faire taire les armes.

    « Les violations incessantes et flagrantes de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité doivent cesser », a martelé le Secrétaire général.

    Le Communiqué de Berlin sur la Libye réitère des principes qui sont fondamentaux pour la préservation de la paix et de la sécurité internationales, tels que la souveraineté et la non-ingérence et le respect du droit international, y compris les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il comprend également un mécanisme de suivi concret pour maintenir l’élan et suivre les progrès.

    « Nous devons passer des mots à l’action », a souligné M. Guterres. « Notre crédibilité en tant que communauté de nations est mise à l’épreuve ».

    ONU Info, 19 jan 2020

    Tags : Libye, conférence de Berlin, Algérie, Russie, Turquie, ONU, Tripoli,