La «rahma» du roi plane sur El Aaiun

Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun

El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental occupé, continue d’être le théâtre d’une sauvage répression des populations sahraouies. Une autre fois, les forces de l’ordre chargent brutalement les manifestants et violent et saccagent leurs domiciles. La ville est prise ces jours-ci dans un cycle manifestation-répression qui coûte à chaque round beaucoup de blessés aux manifestants. La trouvaille du makhzen, c’est de charger des policiers en civils d’aller bastonner les manifestants dans le quartier de Maatallah, devenu l’arène privilégiée des heurts. On fait habiller les policiers en civil lorsqu’il s’agit de faire le sale boulot pour ne pas charger plus que ça l’image d’une police déjà assez flétrie. Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun. La répression marocaine nécessite plus de discrétion maintenant que Rabat a le statut avancé de l’UE et que l’Organisation européenne l’a invitée publiquement à s’améliorer sur la question des droits de l’homme. Donc, ce sont des « civils » qui firent usage d’arme blanche contre M. Mokhtar Akhnabella, un vieillard de 61 ans, qui a vu son domicile violé, sa porte d’entrée brûlée et ses affaires et meubles vandalisés. Une autre provocation declencha samedi dernier un autre rassemblement pacifique à Maatallah. Les manifestants drapeaux – sahraouis et non pas marocains – en main, demandaient comme toujours, le départ de l’occupant et l’application d’une consultation référendaire au Sahara occidental. Une demande aussi ancienne que simple, mais que le trône redoute encore, bien qu’on ne cesse d’affirmer, ces derniers temps à Rabat, que les populations sahraouies sont acquises au trône. Or, tout le monde sait que la majorité des Sahraouis occupés et l’ensemble des Sahraouis « séquestrés » ne sont pas du tout des royalistes amateurs de baisemain, mais bien des républicains. Autant sinon plus que l’admirable Nadia Yassine. Et l’expérience a démontré que la répression et les violences ne peuvent y changer grand-chose.
M. Z. (Mohamed_zaaf@yahoo.fr )
Le Jeune Indépendant, 17/8/2010

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